Eltanin

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 Sujet du message: L'Angoisse
MessagePublié: 03 Mai 2005, 16:27 
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Saumon qui remonte le fleuve
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Inscription : 01 Mai 2005, 00:50
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Intention philosophique du texte
La suite de cette nouvelle apparaîtra tantôt. Il y a une intention philosophique derrière, à  l'image de romans tels que "La nausée" ou "Huis Clos" de Sartre ou encore ceux de Camus, cette nouvelle est la représentation romantique - ou romancée - d'un concept philosophique. Ce concept est l'Angoisse. Il ne s'agit pas de l'Angoisse dans le sens ou les existentialistes l'entendent (Angoisse chez Kierkegaard ou Heidegger dite Nausée chez Sartre) mais d'une Angoisse qui pousse au questionnement et qui s'inscrit tout de même dans le cadre de l'existentialisme moderne. Il ne s'agit donc pas de l'Angoisse comme vertige de la liberté mais plutôt d'une angoisse comme "résultante d'une indigestion intellectuelle : de ce qu'on ne se reconnaît pas en l'autre". Dans la nouvelle suivante, il s'agit d'un soldat placé en temps de guerre. Tantôt dans la réalité, tantôt dans ses souvenirs, tantôt mêlant les deux, il commence à  perdre pied, à  mélanger. Le traumatisme psychique de guerre accompli, le soldat sombrera dans l'Angoisse et sa représentation du monde deviendra chaotique, la cohérence ne sera plus.

L?Angoisse
Partie 1, chapitre 1

Clic clac, clic clac ? le cliquetis des grenades, comme symphonie mortelle, résonnait en mon esprit. S?il y avait bien une chose qui ne vienne pas seulement de moi et qui me pouvait fasciner, donnant à  chaque autre une expression maussade ou la pouvant même faire passer pour mince, c?était un bruit récurrent et monotone comme celui-ci. Les Camarades, le commandant, les Autres, moi ? tous en uniforme ? jouions à  qui meurt le premier, à  qui crache sa vie le dernier, chacun sa grenade fermement accrochée au plastron et son arme à  l?épaule ? au repos. Tous étaient de la nuance du lin, douce et mêlée au vert du sapin, et pourtant nous n?étions pas dans les forêts et nous n?étions pas plus des arbres nous-mêmes.
J?errais dans un sale bourg ruiné, grisé et noircit par les bombes, les projectiles de rockets et les grenades ? clic clac, clic clac ? et j?attendais, perdu et apathique, ou bien l?ennemi sous couvert de l?Autre ou bien l?ordre du commandant. D?enluminé il n?y avait que la peau des soldats, leur sang et mes robustes souvenances vieillottes laissées à  l?abandon ; tout le reste était seulement bariolé. Caché et en attente, j?étais étendu dans une gadoue vermeille. Et, posé, lorgnant au travers de meurtrières plénières, le spectacle du sale bourg, semblables à  un écho, retournaient à  mes yeux. Et de moi à  moi, je pensais encor au cliquetis des citrons-verts explosifs. Ma vigilance était pointée sur cet étonnant glas et, regard dans le vague, quelques résurgences manifestes coloraient les décombres.

La voûte m?apparaissait ambrée ; grommelant, elle pleurait quelques neiges qui recouvraient plancher comme les linceuls recouvrent les défunts. Lentement, les voiles célestes se posaient sur moi en me soufflant « tu es pareillement trépassé ! ». Les nuances de lin devenaient teintes entre pigeon et colombe. Puis moi d?accepter que ces couleurs puissent me saisir, et elles me prirent comme elles prirent tout. Maints corbeaux laiteux tournoyaient au-dessus de ma tête quand d?autres dépeçaient les dépouilles qui, rosées, d?un cassis délavé par la fraîcheur, avaient dû être grenat.
Vautré comme j?étais, face à  la meurtrière et face à  l?esthétique, rien de plus ne se donnait à  moi et pourtant je le souhaitais et le pouvais soupirer. Il fallait bien que je m?attarde en épiant, perdu et apathique, ou bien l?ennemi sous couvert de l?Autre ou bien l?ordre du commandant. Tous en uniforme, et moi, blanc cassé. Malgré l?absence d?instruction, je m?étais retourné ; cessant de guetter : j?étais trépassé. Veillant dans l?imprécis, fatigué, je discernais les corbeaux entachés du cassis détrempé - et je sentais l?odeur du fruit ? peignaient le dôme ambré. Quelques heures passaient ; je fatiguais. Clic clac, clic clac?

