Hécate ? Il y a peut être une blague que j'ai ratée... Mais ce n'est pas du tout une guerrière... à l'origine, elle était déesse de la victoire, de la puissance, de la richesse... et puis sa dimension chtonienne a pris le dessus pour en faire une sorcière inquiétante dès la grèce classique.
Si on cherche des divinités de la guerre qui soient "sûres"... Eh bien j'aurais tendance à m'orienter un peu plus loin : Sekmet en Egypte, incarnation de la fureur, pas mal... Et puis Isthar / Innana qui a domaine sur l'amour et la guerre, ensemble...
En fait la dichotomie ne me semble pas être de prime abord entre femme + paix versus homme + guerre. Il apparaîtrait plutôt une séparation : la femme non mariée est potentiellement armée / agressive (sexuellement ou arme à la main), tandis que celle mariée et mère devient symbole de vie et de sécurité... Mais dans ses vieux jours, la vieille veuve acquiert de nouveau facilement une image inquiétante qu'on peut sans trop de peine rattacher par exemple à l'archétype de la sorcière.
Au risque de mener une spéculation hardie, je me demande si la femme en tant que non combattante n'a pas été consacrée par un complexe chrétien avec l'image de la Vierge Marie comme seul modèle autorisé (Eve comme Lilith ayant plutôt leur place en Enfer). Je suis tentée de supposer que durant une partie de l'antiquité, la femme avait le droit de passer de l'attachement d'un modèle (Artémis dans la jeunesse) à un autre (Héra dans la maturité). Et que la Vierge Marie, en synthétisant les deux, a expulsé la possibilité d'associer la femme à l'image de la violence...
Encore une fois ce sont des spéculations harardeuses... Je vous fais copie d'une prise de note que j'avais faite sur un livre, cela vous donnera le point de départ de mon délire :
La femme dans l’histoire et les mythes, Jean-Paul ROUX Femme- Terre- Eau- Lune
L’association femme et terre s’est rapidement faite, l’homme dans le rôle du laboureur fécondateur, le soc de la charrue vu comme la verge, le sillon comme le vagin. Les rituels comportant accouplement sacré participent à la régénération cosmique ; l’émasculation de certains prêtres, ou leur chasteté, sont manifestations de réservation de l’énergie fécondante en l’honneur de la terre. Tout ce qui enfreint les règles de la morale sexuelle est par suite en risque de mettre en péril l’ordre naturel des choses.
On parle parfois de culte de la Grande Déesse Mère, supplanté par celui de divinités ouraniennes masculine. En particulier le cas de la religion minoenne qui a été fortement influencée par les envahisseurs doriens, dont j’entends toujours parler sans savoir qui ils sont. La plupart des déesses grecques ont un lien avec la Grande Déesse, on le remarque notamment dans la relation aux serpents. Il y a ainsi une Aphrodite aux colombes et une Aphrodite aux Serpents. Et sous le temple d’Athéna à Athènes, on élevait des serpents. Artémis sous une forme archaïque qui a survécu jusqu’à la période classique, femme couverte de multiples mamelles. Les grottes sont facilement associées à l’idée de la matrice maternelle : sombre et humide. Bon, il manque la chaleur, mais là il s’agit du ventre de la terre, pas d’une femme. En Crète, on priait la déesse des femmes enceintes, EILEITHYA, dans des cavernes, et sans les îles attiques aussi. La femme- terre est étroitement associée à l’eau (source, rivière…). Le lien se manifestant aussi à travers les larmes, le liquide amniotique. Des sources sacrées dans lesquelles les femmes stériles se baignent pour avoir des enfants. Le lien entre eau et lune étant étroit, la femme et la lune s’associent également facilement. On parle parfois de la lumière fécondante et humidifiante de la lune, cela en particulier dans les pays chauds, où le soleil est brûlant.
Autre association intéressante, celle qui évoque les divinités chtoniennes, ambiguës, et étonnantes, largement répandues en Europe. L’auteur suggère que c’est l’angoisse de l’ignorance de l’alchimie qui transforme le germe en être vivant complet, qui a pu doter la femme d’une aura sombre, de même que donner à la terre un aspect inquiétant.
