Eltanin

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MessagePublié: 05 Mai 2006, 16:59 
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Gabriel entendit des pas derrière lui. Ils venaient de l'entrée, l'entrée de l'église, d'où émanait la lumière du jour, aveuglante, cette lumière... Lumière... Il n'y avait plus que lumière. Un lumière, dans laquelle, un homme, une silhouette mince et grande se contrastait, pour finalement former un visage fin, élégant, hautain, fagoté d'habits nobles, et de collerettes. Il faisait claquer ses gants, qui semblaient être fait d'un matériel élastique.

L'homme marchait en décrivant des cercles autour du choeur, observant Gabriel, ou plutôt la loque qui allait bientôt lui servir à  "poser son cul", comme disaient les Comois. Car le héron était de ces personnes qui ne se contentent pas de sièges en bois. Ce dernier sortit un cure-ongle, de sa poche droite, qu'il fit tourner entre ses mains squelettiques.

- Pom-Pom-Pom...

Gabriel trouvait cet homme énervant. Il grogna, car c'était le mieux qu'il pouvait faire. Il allait crever, né comme un sous-déchet, mort comme un sous-déchet. Il allait mourir, oui, et cet homme, qui lui tournait autour de lui, il le narguait. Car cet homme allait l'empêcher de mourir en paix, comme on dit.

- Pom-Pom-Pom..., murmura le héron en jetant dédaigneusement la crasse de ses ongles par terre.

Gabriel grogna, plus fort, plus menaçant. Il grogna de Grogner. C'était ainsi ; Il aurait pu mourir en Victime innocente, martyre, mais il n'en était pas ainsi, il avait l'impression que plus cet homme le regardait, plus il devenait comme les vagabonds saouls, qui agonisent en silence sur les chemins, comme des loques.

- Pom-Pom-Pom...

Il allait mourir comme un clodo. Après tout, c'était comme ça que mouraient les paysans, non ? Mais on ne la fait pas au Gabriel.
On aurait pu croire qu'il grognait, mais ceci ressemblait plus à  des mots, cette fois.

- Qui t'es pour me faire ça... T'es qui ? ... Ré... ponds ! T'as pas le droit de me regarder mourir ... mourir comme une merde. Qui t'es...

- Pom-Pom-Pom...

Mais on ne la fait pas à  un paysan, un vrai de vrai, surtout pas à  Gabriel.

- Je peux pas... je peux pas ! Gabriel se mit à  sangloter. Je peux pas mourir comme ça ! ... ha... ha...Hahaha... Hahahaha...

Et d'un mouvement, il arracha la nappe de l'autel, fermement, renversant le vin, tachant le drap de son sang, faisant éclater les Ostie et les verres, et jeta le drap sur le Héron, qui n'eut pas le temps de reculer. Ce dernier, pris au piège par ce filet, tomba à  la renverse, avec un grand manque de classe, dans lequel il fit tomber son cure-ongle, que Gabriel attrapa, à  la volée, On ne la fait pas à  Gabriel, pensa-t-il. Et il se jeta sur le héron, enveloppé du drap, qui restait immobile, calme. Comme mort.

Gabriel posa le cure-ongle sous le menton du Héron et lui dit de toutes ses forces :

- T'as un truc à  dire avant de crever ? Il haletait.

- Pom-Pom-Pom...


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MessagePublié: 11 Mai 2006, 23:50 
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La créature risqua le tout pour le tout .... Elle plongea, attrapa le gamin, lui mit la main sur la bouche et se lança dans le fourré. Elle avait fait du bruit mais elle espéra que celui ci avait été couvert par celui des chevaux.

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MessagePublié: 13 Mai 2006, 05:18 
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Pamplemousse Panchromatique
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Le tête-à -tête entre Gabriel et le héron fut écourté par un bruit sec provenant des confins de la nef. Tournant la tête, l'enfant vit un homme qui décrochait le grand crucifix de cérémonie.
La contenance du héron fut légèrement affectée par ce spectacle, mais cela ne se perçut qu'à  quelques cillements quand la lourde croix de bois percuta le sol avant d'être entraînée par la main du nouvel arrivant. Avec un sourire d'excuse, Joseph Roussin cala l'arme improvisée contre son épaule.
- L'amour est enfant de Bohème, chantonna-t-il, il n'a jamais, jamais connu de loi...
Laissant là  le héron, Gabriel se précipita vers les portes de l'église.
- Si tu ne m'aimes pas, je t'aime...
Verrouillées.
- Mais si je t'aime, prends garde à  toi... souffla Joseph en abattant la croix.
Gabriel martela vainement les poignées. Les portes étaient ouvertes un instant plus tôt ! Quand cet être aristocratique, devenu l'enclume d'un marteau d'un nouveau genre, avait fait son entrée, il ne les avait pas fermées. Etait-ce le tueur qui s'en était chargé ? Il l'aurait quand même remarqué, oui ? Personne ne pouvait être discret à  ce point. Il avait l'impression que tout cela n'était qu'un jeu, une distraction cruelle dont il ignorait les règles.
Joseph cessa de frapper le héron. A cette distance, Gabriel ne voyait pas si le grand homme était assommé, étourdi ou fracassé et ensanglanté. Le tueur, sans se préoccuper de l'état de sa victime, qui avait peut-être essayé de se défendre ou avait peut-être conservé cette étrange passivité, coinça à  nouveau le crucifix géant sur son épaule.
- L'oiseau que tu croyais surprendre...
Etalant tous ses talents de contralto, Joseph chargea.
- ... battit des ailes et s'envola...
Gabriel, saisi par la vitesse de l'agression, ne plongea sur le côté qu'au dernier moment. Il évita de peu le premier coup de croix. Il essaya de se relever, mais c'était trop tard : la seconde frappe l'atteignit à  la jambe.
- L'amour est loin, tu peux l'attendre...
Le craquement s'était confondu avec le coup sourd, mais quand Joseph releva la croix, elle était tachée de sang. Un tibia en morceaux, l'enfant donna un vain coup de pied.
- Tu ne l'attends plus, il est là ...
La troisième attaque de Joseph aurait dû porter sur la tête, mais un soubresaut de sa cible n'exposa que l'épaule. Une étoile de souffrance éclata, irradia dans la poitrine de Gabriel, et alors qu'il tentait d'attraper le crucifix qui repartait déjà  en hauteur, il s'aperçut qu'il ne pouvait bouger le bras droit.
- Tout autour de toi, vite, vite...
De nouveaux coups eurent raison des côtes de l'enfant ; il cracha le sang et sa bave rougeâtre fut plaquée sur son visage par un nouveau coup qui l'envoya ad patres.
- Il s'en va puis il revient...
Il respirait encore.
- Tu crois le tenir, il t'évite...
Le sourire de Joseph s'élargit, ses yeux pétillèrent comme ceux d'un Père Noël et sa chanson s'emplit d'une joie simple :
- Tu crois l'éviter, il te tient.

