En réalité, comme pour rendre le film un peu plus nauséabond dans son approche, Will Turner, à la fin de l'histoire, est délivré de la malédiction par le flash vert (je ne commenterai pas cet ultime viol de toute construction narrative soignée). C'est une information officielle des scénaristes.
Turner n'est plus un mort-vivant, il est revenu à l'existence.
Une fois n'est pas coutume, j'ai du mal à saisir tout le sel de tes raisonnements, Howdy. Qu'importe la maîtrise des archétypes du genre "Le flic noir et le flic blanc" par le cinéma américain si, dans la forme, rien n'est rigoureux ni d'une quelconque richesse ? Quel est l'intérêt d'une compréhension des mécanismes monomythiques quand celle-ci ne débouche, concrètement, sur aucune psychologie, nulle originalité, pas le moindre soupçon de propos ni même de logique ?
Tu l'as dit, Hollywood sait jouer avec les ingrédients de sa soupe, aime bien que le sauveur de l'humanité dans la série "Terminator" se nomme John Connor (J.C., Jésus-Christ, sic), que les problématiques soient condensés en un symbolisme primordial (on se souvient de l'utilisation de l'imagerie élémentaire dans un "V pour Vendetta", le feu, l'eau, la terre l'air) ou, de manière générale, que les stéréotypes forment des machineries scénaristiques qui fonctionnent. Mais cela n'est-il pas un peu facile ? Tout duel final doit-il forcément se dérouler en plein air ou sous une pluie battante, afin d'exprimer le fait qu'il constitue le point culminant de l'histoire ou que tout se déchaîne autour des personnages ? Ce trousseau de clefs rudimentaire ne me paraît pas faire souvent partie de l'artifice des meilleurs scénaristes...
Plutôt que de construire véritablement une histoire et une évolution des psychologies, renforcer - mais figer - la galerie des personnages en une série de figures icôniques ? Voilà qui me paraît tenir de la lâcheté narrative.
C'est bel et bien ce que beaucoup reprochent au traitement de Jack Sparrow : il reste tel quel, ne nous dévoile aucun nouvel aspect de sa personnalité, pas la moindre sensibilité (alors que la conclusion du deuxième opus nous le montrait enfin changé, transformé par son parcours personnel ici nié et anéanti), ce n'est que le bon vieux masque du Trickster, toujours sympathique dans sa fonction de semeur de chaos, de pourfendeur des mensonges et, au final, d'élément d'équilibre indispensable, mais sacrément répétitif dès lors qu'il ne s'y adjoint aucun détail, nul passion, rien d'humain chez le farceur.
Pour le reste, je partage assez l'avis de Soulblighter et celui d'Yves. À l'instar d'un "Spider-man 3" de sinistre mémoire, le film est pourri de facilités et d'incohérences, mais ici, il ne semble même pas que ce soit volontaire.
Son grand avantage est de constituer un épisode quasi-indépendant, tout à fait attrayant lorsqu'on ne connaît guère, ou pas du tout, les films précédents. Mais du coup, cela rend tout le deuxième film quasi-inutile, puisque 90% des éléments qui y était exposés n'ont pas la moindre importance ici et que la totalité des thématiques et intrigues sont directement injectées dans ce troisième opus, avec nulle préparation sur le fond.
Sinon, du grand spectacle, des scènes d'action qui ressemble à du Michael Bay en plus maîtrisé (et donc monstrueux, et autrement plus inventif qu'un "300" sans la moindre ombre d'idée dans les batailles), des personnages relativement sympathique, que demande le peuple ? C'est un film pop-corn ma foi fort acceptable.
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