Eltanin

Le déchronologue, un roman incontournable pour ceux qui, ces derniers mois, ont déambulé dans les rayons SF de la Fnac où il trônait sagement avec un vif bandeau bleu plaqué sur la couverture pour rappeler qu'il a été récompensé du Grand Prix de l'Imaginaire. Donc, comme tout bon badaud je l'ai acheté, en oubliant par la même occasion que j'étais tombé dans le même piège avec Spin de Robert Charles Wilson (avec le recul je me rends compte que je l'ai trouvé affreusement long et chiant, et que j'ai du y trouver des points positifs à la manière d'un extrapolateur décrit par Odieux Connard. Alors désolé pour la personne à qui j'ai refilé ce bouquin...c'étais toi Raphy, il me semble ).

Le Déchronologue. Roman à la première personne, écrit comme les dernières lignes d'un testament: "Je suis le capitaine Henri Villon et je mourrai bientôt." Pour planter le décor, on est au XVIIe siècle, voguant sur la mer des Caraïbes, aventures de pirates assurées. Mais c'est surtout l'histoire de notre capitaine que nous allons suivre, trimbalé au cœur de tempêtes temporelles qui vont autant le bouleverser dans son incompréhension de ces phénomènes que sur l'économie et la vie même des Caraïbes. Des objets du futur viennent s'immiscer dans son époque, on les appelle les Maravillas, on ne sait pas trop d'où elles viennent mais sont technologiquement très avancées.

Une particularité qui pourra sans doute paraitre superficielle: les chapitres sont dans le désordre. On passe de 1653 à 1640 puis on repart en 1645, etc. Au fond ça ne change pas grand chose à l'histoire, l'auteur a même avoué qu'il était possible de les lire dans l'ordre chronologique. Du moins, dans le désordre, ça laisse languir quelques révélations. Ce qui ajoute par ailleurs au sentiment d'être perdu face à une réalité qui échappe aux lois naturelles: la manipulation du temps. On ne saura jamais vraiment comment se produisent ces phénomènes, malgré quelques personnages qui semblent connaître les mécanismes: notre capitaine sera toujours à côté de la plaque et manipulé, autant que le lecteur d'ailleurs. Point critiquable donc, un peu comme si dans Fight Club Eduard Norton ignorait jusqu'à la fin la véritable identité de Tyler Durden. Il en résulterait que ça donnerait un certain mystère tout en nous laissant frustré.

Concernant le style de l'auteur, c'est assez plaisant (disons fleuri mais pas dans le mauvais sens), avec des descriptions fines des Caraïbes et de termes de piraterie, l'auteur met d'ailleurs ses références bibliographiques à la fin.
L'ambiance m'a bien plu, pour faire court. Le Capitaine qui écoute quelques morceaux de musique avec un mp3 (toujours nommé maravilla) sur le pont du navire. Toujours étonné d'utiliser une lampe à piles ou d'utiliser un téléphone sans fil. Ces éléments sont assez bien distillés pour ressentir leur étrangeté dans l'univers du XVIIe siècle. Dans certains cas il pourra feuilleter des livres du futur, où il pourra connaître le destin de certains capitaines (tout en ne comprenant pas, alors, que le simple fait d'avoir le livre entre les mains remodèle le temps, etc.).
Jusqu'au bout on ne saura pas s'il a lu le chapitre le concernant et s'il tente de contrecarrer le temps à la manière du héros dans Minority Report.

Un roman pour ceux qui aiment les pirates et les manipulations du temps.

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Je suis l'incapacité d'aimer de Jack.