Eltanin

Eltanin

Learn Humanity
Nous sommes actuellement le 28 Avr 2024, 02:06

Le fuseau horaire est UTC+1 heure [Heure d’été]




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 2 message(s) ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Une Vie Divine par Sollers
MessagePublié: 19 Fév 2006, 18:45 
Hors-ligne
Miroir
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 12 Mai 2004, 18:19
Message(s) : 690
Ma première vraie critique sur un livre, étant donné que je ne lis jamais. Avant première, action !

Titre : Une vie divine
Par : Philippe Sollers.


Le Best-sollers du moment de la philosophie. Le sujet ? Un truc sur Nietzsche, encore un oui. Philippe Seller passé à  qui-qu’a-vu-qui dans l’émission de Laurent Ruquier sur France 2. Le mec déjà , il se la pète grave, genre il a tout lu de Nietzsche, enfin les choses importantes on va dire, pas des livres comme celui de Stéfan Zweig où à  chaque ligne on comprend que Nietzsche est malade, avec un champ lexical morbide à  souhait. Mais va savoir, peut être que c’est de lui dont s’est inspiré Sollers pour écrire son livre « Une Vie Divine ». Là , pas prépondérance du morbide, non, là  c’est champ lexical du paresseux : « Je me tape toute la ligne du RER A parce que j’ai rien d’autre à  foutre et que j’ai oublié mon cerveau dans la salle de bain. Que je « Bip »…Que je fais l’amour avec une autre philosophe qui me fait jouir en lisant du Kant, que j’ai une blonde à  l’italienne pour femme, que vers la fin de mon livre des fois je dis que la morale c’est mal et que je parle de la vie de Nietzsche, que aussi j’exprime mes opinions sur le monde et que voilà . »
Quand on sait que Nietzsche malade physiologiquement comme personne ne l’a été en son temps et qu’il arrive cependant à  nous pondre un super bouquin en moins d’une semaine, on ne comprend pas vraiment ce Sollers qui lui irait nous dire « Oui mais moi j’étais pas malade, j’ai pas de raison, si je l’avais été, j’aurais écrit de belles choses. » tout ce qui l’a pu faire c’est remballer la Christine Bravo et avoir un bon commentaire d’un des gars de l’équipe ( ce gars, avait d’ailleurs trouver une phrase super dans le livre « la morale, pas bien taratata… affranchi blablibleu… » parce qu’il avait rien trouver d’autre de mieux.) Alors les points forts du livre, quand même, sont ses envolés vers les sphères lointaines de la rêverie où après lecture on est comme une pâte molle bonne à  rien faire, ou par exemple son écriture automatique, je cite « Cul, ventre, épaule, organe, manger, péter, roter. » et enfin de toute son affliction dans les dîners tellement qu’il s’ennuie, lui qui voit tout, comprend tout. A part ça, en fin de compte, même les préfaces d’un Nietzsche faites par je ne sais quel inconnu sont bien plus intéressantes et que sinon voilà  encore une fois. Oui, pour dire la vérité, j’étais enjoué d’apprendre qu’un nouveau livre sur Nietzsche allait paraître mais deux semaines après lecture, j’étais plutôt déçu.

_________________
Je suis l'incapacité d'aimer de Jack.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePublié: 23 Fév 2006, 16:47 
Hors-ligne
Le Dromadaire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 21 Fév 2005, 14:15
Message(s) : 238
Localisation : Sub-Croatie orientale, 4ème poubelle, 7ème district, 57ème avenue.
Que de haine déicide. Allons, à  quoi cela rime t-il ? C'est pourtant bien toi qui m’as recommandé ce presse-papier. Pour dire vrai (parlons concret), je m'attendais à  des références anecdotiques au Maître de la Philosophie nouvelle (c'est toujours plaisant à  voir), mais le pauvre Nitch est ici caressé, astiqué, sodomisé à  blanc, non pas en tant que penseur, mais en tant que... bourgeois moyen.

