Eltanin

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MessagePublié: 11 Sep 2006, 01:33 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
Message(s) : 496
L’air est immobile, silencieux. Je suis dans le couloir, fixant l’obscurité qui s’étend devant moi. Plus un signe de la tempête, pas le moindre murmure dans le bâtiment. Je glisse doucement dans les ténèbres, long tunnel qui s’arrête brutalement sur la dernière porte. L’extérieur est envahi par une brume sombre et mouvante. Comme si la tempête s’était figée sur place, abandonnant sa poussière dans le ciel nocturne. J’observe les remous qui agitent ce mur opaque, leurs formes changeantes et malsaines. Peu à  peu des silhouettes se dessinent dans ce chaos. Je reste dans l’encadrure de la porte, je les regarde surgir des nuages et approcher de moi. Ce ne sont pas des hommes, ces ombres sont tout sauf humaines. Je les vois me dévisager de leurs orbites vides, tendre des bras de poussière dans ma direction. Je veux hurler mais aucun cri ne monte de ma gorge. Je suis prisonnier de la porte, prisonnier face à  ces fantômes de sable.

J’ouvre brusquement les yeux. Le matelas trop rude m’a engourdi les membres, ce qui me force à  rester allongé quelques instants. Un mauvais rêve… je n’aurais pas du rester à  fort Venox. Le sommeil est venu avant que je ne songe sérieusement à  ma situation. Et pourquoi ce rêve-là  précisément ? Cet endroit me semble vraiment désert, sans la moindre parcelle de présence. Je n’ai pas cherché de sang, de traces d’un drame ou que sais-je. Non, ça crève les yeux qu’ils sont partis, ils ne demandaient que ça. Les visages sans traits des silhouettes s’évanouissent peu à  peu. Il n’y a pas de fenêtres dans le dortoir, je décide de me rendre dehors. Je découvre un ciel calme et terne, bien éloigné de ma vision. Non loin, je devine les formes brillantes de mon explorateur. Je continue la mission.

Il est peu probable qu’ils aient vidé le dépôt de carburant. J’ai de la réserve devant moi, mais en repartant je sais qu’il s’agit d’un aller sans retour… En traversant le fort je réalise que les lieux ont toujours eu l’air abandonnés. Comme si tous ceux qui y résidaient ne s’étaient jamais totalement installés. La seule véritable marque de présence venait des graffitis des chambres. Des mots lancés à  l’envie, sans véritable signification. Devant moi se dresse la cÅ“ur de cet avant poste, sa raison d’être. La fosse à  carburant ne dépasse guère du sol. La porte d’accès n’est pas verrouillée, je pénètre dans la petite salle de contrôle. Bonne nouvelle, la cuve n’est pas vide. Je pars ouvrir la trappe sur le côté du dépôt quand je remarque une inscription sur le béton sombre. « Fuite en avant », le mot fuite étant souligné à  deux reprises. Sur le sol se trouve la pierre qui a servi à  tracer les lettres. Le tout me semble récent. Si ce message m’est bien adressé, il me conforte dans ma décision : je ne peux aller que de l’avant, et vite. Je m’attelle aussitôt à  transférer le carburant nécessaire à  un long voyage.

Je vais prendre la voie Majeure. J’ai peut-être bien considéré mes adversaires avec trop de subtilité. La disparition soudaine de tout le personnel stationné dans Venturion et plus encore ce message, « fuite en avant », tout ça me donne le sentiment que j’ai bien plus à  craindre que ces supposés ravisseurs. Ils ont du prendre le chemin le plus direct. Une fissure aux allures de grand cyclone. J’ai inspecté l’explorateur, sa peinture élastique a presque effacé les traces de mon atterrissage involontaire. J’espère n’avoir raté aucun problème plus grave. Je n’ai plus la confiance aveugle que je pouvais porter à  mon appareil, depuis l’accident. Ces années d’inactivité n’ont pas totalement effacé cette fracture, cette méfiance en filigrane. Cet espace infime me séparera toujours d’un vrai pilote si je n’y remédie pas. Ce qui ne m’empêche pas de faire porter tous mes espoirs sur cette machine encore si peu apprivoisée. Le temps de prendre une légère collation et je suis paré à  partir. Ce sera mon second adieu aux sables grisâtres de Venturion.

Est-ce une raison pour y abandonner aussi mes interrogations ? Ces gens, Nadia, Dan Bertel et les autres m’ont sans doute dissimulé la vérité. Mensonge réel ou par omission impossible de le dire. Me voilà  en terre lointaine et sans aucune certitude. Tout cela n’est pas qu’un horrible test, une manipulation cynique, les larmes de Joe en attestent. C’est de la pure folie que de s’appuyer sur un tel détail. Mais pourquoi pas, puisque depuis le départ cette histoire n’est que folie, je n’ai plus quâ€™à  me laisser porter par elle, sans arrière-pensées ni regrets. Ils ne font que paver les voies sans issues.

Cette fois je connais mieux la configuration du mur. Mon explorateur s’arrache brutalement à  la piste et file vers son objectif. Je suis fermement cramponné aux commandes. Le rugissement des turbines s’évanouit à  l’instant où je me laisse happer par la fissure. J’encaisse le choc, bien décidé à  ne plus me laisser surprendre. La voie majeure n’est pas moins violente que sa petite sÅ“ur. Je commence à  trouver le chemin bien long quand celui-ci me libère aussi soudainement qu’il m’a englouti. J’heure de plein fouet des nuages cotonneux. Je fais hurler mes freins sans trop savoir vers où je me diriger. L’altimètre est parvenu à  détecter le sol, ses chiffres défilent à  grande allure, bien trop vite à  mon goût. Je pousse à  fond les turbines pour arrêter ma chute. La coque gémit de ce traitement mais je n’en ai cure. Le sol m’apparaît soudain, presque aussi blanc que le ciel. J’ai du mal à  évaluer les distances, je décide de viser une surface à  peu près dégagée. Au moment de toucher le sol, celui-ci se soulève en une vague éclatante. Elle tourbillonne autour de moi avant de s’éloigner et se dissoudre en une myriade de flocons. L’explorateur s’immobilise dans un bruit sourd. Je coupe les moteurs. Je n’entends plus que le sifflement aigu du vent. Et déjà  commence à  obscurcir les optiques. Tout autour, à  perte de vue, la blancheur de la neige.


A l’exception de formes sombres et acérées dans le lointain.


