Eltanin

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 Sujet du message: Ecriture en commun *effective*
MessagePublié: 17 Avr 2006, 22:24 
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Chapître préliminaire - "Ligne droite" (Ecriture-Spaghetti)

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Drago Nori a écrit:
Avi courait dans les rochers comme s'il avait le diable aux trousses, et ce n'était pas loin d'être le cas. La chose cornue n'était pourtant qu'une bête, un taureau mugissant, chargeant, dévalant la pente dans un brouillard de pattes furieuses. L'animal ne prenait pas garde aux écorchures et bondissait follement. Le garçon ne savait pas que les bovins pouvaient sauter, mais celui-ci le faisait, volant au-dessus des obstacles, alors que lui-même, tout humain qu'il soit, ne pouvait qu'escalader les rocs acérés.
Il tomba sur une surface plane et reprit sa course en serrant les dents, un genou en sang. La bête se rapprochait, se rapprochait, et comment se faisait-il qu'elle ne se rompe pas les pattes dans ses acrobaties ?
Il courait, mais se sentait faiblir. Il enjamba quelques rochers, grimpa sur un autre, glissa dans une faille et bénit le ciel de tomber sur de la terre avant de se précipiter plus loin. Les pics et les grands blocs de pierre devenaient un labyrinthe, il ne savait pas où il se dirigeait, il espérait juste s'éloigner du taureau.


~

Dela Cura a écrit:
Le Héron plongea sa main gauche, toute de blanc gantée, dans l'une des multiples poches de son noir accoutrement, et en retira une généreuse pelletée de petites piécettes trébuchantes. Il la brandit au-dessus du père Rudy, et, écartant les doigts avec une désinvolture étudiée, couvrit son péon d'interlocuteur d'une grêle de rondelles métalliques.
Rudy - Rudy le paysan - s'activa aussitôt à  ramasser la monnaie de sa pièce, d'abord avec un semblant de dignité, puis, voyant qu'il en roulait sous les meubles et de toute part, tel un Judas embrassant son dû - à  grandes brassées de guenilles, dans une position qu'il imaginait vaguement contenter son interlocuteur. Mais le Héron n'était pas de cette espèce-là , qu'on se le dise !

- Quelle horreur, voilà  que tu fais la carpette ! J'espérais au moins que tu t'empourprerais, que, dans un dernier sursaut, tu repousserai cet or "corrompu" (- il mima les guillemets, en dépit du flagrant anachronisme que cela constituait), que tu saisirais ta fourche et me saignerait le derrière. Ah ! La dignité des gens de peu - c'est bien tout ce qu'ils possèdent, et quand bien même, elle ne vaut pas grand-chose... conclût-il, en frottant son pouce contre son index.

L'homme de peu, se sentant visiblement coupable de ne pas saigner son respectable bourreau, n’y trouva rien à  répondre, et baissa honteusement les yeux.
Le Héron, tant satisfait qu'outré, saisit une chaise de paille et s'y laissa choir comme dans un fauteuil de cuir. Puis, détournant le regard vers la fenêtre, reprit :

- Moi, je trouve ça rudement chouette. Qu'on puisse, avec quelques grosses bêtes cornues, reconstituer les plus folles attractions de l'Enfer... c'est aussi simple, aussi Vrai que du fromage de chèvre étalée sur un quignon de pain.

Cette boutade gastronomique porta le dernier coup à  la dignité paysanne du vieux Rudy. Le picotement salin qui lui brouillait la vision explosa en quelques gouttes de rosée - parcimonie lacrymale des rudes gaillards de son espèce. Puis, d'une voix étouffée, il beugla :

- Mais des enfants, Nomdedieu, des enfants... !
- Imbécile ! coupa l'autre. Qu'ai-je donc à  faire de gros péons sanguins de ta race, qui provoquent leurs alter ego bovin pour flatter leur entourage ou faire jaser leurs commères ? Vous autres, les "usagés", pourriez vous faire déchirer l'estomac sans en Retirer (il détacha la majuscule) -plus que ça. La pure terreur de l'enfant, - voilà  ce qui fait l'homme, qui forge son âme. Si j'avais lancé l'un de tes benêts de fils dans la partie, peut-être ressentirais-tu ne serait-ce qu'une once de...