L'arrivée du commissaire Adrien fut plus tard qualifiée de miracle dans les potins du village. D'après l'état de l'enfant, plongé dans un coma léger, il n'aurait pas survécu à  des voies de fait supplémentaires, mais il n'y avait nul besoin d'être médecin pour le savoir. Nombreux avaient été les Cômois à  voir le petit corps ensanglanté, les dents qui manquaient, les ecchymoses fleurissant.
Ce soir-là , Sainte-Côme de Franche-Comté connut le premier lynchage de son histoire. D'après une rumeur, l'une de ces rumeurs qui deviennent légende, Joseph avait clamé qu'il reviendrait de la tombe pour manger toujours plus d'enfants. La rumeur avait raison, mais ce qu'elle ne disait pas, c'est que personne n'avait été surpris des derniers mots du tueur en série. Que serait Joseph Roussin s'il ne fournissait pas à  la communauté un sujet de hantise supplémentaire même par son trépas ? De plus, les villageois supposaient vaguement que tel était l'usage parmi les psychopathes.

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MessagePublié: 13 Mai 2006, 09:42 
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Le Héron était déconcerté par ce manque total de classe. L'Ibis allait le lui reprocher, certainement. Parce que l'Ibis, c'était un homme grand, ténébreux, musclé, très certainement, mais ses amples habits ne le laissait que deviner, et d'un charisme sans égal. Il venait d'Egypte, et possédait les yeux typiques de l'Egypte antique, que l'on voit dans les tombe. Un peu fin, bridé, comme les asiatiques, mais pas assez pour qu'il le sois, la pupille bleue sombre. Son nez aussi, grand, donnait un air sérieux, sans qu'il devienne une patate. Bref, il ressemblait plus à  un pharaon qu'au gens du Maghreb, pourtant, sa région d'origine.
Le plus envoûtant dans cet être c'est qu'il avait des gestes de doigts, des claquements qui en imposaient.

Le héron, on l'aurait qualifié d'homme de main, à  coté de l'Ibis. Ils appartenaient tous à  l'Organisation, dans le temps. Maintenant dissoute, ils continuaient leurs sombres desseins.
Bien qu'il n'y ait pas de chef et de rang, l'Ibis imposait son charisme et sa volonté comme le leader. Tout le monde tuerait si c'était lui qui l'ordonnait. Lui et le Héron avaient des objectifs communs : Vaincre le malaise.

Le Héron sortit en brisant une fenêtre dans l'arrière de l'église d'un coup de canne. Il sauta, atterri sur ses jambes, qui, bien que frêles paraissaient, étaient souples et rapides, ajusta son costume, sa veste, sa fraise ébouriffée, et se dirigea vers l'armurerie.

"On ne peut faire confiance à  personne pour amener un beau bordel" disait l'Ibis, et le Héron ajouta pour lui-même :"... encore moins au psychotrucs...". Ouaip, faut faire tout soi-même ici.

En ressortant de l'armurerie avec un fleuret et un revolver tout neufs, il se dirigea vers l'école. Personne n'aurait soupçonné quelqu'un fagoté de cette manière d'avoir de mauvaises intentions en tenant un fleuret à  la ceinture. Maintenant, il allait apprendre au Cômois de quoi il était capable.
Il y avait dans les ruelles un clochard, un vieux clochard. Le héron lui passa froidement l'épée au travers du corps et le dissimula dans les ordures. Une besogne facile, à  condition de ne pas être surpris.

Il lui fallait maintenant le dernier ingrédient, un enfant de noble. On en trouvait près de l'école, en général, et ces sales gamins poussaient sur les arbres comme les cerises. C'était simple, ce plan. Il fallait juste tuer un enfant pour attiser la haine de son paternel, et que cela dégénère, grâce à  la sauce "Chaos" du héron.