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MessagePublié: 19 Sep 2006, 01:07 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
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Ma progression s’avère plus difficile que prévue. Malgré ma tenue de milieu hostile je sens le froid se frayer insidieusement un chemin jusquâ€™à  mes chairs J’avance à  grandes enjambées dans le manteau neigeux, du moins j’essaye. L’épaisse couche blanche gomme les rares reliefs du paysage, ne me laissant que d’étranges structures pour seul point de repère. Je me dirige vers ces colonnes noires depuis une heure environ. Elles ont pris progressivement des formes plus complexes à  mesure que je pouvais mieux les apercevoir. Leurs sommets inégaux ne portent plus que de la neige, leur toit, pour autant qu’elles en aient jamais eu un, ayant disparu depuis longtemps. J’ai pu prendre un bon rythme et j’ai bon espoir de tenir la fatigue à  distance. J’avais espéré une nouvelle présence humaine, mais au fur et à  mesure de mon approche, l’aspect abandonné des lieux s’impose à  moi. Je franchis une dernière butte et me retrouve enfin au pied des ruines.

Ruines… Difficile à  dire si cette construction a subi les ravages du temps ou n’a jamais pu les connaître. Je chemine à  petit pas entre les rangées de piliers gigantesques. Leur ombre tranche brutalement la blancheur de la neige. Vu leur taille je devrais me sentir écrasé mais les voir dressés ainsi dans le ciel vide me donne juste un sentiment de malaise. Je les observe plus attentivement. Leur section est étrange, ni angles ni courbes. J’approche de la base du plus proche d’entre eux, vaste ensemble de pierre noire. Surprise, celle-ci est en très bon état, lisse et anguleuse. Je n’ose passer la main dessus de peur de la sentir encore plus froide que l’air qui m’environne. De fines rigoles grimpent et s’entrecroisent en guise de décoration, l’ensemble ne m’évoque rien de connu. Je décide de continuer mon chemin afin de me faire une idée de la forme de l’ensemble. A première vue, les rangées qui m’entourent s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. Quelque chose me perturbe depuis mon entrée dans cet espace. Le vent, ou plutôt son absence. Pendant toute ma marche il m’a accompagné, resserrant ses griffes gelées sur ma combinaison. Maintenant sa plainte s’est tue, me laissant dans un silence pesant que je romps à  chacun de mes pas. Pourtant je vois la neige tourbillonner au loin. Sauf ici, dans cette colonnade fantomatique et perdue.

Ces piliers n’ont pas tous la même hauteur. Ils ne sont cependant pas brisés, et ne portent aucune trace d’usure. L’impression d’être non pas dans des ruines mais sur un chantier s’accentue. Un détail attire soudain mon attention. Le manteau de neige a été remué. Ce calme étrange qui règne à  l’intérieur des ruines a préservé les traces. Elle sont plutôt chaotiques, la neige a été tassée par endroits, rejetée ailleurs, le tout sans ordre apparent. Mais à  l’extrémité de ce fouillis une piste bien plus ordinaire s’éloigne, sous la forme de traces de pas. Je ne m’y connais que peu, mais elles me semblent s’éloigner de cet endroit. Je les suis sans hésitation.

La piste m’entraîne rapidement jusqu’au terme de la colonnade. Des arches, ou plutôt des ébauches de ce qui aurait dû devenir des arches s’accrochent aux piliers. Cette partie semble plus avancée, et pourtant son air inachevé n’en est que plus troublant, inquiétant. Je progresse rapidement entre les ombres étirées de cette construction fantôme, les yeux rivés sur la neige. Je suis de plus en plus certain que la piste est fraîche. Le vent a adouci les formes, mais elles sont encore très visibles. Un frisson d’excitation me parcours l’échine. Je ne suis qu’un enfant suivant un jeu de piste, un jeu fou et solitaire. Il m’attire enfin hors de cet inquiétant endroit, face au paysage enneigé à  nouveau. Mais cette fois je distingue des hauteurs, non loin. Et un éclat de couleur qui attire mon attention.

Je me précipite dans sa direction sans plus sentir la fatigue ou le découragement. J’ai la nette impression quâ€™à  peine quittées ces sinistres colonne je suis libéré d’un poids. Et c’est ainsi, l’esprit plus léger, que j’arrive enfin à  bien distinguer l’objet de ma curiosité. Un autre aurait hésité mais l’habitude ne me laisse aucun doute. Je viens de trouver une autre navette. Je m’approche à  pas plus mesurés. Elle est visiblement plus grande que la mienne mais je n’en trouve pas le modèle. Peut-être ces années perdues sans me renseigner sur le petit monde du voyage. Son dos a été peint en bleu sombre, mais le ventre de l’engin a été laissé en blanc. La neige s’accroche avec peine sur sa coque trop lisse. Finalement, l’avant m’apparaît.

Je me raidis. Sous le nez surgit, presque incongrus, une forme allongée et menaçante. Un canon. J’ai beau regarder, je ne vois personne. Mais il y a cette arme, cette navette.. avec son canon. Je ne suis pas un grand adepte des coïncidences. Joe m’a fait prendre de quoi me défendre mais j’ai tout laissé dans l’explorateur. Je suis un pilote, pas un mercenaire. D’instinct je me tapis contre le sol. J’ai de la neige jusqu’au menton et pourtant me sens incapable de faire le moindre geste. Pas un mercenaire, non.


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MessagePublié: 23 Sep 2006, 14:37 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
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Mais un pilote reste un aventurier malgré tout. J’ai des jumelles dans mon sac, rapidement récupérées. Les puissantes optiques ne m’apprennent pas grand-chose. Le vent maintient un fin cocktail neigeux en suspension, me laissant à  la merci d’une arrivée surprise. Je bascule en vision thermique. Dans le paysage bleuté ne surgit que la coque de la navette, faiblement plus chaude que l’extérieur. Avec des tenues suffisamment isolantes, d’éventuels intrus seraient bien difficiles à  détecter. Un raisonnement qui par chance s’applique tout aussi bien à  ma personne. Je décide à  m’approcher pour de bon. La navette semble en très bon état. En ôtant la neige de la main je constate que la coque semble n’avoir pas trop vécu. Devrais-je prendre des photos ? De tout façon, on m’a suffisamment fait comprendre qu’il me faudrait des preuves bien plus directes si je comptais revenir. Je ne suis pas là  en qualité de témoin.
Les portes semblent verrouillées. Si les utilisateurs de ce vaisseau sont les hommes que j’espère, déclencher une alarme quelconque serait bien trop risqué. Mieux vaut en apprendre davantage à  l’extérieur.

D’autres traces de pas quittent cet endroit et partent vers ces hauteurs que j’ai aperçues plus loin. Je reprends cette piste, les jumelles en bandoulière. Moi qui pestais depuis mon départ contre ce vent glacial, je me retrouve sous sa protection. Je n’ai qu’un avantage sur ces premiers arrivants : je suis au fait de leur présence, contrairement à  eux. J’avance donc avec une certaine prudence sans oublier de scruter les infrarouges régulièrement. Quand donc ai-je pu connaître une situation similaire ? La vie à  Venezia, une véritable vie de pilote est faite d’embouteillages, de négociations, de déplacements parfois difficiles mais prévisibles. Il faut s’aventurer dans des régions faiblement peuplées pour se retrouver comme maintenant, à  crapahuter dans des étendues désertes. Je sens bien que je n’ai plus la forme que je pouvais avoir à  cette époque. La fatigue se contente cependant de glisser à  ma surface, sans pouvoir s’en prendre réellement à  moi. Je ne sais pourquoi.

