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Appartement 424.
Un jeune homme apparaît au seuil de la porte. Allure androgyne. Cheveux bruns mi-longs touchant délicatement la peau de son épaule découverte de tout vêtement comme l’ensemble de son torse. Yeux noirs reflétant ma propre image. Traits délicats. Dommage d’avoir à détruire une si belle chose.
_Bonjour, si dans trois secondes vous ne m’avez pas tué, je serais dans l’obligation de vous massacrer.
Durant le laps de temps qu’il possède pour me coller une balle entre les deux yeux ou me fracasser le nez jusqu’à ce que les petits os de ce dernier me pénètrent dans la cervelle, il se contente juste de me regarder. Abdiquant face à sa funeste destinée que ma main lui dicte en le poussant sans ménagement dans son appartement. Il ne dit rien. Je referme la porte tranquillement et il ne dit toujours rien.
Le silence de l’homme ne me surprend guère. Nombreux sont ceux qui cachent en eux cette envie d’en finir avec la vie, de détruire toute cette routine. Ils veulent se faire piquer et la seule chose qu’il manque c’est une aiguille volontaire. Moi, en somme. Et le moi que j’énonce avec fierté regarde un peu ce qui l’entoure. Le cadre de vie du futur macchabée. C’est crade, un véritable ghetto. Les murs sont recouverts d’un papier peint floqué représentant des petites fleurs rouges. Ou des taches de moisissures, selon l’endroit. La moquette est un truc à poil court de couleur gris foncé d’une laideur extrême. S’imaginer se râpant les coudes et les genoux là -dessus relève du bondage. L’ensemble du mobilier, pour ce qu’il y en a, semble tout aussi miteux. Comment un magnifique être de ce genre peut-il vivre dans une telle horreur? Est-ce là le sort réservé aux anges?
Il me fixe toujours sans aucune crainte. Ses yeux sont deux puits profonds dans lesquels on se plairait à plonger et à courir le long des parois. Il crie au fond de cet abîme. Il me demande de l’achever. Il me demande de le tuer. Votre demande a bien été transmise. VÅ“u exaucé.
Mes doigts caressent sa nuque. Mon visage se rapproche comme pour un baiser. Je sens son souffle haletant s’échappant de ses lèvres. Je perçois les pulsations de son sang battant à tout rompre. Son excitation et les frémissements qu’elle procure. Faire l’amour, tuer quelqu’un, c’est du pareil au même. Ma main glisse sur son derme parfait, le faisant frissonner d’un certain plaisir. Puis je m’agrippe à l’omoplate, véritable poignet naturelle. Comme les bourrelets que l’on utilise pour s’accrocher lors d’une bonne grosse pipe.
Et tout va très vite.
On se met à danser tout les deux, moi entraînant ma beauté qui reste toujours passif. Pied droit. Pied gauche. Assemblement du pied droit au pied gauche en laissant ce premier légèrement en arrière. Et de nouveau pied gauche. Ainsi commence le tango. Puis s’enchaîne une esquisse de valse. Et on tourne. Tourne, tourne, encore et encore… Nous nous cognons contre les murs, mes hanches heurtent le coin des meubles, et je dirige la danse d’une main tandis que l’autre s’applique à détruire le beau visage de mon coéquipier. Le nez se brise. Le sang gicle et à chacun de mes coups, je le propulse dans les airs pour qu’il puisse retomber autour de nous telle une pluie fine. Je jouis de chaque coup. Chaque craquement est une douceur infinie tout comme le contact exquis de mes phalanges contre sa chair.
Je le plaque contre le mur. Il est l’heure de terminer le travail. Mon genou pointu s’enfonce dans ses parties intimes, et même à ce moment son Å“il encore capable de rester ouvert me reflétait sa tranquillité. Il ne criait toujours pas. Si vous désirez une comparaison, faites la avec Kévin, vous savez, dans Sin City.
Je le refais encore tomber avant de l’entraîner au sol. Nous nous trouvons l’un sur l’autre comme deux amants rassasiés. Là , je tente de lui exploser la boîte crânienne sur le sol en l’empoignant par les cheveux. Échec. Bien que de nombreuses entailles fasse leur apparition sur son front, aucune lésion n’est mortelle. Moi, me retrouver le nez dans cette moquette suffirait à me tuer. Je le replace face à moi, lui colle mon poing dans les dents, faisant décrocher un de ses éclats d’os blancs nous servant à mâcher des aliments de sa gencive pour qu’elle puisse faire une descente dans sa gorge.
