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 Sujet du message: Eveil [Fanfiction MGS]
MessagePublié: 11 Juin 2005, 16:55 
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Troubadour autiste
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Inscription : 08 Avr 2005, 08:43
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Le début d'une petite fanfiction ayant pour base Metal Gear Solid, dont le troisième chapitre est en cours au moment où je vous parle (je profite d'un léger fléchissement d'inspiration pour vous livrer les deux premiers, je sais, ça n'est pas sérieux ^_^). Cette fic n'a pas d'autre ambition que de raconter une histoire en développant au passage deux ou trois aspects du jeu qui m'ont particulièrement frappé lors des trois premiers volets. Bonne lecture à  tous !


[center]EVEIL[/center]


There was a boy
A very strange enchanted boy
They say he wandered very far, very far
Over land and sea
A little shy and sad of eye
But very wise was he


Nat King Cole - Nature Boy



[center]CHAPITRE 1 : PARIS, LA NUIT[/center]


La petite rue grise semblait encore plus triste la nuit. C'était le genre d'endroit fait pour passer sans s'arrêter, dans lequel on avait du mal à  concevoir que des gens puissent habiter. En marge du monde. Comme dans le reste de la ville, un silence pesant y régnait à  présent. Le genre de silence qui durait trois heures, peut-être quatre, avant que l'activité parisienne, inlassable, ne reprenne. Une bruine glaciale étouffait les bruits de pas des rares passants, qui se hâtaient on ne sait où.
On était en novembre.
Au loin, un bourdonnement sourd se fit entendre. Il résonnait à  présent de manière presque sacrilège sous cette chape de silence glacé. Le son s'intensifia progressivement pour se transformer en une véritable pétarade jusqu'à  ce qu'une énorme moto de couleur rouge déboule à  toute vitesse dans la ruelle, au mépris des lois de l'adhérence. Sa vitesse à  peine diminuée, le monstre métallique se glissa habilement entre les véhicules garés le long du trottoir jusqu'à  trouver une place libre. Le boucan infernal cessa enfin et une silhouette mince sauta à  bas du véhicule. Un casque noir recouvrait le visage de son propriétaire et ne laissait filtrer aucun indice quant à  l'identité de ce dernier. Toutefois, la combinaison de cuir un peu plus bas révélait une silhouette indiscutablement féminine.
L'inconnue prit quelques instants pour activer l'antivol de la moto puis sortit un post-it froissé de l'une de ses poches. Le papier calé entre l'index et le majeur, elle hésita un instant puis se dirigea vers l'une des portes métalliques qui se dressaient le long de la rue, avant d'en activer l'interphone. Après quelques secondes, il y eut un grésillement sourd, mais aucun mot ne fut prononcé. Sans se laisser démonter, la femme appliqua sa main gantée contre le micro de l'appareil et tapota rapidement. Quatre coups longs, deux courts. Quelques secondes puis la porte s'ouvrit.
Une cage d'escalier miteuse s'offrait aux regards. Le jour où les propriétaires d'immeubles se décideraient à  éclairer décemment leurs halls d'entrée serait une victoire pour l'humanité, songea la visiteuse. Sous la lumière jaunâtre d'une ampoule nue, le papier peint, les portes et les boîtes aux lettres évoquaient presque plus un squat qu'un immeuble parisien dans un arrondissement résidentiel.
A travers la visière de son casque, la motarde jeta un regard peu amène à  l'ascenseur dont la peinture beige s'écaillait peu à  peu. Elle n'avait jamais aimé ce genre d'appareils, qui semblaient prendre un malin plaisir à  tomber en panne lorsqu'elle se trouvait à  l'intérieur, ou à  vibrer de façon plus qu'inquiétante. Sa carrière l'avait contraint à  travailler dans nombres d'immeubles immenses et elle ne comptait plus le nombre de kilomètres qu'elle avait gravi dans les escaliers, du fait de cette défiance. Les trois volées de marches qui la séparaient de sa destination ne représentèrent qu'un maigre défi. Devant elle, une nouvelle porte, aussi mal entretenue que le reste du bâtiment. Elle ressentit un léger pincement au coeur.
- Prête à  replonger ma grande ?
La femme sonna doucement, et attendit quatre battements de coeur.
L'huis glissa lentement sur ses gonds et un visage maigre apparu dans l'entrebâillement;
- Entre.
L'inconnue s'exécuta. Elle se trouvait à  présent dans un couloir repeint de frais, qui contrastait agréablement avec le décor qu'elle avait pu apercevoir jusque là . Devant elle, son hôte la contemplait en se triturant nerveusement les doigts.
- Tu as trouvé facilement ? Euh... je pense que tu peux...
Il fit un geste vague vers son visage.
- Oh, c'est vrai !
Quelques secondes plus tard, le casque glissait, révélant une jeune fille, visiblement d'origine asiatique, dont les traits tirés par la fatigue affichaient cependant un large sourire. Sourire qui ne lui tarda pas à  être rendu.
- Ca faisait longtemps, Mei Ling. Tu n'as pas eu trop de mal à  te repérer ?
- Si. Je n'avais jamais mis les pieds en France auparavant. Mais ça n'a pas été le plus difficile...
- Je peux comprendre ça. Alors comment as-tu...
- ... Pu m'absenter ? Eh bien j'ai l'honneur de t'apprendre la naissance d'une cousine à  moi de dix-sept ans qui étudie en France et qui m'a suppliée de venir la voir, récemment. Vu le nombre d'heures supplémentaires que j'ai fait depuis que je suis en poste, mes supérieurs n'ont pas fait de difficultés pour me laisser partir.
- Ils ont gobé ça ?
Mei Ling fronça les sourcils.
- Pour qui tu me prends, Hal ? J'ai déjà  fait largement pire en vous transmettant des données confidentielles. Ca, c'était à  peine du divertissement. Il est là  ?
D'un signe de tête, l'informaticien indiqua à  son amie une large porte. Une silhouette élancée s'y dessinait.
- Snake !
Le mercenaire de légende ouvrit de grands yeux lorsque Mei Ling se précipita vers lui et lui appliqua deux baisers sonores sur les joues. La jeune fille ne s'en formalisa pas. Snake n'avait jamais été doué pour les effusions mais elle le connaissait trop bien pour être blessé par son apparente froideur.
- Vous m'avez tellement manqué ! Deux mois sans avoir de vos nouvelles, c'est long !
- Sans nouvelles ? Tu ne lis donc pas les journaux ? lança Snake avec un rictus ironique.
- Hmm, tu parles de cette magnifique campagne de publicité qui a été lancée au sujet de Philanthropy ?
- Précisément. Mais que dirais-tu de t'asseoir avant de parler de tout ça ?
Snake s'effaça pour laisser entrer son invitée. Le salon que Mei Ling découvrait à  présent était à  l'image du couloir. Sobre, mais chaleureux. Etrange. Pour autant qu'elle sache, ni Snake ni Otacon n'étaient précisément soucieux de l'apparence de l'endroit où ils vivaient. Elle se rappelait les avoir rencontré dans des pièces nues, meublées du strict minimum. Cet endroit ne leur ressemblait guère. Mais, après ce qu'ils avaient vécus, peut-être l'un et l'autre ressentaient-ils le besoin de pouvoir rentrer dans un endroit qui était vraiment "chez eux". Elle leur jeta à  chacun un coup d'oeil discret. Malgré la fatigue qui se lisait sur ses trait, Otacon n'avait pas changé. Grand et maigre, l'air toujours un peu perdu et anxieux derrière ses épaisses lunettes. Ses cheveux qui semblaient toujours ignorer l'existence du peigne tombaient sur ses épaules en une masse informe.
Quant à  Snake...
La dernière fois que Mei Ling avait vu Snake, en chair et en os, elle en avait ressenti une véritable frayeur. Les joues creuses, le regard vide, amaigri, voilà  comment il lui était apparu. A part elle-même, la jeune fille n'avait pu s'empêcher de se rappeler de l'épée de Damoclès qui pesait à  chaque minute sur le mercenaire. Foxdie. Se pouvait-il que, à  l'inverse de ses actions précédentes, le virus perpétue sur Snake une action lente et pernicieuse ?
Cependant, l'apparence de son ami était à  présent beaucoup plus rassurante. Vêtu d'un jean froissé et d'une chemise blanche, il semblait avoir repris un peu de poids et son regard s'allumait à  nouveau d'une étincelle qu'elle ne connaissait que trop bien. Que s'était-il passé ?
Perdue dans ses réflexions, Mei Ling ne réalisa pas tout de suite que l'homme lui adressait à  nouveau la parole.
- Tu comptes te balader encore longtemps en combinaison de motarde ?
