Eltanin

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MessagePublié: 05 Oct 2005, 01:12 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
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Localisation : Paris, France.
De bonnes choses... et de très mauvaises. Ta prose est moins sobre encore qu'à  l'accoutumée, donnant lieu à  des "rebondissements psychologiques" malvenus et hors de propos (l'accès de colère de Lord Firefly, en plus d'être typiquement hollywoodien, ne correspond à  rien), les transitions entre les scènes sont tout sauf travaillées, échouant à  maintenir l'attention du lecteur sur la durée, et le style n'expérimente plus guère (alors que l'on avait assisté dans certains chapitres à  quelques instants de gloire).
La convergence des intrigues, elle, est bien gérée, et même enthousiasmante, d'un point de vue scénaristique. Au niveau purement dramatique, on peut se demander s'il n'aurait pas été plus élégant de passer sous silence ces éclaircissements, étant donné que les chapitres, depuis le début de l'histoire, sèment des indices PLUS GROS QUE CETTE FIN DE PHRASE. Ne peux-tu laisser le lecteur compléter le puzzle lui-même ? Il n'est pas un imbécile. Joue donc la carte de la subtilité : la plupart du temps, les artifices arrivent avec leurs gros sabots et cela est tout sauf passionnant. A la longue, ils s'usent, on s'en lasse, l'excès fatigue l'esprit et, en roman-feuilleton, ça ne fonctionne pas des masses.
Un instant excellent : Loki qui se réveille dans le même lit que Radamenthe. La personnalité bien particulière de la Dame du Lac est ici assez respectée, au contraire de l'attitude HDP (ou OOC, pour les connaisseurs) qui caractérise la plupart des protagonistes de la fan-fiction.

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MessagePublié: 05 Oct 2005, 14:00 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Mais pourquoi tout le monde me reproche mon OOC? Je vais finir par me demander ce qui cloche réellement dans le comportements des divers protagonistes que je fais évoluer... Certaines personnalité sont respectées, non? Bon, peut-être ai-je fais un IL un peu trop tremblottant, c'est vrai... Mais les autres aussi? Tant que ça?
Pour ce qui est de ce chapitre et son action décousue, c'était surtout afin de resituer ces chapitres (cet épisode) dans la trame principale de Traumenschar, à  savoir là  où on l'avait laissé: Le face à  face Mistrophera et DragonNoir. Un peu comme ces séries qui, vers la fin du deuxième tiers, nous resservent un récapitulatif-de-ce-qui-s'est-passé-avant en un épisode (ici un chapitre), juste histoire de montrer où on en est.
Enfin voilà .

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MessagePublié: 05 Oct 2005, 19:35 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Je m'étais abstenu jusqu'ici d'aborder de front le sujet du HDP, Hors du Personnage, mais ton interrogation me force à  y aller franco.



Mais enfin ! Laekh Traumen a une arrogance inexistante, Séphira Strife voit sa loquacité augmentée de 200% et se transforme en mégère acariâtre (alors que son personnage de Traumen est une débile finie et que la véritable Stéphanie est une bagarreuse), Mistrophera le génie dissocié devient un possédé, Ank, le pourrisseur de forums, une sorte d'entité démoniaque (???), le divin Arkh, après une série de répliques en fanfare, se voit rangé parmi les personnages très secondaires, voire même les figurants ("Allez, Arkh, va au fond du récit, t'es pas intéressant, personne ne te connaît, et surtout, t'as pas été important pour Traumen").

Et pour combler le lecteur cherchant encore des aspects "intéressants", Angie Shinmore et DarKenshin, personnages centraux de l'univers Traumen, sont à  peine évoquées dans ce texte.
Angie a posé les fondations de la légende tout en n'approuvant jamais la dérive fictionnelle du forum, qui est à  la base un Panneau d'Affichage de la Shinra Corp. et non un multivers.
DarKo a tout un étage du Bâtiment Shinra dédié à  sa gloire, en plus d'avoir eu une influence déterminante dans le milieu Traumen pendant des années et d'avoir côtoyé les plus anciens (Ragga, Ma, Neofox, ça te dit quelque chose, Magnum ?).

Ton texte est une peinture d'un ersatz de Traumen, car tu as négligé la base de tout travail littéraire sérieux : la documentation. D'après ce que l'on m'a rapporté, tu t'es entretenu avec certains Traumeniens. Mais non, ce n'est pas suffisant, leurs psychologies sont particulières, à  tel point que ton point de vue assorti de quelques questions pertinentes à  des membres du forum défunt ne suffit pas : il aurait fallu interroger, demander à  ce que l'on te raconte les grandes époques, le JDR dans les premières versions du forum Shinra Corp., etc.

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MessagePublié: 12 Oct 2005, 06:16 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Mais je n'ai pas non plus fait un DragonNoir introvertit, un Haschatan sobre, une K-Ro cacaophobe, un Viper Dragoon calme, un Halvorc heureux ou toute sorte de chose de cet acabit? Je comprends que certains des protagonistes ne correspondent pas ou peu à  la réalité, mais ils ne sont pas non plis *si* éloigné que ça (mis à  part Mistrophera, oui, qui est certainement - je l'espère - assez loin de l'original...).
Ensuite, tu parles des personnages intéressants non évoqués dans Traumenschar, et à  nouveau je ne peux qu'approuver. Mais, et ça tu l'as dit toi-même (ne me demande pas d'aller rechercher la phrase, argh, tu as trop de posts!!!), je ne pouvais pas non plus balancer tous les personnages de Traumen en même temps, au risque de saturer le lecteur avec un trop-plein de personnage. Politique en cours: Chacun son heure de gloire.
Angie a été peu présente durant 'ma' période Traumen, à  savoir les sept derniers mois. Selon moi, il est donc normal qu'elle n'apparaisse que sporadiquement, comme sur le forum. DarKenshin itou, qui passait certes plus souvent, mais tout aussi aléatoirement. Comme ici, dans Traumenschar. Enfin, ce n'est que mon avis. Elles aussi auront une heure de gloire (toute relative) au sein d'un chapitre, promis...
Popur te répondre, non, je ne connais pas exactement Ragga ni Ma, et Néofox seulement via ses posts ici. N'oublions pas que je suis un jeune, un de ceux arrivé sur la fin où grand nombre des anciens était déjà  barré, ou en froid, ou ailleurs (quel que soit le ailleurs). Alors effectivement, je n'ai tenu compte que des actifs, et/ou ceux qui me semblaient intéressants. Ceux qui postaient alors que moi je postais, et non ceux qui ne venaient plus beaucoup. Bien sûr, des exceptions comme Youfie qui avait déserté le forum, ou Hilde qui ne passait plus autant qu'avant, mais je n'ai pas récupéré l'ensemble des comptes fantômes (haha) qui existaient, qu'ils aient été important ou non.
Dernier point, et je poste mon chapitre (en retard, je sais, désolé, tralala): L'argument de la non documentation est une attaque fourbe. Non, je ne me suis pas assez documenté, j'admets. Mais je ne suis pas non plus un écrivain au sens large du therme. Je ne suis pas en train d'écrire un roman, mais une fiction, un délire, un écrit hebdomadaire qui n'est pas lu par des miliers de personnes mais par une petite élite dont tu fais partie (grand merci, hihi). Cette publication est libre, gratuite, et en aucun cas faite pour devenir une référence (tant les erreurs y sont nombreuses, ajouterai-je...). Alors que tu dises que Traumenschar est un 'travail littéraire sérieux' me fait plaisir (sincérement), mais je ne pense pas qu'il faille le prendre aussi sérieusement que ça. Maintenant, si jamais il me prenait l'envie de faire un évitable récit sur ce forum, il est bien certain que grand nombre d'entre vous seraient harcelées de questions, croyez-moi.
Bon, voilà , assez de blablas, passons au chapitre, avant dernier de l'épisode.

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MessagePublié: 12 Oct 2005, 06:16 
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Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
1. …aise.
19 Doubles visions.
DragonNoir recula, plus par surprise que par réelle peur. Il ne L’avait jamais vu de ses yeux, ni même rencontré où que ce soit, pourtant il savait exactement qui était ce jeune homme au pas de sa porte, qui clamait haut et fort Se nommer Mistrophera. Il détailla les vêtements, le visage souillé de transpiration et l’air hautain qu’Il gardait sur Son visage replet. Et Ses yeux débordants d’une fureur contenue.
Des images lui vinrent à  l’esprit, des images abjectes, teintées d’un ressentiment palpable et cinglant : des murs qui s’effondraient, des charniers, des oiseaux morts, une immense tour qui tombait, une fourmilière réduite à  néant par des enfants, une avalanche, un lépreux au stade terminal, des traces de sang sur le sol, une main coupée qui tombait sur le sol, un chien battu à  mort par son maître, ainsi que des milliers d’autres.
Lorsque DragonNoir ouvrit les yeux, rien n’avait changé, pas même le temps. Il avait cru se retrouver des années en arrière, tellement ce cauchemar d’images kaléidoscopiques lui avait semblé s’éterniser. Mais il n’avait duré qu’un clignement de paupière. DragonNoir se sentit chanceler sur ses jambes.
« Toi… » répéta-t-il, comme s’il n’arrivait plus quâ€™à  dire ce mot.
En face de lui, Mistrophera pencha la tête sur le coté dans une parodie d’attendrissement, arrondissant les sourcils et les lèvres. Ses mots résonnèrent dans la tête de DragonNoir comme des boulets chauffés au rouge.
Alors alors, on n’invite même pas son vieil ennemi|
|ami à  entrer ? On a peur que celui-ci fasse des ravages, ou autre ? On se méfie ? C’est très mal, ça, DragonNoir, Moi qui t’aimais|
|te hais depuis des lustres, et qui Me méprise tout en M’admirant secrètement. C’est curieux que tu ne manifestes pas plus de cordialité|
|mépris à  Mon égard. Je suis cruellement atteint par ta surprise, plus encore que par ton rejet de Mes principes. Je pensais être accueilli à  bras ouverts, et non par ce hoquet de stupéfaction non feint.

