Eltanin

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MessagePublié: 03 Mai 2005, 10:34 
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Extincteur des ténèbres
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
ÉPISODE 4 : THOURN

1. Réminiscences.
Serge Thourn arriva sur la nationale 104 en accélérant comme un dératé. Il avait rapidement reprit l?habitude de conduire en région parisienne, après ces derniers temps passés à  la campagne, comme il le disait. Il pénétra donc sur cette voie rapide en passant devant un poids lourd qui klaxonna trois fois, mécontent. Le chauffeur pesta contre les forces de l?ordre qui n?étaient jamais là  quand il le fallait.
S?il avait su que les forces de l?ordre les plus proches venaient de lui faire une queue de poisson, il ne l?aurait pas cru.
Il déboîta sans prévenir sur la gauche et appuya encore sur la pédale. Le compteur dépassa la vitesse autorisée, mais Serge savait que son badge lui servirait de laisser passer, au cas où un radar mobile ou fixe le signale. Les bons cotés d?être commissaire.
Mais il y a tellement de mauvais cotés, songea-t-il en collant au train d?une Golf noire ornée d?un superbe motif tribal. Il nota mentalement toute les infractions de ce jeune conducteur ? un magnifique ?A? de débutant décorait la plage arrière ? et réfléchit même un moment à  l?arrêter. Il dépassait de plus de cinquante kilomètres heures la vitesse maximale.
« Toi aussi, Serge, toi aussi? »
Justin !
Serge fait une embardée et passe très près de la rambarde de sécurité qui défile à  sa gauche. Il rectifie difficilement son trajet, manque de peu la collision avec la Golf qui a ralenti en voyant la voiture derrière lui balayer la route, puis Thourn lève le pied. Il a le souffle court et ses yeux sont embués de larmes. Il passe sa main sur son visage et l?essuie sur son jean.
C?était la voix de Justin que je viens d?entendre, j?en suis sûr?
Justin Derouc avait été son équipier lors de nombreuses affaires difficiles, lorsqu?il était commissaire en banlieue. Il n?avait qu?une vingtaine d?année lorsqu?il avait débuté sous ses ordres, en tant que simple agent de police de base. Puis il avait su faire preuve de talent, de dévotion à  l?égard de ses dossiers, et il était monté en grade rapidement. Il avait été son adjoint, son équipier, pendant des années, mais sa carrière avait été fauchée?
« Pourquoi faut-il que tu reviennes maintenant, Justin ? dit Thourn à  voix haute. C?est à  cause de lui ? À cause de ce type que j?ai cherché et poursuivit ? Tu sais que je suis de nouveau sur sa piste, alors tu reviens ? »
Serge Thourn bifurqua sur l?Autoroute A10 en direction de Nantes. Il lui fallait plus de trois heures pour y arriver, s?il respectait les limites de vitesse. Il y serait dans deux heures, deux heures et demie, tout au plus. Il regarda sa montre et jura à  voix haute. Son questionnaire avec les parents de François avait duré plus de temps que prévu, et cinq heures de l?après-midi étaient déjà  entamés.
La troisième voie de gauche lui permit d?accélérer plus encore, doublant la Golf modifiée dans un vrombissement de moteur. Non, il n?allait pas l?arrêter. Il n?avait pas de temps à  perdre pour ça, pour eux. Le père de sa proie avait indiqué qu?une réunion importante s?était déroulée quelques mois auparavant à  Nantes, et il allait savoir de quoi il avait été question. Coûte que coûte.
Il ne se souvenait plus exactement quand cette chasse avait commencé, et de nombreux éléments restaient flous dans son esprit, comme si son cerveau avait voulu tronquer la vérité pour l?aider à  l?accepter. Cette vérité était-elle si horrible, si terrible pour qu?elle ait été, consciemment ou non, occultée pour préserver sa raison intacte ?
Mais s?il ignorait la date exacte du départ de cette folle course poursuite qui l?emmena dans un autre continent, il savait comment elle avait débuté.
La boîte de nuit.

Il avait été informé par l?effervescence de son commissariat, avant même que son supérieur hiérarchique ne l?appelle : Les coups de fils affluaient, ses gars couraient en tout sens, affolés, des gens entraient dans le commissariat alors que l?aube n?était pas encore levé. Tout ce brouhaha avait tiré Serge de son bureau où il étudiait des empreintes relativement similaires sur une autre affaire. Je crois que c?était un truc de drogués, se dit-il. Aucune importance.
Il était alors sortit de son antre et avait alpagué un de ses hommes, qui lui avait expliqué que l?Acropole, une boîte de nuit non loin du commissariat, donc sous sa juridiction, avait littéralement explosé sans qu?on en sache les raisons. On y comptait plus de deux cents morts. Ou bien était-ce trois cents. Mais l?important tenait surtout dans cette information :
Trois survivants avaient été retrouvés sur les lieux, indemnes.
Deux hommes et une femme.
L?un des trois était?
...François.

Serge Thourn bifurqua sur une autre Autoroute, l?A11, suivant la direction de Nantes selon les panneaux indicateurs. Une barrière de péage se dressa devant lui, et il prit son ticket comme les autres. Une seconde, il avait prévu de prendre la tangente et d?aller voir ses collègues pour passer gratuitement, mais il n?aurait fait que perdre du temps en explications, en bavardages inutiles et en échanges de souvenirs avec une vieille connaissance.
Il n?était pas sûr de connaître qui que ce soit dans ce relais de police, mais les mutations étant tellement nombreuses, il ne pouvait pas prendre le risque. De plus, en y réfléchissant, il n?avait pas d?explication plausibles à  leur fournir quant au fait de rallier Paris à  Nantes gratuitement, tout en comptant qu?il venait ni de la capitale, ni de Nantes.
Il rangea le ticket de péage dans son portefeuille qu?il jeta distraitement sur le siège passager. Puis il se remit à  penser.

La première impression qu?il avait eu en voyant ces trois jeunes adultes dans la cellule de garde à  vue avait été l?amusement. Il les soupçonnait, bien entendu, mais de les voir si bien habillés, si intactes, si vivants après une explosion aussi gigantesque, tout ceci l?avait amusé au plus haut point. Il était donc arrivé souriant devant eux, et il avait joué son rôle de ?gentil? pendant un petit quart d?heure, après quoi il les avait relâché.
À l?époque, je le tenais. J?aurais du suivre ma première opinion et le garder sous les verrous le temps d?élucider cette affaire. Mais j?ai voulu jouer au plus malin, et je les ai remis en liberté tous les trois. Je pensais les piéger, les biaiser. Je me suis fait avoir. Si j?avais écouté ce témoin qui délirait sur des Anges, des Démons qui se battaient?
Il avait entreprit de faire des recherches sur ses trois là , leurs antécédents, leurs délits. Mais aucun d?eux n?avaient de casier réellement significatif. La femme n?en avait même pas, elle. Les trois avaient racontés êtres des amis de longue date, et qu?ils avaient miraculeusement échappés à  la mort. Mais Serge pensaient qu?il étaient les auteurs, ou au moins les complices de ceux qui avaient posé la bombe dans cette discothèque.
Il s?avérera par la suite qu?aucune trace d?explosif n?avait été retrouvée sur les lieux dévastés de l?Acropole, selon les scientifiques. Mais Serge persista sur son point de vue, entraînant Justin Derouc, son coéquipier, en filature pour les pister presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
J?avais suspecté François dès le départ. Je n?aimais pas du tout son regard lorsqu?il était dans la cellule et qu?il me faisait face. Je n?arrivais pas à  le cerner, et ça m?énervait. Je savais qu?il n?était pas net. C?est lorsqu?il a complètement disparu de la circulation que j?aurais vraiment du me consacrer à  lui, et non aux deux autres. Déjà  à  l?époque, il devait être barré en Amérique. Combien d?erreur j?ai pu commettre?
Ils avaient continués à  suivre les deux autres, mais ceux-ci s?étaient doutés de quelque chose, à  force. Ils n?étaient pas bêtes, et nous trop. L?homme et la femme, habitant un appartement dans le Val de Fontenay, près de Paris, ne bougeaient plus et ne sortaient que peu. La jeune femme semblait même mal en point. Un avis de recherche international avait été lancé par Derouc sur François Petit, afin de le localiser.
En vain, ils n?avaient jamais réussis à  mettre la main dessus, de cette façon.
C?est là  que? Que Justin est?
Un soir, alors que la surveillance du couple s?éternisait, il avait proposé à  Justin d?aller faire un tour chez lui, à  Montreuil, dans sa maison pour souffler quelques minutes, ou une heure. Cette veille incessante ne servait à  rien. Ils s?étaient donc retrouvés tous les deux chez Serge, où ils avaient bu un café et discuté de cette affaire.
Justin les croyait innocents, je m?en rappelle. De toute façon, ce petit crétin pensait que tout le monde était innocent. Même les pires crapules qu?on interpellait, il leur laissait longuement s?expliquer?
?
?merde, il me manque.

Au bout de quelques minutes, Justin s?était assoupi sur le canapé du salon. Thourn était partit dans la cuisine pour laver le peu de vaisselle qui traînait sur l?évier. C?est en revenant dans le salon que tout avait basculé. Définitivement. L?arrivée impromptue de François dans sa vie avait amorcé le changement, mais l?assassinat de Justin à  quelques mètres de lui l?avait achevé.
Il ne s?en était jamais remis.

Le trafic était presque nul sur l?Autoroute A11. Serge regarda rapidement sa montre qui indiquait six heures et trois minutes. Il fit craquer son dos, tendant la ceinture de sécurité. La route passait sans cesse sous lui, sa voiture dévorant les kilomètres entre lui et une partie de la vérité qu?il recherchait.
« Peut-être même est-il encore là -bas ? » se demanda-t-il. Il l?espérait, même. Après tout ce temps passé à  sa recherche, sans autre résultat que deux entrevues aussi courtes qu?étranges, il voulait le rencontrer. Rencontrer François. Rencontrer Mr.Magnum. Rencontrer l?agent Hadès. Tant de nom pour une seule personne.
Mais plus que tout, il voulait avoir une explication pour Justin.
Une larme roula sur sa joue sans même qu?il s?en rende compte, et elle sécha pendant de longues minutes, sans laisser d?autres traces que la sensation d?un baiser.

La mort de Justin Derouc, elle, avait laissé de nombreuses traces dans le c?ur de cet homme aux abords bourrus. Il l?avait considéré comme son fils, et il l?avait énormément estimé, même s?il ne l?avait jamais laissé paraître. Durant l?enterrement, il avait regretté de ne pas l?avoir plus souvent complimenté pour son travail, de ne pas l?avoir plus souvent dit combien il était fier d?avoir un collègue comme lui.
L?enterrement de Justin avait été l?occasion pour lui de s?en rendre compte. De se rendre compte à  quel point il tenait à  lui. Il avait pleuré, chez lui, lorsqu?il avait tâté le pouls de son équipier, de son ami, de son fils spirituel. Il avait versé plus de larmes en cet instant que pour la mort de son père, des années plus tôt.
Il s?était lancé dans des recherches sur son tueur, en partant de ce qu?il savait : C'est-à -dire presque rien : Son uniforme, le juron en italien, et le poison qu?il s?était administré lui-même, préférant le suicide à  l?aveu de renseignements. Il avait rencontré une avocate qui avait défendu ce tueur des années auparavant.
Elle s?appelait Caroline, Caroline Deska, si je me souviens bien. Et elle m?avait fait du rentre dedans, même. Enfin, tout ça pour essayer de m?avoir, elle aussi. Si je devais compter toutes les conneries que j?ai fait depuis que j?ai commencé à  chasser ce mec, je n?aurais pas assez de mes doigts. Quelle garce?
L?avocate avait tenté de le tuer, visiblement de mèche avec l?assassin de Justin Derouc. Il avait continué ses recherches, mais il se butait sur des voies sans issues. Tout convergeait vers le Vatican, mais sans aucun moyen d?aller plus loin que l?enceinte de la place Saint Pierre. Il pataugeait.
De part le monde, il avait alors remarqué que des meurtres étranges, ainsi que des disparitions, se succédaient. Les points communs étaient plus qu?évidents pour lui : Les Nicolas et les Sandrine périssaient les uns derrières les autres. Et, curieusement, les deux amis de François portaient ces prénoms là .
C?est alors qu?il avait décidé de jouer le tout pour le tout.
Est-ce là  que j?ai été voir le couple qu?on n?avait pas arrêté de surveiller ? Ou bien est-ce à  partir de là  que je suis partit aux Etats-Unis pour le retrouver, lui ? Merde, je ne m?en souviens plus exactement... À partir de là , tout commence à  se brouiller. Non, c?est après que cette petite salope ait essayée de me buter que je suis allé les voir, eux deux.
Ce fut ma dernière erreur sur cette affaire?

Il s?était arrangé pour que l?intégralité des équipes de surveillance qui maintenaient une vigilance sans arrêt sur le couple des amis de François soient tous en même temps de repos, pour pouvoir ainsi aller les voir officieusement sans prendre le risque de se faire repérer par ses propres hommes.
Il avait alors prit le bus pour aller les voir. Il voulait au moins essayer de leur parler, pour savoir ce qu?il s?était passé. Pourquoi l?explosion de la boîte de nuit ? Pourquoi l?assassinat de Justin ? Pourquoi les tentatives de meurtres sur lui ? Pourquoi ces centaines de Sandrine et de Nicolas décédés ? Et surtout pourquoi tant de mystères et de silences ?
C?est alors que j?ai frappé à  la porte.
Il n?avait d?abord rien entendu. Puis des bruits de lutte, de vitres cassés, de meubles brisés. Il avait alors enfoncé la porte, juste à  temps pour voir un homme se matérialiser devant lui. Cet homme avait l?apparence d?une bête, cornue et griffue, auréolée d?une lueur verdâtre nauséeuse. Il empestait la mort.
Malgré tout ceci, il l?avait reconnu.
C?était lui.
C?était François.


Serge Thourn étouffa un bâillement. Les kilomètres se succédaient à  une vitesse surprenante. Il avait parcouru presque les deux tiers du voyage, et il commençait à  sentir la fatigue peser sur ses épaules. Ses doigts étaient ankylosés à  force de serrer le volant. Se souvenir l?épuisait autant que de vivre une nouvelle fois ces moments difficiles.
Il soupira longuement, se frotta rapidement les yeux et regarda un panneau de signalisation qui se profilait au loin. Il était sur le bon chemin. Encore un peu plus de cent vingt kilomètres à  parcourir. Il avait passé Le Mans sans même s?en rendre compte, et se dirigeait à  tout allure vers Nantes.
Depuis tout ce temps passé à  traquer François, il n?avait pas eu de réponses pour toutes les questions qu?il s?était posé à  l?époque. Il ne savait toujours pas ce que venais faire le Vatican dans cette histoire, mis à  part cette vague sensation d?y avoir séjourné.
Mais quand ?
Après l?apparition de François, ou de la chose qui lui ressemblait, dans cet appartement du Val de Fontenay, plus rien ne semblait cohérent. Il y avait eu du bruit. Il y avait eu des morts. Il y avait eu des explosions, des gravas, puis du noir. C?est bien tout ce dont je me rappelle. Mais eux, eux trois, étaient là .
Et lui aussi. C?est lui qui a tout déclenché.
J?en suis persuadé.


Il n?y avait ensuite qu?un grand rien, un grand vide. Un néant. Parfois, il lui semblait se souvenir de prêtres qui le soignaient, parfois il voyait des hommes armés passer près de lui sans même le remarquer, parfois il voyait un démon et un Ange qui étaient sur le point de se battre. Mais le plus souvent, ses souvenirs se mêlaient et étaient tellement confus qu?ils en devenaient incompréhensibles.
Ensuite, je me suis réveillé à  nouveau dans cet appartement du Val de Fontenay. Où tout semblait brûlé et détruit, mais moi j?étais vivant, au milieu des ruines. Comment avais atterri là  ? Je ne sais pas?Qu?étaient devenus Sandrine et Nicolas ? Aucune idée. Je n?avais qu?une seule chose en tête.
Retrouver François.
À l?époque, je ne savais pas qu?il avait changé de nom pour prendre celui de l?Agent Hadès, ou celui de Mr.Magnum. J?avais perdu sa trace. Mais je n?ai pas prit trop de temps à  le retrouver.

Il avait reprit une vie relativement normale, après tout ces événements. Il avait comprit que ses recherches devaient restée discrètes, mais il poursuivait sans relâche. Il avait continué sans relâche à  tenter de trouver où se terrait François, mais cette fois-ci de manière non officielle. Sandrine et Nicolas étaient redevenus des anonymes parmi la foule, et il n?avait plus jamais entendu parlé d?eux.
Même lorsqu?il avait reçu la description d?un homme habillé tout de noir, qui officiait aux Etats-Unis dans des affaires assez louches.

Serge bailla, cette fois-ci. Il rétrograda à  l?approche d?une borne de péage, où il paya les vingt-deux euros et soixante-dix centimes réglementaires pour passer. Il retira sa carte bleue, rangea le reçu en notant mentalement le fait qu?il aille se faire rembourser une fois de retour chez lui, puis enclencha la première.
D?ici une petite heure, il serait arrivé à  Nantes.

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MessagePublié: 03 Mai 2005, 10:48 
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Extincteur des ténèbres
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Quelques petites précisions sur ce chapitre sans Trauméniens.

Afin de réussir à  intégrer dignement deux (très) anciennes fictions rédigées vers 2000 ou 2001, je ne me rapelle plus vraiment, j'ai décidé de consacrer cet épisode entier à  Thourn. Un de mes personnages récurent dans 'mon' univers que j'affectionne tout particulièrement. Il apparait dans ma 'trilogie' de fic en tant que personnage secondaire mais important, à  l'instar de Traumenschar où il continuera d'ennuyer les Trauméniens avec ses questions insistantes.
Mes deux autres fictions sont, à  ce jour, inachevés. Manque de temps? Manque de courage? Manque de passion? Un peu des trois, mais je dois vous avouer que faire revivre le personnage de Serge Thourn dans ces lignes a réveiller en moi la même passion qu'autrefois pour ces deux autres textes. Je compte donc m'y remettre et, pourquoi pas, les poster ici une fois leur rédaction achevée.
Ne nous fouvoyons pas, ces deux autres fictions sont très axées sur Moua. Forcément. La première a été vaguement résumée dans le dernier chapitre, du moins le point de vue du commissaire. Maintenant, la narration de Vies Antérieures se concentre principalement sur moi et mes deux amis de l'époque, Sandrine et Nicolas. Ne voyez donc pas en Caroline la fameuse K-Ro actuelle, ni en Nicolas un certain le-Kanar, non non. À l'époque, je ne soupçonnait même pas l'existence de ces personnes.
Le second volet de ma trilogie se nomme Avant Hadès, et il sera résumé dans le chapitre suivant. Seulement si j'avais une idée relativement précise du déroulement de Vies Antérieures, je reste dans un superbe flou artistique en ce qui concerne Avant Hadès. J'avais une centaine de pages pour le premier volume, mais seulement 16 pour le deuxième. Damnation. Je tacherai de trouver l'inspiration. Et peut-être même retrouverons-nous l'équipe de Squall/K-Ro/Erwan/Haschatan/Mr.Magnum en apparition finale..?
Pour en finir avec les explications, sachez simplement que cet épisode ne comptera à  priori que deux chapitres, un par résumé de texte. Donc il tachera de rester court afin de revenir aux voyages entre les au-delà  assez rapidement. Pour certains, ces deux outsiders seront peut-être rébarbatifs, mais ceux-ci n'auront qu'à  sauter cet épisode, voilà  tout.

Encore merci de continuer à  me lire, et à  bientôt!