- Oh, et moi qui te pensait grand amateur de fringues moulantes !
Snake fit mine de la menacer du poing.
- Fantastique. Tu es arrivée depuis à  peine cinq minutes et tu troubles déjà  le calme de notre petit havre de paix.
- Ce n'est pas moi qui ait demandé à  venir, monsieur l'agent secret en fuite. A ce propos, je suppose que ce n'est pas uniquement en souvenir du bon temps que vous m'avez convié à  cette petite soirée, je me trompe ?
Derrière elle, Otacon émit un petit grognement.
- Je pense que nous ferions mieux de nous asseoir.
L'informaticien se laissa choir sur un pouf tandis que Snake et Mei Ling, débarrassée de son attirail de conductrice, prenaient place sur le divan qui occupait le mur du fond.
- Avant tout, comment se passent les affaires, Mei Ling ? entama Snake en faisant adroitement sauter le bouchon d'une bouteille de vin.
- C'est calme. Trop calme, en fait. Vous savez que depuis que Foxhound a été démantelé, j'ai travaillé dans diverses agences gouvernementales avant de me retrouver affectée dans un département de renseignements de la CIA.
- Première nouvelle.
La jeune fille foudroya Otacon du regard.
- Peut-être qu'un certain jeune homme aura oublié de faire la commission. Il y a un proverbe de ce pays qui dit, "on n'est jamais mieux servi que par soi-même". Je commence à  comprendre.
- Alors comme ça, tu ne te limites pas à  ton pays d'origine en ce qui concerne les citations que tu nous infliges ?
- Je vous enquiquine, cher monsieur. Je peux continuer ?
- Je t'en prie.
Snake remplit trois verres et en tendit un à  Mei Ling.
- Merci. J'ai été recrutée du fait de mes aptitudes concernant les systèmes de traçage par nanomachines. Actuellement, mon domaine de recherche se situe dans l'approfondissement et la prévention des attaques terroristes.
- L'approfondissement ?
Mei Ling pointa un doigt en l'air.
- Une attaque terroriste n'est jamais qu'un élément d'un système complexe. Elément final et brutal, certes, mais on aurait tort de se focaliser uniquement sur lui. Nous travaillons en amont de cette conclusion afin d'en analyser les éléments récurrents, les spécificités, et ainsi mieux nous préparer à  de prochains attentats.
- Je vois ce que tu veux dire.
- Tu te doutes bien qu'après ce qu'il s'est passé en avril, nous étions obligé de nous pencher sur le cas Big Shell. Une affaire pareille ne pouvait être étouffée.
- Mei Ling à  ce sujet nous...
- Laisse-moi finir. Or, malgré l'énormité de la catastrophe, il ne s'est rien passé. Strictement rien. On nous a balancé une vague excuse comme quoi l'enquête serait confiée à  un autre département, ou je ne sais quoi. Nos supérieurs ne se sont même pas donné la peine d'apparaître crédibles. Et depuis quelques temps, on cherche à  nous neutraliser.
- C'est à  dire ?
- Dead Cell...
- Quoi ?
- Vous vous rappelez de la fonction première de Dead Cell ? Ce groupe était censé produire des attaques factices dans les installations gouvernementales afin d'en tester l'efficacité. Il apparaît qu'ils n'étaient pas les seuls dans ce domaine.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Ca veut dire que les trois derniers conflits internationaux couverts par l'actualité ont été orchestré par des structures américaines afin de maintenir ses services de défense occupés.
- C'est inconcevable ! Personne n'a rien dit ?
- Personne n'est au courant ! Sans me vanter, je suis la seule qui ait flairé la vérité et encore, grâce aux informations que vous m'avez fait parvenir après l'incident Big Shell.
Otacon vida nerveusement son verre.
- Ca ne signifie qu'une chose.
- Correct. On cherche à  nous engloutir sous des affaires bidon tandis qu'une plus grosse se prépare. La grande question est quoi ?
- Tu as des pistes ?
La jeune fille secoua la tête.
- Absolument rien. Bref, la situation n'est pas rose. Et de votre côté ?
Snake resta un moment silencieux, rassemblant ses idées.
- Tu dois te demander ce que nous fichons en France, non ?
- Oui et non. J'ai suivi les informations. Ces fameux Patriotes ont fait fort, en promouvant Philanthropy. C'est maintenant devenu un mouvement national. Ridicule. L'autre jour, j'ai même vu qu'ils vendaient des T-shirts. Tout le sérieux de votre action a été décrédibilisé. Je suppose que vous avez tenté de partir sur de nouvelles bases quant à  votre campagne anti Metal Gear ?
- En quelque sorte. Tu as raison, Philanthropy est totalement grillé. Mais il y a plus grave. Je suppose que tu te souviens de ce que je t'ai raconté, au sujet des derniers instants de Big Shell. D'après Ocelot, je suis un élément qui n'a pas sa place dans le scénario des Patriotes.
- Et en tant que tel...
- En tant que tel je représente un danger pour leur structure. Soit ils m'intègrent à  leurs plans, soit ils me détruisent. Quoi qu'ils soient.
- Je comprends que tu aies éprouvé le besoin de te cacher.
- Il n'y a pas que ça. Je ne vais pas rester terré là  sans rien faire. J'ai fait profil bas assez longtemps pour recommencer à  agir. Mais Otacon et moi sommes trop connus. Et c'est pourquoi... eh bien nous avons besoin de ton aide.
- Snake ?
- Je sais, c'est un peu brutal et tu en as fait beaucoup pour nous. Mais toi, ta photo n'a pas été diffusée dans les journaux du monde entiers. Je ne pense même pas que les Patriotes aient jamais prêté attention à  toi. Pendant l'incident de Shadow Moses, tu n'étais que l'analyste. Et le bouquin de Nastasha a contribué à  te laisser dans l'ombre. Bref, tu es la seule personne sur laquelle nous puissions compter.
Mei Ling s'enfonça doucement dans le canapé. Elle porta distraitement son index à  sa bouche et commença à  en ronger l'ongle.
- On peut dire que vous ne perdez pas de temps... murmura-t-elle en essayant de rassembler ses pensées. Mais peut-on savoir ce que vous avez en tête exactement ?
Otacon hocha la tête et reprit la parole.
- Nous n'avons quasiment aucune piste hors des Etats-Unis qui puisse nous renseigner sur les Patriotes. Car c'est là  notre objectif découvrir qui ces types sont réellement. Je me refuse à  croire que des fantômes gouvernent le pays depuis deux cent ans. C'est absurde !
- "Heureux ceux qui croient sans avoir vu", marmonna la jeune fille entre ses dents.
- Quoi ?
- Rien. Et donc, quel est votre projet ?
- Notre unique indice, c'est Ocelot.
- Vous ne l'aviez pas perdu de vue après sa fuite dans un RAY ?
- Si. Mais nous avons appris quelque chose de fort intéressant sur lui.
- Quoi donc ?
- Tu sais que ce malade s'est fait greffer le bras de notre ami Liquid. Apparemment, cette intervention s'est déroulée à  Lyon. Je soupçonne fort l'opération de ne pas avoir suivi le circuit habituel. D'abord parce qu'on ne greffe jamais que des membres venant de l'hôpital. Personne ne se pointe avec un bras dans une valise en expliquant qu'il voudrait qu'on le lui greffe. Et Ocelot aurait également dit quelque chose sur ces "maudits français à  qui on ne peut pas faire confiance".
- Un peu maigre, comme preuves...
- Nous ne sommes plus à  Foxhound, Mei-Ling, grimaça Snake. C'est tout ce que nous avons à  te proposer. Bien entendu, tu es libre de refuser.
L'asiatique esquissa un sourire en suivant le contours de son verre du bout du doigt.
- Tu as toujours été comme ça, Snake, à  proposer des plans qui ne tiennent pas debout, mais qui ont l'habitude de sauver le monde. Je vais te dire quelque chose. Moi non plus, toute cette histoire ne me plaît pas. Je refuse de vivre dans un pays... ou dans un monde, où l'autorité vient d'on ne sait où, et surtout, j'aurais l'impression que mon boulot n'est pas fini si les Metal Gear continuent à  menacer les populations. On n'en n'a jamais vu autant depuis ces dernières années. Preuve que l'agence Philanthropy actuelle n'a strictement aucune utilité.
- Ce qui veut dire...
Un bourdonnement sourd résonna aux oreilles de Snake. La petite voix de son invitée retentit via codec au creux de ses tympans.
- C'est parti, Snake !
Otacon se leva d'un bond.
- Si nous mangions un morceau, avant de nous lancer dans ce pétrin ?
- Tu as appris à  faire la cuisine ? C'est nouveau ça !
Pour la première fois depuis plusieurs moi, Mei Ling se sentit de nouveau à  sa place. Elle était dans les ennuis jusqu'au cou, prête à  se battre contre des moulins, en compagnie de deux dingues asociaux. Oui. La vie était belle.