Donc. Ce livre est, avant toute chose, un soufflé au fromage. Ne nous emballons pas, c'est là  un genre littéraire "à  part entière" que l'on ne saurait remettre en question. Ce sur quoi je me "lâcherai", en revanche, est bien cette malhonnêteté (de plus en plus répandue chez les intellectuels modernes) consistant à  énoncer des platitudes tout en s'appliquant à  montrer, par moult artifice, que c'est du second (troisième, quatrième) degré, que l'on garde systématiquement une réserve ironique face à  tout cela, et que l'on jouit donc d'un recul stratosphérique par rapport à  ces primaires considérations. Cela peut avoir une certaine crédibilité chez quelque "possédés" qui, de temps à  autre, laissent insidieusement entrevoir la profondeur de leur puit, mais c'est bien en vain que l'on cherchera ce genre d'ouvertures dans le dernier Sollex. On a beau en apprendre moins que dans une fiche philo, une bonne moitié des références resteront d'énigmatiques divagations pour tout non-connaisseur du penseur en question (ce qui restreint le lectorat potentiel à  ceux qui peuvent juger objectivement de l'inanité de la chose).
En faisant abstraction du "saupoudrage" sus-évoqué, on y voit donc critiquer stérilement les goujats qui assimilent Friedrich à  Adolf (plus Quichotte, tu meurs), les philistins qui prêtent quelque crédit aux penseurs pré-nietzchéens (en dépit du terrain qu'ils ont pu "débroussailler") et même les satanistes qui encensent à  tort la Moustache de la Pensée (cette situation a t-elle seulement existé ?). Le meilleurs gag étant qu'il ira jusqu'à  citer (il me semble) "ceux qui troublent leurs eaux pour en masquer le peu de profondeur", LA phrase qui résume l'imposture grotesque de cette chienlit.

Encore heureux qu'il subsiste, au-delà  des assertions vaines et sans fondement d'un contribuable moyen (!), une certaine volonté "didactique" au sein de l'oeuvre. Disons que l'intention de départ n'est pas mauvaise : adapter la violence d'un Zarathoustra à  la mollesse de l'univers dans lequel nous évoluons. Le hic, c'est que ce n'est nullement l'entrevue d'un quotidien meilleur ("nietzschement, mais raisonnablement"), mais carrément une justification de *sa* libertine de vie. Promener son steak entre deux femmes, errer sans but dans l'enfer citadin, mépriser tout ce qui ne porte pas le label "nitch" (jouir en lisant du Kant, c'est un peu de la MySTforce..?), et écrire et brûler quelques feuillets (en espérant qu'il sont d'un autre acabit que ce flamboyant essai). Mais non, que dis-je, puisque l'Acte d'Ecrire est ici ramené à  son stade de diarrhée la plus noirâtre (pomme, pluie, éjac, prout), face à  laquelle la dernière fic yaoiste se rendrait coupable d'une démarche vainement étudiée. Sous prétexte que N procède ainsi, cette machine à  popo-corn devient un enfant-né de la plume (manquent peut-être le style, la portée, le contexte..). Sous prétexte que N affectionnait les vivifiantes promenades en forêt, la moindre de ses activités para-masturbatoire s'en voit canonisée.
Le porno crados, manifestation populaire du courant dionysiaque ? Oh, encore faudrait-il y appliquer la pommade miraculeuse, l'argument massue qui donne des ailes à  ce pavé : la légèreté. Ainsi donc, de la "coquine prostitution bourgeoise" peut se revendiquer d'un grâce aérienne, sous réserve de légèreté. Le geste le plus insignifiant de sa vie quotidienne (beurrer son pain ?) devient un Eloge à  la Vie, car effectué avec légèreté.
Le plus terrible étant que l'auteur fait des remarques loin d'être stupides (on relèvera sa franche et saine position quant à  l'argent), mais qui tendent plus à  amener Nietzsche à  lui que d'aller à  Nietzsche. Ah, et on oubliera pas ces petites phrasounettes nietzchisantes (mais, contexte.. où es-tu, contexte ?) dont la divinité Solaire se montre si friande, quoique les balançant de façon inharmonieuse au possible (en effet.. ou encore.. ou même..), tels de gros raisins secs venus s'incruster dans le mastic de sa prose. Bref, bref, bref.

Beaucoup de violence pour une oeuvre qui n'en mérite par tant, MAIS qu'un pareil petit plaisantin vienne ainsi se réclamer d'un philosophe majeur (surtout celui-ci), voilà  qui me donne envie de taguer "Zut, Flûte, Crotte, Chié" sur la première surface venue. La chose s'achève malgré tout sur une note sympatoche ("la pensée qui modifie la matière de l'être... peut-être... un jour..."), sortant hélas du cul d'un âne après une telle douche autocongratulatoire. Car au-delà  de cette triste lecture, c'est bien cette terrible constatation qui apparaît : en cette société chaotique, n'importe qui peu se forger des lettres de noblesse, aussi minable que fussse sa condition. Lorsque le sens des choses s'effrite, il suffit de décider que sa teub' est le nouvel axe de rotation de la Terre. Commode, isn't it ?


(*écho lointain :* "Ahah, tu le sens, salope, l'éternel retour ?")