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MessagePublié: 03 Mai 2005, 19:57 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
Du moment que tu estimes que cette structure sert ton récit, il n'y a pas à  hésiter. Une démarche moins honnête serait de te dire "Il faut absolument relier ce truc à  mes autres oeuvres écrites, alors imposons à  mes lecteurs une tonne de chapitres hors-sujet dont ils se foutent totalement et qui ne servent à  rien dans l'histoire".
Mais tu vas rire : j'aurais tendance à  considérer le cheminement de Serge Thourn comme bien plus intéressant que celui des Traumeniens. Serait-ce parce que nos fines équipes ont tendance à  faire dans le génocide sadique sans aucun état d'âme, envers des créatures apparemment dotées de conscience ? Oui, je parle bien du massacre lors de la bataille contre les Dames Blanches ou encore de la chasse aux clones. Outre cet élément qui rend douteux, d'un point de vue éthique, les actes des protagonistes, les Traumeniens sont par définition des personnages "d'animés" : surexcités, simples et typés, chacun possédant sa personnalité on ne peut plus particulière. Cela convient pour des péripéties colorées, mais n'aide pas à  les considérer comme particulièrement sensibles, humains, etc... en fait, quand on n'a pas déjà  une connaissance amusée de cet univers bien particulier, accrocher aux délires de K-ro ou de Squall GOFSC relève d'une gageure.
Du coup, Thourn, aussi peu défini qu'il soit, devient le récif auquel se raccroche le lecteur, l'îlot d'humanité au sein de cette aventure si bigarrée. On peut aussi apprécier le fait que les pérégrinations du commissaire sentent moins le remplissage que celles des équipes Traumen. Le parfum de vide narratif n'a pas totalement disparu, mais il s'est estompé et c'est bien agréable.
Pour finir, les aspects "Stephen King" du style sont ici harmonieusement intégrés, rien à  redire, ça fonctionne et c'est du bon, ça se marie sans problème avec l'ambiance Paris/banlieue/campagne française.

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MessagePublié: 09 Mai 2005, 03:14 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
2. Démons du passé.
Une vingtaine de kilomètres après la barrière de péage, Serge Thourn, toujours au volant de sa voiture et toujours pied au plancher, pesait le pour et le contre : Un radar automatique n?allait pas tarder à  entrer en scène, et il se demandait s?il devait continuer à  vive allure, ou bien ralentir et ainsi éviter les désagréments d?une amende à  faire sauter.
« Au diable la prune, finit-il par décider. Ils m?ont déjà  radiés une fois, et ils ont finis par me récupérer, alors je peux bien me faire sauter le permis si l?envie m?en prends, non ? »
Thourn persista à  continuer à  la même vitesse et ne manqua pas de déclencher le radar, dont le flash le fit cligner des yeux. Les autres automobilistes le regardaient passer avec un air effarouché, presque heureux de trouver un conducteur plus fou qu?eux. Serge, dans un élan de bonté, leva un majeur buriné lorsque la photographie fut prise, et sourit.
« J?espère qu?il a prit mon meilleur profil, ce fichu appareil. » railla-t-il une fois le radar passé. Les voitures autours de lui reprenaient une vitesse supérieure mais Serge continuait à  les dépasser allégrement. Il était maintenant six heures et vingt minutes, et son but approchait de plus en plus. Il pouvait sentir tous les poils de son corps se dresser par l?excitation.
Enfin, depuis des années, il lui semblait réussir à  l?approcher.

Il avait cherché partout, pendant ce qui lui avait semblé des siècles, cet homme qui pouvait avoir des explications. Il avait son nom. Il avait sa description. Mais il n?arrivait pas à  mettre la main dessus. Et comme toute cette affaire de boîte de nuit avait été classée, toute requête était devenue non officielle et on ne l?autorisait plus à  mettre ses frais sur le compte de la police. Son grade de commissaire l?avait préservé encore quelque temps au sein de la police française, mais ses multiples incursions non autorisées lui valaient blâmes sur blâmes.
De toute façon, ils ne voulaient qu?une chose : Que je me barre de la police. Seulement je les emmerdais avec mon badge de commissaire. Alors ils ont finis par invoquer des trucs bidons pour me foutre à  la porte. Je ne vois pas en quoi mon séjour au Vatican les avait déranger, mais ils n?avaient pas apprécié, c?est clair.
Lorsqu?il était revenu de son voyage, il avait été convoqué par son supérieur, qui lui avait dit qu?il ne voulait plus de ces absences répétées. Il l?avait ensuite menacé d?éventuelles représailles si Thourn avait continué. Et Serge Thourn, commissaire impulsif et quelque peu violent, avait tenté de se battre contre son patron. C?est ainsi qu?il avait été radié par la police, au grand soulagement de ses collègues qui le trouvaient de plus en plus étrange.
Et dérangeant. Bah, qu?ils aillent se faire foutre? Ça ne les a pas empêché de reprendre une fois ce dossier américain résolu, hmmm ?
C?est donc en tant que simple citoyen français qu?il s?était rendu en Amérique. Quelques contacts resté dans le milieu des forces de l?ordre l?avaient informés de l?apparition d?un individu correspondant au critères de l?avis de recherche international avait été remarqué aux Etats-Unis. C?était Justin qui avait lancé cet avis de recherche, et il n?aboutissait qu?après son décès prématuré.
De toute façon, je n?avais plus rien à  faire ici. Mon instinct me disait qu?il était là -bas, et qu?il recommençait ses meurtres. Et s?il se trouvait ailleurs, alors je devais y aller. Pour moi, et pour Justin aussi.
Il avait donc prit le minimum et s?était retrouvé dans un avion en direction du nouveau continent.

Serge sortit de la ville d?Angers et accéléra de nouveau. Son pied droit commençait à  le lancer à  force de maintenir la pédale appuyée. Six heures et demie venaient de passer, son estomac réclamait un en-cas après la simple bière du midi, et son dos le faisait souffrir. Il avait bien envie de s?accorder une pause sur un restoroute quelconque, mais il était tellement désireux d?arriver à  Nantes qu?il passait outre ces légers désagréments.
« Plus tôt j?y serais, plus tôt je me reposerais. » se dit-il pour se convaincre de poursuivre. Et cette petite maxime eut l?effet escompté car reprit confiance et oublia à  nouveau ses maux divers. Il fit craquer son dos, poussa un râle de plaisir en sentant ses vertèbres se remettre dans une place plus confortable, et se rencogna dans son siège.
Le soleil baissait sur l?horizon, à  sa droite. Il ajusta ses lunettes de soleil, bien que la lumière commençait à  baisser. Il descendit son pare-soleil et se concentra sur la route. Les nombreux véhicules qu?il avait rencontrés dans la périphérie d?Angers n?étaient plus qu?un vague souvenir.
« Un souvenir, murmura-t-il pour lui-même. Je me souviens que? »

?ma première rencontre avec Chuck Lyndon n?avait pas été relativement plaisante. Ce connard, paix à  son âme, se refusait obstinément à  me mettre dans ses petits papiers, alors que je ne voulais que rattraper mon fugitif, et rien de plus ! S?il avait bien voulu m?autoriser à  consulter ses informations, nous aurions pu nous entraider.
Mais le fait que le commissaire Serge Thourn n?ait plus été un membre actif de la police avait semé le doute dans l?esprit de Lyndon, et ce dernier ne lui avait jamais fait confiance, bien qu?il ait utilisé à  son compte les informations de Thourn. À l?époque, Chuck Lyndon était sur le dos d?un tueur en série qui sévissait sans motif apparent. Il s?en prenait à  des victimes de toute race, de tout âge, de tout sexe.
Lorsque Serge Thourn lui avait demandé de collaborer à  la recherche de François, il avait été évincé en bonne et due forme. Serge avait alors poursuivit son enquête de son coté, en parallèle avec Lyndon, en recherchant un homme habillé de noir, cheveux longs, un peu particulier. Il avait sondé les clochards dans les villes, les hôtels, les chauffeurs de bus ou de taxi des environs. Sans résultats.
Et puis, un soir que j?en avais marre de tourner en rond dans cette foutue ville, je suis allé me poser dans un bar. J?y avais peut-être un peu trop bu, j?avoue. Mais cette enquête me déprimait. Je n?avançais pas. Et puis, soudainement, tout a avancé, justement.
Grâce à  elle.
Angela DelQuiero.


Serge bailla une nouvelle fois, et essuya ses yeux embués de larmes. Bailler avait toujours eu cet effet lacrymal sur lui, et ça lui avait porté bien des fois préjudice, dans sa jeunesse. Il eut un sourire nostalgique.
« C?est fou ce que les problèmes de gamins peuvent nous paraître dérisoires lorsqu?on est confronté à  pire, une fois adulte. Quand je pense à  toutes ces filles qui me jetaient, inconscientes du mal qu?elles me faisaient, et moi qui pleurnichait comme un gros bébé pendant des heures. C?était la fin du monde, pour moi. »
Il soupira.
« Comparé à  toutes ces histoires sordides auxquelles j?ai été lancé, auxquelles j?ai joué un rôle ou sur lesquelles j?ai enquêté, qu?est-ce c?est qu?un râteau ? Rien. Lorsqu?on est môme, on ne pense pas à  tout ça, et heureusement. C?est peut-être ça qu?on appelle l?innocence de la jeunesse? »
Il se secoua la tête.
« Foutaises. »
Ça ne lui ressemblait pas de plonger ainsi dans des élucubrations mélancoliques d?amoureux transi. Tout ça à  cause d?elle qui, alors qu?il dépassait le demi-siècle, avait ravivé en lui les flammes de l?attirance. Ainsi que celles de la trahison.

Après une rencontre quelque peu mouvementée, la jeune femme s?était présentée sous le nom d?Angela DelQuiero. Elle était comme Serge : Elle avait perdue son mari récemment, assassiné par le tueur en série recherché par Lyndon. Mais, comme rien ne semblait vouloir avancer, elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes et de faire justice elle-même.
Serge l?avait cru de bout en bout. Sa tristesse trouvait un écho dans cette jeune femme, et il ne se sentait pas le courage de lui dire d?abandonner cette idée folle alors que lui-même se jetait à  corps perdu dedans. Elle l?avait donc accompagné, ou bien était-ce lui qui était tombé sous son aile.
Et, encore une fois, je me suis laissé prendre au piège. Encore une fois. Je refuse de croire qu?elle n?ait pas été personnellement touchée par ces meurtres. Bien qu?elle n?en ait jamais rien dit. Pas à  moi, toujours. Mais peut-être à  lui, lors de leur combat ?
Ils avaient parcourus ensemble de nombreuses routes, de nombreuses embûches. Ils étaient tombés sur des culs-de-sac, des impasses. Ils avaient rencontré des gens peu scrupuleux, questionné des ordures de la pire espèce, interrogé la lie de l?humanité. Mais jamais ils n?avaient baissés les bras.
Jamais elle n?a renoncé. Dès que nous étions devant un mur, elle pêchait une information d?on ne sait où et nous repartions. C?est à  cause de ça que j?ai commencé à  me méfier d?elle.
Il ne s?était pas encore découvert de sentiments pour elle. Pas avant la fin.

Serge ralentit une dernière fois avant d?attaquer le dernier tronçon de route qui allait le mener à  Nantes. Il espérait de plus en plus trouver les réponses à  ses questions là -bas, ou au moins une simple piste potable. Tous ces souvenirs lui avaient ravivé son ancienne rage envers François, et son besoin d?explications.
Il sortit un billet de dix euros de son portefeuille plein de liquidités. Il avait eu raison d?en prendre le maximum avant de partir. L?hôtesse du péage lui prit son billet sans un mot et lui rendit une pièce de deux euros, une autre de cinquante centimes et une dernière de dix centimes, sans un sourire. Thourn la fixa.
« Quoi ? grommela-t-elle sur un ton vaguement interrogatif.
-Vous pourriez être aimable, ça ne coûte rien.
-Chuis pas payé au sourire. Bonne journée. »
Serge garda pour lui sa façon de penser, et s?en alla en jetant son portefeuille sur le siège passager. Mais son humeur avait été assombrie par les réflexions désagréables de la caissière. Il se frotta les yeux.
Les femmes?

Lorsqu?ils avaient retrouvés la trace de François, c?était à  nouveau grâce à  Angela DelQuiero. Elle était revenue un matin avec cette information. Serge n?osait pas lui demander d?où elle les tirait, et lorsqu?il le faisait, elle répondait évasivement. Il était clair qu?elle ne voulait pas en parler, mais Serge Thourn avait été enquêteur, et il s?était donné pour second objectif d?en savoir un peu plus sur sa charmante compagne.
À ce moment là , François avait changé de nom, optant pour le pseudonyme de Magnum. Kurt Magnum. Des papiers avaient été récemment créés pour lui, et la photo correspondait aux souvenirs de Serge. Il avait été aperçu par un conducteur aux abords de la route 66, au milieu de nulle part.
C?est là  que tout s?est accéléré. On a emprunté une voiture, et on est partit à  leur poursuite. Je me demande même si elle ne l?a pas volée, cette caisse. Elle aurait pu, et facilement en plus. À moins que ce soit ses potes qui lui aient filé.
Ils l?avaient rapidement rattrapés, trouvant des indices de son passage sur le chemin. Ils avaient finis par le retrouver sur le bord de la route, un nouveau cadavre sur les bras. Il était avec une fille.
Kurt Magnum.
François Petit.
N?importe quoi. À ce moment là , j?ai enfin cru que tout ceci était terminé, et pour de bon. Je le tenais en joue, et il ne pouvait plus s?enfuir, ni nier ses meurtres : Il avait un homme mort à  ses pieds, et il était taché de sang. Il était en mauvaise posture, ça oui. L?autre avait du se défendre comme un beau diable. Voilà  ce que j?ai pensé.
Sauf que le diable, c?était lui.


Le commissaire bailla encore. La fatigue se faisait sentir de plus en plus. Il était plus de sept heures, maintenant. Nantes n?était plus qu?à  une quarantaine de kilomètres, sinon moins. Il avait fait vite. Il renonça définitivement à  s?arrêter pour se reposer et décida d?allumer la radio pour tenter de se maintenir éveillé.
Il tomba directement sur une station de rap qui le fit grimacer. Il trifouilla les boutons du poste tout en regardant la route. Il passa sur Rires&Chansons, qui diffusait un sketch de Franck Dubosc, puis sur NRJ où une jeune chanteuse certainement tout juste majeure braillait un refrain en anglais sur un air de techno. Il pesta.
« Dernière chance, je te prévient ! » menaça-t-il à  l?adresse de son autoradio, toujours en tournant les boutons de réglage. Ouï FM. La station diffusait en ce moment un morceau de Nirvana, peut-être le plus connu des néophytes de ce groupe.
Smell like teen spirit.
Serge commence à  chantonner l?air, sans oser contribuer aux paroles de Kurt Cobain avec son anglais horrible, tout en se replongeant dans ses souvenirs. Cette chanson aurait parfaitement collé à  l?action, songe-t-il. Lorsque Angela a sauté sur François pour se battre contre lui. Je ne pouvais rien faire d?autre que les regarder.
Comme cette fille.


Cette fille n?était nullement effrayée par François. Il ne l?avait manifestement pas violentée, et elle semblait simplement épuisée et affamée, mais pas terrorisée. La compagne de Serge Thourn s?était ensuite approché de François, et lorsqu?elle s?était présentée sous son véritable jour, Thourn avait véritablement compris qu?il s?était une nouvelle fois laisser duper.
Angela DelQuiero était une envoyée du Vatican afin de liquider François Petit, alias Kurt Magnum. Elle n?était pas une veuve éplorée, mais une Magdalena dont le seul but était de traquer et d?exterminer les ennemis de Dieu. Elle avait utilisé Thourn.
Mon c?ur s?est arrêté de battre pendant de longs instants lorsqu?elle a débité ses conneries sur Dieu. Ça ne pouvait pas être vrai. J?avais donc fait tout ce chemin pour trouver des réponses que détenait peut-être cette femme ? Elle était avec eux, avec les assassins de Justin, et moi je? Je l?avais aidé?

Serge ne pu retenir de frapper son volant, de rage. Les souvenirs lui donnait un sentiments de frustration aussi fort que là -bas, en Amérique. Ses dents grincèrent, alors que les jointures de ses doigts devenaient blanches tant il serrait son volant.
Il aperçut les lumières de Nantes, et un panneau annonçant une sortie à  dix-huit kilomètres. Il touchait au but.
Vengeance.

François avait eu le dessus sur Angela, assez facilement pour tout dire. Il émanait de lui une sorte de force brutale effrayante. Thourn n?avait plus su qui mettre en joue alors qu?il avait sorti son arme. Devait-il viser François, sa proie depuis si longtemps, ou bien celle qui était dans l?équipe de ?méchants? ?
Les deux étaient des criminels, selon moi. Je ne pouvait pas me résoudre à  en flinguer un, au risque qu?il garde pour lui ses précieuses informations. Je me contentais de les viser, sans oser tirer. Mais lorsque la gamine a voulu s?interposer, alors j?ai su quoi faire.
Il s?était rué sur elle pour l?empêcher de se mêler à  la bataille. S?il n?arrivait pas à  comprendre d?où leur provenait cette force et cette fureur, il comprenait facilement que si une simple humaine comme elle, aussi frêle, rentrait dans l?arène des combattant, elle n?en ressortirait pas. Elle avait beau se débattre, il ne la lâcherait pas.
Serge avait vu la Magdalena perdre du terrain face à  François. Tant et si bien qu?elle l?avait appeler à  l?aide, lui demandant de prendre la jeune femme en otage pour détourner l?attention de François. Serge avait hésité, et c?est ça qui avait décidé du reste.
Juste cette hésitation.

Serge enclencha son clignotant et s?engagea dans la sortie 22, qui menait à  une annexe de l?autoroute A11. Il ne lui restait plus qu?une dizaine de kilomètres à  parcourir, et il pourrait se trouver un hôtel où passer la nuit. Et y retirer ses chaussures. Et y prendre une douche.
Il hocha la tête d?approbation.
« Pour ce qui est des recherches, je verrais si j?en ai le courage après tout ça, ou bien si je commencerai demain. » Mais il savait qu?il allait s?y mettre le soir même.
Il avait trop besoins de réponses.

J?avais trop besoin de réponses. Je ne pouvais pas la tuer comme ça. J?ai hésité, je lui ai demandé qui avait tué Justin. Et elle m?a répondu. Mais je ne sais pas tout, pas encore. Même maintenant. Elle m?a juste donné les renseignements que je connaissais déjà , mais peu de nouveautés. Mais ce qu?elle a dit m?a fait décider.
Serge Thourn avait alors fait feu sur Angela, et c?est alors qu?il avait de nouveau perdu pied. Il se souvenait d?Angela qui évitait les balles gracieusement, et qui se jetait sur lui. Il se souvenait d?avoir poussé la gamine qui accompagnait François afin de la protéger. Il se souvenait des lueurs de meurtres dans les yeux de la Magdalena.
Et puis c?est lui qui m?a sauvé en la tuant elle.
Le reste est flou. Il y a du vent tout autour de nous. La lumière est sombre, rougeâtre, comme un couché de soleil. Le sable vient s?incruster dans mes vêtements, sur ma peau. Il fait beaucoup trop chaud.
François, ou Magnum, est debout, face à  moi, devant une intense lumière. Il a des cornes. Je me rappelle que je l?ai déjà  vu comme ça, alors que j?étais dans un état de faible conscience. Il y a longtemps. Je le revoit parler à  la fille, puis le temps de fermer les yeux, et elle n?est plus là . Puis je le revois passer dans la lumière.
Il se retourne.
Il me parle.


« Désormais, je serais l?Agent Hadès. »
Serge Thourn n?en revient pas. Cette phrase est l?exacte réplique que François lui avait dit juste avant de disparaître par cette lumière immaculée. Il l?avait oublié, et elle venait de lui revenir en mémoire, après tout ce temps. Ce voyage vers Nantes n?aura de toute façon pas été inutile, pense-t-il en sortant de l?autoroute.
« Plus que trois kilomètres ! » jubile-t-il en prenant à  témoin son poste de radio qui retransmettait maintenant du U2, Sunday, Bloody Sunday.
Il se sentait beaucoup mieux qu?avant. Le long trajet ressassé de pensées lui avait donné une nouvelle vigueur, une énergie débordante afin de terminer ce qui avait été commencé bien longtemps auparavant.

