Eltanin

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 Sujet du message: Les jardins du Tyran
MessagePublié: 08 Mai 2005, 00:16 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
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Il amenait avec lui l'odeur de la chair brûlée et des gaz de combat. L'espace d'un instant, l'entrée du cercle intérieur fut envahie d'une clameur féroce, accompagnée de râles et suppliques. Lui titubait entre les colonnes autrefois splendides de ce hall. Presque aussi vite qu'elle était venue, l'intrusion cessa. Les portes du seuil furent refermées derrière les cadavres jetés à  la hâte. Le cercle pouvait à  nouveau goûter à  la tranquillité, indifférent au massacre qui se déroulait à  sa périphérie.

Il leva une visière noircie et désormais inutile. On l'avait oublié dans la confusion. La garde ne se préoccupait plus que de sa propre survie, et partout résonnait le bruit des bottes affolées. Passant devant une galerie encore intacte, il entraperçut son reflet. Les flammes avait noirci son attirail et uniforme, ne laissant pour signe distinctif que le bandeau rouge qui ornait son bras. Quelqu'un d'approchant aurait trouvé au milieu de son visage deux yeux emplis de rage et d'horreur derrière une joie féroce, car il venait d'atteindre le cercle intérieur.

Le sommet de la ruche différait, disait-on, totalement de la mégalopole. Les casernes n'étaient qu'un faible éclat du pouvoir de l'Omniscient. Il allait voir ces lieux interdits depuis toujours aux gens de son espèce. La mort omniprésente lui devait bien ça, elle qui ne voulait pas poser ses griffes sur l'archi-tyran. Le sang à  demi consumé se détachait de son armure, souillant le sol du niveau préfectoral. Il poussa un gloussement à  l'idée de ternir cette beauté factice. L'esthétique voulue par l'Omniscient ne servait que son écoeurante propagande.

La garde blanche n'avait pas pu faire illusion face à  ces hommes animés d'une révolte absolue. Les soldats en armure d'apparat avaient roulé au sol, découvrant la saleté et la douleur quotidiennes de la cité. Ils avaient ri, ce jour là , en essayant leurs propres armes sur les agents de la hiérarchie. Les feux de benzène avaient illuminé les puits, annonciateurs de la mort à  venir. Celle des Transcendants, terrés dans leurs demeures des niveaux supérieurs. Le coeur de la ruche se révoltait ! Depuis longtemps l'armée de l'omniscient n'avait pas servi, elle n'était plus qu'un bel instrument.

Il n'avait encore jamais vu d'escalier en marbre synthétique. Les strates industrielles de la ruche se contentaient de simples accès métalliques. Imperceptiblement, il pressa le pas, stimulé à  l'idée de violer ces lieux surprotégés. Ici régnait un profond silence, pesant comme les imposants piliers qui traversaient la voûte. Indifférente aux changement d'apparence, la cité continuait son ascension . Cependant, à  la vue des verrières bleutées qui perçaient le toit de la préfecture, il comprit qu'il allait quitter le monde qu'il connaissait.

Les émeutes s'étaient ensuivies de coupures de courant. Pire, on avait muré les bouches de ventilation qui pouvaient servir de passages pour les révoltés. Les gaz et la fumée des centres de production avaient par endroit emplis les couloirs de nappes brunâtres, un spectacle tristement banal. Les inférieurs menaient leur vie sans s'en soucier, enveloppés d'étoffes huilées et coiffés de leur respirateurs rudimentaires. Selon la strate, on allait des arcs grésillants aux plus modernes photodiodes pour s'éclairer. Sombres coursives ou avenues brillamment illuminées, la ruche tentait d'oublier sa nuit éternelle.

La porte explosa avec l'imprudent qui avait voulu s'interposer. Un souffle puissant se fit entendre, différent de tout ce qu'il avait pu connaître. Il laissa derrière lui le corps agité de spasmes morbides pour découvrir ce qui l'attendait.

Un air trop froid et pur vint brûler ses poumons. Il paniqua un bref instant, blotti contre le mur qu'il venait de quitter. Il n'y avait rien, pas de parois, pas de niches, pas de passerelles, ni de rivière canalisée. Le sol se prolongeait en une longue esplanade blanche qui finissait au loin. Il lutta contre la panique, respirant à  pleines gorgées cet air inconnu. L'espace sans entrave ne devait pas le clouer au sol, même s'il désirait revenir en arrière. En franchissant ce seuil, après avoir tant tué, il ne pouvait plus être un insecte. Plus jamais ramper des kilomètres sous la demeure de l'Omniscient.