La trachée bouchée de mon compagnon n’émane plus ce souffle haletant qui m’avait caressé il y a peu mon visage. Non, cela était devenu un râle rauque semblant sortir de son cÅ“ur meurtri. Le souffle devient silence lorsque la petite télé même pas 16/9 probablement âgée d’une quinzaine d’années s’abat sur sa tête. L’écran noir faisant fonction de miroir, faisant vous confronter à vous-même avant que votre cervelle ne se fasse frire enfoncée dans la cathode ou un autre truc qui hante votre télévision. Tout se répand sur la moquette grise, la rendant plus laide qu’auparavant. Comme quoi, c’était possible…
Fin de l’aventure du 424. Fin de mon art si délicat.
L’avantage avec ce genre d’appartement, c’est qu’il est totalement isolé par une solide plaque de béton. Nul ne peut entendre ce qui se passe chez le voisin. Nul ne peut entendre vos séances de baise, votre émission de télé, ou bien votre crâne se faisant fracasser.
Appartement 425.
Je sonne et on m’ouvre.
_Bonjour, si dans trois secondes vous ne m’avez pas tué, je serais dans l’obligation de vous massacrer.
L’homme d’une quarantaine d’année vêtu d’un marcel blanc moulant son ventre volumineux court directement dans son salon. Je compte à voix haute en lui emboîtant le pas.
_1.
Il pénètre en trombe dans le salon et se précipite vers son buffet.
_2.
Il s’escrime contre la clé permettant d’ouvrir ce meuble en châtaignier véritable, héritage de famille.
_3.
Je pousse alors en cri suraigu et alors que ma victime sort juste un pistolet Beretta tout ce qu’il y a de plus classique de son buffet. Je fonds sur lui avant qu’il ne puisse me braquer et mes doigts se referment le long de sa nuque. Lui écrasant le gosier. Et tout ce temps passé en salle de musculation a finalement de l’effet. Tous les stéroïdes que j’ai avalés trouve une utilité lorsqu’un craquement s’élève au niveau des cervicales. Mort, la nuque brisée par la seule force de mes paluches. Je ne me doutais pas d’avoir acquis une telle puissance.
Appartement 426.
La voix éraillé d’une femme me hurle à travers la porte que non, elle ne m’achèterait pas les aspirateurs que je propose ou que si je suis un témoin de Jéhovah, que j’aille me faire voir ailleurs. Elle n’ouvrira pas, quoique je lui dise. Je ne trouve alors rien d’autre à faire que d’appliquer le canon de l’arme empruntée au locataire d’en face contre la cloison en bois et d’appuyer sur la détente. Au bout de trois détonations à vous déchirer les tympans, un trou épais apparaît me laissant apercevoir la femme vêtue d’une robe affreusement affreuse gisant au sol, le torse troué à au moins deux endroits différents. Elle gigote encore un peu et marmonne quelque chose. Si je tendais l’oreille, j’aurais compris, que non, elle refusait d’acheter ce modèle. Personnellement je la comprends, j’aurais pris avec option silencieux si j’étais elle.
_Qu’est ce que vous foutez.?
Je me retourne et pan, le petit obus de 9mm transperce le cerveau de mon interlocuteur de part en part.
Cela lui apprendra à dire des conneries. Qu’est-ce que je fous? Bah je fais une tarte aux pommes, ça se voit pas?
Tout le monde se met soudainement à sortir. Comme si une alerte incendie s’était déclenché. Ils hurlent en me voyant, sont surpris, ont peur, s’en foutent et retournent se taper leurs putes… Bref, je fais face à un flot de réactions diverses. Certains doivent appeler la police. Moi, pendant ce temps là , canarde à tout va dans la foule. Une vieille femme se retrouve avec deux balles dans le torse, un gamin a une oreille tranchée… Je vous présente la chirurgie plastique, exécutée à ma façon. Et je décharge mon arme. Le percuteur frappe le vide, n’entraîne plus une de ces détonations assourdissantes. Triste de la perte de ce joujou et estimant avoir accompli le maximum de ce que je pouvais je jette le pistolet et me mets à courir en hurlant de tous mes poumons.
Mon corps passe par la fenêtre et c’est en position du saut de l’ange que je fais mon vol plané du quatrième étage. Je rencontre la mort sur une belle surface bitumée. En gros, ma tête essayant de rentrer dans le sol comme une autruche, se retrouve réduite en compote tandis que ma nuque et toute ma colonne vertébrale se plie comme un accordéon provoquant là encore de sinistres craquements. Paraît que mes dents étaient incrustées dans mon sternum sous la violence de l’impact…
Je sais, cette histoire ne sert à rien, n’a aucun but précis, mais elle existe. Ce que l’on peut dire c’est que le saut et sa cause sont étroitement liés pour former ma personne. C’est un résumé de ce que je suis réellement…
_________________ J'avais envie de tout salir d'une fumée bien noire...
Dernière édition par Soulblighter le 24 Oct 2005, 14:10, édité 1 fois.
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