La Voix se tut, et DragonNoir reprit sa respiration. L’aparté auquel il avait été soumis lui avait retourné l’esprit et certains mots
(ennemi/ami)
lui restaient en travers du crâne comme autant d’hameçons qu’Il lui aurait accroché. Il soupçonnait même que ce discours n’avait été mis là  que pour l’obliger à 
(t’aimais/te hais)
s’embrouiller encore plus, à  la suite de l’étonnement provoqué par Sa venue en ces lieux. Personne ne semblait se rendre compte de Sa présence ici, devant lui, sur le pas de la porte donnant sur le quartier général
(cordialité/mépris)
des Trauméniens. Personne ne semblait même le…
« …le voir, termina DragonNoir à  voix haute.
-Exact, dit-Il. Ils refusent ma présence, comme beaucoup. Ils m’ignorent. Je suis seul depuis si longtemps que cet état de fait ne me chagrine même plus. Mais tu es sans conteste l’un de ceux qui a le plus conscience de Ma présence, tout comme certains autres… »
Son regard dériva à  la gauche de DragonNoir, où Arkh venait d’apparaître, accompagné de Q-Po et Lord Satana. Tous les trois avaient les yeux cloués sur Mistrophera et, bien qu’ils ne possédaient pas l’intuition innée de DragonNoir, se doutaient férocement de l’identité du nouvel arrivant. Ils ne souriaient donc pas.

18 Réveil difficile.
Halvorc émergea avec un sentiment de malaise oppressant. Il n’avait pas dormi beaucoup, mais cette courte sieste lui aura au moins permis de s’éclaircir les idées. Il était de retour chez DragonNoir, sur Terre, et vivant. Son regard passa sur le désordre ambiant, dont un store Evangelion, et il reconnu sans peine la pièce om il se trouvait.
« Ils m’ont foutu dans la chambre de DragonNoir. Moi. »
Tout en ronchonnant, il se leva et se dégourdit les jambes. La chaleur s’était de nouveau insinuée en lui, son cÅ“ur battait, ses jambes arquaient et son cerveau fonctionnait. Tout était bon signe, en quelque sorte. Il se rappelait encore du retour, des questions insistantes des autres Trauméniens, des paroles qui
(ennemi/ami)
fusaient… Il interrompit le cours de ses pensées et fixa un point invisible. Ne venait-il pas d’entendre une voix, une double voix aussi acérée que des morceaux de verre ? Il s’assit sur le lit et fit le silence. Au bout de quelques secondes, il entendit de nouveau
(t’aimais/te hais)
la voix. Il se reprit : il avait entendu la Voix, avec la majuscule qu’il sied à  ce type de voix. Le mauvais pressentiment qui l’avait réveillé lui revint avec violence. Il enfila ses vêtements encore humides et sortit de la chambre.
Les rires et la joie étaient encore de mise, dans le reste de l’appartement de DragonNoir. Il remarqua les Trauméniens agglutinés dans l’autre partie de la maison, bien loin de là  où il se reposait, ainsi que Soulblighter et IL certainement. Un souvenir lui revint en mémoire.
Séphira Strife, à  terre, qui avalait de force un des cachets.
Halvorc hoqueta. Il ne se souvenait pas d’avoir vu le retour de Séphira Strife avec eux, ni de la voir sortir du congélateur comme les autres. Il voulu se mettre à  courir pour demander à  l’un des Trauméniens qui faisait la fête si oui ou non elle s’était éveillée, mais c’est là  qu’il reçut le troisième coup de massue
(cordialité/mépris)
et qu’il tomba à  terre. Son ventre grogna. Sa tête résonna de ces deux derniers mots emmêlés, et il perdit connaissance.

17 Ne pas s’en faire, rien d’anormal.
« Qui est-ce, DragonNoir ? » demanda Arkh.
Lord Satana et Q-Po gardaient le silence. Derrière eux, l’exultation se poursuivait, inexorablement. Personne ne s’était rendu compte du duel mental qui se déroulait dans l’entrée. Les autres Trauméniens, en regardant vers eux, ne voyaient que DragonNoir et un jeune garçon discuter normalement.
Ne pas s’en faire.
Rien d’anormal.

Arkh répéta sa question, et DragonNoir ne parvint toujours pas à  leur répondre. À leur confirmer ce dont ils se doutaient depuis Son arrivée ici. Alors, toujours escorté par un Pasteqman qui signalait son impatience avec une seconde cigarette, Mistrophera prit la parole, en utilisant ses lèvres et sa langue, et non ses capacités mentales.
« Qui pensez-vous que Je sois ? Vous avez bien une idée, non ? Vous n’êtes pas si bêtes, Je le sais. Je vous observe depuis tellement longtemps. Cela Me réconforte de vous voir en chair et en os, pas vous ?
-Serait-il possible d’avoir une réponse simple ? » dit Q-Po, nullement impressionné ni troublé. Il n’entendait pas les doublons mentaux générés par Mistrophera, ni même les autres relents d’apaisement qu’il prodiguait aux insouciants.
Ne pas s’en faire.
Rien d’anormal.

« Une réponse simple, répéta-t-il. Comme un nom, un prénom, ou même un pseudonyme si besoin est. »
Mistrophera sourit, de Son sourire énigmatique qui effrayait plus encore que d’éventuelles menaces. En face de Lui, DragonNoir cherchait toujours sa respiration et son équilibre, incapable de bouger – de même de songer à  bouger – sans risquer de sombrer dans les ténèbres de l’inconscience, tel Halvorc qui gisait toujours dans le couloir.
« Quel serait l’intérêt de vous donner Mon nom, alors qu’aucun d’entre vous ne le connaît ? Et, de même façon, quelle serait l’utilité de vous fournir Mon pseudonyme, alors que ceux qui sont présents ici l’ont sur le bout de leur langue ? Ça ne serait qu’un vulgaire gâchis de salive, aussi futile que les derniers mois de votre vie. »
DragonNoir se sentit envahi d’une vague de désespoir. Une vague immense, ravageant les dernières bonnes nouvelles comme des fétus de paille par grand vent, réduisant les feux de joie en flammèches sur le point d’être soufflées, annihilant l’Espoir, celui avec un grand E, de retrouver Séphy-Roshou où qu’elle soit. Il se tourna tant bien que mal vers Lors Satana, Arkh et Q-Po, toujours derrière lui, et vit que leurs visages reflétaient la même lueur de lassitude que le sien, s’il avait pu se voir.
En un instant, Mistrophera avait gagné. Il lui avait suffi d’apparaître pour qu’on lui ouvre la porte, qu’on lui déroule le tapis rouge, qu’on lui donne les clefs du coffre et qu’on appelle un taxi pour le retour. Il n’y avait pas eu de combat, il n’y avait pas eu de morts, il n’y avait pas eu de révolte, même pas un semblant d’émeute. Rien.
Ne pas s’en faire.
Rien d’anormal.

Mistrophera entra dans l’appartement de DragonNoir.

16 Engueulade décisive.
Viper Dragoon relâcha Pythagore en ricanant. Ce dernier lui envoya une bourrade dans le bras, plus par réflexe que par méchanceté. Ces deux-là  étaient toujours à  se chamailler pour un oui ou un non, et aujourd’hui, jour de fête s’il en est, ne devait pas échapper à  une habitude aussi ancestrale que cette bataille rangée.
« Puisque je te dis qu’on ne va pas tarder à  partir, tu verras !
-Pythagore, c’est maître Arkh qui dirige tout ici, et personne à  part lui ne peut savoir qui sera le prochain départ. Surtout que les révélations d’Halvorc et des autres vont sûrement tout chambouler dans ses plans. »
Viper Dragoon eut un sourire radieux, de celui qui acquiert la victoire avec une facilité déconcertante, puis tapota fièrement l’épaule de Pythagore.
« Me touche pas, toi. Et je te ferais remarquer que ce n’est pas chez Arkh, qu’on est ! Mais chez DragonNoir, parce que c’est lui le véritable responsable.
-N’importe quoi, répliqua Viper Dragoon au comble de la mauvaise foi. Il prête simplement ses appartements à  maître Arkh, rien de plus. Tu veux parier ?
-Pari tenu ! » lança Pythagore.
Viper Dragoon lui lança un regard mi-méprisant, mi amusé, puis se dirigea vers l’entrée où se trouvait, ô joie des joies, Arkh et d’autres Trauméniens qu’il ne prit même pas la peine de regarder, tant seul Arkh comptait pour lui. Il remarqua tout de même, au passage, le corps d’Halvorc couché au travers du couloir, mais ne s’en inquiéta pas outre mesure.
« Rien d’anormal. Je ne m’en fais pas, dit-il à  voix haute. Arkh ! Je peux te demander un renseignement, idole de mon cÅ“ur ? »

15 Récupération.
En arrière de toute foule, dans une des salles reconverties en chambre, le silence n’était brisé que par quelques exclamations provenant du salon, ou par quelques ronflements provenant d’IL. À peine avait-IL été allongé sur ce lit provisoire (un simple matelas), le sommeil l’avait gagné. Sa dernière pensée avant de basculer avait été pour Lui. Lui qui l’attendait, à  son retour, pour lui infliger une punition pour toutes ses conneries.
IL n’avait pas eu le temps de plus regretter ses actes, avant de s’endormir. IL n’avait pas eu le temps de se morfondre comme IL l’aurait fait, ni de se poser des questions sur son – éventuel ? – futur. IL put simplement regretter que son séjour au royaume des Dieux Nordique ait été si court, tellement IL aimait ses pouvoirs Trauméniens.
Trois coups furent donnés sur la porte. IL ne s’éveilla pas. IL baignait dans un bonheur artificiel forgé par son subconscient, un bonheur artificiel généré par lui-même, donc parfaitement naturel, bien loin de toutes substances illicites qui font voyager les âmes faibles. Pour faire bref : IL rêvait.
De l’autre coté de la porte, Radamenthe s’impatienta.
« IL dort peut-être ? hasarda Lord FireFly.
-IL dort sûrement, oui ! cracha Radamenthe. Et Il est là , je te le rappelle. Il va avoir besoin de nous d’ici peu, IL compris. De plus, si ce que je crains est exact, IL a été démasqué, et sera soumis à  la question dès son réveil.
-On entre, alors ?
-On entre. »
La porte s’ouvrit, deux silhouettes entrèrent à  la hâte, puis le noir reprit sa place. Un ronflement caverneux résonna dans leurs oreilles. Lord FireFly se pencha vers Radamenthe et lui chuchota à  l’oreille.
« Hm. Pourquoi est-ce que nous devons être si silencieux ? »
La question fit réfléchir Radamenthe, qui ne dénicha pas de réponse. Il alluma la lumière et fila un coup de pied dans le matelas, qui sursauta ainsi que son occupant.
« Debout, IL. On va avoir besoin de nous sous peu. »
IL, arraché à  ses femmes de rêves (ou à  ses rêves de femmes), sortit le haut de sa tête des draps. Il regarda d’un Å“il plissé Radamenthe, Lord FireFly, et préféra retourner avec celles qui devaient s’appeler Tabhita, Pamela ou Cindy. Un second coup de pied l’obligea à  sortir de nouveau sa tête.
« Désolé, les gars, mais on m’attend, bredouilla-t-IL d’une voix ensommeillée.
-Ouais, répondit Lord FireFly. On vient justement te chercher pour te mener à  Lui. »
Ainsi, IL fut parfaitement réveillé.

