Eltanin

Oui mais OU commence la fanfiction ?
Lorsqu'un auteur contemporain réinterprète un mythe antiques dans une pièce de théâtre, qu'écrit-il sinon sa propre vision de personnages créés par d'autres ? Techniquement, c'est de la fanfiction, et on notera que fanfiction.net a des catégories 'bible' et 'mythologie'. Je ne vois pas pourquoi, parce qu'un personnage fait partie de l'imaginaire collectif plutôt que de celui d'un auteur en particulier, écrire dessus ne serait pas de la fanfiction.

Et puis, je crois à  la fanfiction comme exercice d'écriture. Celui qui ne s'y est jamais essayé pense la chose aisée, mais entre l'idée première, le 'et si ?' et un texte fini, il y a un très large fossé à  franchir. L'un des obstacles majeurs est de s'approprier les personnages créés par un autre - les faire agir et parler en respectant ce qu'ils sont dans l'oeuvre d'origine est une contrainte très forte : le OOC est le pire ennemi du fanfiqueur consciencieux. Et même si l'on n'a pas à  définir un univers, tout le reste du processus d'écriture est intact, et respecter l'univers existant n'est finalement qu'une contrainte de plus pour un apprenti écrivain.
La fanfiction est une école d'écriture comme une autre, et présente l'avantage de pouvoir faire lire et juger son travail à  un grand nombre de gens. L'auteur de fanfic avance beaucoup moins en aveugle que celui qui écrit tout seul dans son coin puis essaie de se faire publier. Les très bons auteurs de fanfics ont tous des projets personnels, leurs propres personnages, leurs propres univers ; et parce qu'ils ont appris à  écrire avec des contraintes fortes, leur style est déjà  fort discipliné lorsqu'ils se mettent à  écrire leurs histoires à  eux.

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Nombreux sont les "grands" auteurs qui ont commencé, dans leur jeunesse, par parodier, plagier, imiter les grandes oeuvres déjà  existantes. Généralement ça ne vaut pas grand'chose mais je ne pense pas que dans le domaine littéraire on puisse dire ce que Chimène disait de Rodrigue : "Les hommes valeureux le sont du premier coup". Il faut bien commencer par s'entraîner, se faire la main.
Et ces écrits de jeunesse gardent toujours une certaine valeur, car souvent on y trouve, en germe, les grands traits du futur talent littéraire.
Je ne dis pas que tous les auteurs de fanfics deviendront de grands auteurs - loin de là . Je pense aussi que la fanfic est, pourrait-on dire comme on le faisait jadis, un "genre mineur". Mais il n'est pas pour autant dénué de toute valeur. Surtout s'il est consciemment abordé par l'auteur comme un moyen d'entraînement.

Je m'éloigne un peu du sujet, mais j'avoue ne pas être tout à  fait d'accord avec cette conception de la fanfiction. A mon avis, il faut aborder tout écrit au maximum de ses possibilités. Si on insuffle pas tout l'amour possible à  un texte quel qu'il soit là , oui, celui-ci aura l'air maladroit. Même une fanfiction mérite que l'on se consacre à  elle entièrement.
Ceci dit, effectivement, les inhibitions sont moindres dans ce genre. On hésite moins à  tenter de nouveaux styles, à  créer des personnages un peu casse-gueule, etc... Il n'empêche que, selon mon expérience, les meilleures fanfictions sont le produit d'un travail à  peu près équivalent à  celui qu'un auteur de roman cherche à  fournir.

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.

C'est vrai. Je ne voulais pas dire qu'il fallait faire de la fanfiction sans être sérieux. Mais je pense qu'en même temps, il faut la prendre pour ce qu'elle est et l'aborder avec humilité et lucidité. Et surtout savoir ensuite dépasser ce stade et se lancer, tâche plus périlleuse, dans l'oeuvre originale, personnelle.