Eltanin

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Portrait de Brassens en marqueterie par Bernard Tollet.[/center]



Soixante ans d'existence presque pile poil, soixante années bien remplies pour un artiste qui n'a pas fini de faire parler de lui.
Brassens, c'est avant tout une personnalité, autonome, farouchement antimilitariste, frisant parfois l'anarchie, mais toujours de manière humoristique et réfléchie. C'était un homme doté d'une grande culture, et cette profondeur se ressent dans ses chansons comme dans ses textes. Oui, Brassens chantait peut-être parfois des choses bien vulgaires, telles que l'histoire du juge violé par un gorille, et il lui arrivait, aussi, d'employer des mots vulgaires, mais la magie de son art transformait tout cela, le rendait beau. Les mots "bite", "cul" et autres ne sonnaient pas pareil dans sa bouche que dans une autre.
Pour tout ce que j'en sais, c'était un homme tendre, rebelle, sentimental, féroce, paisible ; farouche dans le plaisir qu'il prenait à  chanter, nonchalant mais travailleur, cancre mais appliqué...
C'est peut-être, de toutes les célébrités, celui que j'aurais le plus aimé connaître. Nous n'aurions sans doute rien eu à  nous dire, mais je l'aurais vu vivre.



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Post-scriptum : J'ai aussi créé un sujet pour parler spécifiquement de ses chansons.

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Ah, voici, mesdames-mesdemoiselles-messieurs, un magnifique exemplaire du panthéon consensualiste.

Voilà  donc un homme qui fait des chansons certes agréables. Un peu de grivoiserie pour choquer les chastes oreilles ; car le public aime être un peu choqué. Mais point trop, nous restons sur un bon fond de naïveté remplie de mamours bien franchouillots, quand bien même ils seraient parfois malheureux ou un peu scandaleux. Il avait tout pour plaire au goût petit-bourgeois : pas assez scandaleux ou révolutionnaire pour révulser les bons esprits, pas assez grandiose pour les faire reculer devant sa splendeur.

Si je devais, chers visiteurs, faire une comparaison, je dirais que Brassens est à  la musique ce qu'une bonne littérature-feuilleton (dite aussi littérature de gare) est à  la littérature. Il était avenant, facile, un peu piquant mais tout de même assez lisse. Il a suffi de cela pour le porter aux nues. Et les mauvais esprits qui, ici, ricaneront sur la gloire un petit peu méritée, beaucoup usurpée de l'homme se feront traiter de tous les noms. Car en vérité on vous le dit, Brassens est grand, Brassens est un poète, bref Brassens incarne tout ce qu'on peut aimer sans se mouiller. C'est plus classieux que la Star'Ac mais on reste dans le populaire et le passe-partout. Ça valait la peine de parler un peu de cul pour faire frissonner un peu les braves citoyens et leur faire croire qu'en adoptant une telle idole, ils prennent une position audacieuse, courageuse. Raté, il n'en est rien.

Qu'en diront, alors, ceux d'entre nous qui n'aiment pas les idoles de scène ? Que le brave homme a produit une Å“uvre acceptable, parfois même plaisante, mais que lorsqu'on compare l'Å“uvre telle qu'elle apparaît à  l'esprit critique, à  l'image que l'on claironne par toute la France et la Navarre, ladite Å“uvre semble désespérément petite par rapport à  ce qu'on nous vend. En somme, voilà  une belle preuve de cet adage amusant : "plus l'on est grand, plus l'on tombe de haut". Surtout lorsque l'on n'était pas grand par soi-même et que l'on vous a monté sur échasses.

Bonne journée, mesdames-mesdemoiselles-messieurs, et n'oubliez pas le guide.

Si tu recherches du convenu, regarde donc chez Brel. Pour revenir à  Brassens, on peut bel et bien qualifier ses chansons de légèrement paillardes, certes, mais le fond de naïveté, je me demande bien où tu le trouves. De la bonhomie, plutôt, nuancée d'amertume.
En regardant cette vidéo, tu peux voir quelque chose d'assez fascinant ; un Brassens très grave, au regard vif, qui se détend progressivement au rythme de sa chanson et des réactions de son public. A la fin, il trébuche ; mais ce n'est pas grave, le public l'apprécie et il reprend avec le sourire.

Il ne faudrait pas que la popularité d'un artiste te conduise, au contraire, à  le sous-estimer. Je comparerais Brassens, sur le fond, à  Picasso (bien que la qualité de la production de Picasso soit un autre débat, et si tu as l'intention d'écrire plus d'une phrase sur la chose, je t'en prie, crée le sujet qui lui sera dédié, à  toi l'honneur) : un homme à  l'approche relativement risquée, étayée pourtant par une grande connaissance du domaine dans lequel il oeuvre, qui aura finalement rencontré la reconnaissance qui lui était dûe... et plus encore, jusqu'à  devenir consensuel, comme tu le dis si bien.

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Etant totalement non musicien, la musique de Brassens m' ennuie par son charactère répétitif et la voix par sa monotonie.

S' agissant des textes, ça va, ......

En fait, j' écoute à  petites doses.

Il a un avantage sur Brel celui d' être moins triste.

Pour moi, des trois, le plus inégal mais le plus imagionatif, le plus grand est Férré !

( Tova je connais tout le mal que tu penses de lui )

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Smouales étaient les borogoves

Je dois avouer que ma position dans le débat est assez bien arrêtée (ça fera plaisir à  Sarko) : je n'aime pas la chanson française. Pour moi, elle est plus souvent qu'à  son tour l'incarnation de tout ce que le "génie français" recèle de pire. Mais effectivement, j'y préfère largement Brel. Même si lui non plus ne peut s'empêcher d'être parfois un peu, comment dire ? Canulant. Le premier qui chante "Ne me quitte pas", je l'empale.

La bonhomie ? Oh, je la vois dans cette mièvrerie de Brassens, son côté "vivons d'amour et d'eau fraîche", amertume ou pas. Ah oui, il y a aussi le fait que Brassens est un avatar du "tropisme méditerranéen", comme disent les géographes, ou comme je dis moi, de la méridiomanie. Or, étant bien plus anglomane du XIXème que méridiomane de la fin du XXème, je brûle pour le nord tandis que le sud me laisse froid (ah, ah).

Mais comparer Brassens à  Picasso, tout de même, c'est vache pour Brassens, DN (d'ailleurs, sur le sujet, je n'ai même pas besoin d'une phrase, mais de deux mots : "art dégénéré" ). Il est vrai que les deux m'énervent dans leur toute-présence méditico-consensualiste. Mais l'approche de Brassens est loin d'être aussi risquée que celle de Picasso. Il a beau parler d'enculer dans une chanson (j'en connaissais moi-même une où il baise sa grand-mère pour ne pas perdre son argent au bordel), ça reste très consensuel dans la provocation. La chanson porno/scato, ce n'est pas nouveau, au contraire ça a toujours bien marché. Apporter ça dans les oreilles du bourgeois n'est jamais que faire comme ces types qui exposent des bidets. C'est prétendre faire de l'art avec quelque chose qui n'en est pas, qui existait mais pas en tant qu'art. Mais dans le grand mouvement de "tolérance", ou devrais-je plutôt dire de décadence, artistique du XXème siècle, ça n'a rien de difficile. Au contraire, c'est tout bon, coco.