Le vent et le soleil. Non pas des légendes aux yeux des sous classes, même si des décennies de dictature tentaient d'en effacer le souvenir. Mais des notions plus abstraites que les halls à  lumière et les puits de ventilation. Il esquissa un léger sourire, sans haine ni férocité.

Le palais se dressait orgueilleusement devant lui, dans ce ciel qu'il découvrait enfin. Aussi éloigné qu'il le pouvait du reste de la ruche. Il se mit à  courir vers ces tours froides et lumineuses qui le narguaient. Elles se moquaient de sa crasse, de son odeur d'ouvrier et d'illégitime. Elles venaient rappeler que même le sang de la garde préfectorale n'avait aucune importance aux yeux de l'Omniscient. L'absence de tout soldat ou toute défense sur la terrasse montrait à  quel point sa présence était incongrue. Le cercle intérieur ne connaissait aucune violence, il se contentait de la repousser hors de sa vue.

« Au palais ! » Le cri était monté par vagues successives dans les rangs des insurgés. Détruire, brûler, prendre tout ce à  quoi ils ne goûteraient jamais. Les boyaux commerçants n'étaient plus que déserts, vidés de leurs habitants craintifs ou révoltés. Les lance-flammes improvisés avaient entamé un ballet infernal et les cris d'horreur de la milice n'avaient fait qu'exciter davantage leur envie de détruire le Tyran. A présent, il courait à  en perdre haleine vers sa demeure et chaque pas le décourageait un peu plus. Le regardaient-ils derrière ces vitres miroitantes ? Il n'était qu'un minuscule point noir avançant sur la grande allée blanche, plus amusant qu'effrayant.

Une simple balle phosphorée pouvait mettre fin à  tout ceci en un éclair. Il exploserait en pleine course et le vent emporterait enfin ses restes hors des griffes de l'Omniscient. Il ne servirait pas d'engrais aux cultures internes, ni de base aux compléments alimentaires. Il suffirait d'un tireur pour que l'incendie s'éteigne enfin. Mais rien ne venait. Les tours grandissaient au fil de ses pas et lui murmuraient en coeur ce message : « Tu n'entreras pas. »

Les barrages montés à  la hâte n'avaient fait que ralentir la horde. Progressant dans les coursives qu'elle connaissait bien mieux que ses dirigeants, la plèbe avait pu prendre les forces de sécurité à  revers, laissant derrière elles des cadavres démembrés avec une fureur sauvage. Ce bouillonnement était sans doute annonciateur du destin de la révolte. Pour eux et pour lui-même, cela ne pouvait pas en finir si simplement : il venait de franchir la colonnade qui marquait l'entrée du palais.

Le soleil, si c'était bien là  son nom, se reflétait dans des visières. Celles d'une paire d'imposants gardes qui le dévisagèrent sans un mot. Le vent agitait doucement leurs grandes capes ornées du symbole honni. Ils devaient savoir pour la révolte mais sa présence à  lui n'était pas prévue. Il ne prit pas réellement le temps de déchiffrer l'expression de ces prétoriens, si tant est qu'ils aient pu en avoir une. Leurs casques surmontés d'une imposante crête se tournèrent l'un vers l'autre avec une tranquillité qui le mit hors de lui. Plus question d'être un insecte ni un esclave, il laissa son déchireur les submerger de métal incandescent.

« Intrus! » L'averse infernale ne dérangeait pas ces gardes d'élite. Brusquement, sa rage se mua en terreur abjecte. Ils avancèrent sans se presser, conscients de leur invulnérabilité et savourant à  l'avance la capture de l'impudent. Désemparé, il courut une dernière fois et se précipita dans le vide sous le regard méprisant des sentinelles.