Mais il s'interrompit brusquement, coupant court à  cette indigne effusion. Puis il se plongea dans une feinte contemplation du champ de blé, laissant sa victime prostrée dans ses pieux sentiments. Quant enfin il perçut l'indiscernable basculement marquant la fin du crépuscule et le début de la nuit, il se leva et dit :

- Mon brave Rudy, je crois que l'heure est venue de rentrer tes bêtes. Espérons que la chasse ait été bonne, ou du moins, d'un autre cru que celle du village voisin !


~

Morga Kano a écrit:
Il tomba et s' évanouit. Quand il se réveilla, l' obscurité était présente, sans étoile ni lune visible. Il porta la main à  son crane, là  où il avait mal. Une bosse s' était formée.

Il avait faim et soif. Il entreprit de grimper mais constata vite qu' il n' en avait pas les moyens. Normalement ses parents et amis devaient être à  sa recherche. Dans le lointain, il entendait des hennissements .....

En tatonnant, il s' apperçut qu' il pouvait suivre une paroi du trou dans lequel il était tombé, ce qu' il entreprit de faire avec précaution. En fait, il se rapprochait des henissements.


(...)


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MessagePublié: 19 Avr 2006, 01:17 
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Ozmaestro a écrit:
Il continua en titubant le long de la paroi, celle-ci lui écorchait les mains déjà  pleines d’éraflures. Seule une corde audible lui était tendue à  travers ce tunnel rocheux. Un cheval l’attendait au bout se disait-il avec espoir. Son front dégouttait de sueur et de sang mélangés, il s’en rendit compte en se touchant le crâne une seconde fois. L’air était oppressant et déjà  il sentait, après plusieurs trébuches, que ses jambes n’iraient pas bien loin. Enfin ses pieds butèrent et s’entremêlèrent dans un entrelacs de racines, qui à  première vue menaient à  une brèche, et d’où lui parvenait, non pas de la lumière, mais un fond bleu pigmenté d’étoiles contrastant visiblement avec ce noir total dans lequel il arpentait depuis une cinquantaine de mètres. Il avança prudemment jusquâ€™à  se retrouver devant un gouffre. La sortie menait à  un gouffre…Pas moyen de faire un pas sans plonger dans le vide…Du moins si vous aviez un parachute à  cet instant, tout était encore possible. Il entendit les hennissements. Il passa la tête en dehors du cadre rocheux, regarda vers le haut, le cheval était juste à  quelques strates au-dessus, à  l’air libre sur un promontoire ou simplement sur le toit de la grotte où il s’était fourré. Avi réfléchissait. Par exemple il pensait que cet endroit serait parfait pour une jolie cascade qu’on approvisionnerait 24 sur 24 par un château d’eau lui même relié à  un lac de derrière les montagnes. Mais l’heure n’était plus aux rêvasseries, il fallait sortir de là . Il se leva, et décida de crier, qui sait, si quelqu’un chevauchait l’étalon…

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Dernière édition par Morgan Kane le 19 Avr 2006, 21:06, édité 1 fois.

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MessagePublié: 19 Avr 2006, 01:21 
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Il entendait des voix rudes qui criaient, des bruits de combat et préfera se taire ..... il se sentait perdu ........ menacé ...........

Il se rendit compte qu' une porte était fixée dans la paroi ..... il tira dessus ......

Dans l' entrée, à  la lueur de la lune, il vit une torche éteinte posée sur une étagère et un briquet .... il alluma la torche.

La pièce était étroite et un escalier montait ....