Il y a donc la nette distinction : mère d’un côté, et de l’autre femme- plaisir. Sachant que d’un côté il y a la terre généreuse, et de l’autre la terre « avide » qui décompose tout ce qu’on enterre, on peut imaginer que l’association de la « courtisane » au sens large, s’est faite avec ce qui est périlleux, et peut être est-là l’origine de l’association courante désir- mort ou sexe- mort ?
La terre malveillante est celle de la corruption, celle d’où émergent les serpents et les baies vénéneuses.
La terre est donc autant dispensatrice de vie que de mort. L’association de l’amour et de la guerre chez de grandes déesses du proche orient est de cet ordre.
Virginités
L’association femme mère à la terre cultivée est aussi l’association terre sauvage & vierge. Mais la terre non cultivée donne des ressources de cueillette (sel, miel, champignons, fruits sauvages, châtaigne, oignon…). Mais comme ce qui sort de la terre sauvage est plus souvent mauvais, on aura tendance à considérer ce qui est hors de la culture comme potentiellement et globalement néfaste. Ces terres appartiennent aux esprits au sens large. C’est un lieu de méditation, ressourcement, initiation ou révélation du fait du contact étroit avec ce qui est surnaturel. A noter une observation intéressante, si la virginité de la femme est comme celle de la terre, alors il n’y a pas d’opposition entre virginité et maternité, car la terre inculte porte des fruits, des fruits fécondés par les esprits / génies / dieux. On parle dans de nombreux mythes du pouvoir fécondant de la lumière, mais aussi des grossesses liées au contact de la femme avec un objet ou un animal (pluie d’or, grenade…). Les divinités sont réputées apprécier les mortelles. L’union avec le divin peut passer par la transe ou l’extase de la danse.
Autre observation, ce qui compte, ce n’est pas directement la virginité du corps, mais un ensemble, un complexe qui a tout l’air d’être surtout intellectuel ou spirituel. Ainsi une femme peut tout à fait « redevenir vierge », pour peu qu’elle cesse son commerce avec les hommes, mais plus encore qu’elle soit proche du divin, indépendante, en lien avec les pouvoirs invisibles…
Le système de pensée européen fonctionne par contraires, et associations analogiques. Je trouve que le tableau qui suit et qui synthétise toutes ces paires associées en deux grands groupes est des plus éclairants sur tout un ensemble de choses, de points de théologie ou de mythologie. J’ai l’impression d’enfin trouver quelque chose que je cherchais à comprendre depuis longtemps, sans parvenir à expliciter ma recherche. Les éléments fournis ne suffisent pas à apaiser mon appétit, mais sont déjà un bon pas en avant !
Terre sauvage // Terre cultivée Animaux sauvages // Animaux domestiques Vierge // Femme mariée Chasseresse & Guerrière // Pacifique Fruits des dieux // Fruits des hommes Inquiétante // Rassurante Avide // Généreuse Sexualité exacerbée, brûlante de désir, débauchée // Chaste, pudique, voilée… En lien étroit avec la mort // Dispensatrice de vie Indépendante ? // Soumise Se chargeant uniquement d’elle ? // Dévouée Courtisane charmante // Honorable nourricière, mais qui est finalement peu désirée… ? Préside aux accouchements// Elève les enfants légitimes ? Sommeil //Eveil Etat intermédiaire //Etat définitif Sorcière, Inspirée, conseillère// Femme pieuse et honnête Chtonienne (Grottes…)// Surface Sang //Eau Démence// Raison Cru// Cuit Enfance// Âge adulte Frénésie //Modération //Bonne santé Nuit //Jour Brune //Blonde
Parmi les habitants des terres- vierges / sauvages on compte beaucoup d’hybrides hommes- animaux dans les mythologies : hommes loups, hommes léopards. Griffons et Dragons. Harpies, Sphinx (pluriel : Sphinge), Sirènes. Sorcières et Magiciens. Les Femmes- Oiseaux sont nombreuses, associées également au cygne ou à l’oie, et dans une moindre mesure à la colombe / pigeon. Danseuses, associées aux lacs, rivières, fleuves…
Dernière édition par Iris le 04 Fév 2006, 11:48, édité 1 fois.
|