J’aperçois un peu mieux les reliefs à  présent. Ils ont la même teinte sombre que les mystérieux piliers que j’ai rencontré, la pierre qui les constitue a sans doute servi à  ériger ces derniers. Ils forment une muraille abrupte qui délimite cette plaine enneigée. Ma piste s’y dirige tout droit. A l’aide des jumelles, je découvre des anfractuosités dans ces parois et ce qui ressemble à  de discrets passages le long de la roche. Qu’elle puisse servir de refuge devient peu à  peu une évidence. Je commence à  rencontrer de fines pointes de pierre sombre, que j’évite à  dessein. Ma tenue est plutôt claire et je préfère rester le plus longtemps possible sur fond neigeux. Les traces de pas se multiplient brusquement et se dispersent dans toutes les directions. Le vent n’a plus guère de prise ici et un silence profond s’installe au pied de ces hauteurs. Le moindre de mes pas fait crisser la neige, le bruit me paraît assourdissant. Je fais une pause. J’observe quelques instant mon souffle vaporeux. Il n’y a pas si longtemps c’était une fumée bleuâtre que j’exhalais de cette manière. Je ne ressens pas les effets du manque. Un medic m’avait parlé de dépendance psychologique, un lien que je m’étais créé par ennui et absence d’espoir. Toute cette période va peut-être disparaître de mon esprit aussi vite que ces petits nuages.

Un mouvement attire mon attention. Je scrute la paroi qui me fait face sans rien remarquer. Le passage en infrarouge me révèle l’objet de mon intérêt, une marque verdâtre surmontée d’une petite tâche brillante. Un visage. Je zoome autant que possible sur l’homme et finit par bien l’apercevoir. Il porte une tenue de protection sombre, d’allure un peu rustique. Une capuche brodée de fourrure enveloppe son cou et sa tête, ne laissant qu’une portion de visage à  l’air libre. Il ne porte pas grand-chose sur lui à  l’exception d’une sorte d’un petit sac en bandoulière. Je ne parviens pas à  voir ce qu’il tient dans sa main droite, du côté de la roche. L’homme progresse lentement, le long d’un sentier invisible depuis ma position. Je l’estime à  une quinzaine de mètres au-dessus du sol enneigé. Son parcours va l’amener à  regarder dans ma direction. J’entends mon sang battre à  mes tempes. Je me recule le plus silencieusement possible entre deux rochers, sans le perdre de vue. La falaise forme une sorte de promontoire sur lequel il arrive enfin, me faisant face. Je distingue enfin son flanc droit. Il tient à  la main une arme, soutenue par une bandoulière. L’espace d’un instant la panique s’empare de moi : il porte la main au visage et relève ses lunettes. Pendant un moment qui me semble interminable, l’homme scrute l’horizon sans bouger. Il ne peut pas m’avoir vu, il ne peut pas savoir. J’oppose à  ma peur toutes ces pensées rationnelles, je suis dans l’ombre, mes jumelles ne font pas de reflets, je suis silencieux… mais non, je ne peux pas m’empêcher de retenir mon souffle plus que de raison, de me crisper sur mes instruments. Dans les bas quartiers les mauvaises fréquentations ne manquent pas. Il s’agissait d’un contexte connu, d’un danger mesuré, d’habitudes à  prendre. Tapi dans l’ombre des rochers je suis à  la merci de ce garde dont je ne sais rien. Va-t-il tirer à  la moindre suspicion ? Donner l’alerte, se lancer à  ma poursuite, je l’ignore. Cette tétanie devient insupportable.

Enfin la liberté, l’homme remet ses lunettes en place et continue son chemin sans aucun signe inquiétant. Ma tension s’efface aussitôt. Je réalise que mon cÅ“ur bat à  tout rompre. Et cette peur cède la place à  une excitation contenue : je les ai trouvés, je tiens enfin un fil fragile et dangereux capable de me mener à  Anita. Je dois aller dans ce repère, à  tout prix. Même sans être armé. Si c’est juste pour attiser la colère de ces ravisseurs qui disposent peut-être bien d’un véritable arsenal, ce ne sera pas une grande perte. Je m’extrait de ma cachette sitôt la sentinelle hors de vue et progresse le long de la paroi rocheuse. Il ne me faut pas longtemps pour trouver ce que je cherche. La pierre forme une sorte de surplomb qui laisse place à  une petite aire privée de neige. J’y découvre une entrée, encadrée par deux montant grossièrement taillés. J’hésite un court instant devant le boyau sombre qui s’enfonce dans les profondeurs. Aucun bruit ne me parvient de l’intérieur. Je n’aperçois aucune lampe ou source de lumière quelconque, juste ce couloir qui se prolonge dans l’obscurité. Je sors une petite lampe que je clipse sur mon col. Son faisceau discret m’évitera de tâtonner dans le noir.

La roche résonne sous mes premiers pas. Je soupire et continue ma marche. Rapidement la lueur pâle de l’extérieur n’est plus qu’un souvenir. Le passage se met à  zigzaguer au point de me faire perdre la notion d’orientation. Je monte au cÅ“ur de la falaise, que le sol soit simplement en pente ou taillé en marches. Quand finalement j’atteints un embranchement, je marque une pause. Des sons me parviennent d’une des galeries. Quelqu’un approche.


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MessagePublié: 23 Sep 2006, 22:47 
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S.A.V de Lamenoire
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Inscription : 03 Mai 2004, 01:42
Message(s) : 945
Localisation : Montauban,France
:shock: suspense, suspense!

ceci dit, je me demande tout de même ce que les kidnappeurs (s'il s'agit bien d'eux) ont fabriqués tout ce temps!

_________________
Une lame qui glisse silencieusement hors du fourreau, une gorge ouverte sans un cri, un corps qui glisse sans bruit au sol.

Voila une agréable soirée en perspective...


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MessagePublié: 30 Sep 2006, 02:01 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
Message(s) : 496
pompompom...