Il trouva, après une demi-heure de recherche un enfant. Un peu ronds, mais bien beau et bien riche, auquel il tendit des bonbons, pour l'attirer dans les sombres ruelles. Et la besogne s'accomplit rapidement. Il prit d'abord 'enfant par le cou, et l'étrangla avec ue force insoupçonnée. Il mit le corps par terre, fit en sorte qu'il ait l'air dépouillé, disposant les pièces de la bourse du garçon devant lui. Il disposa le cadavre du clochard près du gamin, et cria de toutes ses forces "Assassin ! Q'est-ce que tu as fait ! Hiaaa, prends ça, bâtard ! Immondice !" (Car le Héron était bon acteur) et il donna des coups fait pour résonner dans la chaire du clochard, qu'il transperça avec son arme, l'empalant sur le fleuret, qu'il planta dans un volet. Il prit du recul et admira la scène quelques secondes. C'était si réaliste. Maintenant, il s'agenouilla près du garçon et cria des injures, des "Mon dieu". Les badauds arrivèrent, alertés par les cris et les coups.

- C'est horrible, un enfant.... Les gens s'en prennent à  n'importe qui pour un peu d'argent... et je n'ai rien pus faire pour ce pauvre gosse. J'ai juste pus rendre justice à  l'assassin.... c'est vraiment horrible, murmura le héron en versant quelques larmes.

A ce moment, là , personne ne doutait que le Héron était un noble solitaire, justicier tragique. A ce moment là , du moins, parce qu'on ne la faisait pas comme ça à  Angelus, l'inspecteur Manfred Angelus.


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MessagePublié: 13 Mai 2006, 21:35 
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Un groupe de cavalier s' avançait sur le chemin .....

" Capitaine, j' ai cru voir une ombre ? "

" Moi aussi ! " " Moi aussi ! "

Le gamin se débattait en vain sous la poigne de la créateure .....

" Sans doute un de ces abrutis qui s'est réfugié là  pour mourrir ! "

" Aucun n' était censé pouvoir sortir du village "

" Sergent, prenez une escouade et allez fouiller le secteur ! Si vous trouvez un survivant, vous l' achevez, si vous trouvez des traces, vous les suivez et vous me faites prévenir ! "

Avi s' immobilisa soudainement ..... La créature affermit sa prise, se retourna et décolla en maintenant son corps entre le gamin et ses poursuivants.....

" Eh capitaine, un bouc volant ! " " Il a l' air chargé ! " " A mon avis, le survivant n' en a pas pour longtemps ! "

" Prenez vos arcs ! "

Des flèches sifflèrent mais la végétation gênait les tireurs autant que la créature sinon plus ...... Les soldats se déployaient. Des sons de trompe retentirent et il leur fut répondu ....... La créature obliqua et tenta de sortir du cercle dont elle devinait l' existence et dont le village était au centre.

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MessagePublié: 19 Mai 2006, 19:28 
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Pamplemousse Panchromatique
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Comme tous les bons sorciers, celui-ci avait une tour. A partir d'un certain âge, la connaissance mystique du monde devenait assez risquée pour que l'on s'isole, pas tant à  cause des forces indicibles d'entités cosmiques tâtonnant aveuglément à  la lisière de la réalité que du risque, plus prosaïque, d'être brûlé en place publique. Les gens étaient fort prompts à  condamner ce qu'ils ne pouvaient comprendre et la tour, si elle était associée à  tout un folklore de villageois en colère brandissant de grandes torches pour aller consumer l'odieux blasphémateur de toutes les lois divines, offrait du moins un refuge agréable. De plus, ce sorcier étaient de ceux qui prolongeaient leur existence à  coups d'artifices subtils, et les hommes de l'époque, atteignant rarement les soixante-dix ans, auraient eu bien du mal à  accepter un centenaire fringant.
Du haut de sa tour, le vieil homme observait les alentours. Il s'écoula des jours avant qu'il ne vît reparaître la silhouette ailée qu'il avait envoyée.

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MessagePublié: 21 Mai 2006, 14:50 
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Celle ci était lourdement chargée et peinait visiblement .

Quand elle atterrit, elle semblait épuisée et Avi terrorisé.

"Qu'a-tu fait à  ce gamin ? "

" Comme il protestait et voulait rejoindre des soldats rencontrés en chemin, j' ai menaçé de le manger s' il me créait le moindre ennui . "

" Parfait, Allez, viens Mikhaël, j' ai besoin de toi . Tout va s' arranger. "

" Je ne m' appelle pas Mikhaël, je m' appelle Avi. "

" Qu' est-ce que c' est que cette histoire ? "

" Ben oui! Je m' appelle Avi. J' habite le village des gués. "

" Triple buse, je t' avais dit Mikaël, au village des fées ! "

" Pas du tout ! Vous m' aviez dit un gamin poursuivi, à  proximité d' un village attaqué par des soldats et poursuivi. Vous m' aviez dit que votre sort m' emmenerait directement au gamin ! J' ai rempli ma mission, vous devez me libérer. "

" Il n' en est pas question ! Tu t' es trompé de village et de gamin. Tu es encore lié par mon sort de conjuration : Vérifie !"

La vérification dut être probante car la créature s' enferma dans un silence boudeur.

Le sorcier avait sonné une cloche et une créature féminine, dotée de tous les appâts nécessaires, arriva au sommet de la tour. Elle s' inclina.

" Emmène ce gamin, fais-le se laver, nourris-le et ne lui fais pas de mal "

La " femme " s' inclina.

Le sorcier s' adressa à  Avi : " En attendant de trouver quoi faire de toi, je t' offre mon hospitalité. Ne te laisse pas tromper. Aucun des serviteurs ici présent n' est humain et ils sont incorruptibles. Ne dis rien, je te verrai plus tard."