Ma vision somme toutes enfuie du vague, je revenais des souvenances nébuleuses qui m?avaient plongées dans une petite valse étrange. Air à  danser qui m?avait guidé quelques temps. À présent, les cliquetis aussi étaient plus loin ; ils allaient seul et j?allais moi aussi. Les heures avaient passé, le soleil avait tourné ; nous étions affamés, j?avais famine. Le commandant m?ordonnait, enfin, non pas d?éclabousser l?Autre de mes balles en plomb mais plutôt d?ériger un feu pour la ripaille. Et je m?exécutais. Plusieurs morceaux de bois putrides pourraient flamber alors je m?arrangeais pour les trouver au sol, plancher vermeil, dans des recoins plus secs. Il convenait encor que j?allume le feu ; au fond de ma poche de lin, je trouvais le briquet rouillé et j?allumais d?abord les pampres.
On y voyait enfin la fournaise ou les brindilles s?éclataient ? tic tic tac tic ? dansant la sarabande, agonisant dans l?oranger soleil qui nous pourrait tôt servir de chauffage pour la bouffe.

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La première règle est : il est interdit de parler d'Eltanin !

Quand les larmes et le sang n'auront plus aucun sens, j'irai prier, si j'y pense. © Lenorman


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MessagePublié: 03 Mai 2005, 23:03 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
Peut-être bien qu'à  force de chercher l'intention partout, ce texte se noie dans ses propres images ! Tout cela ressemble fort à  un fantasme d'Arkh d'une oeuvre où le moindre mot sert le message.
L'effet est singulier : ton texte est difficile d'accès. Là  où des termes plus simples, plus réguliers, emportent le lecteur, la richesse de ton verbe peut être rebutante.
Les champs lexicaux sont superbes et on note quelques images frappantes, telles que la gadoue vermeille, mais tout cela laisse une impression d'amoncellement qui parfois perd de son sens.
Par contre, j'applaudis la musicalité des formules.

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MessagePublié: 03 Mai 2005, 23:54 
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Padawan familier
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Inscription : 08 Avr 2005, 11:00
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Pas envie de développer mais c'est assez moyen, tu ne maîtrises pas du tout ce que tu écris, on dirait que tu ne sais pas où tu vas et pourquoi tu changes de rythme ou de registre de langue...

Et puis il y a trop d'images, trop d'effets de style, trop...


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MessagePublié: 04 Mai 2005, 00:03 
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Saumon qui remonte le fleuve
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Inscription : 01 Mai 2005, 00:50
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Bonjour a écrit:
Pas envie de développer mais c'est assez moyen, tu ne maîtrises pas du tout ce que tu écris, on dirait que tu ne sais pas où tu vas et pourquoi tu changes de rythme ou de registre de langue...

Et puis il y a trop d'images, trop d'effets de style, trop...

ce n'est pas parce que tu ne maitrises pas du tout ce que tu lis que je ne maitrise pas du tout ce que j'écris.

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MessagePublié: 04 Mai 2005, 10:19 
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Cent mille millions d'années
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Inscription : 08 Jan 2005, 13:12
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Localisation : Suzeau WaterMill - Bourgognie du Sud
J'aime bien.
C'est un peu lourd à  lire au début, mais tes petites explications permettent de mieux avaler la pilule !
C'est riche, voire un peu trop, tu aurais pu faire passer ton message avec moins d'effets tout en restant aussi convaincant.
Heureusement, le texte n'est pas long, j'ai pu le relire pour mieux le comprendre. Donc essaye de faire la même chose pour le prochain !

PS : attention, il y a des fans de Fight Club "le film", et il y a des fans du concept principal de Fight Club, dans quel camp es-tu ?

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Il De Mortneant a écrit:
"...Et puis les nanas, je n'aurais jamais confiance en un truc qui saigne non stop 8 jours sans en crever"


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MessagePublié: 04 Mai 2005, 10:45 
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Saumon qui remonte le fleuve
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Inscription : 01 Mai 2005, 00:50
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cap.peter a écrit:
J'aime bien.
C'est un peu lourd à  lire au début, mais tes petites explications permettent de mieux avaler la pilule !
C'est riche, voire un peu trop, tu aurais pu faire passer ton message avec moins d'effets tout en restant aussi convaincant.
Heureusement, le texte n'est pas long, j'ai pu le relire pour mieux le comprendre. Donc essaye de faire la même chose pour le prochain !

PS : attention, il y a des fans de Fight Club "le film", et il y a des fans du concept principal de Fight Club, dans quel camp es-tu ?

Merci pour la critique constructive (et merci aussi à  DragonNoir, d'ailleurs) je la prendrai en compte.