- Au fait, reprit l'analyste en avalant sa dernière bouchée de tarte aux pommes, comment avez-vous regroupé tous ces renseignements au sujet d'Ocelot ? D'après ce que tu m'avais dit, Snake, vous n'avez pas eu l'occasion de vous croiser souvent, sur la Big Shell.
Ses deux amis échangèrent un regard gêné.
- C'est... Raiden qui nous en a parlé.
- Oh, c'est vrai ! Que devient-il ? Vous avez eu de ses nouvelles ?
Snake poussa un léger soupir et se leva de table.
- Viens.
Mei Ling suivit le mercenaire au fond du couloir. Il s'arrêta devant une porte, frappa deux courps, et en tourna doucement la poignée.
La clarté diffuse d'un lampadaire halogène baignait les lieux. Il n'y avait pas grand chose dans la pièce. Un petit bureau, une étagère remplie de livres et de bandes dessinées. Punaisées aux murs, quelques reproductions de tableaux de Raphaël et Boticcelli.
Et assis très droit sur un canapé lit, un jeune homme qui leva sur eux un regard perplexe.
- Mei Ling, je te présente Jack. Jack, Mei Ling.
- Je ne le voyais pas comme ça.
Cette pensée avait déboulée d'un coup. Pour aussi réductrice qu'elle soit, elle n'en n'était pas moins exacte. Tous les agents d'infiltration avec qui l'analyste avait travaillé était des hommes mûrs, dans le genre de celui de Snake. Des hommes prêts à  bondir au moindre bruit suspect, constamment en alerte. Des hommes sur le visage desquels on ne pouvait déchiffrer la moindre expression.
Le garçon - elle ne pouvait se résoudre à  le voir autrement - qui se tenait devant elle avait tout d'un étudiant. Vêtu d'un pull en coton trop large pour lui et d'un pantalon beige, un ouvrage de Paul Auster à  la main, il semblait sortir d'une dure journée d'examens. Ses cheveux blonds lui retombaient sur les épaules et lui donnaient l'apparence du genre de personne qui va déclamer de la poésie dans des pubs peu connus le soir avant d'aller réviser leurs partiels s'ils en ont encore le temps.
Chassant ces pensées puériles d'un mouvement de tête, elle eut un léger sourire, tendit la main à  Raiden.
- Enchantée. J'avais hâte de vous rencontrer
Il lui rendit sa poignée de main mais pas son sourire. Snake l'observait d'un air anxieux.
- Tu as faim ?
- Ca va. J'irai me préparer quelque chose quand j'aurai fini mon chapitre.
- Le livre des illusions ? commenta Mei Ling en se penchant sur l'ouvrage. J'ai adoré. C'est peut-être son meilleur après Le Voyage d'Anna Blume.
Le visage du jeune homme s'éclaira fugitivement.
- Tout à  fait d'accord.
- Nous n'allons pas te déranger plus longtemps, Jack, fit Snake sourdement. Tu sais pourquoi Mei Ling est ici.
- Oui.
- Tu as réfléchi à  ce que je t'ai dit ?
- Non.
Raiden baissa la tête et se replongea dans son bouquin. Snake émit un petit grognement et tourna les talons. Après avoir adressé un vague "bonne soirée" à  son interlocuteur, la jeune fille fit de même.
- Qu'est-ce qu'il fait ici ? demanda-t-elle une fois la porte de la chambre refermée.
- Une histoire de dingue. Il semblerait que toute cette histoire à  Big Shell l'ait sacrément secoué.
- Il n'était pas parti se ranger avec sa petite fiancée... comment s'appelait-elle déjà  ?
- Rose, je crois.
- Oui. Qu'est-ce qui s'est passé, alors ?
- Je ne sais pas. Quelques semaines avant notre fuite ici à  Paris, il a sonné chez nous, totalement terrorisé. J'ignore comment il avait mis la main sur notre adresse, d'ailleurs. Toujours est-il qu'il refusait strictement de parler ou de partir. Un autiste complet. On a essayé de le requinquer avec Otacon.
- Ca ne vous ressemble pas, sourit Mei Ling.
- Arrête tu veux ? Ce gamin en a vu de drôles et, avec un passé comme le sien, je peux comprendre sa réaction. Toujours est-il que ça va bien mieux qu'au début. Il parle à  peu près normalement, il réussit à  quitter l'appartement, ce qui n'était pas le cas avant, et il s'est mis à  lire.
- Mais il refuse de répondre à  tes questions, pas vrai ?
- Oui. Il m'a raconté en détail tout ce qui lui était arrivé sur Big Shell à  son arrivée et depuis plus rien. Lorsque je lui demande s'il se sent capable de m'aider, de reprendre son activité de toujours, tu as vu comme il réagit. "Non", et c'est tout.
La jeune fille resta silencieuse un moment.
- Tu espères pouvoir le guérir en t'en prenant aux Patriotes, pas vrai ?
Snake haussa les épaules.
- Ouais. Je n'en sais rien en fait.
- Pourquoi ? Tu as une dette envers lui ?
- Pas seulement envers lui. C'est un peu compliqué mais, de sa survie, dépend celle de quelqu'un d'autre. Je t'expliquerai.
Ils repassèrent au salon.
- Bien ! fit Otacon en les voyant arriver. Que diriez-vous que l'on s'y mette dès demain ?
Snake hocha la tête.
- Mei Ling, si ça te va, il y a un train pour Lyon demain matin vers dix heures trente. Nous avons l'adresse de la clinique où Ocelot s'était fait greffer le bras de Liquid.
- Parfait. Et vous, vous resterez ici pour me transmettre les instructions, c'est ça ?
Les deux hommes la fixèrent d'un regard gêné. L'analyste éclata de rire.
- Ne vous en faites pas, c'est chacun son tour ! Et quelque chose me dit que vous aurez rapidement l'occasion d'entrer dans la danse.
Snake hocha lentement la tête.
Un peu plus tard, Mei Ling était prête à  prendre quelques heures de repos. Snake avait insisté pour qu'elle utilise sa propre chambre. Il était évident que, pour le mercenaire; même un divan devait représenter un confort inouï. Alors qu'elle sortait de la salle de bain, une impulsion inexplicable la poussa à  jeter un coup d'oeil par la porte légèrement entrouverte de Raiden. La lumière était encore allumée mais, de son poste d'observation, elle ne parvenait à  distinguer qu'une portion du mur. Cependant, un son léger mais distinct parvint à  ses oreilles. Un seul mot, répété sans fin, avec un désespoir atroce.
- Non. Non non non non. Non. Non.