14 Une victoire facile.
Les Trauméniens cédaient, et c’était ce qu’Il désirait. En réalité, Il aurait préféré obtenir un peu plus de résistance vis-à -vis de ces quelques figures, mais ils avaient prit un retard monumental par rapport à  Ses pouvoirs, à  Ses capacités. Et ils ne le rattraperaient pas en une heure, pas maintenant. Plus maintenant.
Il n’avait plus quâ€™à  les cueillir, avec Pasteqman et les quelques autres, récupérer les corps des défunts et partir. Et le tout, dans l’indifférence générale. Ses ondes de calme qu’Il dégageait sur la totalité de la population Trauménienne présente Le rendait plus invisible que tout autre solution : Il devenait insignifiant. Personne ne Le remarquerait, ni Lui, ni ses acolytes, en train de récupérer les corps de Hilde et de Séphira Strife.
Il avait tout d’abord songé à  laisser IL avec les autres Trauméniens, afin de S’accaparer des corps d’Halvorc et de Soulblighter. Mais en réalité, seules Hilde et Séphira Strife L’intéressaient. Les autres n’étaient que du menu fretin. Et avec ces deux femmes, Il pourrait avoir les importants. Ceux qui compte pour Lui.
À ses cotés, Pasteqman s’agita, Lui faisant comprendre avec le plus de tact possible qu’il désirait passer à  l’action. Il Se tourna vers son fidèle lieutenant, bien plus indispensable à  ses yeux que les autres sous-fifres qu’Il employait, et lui indiqua l’entrée d’un léger mouvement de tête.
« C’est à  toi de jouer. Récupère IL, FireFly et Radamenthe. Ensuite, tous les quatre, vous prendrez les deux congélateurs où se trouvent Hilde et Séphira Strife. »
Pasteqman acquiesça et partit au pas, slalomant entre DragonNoir et Q-Po qui n’avaient même plus la force de s’opposer à  quoi que ce soit. Pour eux, tout était terminé. Les messages télépathiques envoyés par Mistrophera
Ne pas s’en faire.
Rien d’anormal.

tournaient en boucle dans tous les esprits.
Mais à  eux, à  ceux qui comptaient, Il leur rajoutait un supplément d’anéantissement, qui réduisait leur courage à  une vague énergie tremblotante. À rien, pour ainsi dire. Et le fait est qu’aucun d’entre eux n’avait bougé pour s’interposer devant Pasteqman. Mistrophera était déçu : ils étaient plus faibles qu’Il ne L’avait pensé.

13 Chasse et croisé.
Pasteqman bouscula un des adolescents qui accourrait à  sa rencontre. Viper Dragoon le regarda d’un Å“il torve s’éloigner à  travers les autres Trauméniens qui s’amusaient encore. Il ne se souvint pas l’avoir déjà  vu, mais ça ne lui importait guère. Il se retourna et fila voir Arkh, pour clouer le bec à  Pythagore.

12 DarKenshin.
Halvorc sentit une main se poser sur sa joue, une main froide, glacée même, dont l’apposition lui faisait l’effet d’un électrochoc et le sortit de sa rêverie. Dans ce songe, il était retourné dans l’au-delà  des Dieux Nordiques, et réussissait à  intercepter la flèche destinée à  Thor à  la place de Séphira Strife.
Halvorc ouvrit les yeux, et regretta que ça ne soit pas là  la vérité.
« Est-ce que ça va ? demanda DarKenshin.
-J’ai connu mieux. » Le contact glacé se mua en une tiédeur apaisante, et Halvorc se demanda un moment comment il avait pu sentir ce froid si étrange et engourdissant en lieu et place des doigts de la Trauménienne. Il classa ces questions dans un coin de son esprit, et se redressa sur un coude.
« Est-ce que quelqu’un est arrivé ? »
La Voix lui résonnait toujours dans les oreilles, lui disant de se rallonger, de sombrer de nouveau, de rejoindre son rêve, de ne pas s’en faire, que tout allait bien. Il lutta contre les inflexions hypnotisantes de cette voix en s’accrochant à  l’image de Séphira Strife.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? dit DarKenshin en se penchant en avant.
-Est-ce que quelqu’un est à  la porte, en ce moment ? »
DarKenshin, prise au dépourvu, tenta de réfléchir. Mais son cerveau était étrangement embué et elle n’arrivait pas à  visualiser ce qu’elle avait pourtant aperçu à  la porte quelques secondes avant qu’elle ne découvre Halvorc.
« Je ne sais p… commença-t-elle.
-Aide-moi à  me relever. » lui dit-il.

11 Elle.
Dans le salon, elle vit entrer à  sa droite Pasteqman, et à  gauche le trio IL Lord FireFly Radamenthe. Ils ne firent même pas attention à  elle, leur attention concentrée sur les congélateurs qui contenaient leur but.
Elle se tint prête.

10 Le Sauveur.
Viper Dragoon inspira une grande bouffée d’air et se planta devant Arkh.

9 Abandon.
Les yeux dans le vide, DragonNoir sentit toutes ses forces l’abandonner. Il en était de même pour les trois autres Trauméniens qui se tenaient devant Lui. Leur vitalité s’échappait d’eux, tout comme leur courage et leur volonté.

8 Une seconde.
C’est à  ce moment précis que les ondes cessèrent.

7 Imprévisible.
Tout se déroulait pourtant bien, mais Il n’avait pas prévu qu’un esprit plus fort – plus fort que la masse, en tout cas – lui coupe tout pouvoir, ne serait-ce qu’un instant. Un instant assez long pour risquer de faire tout basculer. Et Il n’aimait pas ce qu’Il n’avait pas prévu.
Ses mains, paumes tournées vers les Trauméniens, semblaient palper le vide. En réalité, Il ressemblait à  un marionnettiste dirigeant les fils invisibles de l’ensemble des consciences présentes en ces lieux, ses doigts se tendant, se pliant et se mouvant dans l’air.
Puis quelqu’un coupa ces fils, et les consciences s’éveillèrent.
Elles sentirent immédiatement le danger.

6 Premier échec.
« Arkh, mon doux prince ! » beugla Viper Dragoon, rompant le maléfice sans même le vouloir. Arkh eut un éclair de lucidité lui traverser les yeux, et il se tourna immédiatement vers Q-Po, qui acquiesça.
« J’ai besoin de savoir qui est le véritable responsable de tout ce…
-Pas maintenant. » trancha Arkh avec un laconisme inhabituel. DragonNoir reprenait peu à  peu ses esprits, près de lui, ainsi que Lord Satana.
Les Trauméniens firent rapidement silence, et toutes les têtes se retrouvèrent bientôt tournées vers Lui. Et ils Le dévisagèrent, ils L’observèrent comme on observe une bête, un individu hors du commun, un exclu. Il n’aima pas ce regard, et Se demanda comment un être tel que Viper Dragoon avait pu venir à  bout si facilement de Ses facultés.
Le calme qui succédait à  la gaieté paraissait encore plus gênant que le brouhaha précédent. Les Trauméniens, qui regardaient maintenant tous la petite scène qui se déroulait à  l’entrée de l’appartement de DragonNoir, n’osaient pas parler mais se demandaient tous qui était ce nouvel arrivant. En eux, ils le savaient.
Sans plus attendre, Il fit un nouveau pas, S’avançant presque à  toucher DragonNoir, et leur lança un sourire étonnamment poupin. Presque gracieux.
« Bien, je vois que vous avez tous remarqué Mon arrivée, Mon intrusion, finalement. Soit. Ce n’est pas plus mal, après tout. On ne fait pas une guerre sans connaître son ennemi, et il serait grand temps que vous vous rendiez compte que vous n’êtes pas les seuls à  marcher sur les pas de Séphy-Roshou.
-Qu’est-ce que tu veux de nous, exactement, Mistrophera ? » lâcha Q-Po. L’énonciation claire de Son nom en fit sursauter plus d’un, et donna la confirmation aux autres de ce qu’ils croyaient. Un début de rumeur, de chuchoteries, s’amorça.
« De vous tous, ici, réunis pour cette cause aussi abjecte que futile ? Rien. »
Les rumeurs s’amplifièrent.
« Seulement, après mûres réflexions et moult délibérations avec Moi-même, J’ai décidé qu’il était enfin temps de passer aux choses sérieuses avec ce qu’il reste de ce forum que l’on nommait Traumen. »

5 Discours.
Halvorc, soutenu par DarKenshin, croisa le regard de Mistrophera. Il sut instantanément, au même titre que DragonNoir, Arkh, Q-Po ou Lord Satana, qui était cet individu et qu’Il n’était certainement pas là  pour rien. Par contre, il fut le seul à  remarquer l’absence de Pasteqman à  Ses cotés, bien qu’il n’ait pas assisté à  leur arrivée.
« Il manque quelqu’un, quelqu’un qui était avec Lui, tout à  l’heure.
-Qui ça ? demanda DarKenshin.
-Je ne sais pas. Mais… »
Tandis qu’Halvorc tentait, en vain, de comprendre pourquoi il était persuadé que cette supposition était une certitude, Lui continuait Son discours d’introduction.
« Vous avez certainement remarqué que des faits restaient inexpliqués, notamment la disparition de corps de vos camarades suicidés, ou les divers échecs des missions engagés.
-C’est Toi qui est derrière ces fiascos ? demanda Q-Po.
-À ton avis, Moogle ? Serais-Je là  si Je ne vous avais pas infiltré depuis le départ ? Depuis même avant le départ, si on y songe. »
Dans la foule des Trauméniens abasourdis, Soulblighter repensait à  IL et à  ses actions pour le moins douteuses, envers Shannia ou Halvorc. De son coté, Halvorc pensait la même chose, justement. Et ils en vinrent à  la même conclusion : Son apparition et Son discours n’avaient de raison d’être que pour détourner l’attention.
« Les corps… » murmura Halvorc.
DarKenshin tendit l’oreille, mais un bruit assourdissant l’arrêta avant qu’elle n’ait pu lui demander de répéter ce qu’il avait dit.
Les vitres et les portes du salon venaient de voler en éclats.