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MessagePublié: 24 Mai 2006, 09:09 
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Pamplemousse Panchromatique
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La soirée avait été baignée d'un courant de folie, et la nuit ne s'annonçait pas meilleure. Le commissaire Adrien avait fort à  faire avec les divers actes de violence éclatant un peu partout dans la ville ; manifestement, les derniers exploits du Boucher avaient mis le feu aux poudres. Il courait de maison en maison, tout comme ses hommes... il avait entendu parler de la Nuit des Etrangleurs Bleus, un instant démentiel de la grande cité d'Icelui, et il savait combien, de fil en aiguille, une situation pouvait dégénérer.
En traversant la place centrale de Sainte-Côme de Franche-Comté avec ses deux meilleurs agents, ses deux seuls agents, en fait, il déboula au beau milieu d'une rixe qui avait éclaté entre la populace impatiente de lyncher le Boucher et des parents éloignés de la lignée Roussin. Adrien fut écoeuré ; certains gardaient-ils encore le souvenir des pâtés à  l'enfant préparés par Joseph ? Et les bonnes côtelettes de son heureux frère Gabriel Roussin, dont les deux monstres s'étaient à  peine donné la peine de dissimuler l'appartenance à  des cages thoraciques humaines ?
Comment qui que ce soit pouvait-il défendre le Boucher ?
Il demanda à  Timothée d'apaiser les bagarres sur la place, et il partit avec son autre agent juste à  temps pour entendre le grincement de la cravate de chanvre. Il imagina le corps du Boucher commençant à  se balancer, ses yeux écarquillés, sa langue violacée, et, pour faire taire le moteur emballé de son imagination, il accéléra l'allure.
Une scène de ménage éclatait chez les Delacombe. Cette fois, les enfants (plutôt des adolescents) de la famille avaient décidé d'y participer, malgré l'évidence que leur mère était capable de se défendre seule. Déjà  la jeune fille de la famille était à  terre, le crâne frappé par une assiette de verre.
- Regarde ce que tu as fait ! hurla madame Delacombe.
- C'est toi qui lançais la vaisselle, pouffiasse ! rugit son fier mari.
Le couple s'empoigna et quand les policiers défoncèrent la porte, les enfants s'en étaient mêlés.
- Putain, mais qu'est-ce qu'ils ont tous, ce soir ? s'enquit le commissaire en balançant un coup de pied sommaire au seul adolescent qui brandissait un couteau.
Radjevique ne répondit que par un grognement et ceintura la mère, le père restant sur le carreau.
- Je le répète, la loi interdit de faire justice soi-même ! s'exclama le commissaire Adrien. Vous trahissez votre roi en...
Il fut coupé par des cris au-dehors, dans le lointain. Il ouvrit la fenêtre de la salle à  manger des Delacombe pour mieux les distinguer.
- ... ce que tu as fait ! Hiaaa, prends ça...
- Et merde, marmonna Adrien...
- ... bâtard ! Immondice ! poursuivaient les hurlements.
- ... tout part en couille. Radjevique, reste là  et calme-moi cette famille. Embarque-les au poste, même, ils m'ont pas l'air en état de passer la nuit ici. Et appelle l'hôpital pour monsieur Delacombe et mademoiselle.
- Elle va très bien ! s'exclama madame Delacombe. Je m'en vais la soigner !
- Je doute que tous ces bleus soient dus à  la dernière engueulade, madame, alors même si elle avait eu un étourdissement, des médecins vont l'examiner.
Sur ces mots, le commissaire Adrien sauta par la fenêtre. Action qui aurait été plus impressionnante s'il l'avait faite gracieusement, avec un corps moins gras, et pas du rez-de-chaussée de la maison Delacombe. Mais quand il retomba sur ses pieds, il se sentait rajeuni de vingt ans.
Oui, il aurait pu rester au commissariat et attendre que les problèmes se résolvent d'eux-mêmes. Mais il avait trop souvent imité l'autruche, ces dix dernières années ; s'il s'était engagé comme policier, c'était pour résoudre les problèmes des gens, pas pour laisser les choses dégénérer.
Les voix lointaines le guidèrent dans les rues les plus délabrées de Sainte-Côme. Un sourd pressentiment grandit, le sang battant à  ses tempes.
- Mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi ? Salaud, ordure, enflure...
La voix lointaine acheva de lancer des noms d'oiseaux bien avant qu'il n'arrive sur les lieux.
Le commissaire Adrien déboucha dans un coin de rue où les affiches de la dernière taxe royale, une quinzaine d'années auparavant, étaient encore placardées. Il y avait le cadavre d'un clochard, celui d'un enfant également, et des gens qui murmuraient.
- Qu'est-ce qui se passe ici ?
- Un meurtre abominable, fit un jeune homme qu'Adrien connaissait comme un peintre sans le sou. Ce connard a étranglé le gosse pour le violer... je crois que c'est le fils du seigneur d'Archibel.
- Et merde. Et c'est moi qui vais devoir apporter la nouvelle...
- Ce ne sera pas nécessaire, commissaire. Le gentilhomme qui a pourfendu l'assassin est allé prévenir son père.
- J'espère qu'il est diplomate... une telle nouvelle mérite d'être annoncée avec tact !