_________________
There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.


Dernière édition par Jalk le 13 Juin 2005, 01:29, édité 2 fois.

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MessagePublié: 11 Juin 2005, 17:00 
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[center]CHAPITRE 2 : IMPUTATIONS[/center]

L'une des raisons pour lesquelles Mei Ling n'appréciait pas le train était la somnolence qu'il provoquait systématiquement chez elle. Ce voyage ne fut pas différent des autres. Bercée par le mouvement régulier, elle s'endormit et somnola durant près d'une heure. Dans un état de demi-conscience, son esprit passait paresseusement d'une idée à  l'autre. La clinique... Liquid... Ocelot... Quelle erreur ç'avait été de le laisser filer après l'incident de Big Shell. Snake et Otacon avaient jugé que la liste des noms des Patriotes valait bien plus que le fanatique des revolvers. Lourde erreur. A présent, ils repartaient presque à  zéro. A zéro... La jeune fille se redressa et passa une main sur son cou endolori par la position qu'elle avait adopté durant son sommeil. D'une démarche chancelante, elle se dirigea vers le wagon restaurant où elle commanda un café. Alors qu'elle s'asseyait au petit comptoir pour le boire, elle tourna la tête. A quelques mètres d'elle, une jeune femme de haute taille semblait l'observer avec insistance. Le fait que Mei Ling s'en soit rendu compte ne semblait pas l'affecter le moins du monde. L'analyste fronça les sourcils.
- Patriotes ?
Ce que Snake lui avait raconté sur l'organisation avait de quoi rendre paranoïaque. Comment s'en prendre à  un opposant à  la fois immatériel et disposant d'autant de pions qu'il désirait sur son échiquier ? Mei Ling se hâta de terminer sa boisson et regagna sa place en toute hâte. Derrière elle, la femme ne fit pas un geste pour la suivre.
- Ce n'est pas le moment de perdre son calme. Attend un peu d'avoir de bonnes raison de paniquer.
L'angoisse éprouvée par la jeune fille se dissipa durant la dernière heure de trajet. Elle arriva à  la gare de Lyon Pardieu à  douze heures trentre-deux.
Une fois descendue avec son maigre bagage, elle activa le codec qu'elle s'était fait implanter quelques mois plus tôt. Cet appareil constituait une grande fierté pour elle. Ils avaient, Otacon et elle, travaillé dessus des mois durant afin de créer un système de nano-machines aussi simple d'utilisation que celui de l'armée mais totalement différent au niveau du système d'exploitation et de traitement des données. Il ne fallait pas laisser la moindre faille aux Patriotes.
- Snake, tu me reçois ?
- Cinq sur cinq.
- Je viens d'arriver. Le voyage s'est déroulé sans problèmes. Je vous recontacterai dès que j'aurais réussi à  me renseigner à  la clinique.
- Tu sais comment t'y prendre ?
- Ne t'inquiète pas pour moi. A bientôt Snake !
Comparée aux vastes perspectives de Manhattan, Lyon n'avait rien de très impressionnant. Cependant, le tracé de ses rues se révéla si tortueux que la jeune fille fut plusieurs fois contrainte de demander sa route, bénissant sa formation qui l'avait astreinte à  apprendre six langues vivantes. L'établissement qu'elle recherchait se trouvait en réalité un peu en dehors de la ville, à  quelques pas à  peine du centre nerveux industriel de Lyon.
- Drôle d'endroit pour un établissement sanitaire...
Un taxi la mena à  destination. La clinique Antoine Limousin était une gigantesque bâtisse blanche, toute vitrée, qui semblait avoir été construite la semaine précédente. Le parking renfermait un nombre impressionnant de cabriolets et de Mercedes. La réputation de l'endroit ne faisait aucun doute. Sans perdre un instant, l'analyste se dirigea vers l'accueil où une infirmière toute en jambes l'accueillit.
- Bonjour. Je m'appelle Maria Nakimura et je suis journaliste au Herald Tribune.
Mei Ling fit glisser un rectangle plastifié sur le comptoir. Au fil des années, elle avait constitué pour Snake et Otacon une impressionnante collection de faux papiers et, par acquis de conscience, s'en était munie de quelques uns également. Elle n'avait pas eu tort, finalement. L'hôtesse examina la carte avec attention avant d'adresser à  la jeune fille un sourire aussi chaleureux que le professionnalisme le lui permettait.
- Que puis-je faire pour vous mademoiselle ?
- Je travaille actuellement sur les greffes et les transplantations de membres. J'ai cru comprendre que cette clinique est de renommée mondiale dans ce domaine. J'avoue ne pas m'être fait annoncer, mais j'ai profité d'un voyage en Europe pour venir ici.
L'infirmière réfléchit quelques instants avant de se saisir d'un téléphone.
- Docteur Tirot ? J'ai ici une journaliste du Herald Tribune. Non non, ce n'est pas une plaisanterie. Elle mène une reportage sur les greffes et... Vous êtes sûr ? Oui. Oui absolument. Merci docteur.
La femme se retourna vers Mei Ling.
- Vous avez de la chance. L'un de nos chirurgiens s'apprête à  partir en congé et il accepte de répondre à  vos questions avant de quitter la clinique. Prenez l'ascenseur jusqu'au second, son cabinet est indiqué. Docteur Tirot.
La jeune fille remercia son interlocutrice d'un signe de tête et se rendit à  l'étage indiqué. Un homme d'âge mur, légèrement bedonnant, l'attendait dans le bureau indiqué. Il se leva à  son arrivée, la main tendue.
- Mademoiselle...
- Nakimura. C'est un plaisir de vous rencontrer, Docteur Tirot.
Mei-Ling prit la paume du médecin dans la sienne. Comme souvent chez les praticiens, il lui sembla qu'elle avait été lavée à  la minute précédente.
- Moi de même. On m'a dit que vous meniez une enquête sur les greffes...
- Tout à  fait. Et ce serait un véritable privilège d'avoir l'avis d'un spécialiste travaillant dans cette clinique. Me permettez-vous d'enregistrer notre échange ?
- Bien entendu.
L'asiatique sortit de son sac à  main un petit appareil gris qu'elle enclencha puis posa sur le bureau.
- Nous pouvons commencer, docteur.
- Que désirez-vous savoir ?
- Nous allons débuter par des questions très classiques. Comment se passe un processus de greffe, très exactement ?
- Eh bien nous avons à  l'hôpital une liste de donneurs d'organes et de gens en attente de dons. Si l'un des donneurs d'organes décède, nous prélevons les parties de son corps encore utilisables qui pourraient servir à  nos patients en attente.
- Je vois. Et admettons que deux personnes aient besoin d'une jambe gauche ou d'un bras droit. Laquelle aura priorité ?
- Cela dépend. En général, les premiers arrivés sont les premiers traités, sauf cas exceptionnels.
- Comme ?
L'homme eut un geste vague.
- Je ne sais pas... En fait, ça ne m'est jamais arrivé. Mais de temps à  autres...
Il se tut. Visiblement, le sujet le mettait mal à  l'aise. Mei-Ling jugea plus prudent de changer de sujet.
- Bien. Et en ce qui concerne vos donneurs, de quelle façon les sélectionnez-vous ?
- En France, chacun est libre de donner ses organes s'il le souhaite. Il faut être âgé de plus de dix huit ans et...
L'entretien se poursuivit pendant près d'une demi-heure. Le docteur Tirot s'était détendu et accueillait les questions avec sérénité. Il finit par se lever de son fauteuil.
- Pour finir, je pourrais peut-être vous montrer comment se déroule une opération ?
- En ai-je le droit ?
- Eh bien... Vous ne pourrez pas prendre de photos, bien entendu, et nous resterons derrière une baie vitrée. Mais cela vous aidera à  comprendre de quoi je parle exactement.
- Je vous suis.
Le chirurgien conduisit Mei Ling dans une enfilade de couloirs blancs. Maintenant que cette dernière s'était habituée à  l'odeur, elle sentait un sentiment familier poindre en elle. Il lui fallu quelques secondes pour comprendre de quoi il s'agissait. L'endroit lui rappelait vaguement les bâtiments de Foxhound. Elle réprima un petit frisson et hâta le pas. Son guide poussa une dernière double porte et indiqua un large panneau de verre à  son invité.
- Voilà . Mes collègues sont en train de procéder à  une greffe de main en ce moment même.
La jeune fille colla son nez au carreau et promena son regard sur la salle devant elle, plissant les yeux. Un groupe de trois personnes s'activait autour d'une jeune femme endormie.
- Cette patiente a opté pour une anesthésie générale, bien que maintenant, on puisse tout à  fait opérer une personne consciente en endormant uniquement... Mademoiselle ? Vous allez bien ?
Mei Ling titubait à  présent légèrement. Son visage avait pris une teinte grisâtre. S'appuyant contre un mur, elle esquissa un faible sourire.
- Rien de grave. Je... n'ai pas l'habitude d'assister à  ce genre de spectacle et j'avoue que c'est assez impressionnant.
Le médecin prit un air désolé.
- Oh, veuillez m'excuser ! On s'habitue tellement à  cela dans ma profession vous comprenez...
- Oui... Oui...
Mei Ling se redressa.
- Ca va mieux. En tout cas merci de votre collaboration docteur.
- Mais je vous en prie. Aviez-vous encore des questions ?
- Non, je crois que j'aurais assez de matière pour composer un article pertinent. Grâce à  vous. Qui plus est, je ne peux pas me permettre de rester plus longtemps, je risquerais de manquer mon avion.
- Vous êtes sûre que vous allez pouvoir retrouver la sortie toute seule ?
- Ne vous inquiétez pas pour moi. Soyez sûr que nous vous ferons parvenir l'article avant de le publier afin que vous puissiez vérifier si nous n'avons pas mal interprété vos propos.
- Mille mercis mademoiselle. Bon voyage de retour.
Son dictaphone toujours à  la main, la jeune fille adressa un petit salut au chirurgien et sorti d'un pas lent de la clinique. Une fois passée les portes de la clinique, elle leva son visage vers le soleil et poussa un soupir de soulagement. La jeune fille quitta l'endroit à  pied. Elle n'avait pas fait cent mètres qu'une voiture grise déboula dans le virage devant elle et pila à  sa hauteur. La vitre du conducteur s'ouvrit.
- Monte !
Mei Ling n'hésita pas un instant.
- Je ne savais pas que tu me rejoindrais si vite.
- Otacon a insisté. Il était sûr que tu trouverais quelque chose.
- Et il a eu raison.
Mei Ling agita son dictaphone sous le nez de Snake.
- Des photos de tout ce que j'ai pu explorer dans le bâtiment, intérieur et extérieur.
- Des soupçons ?
- Eh bien d'abord, j'ai remarqué les caméras de surveillance.
- Qu'ont-elles de spécial ?
- Il y en a beaucoup. Trop. Un hôpital est censé disposé d'un système de sécurité perfectionné, ne serait-ce que pour la prise en charge des patients, mais là , je ne peux pas croire que ce soit le cas. Ces appareils sont des modèles tout ce qu'il y a de plus récent. Et on en trouve un à  peu près tout les cinq mètres.
- Autre chose ?
- Oh oui, un petit détail, pendant que j'y pense. Je me suis fait passer pour une journaliste et un docteur est gentiment tombé dans le panneau. Il m'a emmené dans une salle d'opérations pour que je vois comment les greffes se déroulent.
- Et alors ?
- Alors l'un des toubibs en train d'opérer n'était autre que notre chère amie Naomi Hunter.