Lorsqu?il était revenu à  lui, au milieu du désert, tout s?était calmé. Plus de vent, plus de lumière, plus de François. Il était seul, avec trois cadavres autour de lui. Il avait tant bien que mal reprit la voiture et contacté la police avec la radio qui se trouvait dans le véhicule. Ils étaient arrivés, et il l?avait emmenés à  l?hôpital pour des examens.
Il n?avait pas été blessé, seulement bousculé. Il s?en tirait simplement avec quelques contusions mineures. Mais il avait une nouvelle fois perdu la trace de François. Il avait été félicité par les forces de police pour avoir résolu l?enquête du tueur en série, et ils avaient rapidement organisé son retour en France, où on l?attendait de pied ferme.
À sa grande surprise, son supérieur hiérarchique avait décidé de le réintégrer parmi ses hommes, s?il le désirait. Une sorte de récompense pour son coup d?éclat sur le nouveau continent, pour ainsi dire. Il avait accepté. Il ne lui avait pas fallu six mois pour être muté à  la campagne et ainsi se retrouver à  faire plus de paperasse qu?autre chose.
On lui confiait seulement les affaires dérangeantes, impliquant des éléments curieux. Il ne se plaignait pas. Il avait rangé une bonne fois pour toute, croyait-il, ces deux douloureux chapitres de sa vie, et ne voulait en aucun cas les exhumer.
Puis, un jour, un tueur était venu se rendre dans son commissariat.

*
* *

Mr.Magnum ouvrit un ?il.
Tout ses sens étaient en alerte. Il dégaina silencieusement son arme, et scruta les ténèbres. Rien. Les braises de leur feu de camp s?éteignaient lentement. Mr.Magnum jaugea rapidement qu?il n?avait pas du s?endormir plus d?une heure. Il savait pertinemment qu?ils n?avaient pas besoin de repos, mais l?habitude prenait facilement le dessus.
« Tu n?as rien entendu ? » murmura-t-il à  l?adresse de Squall.
Ce dernier émit un discret grognement négatif. Mr.Magnum resta immobile quelques minutes, puis se rallongea. La grotte était humide, et l?air froid. Une goutte tomba dans les tréfonds de la caverne, le son se répercutant contre les parois. Mr.Magnum se retourne, tombant face à  face avec Haschatan. Lui aussi avait une barbe naissante sur les joues et le menton. Combien de temps sommes-nous ici ? se demanda-t-il.
Derrière Haschatan, K-Ro serrait Kefka dans ses bras et dormait comme un bébé. De temps à  autre, elle soupirait et balbutiait ?chocolat? ou ?contrat? avant de sombrer de nouveau dans le sommeil. Malgré cela, sa légèreté lorsqu?elle était éveillée, Mr.Magnum savait très bien que ce voyage lui pesait autant qu?à  eux.
Erwan était couché à  coté de K-Ro, son arme entre eux deux. Il était sur le dos, les mains croisées derrière sa nuque, et de là  où se trouvait Mr.Magnum, il ne pouvait distinguer s?il dormait ou s?il pensait. Il opta pour le second choix. Bien plus loin se trouvait Fury, qui dormait lui aussi, mais assit en tailleur. Mr.Magnum regarda sa masse de muscle qui respirait, et sourit. Lui, il faisait preuve de courage, sûr.
Mr.Magnum soupira, puis s?allongea complètement. Il fixa le plafond, en tentant de trouver à  nouveau le sommeil sans songer au rêve qui l?avait réveillé. Il ignorait totalement pourquoi ces souvenirs lui étaient apparus pendant la nuit, mais la sensation de revivre ces pénibles moments lui était désagréable.
Cette grotte qui n?en finissait pas, cette perpétuelle angoisse de se faire surprendre par qu?un ou quelque chose, tout ceci est déjà  bien assez éprouvant, sans qu?en plus je repense à  ce commissaire, ou à  cette sinistre période.
Mr.Magnum se replaça dans le sol, et ferma les yeux.
Il ne dormit que très peu, cette nuit là .


FIN DE L'ÉPISODE 4: THOURN.

_________________
La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 09 Mai 2005, 04:40 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Encore meilleur qu'avant. Dommage que les événements décrits ne soient pas toujours d'une sobriété à  toute épreuve (euh... les cornes... on dirait Randall Flagg qui se métamorphose dans "Le Fléau", c'est pas vraiment indispensable...) et résistent mal au résumé (en d'autres termes, le dernier acte de la chasse de Thourn est le genre de scène assez dynamique et surréaliste qui ne passe guère en évocation postérieure, pas de chance).
Le lien entre François et Magnum... euh... les deux facettes sont assez dissemblables, et je dois m'avouer curieux de savoir s'il s'agit d'une seconde personnalité, d'une double incarnation, d'un paradoxe temporel ou si tu as tout simplement mal traité le personnage de Magnum jusqu'ici, au point de ne pouvoir le lier avec François tel qu'il est présenté. Je demande à  voir. :wink:

Ensuite, c'est malheureux, mais les détails ne sont pas très soignés :

Mr.Magnum a écrit:
« J?espère qu?il a prit mon meilleur profil, ce fichu appareil. »


La seconde partie de la phrase est superfétatoire.

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MessagePublié: 09 Mai 2005, 07:45 
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Techno-Potter
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Inscription : 16 Jan 2005, 19:38
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Je suis de l'avis de DN, bon chapitre, qui laisse devrait donner envie à  certains de tes détracteurs de reprendre la lecture de cette fic. De plus, je pense que le fait d'expliquer l'histoire du commissaire APRES son entrée en scène est bien mieux que de le connaître au préalable dans une fic précédente.


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MessagePublié: 17 Mai 2005, 21:55 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Toutes mes plus sincères excuses pour le retard. le chapitre était prêt à  temps, croyez-le ou non, mais des évenements indépendants de ma volonté m'ont obligé à  retarder ma venue sur les forums.
Bien à  vous, tendrement... Hihi...
:oops:

ÉPISODE 5 : MYTHOLOGIE SCANDINAVE

1. Yggdrasil
DragonNoir décrocha son téléphone et brailla un ?Allô? surexcité. Ils étaient maintenant tous prêt à  partir, et il fallait qu?il reçoive un coup de téléphone peu avant le départ effectif. La voix qui lui répondit était calme.
« DragonNoir ? C?est Laekh. »
DragonNoir comprit aussitôt.
« Ils sont revenus ? demanda-t-il en posant son épée.
-D?après les bruits que j?entends, oui. Heureusement que j?ai eu la présence d?esprit de les mettre dans ces sacs, n?est-ce pas ? »
Laekh Traumen avait réussi à  se faire engager dans la morgue qui avait récupérée les corps des quatre derniers Trauméniens assassinés par le tueur en série. Mais les restes des victimes avaient été mis dans de simples boîtes hermétiques et, de ce fait, les résurrections des Trauméniens relevaient du miracle, sans mauvais jeu de mot.
Laekh avait alors subtilisé les cadavres et les avait caché dans des sacs poubelles afin de facilité leur ?restructuration? lors de leur retour à  la vie.
« Alors les corps se reconstituent tout seul ? questionna DragonNoir.
-Manifestement, oui. De toute façon, je ne serais pas allé les aider, s?il avait fallu. » Il agrémenta ses paroles d?un gémissement de dégoût entendu. « Ils ont eu de la chance que je sois de garde cette nuit aussi.
-Tu aurais trouvé un moyen de les récupérer, de toute façon, dit DragonNoir.
-C?est gentil de me faire confiance.
-C?est surtout que tu n?as pas le choix ! »
Une hache se posa doucement sur l?épaule de DragonNoir, qui sursauta.
« Euh, Laekh ? Écoute, nous arrivons d?ici peu, d?accord ? Je remet le départ pour Yggdrasil à  plus tard, le temps de récupérer nos voyageurs.
-Pas de problèmes. J?attends qu?ils soient en un seul morceau, et je les emmène dehors.
-À tout à  l?heure, Laekh. » Il raccrocha et se tourna vers la hache.
Séphira Strife, propriétaire provisoire de ladite hache, le regardait fixement, les yeux mi-clos mais néanmoins furieux. Séphira Strife avait une manière bien à  elle de montrer sa colère : Elle ne disait rien.
« Je sais, je sais, balbutia DragonNoir en écartant la hache. Je fais juste un aller-retour pour chercher Gorgon, LIF, Hilde et Radamenthe, et après nous pourrons partir. »
Séphira Strife ne répondit pas.
« Je n?en ai pas pour longtemps, la route n?est pas longue jusqu?à  Épinal. Il y en a pour quatre heures, pas plus ! En train, c?est relativement rapide, si nous ne disposons pas de voitures ou de véhicules pour nous déplacer. »
Séphira Strife garda le silence.
« Bon, d?accord, quatre autres heures seront nécessaire pour revenir, admit DragonNoir en évitant le regard meurtrier de Séphira. Mais après ça, je te promets qu?on part tout les quatre pour l?Yggdrasil, d?accord ?
Séphira Strife resta muette.
Les autres Trauméniens, derrière DragonNoir ou en retrait, observaient la scène en pariant mentalement sur le vainqueur de l?éventuelle lutte. Si quelqu?un avait pu jouer le rôle du bookmaker, il aurait pu annoncer Séphira Strife gagnante à  quinze contre un.
Adossé à  la fenêtre, un casque cornu sur la tête et un bouclier rond au bras, IL secoua la tête en soupirant. Encore un retard, songea-t-il. On n?est pas près de la retrouver, notre Séphy-Roshou. Il retira le bouclier en bois et s?assit sur le sol, près de Soulblighter, toujours allongé les yeux fermés.
« Soul?? Eh, Soul? réveille-toi ! »
Soulblighter ouvrit un ?il et se redressa lentement. Il examina les alentours, puis se frotta les yeux en demandant à  IL se qu?il s?était passé.
« Est-ce que nous sommes arrivés ? Ça ressemble vachement à  l?appartement à  DragonNoir, en tout cas.
-Nous ne sommes pas encore parti, répondit IL. Les autres voyageurs viennent de rentrer, et DragonNoir va aller les chercher. Le départ est donc retardé.
-Ah.
-Donc nous voilà  réduit à  l?impuissance, à  nouveau, et nous devons attendre que notre grande salamandre en chef revienne de là -bas.
-Oh.
-C?est fou ce que tu as l?air déçu. »
Soulblighter tourna lentement la tête vers IL.
« J?en profite pour aller aux toilettes. »

*
* *

Q-Po s?écarta de l?ordinateur en soupirant, l?air contrarié. Le départ précipité de DragonNoir pour Épinal le mettait hors de lui : il lui aurait été si simple de déléguer ses pouvoirs sur un autre membre pour aller récupérer les Trauméniens, ou même de confier cette tache à  Laekh, qui était déjà  sur place. Mais DragonNoir voulait tout faire lui-même, et il mettait le reste du groupe en retard.
« Alors, quels sont les horaires des trains ? demanda DragonNoir.
-Le prochain part dans une heure, à  la gare de l?Est, dit gravement Q-Po. On a largement le temps de l?atteindre, et on sera de retour vers vingt heures ou vingt et une heure ce soir.
-Ce qui nous oblige à  remettre le voyage à  demain matin. »
DragonNoir et Q-Po se tournèrent vers Halvorc, qui venait de sortir du salon. Il s?avança au milieu d?eux, et dévisagea DragonNoir. Q-Po sentit la pugilat mental arriver, et leva les yeux au ciel. Ils n?arrêteront donc jamais ?
« Je pense que ce serait mieux de partir demain matin, ai lieu de partir ce soir après une longue journée, approuva DragonNoir. Bien que je doute que ta réflexion ait eu pour but de me faire dire ça.
-En plein dans la mille, dit Halvorc. Je me propose en tant que remplaçant de môssieur DragonNoir, et j?organiserait le départ dans les minutes qui?
-Hors de question, trancha DragonNoir. Je refuse que tu prennes toutes les responsabilités inhérentes à  ce type de voyage. De plus, ta place est déjà  prévue dans un prochain départ.
-Et de quel droit tu prends ainsi la direction des opérations, je te prie ? »
Halvorc serrait les poings, et Q-Po surveillait du coin de l??il l?évolution de la discussion qui se passait si près de lui. Il était prêt à  intervenir si la situation dérapait, malgré son désir de rester hors de toute dispute éclatante à  l?intérieur de la communauté. DragonNoir et Halvorc se turent pendant que Soulblighter passait dans le couloir, revenant des toilettes. Il ne posa pas de questions et préféra rentrer directement dans le salon. Peut-être n?a-t-il même pas remarqué l?altercation ?
« Je n?ai prit aucun commandement, et je?
-Je me permets de te rappeler que c?est Magnum qui est à  l?origine de cette idée, et tu n?en tireras aucun profit même si l?appartement de tes parents sert de quartier général !
-C?est fou comme tout le monde peux croire que je cherche un avantage personnel dans tout ce que j?entreprends ! répliqua DragonNoir.
-Parce que c?est faux ? grogna Halvorc.
-Arrêtez, vous deux ! » tonna Q-Po de sa voix grave. Halvorc se détourna en mettant ses mains dans ses poches, tandis que DragonNoir faisait face à  Q-Po. Celui-ci reprit :
« Si nous commençons à  nous désolidariser, alors autant tout abandonner tout de suite. Nous n?avons qu?à  partir chacun de notre coté, et revenir quand on peut. On voit ce que ça a donné avec Squall, n?est-ce pas ? On ne sait pas où est son corps, et lorsqu?il reviendra à  la vie, ça va être un sacré problème pour le retrouver. »
Le discours de Q-Po fit mouche dans les deux camps. Halvorc grommela encore deux ou trois oppositions, pour la forme, puis s?en alla de l?appartement. DragonNoir, les yeux rivés sur le sol, semblait réfléchir. Q-Po se demanda brièvement s?il n?était pas entrain de se remettre en question, mais jugea la possibilité infime en souriant.
« Il te reste cinquante minutes pour rejoindre la gare de l?Est, DragonNoir. Tu y vas seul ou tu prends quelqu?un avec toi ?
-Je vais leur demander si quelqu?un veux m?accompagner. Sinon, j?irais seul. »
Bien, DragonNoir, bien. Tu commences à  assimiler l?esprit d?équipe. Peut-être cette querelle entre Halvorc et toi n?a-t-elle pas été si futile, tout compte fait.
« Pourquoi tu souries ?
-Pour rien, DragonNoir, pour rien. »
DragonNoir ouvrit la porte du salon d?où provenait de nombreux échos de conversations, et laissa Q-Po seul avec l?ordinateur.

*
* *

À Épinal, Laekh était en nage.
Il venait de transporter les quatre sacs où se trouvaient Gorgon_Roo, Radamenthe, Hilde et le Ionisateur Fou dans un endroit calme de la morgue, là  où ils ne seraient pas dérangés. Il s?essuya le front en regardant l?heure. La relève n?allait pas tarder à  arriver, et il allait avoir un mal fou à  expliquer à  ses nouveaux collègues que quatre morts s?étaient fait la malle pendant son service.
Il posa délicatement le dernier sac contenant Radamenthe auprès des autres, et referma la porte des toilettes derrière lui. Il avait déniché un panneau ?en dérangement? dans le placard des services de nettoyage et l?avait accroché à  la poignée. Il y avait peu de chances que son collègue commence sa journée par visiter les toilettes, mais même si une envie pressante lui prenait, il n?aurait qu?à  aller à  l?étage.
Laekh se pencha sur les cadavres de ses compagnons de forum. Une mine de dégoût se peignit rapidement sur ses traits lorsqu?il entendit les affreux bruits qui provenaient des sacs fermés. Ils remuaient tout seuls, agités de l?intérieur comme des ?ufs mous. Laekh s?attendait presque à  voir sortir une araignée extra-terrestre qui viendrait lui pondre dans le ventre.
« Tu regardes trop de films, toi? »
Un gémissement s?échappa du premier sac. Laekh s?en approcha, sur ses gardes malgré tout. Il n?arrivait pas à  s?enlever de la tête des images de la Nuit des Morts Vivants, de Simetière ou même d?Evil Dead. Même un navet comme Ghost Of Mars lui revint en mémoire, et se retrouver face à  une telle ignominie lui fit peur plus que le reste.
Une main tendit le plastique du sac à  sa gauche. Tous les sacs remuaient maintenant. Tous sauf un qui ne faisait même pas de bruit. Mais Laekh ne s?en apercevait pas, trop occupé à  se demander s?il devait ouvrir les sacs maintenant ou bien patienter encore. Ce fut la voix paniquée du Ionisateur Fou qui le décida.
« Où est-ce que je suis !! Hey !! À l?aide !! J?étouffe ! »

*
* *

Séphira Strife se jeta sur le canapé en soufflant. DragonNoir était partit seul à  la rencontre de Laekh et des quatre Trauméniens qui avaient eu la chance de mourir et de revenir. Elle avait attendu des jours et des jours que son heure de gloire arrive, et c?était le moment qu?avaient choisit les morts pour revenir à  la vie.
« Évidemment, dit-elle à  voix haute. Et lui qui laisse tout tomber pour aller les chercher.
-C?est DragonNoir, tu sais, commenta IL. Il ne changera plus, à  son âge, c?est foutu. C?est le stade terminal, je crois.
-Ne lui donne pas d?excuses, toi, grommela-t-elle.
-Je ne pense pas que ça soit le genre de IL de fournir des excuses à  DragonNoir, mais ce n?est que mon avis? » dit Soulblighter d?une voix monocorde. Il avait reprit son épée et il l?examinait gravement. La relique était encore en très bon état, comme la plupart des armes qu?ils avaient dénichées ou empruntées.
« Quelque soit son excuse, notre voyage est quand même reporté, soupira Séphira Strife en croisant ses mains derrière sa tête.
-Juste à  demain matin, ce n?est qu?un léger retard, rien de plus.
-Ce n?est pas la question du temps de retard, IL. J?étais prête, là , à  partir. Peut-être que d?ici demain, nous aurons un autre retard.
-Quel optimisme, railla gentiment Soulblighter.
-Nous n?aurons aucun retard. »
Tous se tournèrent vers Halvorc. Il avait en main l?épée de DragonNoir et il la tenait dressée face à  lui. Le salon avait été déserté peu avant par ceux qui voulaient assister au départ : Lord FireFly, Arkh, Lord Satana, Jamic, DarKenshin et bien entendu Q-Po. Tous étaient repartis vaquer à  d?autres occupations, laissant les futurs voyageurs dans la pièce.
« Qu?est-ce que tu dis, Halvorc ? s?inquiéta Séphira Strife. Comment ça ?aucun retard? ?
-Le voyage aura bien lieu. »
Il leva l?épée.
« Maintenant. »

*
* *

Q-Po se gratta la tête, perplexe.
Il avait cru qu?Halvorc aurait mis de l?eau dans son vin après sa joute verbale avec DragonNoir, mais son air décidé et coléreux qu?il arborait au retour de sa promenade ne présageait rien de bon. Il se demanda s?il ne mijotait pas quelque chose.
Il éteignit l?ordinateur et se dirigea vers le salon.

