Eltanin

Le Leto Atréides II que l'on retrouve au début de l'ouvrage "L'Empereur-Dieu de Dune" n'a plus rien de commun avec le petit garçon à  la combinaison vivante que l'on quittait dans le dénouement des "Enfants de Dune". Sa psychologie a évolué : le royal Harum avec lequel le fils de Muad'Dib avait fait alliance n'est plus présent, ou alors confondu avec la personnalité principale, les légions intérieures sont totalement dominées par le nouveau pacte passé avec elles (la priorité de la mission sacrée, le Sentier d'Or) et il est empli d'une lassitude trois fois millénaire. Leto est contraint à  la concentration afin de garder un minimum d'emprise avec la réalité, d'autant plus qu'il en est distrait par son immense mémoire collective et sa vaste prescience : le présent n'est plus qu'un éclair dont il goûte à  peine la saveur, étouffé qu'il est entre une multitude de passés individuels et d'avenirs communs possibles. En un sens, dès le départ, l'Empereur-Dieu est dément, damné, pharaon de ce monde qu'il condamne à  une quasi-immobilité, et pourtant il s'astreint à  se focaliser sur la voie qu'il a fixé à  l'humanité, afin qu'elle retienne sa leçon à  jamais, qu'elle regagne une vraie liberté.