Snake revivait. Depuis combien de temps n'avait-il pas ressenti cette poussée d'adrénaline lui parcourir les veines, le sang battre sourdement à  ses tempes, tandis que tout son corps devenait une flèche projetée par un archer expert, sûre de toucher sa cible ?
A son poignet, sa montre luisait doucement, indiquant très précisément une heure quatre. Il était parfaitement dans les temps. Filant le long de la route nationale, il ne tarda pas à  apercevoir l'arrière de la clinique Antoine Limousin. Les photos que Mei Ling avaient prises, couplés à  ses propres clichés de l'extérieur du bâtiment avaient permis au radar intégré dans ses nanos-machines de constituer un plan assez précis des lieux. Assez précis pour se rendre compte que le seul endroit par lequel il pourrait se glisser était une grille d'évacuation de vapeur, qui donnait sur une lingerie sans aucun doute. Alors qu'il s'approchait un peu plus de la grille, le mercenaire distingua plusieurs silhouettes armées de lampes torches. Des gardes privés visiblement. De là  où il était, Snake en dénombrait quatre. C'était trop, beaucoup trop pour une clinique normale.
- Beaucoup trop...
D'un geste, il décrocha les jumelles qu'il portait à  la ceinture et les braqua sur les sentinelles.
- Au moins une dizaine de sentinelles, et armées avec plus que des flingues d'ordonnance, je peux le jurer.
Il fut tenté d'avertir Otacon ou Mei Ling puis se ravisa. Même si les nano-machines qu'il utilisait avait peu de chances de se faire pirater, mieux valait ne les employer qu'en cas de nécessité. C'est donc en solitaire que Snake se coula, ombre parmi les ombres, vers la grille de l'hôpital. Arrivé à  une dizaine de mètres de la barrière, il s'immobilisa à  nouveau. Le mouvement des gardes le rassura. S'ils étaient lourdement équipés, ils ne semblaient cependant pas particulièrement agressifs. Ces types étaient des gardes privés rémunérés, rien à  voir avec les armadas de terroristes surentraînés avec lesquels Snake avait déjà  eu à  faire. Il s'accroupit, les yeux braqués sur les quelques gardes qu'il avait dans son champ de vision. Les hommes discutaient entre eux, cherchant visiblement à  tromper l'ennui. Au bout d'une dizaine de minutes, l'un d'entre eux porta la main à  son côté. Un talkie-walkie visiblement. Il écouta quelques secondes puis, d'un signe de la main, enjoignit deux de ses compagnons à  le suivre. Parfait. Plus qu'un.
Snake ne perdit pas un instant. Dégainant le M-9 dont il ne se séparait jamais en mission, il fonça vers le grillage. L'herbe étouffait le bruit de ses pas. Tout se passa très vite. Sans interrompre sa course, il tendit le bras. Un coup partit, sans bruit ou presque, et le garde restant s'écroula lourdement à  terre. Snake avait déjà  agrippé la clôture et se hissait, souple comme un chat, de l'autre côté. Le fait qu'il s'agisse d'une clinique avait dû dissuader les mystérieux propriétaires de l'endroit d'électrifier le grillage. Une fois de l'autre côté, le mercenaire jeta un coup d'oeil à  sa victime qui ronflait à  présent comme un bienheureux. L'homme jeta un coup d'oeil sur l'arme à  sa ceinture. Un Beretta. Peu impressionnant, mais efficace. Il n'était cependant pas question d'embarquer le pistolet, il fallait à  tout prix éviter le grabuge. Après avoir dissimulé le gardien dans un buisson proche, Snake reprit son avancée. Dos au mur, il parvint à  la grille qu'il recherchait.
- Etroit. Il va falloir se faire tout petit.
Sans perdre un instant, le mercenaire se saisit de son couteau suisse et s'appliqua à  dévisser les quatre boulons qui retenaient la grille. D'un coup de pied, il fit ensuite sauter le tuyau qui y était relié et se glissa par le conduit, non sans avoir replacé la grille. Autant gagner le plus de temps possible. L'ancien militaire entama sa descente, rendant grâce à  sa combinaison qui, en comprimant légèrement ses muscles, lui faisait perdre quelques millimètres de masse corporelle. La descente fut bien plus aisée qu'il ne l'avait imaginée et il se reçut souplement sur un sol de ciment.
Comme il l'avait supposé, Snake se trouvait à  présent dans une vaste salle éclairée au néon, remplie de machines à  laver et de sèche-linges. En cette heure tardive, les lieux étaient déserts, comme le confirmait le radar. Seul le ronron bruyant des machines se faisait entendre. Doucement, le mercenaire monta les marches qui menaient au rez-de-chaussée. Quelques infirmières circulaient encore, mais elles étaient peu nombreuses. Eviter leur allées et venues se révéla un jeu d'enfant pour le mercenaire. Il lui fallu moins de quarante secondes pour parvenir à  l'étage supérieur.
- C'est maintenant que l'on va commencer à  s'amuser.
En effet, les caméras de sécurité n'avaient été disposées, d'après les clichés de Mei-Ling qu'à  partir du premier étage. Et vu l'environnement dans lequel il évoluait, il était hors de question d'utiliser une grenade pour désactiver les systèmes de surveillance. Dieu merci le radar indiquait le champ d'action des appareils de surveillance. Se faufilant entre les faisceaux, l'homme progressa, de mètre en mètre, dans l'interminable couloir blanc, s'abritant dans les coins de porte. Le temps avait cessé de s'écouler. Rien n'existait plus maintenant que les pas qu'il fallait effectuer selon un rythme précis. Un, deux, trois, quatre. Arrêt. Se baisser. Se relever. Un deux trois quatre.
Snake avait presque atteint le deuxième étage lorsque le claquement sec de talons hauts sur du carrelage se fit entendre. Une infirmière avait du être sonnée et elle se dirigeait droit vers le mercenaire. Si celui-ci neutralisait la femme d'une fléchette tranquillisante, les caméras de surveillance s'en rendraient immédiatement compte. Et, au vu de la disposition des lieux, il serait immédiatement repéré si jamais il restait là  où il était.
- Pas le choix.
Le plus silencieusement possible, l'aventurier tourna la poignée de la porte contre laquelle il se tenait.
Fermée.
Snake étouffa un juron. La chambre devait être inoccupée. Et les pas se rapprochaient. En désespoir de cause, il sortit de l'une de ses poches une petite pièce de plastique de forme étrange et l'introduisit dans la serrure. Otacon lui avait présenté cet appareil au point quelques semaines auparavant.
"L'ébauche d'un passe-partout universel. Pour le moment, j'estime que ça peut ouvrir environ quarante-cinq pour cent des portes à  serrure mécanique existant dans ce monde."
- Si cette lourde n'est pas dans tes quarante-cinq pour cent Otacon, tu vas m'entendre...
L'infirmière devait se trouver à  moins de dix mètres à  présent.
Il y eut un léger cliquetis et la porte s'ouvrit. Snake bondit à  l'intérieur de la pièce et referma en toute hâte. Son coeur n'avait pas manqué un battement durant toute la durée de l'opération. Dehors, le cliquetis des talons gagna en volume puis s'éloigna progressivement.
Mais un bruit subsistait.
Un bruit heurté et saccadé, mais sans aucun doute humain. Un bruit de respiration.
- Quelqu'un. Il y a quelqu'un.
La main sur le M-9, Snake fit quelque pas dans la chambre. Ses yeux commençaient à  s'habituer à  l'obscurité.
- Dans le lit.
Pourquoi la personne ne parlait-elle pas ? Et surtout, pourquoi la porte avait-elle été fermée à  clé ? Dans toutes les cliniques, les chambres occupées restaient ouvertes afin que l'on puisse y pénétrer facilement en cas d'urgence. D'autre part, d'après ce que Snake percevait, la pièce n'avait rien d'inhabituel. Le mobilier simple et fonctionnel d'une chambre d'hôpital. Dévoré de curiosité, il s'approcha du lit. Un chuchotement plaintif s'éleva.
- Qu'est-ce qu'il y a encore ? Qu'est-ce que vous voulez ?
- Moins fort.
La voix de Snake était un murmure. Malgré cela, l'autorité naturelle de l'homme y perçait, et son mystérieux interlocuteur se tut.
- Qui êtes-vous ?
- Et vous ?
- Je suis ici pour enquêter sur cet endroit.
- Vous ne faites pas partie de la police nationale. Votre accent... Vous êtes anglais ?
- Ca n'a pas d'importance. Qu'est-ce qui se passe ici ?
- Je ne sais pas. On m'a emmené ici depuis... une semaine peut-être. Les journaux... les journaux ont du en parler.
La voix était pâteuse, presque inexpressive. On avait du droguer le "malade". Snake activa la lampe torche de son couteau suisse. Le mince faisceau blanc tomba sur un visage terrorisé, aux pupilles dilatées. Mais la frayeur n'en n'était sûrement pas la seule cause. Le visage n'était pas inconnu au mercenaire. Effectivement, les journaux en avaient parlé.
- Kevin Ivart. Le nouveau général de l'Armée de l'Air. C'est bien vous ?
- Oui... Oui c'est moi.
- Pourquoi vous ont-ils amené ici ?
- Aucune idée. Je dors... beaucoup.
Continuant son inspection du militaire, Snake remarqua que la main gauche de l'homme était marquée de différents signes qui semblaient avoir été inscrits récemment. Rien à  voir avec la procédure médicale habituelle.
- Vous vous souvenez de qui vous a fait ça ?
- Un docteur. Une jeune femme, très jolie.
- Assez jeune ? Le teint mat ?
- Oui... oui... Elle parlait anglais aussi, je crois...
- Naomi. Elle serait donc à  la solde des Patriotes, de Liquid ou je ne sais qui d'autre ?
L'aventurier se redressa, un doigt sur les lèvres.
- Je vais repartir. Surtout, ne parlez à  personne de ma visite, c'est ma seule chance de vous sortir de là .
Ivart se redressa sur un coude. Une partie de sa lucidité semblait lui être revenue.
- Je ne suis pas le seul à  avoir été enlevé. Ils parlent d'autres personnes, quand ils viennent ici. Je ne sais pas ce qui se trame, mais ça n'est pas beau. Et ce n'est pas le fait d'une bande de dingues, croyez-moi mon vieux.
- Comment ça ?
- Je suis général. On ne rentre pas chez moi comme ça. Et pourtant, je me suis fait droguer et amener ici. Il n'y a que des gens proches de moi qui auraient pu réussir ce coup-là . Et si ce n'est pas ma famille, ce sont forcément des collègues.
Snake hocha la tête.
- Pour le moment restez ici. Je vous garanti qu'on vous sortira de là .
Avant de tourner les talons, Snake prit quelques photos d'Ivart. Si les choses tournaient mal, les clichés permettraient au moins de faire tomber la clinique. Après s'être assuré que tout danger était écarté, il regagna le couloir et monta au second.