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MessagePublié: 19 Avr 2006, 23:03 
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L’escalier formait une spirale et n’offrait pas, de par sa taille, une grande aisance dans les mouvements. Les murs aux reliefs grossiers qu’illuminait la torche dessinaient des ombres fantasmagoriques au fur et à  mesure qu’Avi montait. Une trappe au sommet l’attendait. Instinctivement il tendit l’oreille quand un cheval passa au dessus et s’arrêta au commandement d’une voix rauque et ténébreuse. Précautionneusement il souleva la trappe. Il pouvait voir deux silhouettes floues, parfois leur cape claquait au vent glacial.
- Allez-y sans tarder, il ne doit rester que des cendres.
Face à  l’homme encapuchonné, l’autre opina d’un « oui » obséquieux et s’en alla au galop.
Un éclair jailli au loin, l’ombre imposante sur son destrier se découpa implacablement aux yeux du jeune garçon. Le tonnerre gronda alors, Avi se déséquilibra et arrachant par la même occasion une touffe d’herbe tourbeuse, tomba dans l’escalier.

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MessagePublié: 19 Avr 2006, 23:19 
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Pas tres loin, tapie dans l' ombre, la créature observait. Malgré sa vision perçante, même de nuit, elle ne distinguait pas le garçon.

" Ou peut il bien être ? Ce foutu sorcier m' envoie protéger un gamin venu d' on ne sait où ..... sans être capable de me le décrire .... tout juste son nom !: Ari ! sans être capable de me dire exactement où le trouver ..... et en insistant sur les dangers que celui ci coure et dont il faut le protéger .. ."

La créature déplia ses ailes et se remit à  scruter la nuit .... " Et, en plus, une bande de brigands choisit cette nuit pour attaquer ce manoir "

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Dernière édition par Morgan Kane le 20 Avr 2006, 17:18, édité 1 fois.

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MessagePublié: 20 Avr 2006, 09:53 
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Pamplemousse Panchromatique
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La bête suivait sa proie à  la trace, et quand l'odeur du garçon fut effleurée par d'autres effluves, bien plus perceptibles, elle se figea. La victime était loin ; ce nouvel être était proche.
Le Taureau fit quelques pas, jusqu'au gouffre. Il se sentait observé et comprit, avec la vivacité de l'instinct, qu'il devait donner le change au nouveau joueur qui était entré dans la partie. Il se détourna donc du vide pour rejoindre la piste de l'enfant, une porte discrète. Comprimer sa masse musculaire dans cette petite ouverture fut ardu, et l'épiderme du Taureau fut arraché en partie, ce qui accrut sa rage tout comme son appétit ; il salivait, souillant d'une mousse grisâtre la minuscule salle.
La bête parvint enfin toute entière dans la pièce. La pierre l'encadrait de toutes parts, elle ne se sentait pas à  l'aise ; la seule issue était un escalier en colimaçon, bien trop étroit pour qu'elle y pénètre.
Que faire ? Retourner sur ses pas et dévorer le guetteur ?
Comme pour confirmer cette possibilité, des ailes claquèrent au-dehors. Une créature volante, intelligente, ardue à  attraper, et peut-être même capable de... non, nul ne saurait abattre le Taureau. La mort était pour les autres, la défaite n'existait pas, seulement le repas.
Il pensa aux autres bêtes, elles aussi lancées en chasse, et se demanda combien de temps chacune d'entre elle avait mis pour dévorer ses proies. La fureur du Taureau enfla encore. Il était coincé là , dans cette petite pièce, et il devrait à  nouveau se mutiler pour sortir de ce piège, il n'avait rien mangé et ses articulations boursouflées criaient grâce.
La situation s'améliora miraculeusement quand le petit Avi eut la bonne idée de chuter dans l'escalier et de tomber à  ses pieds. Le Taureau plissa la gueule en quelque chose qui ressemblait à  un sourire, et sa bave goutta sur l'épaule du garçon.