- Vous ne pouvez pas savoir combien je m'en veux, c'est horrible, j'ai la sensation qu'un grand gouffre s'est ouvert à  l'intérieur de mon âme quand je l'ai vu, votre merveilleux enfant aux boucles angéliques, que j'ai remarqué ses yeux se révulser, que j'ai compris la situation, que j'ai su que j'arrivais trop tard... je n'avais jamais vu la mort avant, vous savez, j'ai grandi et évolué dans un milieu favorisé. J'ignore ce qui m'a pris, avant même que le meurtrier ne laisse retomber le triste fruit de son forfait, je me suis précipité vers lui pour planter mon fleuret du plus rageur des gestes, avec un cri de bête. J'ai vérifié le pouls, puis je me suis effondré, le chagrin m'emportant comme une trombe grisâtre, j'entendais presque le bruit des vagues provenant de la mer ravagée de mon âme.
Rabel d'Archibel ne versait pas autant de larmes que le Héron, mais ce dernier savait qu'il était dévasté. Il n'en avait pas cru sa chance quand il s'était renseigné sur le géniteur de sa victime : un descendant des ducs de jadis, encore lié au régime monarchique, qui n'avait qu'un unique héritier, devenu trop âgé pour procréer. De son geste, le Héron avait anéanti ce qui restait de la lignée.
D'Archibel était vieux, sans guère de serviteurs, mis à  part une garnison bien entraînée, tenue par des traditions martiales vieilles de la guerre de 60. Il avait eu tout le temps de se renfermer sur lui-même, de renforcer ses idées paranoïaques, une conception effrayante du monde, et de haïr les circonstances. Un vieux veuf aigri dans des habits dorés.
Le Héron lui parla longtemps des révoltes qui couvaient, des traîtres qui grondaient comme des braises sous les cendres de l'ingratitude sociale, des assassinats imaginaires d'autres enfants nobles, de conspiration, des roturiers, de la lie de l'humanité qui ne cherchait qu'à  se venger de sa mauvaise fortune et à  satisfaire de bas instincts innés. Il entretint Rabel d'Archibel de ces sujets jusqu'à  ce que le dignitaire lance ses soldats dans les rues agitées de Sainte-Côme de Franche-Comté.

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MessagePublié: 24 Mai 2006, 21:34 
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Le sorcier n' était pas tres heureux d' être dérangé par ce gamin dont il ne savait que faire. Au fond de lui même, il savait que la créature avait raison. Il aurait voulu sauver la peau de l' autre gamin mais c'était raté.

L' adversaire avait marqué un point, non, il n' avait rien marqué puisqu' il n' avait pas non plus récupéré l' enfant. Pour s apart, il avait soustrait sa proie au taureau,et si ce n' était pas la bonne, il n' en était pas responsable.

Pour sa part, Avi tentait en vain de se rendre utile et s' ennuyait. Le sorcier disposait de suffisament de serviteurs et mêm de plus qu' il n'en fallait.

Certains avaient pris le gamin en amitié et avaient commencé, qui à  lui raconter des contes et légendes de son pays, qui à  lui apprendre des tours, qui à  se faire aider .......

Un jour, le sorcier qui avait plus ou moins oublié sa présence le croisa sur son chemin, fronça les sourcils et l' interpella : " Qui t' as dit d'épousseter ces livres " "personne monsieur , mais ils sont si beaux " " Si tu veux tu peux lire ceux de cette section, pas les autres, ce serait dangereux. "

Avi rougit jusqu' aux oreilles .... " Tu ne sais pas lire ? " " Il faut y remédier ! "

" Au fait ... . "

Ce fut la fin des vacances pour Avi. Des tuteurs lui furent donnés et il dut se discipliner .

Le sorcier guettait, il ne savait quoi ..... Il avait le sentiment qu' en détruisant le village un des joueurs avait commis une erreur et qu' il pourrait en tirer parti .