Otacon se passa une main dans les cheveux, les ébouriffant encore un peu plus. Snake se refusait toujours à  passer la moindre communication. Seule Mei Ling lui avait transmis quelques renseignements sur ce qu'elle avait pu découvrir et lui avait envoyé les photos de la clinique par e-mail. C'est sur ces maigres données que l'informaticien travaillait. Déterminer qui exactement se cachait derrière tout ça. Si ça n'avait tenu qu'à  lui, jamais ils ne se seraient lancés dans cette histoire sans avoir au moins la réponse à  cette question. Mais Snake n'en pouvait plus de l'inaction. Il allait donc falloir trouver la clés de nombreuses interrogations au plus vite. La greffe du bras de Liquid n'était sûrement pas l'oeuvre des Patriotes. Non. C'était du côté de Liquid lui-même qu'il fallait creuser... Mais par où commencer ? Même ses contacts habituels s'étaient montrés incapables de l'aider, cette fois-ci.
Un mouvement derrière lui le fit se retourner. Jack était entré dans le salon, agitant son double des clés..
- Il n'y a plus de café, fit-il simplement.
- Je sais. Ca commence à  manquer d'ailleurs. Tu vas en chercher ?
- Oui. La supérette de la rue d'Odessa reste ouverte presque toute la nuit.
Hal émit un petit grognement.
- Génial. On va encore boire du jus de chaussette pendant une semaine.
Jack haussa les épaules avant de se diriger vers la porte d'entrée tandis qu'Otacon retournait à  son travail. Il resta quelques instants à  pianoter sur son clavier, méditant sur leur étrange colocataire. Sur beaucoup de points, Jack lui faisait songer à  un adolescent attardé qui aurait refusé de quitter le nid familial. Rien à  voir avec ce jeune homme déterminé que Snake avait laissé derrière lui après l'incident de Big Shell. Ce qui c'était passé, Otacon ne pouvait que le supputer. Toujours est-il que la réaction de Snake avait été étonnante. Il n'avait pas demandé un seul mot d'explication à  Raiden lorsque celui-ci s'était présenté dans leurs quartiers généraux, enfermé dans un mutisme total. Il avait demandé au jeune homme si celui-ci désirait rester chez eux. Et depuis... Depuis Jack vivait une vie de reclus, passant ses journées à  lire, sortant rarement, mais toujours prêt à  aider dans les tâches quotidiennes. Toute évocation du passé, par contre, le plongeait dans un silence affolé dont il avait le plus grand mal à  ressortir.
- Et pendant ce temps, les deux papas travaillent ! songea l'informaticien avec un petit rire.
Et quel travail. Cette affaire aux enjeux démesurés, qui avait pris plus d'ampleur encore avec l'arrivée de Mei Ling...
Otacon s'étira bruyamment, après avoir jeté un coup d'oeil au petit cadre posé sur son bureau. C'était sa vie depuis quelques années à  présent. Celle d'un paria, jamais sûr du lendemain, et exposé à  la souffrance plus souvent qu'à  son tour. Mais il l'avait choisi, et contrairement à  Jack, il assumerait jusqu'au bout.
Reprenant les éléments dont il disposait depuis le début, Hal décida de laisser tomber les recherches par logiciel de traitement d'images et tenta de faire appel à  la simple logique. Qu'est-ce qui avait pu se produire entre Liquid et Ocelot ? A quoi correspondait cette réapparition de Naomi ? Et surtout, comment ces éléments se combinaient-ils avec l'organisation des Patriotes ?
Le jeune homme mit plusieurs moteurs de recherche à  contribution et, peu à  peu, une idée commença à  émerger en lui. Se connectant à  un site Internet officieux, il consulta les archives de différents journaux, anciens et récents. Quelque chose ne tournait pas rond. Ces articles, le rapport Shadow Moses... Un jeu de faux-semblants à  plusieurs dimensions. L'informaticien sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il fallait contacter Snake et Mei Ling immédiatement.
Un léger coup à  la porte. Maugréant, Otacon se détourna de son écran. La serrure devait encore être coincée.
- J'arrive.

- ... Bonne nuit, beau gosse.
Jack adressa un petit signe de tête au commerçant qui, même après plusieurs mois, refusait toujours avec obstination de lui donner du "monsieur" ou tout simplement "Jack". C'était plutôt amusant, au fond. D'un pas léger, le jeune homme regagna l'immeuble. Seuls quelques bars de nuit émettaient une douce lueur à  présent. Il serait bien entré boire un verre. Ecouter de la musique, ou tout simplement les conversations des habitués... Non, s'il n'était même pas capable de faire une course en moins d'une heure, il n'était vraiment plus bon à  rien.
- C'est un peu le cas, non ?
Raiden serra le poing et accéléra sa marche. Ne pas penser, surtout ne pas penser. Garder les yeux rivés au bitume sombre qui défilait à  chaque pas. Ce n'est qu'arrivé à  quelques pas de son logis que le jeune homme stoppa net sa marche, en voyant deux hommes, encadrant un troisième, visiblement incapable de tenir sur ses jambes. L'un de ses deux compagnons maugréait que c'était bien de Franck de boire comme ça et de se mettre minable, et que ça allait encore crier demain au bureau s'il arrivait au travail dans cet état. Ce à  quoi l'autre répéta que c'était la dernière fois qu'il le remorquait chez lui.
Les muscles de Raiden réagirent avant son cerveau. Il tourna les talons et s'éloigna de quelques pas, se dissimulant sur le perron d'une porte. Quelques mois plus tôt, il aurait réagi totalement différemment. Deux uppercuts auraient envoyé les hommes au pays des songes.
Mais là , il laissa Otacon se faire enlever sous ses yeux.
Le petit groupe disparu au bout de la rue. Ce n'est qu'alors que Jack, très lentement, reprit son chemin et pénétra dans l'immeuble. Le coeur battant à  tout rompre, il regagna l'appartement de Snake. Rien ou presque n'avait changé depuis son départ. Otacon n'était plus là , pas plus que son ordinateur. Rien d'autre. L'endroit n'avait absolument pas été fouillé.
- Ils en avaient après nous... Après eux ?
Oui. Après eux. Impossible de savoir que lui se trouvait ici. Raiden était bien placé pour savoir que son corps ne comportait à  présent plus de nano-machines. A cette pensée, il éprouva un violent accès de migraine.
- Du calme.
Personne n'avait de raison de soupçonner qu'il avait trouvé refuge ici.
- Refuge.
C'est à  ce moment là  que quelque chose se produisit. On avait touché à  son refuge. A cet endroit où il avait découvert Paul Auster, l'art de la Renaissance Italienne, le cinéma autre qu'américain et la cuisine. On avait touché à  ces gens qui l'avaient accueilli. Jack se rua dans sa chambre. Sur sa table de nuit, reposait une petite seringue scellée. Les nano-machines d'Otacon et Mei Ling. Snake les lui avait remises quelques semaines auparavant.
- Pour quand tu seras prêt.
Le jeune homme saisit la seringue dans son emballage, et la contempla quelques instants.
Puis, il la reposa et saisit son téléphone portable, sur lequel il composa un code à  vingt chiffres.
- Snake, fit-il d'une voix posée, de cette voix qui ne variait jamais, qui était la sienne depuis plusieurs mois, c'est Jack. Otacon a été enlevé. J'ignore par qui.

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MessagePublié: 11 Juin 2005, 22:44 
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[center]CHAPITRE 3 : NAOMI HUNTER[/center]


