Eltanin

A quatre ans, il avait l'air d'en avoir deux. Il vivait dans les rues de Rotterdam, considérée alors comme l'antichambre de l'enfer sur Terre et accessoirement, capitale de la Force Internationale (F.I.).

La Force Internationale ? L'union, contrainte et forcée, de toutes les nations de la Terre pour faire face aux Doryphores, ces extra-terrestres insectoïdes qui menacent la Terre et veulent l'intégrer à  leurs colonies. La Première invasion, un siècle plus tôt, a surpris tout le monde, et ils ont ravagé des régions entière de la planète avant d'être repoussés ; la Seconde Invasion ne fut évitée que de justesse, et d'une façon imprévue ; la flotte spatiale ne parvint à  détruire qu'un seul navire ennemi. Le navire porteur de la reine qui commandait la "flotte" des envahisseurs ; celle-ci, privée de sa conscience, de son esprit de ruche, s'en retourna.

Y aura-t-il une Troisième Invasion ? Les stratèges ne voient aucune raison pour qu'il n'en soit pas ainsi, car c'est ce qu'eux feraient, mais comment prévoir les raisonnements d'extra-terrestres ? Aucune importance. Si vis pacem, para bellum : qui veut la paix prépare la guerre.

Cette préparation porte trois nom : le Collège de Guerre, le Collège Tactique et le Collège de Commandement. Trois institutions dont tout le monde connait l'existence mais ignore tout le reste, jusqu'à  la localisation, trois centres où sont amenés les jeunes enfants qui ont fait preuve de talents exceptionnels pour remplir le rôle... de maître de guerre.
Les enfants sont l'avenir, et la Terre le leur confie de manière totale. Sélectionnés à  partir de tests stricts sur leur astuce, leur capacité de décision, leur charisme, leur psychologie, les élus sont arrachés à  leur famille et envoyés dans cette station spatiale qu'est le Collège de Guerre dès six ans pour être conditionnés. Développer tout leur potentiel uniquement dans la direction de la guerre ; la stratégie, le commandement, la ruse, la tactique... Et les leçons seront aussi bien pratiques que théoriques.

L'objectif exact de ce processus inhumain ? Trouver le Sauveur. Celui qui saura manier les hommes, les vaisseaux, toutes les ressources de l'Humanité que la F.I. mettra à  sa disposition, pour défaire la menace des Doryphores. Et lui adjoindre les collaborateurs dont il aura besoin pour le seconder. Dommage pour ceux qui seront broyés au cours du processus d'affinage. Au moment où commence le cycle, le Sauveur a un nom : Andrew "Ender" Wiggin. Celui qui a obtenu les meilleurs résultats aux tests d'entrée, qui a bouleversé le Collège de Guerre par ses audacieuses initiatives, et qui s'est attiré l'adulation de ses condisciples qui le suivraient jusqu'en enfer. La hiérarchie militaire mise tout sur lui.

Lui, ce gosse rachitique et famélique qui survit dans les rues de Rotterdam, va être repéré, presque par accident. Et bien qu'il n'ait que quatre ans, la décision va immédiatement être prise de le préparer pour le Collège de Guerre. Parce qu'il a réussi mieux que quiconque avant lui. Mieux que Ender.



Ombre, c'est un cycle de quatre tomes (La Stratégie de l'Ombre, L'Ombre de l'Hegemon, L'Ombre de la Mort et L'Ombre du Géant) qui va nous raconter son histoire. L'histoire du plus grand génie militaire de tous les temps qui pourtant n'acceptera jamais de sortir de l'ombre. C'est le stratège, le tacticien ultime... mais pas le commandeur ultime, contrairement à  Ender. Ender dont, à  ses débuts, il sera l'ombre : son confident, son ami, la force cachée.

Pourquoi je vous parle de ce cycle ? Parce qu'il est beau, tout simplement. Les ouvrages choisissant comme personnage principal le second, loyal et dévoué, ne manquent pas me direz-vous. C'est vrai ; tout comme il est vrai que l'ombre n'a rien à  voir avec ce genre de personnage.
L'ombre vient des pires rues de la Terre, où se sont forgés son exceptionnel instinct de survie, sa méfiance toujours éveillée, à  la limite de la paranoïa, sa vigilance toujours à  l'affût. L'ombre est un surdoué qui, de par ses origines, applique tout son génie à  un objectif simple et précis : survivre. Ce n'est qu'au fil du temps qu'il va découvrir la possibilité d'avoir des sentiments, et chercher à  les gérer. L'ombre, c'est un officier qui parcourt en sens inverse le chemin habituel : il ne s'endurcit pas avec le temps, son âme ne se recroqueville pas sur elle-même au fur et à  mesure qu'il forge son expérience. Bien au contraire, il s'ouvre lentement, commençant par intellectualiser les émotions avant de finir par les éprouver. Mais pendant qu'il assiste à  la naissance de sa sensibilité et la découvre, dans le même temps, le monde assiste aux premières manifestations de son génie, et découvre l'arme absolue qu'il peut être. Tous les enfants issus de l'Ecole de Guerre sont des maîtres de guerre aboutis ; lui sera presque parfait ; il ne lui manquera qu'une chose : l'art de commander. Il restera donc... l'ombre.



Le cycle de l'Ombre est un parallaxe, de la bouche même de son auteur, avec un ouvrage qu'il a écrit beaucoup plus tôt : La Stratégie Ender, et qui nous narre les mêmes événements que La Stratégie de l'Ombre, mais d'un point de vue complètement différent... celui de Andrew "Ender" Wiggin. Je n'en suis pour l'instant qu'à  la moitié du cycle de l'Ombre et n'ais pas encore commencé le cycle Ender, mais je reviendrais vous en parler dès que ces lacunes auront été comblées...

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Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.