Eltanin

Il est peu probable que beaucoup d'entre vous connaissent cette pièce ne serait-ce que de réputation.
En effet il s'agit d'une oeuvre allemande,comptemporaine qui plus est.Et qui n'a été traduite en France que très récement.
Ce nom m'évoque pourtant ma plus intense experience en tant que spectateur de théatre et ce alors que j'ai souvent l'occasion de me rendre à  des spectacles théatraux.

Je m'explique,cette pièce n'est rien de moins qu'un guerre entre son personnage principal,un professeur d'allemand monsieur Klam,et une classe d'élève...le public de la pièce.
Les élèves("nous" donc) accusons ce prof d'avoir provoqué le suicide d'un élève et nous opposons à  lui pour notre silence.
J'ai eu la chance de voir cette pièce dans une salle de classe contenant moins d'une trentaine d'élèves/spectateurs lorsque le club théatre du lycée a fait venir la troupe dans nos locaux et je pense avoir eu la chance d'assister à  cette merveille dans des conditions optimales(autant vous dire que je vois très mal cette pièce être jouée dans une grande salle).
L'idée de faire du spectateur un personnage de la pièce à  part entière loin d'être un délire d'un auteur se voulant original est ici le moteur principal de la pièce et sa plus grande force.Notre position de spectateur est ici remise en cause et celà  amène une sensation d'immersion et un certain malaise dans le public,de l'autre coté l'acteur joue avec le public comme jamais au théatre et perd lui aussi en securité(si chaque acteur cherche à  jouer avec son public il y a je pense d'énorme difficulté à  poser son jeu sur la seule interaction avec celui-ci).

S'ajoute à  celà  un texte très bien écrit dont la fascinante cruauté m'a rappelé Huis-Clos de Sartre.

En conclusion je ne peux que vous conseiller vivement de chercher à  voir/vivre cette pièce surtout si vous parvenez à  la voir dans une petite salle permettant au metteur en scène ce véritable jeu avec le public.
Pour peu que l'acteur jouant Klam soit bon(et celui que j'ai vu étais un acteur excellent) et vous passerez sans doute un moment inoubliable.

(au passage si vous parlez allemand il parait que cette pièce à  un succès fou en allemagne,il est sans doute beaucoup plus facile de la voir là -bas que chez nous.D'autant plus qu'elle n'existe que depuis 2000).

Juste au passage, je précise que j'ai vu cette pièce dans une salle de quatre cent personnes, et je n'ai pas du tout été gêné par le monde. L'acteur avait, je suppose "adapté" son jeu au nombre. On le sentait totalement écrasé par cette foule silencieuse et, bizarrement, on avait d'autant plus l'impression de le voir s'adresser à  chacun de nous individuellement. Je suis tout à  fait d'accord avec toi, l'interaction entre public et spectateur (qui commence à  porter les fruits d'une réflexion longue de près de vingt ans), est tout à  fait excellente.
Je conseille à  tes côtés

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.

Je me souviens d'avoir vu il y a 25 ans environ, une pièce de Obaldia où les spectateurs étaient invités à  enchérir fictivement sur je ne sais plus trop quoi ...

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Smouales étaient les borogoves

Je crois aussi avoir entendu parler d'une pièce où le public jouait le rôle d'un jury dans un tribunal et votait pour la condamnation ou non du personnage principal.
L'idée m'avait semblé interessante mais finalement je pense que -s'il y a un coté amusant pour le public qui peut interagir-cela fait un peu gadget et superflu.
Le fait de donner par le placement des spectateurs une position d'acteurs me semblent bien plus interessante.Cela force l'acteur à  réelement joué avec eux puisque il peut les voir(si vous n'avez jamais été sur une scène sachez que le public est généralement plongé dans l'obscurité mis a part les tout premiers rangs.


Etonnant.L'acteur devait vraiment être brillant(ceci dit c'était peut être le même).

Aujourd'hui, j'ai vu "Electre" de Sophocle joué par la troupe d'étudiants dont fait partie mon frère, avec le sieur Jean-Baptiste Lafarge, donc, dans le rôle d'Oreste.
J'ignore si c'est courant dans les petites représentations, mais les personnages survenaient presque systématiquement sur la scène en arrivant de la porte d'entrée réservée aux spectateurs, en traversant tout le public avant de bondir sur l'estrade (ou autre attitude moins énergique en fonction du registre du moment, bien sûr). Entendre le Pédagogue clamer "Femmes étrangères !" à  dix centimètres de son oreille est un moment inoubliable (d'abord pour le tympan ).
Ici, le public n'est pas acteur, mais il est davantage impliqué dans l'espace de la pièce que dans la représentation classique, la scène ne se limite pas à  un endroit clos, elle s'étend jusqu'à  couper toute la salle par l'allée centrale.

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