--

Je m’engouffre dans l’autre voie, sans courir pour ne pas donner l’alerte. Les marches inégales entravent ma progression mais ça semble heureusement être également le cas pour l’inconnu. Ses pas, quand ils me parviennent, sont tout aussi lents et irréguliers que les miens. Peu à  peu de la lumière filtre dans la galerie et rase le sommet de cet escalier minéral. Je débouche brusquement sur une portion de tunnel en contact avec le bord de la falaise et percées de nombreuses ouvertures vers l’extérieur. Tout en continuant ma progression, je me retrouve stupéfait par l’allure des lieux. Ces cavités ont été agrandies – percées ? – avec un soin impressionnant, un travail visiblement accompli sans l’aide des moyens modernes à  notre disposition dans les zones développées. Le sol a été aplani, les bords des jours dans le tunnel légèrement embellis et agrandis. Mais la peur d’être découvert me pousse à  continuer mon chemin. Ce tunnel débouche sur une petite esplanade mouchetée de neige. Je devine plusieurs issues, j’en choisis une sans m’arrêter et décide de continuer au gré de mon intuition.

Après quelques minutes d’un parcours désordonné je me retrouve dans ce qui ressemble à  un débarras. Je repère au faisceau de ma petite lampe une série de diodes fichées dans la roche. En actionnant l’interrupteur, elles emplissent la grotte d’une lumière douce et suffisamment vive pour m’y repérer. Des caisses métalliques parsème le sol, certaines ouvertes, d’autres entrebâillées. Je découvre d’autres diodes d’éclairages, ce qui ressemble à  de petits générateurs, de la nourriture. De quoi tenir un siège. On a pioché au gré des besoins dans les différents conteneurs, sans ce soucier d’organiser le tout. Visiblement ceux qui ont aménagé cette réserve n’ont fait que le minimum pour la garder accessible. Mais cela ne m’étonne guère pour un repaire de hors-la-loi. Alors que j’inspecte les caisses, je finis par noter des murmures provenant du fond cette salle. Je réalise en m’approchant qu’il s’agit en fait des échos d’une conversation menée dans une pièce voisine. Je m’aplatis contre le sol, l’oreille collée à  une fissure d’où semble provenir le son. J’arrive alors à  distinguer plusieurs voix, dont celle d’une femme.

« Je pense que des cloisons supplémentaires ne seraient pas un luxe.
—Ce nid à  rats est un véritable gruyère. Je ne vois pas ce que tu voudrais isoler de plus. Je préfère tourner avec le moins de carburant possible.
—En attendant on entre ici comme dans un moulin. Tu ne penses pas que..
—Personne ne vient ici. Ca n’a pas de sens, cette affaire.
—Il y a eu un écho de passage, un seul. Strauss est formel, intervient la voix féminine.
—C’est peut être un erreur, un bref passage je ne sais pas.
—Non, ce genre de détecteur ne réagit quâ€™à  une rupture d’Ether. Et même une sortie très rapide serait apparue sur les instruments. Quelque chose est entrée dans notre zone. Et cette chose n’est pas ressortie.
—Et Strauss ne peut pas nous dire de quoi il retourne ?
—C’est déjà  moins facile. Nous devrons la trouver par nos propres moyens.
—J’ai encore envoyé Daniels, j’attends de ses nouvelles…
—On parle de moi ?

Je peux entendre des pas dans la salle attenante. Plus d’une personne est entrée, j’en suis pratiquement certain. Leurs bottes tintent fortement sur cette roche creuse.

« La tempête est encore vive, on n’y voit pas grand-chose. Je pense qu’on peut compter encore sur une dizaine d’heures avant de pouvoir correctement ratisser la plaine.
—Alors nous attendrons, ça vous convient Dame Sylvie ?
—Ai-je le choix ? » Sylvie, s’il s’agit bien d’elle, ne cache pas son irritation.
—Nos visiteurs sont peut-être bloqués par cette tempête. Ils doivent attendre eux aussi.
—On peut sortir. On n’y voit pas grand-chose, mais c’est possible. S’ils le voulaient vraiment ils seraient déjà  arrivés ici. Donc je pense qu’ils ne connaissent pas l’endroit.
—Ou n’ont pas envie de venir à  découvert. Dans tous les cas, ce ne sont pas des gens que nous attendons. Raison de plus pour aller les trouver et régler le problème.
—Vous pensez à  des gens de la mafia ?
—Ils ne devaient plus venir. Ils ont dégagés les lieux comme prévu. Vous pensez qu’ils auraient tenté quelque chose pour retrouver la fille ?
—Ce serait stupide. Mais je m’attends à  tout de leur part.
—Si c’est le cas nous réglerons ça rapidement. Puis nous pourrons en avertir qui de droit » conclut Sylvie d’un ton sec.

Je retiens un juron. Ils savent pour mon arrivée mais n’ont pas pu localiser mon appareil. J’espère juste que sa balise ne le trahira pas, je suis le seul à  disposer du bon récepteur, mais je préfère ne pas trop forcer la chance. Et à  présent ? Je dois savoir si Anita est retenue ici, avant d’aviser. Ils doivent disposer de locaux chauffés, protégés par les fameuses cloisons. Je me rapproche à  nouveau de ma fissure, afin d’en apprendre plus. Mais je ne peux que constater avec déception que ce groupe s’est séparé. Les hommes restants ne font que discuter de banalités. Je m’écarte définitivement du sol et masse mes jambes endolories par cette position inconfortable. Avant d’éteindre la lumière dans la réserve je m’empare d’un projecteur portable. Il émet un halo dense et puissant bien plus confortable que ma maigre lampe, mais à  utiliser avec modération si je ne souhaite pas me faire repérer.

Je quitte rapidement les galeries les plus hautes et m’enfonce à  nouveau dans les profondeurs de la falaise. La température est plus agréable sous ces tonnes de roches. J’espère bientôt trouver l’abri qu’ils ont aménagé, car ma progression s’avère compliquée par mes nombreux détours au moindre bruit suspect. Je ne tiens pas particulièrement à  tomber nez à  nez avec l’un d’entre eux. L’atmosphère oscille entre le silence quasi solennel que j’attendrais d’un tel endroit et parfois les échos confus de pas précipités. Etrange cette idée d’installer ce repère dans cette zone… j’imagine bien m’installer dans un coin désertique si j’avais des choses à  cacher. Mais quitte à  le faire j’essayerais un cadre plus agréable. J’ai bien l’impression d’être dans un trou à  rats comme ils disent, un trou gelé.

Un joint cimenté à  la hâte maintient la porte en position dans son cadre de roche. Je reste perplexe face à  la paroi métallique qui délimite l’abri. Il y a bien un volant mais pas de serrure visible. S’ils emploient un système magnétique c’est fichu pour le moment. Je ne trouve aucun espace entre la porte et son support comme je le craignais. Alors que la stupidité de ma situation commence à  m’irriter j’ai à  peine le temps de m’écarter tandis que la porte s’ouvre. Je me plaque dans une zone d’ombre, le cÅ“ur battant. Une forte lumière s’échappe de l’entrée et illumine le couloir rocheux. Je parviens à  éteindre mon projecteur juste à  temps quand je vois une silhouette quitter l’abri. Il ne m’a pas remarqué et commencer à  s’éloigner d’un pas tranquille. Tout près de moi, la porte se referme lentement avec un chuintement à  peine audible.