*
* *

Laekh extirpa Radamenthe en dernier. Le sac était encore poisseux de sang séché, et une odeur désagréable de viande pourrie se faisait sentir. Les effluves nauséabonds prirent une nouvelle fois Laekh à  la gorge alors qu?il aidait Radamenthe à  sortir de son cercueil de fortune. Il lui tendit un pantalon de jogging et un T-shirt, comme avec les autres, et il l?amena à  eux. Gorgon_Roo et le Ionisateur Fou étaient assis sur deux cuvettes de toilettes.
« Ah, notre amis Radamenthe nous a rejoins, manifestement, constata Gorgon_Roo. Bon retour à  l?humanité. »
Radamenthe vacilla sur ses jambes. Il avait l?impression d?être en coton de la tête aux pieds, et chaque mouvement lui demandait une concentration et un effort incommensurable. Il avala sa salive avec une lenteur non désirée puis tomba sur le carrelage blanc et douteusement propre des toilettes. Ces quelques pas l?avaient exténuées.
« Je? Je me sens naze, c?est dingue ! bredouilla-t-il en se frottant les mollets.
-Normal, mais ne t?en fais pas ça va passer ! » Le Ionisateur Fou parlait en connaissance de cause : Premier sortit, il commençait peu à  peu à  reprendre des couleurs. Le sang avait recommencé à  circuler et à  irriguer toutes les cellules de son corps, et les fonctionnalités de son organisme reprenaient du services aussi vite qu?elles le pouvaient.
« DragonNoir ne va pas tarder à  arriver. Il devrait être là  d?ici une bonne heure, peut-être deux selon son mode de transport, annonça Laekh Traumen. Il vous ramènera à  Paris, chez lui, où vous pourrez vous reposer.
-Où sommes nous ? demanda Gorgon_Roo.
-À la morgue, non loin de l?endroit où vous vous êtes fait tués. Je me suis fait engagé ici pour vous surveiller, quand vous utiliseriez vos pilules. Dès que j?ai entendu ces affreux bruits de cartilages qui se reforment et autres os qui se ressoudent, j?ai compris que mon boulot venait de commencer.
-Quelle aventure, toujours, lâcha le Ionisateur Fou. J?ai bien peur de ne pas pouvoir repartir avant un moment. Ni de le vouloir, en fait.
-Comment s?est passé le voyage ? demanda Laekh. Vous l?avez retrouvée ? »
Un silence lui fit rapidement comprendre que non. Gorgon_Roo regarda ses deux autres compagnons, puis Laekh, et raconta brièvement leur périple.
« Elle est donc partie avec une Elisabeth Bartoli, ou je ne sais qui.
-Erzébeth Bathory, corrigea le Ionisateur Fou. Une tueuse en série. Elle est partie ailleurs, mais on ne sait pas où exactement. »
Laekh regarda à  nouveau sa montre, puis le sac où le corps de Hilde se trouvait toujours. Les minutes s?égrainaient, et toujours aucun signe de vie.
« Il vaudrait mieux que Hilde se dépêche de ressusciter, sinon on va devoir l?attendre, car DragonNoir va arriver avant elle ! »
Gorgon_Roo, Radamenthe et le Ionisateur Fou se regardèrent en même temps, les yeux écarquillés. Ils venaient de se souvenir. Laekh vit leurs regards stupéfaits, et s?approcha du sac pour l?ouvrir, au cas où elle soit revenue à  la vie, mais inconsciente.
« Non ! l?arrêta Gorgon_Roo. Elle? Elle n?est pas en vie.
-Mais, pourquoi ? l?interrogea Laekh, les ciseaux à  la main.
-Elle n?a pas prit la pilule.
-Vous voulez dire que? »
Gorgon_Roo se leva en titubant, fit quelques pas de ses pieds nus sur le carrelage froid tout en regardant Laekh, qui comprenait petit à  petit. Gorgon_Roo revoyait Hilde qui s?enfonçait dans le pentacle, Hilde qui l?implorait du regard de l?aider, et eux qui s?évaporaient doucement, en l?abandonnant.
« Hilde a été envoyé dans un autre au-delà . »

*
* *

« Qu?est-ce que tu fais, tabernacle de calice d?hostie de cris !! »
Halvorc ne recula pas devant l?étalage de jurons québécois employé par Séphira Strife. Il s?en amusa, même. IL observait calmement la scène, et Soulblighter avait seulement daigné lever les yeux de son arme. Halvorc fit tournoyer l?épée.
« Tu veux partir, ou non, Séphira ? Si c?est le cas, n?oublie pas ta hache, surtout.
-Halvorc ! Ce n?est ni le moment, ni le lieu de faire ce genre de plaisanterie ! s?emporta Séphira Strife. Je te rappelle que DragonNoir n?est pas là , et qu?il était prévu pour ce voyage, contrairement à  toi !
-Oui, compléta Soulblighter de sa voix mesurée. Elle a raison.
-Il suffit que quelqu?un prenne sa place? Moi par exemple !
-Ah. Dans ce cas, c?est bon. »
Soulblighter s?allongea sans demander de plus amples explications. Il avait choisit de prendre la vie comme elle venait, et il comptait bien poursuivre dans ce sens. Il empoigna son épée et la tint droite sur son corps.
« Quelle différence ça peux faire, dis-moi, que ça soit moi ou lui qui te tue ? demanda Halvorc en avançant. Le résultat sera le même : Si tu tiens ces armes vikings, nous nous retrouverons tous dans l?au-delà  nordique !
-Pose cette épée, Halvorc ! »
Séphira Strife avait récupérée sa hache et elle la soulevait non sans difficulté pour s?interposer. Derrière elle, IL ne bougeait pas.
« Tu veux te battre, jolie étrangère ? Aucun problème. Il est simplement stipulé que les personnes mortes les armes à  la main verront les Valkyries les chercher. Même si nous nous entretuons, nous irons là -bas. »
Et Halvorc abattit sa lame sur Séphira Strife.
IL sourit.

*
* *

DragonNoir marchait dans une immense plaine en jachère, recouverte de brume lui interdisant de distinguer ses propres pieds. Il avançait vers un immense arbre, seul repère visible dans son champ de vision. Le frêne qui se dressait majestueusement devant lui était haut de plusieurs centaines de mètres, et la largeur de ses branches dépassait l?entendement.
Il s?approcha du tronc millénaire, et y apposa ses doigts. Une sensation de puissance, de bien-être et d?abandon s?empara de lui, et il retira sa main. Son regard se porta au-delà  de la cime de l?arbre et il y vit quatre silhouettes qui descendaient en vrille du ciel. Il reconnu facilement Séphira Strife, IL et Soulblighter, et devina la dernière.
« Halvorc? »
Il voulut attraper au vol la main de Séphira Strife, mais dès que leurs doigts entrèrent en contact, DragonNoir se réveilla.
« Yggdrasil !! » hurla-t-il. Un vieil homme assit à  coté de lui dans le wagon le dévisagea étrangement, puis se pencha vers lui.
« Pardon, qu?est-ce que vous avez dit ? »
DragonNoir retrouva ses esprits, espérant de tout c?ur que ce ne soit qu?un simple rêve et non une prémonition, et se retourna vers le passager.
« Excusez-moi, à  quelle distance sommes-nous d?Épinal ?
-Une petite demi-heure. Vous allez bien ? »
DragonNoir revit Séphira Strife qui tomait.
« Moi, je vais bien. »

*
* *

Lorsque Q-Po avait entendu les hurlements de Séphira Strife, il avait voulu ouvrir la porte, mais celle-ci était fermée à  clef. N?écoutant que son courage, il avait balancé de toutes ses forces une chaise à  travers les carreaux de la porte qui volèrent en éclats. Mais il était arrivé trop tard, malgré tout.
Suivit de Lord Satana et Arkh, ils avaient découverts les quatre voyageurs étendus sur le sol, morts, leurs armes à  la main. Séphira Strife avait manifestement été maintenue au sol avant de se faire tuer, mais les autres avaient un visage serein.
« Comment peuvent-ils tous être morts ? Il devrait y avoir au moins un survivant ! s?exclama Q-Po.
-Ou bien un suicidé, ajouta Arkh. Mais ce n?est pas le cas. Ils ont tous bels et bien été tué par une autre personne. »
Q-Po se dirigea vers la seconde porte de la pièce, mais celle-ci était close également. Le tueur n?avait donc pas pu sortir par là . Il n?en avait pas le temps. Halvorc, qu?as-tu fait ? Lord FireFly s?avança au milieu des trois autres Trauméniens et, sourire aux lèvres, annonça :
« Et bien, puisque de toute façon ils sont partis, autant poursuivre comme si tout était normal, non ? Ils doivent avoir rejoins l?Yggdrasil, maintenant. »

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MessagePublié: 17 Mai 2005, 22:27 
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Pamplemousse Panchromatique
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Mr.Magnum a écrit:
DragonNoir revit Séphira Strife qui tomait.


Un jour, tu effectueras un véritable travail de relecture. J'espère.



Sinon (parce que j'en ai assez de souligner les mêmes failles à  chaque chapitre, j'ai l'impression que cette forme de roman-feuilleton n'est qu'un prétexte à  faire de ce texte moyen une véritable machine à  commentaires) :

DragonNoir dit :
Je dois faire un gros reproche à  Magnum : il ne s'est pas donné la peine de cerner la personnalité de quiconque avant de se lancer dans l'écriture.
DragonNoir dit :
Du coup, on ne reconnaît personne (du moins quand on connaît bien les Traumeniens), à  la fin, c'est agaçant... en fait, c'est à  l'opposé du travail que j'avais effectué sur "Annihilation", si tu t'en souviens encore. Et ça se rapproche beaucoup de mes errances sur "Chroniques Alternatives" (on pourrait échanger les rôles des divers protagonistes que ça ne modifierait pas grand-chose).
DragonNoir dit :
La seule chose qui colle avec nos personnalités respectives, là -dedans, c'est Tommy qui fout la merde et conteste toute autorité... ah oui, et l'arrogance usuelle et infondée d'IL.
Zohar / Laekh dit :
lol
Zohar / Laekh dit :
c vraiment en dessous de toute rédemption son texte ? lol
DragonNoir dit :
Personnellement, je trouve ça assez terne, mais j'en demande toujours trop aux gens, d'un point de vue littéraire...

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MessagePublié: 22 Mai 2005, 18:48 
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Lorsque j?ai lu chapitre (que j'avais imprimé au préalable), j'ai juré avoir manqué un passage. Je constate qu'il n'en est rien, et je dois dire que j'apprécie la manière dont débute l'action : ce qui devrait servir d'introduction est innocemment dilué dans le corps du texte. Autre point positif : alors que la perspective de suivre des groupes cloisonnés dans chaque épisode (schéma narratif redondant, à  l'instar de ces RPG douteux où il faut récupérer les 8 cristaux élémentaires) m'ennuyait déjà  par avance, les évènement prennent une tournure bien plus appréciable : les premiers groupes ne sombrent pas dans l'oubli, et tout semble se fondre et s'entremêler progressivement, laissant augurer une montée en puissance de l'aspect grisant du récit - ce qui ne saurait cependant dépasser le statut de l?effet de style.

Il est vrai qu'en raison de sa longueur, cette série donne plus matière à  des critiques qu'à  des encouragements. Je re-précise néanmoins qu'elle reste largement au-dessus de la moyenne des écrits amateurs ; c'est parce qu'elle est sottement pénalisée par des torts épais qu'elle inspire tant de commentaires négatifs.

Enfonçons donc pour la énième fois le clou sur le Hic des personnages "interchangeables", comme dit DN. L'auteur semble décidément mal saisir ce qui constitue l'identité des protagonistes : car ce ne sont pas les gentille "particularités" de délires Traumenien (qu'elles soient caractérielles ou non), ni les attitudes de certains personnages par rapport à  d'autres (même si pour DragonNoir, c'était bien vu) qui en déterminent les contours. On peut faire de très bonnes choses avec des personnages typés, le tout étant de donner une véritable implication à  leur comportement, qui dépasse le stade de la simple anecdote. Il est un peu réducteur de ramener chaque membre à  sa caractéristique majeure (*SURTOUT* lorsque les prétentions minables de délires prennent le pas sur l'attitude véritable), mais cela peu suffire à  faire des merveilles à  condition d'être imbriqué dans une trame les exploitant en profondeur (que celle-ci se fasse avec un plan ou "au feeling"). En l'état actuel des choses, Thourn est un Personnage, mais les Traumeniens tiennent plus de la silhouette en papier, ou de l'agent Smith.
Il n'est pas besoin d'un travail extraordinaire pour faire vivre des personnages (je citerai pour l'exemple Gunnm, et plus particulièrement Last Order - qui, s'il pêche sur la globalité, se rattrape sur des personnages diablement réussis, pourtant amenés en quantité édifiante au fil des tomes). Il est simplement question de les inscrire dans un scénario dont la volonté représentative va au-delà  de la quête anonyme. J'ai souligné plus haut la progression "crescendo" de l'action : si cela se retrouvait au niveau de l'implication des personnages, ce texte passerait de moyen à  très bon, voire excellent.

Je pourrais critiquer le manque de cohérence général, la quasi-futilité du prétexte initial (SR.. aussi consternant que le cerveau de Lou dans Last Order), les bases douteuses (Traumenschar aura couvert plus de lignes sur LIF que lui-même n'en aura jamais floodé, et je doute que cela mérite un tel hommage) l'évolution pifométrique de la trame, etc, mais ce n'est pas cela qui nuit à  une grande oeuvre (la beauté est dans l'abondance, que diable !). Si ce projet devait arriver à  son terme sans prendre de raccourcis, en affrontant vents et marées et en retenant l'attention du lecteur jusqu'au bout, je dois dire que cela me laisserait admiratif.

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MessagePublié: 01 Juin 2005, 21:34 
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Tout d'abord, une explication à  ma disparition passez innaperçue et à  mes deux chapitres de retard (j'ai ratrappé, j'ai ratrappé!!): Des soucis personnel m'ayant amené à  cotoyé les forces de l'ordre et du désordre (respectivement la police de mon comté et mon excopine, haha), j'ai eu un passage à  vide assez monumental. J'ai donc malheureusement mis de coté ce texte, ainsi que bien d'autres choses importantes (les forums, ha ha, les amis, ha ha, la famille, ha ha, le boulot, ha ha) mais cette sinistre période est maintenant achevée.
Je ne m'étendrais pas plus sur ce passage à  vide, juste qu'il me paraissait nécessaire de vous expliquer le pourquoi du comment. Après tout, je me suis engagé à  écrire un chapitre par semaine, et (mis à  part une semaine où j'ai été malade à  crever) je n'ai jamais failli à  la règle. Des retards, certes, mais pas trop trop conséquent. J'espère que ce sera le dernier. A suivre donc: Deux épisodes de Traumenschar, respectivement celui de samedi 21 et samedi 28 mai.
Merci encore.


Pour répondre à  Arkh, si tant est que son post nécessite réponse de ma part:
-Les groupes qui se séparent, se détruisent, se croisent et se retrouvent était une idée dès le départ. Je ne comptais pas en faire un schéma aussi fort, peut-être, mais je ne voulais pas non plus de 'une équipe par donjon', qui aurait lassé le lecteur et moi même, surement. Là , les groupes explosent, et je trouve ça marrant (car je m'amuse, oh oui) de les voir ainsi évoluer en fin de compte chacun de leur coté.
-Les personnages sont interchangeables. Moui, je suis d'accord, sauf quelques uns que je connais 'vraiment' (Moi, Thourn, entre autres, et ceux que je cotoie souvent sur le Net). Le reste est bien spur forgé sur les anecdotes, les 'on dit', les histoires et les caractères entraperçus sur la toile. Je sais parfaitement que certains pourraient prendre la place d'autres, mais c'est un défaut que je me suis exercé à  corriger dans ce (long) épisode, le cinquième. Dites-moi si ça fonctionne ou non.
-Pour le reste, et bien... Il me fallait une idée de départ, un concept pour rameuter tous les Trauméniens. Comme me l'a dit Hilde très récemment sur Msn: "Mais moi, SR, je la connais très peu et je me retrouve à  la chercher." Même moi, je la connais peu, mais c'est bien une histoire, non? Le but étant de divertir au maximum, je suis partie d'une idée plate et j'ai tenté de monter ma baraque dessus. J'espère juste qu'elle ne s'écroulera pas de sitôt. Et puis merde, je suis l'auteur, je fais ce que je veux, na!

Sur ces (bonnes) paroles, j'envoie les chapitres... Bonne lecture!
(et désolé pour les fautes ci-dessus, j'ai relu mes chapitres mais pas mes posts)