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MessagePublié: 20 Avr 2006, 19:09 
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De prime à  bord, la vie d’un taureau en furie pourrait se résumer, à  cet instant fatidique pour Avi, à  une succession de défi. Inutile, donc, de vouloir dresser cette bête qui, certainement claustrophobe, n’apprécierait pas qu’on vienne s’occuper de ses blessures. Aussi quand l’animal le toisa d’un air de dire « toi, t’es mal tombé », il se passa environs cinq secondes. Puis.
- Quand même, t’es culotté d’être venu jusqu’ici, fallait qu’ t’aie sacrément faim.
Bien que le taureau ne connaissait pas la langue, il avait appris à  reconnaître au ton de la voix les commentaires pathétiques de ses victimes croyant qu’elles pouvaient détendre l’atmosphère avec une touche d’humour. L’animal se serait fendu d’un rire qui ne tromperait pas, du moins il le pensait assez fort pour le faire comprendre. La torche flamboyante aux pieds d’Avi n’attendait que son heure pour servir son détenteur. Délicatement Avi tentait de l’agripper.
L’animal furibond fixait sa proie dans le blanc de l’œil et ses narines dilatées à  souhait lançaient par saccade une respiration chaude et puante. Mais un feu crépitant virevolta dans une acrobatie pour finir dans la gueule de la bête qui mugit aussitôt et s’écarta. Avi en profita pour reprendre l’escalier et ouvrir la trappe. Dans la torpeur, sa décision ne prenait pas en compte un facteur important pour sa survie, car à  présent c’était une forme imposante et sombre qui se dressait face à  lui.

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MessagePublié: 21 Avr 2006, 12:48 
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Sainte-Côme de Franche-Comté était un petit village, ou le calme, la joie et la poésie venaient se reposer. Les cômois -on abrège ce nom en parlant des habitant de cette petite ville, et que "ça creuse le cibouleau, ce nom", disaient les paysans du pays -, vivaient en harmonie avec le les biches, oies, les lapins, les putois, les moustiques et les punaises. Là -bas, la vie était... simple, tout se résumait à  manger, courtiser, courir après les jeunes bergères, dormir et crever. Quand on interrogeait les cômois, on découvrait que ces gens là  avaient découvert le secret de la stagnation heureuse, il émanait d'eux, cette impression de gentillesse stupide que l'on rencontre chez des autistes, qui veulent bien faite, mais qui, malheureusement, ... font mal.

- Libérer Joseph le Boucher ? Le commissaire Adrien semblait se gausser de ce que lui proposait le Héron.
Il était petit, et son interlocuteur le dépassait largement de quatre têtes, ce qui intimidait quelque peu le brave Adrien. Il avait un gros ventre qui se soulevait avec ses mâchoires quand il parlait, car sa tête était si proche de son ventre que c'était la peau de la bouche qui tirait celle du ventre, ce n'était pas une moindre caractéristique dans la musculature de sa "grande gueule", comme disaient ses collègues.
Le héros tapa sur sa cuisse, caché par son manteau, qui moulait la forme d'une bourse bien remplie, ce qui produisit un petit bruit "magique".
- Bah... Bon, c'est vrai que c'est un brave type, reprit le commissaire, le Jojo... mais...
Il y eut un deuxième tintement.
- Je te donnerai de quoi acheter les femmes, mais en échange, tu le lâcheras dans les rues de cette ville à  l'heure ou les enfants s'en vont de l'école, dis sèchement le Héron en pointant un revolver américain sur le commissaire. Il se retourna, prit une pose l'Oréal, et ajouta :
- Mais, si tu ne veux pas trahir ta confiance professionnelle, je vais t'acheter la clef de la prison.
Le Héron regarda le commissaire en boudant une grimace :
- Ohohoh ! Je vois : tu veux continuer sereinement ta petite carrière de... ? (Le héron ravala le dernier mot). Bien... oui... Tu rêves d'être un héros ?
Adrien hocha la tête, remuant son ventre de bas en haut.
- Mais "L'occasion à  fait défaut à  ta vaillance", n'est-ce pas ? reprit-il. Moi, je te le dis en ami, si tu lâche Jojo le boucher aujourd'hui, c'est l'occasion de devenir le plus grand commissaire de la ville... Du département... Que dis-je ? Du pays ! Tu franchira alors le chaos que ce détenu évadé aura crée, - tu attendras qu'il fasse du mal, car tu en rêves, qu'il fasse du mal, car tu en paraîtrais plus héroïque- et alors, tu Agiras.