4 Surprise !
C’est DragonNoir qui vit le premier le corps de Pasteqman dans les débris, grognant de douleur et de surprise. De frustration, aussi ? Peut-être bien, car Pasteqman n’avait pas l’habitude de se faire mettre à  mal, surtout par une femme. Il jeta un regard noir aux trois autres qui n’avaient pas bougé. IL, Radamenthe et Lord FireFly n’osaient pas remuer d’un pouce, face à  elle.
Elle, justement, se dressait dans les restes de l’embrasure de la porte. Fièrement, avec une once d’arrogance non dissimulée, même, elle s’avança au milieu des morceaux de verre cassés et des échardes de bois grandes comme des pieds de tables. Elle attrapa Pasteqman par le col, et le souleva comme s’il s’agissait d’un simple mannequin en chiffon. Puis elle se tourna vers Lui, qui arborait un masque d’hébétude inaccoutumé.
« Tiens, c’est à  Toi. » cracha-t-elle dédaigneusement en balançant le corps suspendu de Pasteqman à  travers la salle. Tous s’écartèrent, suivant Pasteqman des yeux. Seul un Å“il acéré aurait pu voir l’aura bleutée qui entourait de temps en temps les bras de la jeune femme que personne ne connaissait. Ou presque.
Pasteqman se concentra et atterrit en douceur, à  Ses cotés. Il Se tourna vers lui et lui adressa un regard de désapprobation aussi inquiétant que menaçant.
Ank avait prit le dessus.
« Qu’est-ce que c’est que cette sale petite garce ? tonna-t-Il. Et qu’est-ce qu’elle t’a fait pour que tu te retrouves à  traverser le salon ! Je t’avais dit de faire ça le plus discrètement possible !
-Je n’ai pas eu trop le choix, répondit Pasteqman, les yeux rivés sur son adversaire. Elle m’a prit par surprise. »
Mistrophera se tourna vers elle et la dévisagea. Il ne la reconnut pas immédiatement, mais lorsque la lumière se fit, chacune des personnes présentes dans la pièce entendirent distinctement un crépitement mental suraigu. Ils se mirent les mains sur les oreilles, par réflexe, sans penser que le son provenait de l’intérieur de leur crâne et non d’ailleurs.
Une vieille connaissance, datant d’il y a si peu de temps, et pourtant. Le temps était malléable, et Il le savait. Le temps, et les réalités. Pourtant, ce n’était pas une autre elle, c’était vraiment la fille qu’Il avait rencontré et qu’Il avait perdu. Une menteuse, une traîtresse, une vendue. Et encore aujourd’hui, elle le trahissait.
Une ultime fois.
« Julie… » croassa-t-Il en fronçant les sourcils.

3 Hitomi.
TheMaker, qui avait à  la fois tout saisi de la situation, et à  la fois rien compris à  ce qu’il s’était passé, s’approcha de son amie et lui glissa deux mots à  l’oreille.
« Tu Le connais, Hitomi ? »
Hitomi, ou Julie pour ceux qui connaissaient son véritable prénom, hocha la tête en silence. Elle n’avait vécu que pour ce moment, depuis qu’Il avait rejeté Lainé, Munoz et Blanchot avec pour objectif de S’entourer des plus puissants. Hitomi se remémora les dernières années, depuis leur rejet après l’affaire de Stéphane.
L’ensemble de la bande l’avait très bien vécu, et ils étaient tous retournés à  des affaires plus normales après que les tests les aient relégués en bas de l’échelle. Julie/Hitomi était au courant pour la panoplie d’expérimentations qu’Il avait effectué sur eux, et sur l’ensemble des soldats du Patron. Elle savait pratiquement tout, parce qu’elle était restée proche de Lui malgré Son changement, malgré Son état d’esprit.
Elle ne l’aimait pas. C’était Lainé, Jacques Lainé, la grosse brute qui Le martyrisait dans un quand pas si ancien. C’était lui qu’elle aimait, et leur relation durait toujours aujourd’hui. Et ça grâce à  elle. Ils avaient tout les trois été perçus comme négatifs aux stimuli mentaux pratiqués sur leur imagination. Incapable de concevoir un autre monde par l’esprit, avaient dit les scientifiques. Ils n’avaient pas jugés bon de s’entraîner pour essayer de s’incorporer à  nouveau à  Ses troupes.
Mais elle, Julie/Hitomi, avait dû cacher ses pouvoirs pour être libre de ses faits et gestes. Pour rester avec Jacques Lainé, son Jacques Lainé qui était chez elle en ce moment même, certainement en train de dormir paisiblement tandis qu’elle s’évertuait à  protéger un pan entier de réalité d’un monstre aussi cruel qu’un amant éconduit.
Elle avait échappé au confinement de Son armée, nouvelle à  l’époque, et elle avait simplement monté ses pouvoirs, ses capacités, par elle-même. Seule, comme Lui avait été seul des années durant. Elle n’éprouvait pourtant pas de peine envers Lui, seulement de la pitié. Lorsqu’elle fut enfin prête, enfin décidée, et sûre qu’Il allait passer à  l’action elle avait cessé sa surveillance rapprochée (quelle coïncidence que son ami TheMaker ait été sur le même forum que Lui) et avait patiemment attendu Sa venue.
Ce moment précis.
Maintenant.

2 Tension.
« Tu ne mèneras pas ton plan à  terme. Pas avec moi. »
Hitomi s’avança, et tous reculèrent. Ils n’avaient pas peur d’elle, car ils l’avaient vu rire et parler, même quelques minutes auparavant. Pourtant, la jeune fille qui avançait vers Lui, maintenant, n’avait plus rien à  voir avec celle qu’ils avaient côtoyé ces dernières heures. Elle resplendissait. Elle semblait plus… moins…
(existante)
…que les autres. Qu’eux. Elle fit un nouveau pas.
« Je ne pensais pas te revoir, pas après que les tests t’aient annoncé comme étant non réceptrice à  ces capacités mentales. »
Il S’était calmé, et avait enfoui Ank en Lui pour un moment. Il n’aimait pas Sa façon de reprendre le dessus alors qu’Il ne s’y attendait pas.
Hitomi ignora la remarque et marcha vers Lui.
« Comme Toi, je me suis entraînée.
-Oh, ça M’étonnerait. »
Sans un mot, Il croisa les bras et les Trauméniens se retrouvèrent soufflés par une puissance invisible, qui en envoya plus d’un à  terre. Au plus près de la force, DragonNoir et Arkh se retrouvèrent plaqués au mur, écrasant Lord Satana et Q-Po sans le vouloir. Mistrophera leva un sourcil.
« Alors ? Mis à  part M’obliger à  étaler inutilement Mes pouvoirs aux yeux de tous, est-ce que cet aperçu t’a convaincu que tu n’as définitivement pas de capacités assez développées pour Me contrer ? »
Hitomi se releva et toisa Mistrophera. Les Trauméniens autour d’elle sentirent un appel d’air, et Ses cheveux semblèrent soufflés par un vent que personne ne sentait. Il ne fit que plisser les yeux, et attendit que ça se calme. Voyant que c’était inutile, Hitomi cessa.
« Bien ! S’exclama-t-Il. Tu veux savoir ce que tu as gagné, avec cette pâle imitation de force mentale ? Déjà , tu as perdu ton effet de surprise en te dévoilant à  Moi aussi impudiquement. Et de deux, tu M’obliges à  gérer cette affaire plus violemment que ce qui était prévu initialement. »
Les Trauméniens assistaient à  la discussion sans oser y prendre part. Dès que l’un d’eux se sentait assez en confiance pour intervenir, une vague de froid et de doute le submergeait. Et derrière Lui, Pasteqman souriait.
« J’avais simplement prévu de M’emparer des corps de Séphira Strife et de Hilde, sans faire de coup d’éclats, sans même faire de blessés, alors qu’il est manifeste que Je pourrais tous vous balayer d’un revers distrait de la main. »
Il agita la main, pour illustrer son propos, et certains des Trauméniens les plus proches rentrèrent inconsciemment la tête dans leurs épaules.
« Mais ce n’est pas ce que je veux. J’ai… » Il hésita. « …un plan. Mais pour le réaliser, je crains avoir besoin de nombre d’entre-vous. Enfin, pour être plus précis, de certains d’entre vous. Vous ne Me serez pas tous utiles, loin de là , mais toute vocation volontaire est acceptée. S’il y en a que ça intéresse…
-Hors de question ! »
Les regards convergèrent vers DragonNoir, qui avait on ne sait comment réussit à  passer au-delà  du ligotage mental pratiqué par Pasteqman. Celui-ci défaillit, et certains qui trouvaient l’idée séduisante se sentirent moins attirés, soudainement. Mistrophera ferma les yeux, et expira lentement, comme une exaspération contenue.
« Alors si c’est le cas, Je n’ai plus rien à  faire ici. Vous saurez où Me trouver ! »
Il fit demi tour et ressortit de l’appartement, sous les yeux hébété de toutes les personnes présentes. Sur le pas de la porte, dos à  tous, Il lança deux derniers mots, autant mentaux que oraux.
« Allons-y ! »
Allons-y !
Allons-y !

