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White Wolf est un éditeur de jeux de rôles étasunien. Une de ses particularités aura été d'être l'éditeur d'un seul univers, le Monde des Ténèbres - MdT pour les intimes.
En effet, tous les jeux de rôles publiés par White Wolf prennent place dans le même univers, chacun d'entre eux offrant une entrée différente. Du moins est-ce la théorie.
En pratique, le Monde des Ténèbres s'est construit brique par brique sans guère de plans directeurs, il faut bien l'admettre. C'est peut-être une bonne chose : un projet voulu aussi ambitieux dès le début n'aurait peut-être pas abouti.
Toujours est-il qu'au final, la huitaine de gammes déployée par White Wolf a un cadre voulu commun.
Le Monde des Ténèbres est notre monde, avec une couche de peinture noire, métaphoriquement parlant. Tout y est plus sombre, plus désespéré : la pollution est un fléau dont l'ampleur est telle qu'il est parvenu à blaser, la criminalité est endémique, ainsi que la pauvreté, la corruption est une gangrène à laquelle aucun organisme n'échappe... Et évidemment, vivre dans un tel environnement ne fait rien pour le moral de la population, qui s'y est, dans son écrasante majorité, résignée : subir en silence et dans l'indifférence.
Cette empreinte est celle du premier jeu à l'origine de tout, "Vampire : la Mascarade". Lancé dans la vague gothique punk, il posera les fondations du Monde des Ténèbres et tous les autres jeux croîtront dans son ombre.
La conséquence la plus intéressante de cette volonté d'un cadre unique pour tous les jeux est celle des croisements entre ces mêmes jeux. Tous permettent d'incarner des créatures surnaturelles de différentes natures ; toutes ces créatures vivant supposément dans le même monde, les rencontres sont inévitables, et la coexistence entre des êtres si bigarrés aux visions du même monde si divergentes offrent de multiples possibilités.
Mais bien souvent, ces "cross-over" sont l'ultime recours, quand les ressources propres à chaque gamme ont été épuisées. Au final, pour le meilleur et pour le pire, "l'esprit" de gamme restait prééminent.
White Wolf décida de changer cela avec une sournoise idée mercantile derrière la tête : rendre obsolète tout le matériel relatif à ce MdT et en créer un nouveau.
D'un point de vue optimiste - naïf donc -, cela devait permettre d'harmoniser tout ce fatras. Pour reprendre la métaphore du mur, cette fois on allait poser les briques avec un schéma directeur en tête.
D'un point de vue pessimiste - réaliste donc -, cela permettait à White Wolf d'appeler à l'auto da fé de tout ce qui avait acheté depuis une douzaine d'années.
Je ne connais que peu le nouveau MdT, la "magouille" dont je viens de parler me l'ayant d'emblée rendu antipathique. Ce que j'ai pu entendre sur son contenu ne m'a pas vraiment poussé à m'y investir : du recyclage à outrance, de la simplification à outrance, au final de la merde à outrance. Je garde mes sous et l'ancien MdT, qui pour décousu qu'il soit au niveau global a d'indéniables qualités au niveau local.
Revenons-en donc à cet ancien MdT et à ses gammes.
Une conséquence de l'enténèbrement du monde est que l'instant où la proverbiale coupe sera pleine approche ; les humains n'en sont peut-être pas conscients, mais les êtres surnaturels, dont les esprits ne sont pas hermétiquement clos par les préceptes cartésiens - vu ce qu'ils sont, il leur faudrait être sacrément bornés... - le voient approcher. Ils lui donnent divers noms - Géhenne, Apocalypse... - mais la fin du monde, c'est pour après-demain.
Ce caractère apocalyptique rehausse la saveur de ce qui aurait sinon était, avouons-le, bien amer. Il y a une rage désespérée dans l'air, tandis que tous sentent instinctivement la Fin se rapprocher à grands pas et, consciemment ou pas, cherchent en vain un moyen d'y échapper. Que ce soit en se révoltant contre l'injustice qui les condamne, ou en s'engageant sur les plus obscurs sentiers dans l'espoir qu'ils les conduiront au travers de la tourmente, les êtres surnaturels se débattent. Et les moyens dont leur nature les dote font que leurs convulsions renvoient les crises de rage psychotiques des humains les plus ravagés au niveau de gentils jeux de récréation de maternelle...
Le sentiment de l'inéluctable.
Le désespoir.
La fureur.
Bienvenue dans le Monde des Ténèbres.
Des sujets dédiés aux gammes dont je suis familier suivront.
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Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.
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