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MessagePublié: 01 Juin 2005, 21:35 
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2. Midgard.
Halvorc ouvrit les yeux sur le vide tout autours de lui. Il était, sans nul doute possible, dans un ciel d?un bleu infini. Aucun nuage ne venait gâcher l?unité azurée de ce ciel. Il contempla quelques oiseaux qui volaient au loin, seules anomalies dans le bleu environnant. La chaleur d?un soleil invisible soufflait sur son corps qui tombait. Ou bien volait-il ? Ou bien était-il maintenu en l?air, tout simplement ? Aucun vent de venait fouetter son visage, mais ça ne voulait rien dire, après tout.
« Je suis mort, donc je n?ai pas de sensation, je ne ressent rien. Sauf si ça se passe comme dans la nouvelle de Stephen King, Salle d?autopsie quatre ? » Il réfléchit un instant à  la question, les yeux toujours accrochés aux oiseaux, qui se rapprochaient de lui.
D?eux.
Il tourna la tête vers Séphira Strife qui chutait ? volait ? non loin. Elle était en tailleur, et elle le regardait méchamment. Halvorc dû pencher la tête sur la droite pour se tenir face à  elle. Séphira Strife ne semblait en aucun cas gênée par le lieu, ni par la chute ? vol ? qu?elle effectuait. Elle semblait sereine.
Ses yeux, par contre, étaient emplis d?une haine féroce, et dirigée.
« Quoi encore ? grommela Halvorc en pivotant pour se retrouver dans le même sens qu?elle. Tu voulais partir pour le domaine des Dieux Nordiques, non ? Tout ce que j?ai fait, c?est exaucer tes désirs, rien de plus. »
Séphira ne répondit pas, ce qui était pire encore qu?une remontrance de sa part. Elle avait les bras croisés sur sa poitrine, et fixait toujours Halvorc à  travers ses lunettes ovales. Elle ne remuait que pour retirer ses cheveux qui, parfois, venaient se mettre dans sa figure dans un caprice que seuls les propriétaires de cheveux longs connaissent.
« Tu vas me faire la tête pendant longtemps ? grogna Halvorc en cherchant des yeux IL et Soulblighter. Dans ce cas là , je vais finir le voyage avec les autres. Et puis je te ferais remarquer que je n?étais pas seul à  avoir décidé de défier l?autorité DragonNoiresque !
-Je sais. » répondit simplement Séphira Strife, parfaitement calme.
Lorsque Halvorc avait empoigné l?arme et avait tenté d?occire Séphira Strife, celle-ci lui avait envoyé un coup de pied bien placé et l?avait sans peine mis à  terre. C?est à  ce moment là  qu?IL était intervenu, empoignant la demoiselle par derrière, comme à  son habitude, et il l?avait empalé, sans mauvais jeu de mot, avec l?épée de Soulblighter, après avoir tué ce dernier. En dernier lieu, Halvorc et lui s?étaient entretués.
« Bon, alors je demande la révision de mon procès et la division de ma peine en deux parties égales, au moins ! » dit Halvorc. Il regarda encore un instant les oiseaux, qui semblaient maintenant venir à  leur rencontre. Halvorc n?arrivait pas à  définir la race de ces volatiles. Une voix l?interrompit dans sa recherche.
« Hé, complice, hé ! »
IL venait vers eux, battant des bras comme un dératé, la mine réjouie. Soulblighter le suivait de près, aussi morose que d?ordinaire. C?est en voyant le nouveau IL que Halvorc se rendit compte des transformations.
« IL !! Tu as les cheveux rouges, tu sais ? s?exclama-t-il.
-Je sais, je sais, et toi tu ressembles à  une poupée gothique ! »
Halvorc examina succinctement ses vêtements de cuir et poussa un long soupir de désapprobation. Les multiples boucles de ceintures qui parsemaient son costume tintaient sans arrêt, au plus grand agacement de son propriétaire. Il passa une main découragée dans ses cheveux noirs en bataille.
« Pourquoi ai-je pensé à  ce foutu avatar, moi ?
-Parce que tu es anorexique. » répliqua Séphira Strife, dans le non-sens le plus complet. Elle n?avait pas changé d?apparence, tout comme Soulblighter, dont la seule métamorphose était vestimentaire : Il portait dorénavant un simple débardeur blanc, découvrant ses bras musclés et maintenant tatoués. Il ressemblait à  un membre du Fight Club, son film fétiche.
IL s?avança ? voleta ? jusqu?à  Halvorc et lui passa un bras autours des épaules.
« Toi aussi tu les as vu, ces oiseaux au loin ? »
Ceux-ci, justement, étaient désormais visibles dans le ciel limpide. On ne voyait plus qu?eux, même. Et Halvorc commençait à  deviner, à  inférer leur véritable nature. Il imaginait déjà  ce qu?il ne pouvait pas voir Les chevaux, les femmes et les lances.
« Ce ne sont pas des oiseaux, répondit Halvorc.
-Je sais.
-C?est maintenant qu?on va voir si on a fait une connerie ou non, n?est-ce pas ?
-Si jamais elles ne nous emmènent pas, on se retrouvera au pied de l?Yggdrasil, au royaume de Hel. Mais on y sera tout de même.
-Exact. »
Séphira Strife, les bras toujours croisés sur sa poitrine, les regardait tout deux de haut. Son air, d?ordinaire indifférent voire dédaigneux, était aujourd?hui teinté d?une colère contenue. Elle en voulait à  Halvorc d?avoir osé prendre le commandement de ce voyage. Elle en voulait à  IL de l?avoir aidé. Et elle en voulait à  DragonNoir d?être partit.
En bref, elle en voulait à  tout le monde.
« Ma belle Séphira Strife, s?avança IL. Vous semblez fort contrariée par ce léger malentendu vis-à -vis de notre départ. »
IL avait prit sa plus belle voix, doucereuse à  souhait.
« Il n?était pas nécessaire de tous nous prendre par surprise, dit-elle, cassante. Toi et ton ami Halvorc, vous auriez pu nous demander notre avis.
-Mais cela mets du piment dans notre aventure ! répliqua un IL enjoué.
-Ce n?est pas une sortie scolaire, espèce de?
-Regardez. »
Soulblighter tendit un index vers les quatre formes volantes. On distinguait nettement, à  présent, les silhouettes de quatre femmes montées sur des montures ailées. Des chevaux ailés, pour être précis. Elles tenaient des lances richement décorées, mais elles n?avaient pas l?air d?en vouloir à  leurs vies. Et pour cause : Ils étaient morts.
Elles souriaient.
« C?est qui ? demanda Soulblighter d?une voix plate.
-Les Valkyries, répondit Halvorc. Ce sont des guerrières sous les ordres d?Odin, qui viennent chercher les humains morts les armes à  la main, pour les emmener au Valhalla. Elles sont quatre, nous aussi, nous avons donc réussis à  atteindre l?Yggdrasil.
-Nous devrions rentrer, annonça Séphira Strife.
-Quoi ? s?étonna IL. Après tout le mal qu?on s?est donné pour nous envoyer ici, tu veux tout de suite gober ces vilaines pilules pour nous faire revenir ? »
Halvorc regardait les femmes volantes s?approcher d?eux. Elles étaient magnifiques sur leurs fougueux destriers parfaitement à  l?aise en vol. Leurs longues ailes qui étaient de la même couleur que la robe des chevaux battaient un air qu?aucun d?entre eux ne ressentait. Cependant, lorsqu?elles s?arrêtèrent à  quelques mètres du groupe de Trauméniens, Halvorc sentit ses cheveux soufflés par le déplacement d?air.
« Ce sont des gentilles ? demanda Soulblighter.
-Elles sont là  pour nous conduire chez les Dieux. »
Il marqua une pause.
« Dans l?arbre de vie, celui qui relie tous les mondes nordiques. L?Yggdrasil. »

*
* *

DragonNoir jeta un rapide coup d??il dans le sac plastique contenant les restes d?Hilde, puis le referma précipitamment. L?odeur était devenue insoutenable depuis que le corps s?était réchauffé. Il tira la fermeture éclair de la valise qu?ils avaient achetée pour transporter le corps et Laekh l?aida pour la hisser sur le porte-bagages du train.
« Humpf. Voilà  qui est fait, dit ce dernier en se rasseyant. On a de la chance d?avoir trouvé un wagon sans trop de monde, nous pouvons discuter. »
Gorgon_Roo embrassa le compartiment du regard, et remarqua seulement deux ou trois autres personnes assises, relativement loin. Puis ses yeux allèrent se planter sur la valise Hilde. Sans cesse, il y revenait. Il n?arrivait pas à  croire que, quelques heures auparavant, il était dans le même état qu?elle. De la viande froide, un cadavre.
« Vous disiez donc que Hilde se trouvait dans un pentagramme magique, et que des bras en sont sortit pour l?attraper aux chevilles et l?attirer dans le sol ? »
Les trois revenants acquiescèrent.
« Dans le sol, ou à  travers le sol ? demanda Laekh.
-À travers, dit le Ionisateur Fou. Elle est passée au travers des dalles.
-On voyait un peu au travers, ajouta Radamenthe. Un grand décor de feu, de lave ou je ne sais quoi. Une vision de l?enfer. »
Personne n?osa commenter.
« Une fois de retour chez moi, dit DragonNoir, je me pencherais sur la question. La bonne nouvelle, c?est que vous soyez revenus, et intacts. Les pilules mises au point fonctionnent, en somme.
-Nous en sommes la preuve vivante, si je puis dire. » lança Radamenthe.
Puis, n?y tenant plus, DragonNoir se pencha vers eux.
« Alors ? Qu?avez-vous trouvé là -bas ? »
C?est ainsi que, durant le retour à  Paris, Gorgon_Roo, Radamenthe et le Ionisateur Fou racontèrent en détails leur voyage à  DragonNoir, sans omettre ce qu?ils avaient trouvés grâce aux clones et aux ultimes informations de Gilles de Rais.

*
* *

Les quatre Valkyries fonçaient à  travers le ciel à  une vitesse prodigieuse. Enfin, Halvorc se disait que s?il voyait un sol défiler sous lui, la vitesse serait prodigieuse, certainement. Seul le vent qui lui fouettait le visage lui démontrait qu?ils avançaient, et nul autre repères. Halvorc se pencha pour dévisager la Valkyrie.
La sienne était blonde, les cheveux coiffés en une longue natte qui chatouillait de temps à  autre le cou d?Halvorc. Ses yeux bleus magnifiques fixaient un point encore invisible à  l?horizon, et elle souriait. Inlassablement. Halvorc avait passé ses bras autours de sa taille, et il sentait la peau chaude et nue sous ses doigts. Elle ne portait qu?un bustier blanc brodé d?or, qui laissait entrapercevoir une généreuse plastique.
Ses jambes n?étaient recouvertes que d?un léger voile de soie transparent, qui avait disparu à  cause du vent. Grâce au vent, songea Halvorc en regardant une cuisse rosée de sa partenaire de voyage. Il baissa les yeux sur les bottes qu?elle portait, sous des plaques d?armures dorées qui montaient jusqu?à  ses genoux. Elle tenait toujours la lance dans une main, et les rennes de son cheval dans l?autre.
Halvorc se tourna vers IL.
Ce dernier arborait un immense sourire tandis que ses mains exploraient la poitrine de la Valkyrie, qui ne s?en formalisait manifestement pas. Elle souriait sans discontinuer, sans même avoir remarquer les mains baladeuses de son hôte. Et IL s?en donnait à  c?ur joie, faisant semblant de glisser sur le coté afin de se rattraper par hasard là  où il le pouvait. Halvorc nota mentalement que les Valkyries avaient l?air de robots inexpressifs.
« Sommes nous bientôt arrivés ? » demanda Séphira Strife à  sa Valkyrie.
Celle-ci hocha la tête, sans répondre. Elles n?avaient pas émit un son depuis leur arrivée auprès des Trauméniens dérivants, se contentant de les inviter à  monter en croupe sur leurs chevaux ailés. Séphira ne chercha pas à  en savoir plus. Elle savait qu?elle ne répondrait pas.
Soudain, Halvorc tendit la main droit devant lui et s?écria :
« Là -bas ! L?Yggdrasil ! »
En effet, lorsque tous regardèrent devant ? même IL qui cessa une minutes ou deux ses simagrées perverses ? ils virent un immense frêne apparaître au loin. L?Yggdrasil, l?arbre de vie, le centre de la religion scandinave, se dressait devant eux.
« Nous y voilà , dit Halvorc. Yggdrasil. L?arbre cosmique, la charpente du monde, l?arbre de la terreur, la potence, la colonne d?if, le cheval d?Ygg, est devant moi. Je n?en reviens pas.
-Du calme, dit Séphira Strife. Ce n?est qu?un arbre.
-Non, s?insurgea Halvorc. C?est l?axe du monde, tout de même. Au moins de ce monde-ci ! C?est le symbole de la constance et de la stabilité ! Ses branches recouvrent le monde entier tel que nous le connaissons.
-La Terre ? questionna IL.
-Pour les Scandinaves, le monde des humains, autrement dit la Terre, était un des neufs mondes contenu dans l?Yggdrasil. Et? Oh ! » Halvorc s?interrompit, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Les autres le laissèrent réfléchir, un instant, puis Séphira s?impatienta :
« Quoi ?Oh !? ?
-Vous saviez quel était le nom que donnaient les nordiques à  notre Terre, sur l?Yggdrasil ? »
Silence dans l?assistance, juste le vent dans les oreilles.
« Le monde des humains dans l?Yggdrasil se nomme : Midgard. »
IL lâcha sa prise sur la Valkyrie et fixa intensément l?arbre. Se pourrait-il que ce Midgard-là  soit en relation avec? IL interrompit sa pensée.
« Comme dans Final Fantasy VII, remarqua Soulblighter.
-Exactement, jubila Halvorc. Et ce n?est pas la seule référence ! Le Nibelheim de ce jeu vidéo n?est autre qu?une image du monde de Nifelheim nordique ! J?espère pouvoir le visiter? » Il soupira de joie.
L?immense arbre, un frêne aux feuilles intégralement vertes, était maintenant tout proche. Et les Valkyries les emmenaient en son centre.

*
* *

DragonNoir introduit la clef dans la serrure et tourna sans rencontrer de résistance. La porte était déjà  ouverte. Il laissa passer les quatre Trauméniens et entra à  la fin. Laekh posa la valise dans l?entrée en soufflant, visiblement peiné par l?effort.
« Il faut la mettre au frais, et rapidement. Sinon, je ne te raconte pas l?odeur?
-Je préfère encore que tu ne me raconte pas, effectivement, renifla DragonNoir. Youhou ! Y a quelqu?un ? »
Aucune réponse, pas un bruit dans l?appartement. DragonNoir lança de nouveau un appel, sans résultat. Pourtant, la porte était ouverte.
« Ils dorment peut-être ? hasarda Gorgon_Roo.
-Pas si tôt, il n?est que vingt-deux heures et des poussières.
-Alors ils sont morts. » conclut Radamenthe. Sa blague ne fit rire que lui, et encore. DragonNoir s?avança dans le couloir, et entendit des bruits de conversations dans sa chambre. Ils étaient donc là .
« Ils auraient pu fermer la porte, tout de même. J?ai hurlé deux fois, et ils n?ont rien entendu. On aurait pu voler la moitié de l?appartement sans même qu?ils s?en rende compte. Bon. Allez nous attendre dans le salon, vous quatre. Je vais chercher les autres. »
Gorgon_Roo et Radamenthe ouvrirent la marche, suivit du Ionisateur Fou et de Laekh, qui traînait encore la valise. Soudain, la porte d?entrée s?ouvrit, et Q-Po passa la tête par l?entrebâillement, suivit de Lord Satana. Il aperçut DragonNoir, et eut juste le temps de dire?
« Oops, trop tard, il est rentré. »
?avant que les hurlements de Gorgon_Roo et du Ionisateur Fou remplissent l?espace. DragonNoir se précipita dans le salon, et découvrit le massacre. Une image de Hilde dans son sac plastique lui vin à  l?esprit, tandis qu?il voyait la boucherie pratiquée sur le tapis de ses parents. Il se surprit à  avoir des pensées incongrues, telles que ?Le tapis est irrécupérable? ou encore ?Il va falloir nettoyer les armes?. Il n?arrivait pas à  croire à  ce qu?il voyait.
« Merde, dit Laekh. Qui a fait ça ?
-Halvorc, dit Q-Po dans son dos. Laisse-moi circuler, que je les mette dans ces sacs. »
Tous s?écartèrent, et Q-Po passa, accompagné de Lord Satana. Ils s?accroupirent devant Séphira Strife, et commencèrent à  la mettre dans un sac.
« Co? Comment ? balbutia DragonNoir, incapable de regarder la scène.
-Comment c?est arrivé ? Halvorc a prit ton arme et il a tué tout le monde, annonça Q-Po. Je pensais que son petit tour à  pied lui avait changé les idées, mais je m?étais manifestement fourvoyé. Il est revenu ici, alors qu?il ne restait que ces trois là  dans le salon, et? » Q-Po étendit les bras autours de lui, englobant la salle, et n?ajouta rien.
Il n?y avait rien à  dire. Le massacre racontait tout. Soulblighter avait été tué dans sa position initiale : allongé sur le dos, les armes à  la main. Séphira Strife s?était débattu, car les traces de combat s?étendaient autours d?elle comme une preuve non contestable. Mais Halvorc avait aussi eu raison d?elle. Puis, IL et Halvorc étaient emmêlés l?un sur l?autre, leur sang mélangé dans un ultime combat. Lequel était l?agresseur, et lequel l?agressé ?
« A trois contre un, ils n?ont pas pu se défendre ? demanda Gorgon_Roo.
-Je ne pense pas qu?ils en aient eu le temps, mais c?est mon opinion, dit Lord Satana en rentrant les jambes de Séphira Strife dans le sac. Où est-ce que je la mets ?
-Je ne sais pas, dit Q-Po. Pose là  là -bas, mais retire la valise. Qu?est-ce que c?est au fait, cette valise ? »
Laekh regarda le cercueil provisoire de Hilde, puis les sacs plastiques contenant les corps, et se mordit la lèvre. Gorgon_Roo prit la parole, heureusement, se chargeant de tout expliquer, enfin.
« Je pense qu?on peut laisser cette valise avec les corps. » dit-il.

*
* *

Lorsque les quatre Trauméniens posèrent enfin pied à  terre, ils furent saisit de vertiges insensés. Leur vol ? chute ? avait duré tellement longtemps qu?ils avaient ce qu?on pourrait appeler le mal de terre, comme les marins qui reviennent sur le continent après des mois de mer. Leurs estomacs se rebellèrent quelques minutes, puis se calmèrent tout seul.
« Où sommes-nous, maintenant ? demanda IL. Est-ce vraiment Midgard ici ? On dirait la Terre, tout simplement.
-Je pense que oui, souffla Halvorc, dont les yeux embués de larmes regardaient tout de même le paysage en s?émerveillant. Je pense que nous sommes arrivés dans Midgard, la Terre des hommes. Seulement, nous sommes morts, donc elle n?est pas peuplée.
-Ça serait donc une représentation de la Terre ?
-Une sorte de doublon, oui, répondit Halvorc, qui se remettait peu à  peu. Et nous sommes dans la campagne, mais où exactement? »
Autours d?eux, les champs s?étendaient jusqu?à  l?horizon. Peu ou prou de collines, un clocher d?église à  une vingtaines de kilomètres, peut-être plus, mais rien d?autres. Les Valkyries étaient toujours présentes, mais elles semblaient attendre. IL se rapprocha de la sienne, une jolie rousse à  la poitrine opulente, comme il avait déjà  pu le tester, et il lui attrapa le bras sans ménagement.
« Eh, toi là , la muette ! Tu ne pourrais pas nous dire ce qu?on doit faire ? »
Elle ne répondit pas. Elle ne tourna même pas la tête vers lui, et elle se contenta de sourire en regardant le vide. IL serra les dents, et s?apprêtait à  la tirer pour la faire descendre de son cheval lorsque Séphira Strife l?en empêcha.
« Arrête tout de suite, IL !
-Mais c?est évident qu?elle sait quelque chose !! Regarde moi ce sourire béat, on dirait qu?elle attends Dieu. »
Séphira Strife s?approcha de IL en le regardant dans les yeux, un regard froid et sans aucune compassion sur l?éventuel futur qui l?attendait s?il devait poursuivre ses agissements. IL détourna les yeux.
« Si nous devons faire ce voyage, alors autant se serrer les coudes, d?accord ? dit-elle. Je pense que martyriser cette femme ne changera pas grand-chose au fait qu?elle soit muette, n?est-ce pas ? »
IL ne répondit pas.
« Ai-je bien entendu, Séphira, intervint Halvorc. Tu daignes accepter de continuer le voyage avec nous tous ? »
Séphira Strife leva les yeux au ciel, un ciel d?un bleu immaculé, et vida lentement ses poumons. Puis elle regarda Halvorc en hochant la tête.
« Tant qu?à  faire, autant en finir avec ce monde-ci. DragonNoir n?avait qu?à  venir.
-Yeah ! exulta Halvorc en leva son poing. J?ai gagné !
-T?énerve pas trop, la poupée gothique, railla IL.
-Ce n?est pas une poupée gothique, c?est une doll de Vincent Valentine !!
-Hey, qu?est-ce que tu as dit, IL, tout à  l?heure à  propos du sourire des Valkyries ? »
Ils se retournèrent tous vers Soulblighter, qui fixait un point éloigné derrière eux. Comme les Valkyries. IL réfléchit un instant, et répondit :
« J?ai dit qu?on croirait qu?elles attendent Dieu, ou un truc comme ça?
-Tu avais raison. »
Soulblighter leva les yeux, tandis qu?une grande ombre s?abattait sur les Trauméniens. Les trois autres se retournèrent et durent lever les yeux sur l?immense homme qui se tenait sur un cheval à  huit jambes. Deux corbeaux se tenaient sur ses épaules. Il était borgne, mais dégageait une immense aura de puissance, de sagesse et de gloire.
De divinité.
Et les Valkyries s?inclinèrent en ch?ur.
« Gloire te soit rendue, ô notre Dieu. Gloire à  Odin. »