1 Écha(r)ppée belle.
IL, Lord FireFly et Radamenthe entendirent en même temps l’ordre mental, et s’élancèrent. Ils n’avaient finalement pas pu prendre les congélateurs, préférant porter les corps sur leurs épaules au lieu de devoir réduire à  néant la moitié du bâtiment pour s’échapper. Tandis que tout le monde se concentrait sur le face à  face Hitomi/Mistrophera, ils avaient eu le temps de concevoir un plan d’évasion.
Lord FireFly mit le sac qui contenait les restes d’Hilde sur son dos, et Radamenthe cala Séphira Strife sur son épaule. Puis IL se mit à  courir, les mains en avant. IL se concentra quelques secondes, et une bulle d’énergie émergea de ses paumes en un bouclier solide, qui heurta et envoya à  terre ceux qui se dressaient devant lui et son groupe.
TheMaker s’écarta avant qu’IL ne le renverse, et tenta d’attraper la main de Séphira Strife qui ballottait sur les fesses de Radamenthe, mais celui-ci s’en rendit compte et envoya un éclair fulgurant. TheMaker roula à  terre en se tenant la main, et une odeur de brûlé se répandit rapidement dans la pièce.
Face à  eux, Hitomi se retourna et lança ses mains en avant, tandis que l’inertie des Trauméniens s’estompait. Elle ferma les yeux, mais une douleur sourde lui arracha un hurlement de douleur, et elle tomba face contre terre. Sans prendre la peine de l’éviter, IL la piétina en poursuivant sa course, renversant au passage Viper Dragoon qui tentait lui aussi de s’interposer, en vain.
Une lampe atterrit sur le crâne de Lord FireFly, qui vacilla un instant. Il laissa tomber le sac avec un bruit mou et regarda Halvorc, qui lui avait balancé le bibelot.
« Il faut les arrêter ! hurla-t-il. Tous sur eux ! »
La main de FireFly saisit le sac et il le tira sur son épaule, mais il résista. À l’autre bout, Gorgon_Roo le maintenait en place en lançant au Trauménien renégat un regard de fureur pure. Lord FireFly hésita un quart de seconde entre affronter le courroux de Gorgon_Roo et celui de Mistrophera, puis lâcha le sac. Gorgon_Roo le tira à  lui, et quelque chose lui perfora la cuisse. Lord FireFly fermait les yeux.
« Il me faut les deux mains, pour ça. »
Il reprit le sac et laissa là  Gorgon_Roo et sa jambe empalée par un balais qui traînait non loin. Le chaos était total. Arkh et Q-Po s’élancèrent à  la poursuite des traîtres dans l’escalier, mais ils furent rapidement arrêtés par une demi douzaine de militaires qui surgirent de nulle part, et leur intimèrent sans un mot de rester cloîtrés ici, chez DragonNoir.
Les cris de douleur se mêlaient à  la chaleur de l’attaque qu’ils venaient de subir. DragonNoir regarda le désastre à  ses pieds, les blessés, le sang, et se demanda pourquoi tout tournait ainsi, si soudainement, alors que quelques heures auparavant tout semblait enfin s’arranger contre toute attente.
Sa Voix Se déversa à  nouveau dans leurs têtes, sans prévenir :
N’oubliez pas, je suis pour le volontariat !
Une Voix douce, calme, avec des sursauts jubilatoires. Une Voix de victoire, de vainqueur. Une Voix de domination.
Alors DragonNoir s’autorisa à  laisser dévaler ses larmes.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 14 Oct 2005, 06:10 
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Pamplemousse Panchromatique
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Ce chapitre est aussi excellent dans le fond que confus dans la forme. Il en fait trop et aurait eu, paradoxalement, davantage d'impact s'il avait été traité de manière plus subtile. Mais en l'état, c'est assez bon. Prends seulement garde à  ne pas faire de Mistrophera un méchant des Power Rangers.
Note quant à  mon personnage : je ne le trouve pas encore assez faillible dans ce récit. Il manque de blessures. Même s'il est déstabilisé, il demeure trop assuré.

Bien, maintenant que j'ai donné mon opinion (certes concise) sur la dernière partie, il me reste à  répondre à  ton précédent message. Une fois de plus, je vais aborder beaucoup de problèmes de fond. Accroche-toi bien, le voyage dans ma vision des choses ne sera pas toujours très agréable.
Je suis méchant, à  l'occasion.




Et rappelle-toi : si je critique tant "Traumenschar", c'est parce que je l'apprécie. Si je débats avec toi de ses failles, c'est parce que je trouve le texte intéressant.











Détails quant à  ton précédent message. Reproches et félicitations. Les reproches d'abord, de manière générale.



Mr.Magnum a écrit:
Mais je n'ai pas non plus fait un DragonNoir introvertit...


Dommage, parce que pendant la majeure partie de ma participation à  ce que certains appellent le mythe Traumen, j'ai effectivement été introverti. A l'époque, mon coeur balançait entre une timidité maladive et un comportement très exagérément démonstratif qui était bien sûr un symptôme supplémentaire de ladite timidité. Depuis, j'ai vieilli, mûri, et je me suis amélioré. Si je demeure un peu extra-terrestre et instable sur les bords, je suis devenu... davantage fréquentable, disons.
C'est un exemple des choses que tu aurais pu apprendre, avec un certain gain au niveau de la complexité des personnages, en te contentant de poser quelques questions.



Mr.Magnum a écrit:
... un Halvorc heureux...


Et Halvorc était heureux à  la Réunion Traumen 1. Beaucoup moins chiant, aussi, à  l'époque où il commençait à  fréquenter le forum. Du moins, je le perçois ainsi, d'autres ont toujours trouvé ce particulier insupportable, et en ce qui me concerne, je suis passé avec lui de l'amitié à  une quasi-antipathie... plus objectivement, je dirais que nos évolutions respectives se sont progressivement éloignées.
Mais c'est un détail et, comme je le dis plus bas, tu as, dans l'ensemble, toutes mes félicitations pour le cran avec lequel tu as abordé le personnage.



Mr.Magnum a écrit:
Je comprends que certains des protagonistes ne correspondent pas ou peu à  la réalité, mais ils ne sont pas non plis *si* éloigné que ça (mis à  part Mistrophera, oui, qui est certainement - je l'espère - assez loin de l'original...).


Et pourtant, si. Etant le Trauménien qui a le plus rencontré de "personnalités" du milieu, je peux t'affirmer que la plupart, sur forum comme dans la réalité, sont très éloignés des profils que tu dépeins. L'intuition artistique peut parfois toucher juste (comme dans le récit avorté "Annihilation" que j'avais écrit à  une époque où je connaissais beaucoup moins Zohar de Malkchour/Laekh Traumen qu'aujourd'hui... et qui s'est révélé, selon ses dires, assez conforme à  sa psychologie), mais en ce qui concerne "Traumenschar", la plupart des personnages sont des exemples d'OOC plus ou moins grave.
Ce n'est pas dramatique, mais quand tu t'offusques des références à  l'OOC, je me dois d'insister sur le fait établi : les Trauméniens ne ressemblent pas aux protagonistes ici mis en scène.
Etant donné que les personnages sont très bien gérés, et que de toute façon, le récit n'expose que ton point de vue sur Traumen, c'est loin d'être dramatique. Syndrome "Chroniques Alternatives", tout au plus : les pseudonymes paraissent ici n'être que des étiquettes collées à  la hâte sur la plupart des personnages, même quand tel n'est pas le cas (il est évident que le Mistrophera "schizophrénique" a été conçu en fonction de certaines bases posées par le Mistropherank d'origine, ce cher Méta-Master).
Je dois présenter mes félicitations en ce qui concerne Halvorc et Radamenthe, que tu as magnifiquement cernés. Etant donné les particularités de ces deux personnes, c'était loin, loin, très très très loin d'être facile. Le texte est à  l'occasion un peu réducteur à  leur égard, mais soyons honnête, le traitement est presque parfait.
Ah oui, et le Mistrophera de "Traumenschar", même s'il est quasiment aux antipodes de l'original, est bon, aussi. En tant que tel, objectivement, le personnage est valable.



Mr.Magnum a écrit:
Ensuite, tu parles des personnages intéressants non évoqués dans Traumenschar, et à  nouveau je ne peux qu'approuver. Mais, et ça tu l'as dit toi-même (ne me demande pas d'aller rechercher la phrase, argh, tu as trop de posts!!!), je ne pouvais pas non plus balancer tous les personnages de Traumen en même temps, au risque de saturer le lecteur avec un trop-plein de personnage. Politique en cours: Chacun son heure de gloire.


ATTENTION : JE SERAI MECHANT DANS LES LIGNES SUIVANTES. TRES MECHANT.

Mais non, Magnum.
Dès le départ, tu as voulu balancer la majorité, la quasi-totalité, des figures de proue des derniers temps de Traumen dans la narration (je fais référence aux premiers chapitres, extrêmement lourds en personnages). Tu as exposé cela de manière habile (ça me fait penser à  tous les Cobras montrés dès le début de "Metal Gear Solid 3 : Snake Eater"), mais la situation en demeurait intenable, et plusieurs personnes t'ont fait la remarque sans que jamais tu ne révises ce premier chapitre auquel n'auront survécu que les Trauméniens chevronnés, capables de mettre un visage, une attitude, une signature sur chacun des noms évoqués dans le récit.
Et maintenant, tu invoques l'idée contraire, la nécessaire légèreté du récit, pour excuser l'absence de Trauméniens centraux ! Oh que non ! Tu ne t'en tireras pas ainsi. En écrit comme dans la vie, on ne peut obtenir le beurre et l'argent du beurre, et ton oeuvre le démontre amplement : c'est à  un véritable paradoxe que nous assistons là .

Tu as quasiment cherché à  inclure tout le monde, absolument tout le monde (sans doute par souci d'équité et d'exhaustivité), et d'autre part à  mener un récit structuré, tout en faisant participer chacun... et en ajoutant, de plus, des personnages originaux. Etant donné la quantité de figures mythologiques qu'a contenu Traumen, le résultat est prévisible : l'exposition des protagonistes est chaotique et la majorité des efforts conscients ou inconscients de structuration du récit, efforts qui t'honorent, sont concentrés sur la définition de l'identité de chacun, afin d'éviter le gouffre de l'anonymat et de la citation superflue.
Tu fais de ton mieux, c'est clair, et en jouant avec un château de cartes d'une telle taille, tu te débrouilles comme un chef ! Cela dit, ça demeure trop lourd pour tes épaules, et on peut penser que ça le serait pour les épaules de n'importe qui : bon sang, rends-toi compte que ton récit bien bref, au final, propose davantage de personnages que la totalité de la colossale mythologie d'Arda de Tolkien !
En d'autres termes, tu as traité de ton mieux ton récit, mais l'angle d'attaque contenait un problème. C'est comme raconter une histoire d'horreur impliquant une soixantaine de personnes en cherchant à  fournir le nom et la personnalité de chacun : ta narration s'y empêtre et tes lecteurs s'y perdent.