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MessagePublié: 08 Mai 2005, 00:16 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
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Suspendu comme un fruit trop mûr, il ne songeait pas à  son corps meurtri par la chute, absorbé qu'il l'était dans la découverte d'un lieu inconnu. Sous la grande passerelle d'accès se déployait une autre partie du palais à  l'apparence déconcertante. Y foisonnaient des structures étranges, proches des éclosions fongiques qui envahissaient régulièrement les strates abandonnées. Mais celles-ci étaient à  l'image de la demeure du Tyran, vivaces, colorées et manifestement réservées aux plus chanceux. Une de ces masses végétales l'avait préservé, l'accueillant dans ses ramifications épaisses et odorantes. Comme personne n'était en vue, il se laissa glisser silencieusement de son abri improvisé.

Le vent produisait des sons nouveaux au contact de ces végétaux . Il les trouva apaisants et rassurants à  l'opposé du souffle âpre et vivifiant du sommet. Les plus petits spécimens étouffèrent le bruit de ses premier pas. Il en arracha quelques brins, humant ces pousses inconnues. L'odeur ne vous en prenait pas la gorge comme pouvaient le faire les mycéliums aériens, véritables filtres à  particules nocives.

Malgré toutes ses tentatives, la ruche n'était pas parvenue à  réguler totalement sa vie interne. Elle surgissait là  où l'on ne l'attendait plus, toujours à  l'affût de l'abandon d'un quartier, ou d'une manne soudaine. Les règles préfectorale poussaient le peuple à  lutter contre ces concurrents indésirables. Floraisons incontrôlées comme lentes invasions devait toutes finir sous les flammes des purgateurs.

Mais celles-ci n'étaient pas malvenues, mieux, on s'occupait d'elles avec soin. Le temps s'écoulait sans qu'il ne s'en rende compte et ses pas l'avaient peu à  peu mené dans un dédale de verdure. Terrasses et précipices étaient savamment masqués par les massifs afin d'offrir répit et protection à  cet endroit extérieur à  la ruche. Il avait redécouvert des sens oubliés, atrophiés par les gaz puants et corrosifs. Ces plantes ne s'effilochaient pas sous la main comme les toiles indésirables du sous-sol. Le sol était différent, lui aussi. Souple et humide, il n'en connaissait pas de pareil. Et pourtant, le moindre bruit suspect lui rappelait la lourde présence du déchireur sur son dos, celui d'un intrus devenu à  son tour l'indésirable.

Parfois, une injustice flagrante donnait lieu à  une sorte de battue à  l'officiel. La garde blanche n'intervenait pas, car tous savaient qu'il fallait laisser la colère du peuple s'échapper par bouffées régulières. Malheur à  ceux qui représentaient l'oppression sous une forme ou une autre car leur présence signait leur mort. Et une fois la fièvre tombée, la contestation ne se hasardait plus dans les artères. Mais pas cette fois.

Combien de temps s'était-il écoulé? Une caverne végétale lui avait offert son ombre protectrice le temps d'une sieste. La discrétion faisait partie de la panoplie de survie dans les gouffres industriels. Tôt ou tard, il fallait échapper à  quelqu'un. Il nota qu'ici aussi la lumière suivait un cycle, mais visiblement bien plus prononcé. Les racines du palais étaient emplies d'une lueur pâle et bleutée, émaillée d'une myriade de sons inconnus. Il ne trouva pas trace de l'activité usuelle de la ruche. L'extérieur semblait n'avoir besoin que de lui-même. Un profond sentiment de liberté s'empara peu à  peu de lui.

Un bruit connu attira son attention. De l'eau! Elle s'écoulait dans une cuve peu profonde, taillée dans des matériaux nobles. Mais pour l'oeil averti d'un habitant de la ruche, elle était bien plus que ça. On n'en trouvait de telles quantités que dans l'enceinte des refroidisseurs. Il avait vu ces étendues noires et clapotantes où dansaient les reflets des veilleuses. Avant sa venue, il n'aurait jamais songé qu'elle puisse être belle.

Il se retourna brusquement pour faire face à  celui qui l'observait. Ce serviteur avait les traits figés par la peur et n'esquissa pas un geste. Ses mains se crispèrent sur son fusil sans qu'il en fasse usage. Il s'adressa à  l'inconnu avec rudesse :

« Quel est cet endroit? Parle!
― Ce sont les jardins. Les jardins de l'Omniscient.
― Je ne suis jamais venu. Disparais!
― Comme il vous plaira. »

Il le laissa faire quelques pas à  reculons, les yeux fixés dans les siens. Son visage méprisant lui ôta ses derniers doutes, ceux d'un tueur adouci par ces fameux « jardins » . Il le rattrapa en quelques foulées puis lui enfonça le canon du déchireur dans le ventre. La détonation étouffée couvrit son gémissement de douleur. Une fosse conviendrait parfaitement ; la dépouille sur les épaules, il se dirigea vers un de ces puits pour s'en débarrasser. La végétation remua à  peine, engloutissant le corps sans demander son reste.