***

Je ne sais pas quel "concept principal" tu parles, j'en vois plusieurs.
a. D'une part la lutte contre le "petit bourgeois" à  travers un chaos qui résulte d'une absence d'autorité, bref, une anarchie.
b. D'autre part une lutte, une opposition aux normes sociales et aux masses (valeurs morales, us et coutumes) qui est l'expression même du nihilisme au sens second du terme. Il y a le nihilisme comme scepticisme et il y a le nihilisme comme négation des valeurs morales (celui de Fight Club).
c. Et d'autre part encore, une volonté de retour à  soi ("comment peux-tu prétendre te connaître si tu ne t'es jamais battu ?") par l'auto-destruction ("Admiration, independence, unbridled self destruction. In Tyler we trust."). Ou on plonge dans l'agir en faveur de l'individuation, par un questionnement personnel (une ironie).

Bien sûr tout est lié. Le retour à  soi exige de se débarasser du sac de briques que portent les "petits bourgeois" (l'attache au matériel, à  l'habitude, au prévu) et est l'expression de l'individuation et, par la même, de la négation de la masse.

Personnellement, je suis d'accord, je suis fan dira-t-on, des trois idées (bien que pour chacun j'émets quelques réserves, il y aurait quelques précautions à  prendre, quelques approfondissements à  réaliser). Et je suis bien plus encore fan de Fight Club "le film".

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MessagePublié: 04 Mai 2005, 13:25 
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Troubadour autiste
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Inscription : 08 Avr 2005, 08:43
Message(s) : 653
Avant toute chose, je voulais dire que je n'ai pas lu ta note d'intention, non pas que je ne la jugeai pas digne d'intérêt, mais j'ai tendance à  me méfier de ces bêtes-là . Commencer à  chercher un message ou un thème quelconque dans ces lignes m'aurait déconcentré et déplût. Cela ne m'a pas empêché d'apprécier ton texte même si, comme les autres, j'ai trouvé que la surenchère sémantique handicapait parfois le texte plutôt que de le servir. Le narrateur semble à  la fois impliqué et terriblement détaché dans ce qu'il décrit, ce qui ne facilite pas l'entrée dans ton écrit.
Cependant, certains passages dénotent une maîtrise impressionnante de ton style d'écriture. J'ai en particulier relevé celle-ci :

Citer:
Les Camarades, le commandant, les Autres, moi ? tous en uniforme ? jouions à  qui meurt le premier, à  qui crache sa vie le dernier, chacun sa grenade fermement accrochée au plastron et son arme à  l?épaule ? au repos.


que l'on pourrait presque scander, et qui retranscrit parfaitement tout à  la fois l'ambiance martiale de la scène et la déliquescence un peu grotesque dans laquelle elle baigne.
Je vais cesser la des commentaires qui se révéleraient peu pertinent en l'abscence de la suite du texte, que j'attends avec impatience.

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.


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MessagePublié: 04 Mai 2005, 18:37 
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Inscription : 01 Mai 2004, 11:57
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Dans l'idéal, la richesse du vocabulaire et la variété de tournures de phrases devraient permettre de former des lignes *jubilatoires* à  la seule lecture, qui résonnent encore après coup. Mais dans le cas présent, la surenchère fait dangereusement pencher ce texte vers de la pédanterie lettrée. Ce n'est pas en lui servant une pâtisserie indigeste que l'auteur fera entrer le lecteur dans son jeu. C'est au contraire en les enrobant, en les diluant avec art que l'on rend les métaphores marquantes (je retiens de mémoire : "..quand la vie, élixir carmin, s'échappait du corps de nos victimes à  grand flots" du très facile d'accès DDB).

Citer:
Le narrateur semble à  la fois impliqué et terriblement détaché dans ce qu'il décrit, ce qui ne facilite pas l'entrée dans ton écrit.


..Et pas seulement parce que "un soldat qui parle comme ça, c'est chelou".

Car le contexte, quant à  lui, est amené sans véritable soucis artistique - je dirais même que c'est plutôt banal. Il n'y a rien, dans la présentation de la situation comme dans le personnage du soldat, qui légitime une telle débauche d'effets poétiques. Bien avant le style, ce sont la construction du texte et l'enchaînement des phrases qui connotent une émotion forte (on ne contemple pas la guerre comme Jean-Jacques Rousseau contemple la nature). Ici, l'accumulation d'effets se fait au détriment de la narration : l'emphase est ponctuelle, mais non globale.

Pour ce qui est de l'intention philosophique, j'attendrai de voir le déroulement des évènements, afin d'en juger "à  grande échelle".

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Spoiler! :
N'oubliez jamais que vous êtes unique, comme 7 milliards d'autres humains sur Terre.


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