Z'avons l'air bizarre ? Mais, ce n'est que la nervosité engendrée par la découverte (pour des âmes candides et farouches) de l'horreur du milieu des écrivains modernes ET mondains, qui n'ont d'autre horizon que de se tailler des pipes réciproquement. J'ai d'ailleurs un petit extrait qui appuiera ma vulgarité :

Citer:
Sollers n'est pas tout seul au royaume des lettres. Il est même l'écrivain le plus imprégné des livres des autres qui soit. Ceux des auteurs du passé surtout, dont il est l'inlassable revisiteur : son travail est comme un PS ajouté au patrimoine qu'il reconsidère de son regard décapant. Il n'est toutefois pas indifférent aux contemporains, pour autant qu'ils lui paraissent dignes d'une passe d'armes. Ainsi Houellebecq est de ceux qui l'interpellent, et son dernier livre contient une manière de riposte à  La possibilité d'une île. Il n'est pas que cela, cependant, que les allergiques au vaincu du Goncourt se rassurent !


Une vie divine est, disons-le tout net, un grand roman de Sollers, le meilleur peut-être depuis Femmes, qui ne fit pas l'unanimité à  sa parution, tant s'en faut, mais qui, depuis, s'impose sans cesse davantage comme un livre majeur, appelé à  durer. Car le propre des oeuvres qui comptent est d'être des bombes à  retardement et Sollers s'entend à  confectionner ce genre d'explosif.


D'où son décalage permanent avec son audience. Il est plus célèbre que connu. Son image - fume-cigarette, doigts bagués - qu'il n'hésite pas à  exhiber dans les médias, jusqu'à  s'exposer aux plus basiques animateurs de la télé poubelle, est familière à  un public peu porté à  déchiffrer ses écrits. De sorte qu'il est voué au malentendu. Il s'en moque en apparence, mais s'en préoccupe sans doute : normal pour un écrivain de sa trempe de se soucier de sa possible reconnaissance, y compris à  titre posthume.


Un « grantécrivain », comme le dirait son camarade Dominique Noguez (qui est aussi un défenseur acharné de Houellebecq, ce qui prouve qu'en matière de lettres on peut, Dieu merci, pratiquer la double obédience), est voué à  ce sort, même et surtout s'il s'agite sur les estrades. D'où le zèle de Sollers à  porter secours aux écrivains persécutés dans lesquels il se reconnaît peu ou prou : Sade, qu'il se glorifie d'avoir fait entrer dans la Pléiade, Baudelaire qui eut à  affronter les foudres de la justice, ou Nietzsche, le maudit par excellence, celui à  qui on a fait endosser tous les maux idéologiques pensables, et en qui il trouve un formidable dénonciateur des dérives contemporaines. En le rappelant à  la vie - comme l'a fait récemment, dans un excellent Nietzsche à  Nice, Renaud Denuit -, il dispose en effet d'un redoutable imprécateur.


Sollers se range résolument à  ses côtés, prenant à  revers Schopenhauer, très bien porté ces temps-ci - et à  propos de qui, comme c'est curieux, Houellebecq annonce un essai. Il le fait pour une raison toute simple : en admirateur de Mozart, de Casanova, de Fragonard, de Stendhal (qu'il cite peu, mais dont il est très proche), Sollers se réclame du parti de la joie. Il faut se souvenir qu'il s'appelle Joyaux à  l'état civil, et prétend disposer d'un « regard diamantaire » !


L'homme, selon lui, peut décrocher le bonheur, à  quelques conditions qui relèvent de l'art de vivre. L'érotisme y a sa part, bien sûr, qu'il professe aux antipodes de la vulgarité régnante, ce qui nous vaut deux portraits de femmes qui enrichissent brillamment sa galerie déjà  fournie : Ludi et Nelly, parfaitement complémentaires, sont tout à  fait fréquentables. Par ailleurs, il part en guerre (du goût) contre quelques fumisteries notoires. Ses pages sur Jan Fabre sont très drôles : le touche-à -tout flamand aura donc coalisé contre lui, avec Régis Debray et maintenant Sollers, deux des plus brillantes intelligences françaises.


Ce roman-carnet de bord, qui dégouline de talent et parvient à  être égotiste sans être complaisant (l'auteur est trop nerveux pour cela) et s'achève par la célébration d'un pape (l'actuel) sachant jouer Mozart, tout en étant leste de bout en bout, a quelque chose de céleste. Comme son titre l'indique, de divin, en somme.


Ah, tout s'explique : un petit copain de Houellebecq (qui, à  en croire la première page de son dernier quasi-nobel, n'est rien de moins que le... Philosophe du Meetic. A quand le Théoricien du t'chat ?).


PS : Hellvorc, votre démarche pernicieuse se trouve biaisée lorsqu'on sait que l'objet de votre flatuleuse parodie n'est pas friand de ce genre de littérature (grand bien lui fasse). Par contre, je suis convaincu que les pervers comme toi se sont rué sur le dernier Sollers, j'exige donc une analyse complète et argumentée.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 2 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure [Heure d’été]


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Recherche de:
Aller vers :  
cron
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement de site