Je tente ma chance. J’arrête d’un geste vif la fermeture de la zone protégée et m’apprête à  m’engouffrer à  l’intérieur. Une bouffée d’air chaud m’accueille et je me vois déjà  dedans quand un cri jaillit dans mon dos :

« Qui êtes-vous ? Halte ! »


--

tadaaa!!


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MessagePublié: 01 Oct 2006, 20:24 
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Songes de louve

Inscription : 09 Juil 2004, 00:25
Message(s) : 496
Je me fige comme un enfant surpris en train de fauter. Il faudrait continuer, bien au contraire, mais comment faire une fois à  l’intérieur ? Je me retourne et découvre l’homme qui m’a surpris. Il attend, fermement campé au milieu du corridor, déjà  tout équipé pour une sortie à  l’extérieur. La lueur de l’abri se reflète dans les lunettes qui lui barrent le visage. Je me recule et laisse la porte se refermer avant de me diriger vers lui d’un air nonchalant. Il n’a pas d’arme. Arrivé à  quelques mètres il me fait signe d’arrêter, j’en profite pour charger tête baissée et le bousculer d’un coup d’épaule. Le ravisseur pousse un grognement de surprise en me recevant de plein fouet. Je ne prends même pas la peine de regarder derrière-moi et me mets à  détaler dans le couloir sous une bordée d’injures. Arrivé presque hors de vue, je constate qu’il s’est précipité dans l’abri. L’alerte va être donnée.

Le réseau de cavernes résonne de l’écho de dizaines de pas. J’ai du me tromper car je ne reconnais plus les lieux que j’avais parcouru si lentement à  l’aller. Je n’ai trouvé aucune issue, aucun passage utilisable pour me cacher, au point que je soupçonne les occupants des lieux de les avoir condamnés. Je cours presque à  l’aveuglette, allumant mon projecteur par intermittence. Les brefs flashs de lumière me dévoilent des obstacles que j’évite au jugé. Soudain le sol se fait glissant et je manque de tomber à  la renverse. La pierre est devenue luisante, j’en découvre vite la raison. De l’eau suinte le long des parois et ruisselle silencieusement vers les profondeurs. Je prends le risque de continuer à  vive allure.

Les parois se resserrent insensiblement et me donnent l’impression d’être tombé dans un piège. Mes éclairs de lumière fugitifs révèlent des formes inquiétantes, macabres. Simples sculptures, ou ? Tout ici a la même apparence sombre et granuleuse. Je cours, aussi loin que possible de ces murs dans lesquels je devine des crânes et d’autres ossements. Certains sont tombés au sol et je dois me rendre à  l’évidence, il ne s’agit pas de sculptures. Je ne souhaite m’attarder en si bonne compagnie et continue à  toute allure. Soudain le sol se dérobe sous mes pas. Je me rattrape in extremis et en comprends la raison : je viens de déboucher dans une salle plus grande. Un autre ossuaire, ou les restes humains ont été laissés pêle-mêle contre les murs. Et surtout, de la lumière. Je me précipite vers la source des quelques rayons qui percent les ténèbres de l’endroit. Le chemin m’a l’air escarpé mais praticable par un individu déterminé, à  plus forte raison s’il est poursuivi. J’allume une dernière fois mon projecteur et l’abandonne dans les profondeurs. Mon épaisse combinaison me permet de ramper sur la roche escarpée sans trop de mal. Je sens un souffle d’air froid provenir d’en haut. En m’arc-boutant presque à  limite de mes forces je parviens à  progresser peu à  peu. Après un passage étroit, j’aperçois les premières traces de neige. Je remonte difficilement mes jambes qui pendent le vide et arrive enfin sur une pente plus douce. Je me retrouve dans un entonnoir naturel. Dehors. Au prix d’un dernier effort, je me hisse totalement hors des grottes et me retrouve sur un petit plateau enneigé.

Je m’assois pour récupérer tout en observant les alentours. Je ne vois pas de réelle issue. Je me retrouve à  une dizaine de mètres de hauteur, pris entre ces cavernes qui grouillent de gens à  ma recherche et la tempête au-dehors. Je me mets à  scruter frénétiquement le sol tout autour de mon abri précaire. Une congère s’est formée contre l’un des rochers qui bordent la falaise. La neige semble fraîche mais je n’ose pas trop me lancer. Des cris me parviennent depuis le sous-sol, de plus en plus proches. Un dernier tour d’inspection ne me révèle aucune autre solution. Je m’élance, les yeux rivés sur les roches sombres qui affleurent de la neige. Sa masse blanche se soulève brutalement à  mon arrivée et je crains un instant de finir englouti. Aucune douleur ne vient, à  mon grand soulagement, comme si le danger et la course avaient étouffé mes sensations. Je m’extrais plutôt piteusement de mon matelas de fortune et me laisse tomber sur sol. Autour de moi le ciel a pris une couleur gris clair, toujours agité par la tempête.

Alors que je me lève, une voix me parvient de plus haut. Je distingue une silhouette sur l’un des rebords qui jalonnent la falaise. Elle tente de s’adresser à  moi. Sans attendre, je file me mettre hors de sa vue. Une courte série de détonations confirme mon inquiétude. L’homme continue à  tirer au jugé pendant quelques instants alors que je suis déjà  hors d’atteinte. Je crois reconnaître le lieu de mon arrivée. Rapidement, des traces de pas confirment mon intuition. Elles se rejoignent devant l’entrée du repaire. Mais je ne peux pas emprunter si simplement le chemin du retour. Tout un groupe de personnes en armes attend sur l’esplanade qui borde les cavernes. La poursuite ne fait que commencer.


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MessagePublié: 06 Oct 2006, 01:08 
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Songes de louve

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J’attends, pelotonné au mieux contre les roches qui bordent le repaire. Quelque chose en moi me dit qu’une occasion va surgir et j’attend, tendu et prêt à  bondir sur l’opportunité quelle qu’elle soit. La sentinelle qui m’a tiré dessus va bientôt les alerter de ma présence au-dehors, la suite je ne peux que l’imaginer. Soudain l’un d’entre eux donne l’ordre de faire silence. Sa voix puissante et claire me parvient malgré le souffle du vent. Il se tient debout au centre du groupe, une femme –dame Sylvie ?- à  ses côtés.

