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Arkh, tes envies de transcendance seraient bien sympathiques si elles n'étaient pas sous-tendues par un mépris affiché des choix de vie de beaucoup.
Et alors ? Tu voudrais peut-être que je les "respecte" ? Toi qui clames ton amour de la fiction, tu devrais savoir que l'on ne fait rien sans divergences ni adversités entre conceptions de la vie, que ce soit entre deux philosophes antagonistes ou entre deux voisins "amicaux" de palier. Pas de "mépris", pas de d'histoire, pas de JDR… et rien du tout, en fait.
Et cela, jusque dans l'existence qui se veut la plus modeste. Au fond, qu'est-ce qui permet de se taper de "bonnes tranches de rigolades entre potes", sinon le fait d'énoncer et de comparer ses petites expériences quotidiennes ?
Rire n'est jamais que se moquer d'autrui (ou de soi-même) avec bonne conscience. C'est une forme inoffensive du mépris, du moins dans le cas dont nous parlons.
Comprends bien que je ne rejette pas le moins du monde ces modes de vie "simples" faits de "bavardages" et de "rencontres sympa", pour la simple et bonne raison que, comme chacun, je pourrais difficilement
tenir sans eux. Ce qui me dégoûte, c'est que beaucoup soient incapables de poser ce regard lucide sur leur existence, et de l'accepter ainsi. Ce qui me dégoûte, c'est le
dégoût qu'éprouvent certains lorsqu'ils regardent en face de quoi leur vie est faite, préférant l'envelopper d'une manteau sublime de hautes valeurs humanistes.
Il est hypocrite de prétendre tout concevoir objectivement, sans rien mépriser. Parce qu'au-delà de nos flambantes considération, c'est cette petite touche de mépris (ou de fierté, c'est la même chose) que l'on y ajoutera qui libèrera dans notre cerveau un peu de ce poison euphorique qui nous permet de
continuer. Même celui qui se prévaut, justement, de "concevoir objectivement" : que de fierté ne retire t-il pas de cette attitude ? Nier le mépris est une aberration qui n'a cessé de meurtrir le genre humain. Cette énergie, qu'il pourrait libérer d'un franc rugissement, on préfère la dissiper par de petites piques sournoises et détournées, au nom de cette idée pervertie de "respect". Pourquoi "pervertie", au juste ? Rappelle-toi ce qui te pousse à prôner cette sacro-sainte tolérance, et vois à quel point il est aberrant de vouloir élargir ces commodités sociétaires aux cas individuels.
Bref. Tu peux critiquer de tout ton saoul mes divagations du dimanche matin, mais ne me fait pas le coup bas du
respect. Rappelons que l'essence des choix, c'est de pouvoir être assumés et contestés. Je trouve en outre qu'il n'est rien de plus méprisant que de cacher à quelqu'un le mépris qu'on lui porte…
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- Ne pas gaspiller de mon temps d'existence. Et par là , je n'entends pas "Ne pas perdre mon temps à dormir ou à m'amuser", au contraire de certains stakhanovistes. J'entends "Ne pas perdre mon temps à faire des choses qui m'ennuient". Cet objectif est clairement celui m'ayant posé le plus de problèmes, avec tout le monde. Quand on ne me traite pas tout bonnement d'enfant gâté (ce que je suis, à la base, je ne le nie pas), c'est pour me dire que tout le monde supporte très bien de faire des choses désagréables et que je peux donc en faire autant. Ne suis-je pas pareil à tout le monde ? Ce que tout le monde fait, les épreuves que chacun doit affronter, ce n'est pas assez bien pour môssieur Raphaël Lafarge, c'est ça ? Il ne veut pas des examens stressants et des petits boulots ?
Hé bien, non, je n'en veux pas. Et ce n'est pas par élitisme ou par égocentrisme, non, c'est par pur et simple égoïsme, égoïsme primordial de créature hédoniste.
Je n'ai qu'une centaine d'années (pour être optimiste) à vivre. Je n'ai aucune intention d'en passer ne serait-ce qu'une seule d'une manière que je ne désirerai pas.
Ca n'a rien à voir avec les contraintes ou les épreuves. C'est une décision/lâcheté personnelle.
…comme l'ont sans doute fait ceux qui désapprouvent ton mode de vie ("hein, Tanguy ?"), préférant te le faire comprendre par des sous-entendus insidieux plutôt que de cracher leur ressentiment en bloc (me trompe-je ?). J'ai longtemps été de ces gens-là .
En ce qui me concerne, d'ailleurs, ce n'était q'une projection de ma propre peur de "finir comme ça", du fait que j'en avais les moyens. L'éternelle angoisse de rater quelque chose en cédant à la facilité… mêlée à de bon gros leitmotiv sociaux.
Si je raisonnais comme toi, je me dirigerais sans plus attendre vers la carrière d'enseignant (on ne se moque pas), seule profession dont je suis certain de retirer une entière satisfaction. Cependant, je préfère profiter de mon dynamisme de djeunz pour m'imposer des études d'ingénieurs (et fantasmer sur la haute fonction publique - c'est tellement grisant, lorsqu'on en voit qu'une partie), il sera toujours temps de redescendre ensuite. J'aurai au moins acquis la certitude de ne pas avoir "manqué ma voie", et fait quelques expériences que l'on ne peut décemment qualifier d'inutiles. En attendant de voir la suite.
Mais toi, comment gères-tu cette angoisse ?