Vérité:
Minuit. Un film érotique commence à la télévision. Rien de bien intéressant en somme. Il me faut désormais partir à la recherche de monstres imaginaires inventés par un journaliste schizophrène. C?est en marchant tranquillement dans l?artère de la ville traversant les quartiers chics que j?entends un coup de feu. Puis une salve de tirs semblable à ceux d?une mitraillette. Les armes à feu, je déteste celles-ci. Ça doit certainement provenir de toutes mes blessures par balles reçues au Viêt-nam. J?ai faillis y rester là -bas. Une balle dans l?épaule, deux dans le genou, une dans la tête. La dernière étant toujours à sa place. Il paraît que si on l?enlève, j?ai de grandes chances de mourir. Lorsqu?on me demande comment je vis avec, je réponds que ça m?aide à me concentrer. Heureusement, quelque chose m?a plu énormément au Viêt-nam, la machette nous permettant de nous frayer un chemin à travers la dense végétation des jungles aux noms vietnamiens que je n?ai jamais su prononcer. Cette machette m?a permis de me défouler en décapitant grand nombre de Viêt-cong et elle m?a permis de trancher les cordes de mes camarades américains pendus aux poutrelles. Bref, je n?ai jamais aimé les armes à feu, les combats au corps à corps sont nettement plus jouissifs que d?abattre sa proie de loin.
Nouveau coup de feu, j?avance dans la direction d?où cela provient, toujours aussi lentement. Et j?arrive finalement devant un petit pavillon. Un homme sort à reculons de celui-ci, braquant un 9mm vers l?entrée. Il ne me voit même pas, moi qui suis juste derrière lui. Il recule, recule, fixant l?entrée, prêt à tirer dès que quelque chose va se mettre dans sa ligne de mire. Il recule, deux pas, trois, quatre. Il se cogne contre moi. Il pousse un cri d?effroi et de surprise et avant qu?il ne puisse se retourner, je lui colle mes paluches autour du cou et lui brise la nuque dans un craquement sec. Il est décidément facile de tuer quelqu?un dans cette ville.
Petit récapitulatif. On parle d?une épidémie transformant les personnes en zombies. L?homme que j?ai tué sortait de chez lui en braquant une arme. Si on suit une logique qui est la mienne, un zombie se trouve donc dans la maison. Si cependant on a une autre logique plus sceptique, un cambrioleur doit être dans la maison. Quel que soit le scénario, j?aurais une victime de plus à mon tableau de chasse.
Je me faufile dans la maison, à gauche se trouve la cuisine, plus loin en face de moi, un salon. La lumière de la seconde pièce étant allumée, je présume que le zombie/cambrioleur doit être dans cette pièce. Je m?y rends donc, et je vois un cadavre allongé sur le sol. Sa carotide a été arrachée. J?avais déjà déchiré une carotide avec les dents, le résultat était identique à celui-ci. Son ventre semble avoir été ouvert avec les dents lui aussi. Ce meurtrier m?a l?air d?opérer de la même manière que moi. Sauf que moi je n?avais jamais éventré un homme autrement que par une arme. Faut que j?essaye avec les dents. Si mon voisin est toujours en vie, je compte le faire dès ce soir. La dépouille possède aussi une de ces mitraillettes hautes gamme, pouvant abattre une mouche se trouvant à plusieurs kilomètres. Encore de la publicité mensongère, il est en droit de porter plainte en plus. Je savais que la plupart des américains avaient un flingue, une carabine, mais une mitraillette. Trois douilles gisent au sol, il a donc tiré trois coups. Ma logique est implacable. Les trois impacts sont incrustés dans le mur auprès du placard. Y a t-il quelque chose dans le placard ? La seule façon d?en avoir le c?ur net, c?est de l?ouvrir. Je m?applique donc à faire voler la porte d?un coup sec et je me fais aussitôt agresser par un pull en cachemire rose qui m?attendait tapi dans les tréfonds ténébreux du placard. Je referme la porte sur cette horreur. Diantre, je ne savais pas que le cachemire rose pouvait être aussi moche.
_ RPD, dont move!