« Il ne peut pas fuir sans laisser de traces. Le premier groupe ira avec moi le long de la piste, c’est sa seule possibilité de fuir sans laisser ses propres marques. Les autres, vous me retournez cet endroit, et proprement ! »

Aussitôt, je les vois se disperser et rentrer dans les cavernes tandis que cet, homme, un commandant probablement, emmène ses hommes le long du chemin menant aux colonnes et à  leur vaisseau. L’occasion devient très nette dans mon esprit, aussi insensée qu’elle puisse être. Je vais me rendre au dernier endroit où ils me chercheront : dans le dos des rabatteurs. Chaque instant passé ici accroit mes chances d’être aperçu par l’un d’entre eux. J’observe avec une patience mise à  rude épreuve le groupe s’éloigner dans la tempête. Je ne peux pas courir le risque qu’un retardataire m’aperçoive. Les secondes s’écoulent, interminables. Enfin l’esplanade me paraît vide. Je m’élance hors de ma cachette, les jambes raidies par le froid et ma chute Ces premières foulées me semblent terriblement lourdes – bons sang, je tiens vraiment à  me faire attraper comme un looser ? – mais je tiens bon. Je scrute les minces silhouettes qui avancent devant moi, prêt à  bondir au sol au cas où l’un d’entre eux aurait la mauvaise idée de se retourner. Au bout de quelques minutes, les falaises ne sont plus que des formes sombres et floues derrière le fin voile de neige. Mon stratagème semble fonctionner.

Le frisson du danger et de l’audace me traverse tandis que je continue à  suivre mes poursuivants. Cette impression d’être sur le fil du rasoir, de dominer la situation par une ruse si risquée. J’en arrive à  réaliser que j’ai bien réussi à  me mettre à  leur suite, sans vraiment songer à  comment agir au moment de regagner mon appareil. Pris d’une angoisse subite, je sors mon récepteur et le tapote nerveusement en attendant que l’écran s’allume. Un coup d’œil aux ravisseurs. Leurs formes sont encore visibles dans la brume. Un « ping » sonore retentit quand mon récepteur capture le signal. Je me fige. Rien ne se passe, les autres continuent leur chemin comme si de rien n’était. L’écran luit faiblement dans cette lumière tamisée, mais j’y voit suffisement pour constater que tout va bien. Avec ce guide et la tempête pour dissimuler mon explorateur j’ai encore toutes mes chances d’échapper à  ce nid de frelons. J’accélère l’allure pour ne pas me faire distancer. Je ne sais toujours pas comment quitter en beauté les rabatteurs. Une fois parvenus au bout de la piste ils réaliseront leur erreur. Et je ne pourrai pas leur faire le plaisir d’en tracer une spécialement pour eux…

Ce problème ressurgit en même temps que les formes inquiétantes mais connues des colonnes. Le groupe de rabatteur a rapidement inspecté son propre appareil et jugé que je l’avais contourné. Ce que je fais en pratique, tout en gardant une certaine distance de peur d’une mauvaise surprise quelconque. Les arches de pierre noires projettent leur ombre sur la neige assoupie, toujours privée de vent. Je réalise réellement leur taille en apercevant les silhouettes des bandits à  proximité. Ils semblent progresser bien moins vite à  présent, et doivent scruter la moindre cachette. Je ne peux pas rester à  découvert, je dois me trouver dans ce chaos architectural quand il leur viendra à  l’idée de rebrousser chemin. Je me précipite un peu trop vite en direction des piliers les plus proches. Soudain la rumeur de la tempête laisse place au calme étrange de l’endroit. Peu importe, je suis déjà  contre l’une des colonnes, hors de vue. Je respire à  pleins poumons l’air glacial, au comble du soulagement. C’est alors que je me rends compte de mon erreur.

Ils ne feront pas demi-tour. J’ai laissé ma propre piste, un chemin menant directement à  ma navette. Je n’ai plus un instant à  perdre. Je tente de prendre les rabatteurs de vitesse sans me faire remarquer. Je n’ai quâ€™à  me faufiler entre les piliers, sans croiser leurs regards. Tâche plus ardue qu’il n’y paraît. Les vents ont déposé à  l’extérieur de cette grande nef inachevée des quantités impressionnantes de neiges dans un désordre décourageant. Je dois user mes maigres forces à  gravir et contourner toutes sortes de congères et de bosses plus ou moins friables. J’ai bien entendu perdu de vue le groupe lancé à  ma poursuite. J’avance à  vrai dire, poussé par l’aiguillon de la menace planant sur mon vaisseau, bien plus que par la crainte d’être moi-même pris en chasse.

Cruelle erreur. L’un des grands piliers brille par son absence. Nous nous apercevons en même temps au travers de cette trouée. Sans prendre le temps de crier quoi que ce soit, les ravisseurs font feu. Je cours comme un dératé sous le tonnerre de détonations. Les colonnes suivantes m’offrent leur abri pour un court instant, mais la peur secoue toutes mes pensées. Une arme. J’ai besoin d’une arme, de faire croire que j’ai une arme. Je dois bien avoir quelque chose pour faire une putain d’arme. Je lance mon sac contre un monticule de neige et le fouille frénétiquement de mes mains emmitouflées. La solution se tient dans mes paumes tremblantes d’excitation. Un pistolet de détresse. Je prends une pleine poignée de mini-fusées et enfile mes affaires à  toute allure. Je charge l’engin brutalement, sans prendre la peine de regarder devant moi. Une nouveau coup de feu retentit, ils ont du m’apercevoir l’espace d’un instant. Mais j’ai de quoi riposter.

La suite me semble durer une éternité. Une de ces étranges colonnes a donné naissance à  un véritable mur de neige, me privant d’issue. Alors que je tente de le contourner surgissent mes poursuivants. Je les vois épauler leurs armes et je n’hésite pas. La fusée part dans un cri strident dans leur direction. Sa grande trace rouge file en tourbillonnant avant d’éclater un une gerbe de lumière tout près d’eux. La surprise les fait presque tous tomber au sol. J’exulte un court instant et tente de prendre la fuite. Mais leur chef – du moins je le pense – pointe un fusil de belle taille dans ma direction. Je n’ai que le temps d’entendre un bruit sourd. Puis l’air se déchire et tout n’est plus neige enragée. Le temps d’entendre un sinistre craquement – ou de le croire tant tous les sont me paraissent irréels – la marée blanche se transforme en voile noir. C’est terminé.


Dernière édition par Loup Celeste le 07 Oct 2006, 14:44, édité 3 fois.

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MessagePublié: 06 Oct 2006, 08:44 
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S.A.V de Lamenoire
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:shock:

excellent! Je suis curieux de voir quelle forme vas prendre la suite

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Une lame qui glisse silencieusement hors du fourreau, une gorge ouverte sans un cri, un corps qui glisse sans bruit au sol.

Voila une agréable soirée en perspective...


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MessagePublié: 09 Oct 2006, 00:02 
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Songes de louve

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Je creuse frénétiquement à  l’aveugle dans le tapis de neige. Ma main finit par rencontrer le vide, enfin. J’agrandis le trou et retrouve la sensation de l’air libre dans ma gorge. Je suis encore à  moitié enseveli quand je peux nettoyer mes lunettes des flocons qui les obstruent, la lumière atténue enfin ma panique. Lorsque je me remets debout c’est pour découvrir un paysage dévasté, balayé par une avalanche : du mur qui me faisait face ne reste qu’une grande coulée blanche emplissant les lieux de l’affrontement. Des blocs de pierre noirâtres surgissent ça et là  et je me rends compte que le pilier qui soutenait cette falaise de glace s’est effondré lui aussi. Je suis un miraculé.