Son visage apparaissait à  peine à  la surface de l'eau. Bien que poussé par une curiosité féroce, il renonça à  découvrir ses traits dispersés et mouvants. Il n'était qu'une masse sombre, privée d'identité. Il reprit son chemin sans idée précise, sinon l'envie de mettre un terme à  tout ceci.


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MessagePublié: 08 Mai 2005, 00:16 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
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Un air de musique l'avait attiré jusqu'à  cette place entourée de plantes. Il s'approcha lentement pour en observer les occupants. Deux femmes fort belles, qui parlaient et riaient, inconscientes de sa présence. Elles n'avaient pas recouvert leur corps d'épaisses couches de tissu ou de plastique, inutiles dans le cercle intérieur. La lueur orangée des lampes lui montrait encore une de ces beautés jalousement gardées par le Tyran. Il surgit de l'ombre et se dressa devant elles. Il voulait exister à  leurs yeux, dire « Je suis là ! » . L'espace d'un instant, tout se figea.

Les deux filles réagirent à  l'opposé l'une de l'autre. La première sembla s'effondrer sous l'emprise la peur, tandis que l'autre se précipitait dans les allées végétales. Il s'élança à  sa suite comme d'un prédateur excité par sa fuite. Ce bref sentiment de puissance lui donnait des frissons tandis qu'il franchissait sans hésiter les massifs qui faisaient hésiter la fugitive. Il fut sur le point de la rattraper quand deux hommes surgirent. Elle leur cria de donner l'alerte, de la sauver, d'agir. Mais il était un rebelle qui n'avait du sa survie qu'à  ses réflexes. Le déchireur hulula le temps de démembrer l'infortunée paire. Et geste inattendu de sa part, il tendit une main presque fraternelle à  la malheureuse couverte de sang. Lorsqu'elle s'en empara, il annonça d'un ton laconique : « C'est toi qui les a tués » .

Ils retrouvèrent sa compagne dans l'état où ils l'avaient laissée. Cette apparition hideuse l'avait fait plonger dans un état privé de volonté. Comme il la prenait elle aussi par la main, il hésita en scrutant son regard. C'était la marque d'une sincère innocence comme seul le cercle intérieur pouvait en préserver. Elle ne le méprisait pas, ni n'avait jamais pu songer à  lui. Elle ne le voyait ni en inférieur ni insecte. Pour elle la ruche n'existait pas avant ce jour, venir ainsi la trouver dans son jardin était tout simplement au delà  de sa conscience.

« Emmenez-moi au sommet. » Il la tira à  sa suite pendant l'autre jeune femme lui ouvrait la route. Le sang sur son visage cédait peu à  peu la place aux larmes, mais une force inconnue se dégageait d'elle. Plutôt que de songer à  l'épilogue qui venait, il retourna dans son esprit les dernières heures de la révolte.

Un dépôt avait du être pillé, car à  présent des tirs de toutes sortes surgissaient des grandes artères du sommet. Les anciens esclaves voyaient venir le moment où les indécis comprendraient vers quel camp se tourner. Au fil des affrontements, les forces du Tyran avaient perdu leur réputation. Il avait alors récupéré le déchireur si souvent employé contre les siens. Presque religieusement, il l'avait entouré d'étoffe noire et de bandelettes de néoprène. Puis il avait pris part à  l'assaut contre la préfecture.

Et soudain la rumeur avait surgi, filant comme un feu d'hydrocarbure. La garde Oméga arrivait pour protéger la préfecture. La peur aurait pu les saisir, mais non, les consciences se réjouirent de cette marque d'intérêt. L'Omniscient savait, le Tyran craignait pour lui-même, et eux avaient pu en être la cause. D'ors et déjà  la lutte entrait dans une toute autre dimension.

Il ne regardait plus son guide, les yeux rivés sur le sol du jardin. Aurait-elle parlé qu'il ne l'aurait pas entendue. C'est à  son immobilité qu'il comprit qu'il était arrivé. Au pied des murs lumineux du palais se tenait une petite assemblée qui les observa, muette de stupeur. Mais lui ne voyait déjà  plus leurs visages.

