En janvier 2006, j'avais écrit :
Bon, aujourd'hui, j'ai achevé ma lecture du tome 3 commencée en compagnie d'Enguerran samedi. Comme il me le faisait remarquer dans cette boutique dédiée à la décadente culture japanim', les dessins deviennent enfin potables dans ce volume, ils se rapprochent du niveau du trait de l'animé, avec cependant un Ed toujours enfantin.
[spoiler]Les divergences deviennent plus importantes : une fois de plus, on a droit à une Lust assez portée sur les expressions joyeuses et dépitées ou sur la gestuelle (quelle différence avec l'introvertie Lust de la série qui gardera toujours les sourcils froncés quand elle sourira, histoire de bien montrer sa cruauté !), mais aussi à une Winry un peu plus sensible, plus subtile... et à un combat Scar-Gluttony qui ne prend plus place dans la grande bibliothèque, mais dans les égouts (à ce sujet, l'idée de la série de regrouper les deux évènements était bonne : là , chaque catastrophe séparée, ça rend le rythme un peu mou et ça diminue les enjeux de l'incendie). L'atmosphère sombre parfois palpable dans la série se dégage mieux encore des pages du manga, grâce au noir et blanc. Sinon, quelle curiosité, le duel entre Roy Mustang et Ed Elric n'était à l'origine pas du tout intégré à la trame scénaristique, mais présent en petite histoire indépendante... ce qu'il reste à peu près dans la série, quand on y réfléchit.[/spoiler]
Les rebondissements du tome 3 s'achevant par la terrible confrontation à l'intérieur du laboratoire numéro 5, on peut s'attendre à voir apparaître les grandes divergences dans le prochain volume qui sortira en janvier 2006. Les amateurs se souviendront que c'est au sortir des épreuves de ce complexe d'expérimentations que la série animée s'émancipait du scénario du manga.
Deux mois plus tard...
Ah oui, ça fait du changement !
[spoiler]La jovialité et la désinvolture des Homunculus atteint des sommets dans le quatrième volume, et ils se préoccupent davantage d'humilier Edward Elric que de le manipuler. Envy va jusqu'à porter le corps inanimé du jeune Fullmetal Alchemist à ses amis en leur disant "J'ai un paquet pour vous". De manière générale, les combats sont courts, secs, déchirants, impitoyables.
Les interrogations d'Alphonse sont résolues de manière plus fine et moins indispensable que dans la série et Winry est plus intéressante. Par contre, je regrette la disparition d'une certaine amertume au profit d'un humour parfois envahissant (Armstrong apparaît plus déplacé que jamais).[/spoiler]
Près d'un an plus tard...
Le volume 9 sorti, il est temps de se réintéresser au cas de ce manga...
Enfin, la chose devient incontestablement meilleure que la série. Par le traitement sans concessions des morts, la cruauté psychologique de certaines planches, des dialogues fracassants et des Homunculus bien plus manipulateurs qu'ils ne l'ont jamais été, "Fullmetal Alchemist" s'impose définitivement comme un manga de grande qualité.
[spoiler]Je pense notamment à l'exécution de la supposée meurtrière de Hughes par Roy Mustang. D'une part, ce qui conduit à cette tragédie est une prise en compte de la hiérarchie de l'armée, de son statut de grande machine (Mustang ne connaît pas ce soldat en particulier), d'autre part, cette séquence est exemplaire de sobriété.
La réplique "Elle était pleine de... compassion", d'un Armstrong enragé, se retenant à grand-peine de tuer Mustang, est à pleurer.
Quant à nos héros, Ed et Al, ils font bien pâle figure dans ces péripéties, se retrouvant à courir d'un endroit à l'autre sans rien comprendre du tout et sans savoir quoi chercher. Le passage où Ed s'exclame "Je ne suis qu'un pauvre connard !" en découvrant le journal froissé laissé par Winry est exemplaire : le lecteur doit reconnaître que son comportement n'a pas été terrible, reproduisant le schéma de silence initié par Mustang, mais il ne peut que partager sa détresse du moment.[/spoiler]
Dans l'ensemble, que ce soit au niveau de l'univers, des personnages, des intrigues ou même de la simple dramaturgie, il n'y a plus aucun véritable rapport entre le manga et l'animé... définitivement, on plonge dans ce que l'univers alternatif a de meilleur à nous offrir... même si l'univers alternatif est l'animé, en fait.
Ah, si toutes les séries animées pouvaient choisir de suivre leur propre route plutôt que d'adapter sottement le manga "à la lettre" en se bourrant au passage de ce que les fans appellent des "
fillers".