Je secoue les restes neigeux qui s’accrochent à  ma combinaison et mes cheveux. Le silence est impressionnant après tant de fureur. J’ai encore un peu de peine à  réaliser mais je suis bien le seul à  me dresser entre ces colonnes. La poursuite a pris fin de la plus violente des manières. En quelques pas maladroits je retourne dans la grande travée qui parcourt la construction. Toujours rien à  l’horizon, aucun guetteur ne semble m’avoir attendu. Je n’ai pas vu de traces dans les restes de l’avalanche. Mes poursuivants doivent être morts. Comme j’aurai pu l’être… mourir ici, finir oublié à  jamais. Une joie sauvage me réchauffe, le plaisir simple et brutal de les avoir piétinés. Il ne me reste plus quâ€™à  rejoindre mon explorateur, il me faudra juste presser le pas car la tempête s’affaiblit.

C’est alors que je la remarque. C’est une main gantée de bleu, seule dans la neige, une simple main. L’ai-je bien aperçue ? C’est peut être un autre bout de tissu, non je fais semblant de n’avoir pas compris. Je n’arrive pas à  tourner le dos et partir, en simple vainqueur sûr de son fait. En m’approchant, je peux la toucher, j’exerce une légère traction, presque à  contrecÅ“ur. Rien ne vient. Je n’ai plus le choix. Je dégage la neige de mes mains, libérant peut à  peu un avant-bras, puis une épaule. Mon rythme s’accélère, je suis toujours un fugitif c’est stupide mais j’ai choisi. Le corps vient lentement quand je le tire, son enveloppe de neige compacte cède sous mes assauts. Et nous nous retrouvons tous deux allongés au sol. Aucune réaction. Je lui arrache sa capuche afin de découvrir ses traits. Sous mes doigts, des vagues de cheveux roux s’échappent et glissent hors de leur prison. C’est une femme.

Son visage est beau, malgré son teint pâle et ses lèvres violacées. Elle semble seulement endormie. D’une main hésitante, je dégage sa peau des derniers cristaux, puis suspends mes gestes. Je dénude ma main et l’appose contre sa joue, elle est glaciale. Je décide malgré tout de la déplacer dans un endroit plus pratique. C’est au moment où je saisis ses jambes que j’entends un faible gémissement. Quelques larmes se frayent un passage sous ses yeux entrouverts. Je lâche le membre et lui arrache un second cri. Son visage frissonne sous mes mains, je souffle un peu afin de le réchauffer. C’est ainsi que son regard me surprend, tenant son visage entre mes mains. Il passe par une multitude de nuances au fil de son réveil. Je sens une terrible peur et soudain, une défiance subite. Elle a compris qui j’étais.

« C’est vous qui… »
—C’est moi. Il n’y a plus que nous deux. » Ses yeux s’éteignent quelques instants.
—Merci. » Sa réponse est parti comme dans un souffle. « Vous n’auriez pas du venir. »
—Vous savez pourquoi je suis venu.
—Pour la fille… Elle n’est plus ici. Laissez-moi, maintenant.
—Attendez. »

Je la sens tendue, pourtant ma voix n’était pas menaçante. Je m’approche d’elle et je la vois serrer ses lèvres encore bleutées, comme figée par la peur. Tout devient clair quand je constate que j’ai la main posée sur sa jambe blessée. Une simple pression et je me transforme en tortionnaire… Mais ce n’était pas mon intention. Un silence pesant s’installe. J’écarte lentement ma main sans quitter son regard.

« J’ai besoin d’en savoir plus, Sylvie. » Touchée ! Je devine à  sa réaction que je n’ai pas fait fausse route. Elle détourne les yeux, le visage fermé. Je soupire. Je la laisse le temps d’aller voir l’endroit où elle se trouvait ensevelie. Là  au fond du trou, je récupère ce que j’attendais, un pistolet mitrailleur. Puis je reviens vers elle et détache sa cartouchière avant d’en prendre le contenu. Sylvie se laisse faire sans mot dire et ne tente plus de me dévisager. Etrange, je m’imaginais ce genre de bandit bien plus capable de tenter un mauvais coup dans sa position. Drôle de fille, vraiment. Avant de partir, je lui tends mon pistolet d’alarme. Comme elle ne le prend pas, je lui pose sur la poitrine en ajoutant « Utilisez-le au moment qui vous semblera raisonnable. »

Elle m’arrête au moment où je tourne le dos. A sa voix je sens qu’elle a changé d’opinion. « Hey. Vous êtes un homme bien. Renoncez, je vous en prie. » Je m’éloigne sans répondre. Elle reprend plus fort, criant presque à  cause de la distance. « Renoncez ! Vous serez tout seul, n’essayez pas d’en apprendre plus ! Vous méritez mieux ! »

Je ne peux pas. Je la salue de la main avant d’accélérer le pas. Quand une jolie fille vous dit de renoncer, et qu’il s’agit visiblement de la solution la plus sûre il faut être un peu fou pour ne pas le faire. Mais cet incident m’a fait franchir un seuil. Plus question de faire machine arrière. Il me reste encore un bon bout de chemin avant mon vaisseau. Je dégaine mon récepteur et m’enfonce dans la grande pleine enneigée qui s’étend devant moi, les yeux rivés sur le petit cadran. Le ciel s’éclaircit de minute en minute. Je dois faire vite.

Je suis presque arrivé à  bon port quand je vois une lueur rouge illuminer l’horizon derrière moi. Très raisonnable, Sylvie.


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MessagePublié: 09 Oct 2006, 23:03 
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Songes de louve

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Il y a des questions qui n’ont pas la chance de pouvoir survenir. Comme le choix de ma destination. Tout à  mes pensées concernant ce que j’avais découvert ici, j’avais atteint mon explorateur. Une fine pellicule blanche lui donnait un air étrange, à  la manière d’une bonbonne couverte de givre. Le présent m’a alors brusquement rattrapé sous le forme d’un vrombissement sourd venant du lointain. Le vacarme de propulseurs qui se mettent en marche. Un coup d’œil en hauteur confirme mes craintes, car le temps est pratiquement dégagé. Je me précipite dans l’appareil que je souille immédiatement de mes affaires trempées et glaciales. Une visite est imminente, le genre de visite qu’on préfère éviter.