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MessagePublié: 21 Avr 2006, 22:32 
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Le regard lourd et peu expressif de Gabriel éventra ses blanches paupières.

"Ding, ding."

Sa main molle pianota le rustique réveil. La petite sonnerie désagréable cessa. Il s'assit sur son miniscule lit spartiate, frottant sans énergie ses yeux.
Quitta enfin sa couche, en repoussant les draps miteux. Se regarda rapidement dans le psyché, mécaniquement.
Ce n'était qu'un enfant de sept ans, à  la claire chevelure fourchue, à  l'épiderme doux et parsemé de taches de rousseur.
La poignée grinça. Gabriel tira délicatement la porte, et traversa à  pas de loup le palier demeurant dans l'obscurité. Il finit par trouver ce qu'il cherchait en tâtonnant. Une autre poignée, celle de la porte de la salle d'eau.

L'eau était glacée. Comme tous les matins. Il plongea sa tête à  trois reprises dans le baquet grisâtre. Il n'eut pas le courage de s'y noyer une quatrième fois, tant ses dents claquaient, tant il avait l'impression que mille aiguilles taquinaient ses joues. Le savon était inutilisable, car ancré profondément dans le sordide évier. Comme tous les matins. Il n'y avait ni coton, ni brosses, ni eau de toilette dans le placard. Comme tous les matins. Alors il retourna silencieusement dans sa chambrette vétuste, puis enfila des frusques trouées et trop petites qui ne le protégerait pas des morsures du froid de l'aube.
Comme tous les matins.

L'énorme clef fut engouffrée dans l'unique poche de son pantalon de grosse toile. Son menton et son nez disparurent dans sa ridicule écharpe.

Gabriel s'éloigna du taudis familial, le regard rivé sur le sol glissant.
Il passa une main derrière lui, et pressa sur son cartable humide. Il avait l'intime conviction qu'il avait oublié quelque chose. Comme tous les matins. Et que le maître allait martyriser ses dernières phalanges jusqu'à  qu'elles ne soient plus que de gros bouts de chair mauve.
Comme tous les jours. Un petit rire aiguë surgit des profondeurs de sa gorge.

Il passait désormais devant la maison d'arrêt de Sainte-Côme, austère, sinistre et calme, comme tous les matins.

Gabriel eut un grand sourire alors qu'il s'éloignait de l'édifice pour s'enfoncer dans les tortueuses ruelles murées de haies et de cloisons de bois, et qui menaient vers l'école. Cette journée serait, *devait* être comme toutes celles qu'il a connu. Il n'avait rien à  craindre. Tout était tracé.

Comme tous les matins.