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MessagePublié: 01 Juin 2005, 21:38 
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3. Asaheim et Vanaheim.
Halvorc avait du mal à  croire à  sa présence dans l?Yggdrasil, pour commencer. Ensuite, il avait beaucoup de mal à  accepter l?idée d?être dans le Midgard scandinave. Halvorc avait aussi énormément de mal à  se dire qu?il avait accompagné des Valkyries en vol. Halvorc avait peine à  croire qu?il se trouvait en face d?Odin. Et finalement, Halvorc avait peine à  croire qu?ils discutaient tous, même, avec lui.
Il savait néanmoins que tout ceci était vrai, dans une certaine mesure : Ils étaient tous les quatre morts les armes à  la main ? des armes typiquement nordiques, qui plus est ? et ils étaient maintenant dans le royaume des Dieux. Et ce royaume des Dieux était dirigé par l?homme qui était maintenant devant eux.
Odin.
C?était le Dieu principal de la religion scandinave, mais il symbolisait également le Dieu de la Guerre, de la Sagesse, de la Poésie, voire dans certains cas de l?Humanité toute entière. Les récits sur ses actes de bravoures et ses épreuves endurées étaient innombrables, mais prouvaient tous son endurance et sa volonté sans bornes.
Même une fois descendu de son cheval à  huit jambes, Sleipnir, il restait majestueux et imposant. Chacune des Valkyries les suivait sans un mot. Elles n?avaient daignées parler qu?en présence de leur maître, sans aucun respect pour les Trauméniens. Mais avec un maître comme Odin, songea Halvorc, je pourrais facilement devenir irrespectueux.
« Il est déplorable que votre venue n?aie pas été plus à  l?avance préméditée, dit le Dieu des Dieux d?une voix de stentor. Heureusement que Freyja a prit soin d?aller vous cueillir. »
La Valkyrie qui avait porté IL s?inclina en signe de remerciement. Halvorc se retourna vers elle, les yeux écarquillés, puis se rapprocha de IL. Il lui donna du coude, discrètement, tandis qu?ils marchaient tous vers une destination inconnue.
« Tu savais que tu avais peloté l?épouse d?Odin ? lui demanda-t-il.
-L?épouse d?O? Mais je croyais que c?était une Valkyrie !
-C?en est une, acquiesça Halvorc. La première des Valkyries, même. Je ne l?avais pas reconnu, tout à  l?heure, mais Freyja est également la déesse de la fécondité, du désir et de l?Amour. Et, accessoirement, c?est l?épouse d?Odin. Une des épouses.
-Alors j?ai? J?ai tripoté une déesse ? Je peux mourir heureux !! s?extasia IL.
-Tu es déjà  mort, IL. »
La route serpentait sur l?immense plaine, et ils avaient à  présent dépassés le village dont le clocher de l?église avait été visible quelques temps plus tôt. Ils marchaient depuis plus d?une heure, maintenant, mais n?en éprouvaient aucune fatigue. Séphira Strife, la curiosité aidant, accéléra le pas pour se rapprocher d?Odin, qui avançait d?un pas lourd.
« Seigneur Odin, commença-t-elle.
-Vous n?êtes pas des guerriers morts au combat, je le sais. Hugin et Munin, mes deux corbeaux, me l?ont dit dès que nous sommes arrivés auprès de vous. »
Comme pour approuver la remarque, les deux corbeaux croassèrent en c?ur.
« Mais alors, si vous êtes au courant, vous n?allez pas nous accepter parmi vous, si ? »
Odin garda le silence un moment, son unique ?il scrutant l?horizon. Lui ne souriait pas comme ses Valkyries, mais arborait un masque de sagesse permanent. Un masque de sagesse pas franchement amical, pour tout dire.
« Nous vous accepterons, finit-il par dire. Nous ferons fi de vos antécédents et de cette façon particulière de décéder, et nous vous accepterons. Personne n?en saura rien.
-Les autres Dieux ? demanda Séphira Strife.
-Je suis au courant pour votre quête. »
Le c?ur de Séphira Strife s?emballa.
« Je ne peux pas vous en dire plus, je ne peux rien vous apprendre, tout ce que je peux faire, c?est vous faire rentrer dans le domaine des Dieux. Dans mon domaine. Après, c?est à  vous d?enquêter sur votre amie, dans le cas où elle serait passée ici.
-Nous serons libre d?agir à  notre guise ? »
Odin se tourna vers Séphira, qui fixa son unique ?il avec appréhension. Le visage hostile se mua en une parodie de sourire, un sourire qui se voulait rassurant, mais qui restait au niveau de ?dangereux? ou ?inquiétant?. Mais l?effort était manifeste.
« Vous serez libre, mais vous devrez vous plier aux us et coutumes de nos mondes. Je vous interdit de vous déclamer différents, vous serez des combattants morts comme les autres. Votre recherche devra rester la plus discrète possible, et vous ne divulguerez jamais votre véritable but, est-ce bien clair ? »
La menace était palpable dans le cas contraire, et Séphira hocha vivement la tête, acceptant toutes les conditions. Le résultat n?était pas si terrible que ça, et ils pourraient collecter les informations d?une manière relativement anonyme. Ce voyage commençait bien.
Soulblighter, dont les sens devaient toujours être en alerte grâce à  sa métamorphose Trauménienne, remarqua tout de suite le groupe de cavaliers qui venait à  leur rencontre. Il leva son bras athlétique en direction des chevaux pour signaler leur présence. Au même moment, Odin s?arrêta ainsi que son cheval.
« Voilà  les us et coutumes qui arrivent, justement. »

*
* *

Hubert salua le vieil homme qui entra dans le restaurant comme à  son habitude : En levant une main humide et en hochant distraitement la tête. Encore un nouveau client, jamais vu dans le coin, pensa-t-il en retournant dans la conversation.
« Qu?est-ce que t?en penses, Hub? ?
-De quoi ? grogna le barman en direction de Gérald. J?ai pas entendu la question.
-On se demandait moi et Gontran ce qu?était devenu Matrik et toute sa clique, là , tu te rappelles ? Ceux qui sont venus à  quarante en Novembre dern?
-Ouais, ouais, je me rappelle d?eux. Le Matrik il avait payé une sacrée somme, même, pour réserver la salle. Le moins qu?on puisse dire, c?est que j?avais pas perdu ma journée, ce jour là  ! Donne-moi ton verre, tu es à  sec.
-Merci. » Gontran tendit le verre et Hubert le remplit de Ricard et d?eau. Gérald dévisageait l?homme qui venait d?entrer, et qui s?était adossé au bar. Il était relativement costaud et bourru, malgré son âge. Gérald n?aurait pas été lui chercher des noises, aussi imbibé qu?il fut. Hubert lui rendit sa boisson, et suivit le regard de son piler de bar.
« Vous désirez quelque chose, monsieur ? demanda-t-il aussi aimablement qu?il le pouvait, ce qui pour lui se résumait à  ne pas ajouter d?insultes à  sa phrase.
-Donnez-moi un double whisky sec, s?il vous plaît.
-Jack Daniel ? Ou bien du?
-Jack Daniel, ça suffira. »
Hubert dévissa le bouchon tout en regardant l?homme qui furetait du regard dans toute la salle. Il n?y avait que trois autres clients attablés : Un couple qui discutaient en se tenant la main, au comble du bonheur, et un jeune homme qui lisait le journal, dans le fond. Le nouvel arrivant sembla trouver ce qu?il cherchait en dénichant l?arrière salle. Il la montra au barman en feignant l?innocence.
« Elle peut contenir combien de personne, cette salle ? demanda-t-il.
-Oh, facilement une cinquantaine de personnes. Pourquoi, vous allez vous marier ? »
La boutade déclencha quelques rires mous de Gérald et Gontran. L?homme esquissa un sourire et avala une longue gorgée de whisky pur, sans même ciller. Hubert restait à  le regarder lui et la salle, sans tenir compte des sourires de ses compagnons de solitude.
« Vous voulez la louer pour un repas ? Personne n?est dessus avant? » Il commença à  consulter un registre, mais l?homme l?arrêta.
« Je demandais simplement ça par curiosité, je viens juste d?arriver en ville.
-Je savais bien que j?vous avais jamais vu nulle part, brailla Gérald en posant son verre sur le comptoir, le faisant claquer. Je n?oublie jamais un visage, vous savez ?
-Gégé, tu es saoul.
-Nan chuis pas bourré, Gontran ! Pas plus que la dernière fois, en tout cas ! »
Et ils s?esclaffèrent.
L?homme les dévisagea un instant, quelque peu navré. Il n?avait pas ou peu touché à  la bouteille ces dernières années. Pas depuis sa longue descente aux enfers dans le monde des alcooliques. Il s?en était tiré, mais ne rechignait pas à  un verre de temps à  autre. Et ces derniers temps, il en avait bien besoin.
« Avez-vous reçu un groupe de personnes dans cette salle, il y a peu, questionna ouvertement l?homme en terminant son verre.
-Dans l?annexe, là -bas ? répéta Hubert. Eh bien, je sais plus, faudrait demander à  ma femme? Mais il me semble que le dernier rassemblement important, c?était en Décembre dernier. Ou en Novembre, je sais plus.
-En Novembre, Hub? ! l?informa Gontran. C?était ce dont on parlait tout à  l?heure, justement : La bande à  Matrik.
-Ha ha, gloussa Gérald en se balançant. Matrik, qui a la trique, quand on le niq?
-Gérald !! »
Hubert rougit, et Gontran assena une claqua à  l?arrière de la tête de Gérald, qui ne sentit rien grâce à  l?alcool ou au vide que le crâne contenait. L?homme ne dit rien, mais semblait intéressé par cette réunion.
« Quelque chose vous a paru étrange durant cette réunion ?
-Étrange, dit Hubert, comme si répéter ce mot constituait un moyen de paraître intelligent. Mis à  part le fait qu?ils s?étaient retrouvés pour assister à  un enterrement, je ne vois pas d?autre étrangetés. »
L?homme tressaillit sur son tabouret, les deux amoureux continuaient de se dévorer des yeux et le jeune homme au journal le regarda brièvement, avant de tourner une page. L?homme se pencha sur le comptoir pour s?approcher de Hubert, qui délaissa un instant son torchon pour tendre l?oreille.
« Je m?appelle Serge Thourn, dit l?homme. Je suis commissaire de police et j?enquête à  titre officieux sur une affaire de meurtre.
-Non ! souffla Hubert en baissant d?un ton.
-Que pouvez-vous me dire sur ces personnes ?
-Et bien, à  vrai dire, pas grand-chose? Ils étaient beaucoup, et tous tellement différents. Jeunes, pour la plupart.
-Moyenne d?âge ?
-Je dirais dix-huit, peut-être moins. Mais il y en avait d?autres plus vieux.
-Vous n?avez pas de coordonnées ?
-Si, attendez. »
Hubert le laissa pour aller dans l?arrière boutique à  la recherche du carnet où étaient notés les rendez-vous de l?année passée. Thourn se retourna et tenta de visualiser la scène : Une cinquantaine de jeunes gens qui se réunissent pour un enterrement. C?était un bon début. Ça faisait donc une cinquantaine de personnes à  interroger, si tant est qu?il les retrouve toutes. Mais au moins il pouvait être sûr d?avoir les coordonnées de celui ou celle qui avait réservé la salle, faute de mieux.
« Vous en voulez à  Matrik ? demanda Gérald, qui n?en avait pas terminé.
-Gérald, arrête ça tu veux ? dit Gontran.
-Qui est ce Matrik ? demanda Thourn. Un de ceux qui étaient à  la réunion ?
-C?était lui l?instaguite... L?astingateur? Arrh !
-C?était celui qui avait tout organisé ? » demanda Serge en sortant un calepin et un stylo. Il sentait que ces deux-là , aussi saoulard soient-ils, pouvaient l?aider. Il récolta sans peine une description non exhaustive de bon nombre des personnes présentes, des descriptions confuses accompagnées de commentaires de plus ou moins bon goût. Mais Serge notait tout, préférant garder l?inutile que d?omettre une information.
Hubert confirma ses soupçons lorsqu?il présenta l?adresse de Mr.Magnum à  Serge. Ce dernier la connaissait déjà , c?était de là  d?où il venait. Il recueillit encore quelques informations à  l?aide de deux tournées générales, puis paya et se prépara à  partir presque bredouille.
Mais le destin lui valu d?obtenir sa plus précieuse information juste avant qu?il ne passe la porte, complètement par hasard. Il aurait fallu qu?il sorte cinq secondes plus tôt pour qu?il rate ce que Gontran disait.
« Au fait, Hub?, mon bon Hub?, tu savais que certaines des filles qui était là  en Novembre avec le Matrik, elles habitaient dans le coin ? Y en a une, là , une petite brune toute mignonne avec une grande natte, qui fait de la piscine avec mon fils? Je sais plus comment elle s?appelle, par contre? Merde? Tu vois de qui je parle ?
-Nan.
-T?es lourd, Hub?? »
Serge quitta le restaurant en souriant, au moment où Gontran posait sa tête sur le comptoir et rotait joyeusement, déclanchant des rires imbibés.

*
* *

Le jeune homme regarda Serge Thourn sortir, puis referma son journal. Il se rendit au bar, où il paya grassement son café sans même jeter un ?il aux trois loques qui riaient toujours, puis jeta le journal dans la poubelle avant d?emboîter le pas du commissaire.
Le jeune homme, lui, ne souriait pas.

*
* *

Les deux cavaliers s?arrêtèrent et scrutèrent le terrain, ignorant volontairement Odin. Séphira Strife recula lorsqu?elle vit le poing du Dieu des Dieux se serrer sur les rennes de son cheval. Elle rejoignit hâtivement Halvorc, IL et Soulblighter, songeant mentalement que c?était la première fois qu?elle était contente de les trouver aussi près d?elle.
Surtout IL.
Les deux cavaliers descendirent de leurs montures et se présentèrent, toujours sans tenir compte d?Odin. Ils s?adressèrent directement aux Trauméniens. Le premier était gigantesque, peut-être aussi grand qu?Odin lui-même. Une longue barbe blonde lui descendait en tresse et favoris sur son torse en armure. Une odeur de terre humide se dégagea lorsqu?il parla.
« Mon nom est Njörd, divinité Vane de la Terre et de la Fertilité. Et voici Freyr, mon fils, et frère de Freyja. Nous sommes tous trois représentants des Vanes, contrepartie des Ases sur l?Yggdrasil. Bienvenus à  vous, nobles combattants. »
Puis, sans même prendre le temps d?une respiration, Njörd se dressa face à  Odin. Celui-ci avait quelques centimètres de plus que Njörd, mais le Vane ne se démontait pas. Les yeux dans les yeux, ils imposèrent un silence concentré autours d?eux. Personne n?osait parler.
Sauf Soulblighter, qui demanda à  Halvorc ce qu?étaient les Vases et les Ânes.
« Les Vanes et les Ases, triple idiot ! Ce sont deux familles de Dieux qui se querellent suite à  une broutille, un léger différent sans importance, mais bon. Et depuis, ils se cherchent en permanence pour un oui, pour un non. Je pense qu?ils vont se disputer pour nous, là .
-Pour nous ? s?exclama IL. Comment ça pour nous ?
-Pour nos âmes, répondit Halvorc. Pour savoir si nous rejoindrons les armées des Vanes ou celles des Ases. Les Ases sont déjà  nombreux, vis-à -vis des Vanes, rien qu?en terme de Dieux. Je pense que nous allons rejoindre les Vanes. »
Le silence perdurait, puis Njörd le rompit finalement :
« Je viens récupérer mon dû, comme convenu.
-Comme convenu, récita Odin d?une voix contenue, nous séparerons les combattants équitablement. Je te lègue deux hommes : Celui-ci et celui-ci. »
IL et Halvorc déglutirent en même temps, dans un effet qui aurait pu être comique dans une autre situation. Ils s?avancèrent tous deux devant Njörd, qui les examina succinctement. Freyr fit de même, s?attardant sur IL qui finit par lui faire un clin d??il.
Freyr se recula vivement.
« J?accepte mon dû et je reconnais ton honnêteté, Odin. Puisse le Ragnarök être encore loin, et nos jours longs.
-Puisse le Ragnarök être encore loin et nos jours longs. » répéta Odin en reprenant sa marche. Les Valkyries poussèrent Séphira Strife et Soulblighter de l?avant, les obligeant à  abandonner leur deux autres compagnons. Freyja et une autre Valkyries étaient restées avec Halvorc et IL, en compagnie des Vanes. Séphira Strife s?avança de nouveau vers Odin et lui demanda où ils allaient être conduits.
« Nous allons dans l?Asaheim, rejoindre mon temple, le Valhalla, le lieu où tous les guerriers se retrouvent une fois morts. Vos compagnons vont aller dans le domaine des Vanes, au Vanaheim. Ils ne risquent rien, s?ils ne révèlent pas leur véritable but.
-C?est bien ce qui m?inquiète, dit Séphira en regardant s?éloigner Halvorc et IL. C?est justement ce qui m?inquiète. »

*
* *

Halvorc était quelqu?un de réservé, à  la base. Quelqu?un qui ne montrait pas facilement ses sentiments, ses émotions, aux autres. Mais depuis le départ pour l?Yggdrasil, il allait d?émerveillements en émerveillements. Et lorsque Halvorc descendit de la croupe du cheval ailé que montait Freyja, il ne pu retenir une exclamation d?admiration face à  la vue qui s?offrait à  lui. Le Vanaheim s?étendait telle une fleur à  ses pieds.
Un soleil ? était-ce le même que celui sur Midgard, ou bien un autre ? ? éclairait les magnifiques temples d?une blancheur sans pareil disséminés ça et là  sur des collines à  l?herbe verdoyante. Des gens allaient et venaient parmi la végétation, certains se reposaient sous l?ombre rafraîchissante d?un arbre, d?autres discutaient en cercle assis dans l?herbe. D?autres encore se battaient à  un contre un, s?entraînant comme tout soldat digne de ce nom.
Une légère brise tiède fit frissonner Halvorc, non pas à  cause du froid mais du sentiment d?exaltation qui lui remplit soudainement l?esprit. Il se sentait bien. Un sourire illumina son visage alors qu?il foulait le domaine des Dieux à  petits pas hésitants.
« Voici Vanaheim, royaume des Vanes, dont je suis le dirigeant incontesté, dit Njörd. Vous êtes libre d?aller où bon vous semble, et les seules obligations sont les repas du déjeuner et du dîner, ainsi que le couvre-feu du soir. Les temples que vous voyez sont à  votre disposition pour toute activité qui vous intéresse : Arts, Livres, Cuisines, Sports divers? Il est fortement recommandé de vous entraîner au combat, également.
-Vous pouvez vous meurtrir sans crainte, toutes les blessures seront rétablies le soir venue pour n?être que des mauvais souvenirs le lendemain, intervint Freyja.
-Même si je découpe des membres entiers ? demanda IL.
-Même si vous tuez. » dit Freyja sans se départir de son sourire.
IL sourit à  son tour.

Séphira Strife regarda le sourire de la Valkyrie d?un air soupçonneux, puis chercha confirmation du coté d?Odin. Ce dernier hocha la tête.
« Je puis vous assurer que, dans mon domaine, toute plaie, toute fracture ou toute amputation quelle qu?elle soit sera guérie le lendemain. Le Valhalla est un domaine sacré, un domaine où les morts sont à  l?honneur.
-Et qu?allons-nous y faire ? dit Soulblighter en regardant deux hommes qui discutaient autours d?une épée dorée plantée dans le sol.
-Vous attendrez ici le Ragnarök. »
Séphira Strife se rappela vaguement que le concept du Ragnarök, chez le peuple nordique, revenait à  l?Apocalypse chrétienne. En somme, il s?agissait du combat final entre les Dieux du Panthéon Scandinave et les Géant refoulés dans d?autres mondes de l?Yggdrasil. Une immense guerre longue et difficile.
« Ah, dit Soulblighter, sans grande conviction. J?ai le temps d?aller manger un morceau avant le Ragnarök, selon vous ? »
La remarque arracha un rire tonitruant à  Odin, le rire le plus horrible qu?il ait été donné d?entendre. C?était un mélange de roulement de tonnerre, de brisement d?os et de violoncelle mal joué, le tout sortant de baffles saturés. Séphira Strife serra les dents.
« Quelques centaines de siècles, au bas mot. » finit par dire Odin.
L?avenir lui montrera l?importance de douter de son omniscience.

*
* *

À Berlin, Dan Sofres marchait dans une rue marchande de son quartier. Il était debout depuis une bonne heure, et profitait pleinement de sa journée de congé. Il avait malgré tout un emploi du temps chargé, mais comme chacune de ses occupation était un loisir, il marchait vers la première d?un pas léger.
Acheter le journal du jour, telle était sa première tâche.
Il aborda un kiosque à  journaux et ouvrit la bouche pour demander le quotidien qu?il prend d?ordinaire. Le Berliner Morgenpost. Mais aucun son ne sortit de ses lèvres. En lui, au plus profond de son âme, il sentit qu?un fil se cassait.
Le fil de sa vie.
Il tomba sur le ventre, se brisant le nez sur le pied de l?étalage de journaux. Mais il ne sentait déjà  plus rien, car toute vie avait quitté son corps. Le Berliner Morgenpost oscilla sur son cadre et lui tomba dessus, comme un linceul.