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MessagePublié: 07 Juin 2006, 13:40 
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Pamplemousse Panchromatique
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- Il ne survivra pas, dit le médecin.
La mère éplorée lui jeta un regard.
- Du moins s'il reste là .
Le brancard de l'enfant fut donc chargé en catastrophe dans une camionnette ; le médecin et la mère, ensemble, quittèrent Sainte-Côme de Franche-Comté, emmenant avec eux Gabriel, le plus vite possible, droit vers la capitale.
Le commissaire Adrien fut le seul mortel à  voir le véhicule quitter la place, et très vite, son attention se reporta sur la garnison d'hommes en costumes pimpants qui se déversait dans les rues. Chacun de ces soldats portait une baïonnette au bout d'un bras noyé dans les replis bouffants de l'uniforme tissé aux couleurs D'Archibel.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-il au guerrier le plus proche.
- Nous venons étouffer la rébellion vulgaire !
- Quelle rébellion ? Dois-je comprendre que le seigneur D'Archibel, loué soit son nom, a perdu toute notion des...
La fin de sa tirade fut masquée par le bruit d'une explosion. L'éclair aveugla Adrien un bref moment, assez pour que le soldat qu'il interrogeait disparaisse au cri de : "Explosifs !".
Le massacre commença, les citoyens qui avaient le malheur de courir dans la mauvaise direction furent abattus à  l'arme blanche par la garnison. Le commissaire Adrien gémit et tira un coup de semonce.
- Arrêtez !
Personne ne l'entendit, nul être ne l'écouta, la confusion s'accrut. Il vit des projectiles divers, bancs, pavés, voler dans l'air, dans la fumée noire qui s'accumulait ; quelque part, des bâtiments flambait. Dans le lointain, il y eut d'autres bruits d'explosion.
- Pas croyable tout ce que l'on peut faire avec quelques petites bombes, hein ?
Adrien se retourna ; il n'y avait personne. Il aurait juré que c'était la voix du Héron. Il assembla enfin les pièces du puzzle ; le triste individu n'avait fait que leur inventer une révolution, et c'était lui, bien sûr, qui avait créé le drame de l'enfant noble, pas d'une manière si différente de celle dont il avait lancé le Boucher sur le premier garçon. Les esprits échauffés déchaînaient les tensions toujours sous-jacentes dans les petits villages.
Impossible d'arrêter ça. Il devait se mettre à  couvert ou mourir avec les autres.
Le commissaire se précipita dans les ruelles, se taxant de lâcheté, mais ne cessant pas de courir pour autant. Il y avait tant à  faire, tant de gens que l'on pouvait faire sortir de Sainte-Côme, sans parler du seigneur D'Archibel qu'il pouvait contacter pour faire cesser la chose. Mais voilà , il risquait de perdre sa propre existence dans l'effort et n'était même pas sûr d'améliorer quoi que ce soit.
Sa course s'interrompit face à  un mur de flammes. Il était coincé, c'était là  l'un des foyers de l'incendie qui s'étendait. Et un instant, il crut que la grande silhouette qu'il voyait là  marchait dans la géhenne, lui tournant le dos. Quand elle se retourna, un bref instant, il reprit ses esprits : personne ne pouvait survivre à  une chaleur pareille, elle était au-delà  de la barrière de feu. De même, ce qu'il avait pris pour un sabre d'une longueur démesurée n'était jamais qu'une tige de métal courbée, pliée, dépassant des ruines calcinées d'un domicile funèbre, et les cheveux du Héron n'étaient pas argentés, juste saupoudrés de cendres.
L'homme ne fit pas volte-face entièrement, il se contenta de pivoter un brin, de tourner la tête vers lui, et de lui sourire, avant de s'éloigner au-delà  des grandes flammes.
Adrien se jura d'anéantir cet être, et ce fut là  sa dernière parole claire, car une balle perdue le toucha en plein torse. Il alla rouler à  terre ; son agonie fut longue, il eut tout le loisir d'observer la dernière nuit de Sainte-Côme de Franche-Comté.
Jusqu'à  la fin, il tenta de penser à  la camionnette qui roulait loin de la ville, mais au final, il ne songea plus qu'aux filles qu'il avait aimé, et la fournaise se referma sur lui.









- Ca fait trois années, Rennemaille.
Le sorcier parvint à  dissimuler son irritation. A nouveau, ses confrères lui reprochaient son inefficacité, alors qu'il n'avait aucune part dans cet échec passé.
- Trois années que Mikhael a disparu, reprit un autre visage de lumière. Probablement capturé par nos ennemis. Rafael a péri au cours d'une bataille, nous avons réussi à  ramener Uriel... seul le sort de Gabriel demeure incertain. Notre agent en Franche-Comté a péri dans un... accident, et la ville d'accueil de l'élu a disparu dans un incendie, résultat d'un conflit incroyable.
- Gabriel a sans doute été récupéré par les cervelles d'oiseaux, fit Rennemaille.
Les six têtes de lumière douce se hochèrent en coeur autour de lui, sans qu'aucun corps ne les soutienne. Le sorcier songea à  l'effet que devait produire son propre crâne, projeté en version illusoire dans les tours de ses confrères. Ses rares et longs cheveux, devenus spectraux, ressemblaient-ils à  des filaments de feu céleste ? Ses yeux étincelaient-ils autant que ceux des autres mages ?
- Je vous l'ai déjà  dit, reprit Rennemaille. Je ne suis pas responsable de cette méprise. La créature que j'ai invoqué a mal compris ses objectifs, tout cela n'est qu'un malentendu.
- Un malentendu qui nous a coûté un élu ! clama l'une des têtes. Vous auriez dû y aller en personne... c'est ce que les mages de Varsovie ont fait !
- Le village des fées était diablement loin, et je n'ai eu aucun soutien ! Une équipe entière de sorciers surentraînés, avec des combinaisons de combat, il est certain que ça n'a pas peur de se rendre dans le feu de l'action... mais pour ma part, je suis un érudit et pas un combattant.
- Et votre protégé, Rennemaille ?
- On s'occupe de lui, répliqua le sorcier. Un jour, je lui expliquerai sa destinée.
- Il n'a aucune destinée ! rugirent les têtes ignées en choeur. Cet enfant n'a pas la moindre importance, pas l'ombre d'une aura particulière, aussi dérisoire par rapport aux élus, ou même aux oiseaux, qu'une crevette face à  un grand démon !
- Nous verrons. Il a autant le droit qu'un autre de savoir qui a détruit son village, ses amis, sa famille. Il a le droit d'essayer de se venger, même sans y arriver. J'aimerais que vous cessiez de me seriner que mon protégé n'a aucune importance, que j'ai échoué à  sauver Mikhael, que nous ne disposons que d'un élu sur quatre. Tenez-moi au courant, plutôt, de la croissance de ce fameux Uriel, notre carte maîtresse, qui aura à  affronter deux de ses pareils si les oiseaux se sont montrés moitié aussi habiles que nous le pensons. Les échecs du passé n'ont aujourd'hui que peu d'importance.

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MessagePublié: 08 Juin 2006, 23:08 
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Inscription : 18 Déc 2005, 23:29
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Si Rennemaille et ses amis avaient assisté à  une autre scène qui se déroulait à  quelques milliers de kilomètres de là , ils en auraient été réconfortés.

