Eltanin

"Il y a deux Histoires : l'Histoire officielle, menteuse, puis l'Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements." Honoré de Balzac

C'est sous les auspices de cette citation que se place La Loge Noire, collection de l'éditeur Glénat qui nous propose des séries se déroulant à  diverses époques de notre Histoire mais mettant en scène des événements occultés, pour ne pas dire occultes !

Et elle est pour le moins étrange, la série qui commence par l'empoisonnement et l'enterrement de son personnage principal...
23 octobre 1545, une villa dans les environs de Padoue. Angelo Beolco, dit Ruzante, a le malheur de partager avec son mécène une carafe de vin empoisonné destinée à  ce dernier.

Triste fin prématurée pour ce poète de génie... Un tel coup du sort ne saurait être toléré, les coupables d'un tel acte devront payer ! Il est des forces auxquelles on ne s'attaque pas impunément...
Quant à  Ruzante... "Il faut que vous sachiez que, voyant que ce monde est le plus beau pays du monde, je fus pris un jour d'une terrible envie de vouloir y demeurer pour toujours, ou en tous cas d'être parmi les derniers à  le quitter", ainsi écrivit-il. Et ainsi en sera-t-il...

Le premier tome, La Fraternal Compagnia, nous raconte la terrible vengeance qu'exercera la mystérieuse Compagnie Fraternelle contre les commanditaires de l'empoisonnement dont furent victimes Ruzante et son mécène.
Le second tome, Le Chant du Bouc, voit la Fraternelle Compagnie arriver en France, fuyant Venise, sa vengeance accomplie. C'est à  Paris que le voile sur la vraie nature des mystérieux auteurs et acteurs de ce groupe se lève... mais les révélations n'apportent que plus de mystères.
Le troisième tome, Sabazius, nous offre une vue d'ensemble de la situation... et d'inquiétants développements !

Mosdi, le scénariste, nous offre à  n'en pas douter une intrigue superbe. Des idées plutôt originales, mêlées à  d'autres plus classiques mais tournées de façon à  ne pas sombrer dans la facilité ou le prévisible... On regrettera cependant que Mosdi ait crut bon nous infliger la sempiternelle figure féminine bien pensante, déterminée à  sauver le héros malgré lui, guidée par l'amour qu'elle lui porte. Chaque fois que je relis les albums, je ne cesse de la trouver déplacée et inappropriée à  l'histoire. Une des rares fautes de goût de la série.

Paturaud, le dessinateur, est ici au sommet de son art. Si au début du premier tome, on sent qu'il cherche encore ses personnages, ceux-ci sont parfaitement campés dès la seconde moitié dudit tome. Le trait est précis et englobant à  la fois, les décors travaillés ce qu'il faut mais pas foisonnants au point de distraire de l'action... Le découpage des cases est parfaitement synchronisé avec le récit, et les plans, variés, favorisent l'immersion dans l'esprit Renaissance de la série.

Les Passants du Clair de Lune est donc une excellente série que je recommande chaudement à  tous.

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Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.