*
* *

Chacun perçut le royaume où ils avaient été emmenés de différentes manières, et le Vanaheim ainsi que l?Asaheim furent découverts et appréciés de différentes façons, selon les protagonistes :

IL s?était trouvé une jolie jeune fille, fraîche et assez innocente pour parler avec lui. Il savait que l?heure du déjeuner approchait, et comptait bien passer ce moment aussi avec elle. Après tout, Njörd nous a bien dit d?en profiter un maximum, n?est-ce pas ? Et elle, je compte bien en profiter aussi un maximum.
IL passa un bras autours de sa taille fine.
« Vous êtes ici depuis longtemps ? demanda-t-IL.
-Depuis trois cents soixante-sept ans, précisément. Après demain, pour être précise. » Elle partit d?un petit rire amusé lorsqu?elle vit l?air ébahi d?IL.
« Vous ne les faîtes pas, plaisanta-t-IL.
-Nous ne changeons pas d?apparence, une fois morts. » l?informa-t-elle. Parle pour toi, songea IL en son for intérieur. Ils avançaient lentement, prenant le temps de savourer l?air frais et le soleil de plus en plus haut dans le ciel. Ils s?étaient rencontré au Temple des Délices, où s?était empressé de se diriger IL dès son arrivée. IL ignorait tout de l?endroit où était allé Halvorc, et il s?en fichait.
Tout ce qui importait, c?était sa petite Shannia.
« Vous étiez donc aussi belle vivante ?
-Oh, regardez, le terrain de combat ! » Shannia avait changé de conversation, mais elle avait également rougit sous l?effet du compliment. IL songea qu?il n?avait encore pas perdu la main, même une fois mort.

Soulblighter se pencha en avant pour ramasser un morceau de poulet qui avait roulé sous la table, mais le cuisinier l?arrêta dans son élan en apposant une main velue sur son épaule tatouée. Le cuisiner secoua la tête.
« Laisse ça par terre, ramasser ne sert à  rien, tu n?as qu?à  en pendre une autre.
-Mais c?est un gâchis de? » commença Soulblighter.
Le cuisinier se redressa, son couteau à  désosser à  la main, et le regarda avec une pointe d?impatience. L?heure tournait, et cet humain n?arrêtait pas de piocher dans les plats. Et maintenant, il ne comprenait pas le principe de base du Valhalla.
« Ici, mon petit, saches que toute la nourriture que nous ingurgitons est la même chaque jour. Ce pilon de poulet, tu le retrouvera demain, et après-demain, et ainsi de suite. Les bêtes que nous tuons sont de nouveau vivantes le lendemain, grâce à  Odin.
-Vivantes ?
-Enfin, quand je dis vivante, c'est-à -dire comme toi et moi. Si jamais tu te fais décapiter lors d?un entraînement, dans le Temple voisin, tu seras de nouveau sur pied dès le lendemain. Voilà  la magie du Valhalla.
-Oh. » Soulblighter semblait tout de même peu amène à  tester le principe, et se contenta d?approuver les dires du cuisiner, qui parut satisfait et se remit à  couper de le poulet. Soulblighter attrapa une aile au vol et l?enfourna dans sa bouche.
« Merchi tout de même, monchieur le Dieu !
-Je ne suis pas un Dieu, mon petit, s?insurgea le cuisinier. Rien qu?un simple humain guerrier, comme nous tous ici. »

Halvorc se mit sur un coude, dans l?herbe, et lorgna en direction de IL. Ce dernier ? certainement pour impressionner la fille avec qui IL traînait depuis tout à  l?heure, grommela Halvorc ? était entrain de se battre contre une dizaine d?hommes armés. IL tailladait les corps, faisait voler les membres et explosait les crânes à  mains nues, le tout en souriant bêtement pour se valoriser aux yeux de sa compagne.
Halvorc soupira.
Il avait été faire un tour dans le Temple de la Connaissance, où étaient entreposés un nombre incalculable d?ouvrages, aussi nombreux que les brins d?herbe où il était assis et aussi hétéroclites qu?un étalage de brocanteur. Il avait compulsé quelques livres racontant les exploits des Vanes, d?autres rédigés par des combattants qui avaient atterris ici, souvent anciens, parfois récents.
En sortant de ce Temple, il était allé s?allonger dans l?herbe fraîche. Elle sentait bon. Il s?amusa à  regarder le ciel sans nuage, rêvassant un instant, rare moment de calme depuis son départ. Depuis sa mort. Il réalisait peu à  peu la chance qui lui était donné de pouvoir ainsi côtoyer les Dieux. Mais il n?oubliait pas pour autant ce pourquoi il était là .
« Tu vas voir, DragonNoir, je vais te la retrouver, moi, Séphy-Roshou. Comme ça tu n?auras pas droit aux honneurs, cette fois-ci. »
Il avait parlé à  voix haute, mais personne n?avait remarqué sa tirade hargneuse. Il était seul, dans l?herbe, et c?est à  cet instant qu?il avait aperçu IL.
Peu de Dieux au Vanaheim, car la maison des Vanes était très clairsemée au prix de la famille des Ases, qui comportait plus d?une vingtaine de membres. Il se demanda brièvement, sans grand intérêt, pour tout avouer, ce qu?il était advenu de Séphira Strife et Soulblighter. Mais il oublia bien vite cette pensée lorsqu?il vit un elfe noir au milieu des humains.
Halvorc se redressa, scrutant l?inconnu.
L?elfe ? car c?en était bien un, il en était sûr ? avait la peau d?un noir de jais. Pas seulement marron, comme les africains sur Terre, mais noire. Intégralement noire, de la paume des mains au peu de cuir chevelu qu?on devinait sous la longue crinière argentée du nouvel arrivant.
Il portait une tunique kaki assez moulante, sans pour autant paraître serrée. Ses mouvement étaient souples et gracieux, tandis qu?il cherchait manifestement quelque chose des yeux. Halvorc ne pu distinguer la couleur de ces derniers, mais il y devinait aisément une lueur de panique.
Il sauta sur ses pieds et alla voir le dernier arrivé.

Séphira Strife fut la première à  entendre le carillon qui sonnait l?heure du repas. Toutes les figures, ou presque, se tournèrent vers un immense bâtiment, qui devait être la salle de repas. Séphira n?eut donc pas à  demander où était le point de réunion pour les repas. L?édifice ne ressemblait pas aux autres Temples semés sur les collines avoisinantes. Pas ou peu de décorations, un seul étage, de nombreuses fenêtres pour éclairer l?intérieur, et une surface bien plus grande que les autres constructions.
Elle chercha hâtivement Soulblighter du regard, mais en vain. Elle finit par se dire, et à  raison, qu?il était déjà  sur place. Elle le retrouverait au moment de se mettre à  table. Un individu attira son attention, parce qu?il courait dans le sens inverse de l?avancée générale des morts. Séphira nota rapidement qu?il n?était pas humain, et que le pronom ?il? était inapproprié pour le ? la ? décrire.
La jeune elfe noire n?avait pas beaucoup de poitrine, mais elle était là  néanmoins. Elle avait l?air affolée et courait en direction des grands Dieux qui fermaient la marche. Ses cheveux étaient cuivrés et volaient derrière elle. Elle bouscula un homme robuste, et tomba face contre terre. Séphira accouru et l?aida à  se relever.
« Vous allez bien ? »
Sa peau était chaude et noire comme le charbon. Séphira se vit presque regarder ses mains pour voir si elle ne venait pas de prendre un boulet de suie dans un poêle, tellement la jeune femme elfe était brûlante.
« Je? Oui, merci? Au revoir? » balbutia l?elfe en reprenant sa course. Séphira la vit atteindre le groupe des Dieux et se faire arrêter par un immense homme à  la beauté diabolique. Elle inféra que ce Dieu devait être Loki, un Dieu relativement peu apprécié, car un autre de ses semblables le poussa brutalement pour laisser l?elfe apeurée parler à  Odin. Séphira n?entendit pas la conversation, mais il vit la plupart des Dieux présents écarquiller les yeux en même temps.
Séphira Strife trouva cet ébahissement général de mauvais augure.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 02 Juin 2005, 13:49 
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Petit suicidaire
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Inscription : 25 Sep 2004, 12:34
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Je reste un peu scié devant la description et (je suppose) l'éffort de recherche qui a été faite pour retranscrire toute la mythologie scandinave telle qu'on la connait. Tout cela semble rondement bien mené. Bien que la suite des péripéties de Hilde et Youfie n'ont pas été survolés dans ces derniers épisodes, ceux-ci sont de bonne facture. Et j'attend avec impatience la suite, comme à  l'accoutumée.

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*Vide*


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MessagePublié: 03 Juin 2005, 00:25 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Pour ma part, ces chapitres m'ont quelque peu déçu. Si les personnages d'Halvorc et de IL sont remarquablement fidèles à  leurs images virtuelles, les autres sont non seulement interchangeables... mais illogiques !
Laekh Traumen, personnage central de l'univers Traumen (c'est quand même lui qui donne son nom au forum), joue ici l'élément purement décoratif, tentative d'assurer un lien de plus en plus ténu avec la Shinra Corp.
Mon alter ego a un comportement à  peine plus "réaliste" que celui que Séphira avait conseillé à  l'auteur de lui fournir : sans se préoccuper de la perte de sa chère et tendre, il se désole de l'état du tapis.
Ladite Séphira Strife, mécontente que DragonNoir la quitte une heure durant (alors qu'elle aura quand même supporté d'être éloignée de moi pendant toute une année), en veut à  peine à  Halvorc et à  IL pour leur joyeux petit massacre.
Je passerai sur les autres, pour la plupart effacés.

L'exposition de la mythologie nordique est assez rapide et aisée (quoique un peu trop Pratchettienne à  mon goût) et Magnum déroge curieusement à  certains détails : si Loki était très beau, il était en revanche connu pour sa petite taille. Donc, pour "l'immense homme", on repassera, d'autant plus que cela nous ramène aux stéréotypes des grands méchants loups de RPGs qui dépassent généralement un mètre quatre-vingt.

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MessagePublié: 05 Juin 2005, 02:08 
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Extincteur des ténèbres
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4. Svartalfheim.
Shannia regardait IL engouffrer les monceaux de nourriture sans même prendre la peine de respirer, de la même façon qu?il avait abattu ses adversaire lors de l?entraînement, peu de temps plus tôt. D?ailleurs, se dit-elle, ça ressemblait plus à  un massacre qu?à  un entraînement. Elle sourit rêveusement.
« Shannia, tu peux me passer le plat de steaks, là -bas ?
-Tiens. » Elle lui tendit le plat, et IL piocha généreusement dedans. Elle repensa à  son mari, qui n?avait pas été aussi brave qu?elle et qui était resté coincé dans les profondeurs du royaume d?Hel, là  où résidaient les simples morts, ceux qui n?étaient pas décédés les armes à  la main. Ce qui n?était pas son cas, à  elle.
Lorsque elle et sa famille avaient été attaqués par des fuyards de la guerre, au bord de la route, son mari avait lâchement fuit ses responsabilités et du même coup sa femme et son jeune fils. Les brigands l?avaient abattu d?une flèche dans le dos. Mais elle, Shannia, en avait tué un et blessé deux avant de rendre l?âme. Pour son fils.
Et elle s?était retrouvée ici.
« Tiens, un revenant, si je puis me permettre, dit IL en terminant son assiette. Tu n?as qu?à  t?asseoir là , tout près de moi, Halvorc. »
Shannia dévisagea le visage fermé du nouveau compagnon qui se joignait à  eux. Tout comme IL, Shannia trouvait que ses vêtements étaient inhabituels, sans trouver exactement en quoi. Mais c?était le regard de ce nouveau venu, ces iris rouges sans pupilles, qui la mirent mal à  l?aise. IL fit les présentations.
« Halvorc, voici Shannia. Shannia, voici Halvorc. Soyez amis.
-IL, faut que je te parle, dit Halvorc, ignorant le trait d?humour.
-Je t?écoute. »
Halvorc regarda Shannia, qui baissa les yeux. IL suivit son regard, puis haussa les épaules avant d?entourer la jeune femme de son bras.
« Rien à  craindre, tu peux parler.
-Bon, si ça peut te faire plaisir, concéda Halvorc. J?ai vu un elfe noir, tout à  l?heure, au milieu de nous tous?
-Et alors ? l?interrompit IL, toujours en se goinfrant.
-Ce n?est pas le monde des elfes noirs, ici. Les elfes noirs, les nains et même les trolls vivent dans le Svartalfheim, la forge des Dieux.
-Et bien ça sera un touriste venu voir le domaine des Vanes, voilà  tout !
-Non, intervint Shannia. Les elfes noirs n?ont pas le droit d?accéder aux instances supérieures, comme Asaheim ou Vanaheim. Ils doivent rester dans le Svartalfheim, et n?en sortir que si c?est vraiment important,? »
Halvorc et IL lui laissèrent le temps de finir.
« ?pour en avertir les Dieux. »

Soulblighter arriva à  la table de Séphira Strife où il s?avachit pesamment. Les taches de gras sur ses bras, ses doigts et ses lèvres lui indiquèrent qu?il était déjà  repu. Il était même en mode digestion, et il serait rapidement sombré dans les affres du sommeil sans Séphira qui lui donna du coude dans les côtes.
« Réveille-toi !
-Hmmm ? Quoi ?
-J?ai comme l?impression que nous allons avoir un déjeuner mouvementé, ce midi. Tu vois l?elfe noire qui est auprès d?Odin ? »
Soulblighter se redressa avec un soupir d?effort à  peine feint, et regarda à  la table des Dieux. Une petite elfe noire était effectivement aux cotés du Dieu des Dieux, au milieu de tous les autres. Elle semblait minuscule et tremblait. Odin s?avança au centre de la pièce et demanda le silence. Tous obéirent au premier coup de poing sur la table.
« Mesdames, messieurs? Combattants, j?ai une terrible nouvelle à  vous annoncer. L?elfe noire que vous voyez là  vient de m?avertir qu?un vol avait été commis dans le Svartalfheim. »
Murmures dans l?assistance.
« Ce vol n?est pas récent. Il date certainement de quelques mois, selon les traces découvertes sur les lieux. Je propose d?envoyer deux Dieux sur place pour vérifier. Est-ce que l?un d?entre vous voudrait avoir l?honneur de les accompagner dans leur enquête ? »
Les mains se levèrent à  l?unisson. Séphira se tourna vers Soulblighter, et ils se regardèrent un instant dans les yeux, se comprenant mutuellement. C?était l?occasion parfaite pour visiter les mondes de L?Yggdrasil. Il levèrent la main et l?agitèrent au milieu d?une foule de bras en l?air. Mais Odin décida en leur faveur.
« Je nomme les deux nouveau arrivants comme assistants pour cette mission. Séphira Strife et Soulblighter, vous accompagnerez Heimdall et Thor sur les lieux de?
-J?exige de participer aussi à  cette incursion. »
La voix était forte et grave, mais également plaisante à  entendre, mélodieuse. Séphira reconnu tout de suite l?homme qui avait arrêtée la petite elfe noire devant le groupe des Dieux. Loki. Le Dieu des fourbes et des voleurs, en quelque sorte. Il s?avança au milieu de ses congénères, heureux d?être au centre de l?attention, et prit la pose.
« Tu m?as parfaitement entendu, Odin. J'impose ma venue dans cette expédition. Nul autre que moi ne connais assez bien les mondes extérieurs, parmi vous tous réunis ici. N?ai-je pas raison ? »
Les Dieux acquiescèrent en silence, obligés de reconnaître cette vérité. Seul Heimdall, fervent ennemi de Loki et protecteur des humains, mettait à  rude épreuve sa mâchoire en serrant les dents, pour s?empêcher de dire un mot de trop.
« Vous êtes toujours les premiers à  m?envoyer faire les basses besognes, continua Loki. Et vous pouvez croire que j?en ai ma claque de me plier à  vos quatre volontés.
-On dirait du Radamenthe, dans le principe, ironisa Séphira Strife.
-Je désire accompagner Thor dans cette enquête. Si vous pensez qu?il y a une personne de trop, alors Odin n?a qu?à  virer Heimdall.
-C?en est trop !! » beugla le concerné en brandissant sa hache. Loki virevolta sur lui-même, évitant le tranchant de l?arme et se retrouva tout contre Heimdall, mais dos à  lui. Il se saisit du Cor que Heimdall portait en permanence, et le lui arracha.
« Que fais-tu, Loki, fils de Farbauti !! Tu sais parfaitement que ce Cor est sacré, et qu?il m?est indispensable pour prévenir les invasions d?armées étrangères !
-Et toi, que fais-tu, Heimdall ? Tu ne te rappelles plus qu?en me tuant, tu accompliras ainsi une prophétie du Ragnarök, et tu déclencheras la fin des Dieux ? »
Tous restèrent interdit. Heimdall soufflait par les narines, celles-ci se gonflant et se dégonflant dans un rythme accéléré. Puis il abaissa sa hache. Loki se redressa, toujours le Cor en mains, puis il lui rejeta brusquement. Le Cor rejoignit sa place de choix sur l?épaule de Heimdall, qui préféra sortir de la salle.
Odin savait parfaitement que les relations entre les deux Dieux étaient houleuses, pour ne pas dire explosives. Néanmoins, il accepta la présence de Loki et ordonna à  Thor de faire attention à  eux. Thor hocha la tête, et clama d?une voix haute et claire :
« Allons-y de suite, ne perdons pas plus de temps. »

*
* *

« Non non, plutôt avec des runes comme ça, sur le coté. » dit Gorgon_Roo en dessinant un sigle cabalistique sur une feuille quadrillée. DragonNoir l?examina, et fit défiler les multiples runes sataniques sur son moniteur. Il en releva deux qui pouvaient correspondre, et les imprima sans attendre.
Radamenthe prit la feuille et approuva. Ça ressemblait aux sigles qui étaient inscrits sur le sol, là  où Hilde avait disparu. Les deux croquis se ressemblaient, mais n?étaient pas identiques en tout point. Radamenthe la tendit au Ionisateur Fou, qui acquiesça.
« Et ils correspondent à  quoi, ces runes ? demanda-t-il.
-Ce sont des symboles utilisés dans bon nombre de religions, malheureusement. Je crains que la recherche de l?enfer de Hilde soit longue, dit DragonNoir. Il ne reste qu?à  espérer, en attendant, qu?elle ait toujours sa pilule et qu?elle revienne d?elle-même.
-Il me semble qu?elle l?avait perdue, dit Gorgon_Roo. Avant de sombrer dans le pentacle, elle lui a échappé. »
Q-Po sortit du salon qui servait momentanément de morgue improvisée, et toussa ouvertement, signifiant aux autres qu?il désirait parler à  DragonNoir. Seul à  seul. Les Trauméniens s?esquivèrent, non sans quelques bougonnements indignés de Radamenthe, pour changer, et Q-Po s?assit à  coté de DragonNoir.
« Il faut qu?on aille chercher des congélateurs, ou des frigos au moins, sinon, d?ici quelques jours, voire même quelques heures pour la valise?
-C?est Hilde. Hilde est dans la valise, rectifia DragonNoir.
-Je? Je sais. » Q-Po se passa une main dans les cheveux. Il était fatigué, bien qu?il ne soit que deux heures de l?après-midi. La journée de la veille avait été éprouvante pour lui, pour ses nerfs. Il avait peu dormi dans la nuit, et cela se voyait à  ses traits tirés et les cernes violacés sous ses yeux d?ordinaires vifs.
« Il nous faut de quoi les? ?conserver. »
DragonNoir hocha la tête. Ses parents n?étaient heureusement pas présents en ce moment, sinon il aurait encore dû justifier leur présence à  eux tous durant tout ce temps. Si maintenant, il lui prenait d?amener des bacs de congélation dans le salon, sa mère piquerait une crise, sûr, à  son retour. Il réfléchit un instant.
« Je sais que c?est chez toi, ici, reprit Q-Po. C?est donc à  toi de décider si tu acceptes de les garder sous ton toit en attendant leur retour, ou bien si nous devons dors et déjà  envisager une solution de rechange.
-Nous allons les garder encore un moment, finit par dire DragonNoir. C?est la solution la plus simple. Nous allons aller acheter? combien de congélateurs aurons-nous besoin ?
-Deux, peut-être trois, calcula rapidement Q-Po. Mais où va-t-on trouver l?argent ? »
DragonNoir souleva une pile de dossiers sur le coté de son ordinateur, qui manqua de s?écrouler à  l?atterrissage sur le sol, puis dénicha ce qu?il recherchait. Un portefeuille noir estampillé Richard Day, tout en cuir, qu?il déplia. Il en sortit une carte de crédit, et l?agita, tout sourire, devant les yeux de Q-Po.
« Merci Magnum ! »