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MessagePublié: 22 Avr 2006, 13:34 
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Pamplemousse Panchromatique
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Joseph avait tout d'un homme affable, et c'est ce qui lui avait permis de poursuivre ses exactions si longtemps. Ce n'était pas un étranger, c'était le fils cadet des Roussin, une très ancienne famille de Sainte-Côme de Franche-Comté, une lignée si vieille, en fait, que nul ne se rappelait quand elle s'était établi en ce patelin. Le village sans âge avait vu défiler les époques sans que jamais les Roussin ne fassent l'objet des commérages habituels ; c'était avant que l'on découvre que le fils Joseph, alors âgé d'une quarantaine d'années, approvisionnait la charcuterie de l'aîné, Gabriel, de bien étrange manière. La plus prospère des affaires familiales avait périclité et la vieille lignée avait enfin déserté les lieux, moins par peur des rumeurs qu'ils avaient si longtemps évité que d'une cravate de chanvre bien utilisée.
Un seul Roussin était resté à  Sainte-Côme, Joseph lui-même.
Gaillard mince, aux mains peu calleuses et au visage harmonieux, il quittait ce jour-là  sa cellule vêtu de rudes chaussures, d'un pantalon de toile et d'une chemise à  carreaux. Cela n'enlevait rien à  sa prestance ni à  son amabilité ; il salua son geôlier d'un énergique "C'était bien temps !" et franchit la porte après quelques enjambes fluides et énergiques.
La lumière éclatante d'un soleil triomphant cascada sur son front, et quelques yeux furtifs derrière des volets sombres purent le voir sourire.
- Enfin, justice est faite.
Joseph chantonna un air populaire parlant d'ange, de fureur et de thèse, avant de s'engager dans une petite ruelle. Il se saisit avec nonchalance d'un caillou, outil quotidien de l'homme de bien, en descendant quelques marches biscornues.

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MessagePublié: 23 Avr 2006, 19:42 
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Des nuages noirs s’étendirent au dessus d’eux et une lourde pluie s’abattit du même coup. L’eau s’infiltrait partout, formant des petits canaux à  travers la végétation. Deux énormes sabots ferrés s’approchèrent du jeune Avi, quelque chose l’arracha du sol et le monta à  l’avant du destrier.
Il n’osait pas se retourner sur l’ombre dans son dos. Seuls lui apparaissaient sur les cotés des mains gantées qui tenaient les rennes. Ils traversèrent les plaines dans la nuit.
Après un long trajet, ils tombèrent sur un panneau qui indiquait à  la lumière des éclairs la direction d’ Hormis-Sous-Les-Fougères. Le jeune garçon, sans prononcer un mot, reconnu le nom de son village. Ils restèrent là  quelques instants, attendant que l’orage passe. Des fois des cris se mélangeaient avec terreur au bruit sourd du tonnerre. Ils continuèrent ensuite sur cent mètres. La pluie cessa. Des cendres papillonnaient dans l’air jusquâ€™à  choir sur le visage innocent. Plus ils approchaient et plus grossissait une fumée s’élevant dans les cieux.
L’homme poussa Avi dans la boue. Il se releva, le regard perdu, les lèvres tremblantes. La sombre silhouette restait là , immobile.
Avi comprit. Des larmes flottaient ses yeux. Il voyait flou.
- Pourquoi, criât-il de rage, pourquoi ?
Il se sentait abandonné. Il ne lui restait plus rien..
- Pourquoi ? Questionna l’homme qui vit un regard haineux dans sa direction. Pourquoi as-tu de la haine dans ton cÅ“ur ? C’est cela que tu me demandes de te dire ? Tu en as pas contre la bête ? La bête ! Elle ! Innocente bête !
- Ma famille, hurlât Avi dans un sanglot.
- C’est fini. Tout est brûlé, tu le vois bien. Il prononça ces mots sans compassion. Bon, je dois me hâter. La bête rôde encore. Il tira sur les rennes et s’en alla.
Avi resta seul.

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MessagePublié: 23 Avr 2006, 20:42 
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La bête, frustrée de sa proie, hurla de rage .... Elle ne pouvait monter l'escalier et dut ressortir. La pluie intense qui tombait brouillait la piste et la retardait considérablement. Le Maître ne serait pas content ! Le cerveau obscurci par la colère et la crainte, elle se mit en route.

Au moins, la créature ailée avait disparu.

En effet, celle-ci avait enfin repéré le gamin qu'elle devait protéger. Il était aux mains de l'ennemi mais celui-ci ne menaçait pas l'enfant directement et l'avait soustrait à  la bête.

Dans la nuit sombre, la créature s'envola et suivit le cavalier.