Les armures noires de la garde Oméga avaient surgi soudainement dans la fumée des incendies. Et le massacre avait pu s'inviter. Ce dont il se souvenait dans l'attente du dernier assaut, c'étaient ces hommes aux entrailles liquéfiées par les armes infrasoniques. Des autres, qui s'était lancés dans une charge désespérée juste pour se voir mourir dans les spasmes des gaz innervants. Il avait compris alors que la garde ne se contenterait pas d'un massacre. Elle le ferait en préservant la ruche elle-même, puis irait en imprimer le souvenir dans leur familles.

Il laissa les deux filles se réfugier auprès des autres afin de demeurer seul. Devant lui se tenaient des serviteurs et des nantis, attablés sur une terrasse doucement éclairée. Quand il braqua son arme vers eux, une seule personne, une femme, osa prendre la parole. Une courtisane de haut rang, plus proche de l'Omniscient que tout être qu'il avait pu rencontrer.

« Pourquoi? »

Pourquoi les légions victorieuses iraient plonger dans les profondeur de la ruche pour y mener les représailles? Pourquoi des familles entières verraient leurs centres émotifs inhibés par laser, les transformants en citoyens peu productifs mais dénués d'identité? On implanterait aux proches des révoltés des marqueurs génétiques, afin que tous leurs descendants soient identifiés dans les temps à  venir. Et pour les plus engagés, la soumission publique et consciente avant recyclage. Peut être que dans ce cas, le Tyran choisirait de disperser les habitants de toute la strate d'origine.

Elle avait des yeux vert clair, échos du jardin. Et dans ceux-ci aussi, il retrouva l'innocence injuste du sommet. Elle ne savait pas, préservée comme tous les autres. Mais elle avait compris en le voyant. Retenant ses propres larmes, il répondit sans colère.

« Parce qu'on peut lui faire mal. »


--

Il se réveilla, entravé dans une pièce inconnue. Deux hommes au visage masqué le redressèrent afin de lui faire regarder un écran. Sur celui-ci se trouvait un homme aux traits impassibles qui l'examina de ses pupilles fluorescentes.

« Vous vivez pour l'omniscient. Sur son ordre, nous vous avons retiré tous vos implants respiratoires et filtres. Il vous est donné un unique choix : rester ici, ou retourner dans la ruche. Dans ce dernier cas, nous vous redonnerons votre arme et vous serez réimplanté chez vous. Vous ferez alors ce que vous voudrez des derniers jours de votre existence.
― Après ce que j'ai...
― Le passé n'existe pas pour l'omniscient et il vous a déjà  oublié. Si vous restez, vous serez assigné à  la charge de ce jardin. Un nouvel arbre se nourrit de ceux que vous avez tués ce soir-là  et ce sera vous qui vous en occuperez. Bien entendu, vous ne quitterez jamais le cercle intérieur. Je vous laisse un cycle pour décider. »


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MessagePublié: 09 Mai 2005, 21:41 
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S.A.V de Lamenoire
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Inscription : 03 Mai 2004, 01:42
Message(s) : 945
Localisation : Montauban,France
Aloooooooorssssssss.........

j'avais eu la primeur de l'ébauche de cette fic sur msn, le résultat final ne me décois pas, loin de la. J'aime beaucoup ce texte, en particulier le coup de théatre final quime fait un peu penser a 1984, avec la volontée de "recycler" a tout prix les personnages et de les inclures dans le systéme, de leur faire aimer Big Brother.

Bon, ce n'est pas EXACTEMENT la même chose, mais ca se rapproche^^

_________________
Une lame qui glisse silencieusement hors du fourreau, une gorge ouverte sans un cri, un corps qui glisse sans bruit au sol.

Voila une agréable soirée en perspective...