Mr.Magnum a écrit:
Angie a été peu présente durant 'ma' période Traumen, à  savoir les sept derniers mois. Selon moi, il est donc normal qu'elle n'apparaisse que sporadiquement, comme sur le forum.


Non. L'importance d'un membre/personnage est déterminée par son apport tangible au milieu, non par son taux de Flood. En ce qui concerne Angie, il est normal de la laisser au second plan, voire de ne la faire jamais apparaître : ne jouait-elle pas les abonnés absents sur le forum Traumen ? Mais la mentionner régulièrement n'aurait pas été de trop : elle reste la génitrice volontaire de tout ce que fut Traumen.



Mr.Magnum a écrit:
DarKenshin itou, qui passait certes plus souvent, mais tout aussi aléatoirement. Comme ici, dans Traumenschar. Enfin, ce n'est que mon avis. Elles aussi auront une heure de gloire (toute relative) au sein d'un chapitre, promis...


L'heure de gloire n'est pas trop mal pour DarKo, mais je t'en prie, épargne cela à  Angie Shinmore. Son personnage n'est pas conçu pour des récits possédant la note d'intention et le traitement de "Traumenschar", mais pour des environnements de pure fantasy, voire de dark fantasy virtuelle (je renvoie à  "Fantaisie Ultime" pour plus de détails).



Mr.Magnum a écrit:
Popur te répondre, non, je ne connais pas exactement Ragga ni Ma, et Néofox seulement via ses posts ici. N'oublions pas que je suis un jeune, un de ceux arrivé sur la fin où grand nombre des anciens était déjà  barré, ou en froid, ou ailleurs (quel que soit le ailleurs).


Rien ne t'empêchait de poser quelques questions à  certains membres (DarKo aurait pu t'apprendre beaucoup) et de faire ensuite des allusions floues et prudentes aux membres passés de Traumen.
Dans ton récit, pas une seule référence, les Anciens Trauméniens n'existent pas et la Traumen Next Generation (cf Arkh) a toujours été là , du moins, c'est l'impression que l'on en retire, que tout tend à  indiquer.
Le Traumen de "Traumenschar" manque terriblement de profondeur, de passé. Toute communauté virtuelle a pourtant une histoire, généralement sombre et complexe, et certaines plus que d'autres (qui croiraient que JEUXVIDEO.com, derrière sa façade de simplicité et son foisonnement de débilités, abrite dans ses tréfonds un nombre incroyable de "manoeuvres politiques" et de drames sous-jacents ?).



Mr.Magnum a écrit:
L'argument de la non documentation est une attaque fourbe.


Mais non. Et ce n'est pas une attaque, c'est un conseil. A chaque fois que je te le répète, ce n'est pas pour dire "Bouh, ton texte est nul" (ce que je ne dirai pas, parce que "Traumenschar" est plus que convenablement traité, du moins dans la forme), mais "Documente-toi, Magnum, documente-toi, relève le nez de ton avion, faut pas qu'il tombe en piqué".
Documente-toi donc. Je suis méchant, mais c'est parce que j'aime ce texte et que je n'apprécie pas de le voir creuser dans ses erreurs (ce qui ne signifie pas pour autant que tu dois rompre tout l'OOC au prochain chapitre pour te mettre à  coller aux psychologies véritables, ce serait absurde, je pense que nous serons d'accord là -dessus... non, continue sur ta lancée, mais il y a de menues choses qui ne passent pas et que tu peux corriger).



Mr.Magnum a écrit:
Non, je ne me suis pas assez documenté, j'admets.


Si tu admets, répare. Avec ton talent, tu en as les moyens. Et cela n'implique pas des modifications des chapitres précédents. Il est encore temps, par exemple, d'évoquer de manière floue et prudente les Anciens de Traumen.



Mr.Magnum a écrit:
Mais je ne suis pas non plus un écrivain au sens large du therme.


J'ai lu certaines de tes nouvelles, Magnum. J'ai beaucoup d'estime pour ta plume. Qu'est-ce qu'un écrivain ? Quelqu'un qui écrit. Tu mérites davantage ce terme, à  mon humble avis, que certains auteurs publiés (jette un coup d'oeil à  du Masterton, tu verras que tu fais déjà  mieux que lui... enfin, encore une fois, ce n'est que mon avis).
Par contre, ce qui te pourrait te perdre, c'est le manque de soin, de perfectionnisme. Comme le fait d'écrire "terme" "therme". Tu parles du mot "écrivain", pas d'un bain public des anciens Romains.



Mr.Magnum a écrit:
Je ne suis pas en train d'écrire un roman, mais une fiction, un délire, un écrit hebdomadaire qui n'est pas lu par des miliers de personnes mais par une petite élite dont tu fais partie (grand merci, hihi).


Qu'il est gratifiant d'entendre désigner par le therme "élite" ce que My Strophette n'hésite pas à  l'occasion à  qualifier de fange. Du moins accordes-tu une certaine estime à  ces cercles particuliers, et je ne peux que t'en être reconnaissant. :)



Mr.Magnum a écrit:
Cette publication est libre, gratuite, et en aucun cas faite pour devenir une référence (tant les erreurs y sont nombreuses, ajouterai-je...). Alors que tu dises que Traumenschar est un 'travail littéraire sérieux' me fait plaisir (sincérement), mais je ne pense pas qu'il faille le prendre aussi sérieusement que ça.


Navré, ma volonté d'accorder un certain soin à  chacune de mes créations me trahit. Je suis, au final, esclave d'un certain formalisme dans la démarche, un problème dont le forum Eltanin lui-même est l'exemple (certaines sections survivent car je répugne à  amputer l'harmonie structurelle du forum en me faisant l'esclave de l'impulsion d'un instant... et Ozma, par exemple, en postant son expérience de la salsa, me donne raison sur le long terme).
Je tends à  rechercher chez les autres ce que j'essaie de fournir à  moi-même : une rigueur, une organisation de la créativité (car il fut un temps où je me disséminais en mille projets erratiques). Et de ce fait, j'en perds parfois le sens des proportions.
Mais songe combien il est bon que je pointe du doigt tout ce que je pressens comme des erreurs dans ton texte : consciemment ou inconsciemment, tu incorporeras des portions de ces critiques à  ta plume et tu ne reproduiras plus certains des schémas que j'ai pointé du doigt, perfectionnant ton art véritable (dont je suis convaincu que "Traumenschar" n'est qu'un reflet).





Post-scriptum : Pour ceux qui cherchent des significations philosophico-mystique aux coloris, italiques et autres artifices de mise en page appliqués à  certaines portions de ma missive, qu'ils sachent qu'ils l'ont fait pour rien, puisque je me borne ici à  rendre hommage à  la cosmétique générative et connexioniste de Mistrophera. Ou peut-être que non. Peut-être qu'il y a véritablement un sens caché subsémiotique (= en rapport avec des signes structurés). Cherchez encore. :wink:

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MessagePublié: 26 Oct 2005, 17:40 
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
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Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Réponse longue à  venir, mais réponse tout de même, avant de vous donner les deux chapitres des semaines passées, écrits et corrigés par moi-même en l'absence imprévue de mon correcteur personnel. Snif. Paix à  l'âme de son écran.
Morceaux choisis:

DragonNoir a écrit:
Prends seulement garde à  ne pas faire de Mistrophera un méchant des Power Rangers.

Hmm... Pourtant, ça aurait été marrant de le faire grandir à  la fin, et que cinq Trauméniens se réunissent dans un robot géant et se battent contre lui en ravangeant la moitié de Paris, sous les yeux attérés de Serge Thourn... Hmm... Je note ça dans un coin pour les bonus du Dvd, tiens...


DragonNoir a écrit:
Note quant à  mon personnage : je ne le trouve pas encore assez faillible dans ce récit. Il manque de blessures. Même s'il est déstabilisé, il demeure trop assuré.

Il reste encore beaucoup de chapitres, d'épisodes... *sourire sadique*


DragonNoir a écrit:
Bien, maintenant que j'ai donné mon opinion (certes concise) sur la dernière partie, il me reste à  répondre à  ton précédent message. Une fois de plus, je vais aborder beaucoup de problèmes de fond. Accroche-toi bien, le voyage dans ma vision des choses ne sera pas toujours très agréable.

Crois-moi ou non, mais il est toujours agréable de voir que quelqu'un lit son texte et qu'il s'y intéresse!


DragonNoir a écrit:
Et rappelle-toi : si je critique tant "Traumenschar", c'est parce que je l'apprécie. Si je débats avec toi de ses failles, c'est parce que je trouve le texte intéressant.

Et si tu écrit si gros, c'est parce que tu ne veux pas que je loupe cette phrase, c'est ça? :o


DragonNoir a écrit:
Mr.Magnum a écrit:
Mais je n'ai pas non plus fait un DragonNoir introvertit...

Dommage, parce que pendant la majeure partie de ma participation à  ce que certains appellent le mythe Traumen, j'ai effectivement été introverti. A l'époque, mon coeur balançait entre une timidité maladive et un comportement très exagérément démonstratif qui était bien sûr un symptôme supplémentaire de ladite timidité. Depuis, j'ai vieilli, mûri, et je me suis amélioré. Si je demeure un peu extra-terrestre et instable sur les bords, je suis devenu... davantage fréquentable, disons.
C'est un exemple des choses que tu aurais pu apprendre, avec un certain gain au niveau de la complexité des personnages, en te contentant de poser quelques questions.

Mais à  nouveau, ce n'est pas le personnage de DragonNoir de l'époque que j'ai décrit (même mal), mais l'actuel, celui de l'années passée. Je n'ai pas (ou peu, à  la rigueur) connu ce DragonNoir introverti, moi j'ai vu un tyupe qui préférait sauter par dessus une balustrade au MacDo pour chercher des frites, un type qui sautille partout pendant une simple marche à  pied, un extra-terrestre en fait.