Quand celui-ci fut parti, elle se demanda si elle devait approcher de l'enfant. Celui-ci risquait d'être effrayé par son apparence, semblable à  celle d'un diable de certaines légendes. Si l'enfant s'approchait du village alors que la soldatesque n'avait pas terminé sa besogne, elle serait obligée de l'arrêter !

Maudit sorcier qui l'avait conjuré et lui avait donné ce corps !

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MessagePublié: 03 Mai 2006, 22:49 
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Pamplemousse Panchromatique
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Le coup de piolet, il pensa d'abord que c'était un piolet, lui déchira le dos. Gabriel s'effondra, se releva, entrevoyant la pierre qui l'avait abattu, et tituba, devinant la présence derrière lui, l'agresseur. La monotonie ne l'avait pas envahi au point de lui faire perdre tout instinct de survie, et ses jambes s'activèrent de plus en plus vite, jusqu'à  le précipiter dans un passage étroit ; il dingua contre un mur, entendit vaguement des pas lents, reprit sa course. Le poursuivant ne se pressait pas, et le jeune garçon put courir jusqu'à  déboucher sur la place de l'église. Ses taches de rousseur auraient été noyées dans un visage blanchi par le soleil pâle, s'il y avait eu quelqu'un pour l'observait. Mais la place était vide, et derrière lui, l'homme accéléra le pas.
Gabriel se précipita dans le vaste espace, hurla, espérant que quelqu'un l'entendrait ; aucune porte, nulle fenêtre ne s'ouvrait.
Il fonça droit dans l'église, envisagea un instant de barricader les battants d'un banc ou d'une statue ; cela aurait été possible s'il avait été adulte. Il se borna donc à  courir, à  la recherche d'une cachette, d'une arme, d'une échappatoire.

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MessagePublié: 04 Mai 2006, 22:24 
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Avi voyant son village en feu s' était recroquevillé, tassé et sanglotait......

La créature regardait aux alentours avec inquiétude.

Finalement, le gamin se mit en marche dans l' obscurité. Il trébuchait à  chaque pas, tombait mais poursuivait son chemin avec obstination. Le pont détruit eut raison de sa résistance. Il s' allongea et finit par s'endormir.

La créature dut s' endormir elle aussi car le jour la réveilla. Des bruits de chevaux se faisaient entendre sur le chemin alors que le gamin dormait encore ......

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MessagePublié: 05 Mai 2006, 06:28 
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Gabriel pleurait, Gabriel hoquetait. Pourquoi lui, pourquoi maintenant ?
Il ne voulait même pas connaître la réponse, au final.
Il ne voulait pas mourir. Son éducation avait emprisonné son esprit, et sa vision réduite de la mort se limitait au Purgatoire, à  l'Enfer, au Paradis.

Irait-il avec les anges ?

Gabriel rampa jusqu'à  l'autel, et se cacha sous l'épaisse nappe immaculée.
Prostré, le souffle court, tremblant comme une feuille.
Des pas.

L'aube jetait sa pâle mante sur Saint-Côme de Franche-Comté.
Rien pour rythmer ce morne éveil. Silence et bise venue du lointain nord.

Des pas. Qui se rapprochaient, qui martelaient le sol sacré.
Puis rien.

"Il me cherche... Il me cherche... Il ne me voit pas... Il s'en va, il s'en va..."

Un rire gras résonna dans l'église. Des pas. Qui étaient plus lourds, qui étaient plus proches, qui menaçaient.
Gabriel quitta sa peu protectrice cachette, en larmes, dégringolant les quelques marches de l'autel. Il rampa, exténué, reniflant. Il n'avait plus la force, ni la volonté de fuir.

Alors il se retourna, et riva son regard sur le Tryptique.
Le Jugement Dernier, les morts quittant leurs tombeaux, les trompettes des anges.

Les doigts de Gabriel s'enfoncèrent dans ses cuisses tremblantes, tandis que ses propres pleurs l'aveuglaient.

Irait-il avec les anges ?

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