Putain, il sort d?où ce flic. Il a dû voir ma victime étalée au bout milieu de la rue avec la nuque brisée lors de sa patrouille. J?espère qu?il n?a pas appeler de renfort. En tout cas, ce policier seul, bien qu?armé, ne me fais aucunement peur. J?avance d?un pas. Lui essaye de m?intimider en agitant son arme tout en balançant un nouveau « dont move ». J?avais omis de vous préciser que Raccoon City se trouve en Amérique, donc les habitant y parlent anglais. Pour ma part, je suis d?origine française et bien qu?étant officiellement de nationalité américaine, je préfère nettement mon pays d?origine.
Je m?immobilise. Non pas que l?arme brandit sous mon nez me fasse peur, mais quelqu?un d?autre se trouve dans cette pièce. Ce quelqu?un d?autre provient de je ne sais où et s?avance lentement dans le dos du policier. Sa démarche me paraît inhumaine, serait-ce un zombie? Le policier pour sa part, observe que mon regard est fixé sur quelque chose derrière lui. Il a peur de se faire attaquer par derrière et après avoir hésité, il se retourne.
Trop tard, la chose lui saute dessus, le plaque au sol et lui ouvre la gorge avec ses dents. J?ai une forte envie de participer à ce massacre, mais la chose m?intrigue et le carnage est tellement beau à contempler. La victime est dévorée, ses chairs se retrouvent arrachées, ses tripes sont avalées et les dents fouillent les entrailles à la recherche de ce qui est le plus bon chez l?humain: le c?ur.
On peut boire un demi litre de sang avant de tomber malade, j?en avais déjà fait les frais. La chose quand à elle semble boire des litres et des litres de ce précieux élixir sans aucunement tomber malade. Ça ne peut être un humain, il doit donc s?agir d?un zombie.
Je n?arrive pas à croire que les zombies existent réellement. Moi qui croyait que cela ne pouvait exister autrement que dans les livres et les films. Ça me rappelle un livre que j?ai commencé à lire il y a peu. Lovecraft. L?histoire racontait celle d?un homme nommé West qui voulait à tout pris ressusciter les morts. Ses expériences ne marchant pas sur des cobayes tel que les souris et les chimpanzé, West voulut essayer sur une dépouille humaine. Il injecte son produit dans le corps, mais il n?y a aucun résultat. Il décide donc de créer une nouvelle mixture, et lorsqu?il revient auprès du cadavre, celui-ci avait disparu. Un professeur West se baladerait-il à Raccoon City? D?après ce que j?ai devant les yeux, je dirais que oui.
Cessons de tergiversons et tuons. Tel sont les mots qui s?inscrivent dans ma tête. Nul besoin de savoir ce qu?est cette créature, ce ne sera qu?une victime de plus. Je serre mon poing gauche et avance d?un pas assuré vers le zombie qui est toujours occupé à dévorer la chair fraîche du flic. Du blanc de poulet, ça doit être appétissant. Le zombie daigne à lever des yeux hagards vers moi. Je lui décoche alors un coup puissant qui l?envoi valser face contre terre au sol. Il tente de se relever, mais son exaspérante lenteur me permet de lui sauter dessus avant qu?il ne puisse accomplir son geste. Je suis sur son dos. Je compte lui tirer violemment les cheveux en arrière pour mieux lui éclater la tête contre le parquet, mais je me retrouve avec un scalp dans la main. Cette chose est en décomposition en plus. En tout cas il est à ma merci. J?ai une soudaine envie de le tuer comme lui a tué le policier. A moi sa jugulaire. J?enfonce donc mes dents dans son artère, faisant ainsi couler le sang. J?en avale une certaine quantité, et sans le savoir, je venais d?attraper le virus T avec peut être le virus du Sida, ce qui ne serait pas impossible.
Il ne bouge plus. Déjà mort? Je le pensai un peu plus résistant tout de même. Je m?apprête à retourner chez moi lorsque il se remet à bouger. Il rampe sur le sol, dans ma direction. Mais il s?avère que le zombie est trop lent pour me causer une quelconque morsure. Je m?applique donc à lui écraser la tête à grand coups de semelle. Lorsque tout se résume à une bouillie épaisse de sang, de cervelle, de quelques dents et d?un ?il à moitié écrasé trônant au milieu, je quitte le pavillon et retourne chez moi après m?être lavé la chaussure dans la salle de bain. Je connais la vérité maintenant, les zombies existent réellement.
_________________ J'avais envie de tout salir d'une fumée bien noire...
Dernière édition par Soulblighter le 24 Juil 2004, 17:52, édité 1 fois.
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