Je ne sacralise pas l'écriture. Je rappelle qu'il s'agit d'un art, que l'on peut pratiquer comme hobby ou moyen d'expression et non d'"un hobby que certains prennent pour de l'art".
Lutter contre la lourdeur signifie comprendre que l'on ne peut pas simplement exprimer ses sentiments et appeler le produit de cet acte "écriture". Quoique tu dises,
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Mon seul lien avec l'écriture est le fait que ce soit le moyen qui me soit le plus accessible pour exprimer certaines choses.
tu ne te contentes pas d'écrire pour jeter des sentiments. A partir du moment où tu acceptes de complexifier et développer ton écriture (
que tu aies d'autres activités plus importantes ne change rien à ce que sont tes écrits), tu peux trouver de l'utile dans ce que j'avance, qui découle de mon expérience, ma 'quête' personnelle.
Je pense que le problème découle plutôt de la forme que prennent mes essais. Ils ne sont pas planifiés, ni clairs, et n'expriment pas suffisamment un message (comble de l'ironie, nate, lorsqu'on répète qu'il faut définir et cerner son message..).
Il est difficile pour moi de présenter l'écriture comme un travail. Il n'y a pas de conseil. Pas de solution/s à trouver. Pas de caculs à faire. L'écriture est un art, et quelqu'un comme toi sait *déjà * cela. Tout artiste présentera son art de façon obscure... Et surtout, le point de vue du scénariste, inhumain, est encore supérieur à l'art d'écrire, et c'est un point de vue que tout le monde peut connaître, sans avoir jamais écrit.
Le plus compliqué pour moi est de chercher à parler à tous. Ce faisant, je m'éloigne de tout public (soit par le fond, trop complexe ou trop simple, soit par la forme, rebutante). Je ne récrirai pas ce que j'ai fait plus haut, donc nous verrons si je parviens à améliorer tout cela par la suite.
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Mais le pouvoir des lettres en lui-même et l'envie de jouer sur la forme même des textes sont une façon et une façon bien spécifique d'appréhender l'écriture. Je m'insurge contre l'embryon de dogme que tu développes ici.
Pas de dogme. Je méprise la "forme pure". Tous les posts de ce topic mettent en garde contre une vision 'technique' de l'écriture. Pourtant, *il n'est de concret que la forme d'un texte*, le reste est de la psychologie. Tout texte n'est fait que de lettres, et pourtant, qu'en restera-t-il dans la tête de qui l'aura lu? Non pas des lettres, mais des pensées. Là est la beauté de l'écriture, sa transmutation.
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pas du tout, non... et quand on évoque nos modes de pensées ceux-ci se révèlent subordonnés à une sensibilité primaire et perfectible
Mais c'est bien ici que commence le long chemin qui ôtera à toute production sa lourdeur humaine. Je sais que ce que je dis peut conduire tout droit à l'insensibilité morne, mais j'ai compris depuis un certain temps que la "lourdeur" découle d'une perception peu affinée.
Croire que la sensibilité est une réaction personnelle et inaliénable à certaines oeuvres, certains spectacles donnés par l'homme ou la nature, c'est faire stagner l'évolution. Chaque homme, ainsi, pourrait juger de telle ou telle oeuvre, sous prétexte que c'est 'son' avis personnel? Il pourrait donc dire que Mozart est médiocre, sous prétexte que c'est son putain d'avis personnel? Naa, cela est mauvais.
La sensibilité s'affine, infiniment. Elle dépend de facteurs environnementaux (éducation, lieu de vie, milieu social) et des connaissances engrangées. Plus l'on se sensibilise, et plus l'on s'insensibilise. Ce qui m'a fait pleuré quand j'étais un petit enfant me fait doucement sourire à présent. Il en va de même pour l'accession à une sensibilité supérieure, inhumaine, non sujette aux plus aberrants jugements de morale. Si l'humanité subissait ce changement, personne ne viendrait pleurer devant Les Choristes et ses saloperies de mioches - et certains répliquent ici: "non, mais il y aurait des "Choristes" à un niveau supérieur, et le déséquilibre demeurerait"; c'est le problème de la notion d'évolution... Mais disons que celui qui a la prétention d'écrire se doit de connaître une sensibilité plus affinée que la plupart de ses congénères; sinon... la lourdeur le guette *musique des Dents de la Mer*.
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bref, aussi vraie puisse être la teneur des conseils, je réclame de la part de l'auteur un avertissement concernant le cadre de pensées où ceux-ci prennent leur sens.
Oh, très intéressant, très bonne idée... mais non. Du moins, ce que j'ai écrit jusqu'ici me paraît digne de l'intérêt de tous. A chacun de voir ce qui pourrait le concerner, dans sa façon de voir l'écriture.
Dès le début, j'ai dit qu'il ne s'agirait pas d'un "enseignement", que je n'empruntais cette forme que pour son aspect "amusant et pratique" (*slogan publicitaire ON*). Sous le couvert d'une école, je développe une vision de l'écriture qui m'est propre, et que d'autres peuvent commenter. Mais les élèves de cette école en sont les professeurs, et vice-versa: ainsi, n'importe qui peut y présenter sa conception de cette activité.
Le chemin qui m'a mené de la lourdeur, fléau réel et abominable, aux idées mystiques de "message", "triple lecture", "connotation", "factorisation/développement", n'est pas évident à voir, mais suffisamment esquissé. Je pense franchement, réellement, que cette vision des choses peut être profitable, quitte à l'adapter à vos schémas de pensée. Pourquoi? Parce qu'elles me semblent universelles, et découlent d'une certaine expérience, d'une certaine réflexion.
Qu'y a-t-il à redire sur cela? Ces "messages", ils sont la substance de l'oeuvre, les informations que délivre l'auteur. Quand vous écrivez, vous le faîtes inconsciemment. Mieux vaut avoir conscience de ce que nous faisons passer comme sentiments et idées.
La "connotation", c'est l'utilisation de l'écriture en tant qu'alchimie. A présent que vous connaissez vos messages, pourquoi ne pas tourner vos phrases de façon moins erratique, plus percutante? Comparez cela à une partie de go, si vous savez jouer à ce jeu: il y a des objectifs, et tout un art pour y parvenir plus ou moins directement. Puisque les mots sont nombreux, pourquoi ne pas décider consciemment de celui qui convient à telle place? Pourquoi ne pas créer d'effets d'intensification, d'accélération, - bref, pourquoi ne pas profiter du pouvoir accordé par l'écriture? Bien sûr, tout cela se fait parfois naturellement.. mais pas assez.
Je vois difficilement ce que l'on peut reprocher à ces principes, qui ne sont que des noms donnés à des *réalités inaltérables de l'écriture* - ou si vous préférez, mon interprétation de ces réalités.
Je crois que tout ce qui peut réellement déranger,
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N'ai-je pas là la production d'une combinaison atroce entre un rigorisme de vieillard et une réactivité de jeune? Une idéologie, oui. Tu parles de l'écriture comme le fait celui qui la vit et l'a toujours vécu dans le milieu de l'écriture même. Le contraire serait-il paradoxal?
c'est le *ton* que j'emploie lorsque je parle de l'écriture, nate? Car finalement, le fait que j'ai toujours écrit m'empêche peut-être de comprendre la façon d'écrire de ceux qui ont commencé plus âgé que je ne le suis maintenant. Mais... ne peuvent-ils pour autant tirer quelque chose de toutes ces considérations, et de celles qui viendront? Je crois qu'il serait mauvaise foi que de répondre par l'affirmative à cette question.
Soyons francs... et pas "hypocrites".