Par dogmatisme, j'entends toute idée bornée, n'acceptant aucun contestation, qu'elle soit individuelle ou collective - je commets peut-être un abus de langage, mais passons. Ce que je veux dire, c'est que la science est une démarche (douter, tester, valider, répéter...), et que la rejeter revient à défendre des idées *de façon* dogmatique, que ce soit pour soi-même ou pour l'humanité. Je ne vois donc pas...
1/ comment la science peut réfuter quoi que ce soit de façon dogmatique ("scientisme"), par essence même.
2/ comment on peut condamner la science sans se faire le chantre d'idées dogmatiques.
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Mais pourquoi l'Homme a-t-il développé un langage qui lui permette de manipuler des concepts - des choses abstraites ? Pourquoi l'Homme, et aucun autre animal, a-t-il ressenti le besoin de communiquer au sujet de choses plus subtiles et moins concrètes que celles en rapport directes avec ses fonctions - le rôle que la nature lui a assigné ?
Le langage n'est pas apparu brutalement. Je dirai même qu'il est apparu conformément aux lois de l'évolution, par tentatives multiples et sélection naturelle. Comme dit Ozma, l'un des éléments décisif fut le développement du larynx et le possibilité de produire des sons élaborés. Il n'y pas de traces archéologique des premiers langages, mais on peur très bien se les représenter : toi chasser gibier, moi surveiller feu... Une amélioration du langage des signes, par un début de syntaxe (association d'un sujet et d'un verbe, pour commencer). Cette syntaxe améliorant grandement la communication au sein de la tribu - et donc son efficacité -, il est logique qu'elle se soit développée : ceux qui la maîtrisent survivaient mieux, se reproduisaient mieux, etc.
Partant de là , pourquoi l'homme s'est-il tourné vers des préoccupations dépassant le simple cadre de la survie animale ? Tout bonnement parce que cela allait de paire avec le développement du langage. La langage, en décuplant les possibilités de communication, a permis l'avènement d'une structure sociale complexe, bien plus efficace que la simple meute. Cette complexité est liée à l'utilisation du symbolisme (sexuel, religieux, hiérarchique...) : une chose est supplantée par sa représentation, "pour le meilleur et pour le pire", comme tu dis. Pour prendre une analogie moderne, pensons à la virtualisation de l'argent, qui a permis l'explosion de l'économie mondiale.
Tu penses donc que l'homme avait déjà ces notions abstraites en lui, et qu'il n'a fait que développer les moyens de les exprimer. Or, je pense que ces choses se sont développé AVEC les moyens de les exprimer, en partant de pulsions animales rudimentaires. Comment peut-on avoir une idée philosophique ("je pense donc je suis") si l'on a pas les outils syntaxique pour la construire ? C'est tout simplement impossible. Voilà pourquoi je réfute cette préexistence des notions humaines. Pas de pensée sans concept, pas de concepts sans langage. Comme dit Lacan, un psychanalyste est avant tout un linguiste.