DragonNoir a écrit:
Mr.Magnum a écrit:
... un Halvorc heureux...

Et Halvorc était heureux à  la Réunion Traumen 1. Beaucoup moins chiant, aussi, à  l'époque où il commençait à  fréquenter le forum. Du moins, je le perçois ainsi, d'autres ont toujours trouvé ce particulier insupportable, et en ce qui me concerne, je suis passé avec lui de l'amitié à  une quasi-antipathie... plus objectivement, je dirais que nos évolutions respectives se sont progressivement éloignées.
Mais c'est un détail et, comme je le dis plus bas, tu as, dans l'ensemble, toutes mes félicitations pour le cran avec lequel tu as abordé le personnage.

Même réponse que précédemment: Je n'ai vu Halvorc que... ...comme il est.


DragonNoir a écrit:
Ce n'est pas dramatique, mais quand tu t'offusques des références à  l'OOC, je me dois d'insister sur le fait établi : les Trauméniens ne ressemblent pas aux protagonistes ici mis en scène.
Etant donné que les personnages sont très bien gérés, et que de toute façon, le récit n'expose que ton point de vue sur Traumen, c'est loin d'être dramatique. Syndrome "Chroniques Alternatives", tout au plus : les pseudonymes paraissent ici n'être que des étiquettes collées à  la hâte sur la plupart des personnages, même quand tel n'est pas le cas (il est évident que le Mistrophera "schizophrénique" a été conçu en fonction de certaines bases posées par le Mistropherank d'origine, ce cher Méta-Master).

Bon, alors j'admet ma faute et on passe à  autre chose? *s'éclipse discrètement*


DragonNoir a écrit:
Je dois présenter mes félicitations en ce qui concerne Halvorc et Radamenthe, que tu as magnifiquement cernés. Etant donné les particularités de ces deux personnes, c'était loin, loin, très très très loin d'être facile. Le texte est à  l'occasion un peu réducteur à  leur égard, mais soyons honnête, le traitement est presque parfait.
Ah oui, et le Mistrophera de "Traumenschar", même s'il est quasiment aux antipodes de l'original, est bon, aussi. En tant que tel, objectivement, le personnage est valable.

Le vrai Mistrophera me fait peur...
Bon, merci tout de même pour les félicitation uqe je reçoit au même titre que les critique: De bon coeur!


DragonNoir a écrit:
ATTENTION : JE SERAI MECHANT DANS LES LIGNES SUIVANTES. TRES MECHANT.

*s'enfuit en beuglant*


DragonNoir a écrit:
Tu as quasiment cherché à  inclure tout le monde, absolument tout le monde (sans doute par souci d'équité et d'exhaustivité), et d'autre part à  mener un récit structuré, tout en faisant participer chacun... et en ajoutant, de plus, des personnages originaux. Etant donné la quantité de figures mythologiques qu'a contenu Traumen, le résultat est prévisible : l'exposition des protagonistes est chaotique et la majorité des efforts conscients ou inconscients de structuration du récit, efforts qui t'honorent, sont concentrés sur la définition de l'identité de chacun, afin d'éviter le gouffre de l'anonymat et de la citation superflue.

Il fallait que mes héros, appelons-les ainsi, assistent tous à  la réunion de base, afin d'éviter de leur réexpliqer par la suite le pourquoin le comment, etc. Donc c'est vrai que j'ai intentionellement surchargé les premier chapitre dans le but de dire: Bon, bah là  ils y étaient tous, donc ils savent tous ce que le lecteur sait, na. C'était plus partique! Et par la suite, j'ai subdivisé ces héros en groupes de hréos, ou équipes, pour jsute alléger la narration et parce que c'est ce que j'avais prévu.
Ensuite, les évenements étant ce qu'ils sont, les personnages se sont disloqués, séparés, sont partit chacun de leur coté, et ce n'est pas fini, croyez-moi.


DragonNoir a écrit:
Non. L'importance d'un membre/personnage est déterminée par son apport tangible au milieu, non par son taux de Flood.

Oui, ça d'accord. Sinon il n'y en aurait eu que pour Arkh, Aran et toi!


DragonNoir a écrit:
En ce qui concerne Angie, il est normal de la laisser au second plan, voire de ne la faire jamais apparaître : ne jouait-elle pas les abonnés absents sur le forum Traumen ? Mais la mentionner régulièrement n'aurait pas été de trop : elle reste la génitrice volontaire de tout ce que fut Traumen.

"Au fait, que deviens Angie?
-Je ne sais pas, répondit DragonNoir en évitant le regard d'Arkh. On ne la voit plus beaucoup ces derniers temps.
-Elle a abandonné ce sauvetage comme elle a abandonné le forum?"
DragonNoir serra les dents. Il décida de changer de sujet de conversation.

Ce genre d'allusion?


DragonNoir a écrit:
Rien ne t'empêchait de poser quelques questions à  certains membres (DarKo aurait pu t'apprendre beaucoup) et de faire ensuite des allusions floues et prudentes aux membres passés de Traumen.
Dans ton récit, pas une seule référence, les Anciens Trauméniens n'existent pas et la Traumen Next Generation (cf Arkh) a toujours été là , du moins, c'est l'impression que l'on en retire, que tout tend à  indiquer.
Le Traumen de "Traumenschar" manque terriblement de profondeur, de passé. Toute communauté virtuelle a pourtant une histoire, généralement sombre et complexe, et certaines plus que d'autres (qui croiraient que JEUXVIDEO.com, derrière sa façade de simplicité et son foisonnement de débilités, abrite dans ses tréfonds un nombre incroyable de "manoeuvres politiques" et de drames sous-jacents ?).

Faire des alusions dans quel but? Pour évoquer le passé de Traumen? Mais ce passé est très riche, et ne serait-il pas matière à  embrouiller le lecteur encore plus?
Alors admettons: Ok pour l'évocation floue et prudente du passé, mais donne-moi un exemple concis, que je puisse saisir. Car là , je dois t'avouer que je ne vois pas trop comment m'y employer.


DragonNoir a écrit:
Mr.Magnum a écrit:
L'argument de la non documentation est une attaque fourbe.

Mais non. Et ce n'est pas une attaque, c'est un conseil. A chaque fois que je te le répète, ce n'est pas pour dire "Bouh, ton texte est nul" (ce que je ne dirai pas, parce que "Traumenschar" est plus que convenablement traité, du moins dans la forme), mais "Documente-toi, Magnum, documente-toi, relève le nez de ton avion, faut pas qu'il tombe en piqué".
Documente-toi donc. Je suis méchant, mais c'est parce que j'aime ce texte et que je n'apprécie pas de le voir creuser dans ses erreurs (ce qui ne signifie pas pour autant que tu dois rompre tout l'OOC au prochain chapitre pour te mettre à  coller aux psychologies véritables, ce serait absurde, je pense que nous serons d'accord là -dessus... non, continue sur ta lancée, mais il y a de menues choses qui ne passent pas et que tu peux corriger).

Le style coloré de Mistrophera te sied mal, et moi ça me file la migraine... Mais bref.
Sans qu'il soit histoire de me macher le travail, oserai-je te demander un exemple de cette documentation? Comme quelles questions poser?


DragonNoir a écrit:
Mr.Magnum a écrit:
Mais je ne suis pas non plus un écrivain au sens large du therme.

J'ai lu certaines de tes nouvelles, Magnum. J'ai beaucoup d'estime pour ta plume. Qu'est-ce qu'un écrivain ? Quelqu'un qui écrit. Tu mérites davantage ce terme, à  mon humble avis, que certains auteurs publiés (jette un coup d'oeil à  du Masterton, tu verras que tu fais déjà  mieux que lui... enfin, encore une fois, ce n'est que mon avis).

*va acheter un roman de Masterton en ricanant*
C'est gentil, mais bon. Dans ce cas là , une simple fille (rien de péjoratif) tenant un journal intime est-elle aussi une écrivain? Hum, c'est une autre débat, ça, non?


DragonNoir a écrit:
Par contre, ce qui te pourrait te perdre, c'est le manque de soin, de perfectionnisme. Comme le fait d'écrire "terme" "therme". Tu parles du mot "écrivain", pas d'un bain public des anciens Romains.

Manque de relecture? Je suis impardonnable. Je vous jusre que je ne fais plus la faute, pourtant! Rarement! Allez, quoi, croyez-moi!


DragonNoir a écrit:
Mr.Magnum a écrit:
Je ne suis pas en train d'écrire un roman, mais une fiction, un délire, un écrit hebdomadaire qui n'est pas lu par des miliers de personnes mais par une petite élite dont tu fais partie (grand merci, hihi).

Qu'il est gratifiant d'entendre désigner par le therme "élite" ce que My Strophette n'hésite pas à  l'occasion à  qualifier de fange. Du moins accordes-tu une certaine estime à  ces cercles particuliers, et je ne peux que t'en être reconnaissant. :)

Mais tu te moques encore de moi avec ma faute-euuuh!


DragonNoir a écrit:
Navré, ma volonté d'accorder un certain soin à  chacune de mes créations me trahit. Je suis, au final, esclave d'un certain formalisme dans la démarche, un problème dont le forum Eltanin lui-même est l'exemple (certaines sections survivent car je répugne à  amputer l'harmonie structurelle du forum en me faisant l'esclave de l'impulsion d'un instant... et Ozma, par exemple, en postant son expérience de la salsa, me donne raison sur le long terme).

Mais on t'aime quand même comme ça, DragonNoirichounet... Ne soit pas navré de ce que certains considèrent comme un trait de qualité! j'aimerai être aussi soigneux. Grumble.


DragonNoir a écrit:
Mais songe combien il est bon que je pointe du doigt tout ce que je pressens comme des erreurs dans ton texte : consciemment ou inconsciemment, tu incorporeras des portions de ces critiques à  ta plume et tu ne reproduiras plus certains des schémas que j'ai pointé du doigt, perfectionnant ton art véritable (dont je suis convaincu que "Traumenschar" n'est qu'un reflet).

Tu as oublié de mettre les couleurs 'ironiques' ou c'était sincère? Arrête, si c'est le cas, je vais finir par y croire...