Le décor était sinistre à  souhait, un peu grand guignolesque avec des symboles ésotériques aux murs et sur le sol d’une cave obscure et humide, mal éclairée par des torches insuffisantes en nombre. La plupart des participants n’étaient pas présents physiquement.

Un homme grand, mince, s’exprimait :

« Numéro I n’a toujours pas digéré l’échec de l’opération de Saint Cosme… La conjoncture est enfin favorable. Numéro VI rappellera peut être les détails de l’opération et de son échec à  l’ensemble des participants. Certains nouveaux parmi nous ne les connaissent pas. »

Numéro VI se leva : « C’est simple : Mikhael est entre les mains de l’ennemi, Gabriel est hors de notre portée, le seul point positif est la mort de Raphaël. »

Numéro IV, une voix féminine ajouta : « Et suite à  l’échec de Varsovie, l’ennemi a déjà  Uriel. »

Un souffle passa dans l’assistance.

Numéro VI reprit la parole : « Et pourtant, j’avais conjuré un démon, mis le Héron sur le coup, notre meilleur agent. …… »

Numéro II intervint de nouveau : « Numéro I a décidé de terminer l’opération Gabriel. Si l’ennemi s’en empare, il aura marqué un point important ! Numéro VI vous avez une dernière chance et le Héron aussi.»

Celui-ci apparut. Il avait perdu sa superbe et attendait humblement.

Numéro II l’interpella : « Vos trois années de pénitence vous ont-elles suffi ? Vous allez avoir une chance et une seule de vous réhabiliter : terminer l’opération Gabriel ! , sous la supervision de numéro VI !

Mais le but n' est plus de le tuer. Compte tenu de l' évolution de la situation, nous voulons l' amener à  collaborer avec nous. Refrenez vos instincts sanguinaires ! »

Le héron frissonna…

La réunion était en fait terminée.

Pendant ce temps Avi grandissait en âge, en science et en habileté. Il aurait bientôt 14 ans. Il s’était pris d’amitié pour les différents serviteurs de la tour et avait appris à  en connaître els moindres recoins. La créature lui servait de mentor quand Rennemaille ne l’envoyait pas au loin pour une mystérieuse mission.

Un jour, Rennemaille le fit venir : « Tu a progressé et beaucoup appris, tu vas être soumis à  un test ! » ….

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MessagePublié: 23 Juin 2006, 06:13 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
Le village des fées n'en avait que le nom, un nom bien poétique issu des vieilles légendes des habitants des lieux. Les huttes courbes, rosées, étaient faites d'une sorte de céramique qui retenait la chaleur, aussi les villageois ne s'inquiétaient-ils pas d'un soir comme celui-là , où les arcs des toits étaient à  peine visibles dans la tempête de neige. Ils restaient dans leurs demeures confortables, et en sa propre maison, le jeune Mikhael dessinait des oiseaux.
Après plusieurs esquisses, il retravailla maintes et maintes fois son croquis le plus réussi, celui d'un albatros. Il ne savait pas si la pose convenait, puisqu'il ne s'était référé qu'à  une image de livre, aucun de ces oiseaux n'ayant jamais poussé son vol jusqu'en Russie. Mais il imaginait que l'ossature fonctionnait approximativement comme celle de tous les volatiles qu'il connaissait. Il retoucha plusieurs fois les articulations, raffermit le bec et passa au détail, ombrant plume après plume, procurant du volume au corps de l'albatros.
Son oeuvre parachevée, il prit un peu de recul. Oui, ce dessin-là  respirait la vie, peut-être devrait-il apprendre à  faire de la couleur.
La feuille lui échappa des mains quand un courant d'air froid parcourut toute la pièce. Le chuintement de la porte se reproduisit ; un homme emmitouflé la referma derrière lui, seuls quelques flocons passèrent. Le claquement du battant de céramique coupa court au vacarme de la tempête.
- Salut, papa.
L'homme écarta son écharpe, découvrant une barbe de bonne taille :
- Tu dois partir, Mikhael. Des soldats sont à  ta recherche.
Il extirpa de son manteau un épais livre usé.
- Je n'ai pas le temps de te dire ce que j'aurais toujours dû te dire, reprit le père de Mikhael. Tout est là . Tu dois faire de grandes choses, nous te l'avons toujours dit. Tes dessins sont très beaux, mais tu devras sans doute cesser cet art-là . D'autres travaux t'appellent.
- Je ne prendrai pas ce livre, répliqua le fils.
- Tu vas le prendre, et tu vas partir, courir dans le blizzard. C'est ce que ta mère aurait voulu. C'est ce que je veux, moi. Rejoins les magiciens pour protéger le monde.
Cette dernière phrase sonna particulièrement mal aux oreilles de Mikhael, mais il n'eut pas le temps de la critiquer, car son père le serra dans ses bras.
- Mikhael, je t'aime. Quand tu auras lu cela, rappelle-toi de ça. Je suis ton père et je t'aime, peu importe ce que tu apprendras.

La forêt était dense et Mikhael marchait lentement. Son grand manteau, son écharpe, son blouson, son pantalon, ses bottes comme ses gants, tout était moletonné de morceaux de céramique féérique, et ça pesait son poids ; il croyait presque porter une armure médiévale. En un sens, c'en était une, la plus forte protection contre le froid qu'il puisse concevoir. Mais il cillait souvent, sentant ses paupières sur le point d'adhérer à  ses globes oculaires. Il avait essuyé ses restes de larmes gelées.