Je résiste à  la tentation de lancer la machine immédiatement. Je maintiens un faible régime pour réchauffer les parties sensibles, pendant d’interminables secondes. La zone de sécurité est encore trop loin ! Le vrombissement a reprit au dehors, je l’entends distinctement via les hauts parleurs qui me relient à  l’extérieur. A l’instant où la lueur de mes cadrans vire au bleu, j’arrache la navette au sol. La neige disparaît dans un vaste nuage de vapeur en produisant une plainte déchirante. Un peu de visibilité retrouvée, je distingue la menace, sous forme d’un inoffensif petit point dans les hauteurs. Il s’approche en décrivant une grande boucle. Je verrouille mon radar anti-collision dessus et me lance à  la recherche des fissures. Le paysage file à  tout allure sous le ventre de mon appareil mais je n’ai d’yeux que pour la forme orangée qui évolue sur mon tableau de bord.

Un bourdonnement retentit dans l’habitacle. Le mur ! Aucune ouverture détectée pour le moment, je vire sur la droite avant de monter en flèche. Bien m’en prends car la silhouette de l’appareil ennemi s’illumine de brefs éclairs jaunâtres. La pluie de projectiles se perd dans l’Ether et je le vois amorcer lui aussi un virage serré. Il est probablement moins maniable que mon explorateur ce qui me laisse espérer. Je progresse en zigzaguant, en essayant de rester à  son altitude. Le canon que j’ai aperçu tout à  l’heure semblait conçu pour tirer au sol, ce qui le forcera à  m’approcher en plongeant. Toujours aucune issue n’apparaît aux ultraviolets. Une succession de claquements secs me fait changer de direction. J’ai à  peine le temps d’apercevoir les derniers obus supersoniques filer dans le vide. J’ai laissé mon adversaire se mettre en position, tout occupé à  chercher une sortie ! Je décide de changer de tactique. Je coupe partiellement les gaz et me laisse tomber en direction de la plaine enneigée.

Rapidement, le vaisseau arrive à  ma hauteur et je relance ma course afin de rester sur son côté. Il comprend la manÅ“uvre car il commence une série de virages abrupts, mais je profite de ma plus petite taille pour rester hors de portée. Ce bref répit me permet de reprendre mon objectif principal. D’anciens réflexes me reviennent, peu à  peu les sons qui m’entourent se font plus flous, moins présents. J’alterne sans cesse les coups d’œil à  la carapace d’Ether et à  mon adversaire. Leur pilote n’est pas mauvais, mais je le sens peu habitué à  ce genre de poursuite. Pourchasser un autre appareil c’est tout autre chose que de menacer des piétons, n’est-ce pas ? Ma patience se voit enfin récompensée. Je laisse le radar noter la position de la fissure et poursuis ma route dans son sillage. Je vais attendre qu’il quitte cette direction pour lui fausser compagnie.

Quand l’instant se présente, je lance toute ma puissance et file en direction du salut. Je déploie rapidement mes antennes de passage. Je serre les dents au passage du choc que cela provoque et pointe résolument ma navette sur le lent vortex qui se trouve loin devant moi. « Clac clac clac. » Mes turbines hurlent tandis que je change brutalement de direction, encore alerté par le bruit des tirs. L’enfoiré balaye l’air devant lui de ses tirs afin de me couper la route. Je file en spirale, mais ne le voit pas me prendre directement en chasse. Au contraire, il s’écarte afin de continuer à  couvrir la route qui mène à  la liberté. Je replie mes antennes et reprends de la vitesse. J’enrage de me sentir si impuissant. Je suis meilleur que lui, putain ! Mais il est armé cette ordure, et je ne peux rien faire. Ma colère fait ressurgir d’anciens souvenirs, des images que j’avais enfermées dans mon esprit. A double tour. Je sens la sueur irriter mes yeux… mais tout devient d’une clarté aveuglante.

Je me précipite sur lui. A toute allure. Il semble hésiter et se positionne pour m’abattre sommairement dès que je ferai mine d’aller en direction du mur. Il n’a pas compris que je ne compte pas du tout le faire. Je file directement vers son appareil, il envahit mon champ de vision, je le vois comme si j’étais à  quelques mètres malgré la distance. Lentement, je pose les doigts sur les commandes dont j’ai besoin. J’attends cet ultime moment, ce moment où son courage fléchira. Il change encore une fois de route, en vain. Change donc, change ! Juste avant le choc, j’ouvre mes aérofreins et inverse la poussée des moteurs. Je lui passe sous le nez dans un hurlement sonore. Les turbulences happent la navette sans lui laisser la moindre chance. Je pousse un cri sauvage à  la vue de mon ennemi tourbillonnant sans contrôle. Je déploie à  nouveau les antennes et lance le champ répulsif. Il ne me reste que quelques secondes avant d’arriver au mur.

Une vue arrière me montre le bandit en train de revenir, mais il n’aura jamais le temps de s’orienter correctement. J’accélère droit sur la fissure. C’est sans compter le baroud d’honneur de mon malheureux adversaire. Son canon pivote et arrose au petit bonheur la chance toute la zone. Les projectiles filent tout autour de moi. Non, non, non ! Pas comme ça, pas maintenant, pas après tout ce que j’ai fait ! Pas au bord du mur ! Je sens plus que je n’entends la coque vibrer sous les impacts. Plus rien n’a d’importance. L’Ether nous a englouti, mon vaisseau et moi. Que j’aime ce silence ! Jamais je n’en ai entendu de si beau de toute ma vie. Jamais.


---

FIN DU CHAPITRE 3

je vous invite vivement à  commenter ce que j'ai publié à  ce jour. Afin que l'histoire puisse aller dans le bon sens par la suite! :oops: :)


Dernière édition par Loup Celeste le 10 Oct 2006, 11:06, édité 1 fois.

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MessagePublié: 09 Oct 2006, 23:12 
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S.A.V de Lamenoire
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Pour faire bref: je suis fan, je bave et j'attend la suite avec impatience!

Par contre, ta fiction est bien partie pour devenir un roman fleuve. Bon courage pour la suite^^

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MessagePublié: 09 Oct 2006, 23:49 
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Songes de louve

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je dirai juste que je ne me laisse pas emporter, pour le moment l'histoire se déroule comme prévu, pas de débordements en vue.

par contre j'invite vraiment ceux qui ont regardé le topic en silence a se présenter, au moins :)


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MessagePublié: 11 Oct 2006, 00:05 
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Songes de louve

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J'ai attaqué la suite, mais je vais peut être attendre un chapitre complet pour poster... ce mode de diffusion n'est pas forcément le meilleur pour un récit de ce genre.


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MessagePublié: 11 Oct 2006, 20:47 
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S.A.V de Lamenoire
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c'est toi qui vois^^ Bon, je vais devoir carburer a la camomille pour éviter la crise de nerf avant la parution de la bestiole XD

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MessagePublié: 11 Oct 2006, 22:14 
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Songes de louve

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tu sembles être bien le seul :cry:


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