Snake émit un sourire de prédateur en coupant son codec, après avoir reçu le message de Raiden. Tout juste. Il avait vu tout juste. La clinique était le point de départ rêvé pour leur enquête, à  tel point que ses propriétaires avaient décidé d'agir dès que le mercenaire avait opéré son premier mouvement.
- Ils ne devaient pas être certains de ce que je ferai... Les Patriotes où qui que ce soit d'autre... Moi qui était sûr de ma couverture.
Il allait falloir agir très vite. Raiden s'en était sorti, et il n'était pas certain que leurs opposants sachent que Mei Ling était impliquée dans l'affaire. Cela faisait peu de cartes à  jouer, mais elles seraient peut-être suffisantes. Le mercenaire activa à  nouveau son codec.
- Mei Ling ?
- Comment ça se passe Snake ?
- Ca pourrait être pire.
- Je n'aime pas trop quand tu dis ça.
- Otacon a disparu.
- Bon sang... si vite.
- Oui. Raiden était sorti au moment où il s'est fait enlever. Ils étaient deux, apparemment, et n'ont emmenés que Hal et son ordinateur.
- Je vois... Raiden sait où aller à  présent ?
- Ne t'en fais pas pour lui. Il y a plus important.
- Je t'écoute.
- Je suis au second étage. Toute une portion de l'endroit est bardée de rayons infra-rouges. Même moi je ne pourrais pas m'y glisser, et le radar n'indique aucun générateur à  cet étage. Tu ne sais pas d'où il est possible de les désactiver ?
- Ne bouge pas.
Snake entendit un pianotement frénétique entrecoupé de quelques soupirs d'agacement.
- Si j'en juge par le peux d'informations que j'ai, la source provient du dernier étage, le quatrième. Le problème étant que tu ne peux pas y accéder sans passer par ce couloir.
- Fantastique... Et la solution est ?
- Ton téléphone portable.
- Pardon ?
- A travers lui, je peux émettre une onde qui brouillera les capteurs infra-rouges. Le seul petit problème est que je dois interrompre l'onde une seconde toutes les dix secondes. Des alarmes se déclencheraient, sinon.
- C'est suffisant pour arriver à  une zone de sécurité ?
- Non. Les infra-rouges cessent dans ce qui me paraît être les chambres de médecins qui voudraient dormir à  l'hôpital. En te pressant, il te faudra au minimum trente secondes pour arriver là -bas. Je vais te guider.
- Impeccable...
- Tu es prêt ?
- Quand tu veux.
- Vas-y !
Snake s'élança à  travers le corridor. Sa perception des lieux s'était modifiée, comme à  chaque fois dans ces cas-là . Champ libre, obstacle. Rien d'autre.
- Droite !
Tourner à  droite.
- La table à  droite, cache-toi dessous.
Rouler sous la table. C'était presque grisant, se livrer à  l'action tandis qu'un partenaire guidait vos gestes.
- Repars.
L'opération se déroula sans le moindre heurt. Quatre enjambées, un saut, se baisser. Un coude, un nouveau saut. Snake n'avait plus que trois pas à  faire.
- Quelqu'un vient !
- Trop tard.
Le mercenaire se détendit et vint frapper de toutes ses forces la silhouette qui était entrée dans son champ de vision. Sa main était déjà  plaquée sur la bouche de sa victime pour éviter un cri éventuel, si elle était encore conscient après le choc. Bien lui en prit. L'intrus semblait avoir gardé une parfaite maîtrise de lui-même et se mit à  se débattre violemment. D'une main, Snake saisit son M-9 :
- Du calme sinon je vais devoir utiliser ça...
Les coups cessèrent aussitôt. Et le mercenaire savait que ses menaces n'avaient rien à  y voir.
- Toujours aussi raisonnable, Docteur Hunter.
Naomi Hunter posa sur Snake un regard neutre. Un rayon de lune se reflétait dans ses iris claires.
- Je pourrais crier.
- Tu l'aurais déjà  fait.
La jeune femme se remit sur pieds. Ce n'est qu'à  cet instant que l'aventurier se rappela à  quel point le temps avait passé depuis leur dernière véritable rencontre, peu avant l'expédition de Shadow Moses. Naomi n'était plus l'impénétrable médecin militaire qui l'avait équipé avant sa mission. Les yeux perdus, les gestes plus lents, son attitude rappelait vaguement quelqu'un à  Snake sans qu'il pu dire qui.
- Il vaudrait mieux pour toi qu'on ne nous trouve pas à  papoter dans le couloir.
- Pour moi... ou pour toi ?
- Toujours le même hein ? Viens.
- Les caméras.
- Je te garantis qu'il n'y en a plus ici.
Les sens toujours en alerte, Snake suivit Naomi dans les ténèbres.
- Snake ? Snake, tu me reçois ?
La petite voix de Mei Ling trahissait son affolement.
- Tout va bien. Je te rappelle dès que possible. Terminé.
- Toujours accroc au codec, hein ? chuchota Naomi. Passe le bonjour à ... Hal Emerich ?
La jeune femme semblait sincère. Snake fronça les sourcils. De quoi le Dr Hunter était-il au courant ?
Le décor avait changé, comme si on avait ajouté à  la clinique un bâtiment totalement différent. On eut dit à  présent une luxueuse résidence de ville. Même l'odeur de l'hôpital semblait avoir disparu. Naomi parcouru quelques mètres avant d'ouvrir une petite porte.
- Bienvenue chez moi. Ca n'est pas très grand, mais je doute que tu viennes t'installer.
Sans un mot, Snake pénétra dans une petite chambre, aménagée avec goût, où le lit et le bureau occupaient la quasi-totalité de l'endroit.
- Assied-toi je t'en prie, dit Naomi en refermant.
- Je préfère rester debout.
- Bien entendu.
Naomi eut un petit sourire et s'installa sur l'unique chaise présente, le dos droit et les mains jointes sur les genoux.
- Eh bien Snake, peut-être pourrais-tu me dire ce qui t'amène ici.
- Je pourrais te poser la même question. Tu ne m'as jamais parlé de venir t'installer en France.
Son interlocutrice secoua la tête avec un petit sourire.
- Tu veux jouer franc-jeu hein ? Alors commence. Je verrai ce que je peux pour toi ensuite.
Un instant, les deux anciens collègues s'affrontèrent du regard puis Snake ouvrit les bras en secouant la tête.
- Après tout... J'enquête sur Ocelot.
La surprise se peignit sur les traits de Naomi.
- Alors c'est pour ça... Je vois. Pas mal. Il y a pire, comme motif de visite.
- Tu sais quelque chose ?
- Sur Ocelot ? Bien entendu. Je ne l'ai jamais vu, mais je peux te dire où il se trouve. La grande question est : est-ce que cette information te sera vraiment utile ?
- La grande question est : pourquoi m'aides-tu ?
La scientifique rejeta sa tête en arrière et sembla s'absorber dans la contemplation du plafond.
- Tu es venu ici en quête d'informations. J'ai une petite idée de ce que tu cherches, mais tu admets toi-même ne pas savoir où commencer. Je pense que je peux te donner un coup de pouce pour débuter.
- Pourquoi ?
- Tu vas trouver ça bizarre. J'ai été un peu injuste avec toi par le passé. Prend ça comme une façon de ma part de te demander pardon.
- Laisse tomber. Tu sais ce que je pense de toute cette histoire. Je veux savoir ce que tu fabriques ici.
Naomi éclata de rire.
- Allons Snake, ne sois pas si impatient. Si tu te débrouilles bien, tu devrais finir par t'en rendre compte. Et puis... même si je le voulais, je ne pourrais pas te renseigner.
- Hein ?
- Tu n'es pas le seul à  être truffé de nano-machines, tu sais.
Le mercenaire hocha lentement la tête.
- Je vais devoir me contenter de ce que tu veux bien me donner. Je t'écoute.
- Ocelot se trouve actuellement en Allemagne, à  côté de Munich. Il est propriétaire d'un casino, là -bas. Il est souvent en déplacement, mais c'est sa seule adresse fixe, si je puis dire. Je vais t'écrire tout ça.
La jeune femme se détourna et prit une feuille de papier dans un tiroir. Pendant qu'elle griffonnait quelques lignes, Snake laissa son regard errer sur la pièce. Il eut un petit pincement au coeur en apercevant, encadré sur le mur du fond, un paysage au fusain. Le trait, à  la fois flou et énergique ne lui était pas inconnu. Grayfox s'était toujours montré très doué en dessin. Grayfox... Snake se frotta doucement les yeux. Naomi avait fait ressurgir un passé qui n'avait rien d'agréable, mais ça n'était pas le moment de craquer. A ce moment, une petite lueur rouge se mit à  clignoter, sur le bureau. La jeune femme se tourna vers lui, en lui tendant le papier, à  présent recouvert d'une écriture régulière.
- Tu ne devrais pas t'attarder. Tu as abattu des gardes pour rentrer ?
- J'en ai endormi un.
- Ils ont du le trouver. Les fouilles vont commencer dans tout l'hôpital.
- Je dois filer.
- Attend. Ils ne vont pas venir ici immédiatement. Je te conseille de passer par la fenêtre, ils penseront davantage à  chercher à  l'intérieur qu'à  l'extérieur.
Snake jeta un coup d'oeil à  la cour qui s'étendait sous la chambre de Naomi. Effectivement, les gardes se précipitaient tous vers les grandes portes de la clinique.
- Qui gère cet endroit ?
- Ni Ocelot, ni les Patriotes. Je ne t'en dirai pas davantage.
Le mercenaire grimaça un sourire.
- Merci quand même des renseignements, doc.
- De rien. Ca m'étonnerait que tu arrives à  en faire quelque chose mais...
- Tu as oublié de quoi je suis capable ?
- Non, justement...
- Naomi, juste une dernière chose.
- Oui ?
- Ca va te sembler bizarre mais est-ce que... Est-ce qu'il y a un enfant ici ? Un bébé d'environ un an et demi deux ans ?
- Nous traitons quelques nourrissons, mais nous ne sommes pas dans une maternité.
- Non, je veux dire, est-ce qu'on t'a demandé de t'occuper d'un bébé en particulier ?
Naomi secoua la tête.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. Tu devrais te dépêcher.
- Tu as raison.
- J'ai été heureuse de te revoir, Snake. Si tu repasses dans les environs, fais-moi signe.
- Bien sûr. Dès que j'aurais besoin d'une greffe ou d'une amputation.
Le visage de la scientifique se contracta imperceptiblement.
- On peut savoir ce que tu racontes ?
Snake était déjà  passé par la fenêtre.
Les deux étages de la clinique représentaient une sacrée hauteur mais constituaient le chemin le plus sûr vers l'extérieur. Détendant ses muscles au maximum, l'intrus sauta. Il amortit le choc violent contre le sol par plusieurs roulades, avant de se redresser. Personne en vue. Sans perdre une seconde, Snake repassa la grille et s'éloigna de la clinique Antoine Limousin au plus vite. Il était très précisément deux heures huit.

