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 Sujet du message: Le bloc-notes du Fayeurflaille
MessagePublié: 19 Août 2005, 16:19 
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-- C'est aussi de l'écriture instantanée. --


"Accusé, levez-vous."

Murmures et paroles assassines dans l'assemblée.

"Les jurés ont délibéré. Pour avoir poussé volontairement 17 personnes au suicide , vous êtes condamné à  la peine capitale, la mise à  mort. Votre sentence aura lieu dans deux semaines. L'audience est levée."

Bruit d'une assemblée réjouie se levant.

Ah merde, ça je ne m'y attendais vraiment pas. Je croyais à  une quelconque réclusion criminuelle à  perpétuité mais atténuée d'un relâchement en liberté surveillée au bout de 20 ans... Il faut croire que j'ai fait fort.
J'ai vu la mère d'une victime trépigner d'une joie infantile. La joie d'une gamine heureuse que son petit frère ait été puni par ses parents pour avoir cassé une de ses barbies.
C'est vrai que mon sourire serein a laissé place à  une grimace d'indignation... J'ai du pâlir très fort, aussi. Tiens, voilà  mon avocat. J'ai dépensé toutes mes maigres économies d'habitant du Bronx pour ses honoraires. J'ai payé pour rien ! Ce sac de merde n'a même pas été capable de me défendre convenablement...
Fichue société... Plus de valeurs sûres, plus de logique... Plus de respect de l'art.
Ce charognard m'attend tranquillement au seuil de la porte.

"Réjouissez vous, il y a un peu de chance dans votre malheur : Vous pourrez choisir entre l'intraveineuse et la pendaison."

Qu'est-ce que je fait ? Je lui crève les yeux ? Je lui arrache le nez ? Impossible, mes deux gardes du corps improvisés me tiennent fermement par les bras. Et d'ailleurs mes mains sont menottées. Il sourit. Je n'y crois pas. Il a fini sa journée, et il se fout complètement de moi.
Je me console en lui crachant à  la figure. Le geste n'a pas du être apprécié car la poigne des deux flics se fait plus forte, plus douloureuse, et mon bourreau détourne la tête pour s'essuyer d'un revers de manche. Manche d'une veste très belle et très chère d'ailleurs. Bah. Il retournera bien vite dans son 7 pièces de Brooklyn effacer mon dossier de son PC et sauter sa compagne de la semaine ensuite. Je l'envie, ce gars, en fait.

Voilà , j'ai quitté la salle d'audience après quelques derniers "Salauds" de la part des proches des victimes et un petit coucou à  une caméra de la Fox.



Lendemain. Cellule misérable et austère, proche du couloir de la mort.
J'ai très mal aux fesses. La première douche dans une prison, c'est toujours... Bouleversant.
Plus que treize jours à  moisir ici. Demain, on me demandera quelle mise à  mort je préfère.
Si je choisissais la pendaison ? Après tout je l'ai conseillé à  deux de mes ex-patients. Ils étaient tellement larvaires que je n'osais même plus leur donner l'illusion de croire qu'ils brilleront dans leur décès, que leur mort spectaculaire ferait oublier leur vie de merde auprès des trois juges de l'Au-Delà .
Qu'est-ce que ça peut être poire et manipulable, un déprimé suicidaire quand même.
Je me demande comment ils m'ont trouvé... Je vais analyser mon parcours de philantrope, tiens.
Commencons par J****-R****.
Lui, il venait d'une famille de bourgeois. Ses frères et ses parents ont tous de bonnes situations stables et bien payées, et ont fait des études longues et difficiles. Mais à  chaque famille, il y a un canard boiteux... Ce raté fini n'est pas allé à  l'école militaire, par honte de ses parents. Il est finalement arrivé à  l'examen supérieur, mais s'est planté en beauté.
Vivant toujours chez ses parents, tentant de gagner son indépendance de par ses revenus de déménageur, il n'avait aucun ami et ses collègues le rudoyait au sujet de sa faible constitution et de sa maladresse génétique.
Bref. C'était un soir d'été, je marchais tranquillement dans Central Park, vivant ma monotone mais pas si nulle vie d'employé de bureau dans un quelconque journal New-Yorkais, ignorant tout de la fabuleuse quête qui m'attendait.
Puis je la vis, cette loque, à  moitié larmoyante, prostré sur un banc en train de pincer ses joues, yeux rivés vers le ciel sans étoiles. Il se ressaisit en me voyant et se détendit en frottant ses yeux de ses mains.
Quand je me suis arrêté devant lui, j'ai cru qu'il ferait un infarctus.

"Ca n'a pas l'air d'aller...
- Foutez moi la paix !
- Soit.
- Non, attendez, revenez ! Je... Je...
- Oui ?
- Aidez moi !"

Il me demanda tout d'abord de l'argent. Je lui dit d'enfoncer sa requête bien profond dans son c**.
Il pleurnicha à  nouveau et cette fois me demanda de lui parler.
Deux mois plus tard, cet homme venait tous les soirs dans mon appartement miteux me raconter ses journées pourries.
Puis un jour...

"J'en ai marre de ma vie...
- Et bien suicide toi.
- Quoi ?
- Oui. Si tu ton présent est de la merde et que tu sais que ton futur sera aussi de la merde, suicide toi. Rien que par amour-propre, met fin à  tes jours. Tu ne vas pas me dire que tu n'as plus subitement conscience d'être un déchet survivant grâce à  une famille qui le méprise, n'ayant aucun loisirs ni amis, et ayant un boulot qu'il déteste, et où il n'a pas d'avenir.
- M... Mais toi t'es mon ami ?
- Ah ouais ? Et depuis quand pauvre gars ? Je sais même pas pourquoi je supporte tes récits pathétiques pendant une heure, pourquoi je supporte que tu me pompe mes bières, et pourquoi tu m'appelle sans cesse quand je travaille.
- Mais... !
- Oh et puis j'en ai marre. Dégage ! Dégage ! Tu m'excuse, mais je préfère me divertir seul. Dé-gage !"

Il resta immobile trois secondes puis quitta mon trois-pièces en braillant son infortune. Depuis ma fenêtre je le vis se diriger vers une bande d'hispanos pour les frapper et les insulter. Ce fût rapide. Les trois offensés disparurent dans une ruelle tandis que le corps de mon looser gisait sur le trottoir, le cou tordu.

Et là  j'eût l'illumination ! J'ai trouvé un sens à  ma vie ! Raisonner autrui ! S'intéresser à  autrui ! Vive pour autrui ! Les soulager de leurs souffrances ! Voilà  ! Vive pour soi-même n'a aucun intérêt, je ferais de ma générosité un métier.
Je serais le médecin des existences gâchées, prêtes à  gâcher ou stupides.

Un coup sur les barreaux de ma geôle me fit sursauter. Je riais bruyamment sans m'en rendre compte.
Il valait mieux que je la ferme, ces gardiens étaient sans vergogne.

Aaah, doux souvenirs...

Oh... Ils ont éteint les lumières. Vivement demain.

_________________
Compte Lord FireFly

;-)


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