Divers poèmes d'une série :
Sonnet à T.
II
Et j?aime tes cheveux qui bruissent sous mes mains,
Forêt de ta douceur où s?oublie mon esprit,
Ils se plient et me paraissent doués de vie,
Pleins de la perfection de la soie et du lin.
Et j?aime tes beaux yeux me fixant tendrement,
Océan miroitant où se lit notre gloire,
Gemmes renouvelées, de vert, de bleu, de noir,
Pleins de ta profondeur et de tes sentiments.
Et j?aime tes lèvres et ta terrible salive
Qui m?arrache à tout, et aux frontières, et aux rives,
Et fait naître en moi bonheur et félicité.
Et j?aime tes mains, et j?aime tes doigts qui courent
Sur mon corps aimant, frémissant de volupté.
Et je t?aime TOi, oui TOi, surtout, mon amour.
Sonnet à T.
XXXIII
Grhyll, perversité de la nature,
Engendré par un corps oublieux,
Engendré par un esprit furieux
Ultime faute, ultime rature.
Plaisir venimeux dans la torture
Mêlé d'un ineffable sadisme
Puisé dans la douleur de son schisme
Et de ses hérétiques lectures
Et tu souffres en même temps qu'ils souffrent
Tu tombes dans ton âme, ce gouffre,
Déchiré par ta lucidité
Et tu hais ces pointes acérées
Et tu détestes l'aridité
De ta mentalité arriérée
Sonnet à T.
XXXII
S'étirant voluptueusement
Dans son bain au liquide carmin
Elle contemple au creux de ses mains
L'eau rougie venant de son amant
Se laissant aller à la paresse,
Il déguste, et avale, et aspire,
Il lèche avec un profond soupir,
L'eau rougie venant de sa maîtresse.
Se mouvant dans l'eau froide et visqueuse,
Leurs plaies suppurantes et douloureuses,
Il est rayonnant, elle est heureuse.
Ils poussent encore les lames, et creusent,
Ils conservent leurs airs indolents,
Se lient d'un baiser sanguinolent.
Sonnet à T.
XXXI
Laisse-moi, à” mon frère, vivre encore une fois,
Laisse moi ressentir ce sentiment amer
Qui déjà me prenait au sein de notre mère,
Puisque toi, je le vois, tu as perdu la foi.
Laisse-moi, âme s?ur, pour cette fois me plaindre,
Rappelle-toi les cris venant de mon bas lit,
Rappelle-toi mes mains et mes yeux tout salis,
Puisque, jamais, pour moi, je ne t?entendis geindre.
Et puisses-tu savoir que je ne t?en veux plus,
En cet instant doré, je ne puis qu?être sage,
Et ceci malgré tout, malgré ce qu?il me plut.
Je m?en vais loin de toi, dénué de ta rage,
Exempt de ta fureur, vidé de toute haine ;
Tout m?est indifférent, mis à par toi, que j?aime.
_________________ ECCE HOMO ! NEC MORTALE SONANS ! RARA AVIS IN TERRIS. GRHYLL. ANIMUS MEMINISSE HORRET.
Dernière édition par Grhyll le 13 Juin 2005, 22:45, édité 1 fois.
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