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MessagePublié: 26 Juin 2006, 00:37 
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Inscription : 18 Déc 2005, 23:29
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Au loin derrière lui, de grandes flammes s' élevaient . Les soldats avaient fait leur oeuvre de mort. Le père de Mikhaël s' était suicidé pour ne rien dire.

Les chiens aboyaient et Mikhaël avait peur. Si jeune et perdu dans la nuit glacial. Son père lui avait donné un ordre, une chance. Heureusement, la neige se mit à  tomber, dissimulant ses traces.

S' il ne trouvait pas un abri, il mourrait bientôt. En fait, il se direigeait vers la hutte de charbonnier qui se trouvait dans les bois, en direction des collines. Ce ne pouvait constituer qu' un refuge temporaire.

Il arriva à  la hutte transi de froid et titubant. Il prit le risque de faire de feu mais il était à  l' abri du vent et de la neige. Il s' endormit.

Quand il se réveilla, il faisait jour et la neige ne tombait plus. Le sol avait gelé pendant la nuit. Il dévora les provisions dont son père l' avait muni et repartit.

Ses chances de survie étaient réduites. Il arriva sur la route à  proximité de la hutte. Un traineau était arrêté, celui du père Ioseph, un colporteur allant de village en village, même en hiver. Le père de Mikhaël lui avait dit : " En cas de problème, tu peux faire confiance au père Ioseph ! Nous ne sommes pas d' accord sur grand chose, mais c'est un brave homme " et Mikhaël savait que son père ne parlait pas des multiples ennuis de la vie quotidienne pour laquelle le père Ioseph avait toujours la solution adéquate.

Il sortit de la forêt. " Ah, te voila ? A cause de toi, on a droit à  un drôle de raffut. Monte, va sous la bâche, prend les vêtements qui sont derrière et habille toi. Prend la poupée dans tes bras et fait semblant de dormir."

Mikhaël alla à  l' arrière, vit qu' il s' agissait de vêtements de fille et frémit .... Le père Ioseph lui cria : " Dépêche toi.. tu t' appelles Marika, tu viens de Novoberg et tu vas te placer comme servante à  Riga. Dépêche toi, des cavaliers arrivent. "

Mikhaël se dépêcha non sans répugnance, mit le bonnet préparé par le père Ioseph, prit la poupée dans ses bras, mit son pouce dans sa bouche comme sa soeur avait l' habitude de le faire et se lova sous les couvertures.

Il entendit le père Ioseph murmurer quelque chose ....

A peine avait il terminé que des cavaliers arrivèrent. Ils examinèrent le traineau et ses occupants.

" Dis donc Père Ioseph, qui est ce gamin avec toi ? "

" Tu n' as pas les yeux en face des trous, tu verrais qu' il s' agit d' une gamine. Marika.... J' emmènbe à  Riga où elle doit commencer comme servante .. "

" Sors de là  qu' on voit ton minois ! " Mikhaël émergea en retenant ses pleurs et en serrant la poupée. Il ne feignait pas. Les cavaliers n' avaient pas l' air commodes. " Déshabille toi ! " " Un autre cavalier intervint d' une vois autoritaire. " Vous voyez bien que c'est une fille ! On a pas de temps à  perdre. " " En attendant, le père Ioseph a de la chance d' avoir quelqu' une pour lui réchauffer ses couvertures pendant la nuit. "

Les rires gras qui suivirent firent rougir Mikhaël jusqu' aux oreilles et les cavaliers éclatèrent de rire avant de partir.

Le voyage jusqu' au bourg fut un cauchemar de trois jours. Le traineau fut controlé à  l' entrée du bourg. Le père Ioseph se dirigea vers la taverne de la Roussalka qui était pleine de soldats. Là  l' aubergiste le salua, salua le garçon toujours déguisé et refusa publiquement de l' embaucher. Quand le père Ioseph protesta, l' aubergiste ne voulut rien entendre. Des soldats intervinrent et le père Ioseph fut obligé de repartir avec Mikhaël.

Quand ils eurent quitté le bourg, ils parcoururent plusieurs kilomètres avant que le traineau ne s' arrête.

Le père Ioseph expliqua à  Mikhaël ce qui était arrivé à  son père et quand celui ci s' étonna de l' efficacité de son pauvre déguisement, le père Ioseph haussa les épaules en expliquant que les gens ne voyaient que ce qu' ils voulaient bien voir.

En fait, il se cacha pendant quelques jours et le désordre calmé, fit de Mikhaël son apprenti. Non seulement il lui apprit les ficelles du métier mais bien d' autres choses encore.

1 ans plus tard, il lui expliqua que deux forces s' opposaient dans le monde, les oiseaux et les magiciens, chacune prétendant faire le bien de l' humanité, à  condition que celle ci accepte de se spoumettre à  lses lois. Il précisa que le père de Mikhaël était un agent des magiciens et lui dit qu' il devrait choisir entre se ranger du coté des magiciens ou du coté de l' humanité.

Mikhaël avait appris à  faire confiance au père Ioseph qui, entre nous, pouvait être un sacré escroc quand il avait affaire à  des puissants. Il l' interrogea quand même sur les détails de l' histoire et sur les conséquences s' il choisissait les oiseaux.

Le père Joseph l' informa qu' il avait encore un peu de temps pour choisir, que choisir les oiseaux n' était pas une bonne idée et qu' il était temps d' apprendre à  lire le livre legué par son père.

Le père Joseph l' emmena dans une petite demure en bordure de la forêt, et une seignement intensif commença pour durer 3 ans.

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