*
* *

Thor ouvrait la marche, protégeant l?elfe noire qui les guidait dans les dédales menant au Svartalfheim. Suivait Heimdall, qui scrutait les alentours avec ses sens surdéveloppés, les deux Trauméniens Séphira Strife et Soulblighter et enfin, bon dernier et flânant un peu, Loki. Tous les six avançaient d?un bon pas.
Le soleil était au zénith, dardant ses rayons sur eux comme peut le faire l?astre du jour. Il descendirent une colline sans un mot, puis pénétrèrent dans une forêt aux abords clairsemés, puis au fur et à  mesure de leur progression, de plus en plus dense et sombre. Au bout d?un quart d?heure, ils n?étaient déjà  plus que des ombres.
« Nous n?aurions pas pu attendre la fin du repas, tout de même ? maugréa Loki. Je n?ai pas mangé et cette marche m?affame.
-Tu n?avais qu?à  rester là -bas, répliqua Heimdall. Personne, et surtout pas moi, ne t?a forcé à  venir, crois-moi.
-Pourquoi Odin n?est-il pas venu en personne, dit Loki, ignorant superbement Heimdall. J?aurais pensé qu?il s?en occuperait personnellement, une affaire aussi rare et aussi grave, selon moi, nécessite autre chose qu?une troupe de semi-Dieux.
-Semi-Dieux dont tu fais partie, Loki ! »
Thor s?arrêta et frappa de son marteau sur le sol. La terre trembla et Soulblighter entendit quelques arbres tomber non loin d?eux. D?un naturel impulsif, Thor n?avait aucune envie d?écouter leur jérémiades tout le trajet.
« Vous avez finis, oui ? s?énerva-t-il. On dirait deux gamins qui se chamaillent. Si Odin ne nous a pas accompagné, c?est qu?un royaume ne se dirige pas seul. Si vous y voyez quelque chose à  redire, vous lui adresserez vos doléances en personne. »
Personne ne répondit.
Ils s?enfoncèrent encore dans la forêt, de plus en plus profond, puis atteignirent une grotte qui semblait poursuivre la descente dans le sol. Le soleil, au dessus d?eux, n?était plus qu?un vague rond brillant à  travers les innombrables couches de feuillage. La forêt était devenue inquiétante, et seule la présence de Thor et de, elle devait bien l?avouer, Soulblighter à  ses cotés rassurait Séphira Strife.
« Par ici, dit l?elfe d?une voix timide. Nous y serons dans peu de temps. »
Elle n?avait pas mentit.
Après une courte pente, ils arrivèrent dans un conduit plus large que l?entrée de la caverne. Le jour, un autre jour, filtrait par les interstices de l?immense porte de bois qui séparait manifestement ce monde-ci du Svartalfheim. Loki huma l?air, puis secoua la tête, semblant lire les pensées des Trauméniens.
« Ne vous méprenez par, mes amis, ce n?est en aucun cas la lumière du jour que vous voyez passer au travers des fissures? » Tout en énonçant sa phrase, il s?était approché de la porte, doublant l?elfe noire qui se recroquevilla à  son passage. Il plaça une main contre la porte, puis esquissa un sourire, que Séphira Strife trouva dément.
Puis il envoya son pied dans la porte, qui s?ouvrit dans un sinistre craquement.
« ?c?est le feu de la Forge des Dieux, le feu du Svartalfheim !! »
Une odeur de souffre s?abattit sur eux tous, et même Heimdall qui était habitué à  la Forge des Dieux, plissa le nez. La chaleur suivit de près, empêchant Séphira Strife et Soulblighter de respirer pendant de longues secondes. Lorsqu?ils inspirèrent de nouveau, ils furent immédiatement pris d?une quinte de toux, la plus abominable qu?ils aient connus.
L?elfe noire était partit au devant d?eux, certainement pour les annoncer, et Loki respirait à  pleins poumons cet air chargé de feu. Tout n?était que rochers, flammes et rivières de lave. Pour des Chrétiens, cette vision correspondait à  celle de l?Enfer, mais pour le peuple nordique, l?Enfer consistait en un espace vide et gris.
Cet endroit triste et ennuyeux, les Trauméniens le rencontreront bien assez rapidement.
L?elfe noire revint, soudainement plus à  l?aise que jamais, et elle les invita à  la suivre jusqu?à  la forge. Le groupe traversa des ponts de pierre au dessus de lacs de lave en fusion, ils croisèrent des trolls en plein travail, creusant les parois avec des pioches faisant deux fois leur taille et virent bien sûr des elfes noirs par centaines.
« Voici Hrumir, il va vous expliquer plus précisément ce qu?il s?est passé, dit l?elfe en saluant les Dieux. Bon séjour au Svartalfheim. »
Le nain Hrumir s?avança vers le groupe, se dandinant comiquement d?une petite jambe sur l?autre. Sa longue barbe rousse se terminait à  quelques centimètres seulement du sol, et il manquait à  chaque pas de marcher dessus. Soulblighter pouffa, mais le coude de Séphira l?arrêta rapidement.
« Arrête, espèce de grosse !
-De quoi ? répliqua Soulblighter, ne comprenant pas.
-Madame, messieurs, je vous remercie de votre présence. Krr. Suivez-moi, je vais vous expliquer en chemin. Krr. » Le nain ponctuait toutes ses phrases d?un léger raclement de gorge qui allait vite devenir agaçant, songea Séphira. Ils s?éloignèrent de la chaleur et de la lave en fusion pour arriver dans un endroit plus calme, et plus civilisé.
Des tentures couvraient les murs, donnant à  l?ensemble une allure moins austère. Ils arrivèrent dans une série de salle meublées succinctement, mais meublées. Des armes décoraient les murs, certaines pièces comportaient des tables, d?autres des lits. Ça doit être le quartier résidentiel, songea Séphira en étouffant un gloussement de rire.
Hrumir commença son exposé comme un guide touristique.
« Comme notre chère elfe noire vous l?a certainement dit, krr, nous venons de nous rendre compte qu?une arme avait été volée dans un des salles où nous les entreposons. Krr. Cette pénible découverte est récente, car chacune des armes fabriquées par nos services est placée dans un compartiment hermétique pour favoriser l?attraction de la magie dans l?instrument. Krr. Je vous conduis dans la salle. Krr.
-Quelle était cette arme ? » demanda Thor.
Le nain s?arrêta, se racla plusieurs fois la gorge, puis reprit d?une petite voix qui n?avait plus rien d?un guide. Plutôt celle d?un enfant prit en fâcheuse posture. Et son tic se répétait plus souvent, une fois nerveux.
« Je n?ai pas le krr droit de vous divulguer ni l?identité des krr commanditaires, krr, ni la nature exacte de l?arme krr forgée par nos soins. Vous devez juste savoir krr que c?est une arme exceptionnelle, krr, capable de traverser n?importe quel matériau krr et d?aller très loin. Krr. Une arme de jet. Krr.
-Je vois, grogna Heimdall. Quand il s?agit de faire appel à  nous pour retrouver une arme, pas de problèmes, mais pour nous donner des informations, c?est un refus catégorique.
-Ce n?est pas l?arme qui a été dérobée krr qui nous préoccupe, mais le vol en lui-même. Krr. C?est pourquoi je vous ai fait mander. Krr. »
Ils émergèrent dans une nouvelle salle et virent des nains et des elfes en pleine discussion animée. Soulblighter nota que cette pièce servait certainement de lieu de réjouissances, par sa vaste taille et surtout vis-à -vis du comptoir qui siégeait dans un des coins et où on servait des boissons alcoolisées. Il se demanda un instant s?il pouvait réclamer une pinte de bière avant de continuer la visite, mais le groupe avait déjà  passé la porte suivante. Il pesta et les rattrapa sans hâte.
« Mais quand exactement vous en êtes-vous aperçu ? demanda Loki, d?un ton apaisant.
-Lorsque nous avons voulu vérifier si elle était finalement prête. Krr. Nous l?avions entreposé ici quelques mois auparavant pour la gorger de magie, krr, mais lors de l?ouverture du coffre, l?ar? » Il s?interrompit, hésitant sur les mots, puis reprit. « L?arme n?y était plus. Krr. Dérobée.
-Mais elle a pu l?être des mois auparavant, justement ? »
Tout le monde se tourna vers Séphira Strife, qui regarda les Dieux un à  un. Elle haussa les épaules en signe de supposition.
« C?était juste une hypothèse, rien de plus.
-Il est vrai que c?est une possibilité, mais je vous prie de krroire que nos salles et nos armes sont bien gardées. Krr.
-Je n?en doute pas, dit Thor. Néanmoins, quelqu?un est passé. Et il a dérobé votre arme, quelle qu?elle soit. Nous ferons le nécessaire pour la retrouver, croyez-moi.
-Je vous en serais très reconnaissant. Krr. »
Ils arrivèrent enfin à  la salle, gardée par un Troll aussi grand que Thor, et qui semblait bien plus dangereux que le Dieu lui-même. Pourtant, tous savaient par expérience, excepté les Trauméniens, que Thor aurait facilement le dessus sur le monstre. Hrumir se posta devant l?immense bête et agita la main.
« Allez houste, houste, krr !! »
Le Troll fit deux pas de coté, sans se presser, et le nain ouvrit la porte avec un trousseau de clefs impressionnant. Il répondit à  la question de Heimdall avant même que celui-ci ne l?ait formulée à  voix haute :
« Je suis le seul à  avoir ces clefs. Krr. Si quelqu?un désire s?accaparer d?une de ces armes, il devra me passer sur le corps. Krr. De plus, il devra ensuite ramper. Krr. »
Le Nain ouvrit la porte sans trop d?effort ? ni trop de raclements de gorge. La salle qui apparu derrière la petite porte n?avait rien de particulier, mis à  part un immense coffre en son centre. Ouvert. Hrumir soupira, désespéré, et entra dans la pièce sans même se baisser. Les Dieux se penchèrent pour observer le nain tirer derrière lui le coffre vide et l?amener sous leurs yeux. Thor l?examina.
« Aucune trace d?effraction extérieure, mais le coffre semble avoir été brûlé de l?intérieur, pour faire sauter le scellé. Y a-t-il une possibilité qu?une personne ait été dans le coffre, dès son arrivée ici ?
-Aucune idée, très franchement. Krr. Qui voudrait enfermer quelqu?un dans un coffre magique, krr ?
-Un complice du voleur d?arme, peut-être ? ironisa Loki.
-Est-ce que vous avez vu quelqu?un de particulier, ces derniers temps ? interrogea Thor. Disons entre le moment où vous avez terminé de forger cette arme, et maintenant ? »
Hrumir réfléchit longuement, puis il vira au rouge en se souvenant de quelqu?un. Ses raclements de gorge s?accélérèrent tandis que ses pommettes viraient au cramoisi. Il était difficile de voir quelqu?un rougir, au Svartalfheim, tellement la couleur dominante de ce royaume était l?écarlate. Mais ça se vit sur le nain.
« Eh bien, krr, euh, il est possible que, krr, qu?il y ait une petite, krr, visite ? Krr. De courtoisie ? Krr ?
-De courtoisie, répéta Loki. Une femme ? »
Le nain rougit encore plus. Séphira songea que s?il continuait, il allait s?enflammer.
« Oui, krr? Une femme qui a proposé krr ses services pour la nuit, krr, en échange d?un peu de repos et d?un krr repas avant de repartir le lendemain. Krr. Elle venait du Muspellheim. Krr. Je crois. Krr.
-Du Muspellheim, hmm ? répéta Heimdall. Que dirais-tu d?aller y faire un tour, Thor ?
-Une dernière question, dit le Dieu. Elle a passé la nuit avec vous, et le lendemain matin, elle est repartie, n?est-ce pas ?
-Oui. Krr.
-Elle a donc eu accès à  vos clefs cette nuit là , n?est-ce pas ? »
Le nain sursauta, comme si une flèche s?était plantée dans son dos. Il n?avait encore pas fat le rapprochement, et celui-ci venait de lui sauter aux yeux.
« Elle est apparue le soir même où j?ai enfermée ce coffre, krr, je m?en rappelle maintenant. Krr. La garce. Krr. Si jamais il se trouve que c?est elle qui?
-Nous la retrouverons, si tel est le cas. Donnez-moi juste une description de cette femme, et par où elle est repartie. »
Séphira Strife et Soulblighter se rapprochèrent. Ils n?avaient pas perdu une miette de la conversation, espérant secrètement qu?il s?agissait de Séphy-Roshou. Ils auraient ainsi enfin possédé une piste possible concernant l?âme tant recherchée. Ils tendirent l?oreille, encore plus attentifs qu?avant.
« Elle était plutôt jolie, krr, plutôt gracieuse, malgré son âge avancé. Krr. Une grande brune krr avec les cheveux mi-longs, krr, qu?elle porte attachée sauf au? krr? » Il s?arrêta, laissant loisir aux Dieux et aux Trauméniens d?inférer la suite. « Enfin. Krr. Toujours est-il qu?elle est repartie le lendemain, krr, mais je ne sais pas comment ni par où. Krr. »
Un elfe noir à  la chevelure argentée arriva derrière le groupe de Trauméniens, salua les Dieux en bonne et due forme, puis glissa quelques mots à  l?oreille du nain, non sans se baisser à  angle droit. Le nain tressaillit à  l?annonce de la nouvelle, puis s?excusa auprès des Dieux, à  grand renfort de raclements de gorges intempestifs. Ceux-ci le remercièrent. Le nain repartit en traînant le coffre derrière lui, laissant un sillage dans le sol.
Thor regarda les autres Dieux, un peu perplexe. Il venait tout de même de décider d?aller voir du coté de Muspellheim, au cas où. Séphira Strife et Soulblighter étaient déçus, mais ils savaient que leur enquête allait les emmener dans d?autres mondes, dorénavant. Ils en étaient sûrs. Ils espéraient toujours trouver des indices du passage de Séphy-Roshou ici.
Peut-être au Muspellheim.

*
* *

« Vous n?avez pourtant pas le droit d?être ici, hurla Njörd, au comble de la colère. Aucun de vous trois n?a de permission pour nous accompagner !
-Calme-toi? » lui dit Freyja en lui tapotant la main, comme on essaye de retenir un vieillard sénile de s?énerver. Prends-moi vite tes cachets, on change ta couche et au dodo, songea IL. Mais il se garda bien de dévoiler sa pensée.
Halvorc soutenait le regard enflammé de Njörd qui, s?il avait eu des fusils à  la place des pupilles et surtout s?il avait su s?en servir, s?en serait donné à  c?ur joie. Sa puissante mâchoire se contractait régulièrement, en parallèle avec une veine sur sa tempe. Mais toutes ces démonstrations exagérées de colère n?impressionnaient pas les deux Trauméniens.
Shannia, elle, était morte de peur.
« Vous nous avez suivit jusqu?ici alors que vous venez à  peine d?arriver à  Vanaheim. Vous risquez gros pour avoir ainsi dépassé les limites de mon royaume. Et tout d?abord, comment êtes-vous au courant de ce voyage improvisé ?
-Demandez à  votre copain l?elfe, là  ! » dit Halvorc.
Njörd jeta un regard courroucé à  l?elfe, qui rentra sa tête dans ses épaules.
« Je n?ai pas eu le choix ! Le grand, là , avec les cheveux rouges, il m?a montré ce qu?il avait fait à  d?autres combattants. C?était horrible. Ils m?ont menacés après le repas, avant qu?on ne parte, et?
-Et tu ne m?as rien dit, pauvre espèce insignifiante. Je me demande pourquoi je t?ai gardé en vie, finalement.
-Pour que j?aille chercher Hrumir, comme je viens de le faire ? »
Njörd haussa les épaules, comme si cette tache était à  la portée de tous ? ce qui était le cas ? et ferma les yeux. Lorsqu?il les ouvrit à  nouveau, quelques minutes plus tard, les deux Trauméniens et la fille étaient toujours là . Il poussa un long soupir découragé.
« Bon, très bien, vous nous accompagnerez. Mais ne vous mettez pas dans nos pattes, c?est compris ? L?elfe noir vous a déjà  raconté ce pourquoi nous sommes venu moi et Freyja, n?est-ce pas ? Si ce n?est pas le cas, c?est le moment de le faire.
-Il nous a tout dit, annonça Halvorc. Une arme a été volée, et nous allons enquêter sur ce vol, c?est bien ça ? »
Les deux Dieux se dévisagèrent une seconde, puis acquiescèrent en même temps. Leur empressement paru suspect à  Halvorc, mais il rangea l?information dans un coin de son esprit sans trop s?en soucier. Quelqu?un approchait.
Le nain Hrumir arriva en se balançant sur ses petites jambes replètes, essoufflé par la course qu?il venait d?effectuer tout en tirant le coffre vide... Sa gorge émettait un bruit affreux qui fit songer à  IL que le cancer n?était pas loin.
« Hummpff? Krrrr? Les nains sont fait pour le sprint? Krrr? Pas pour l?endurance? hmpfff? Krrrr?
-Hrumir, dit Njörd d?un ton redevenu calme. Pouvons-nous parler dans un endroit privé, à  l?abri des oreilles indiscrètes ?
-Hmmm? Krrr? Oui, suivez-moi. Krr. »
Njörd se tourna vers les deux Trauméniens et leur intima l?ordre de rester dans cette salle, à  attendre. Halvorc ouvrit la bouche pour émettre une protestation, mais le Dieu leva un doigt, menaçant, vers le plafond.
« Pas ? un ? mot. »
Njörd, Freyja et Hrumir s?enfermèrent dans une pièce annexe. Le coffre resta planté là , près de Shannia. IL s?assit sur le banc, à  coté d?elle, et lui passa un bras autours de la taille, savourant les courbes gracieuses de la demoiselle. Halvorc, lui faisait les cents pas.
« Ne t?en fais pas, Halvorc, profite du bon temps, fait comme moi ! Je ne pense pas que Séphy-Roshou ait volée cette arme, si c?est ça qui te préoccupe. Qu?aurait-elle à  faire d?une autre arme, alors qu?elle a sa Masamune/GD ?
-Ils nous cachent quelque chose, déclara Halvorc. Pourquoi tenir un huit clos pour un simple vol, alors ? Les Vanes doivent avoir des pions à  perdre dans cette histoire.
-Tu penses ? répondit IL en tripotant le coffre distraitement.
-J?en suis persuadé. Soit cette arme leur appartenait, soit c?est eux qui l?ont volé. »
IL aperçut alors la brûlure sur le coffre. Il la reconnu aussitôt. Cette forme de virgule brûlée, cette précision quasi chirurgicale, il ne peu s?agir que d?elle. Elle seule est capable d?envoyer un Dragon Slayer dans un espace clos sans faire d?autres dégâts. IL effaça la brûlure du plat de la main, toujours en caressant le dos de Shannia.
Halvorc ne s?aperçut de rien.
Shannia si.
Et IL se dit qu?il était peut-être sur la bonne piste, finalement.
Malheureusement.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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