Mei Ling sauvegarda son document, ferma le logiciel de traitement de texte et éteignit son ordinateur portable. La retranscription de l'entretien entre Snake et Naomi ne lui avait pris que quelques minutes. Toujours garder une archive de ce qui se passait. Depuis l'incident de Shadow Moses, Mei Ling appliquait systématiquement ce principe.
Avec un petit soupir de soulagement, elle se leva de sa chaise et sortit de la chambre d'hôtel qu'elle occupait. Dans la pièce mitoyenne, Snake prenait quelques heures de repos après son expédition de la nuit. Après son retour à  l'hôtel, les deux jeunes gens avaient débattu d'un plan d'action. La solution leur était rapidement apparue. Quels que soient les mystérieux agresseurs d'Otacon, il était évident qu'ils étaient liés à  la clinique et donc, sans doute, à  Ocelot. Le meilleur moyen de retrouver l'informaticien au plus vite était donc de continuer leurs recherches dans la direction qu'ils avaient prise.
- Où qu'elle mène...
Ainsi qu'elle l'avait promis à  Snake, Mei Ling gagna l'aéroport de la ville pour réserver deux places sur un vol en direction de l'Allemagne. Encore une fois, sa fausse carte de presse fit des merveilles et elle obtint sans difficultés deux allers simples pour l'Allemagne sur un avion qui partait six heures plus tard.
Dès son retour à  l'hôtel, alors qu'elle venait de passer les portes tambours, le réceptionniste, un homme entre deux âges, l'interpella :
- Mademoiselle Nakimura ? Une lettre pour vous.
La jeune fille s'approcha du comptoir. L'employé lui tendit une enveloppe blanche sur laquelle était inscrite son nom.
La lettre ne contenait rien d'autre qu'une coupure de journal.
- De l'allemand.
Mei Ling n'avait pas pratiqué cette langue depuis plusieurs années et il lui fallu quelques minutes pour comprendre ce dont il s'agissait. Le casino La Corne d'Amalthée recrutait actuellement des ouvreuses pour l'accueil de clients étrangers. Une compréhension minime de l'allemand était demandée, il s'agissait principalement de parler anglais et japonais. L'analyste retourna au comptoir.
- Excusez-moi.
- Mademoiselle ?
- Cette lettre que j'ai reçu...
- Il y a un problème ?
- Non non, aucun problème. Je voudrais juste un renseignement. Elle n'est pas timbrée. Quelqu'un est venue l'apporter ici ?
- Tout à  fait oui.
- Et c'est vous qui l'avez reçu ?
- Absolument. Vous veniez à  peine de sortir quand une jeune personne est venue me remettre cette lettre pour vous.
- A quoi ressemblait cette personne ?
L'homme fronça les sourcils.
- Voyons... C'était une grande femme, très brune, avec des cheveux longs... Elle portait une sorte de chemise blanche, si je me souviens bien... C'est à  peu près tout ce dont je me rappelle.
- Je vois. Je vous remercie.
- A votre service.
Mei Ling s'éloigna de quelques pas, l'enveloppe entre le pouce et l'index.
- Une grande femme brune... Ce pourrait être celle que j'ai rencontré dans le train... Comme ce pourrait être n'importe qui d'autre. Une deuxième force serait donc derrière nous ?
La jeune fille remonta à  l'étage où se trouvait sa chambre. Snake l'attendait dans le couloir.
- Tu t'en es sortie, pour les billets ?
- Oui, mais il y a plus intéressant.
- Je t'écoute.
Mei Ling relata l'épisode de la lettre à  son compagnon.
- Intéressant effectivement.
- Tu entres ? J'aimerais bien vérifier quelque chose.
L'homme s'exécuta et, une fois son amie à  l'intérieur, poussa le verrou. Mei Ling s'assit sur le bord de son lit et sortit de son sac à  main une petite boîte ronde. Elle l'ouvrit, y prit un pinceau et une boîte de poudre noirâtre. Après avoir recueilli un peu de poudre sur le pinceau, elle l'étala sur l'enveloppe. Deux types d'empreintes ne tardèrent pas à  apparaître.
- Mes empruntes et celles du réceptionniste. Rien d'autre.
- Evidemment.
L'analyste haussa tristement les épaules. Cela recommençait, comme à  l'habitude. L'éternelle danse de ceux qui savaient et ceux qui ne savaient pas, ceux qui agissaient et ceux qui manipulaient. Et à  nouveau, ce sentiment que la réalité se délitait doucement, devant les machinations d'ombres indistinctes.
Snake la secoua doucement par l'épaule.
- Tu t'attendais à  quoi ? La situation n'est pas si désastreuse que ça. D'abord, nous allons retrouver Ocelot et Otacon. Ensuite, nous nous occuperons des metteurs en scène.

Le sommeil continuait de fuir Jack. Il avait passé une nuit atroce, les yeux fixés au plafond, l'oreille aux aguets d'un bruit suspect. En vain. C'était Otacon que les kidnappeurs voulaient, et ils avaient eu Otacon. La vie aurait très bien pu reprendre comme avant, même si Raiden était à  présent seul occupant de l'appartement. Il aurait pu continuer à  lire, sortir se promener dans les jardins du Luxembourg de temps à  autre, et aller faire ses provisions.
Seulement, ça ne marchait plus.
Quelque chose faisait que cet endroit lui paraissait à  présent totalement vide. Vide cette petite chambre qu'il occupait près de vingt heures par jour. Vide les autres chambres, la cuisine et le salon. Raiden déambulait lentement à  travers ces pièces qui ne pouvaient plus lui offrir ce à  quoi il avait eu le droit pendant quelques mois. La paix. Déjà  il sentait une sourde clameur affluer dans son esprit. Bientôt la tempête éclaterait. Et il était seul pour l'affronter. Le jeune homme posa un regard perdu sur le bureau sur lequel avait reposé, jusqu'à  très récemment, l'ordinateur d'Otacon. Un petit objet avait glissé dessous. Jack se baissa pour le ramasser. Un cadre. Et dans ce cadre, Emma Emmerich lui renvoya son regard.
- Cramponne-toi, hein ?
- Je suis plus que jolie.
- Mettez fin à  ma misère !
- Arrête de pointer ça partout, gamin.
- Il m'a déçu.

Le garçon reposa le cadre à  sa place. Puis, d'un pas égal, il sortit du salon, et s'appuya contre un mur du couloir. Il sentit sa tête cogner le plâtre neuf. Très doucement d'abord puis un peu plus fort, un peu plus fort, dans un crescendo d'une effrayante régularité. Des larmes lui coulait sur les joues à  présent. Il n'y avait plus de barrières. Les souvenirs réaffluaient au fur et à  mesure que la douleur augmentaient. Toc toc.
- Je me suis réveillée dans un hôpital contrôlé par les Patriotes.
Toc
- Désamorçage de C4.
Boum
- Ca faisait longtemps, Jack.
Boum boum
- Tu sais quel jour nous sommes, demain, Jack ?
Raiden poussa un gémissement étouffé et se roula en boule sur la moquette. Il avait froid. Très froid. Doucement, centimètre par centimètre, il se traîna jusqu'à  sa chambre. Les voix résonnaient toutes en même temps à  présent, dans une cacophonie assourdissante. De l'huile versé dans ses orbites aurait été moins douloureuse.
- Laissez-moi. S'il vous plaît. Je sais que je n'avais rien à  faire. S'il vous plaît.
En désespoir de cause, il tira sur la couverture qui recouvrait son lit. Le morceau d'étoffe glissa, entraînant avec lui une partie du contenu d'une étagère toute proche. Raiden se recroquevilla dans la couverture. Sa joue frottait contre quelque chose de doux. Une petite peluche en forme de loup qui avait du tomber de l'étagère. Il ne se souvenait pas avoir acheté ça. Quelle importance. Il saisit le jouet dans ses bras, le serrant de toutes ses forces. Maintenant il n'y avait plus rien à  faire. Il fallait laisser le film se dérouler. Plus possible de fermer les yeux, plus possible de se boucher les oreilles. A travers ses paupières mi-closes, Raiden distinguait vaguement la couverture bariolée du Livre des Illusions.

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
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Dernière édition par Jalk le 14 Juin 2005, 00:03, édité 4 fois.

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MessagePublié: 13 Juin 2005, 01:32 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Ah, le feuilleton de l'été est enfin arrivé ! :)




Comme à  ton habitude, tu nous livres un récit narré dans un style élégant et efficace, malgré un manque de ponctuation qui lui donne de fausses allures de texte maladroit. L'exemple type de problème qui m'embête d'autant plus que le verbe lui-même est bon :
Jalk a écrit:
- Comment ça se passe Snake.


Je te l'ai déjà  dit, l'infiltration de la clinique est un passage excellent : je me suis surpris à  visualiser ce passage selon l'interface graphique de "Metal Gear Solid 2", en plongée, comme une démo de Perfect Play.

Raiden est particulièrement soigné et attendrissant (tandis que j'avais eu du mal à  le supporter dans le jeu).

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MessagePublié: 13 Juin 2005, 01:39 
Hors-ligne
Troubadour autiste
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Inscription : 08 Avr 2005, 08:43
Message(s) : 653
Merci, merci ! :oops:

Pour la ponctuation effectivement, je m'en excuse... Etant condamné, pour ce texte, à  effectuer moi-même mes relectures, chose que j'abhorre, je me suis rendu compte que l'exercice n'a rien d'aisé et que je laisse encore passer des erreurs assez énormes... Qui, je l'espère, se tariront à  mesure que la pratique (re)viendra.
Ah oui, et j'aime Raiden. Beaucoup beaucoup. *repart en courant*

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 Sujet du message:
MessagePublié: 17 Juin 2005, 12:16 
Hors-ligne
The Metal
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Inscription : 15 Avr 2005, 20:31
Message(s) : 1429
Localisation : Calvados, le pays du fromage et des vacheuhs
J'ai bien aimé ses trois premiers chapitres . Les personnages sont bien décrits, Raiden en devient presque charmant , les scènes d'actions sont bien retranscrites et vraiment tout est très bien parti ..

Mention spéciale pour , quand même, l'infiltration de la Clinique, super quoi :o !

En attendant j'attends la suite :P .

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