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MessagePublié: 10 Mai 2005, 03:24 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Hum... Je dois avouer que je suis un peu plus réticent face à  ce texte par rapport aux autres textes de Phénix Noir. Mais non, je ne reviendrais pas sur ce que j'ai dit sur Msn à  son auteur: Le départ me donnait une forte impression de représentation futuriste de la Rome Antique. Les colonnes, les halls, les gardiens, et même cette histoire d'Omniscient...
Puis, une autre image s'est substituée à  la première: La ruche, plusieur fois évoquée et citée dans le texte. Tout se passait donc bien, j'étais dans ce monde un peu étrange, coutumier des oeuvre du Phénix de jais. Mais soudainement, je suis tombé dans autre chose.
Je ne saurais pas exactement dire ce qui ne va pas dans la fin. Ton héros perds un peu les pédales, poursuit des femmes, court dans tout les sens sans nul autre intérêt que de se faire remaquer des gardes et de se faire recycler, comme le dit Squall... Je suis dubitatif, et un peu désapointé. J'ai moins aimé.

_________________
La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 10 Mai 2005, 04:48 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Eh bien, moi, j'aime bien le passage où notre ami rebelle donne la chasse à  une courtisane. Ce bref retour à  l'état sauvage est un éclair de génie : un instant, on entrevoit le spectre du viol, puis le récit repart sur des rails plus raisonnables, non sans nous avoir laissé distinguer tout ce que le personnage principal pouvait avoir d'irraisonné et de bestial.
Au niveau des décors, l'élément qui donne son titre à  la nouvelle, les Jardins du Tyran, est aussi brillamment décrit que ce qui le précède : à  savoir la ruche ou encore le titanesque palais, fabuleux dans son immensité et son aspect épuré. Nous entrons de plein fouet dans la science-fiction la plus grandiose et la plus vénéneuse qui soit.

Maintenant, parlons de la fin ! A mon sens, la rupture entre l'essentiel du récit et le dénouement est d'une brutalité confondante. Je me doute que c'est là  l'effet voulu. Cependant, nous avons à  peine une dizaine de lignes après l'ellipse liée à  l'inconscience du rebelle, et cela se révèle quelque peu insuffisant pour nous remettre de ces émotions. Oui, la transition me paraît des plus abruptes, et j'irai jusqu'à  dire que cette conclusion semble préfabriquée et précipitée au regard du soin apporté au reste du texte. Peut-être devrais-tu laisser à  ton héros davantage de temps, à  son réveil, pour prendre conscience de son échec ? Juste quelques phrases où il se rend compte des raisons pour lesquelles il a échoué et de sa folle prétention à  renverser un tel système. Peut-être...

_________________
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MessagePublié: 10 Mai 2005, 14:48 
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Troubadour autiste
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Inscription : 08 Avr 2005, 08:43
Message(s) : 653
Bien, à  mon tour, bien qu'un peu en retard. :)

Personnellement, j'ai trouvé que le récit va crescendo. Le début est extrêmement régulier, bien que brutal. Comme je l'avais déjà  dit, celui-ci est très rythmé (les paragraphes ont à  peu près tous la même longueur). Cependant, malgré ce à  quoi on peut s'attendre, le "héros" ou plutôt le personnage principal, se révèle rapidement plus indécis et faible que ce à  quoi on aurait pu s'y attendre (décrire ses sensations immédiatement après une narration aussi froide était une très bonne idée).
A partir de cette humanisation brusque du héros, on a l'impression que le récit tombe en morceaux. A l'image du système que ce rebelle cherche à  détruire ? Non, à  l'image du rebelle lui-même, qui semble vouloir ignorer son échec. Pas seulement son échec concret, mais aussi celui de son entendement, double joliment symbolisé par les deux courtisanes.
La fin se révèle effectivement très brutale, mais je trouvais qu'elle concluait le récit de façon très satisfaisante. Il fallait quelque chose qui frustre, qui n'explique rien et qui donne au lecteur également l'impression de quelque chose d'avorté, d'un échec.
Peut-être certains passages auraient-il mérité d'être un peu raccourcis (dans la première moitié notamment) et d'autre développés (dans la deuxième ^^), mais malgré ses proportions parfois un peu maladroites, ce texte fonctionne parfaitement, et ne se contente pas que de se dérouler jusqu'à  sa propre fin. Malgré son rythme soutenu, il marque parfois des pauses pour nous montrer divers éléments, personnages et paysages... C'est ce que j'ai préféré. :)

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
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MessagePublié: 21 Nov 2005, 02:46 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
Message(s) : 496
je le remonte, juste pour le plaisir :P

(non, parce qu'en fait une demande m'a fait me remémorer que ce texte avait existé)


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