DragonNoir a écrit:
Post-scriptum : Pour ceux qui cherchent des significations philosophico-mystique aux coloris, italiques et autres artifices de mise en page appliqués à  certaines portions de ma missive, qu'ils sachent qu'ils l'ont fait pour rien, puisque je me borne ici à  rendre hommage à  la cosmétique générative et connexioniste de Mistrophera. Ou peut-être que non. Peut-être qu'il y a véritablement un sens caché subsémiotique (= en rapport avec des signes structurés). Cherchez encore. :wink:

Le *wink* fait très radamenthe, je trouve...
...non?

_________________
La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 26 Oct 2005, 17:46 
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Extincteur des ténèbres
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0. …-en-point.
1 Dans la caverne.
Des jours et des jours de marche s’étaient écoulés pour les pionniers des voyages post-mortem. Ils avaient eut un accident, ils avaient eu des combats, ils avaient eu des révélations, ils avaient eu deux membres à  ajouter dans leur groupe, ils avaient eu de nouveaux alliés et de nouveaux ennemis, et ils avaient eu un nouvel endroit à  aller.
Sauf que cet endroit commençait à  taper sur les nerfs des plus endurcis.
« On est coincé ici pour l’éternité ! couina Haschatan.
-L’éternité n’en sera que plus longue, si tu continues à  te plaindre. »
Haschatan regarda Erwan avec de grands yeux emplis de larmes, puis, voyant que ça ne suffisait pas à  dérider son compagnon, reprit sa marche silencieusement en regardant ses pieds. Erwan Linvorge soupira, se décala pour se mettre à  coté de Squall.
« Combien de temps allons-nous marcher ainsi ?
-Aucune idée, Calisto. Vraiment aucune. »
Erwan ne releva pas l’erreur. Une voix dans son dos le fit sursauter.
« De toute façon, dit Mr.Magnum, il serait ridicule de faire demi-tour maintenant, tu ne penses pas ?
-Vu le chemin qu’on a parcouru, ajouta Fury, c’est sûr. »
Squall plissa les yeux mais n’aperçut toujours pas le bout du tunnel. Depuis leur départ du pays des Dames Blanches, ils n’avaient rencontré personne, et cette solitude, même à  six, devenait pesante.
« Lâche-moi !! »
Tout le monde se retourna vers Kefka, qui titubait sous les coups d’éperons de K-Ro. Elle lui était monté sur le dos et tentait de le faire avancer comme un canasson. Le pauvre demi-Dieu se débattait furieusement.
« Mais tu es lourde !
-J’en ai marre de marcher. Tu peux bien me porter, tout de même ! Tu ne ressens pas la fatigue, en tant que créature issue de mon imagination !
-Mais alors toi non plus tu ne la ressens pas ! répliqua Kefka en se secouant.
-J’ai pas dit que j’étais fatiguée, juste que j’en avais marre de marcher. »
Kefka regarda sa maîtresse vénérée, puis abandonna. Il la cala le plus confortablement possible sur ses épaules et se remit à  avancer. Les autres le regardèrent passer avec un petit sourire. Ce sourire signifiait autant leur amusement que leur solidarité avec cet éternel souffre-douleur.
« Et si ce couloir était infini ? proposa Erwan. S’il ne menait nulle part ?
-J’aime ton optimisme, railla Squall.
-A force de descendre, nous tomberons forcément sur quelque chose ! les rassura Mr.Magnum. Forcément.
-J’espère qu’ils auront du chocolat, en bas.
-Tu en as plein ton sac, K-Ro ! dit gentiment Erwan.
-C’est du chocolat virtuel, il a pas le même goût. »
Un bruit résonna derrière eux. Immédiatement, Squall se retourna, arme au poing, imité peu après par Fury, Erwan et Mr.Magnum. Ils scrutèrent les ténèbres au-delà  de la lumière des torches, mais n’entendirent rien d’autre que leurs propres respirations.
« On a dû rêver. »
Mr.Magnum resta en arrière pour éviter de se faire prendre par surprise, puis ils reprirent leur route. Le groupe passa sur un des nombreux paliers qui jalonnaient la route, mais préférèrent ne pas s’y attarder.
« Nous nous arrêterons au prochain, pour une pause.
-Tant mieux ! » approuva Kefka.
Un coup de feu retentit, puis un piaillement humide. Les Trauméniens se retournèrent à  nouveau, les nerfs à  vifs. Mr.Magnum abaissa son arme, alors que des frottements sirupeux leur parvenaient aux oreilles. Les ténèbres se firent plus oppressantes.
« C… C’était quoi, ce truc ? bafouilla Kefka.
-Je pense que c’était une sorte d’immense ver des sables géant, style Dune, que Magnum vient de repousser en l’attaquant judicieusement en tirant entre ses centaines de dents effilés, perforant la gencive. Mais je ne pense pas qu’il l’ait tué. »
Ils regardèrent K-Ro, perplexes.
« Oh, mais ne soyez pas jaloux ! Il va bien revenir, et vous aussi vous le verrez ! »
Comme pour confirmer les paroles de K-Ro, un glougloutement de mauvais augure retentit dans la caverne, suivit d’un vagissement affamé. Sans plus réfléchir, ils se mirent à  dévaler la pente de la caverne. Squall jubilait.
« Enfin de l’action ! »
Un immense bruit d’avalanche s’enclencha à  leur suite, signe que le ver géant avait décidé d’entamer son casse-croûte. La scène rappela à  Mr.Magnum un des derniers chapitres du cycle de la Tour Sombre, de Stephen King : Les deux héros étaient poursuivit par une créature abominable dans des tunnels souterrain. Il espéra en réchapper, comme eux.
Des balles fusèrent près de lui, et il vit Squall faire feu sur le ver qui ondulait, de plus en plus proche. Comme l’avait dit K-Ro, ses dents étaient nombreuses et effilées. Un système compliqué de rotation permettait à  ce qu’il ingurgitait d’être suffisamment lacéré, écorché, réduit en purée pour qu’il ne risque pas de s’étrangler.
Il aurait tout de même pu éviter de nous lancer ça, merde ! songea Mr.Magnum en vidant à  son tour son chargeur dans les gencives du monstre. Ce dernier rugit et du sang gicla de partout. Mais il poursuivait sa chasse.
Des images revinrent à  l’esprit de Squall, en tête de la troupe : Ils avaient parfois dû passer des orifices géants qu’ils avaient rencontrés durant leur long périple. Parfois, ils avaient eu la place de passer sur le coté du trou, parfois l'ouverture était pratiquée dans le mur, ou au plafond. Et ils avaient toujours préféré suivre le chemin principal plutôt que de s’aventurer dans une de ces ouvertures.
Il était soudainement content de cette décision. Il remarqua Kefka qui peinait et qui perdait du terrain, à  coté de lui.
« K-Ro ! Tu ne voudrais pas courir un peu, non ?
-Ouais, pas une… pfuu… mauvaise idée… pfuu…
-Non ! répondit-elle en croquant un morceau de chocolat.
-Mais K-Ro… commença Squall.
-Oh, c’est bon, d’accord! »
Elle sauta à  terre et se mit à  courir également, mais Squall remarqua que ses jambes ne remuaient pas. Il hausa un sourcil. K-Ro termina sa tablette et le regarda, tout sourire.
« Les contrats n’ont pas de bouche pour protester. » dit-elle sentencieusement. En dessous de sa semelle gauche, une pancarte « Au secours ! » apparu furtivement. Squall préféra détourner les yeux, et étouffa un rire.
C’est à  cet instant qu’il entraperçut de la lumière, devant lui.
« Terre ! Terre ! brailla Haschatan à  ses cotés, qui l’avait vu en même temps.
-Je dirais plutôt : Lumière, lumière, dit Squall.
-Et moi, j’ai plutôt envie de dire : Ver ! Ver !! »
Mr.Magnum, toujours entrain de tirer sur l’immense monstruosité qui avançait toujours plus vite, eut un instant de flottement : il venait de trébucher sur une pierre un peu plus grosse que les autres, et était maintenant en vol. Il regarda le ver qui roulait des dents, puis son champ de vision bascula, comme au ralenti, sur Erwan, de dos, qui courait au plafond.
Mais c’était lui qui avait la tête en bas. Il ouvrit la bouche pour leur crier de aire attention à  lui, qu’il allait leur tomber dessus, mais il n’en eut pas le temps. Erwan se sentit propulsé en avant par une masse indéterminée, et il cru un instant que le Ver l’avait rattrapé. Ensuite, ce fut Kefka qui fut envoyé au tapis, roulant sur lui-même comme les autres, et donc continuant d’échapper aux dents de la terre.
Squall s’arrêta sur le promontoire, ainsi que K-Ro et Haschatan, et regarda l’immense salle qui se déployait à  ses pieds. Une lumière bleutée était diffusée par d’immenses projecteurs, et le grand bâtiment du centre lui semblait familier. Il leur semblait à  tous familier. Squall resta sans voix en comprenant ce qui se dressait devant lui, des dizaines de mètres en contrebas.
« Oh, merde, nous voilà  devant la … »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Mr.Magnum le percuta, laissant Kefka à  K-Ro et Erwan à  Haschatan. Les six Trauméniens chutèrent en hurlant, en ayant au moins un problème de résolu : ils n’avaient plus à  se creuser la tête pour descendre. Le ver émergea à  son tour, puis tata le vide, à  tout hasard, et rentra sa tête dans l’orifice. Il y avait d’autres tunnels, et avec un peu de chance, il retrouverait une proie plus facile.

2 Dans la hutte.
La pénombre régnait toujours en maître, et seuls quelques échos étouffés lui parvenaient de sa cachette. Elle sourit à  sa pensée.
« Cachette, marmonna Youfie. C’est plutôt ma prison, oui. »
Elle avait crié, au début, mais elle s’était fait assommer en contrepartie.
Elle s’était débattue, mais on la battait en guise de réponse.
Elle avait alors cessé de s’opposer et avait accepté la nourriture sans cracher à  la figure de ses ravisseurs (des gifles en contrepartie), elle avait arrêter de leur demander de sorties pour des besoins et au final de rien faire (des coups de bâton dans les mollets) et elle ne s’était plus enfuie (des heures plongée dans de l’eau en compagnies de créatures plus ou moins orthodoxes, et plus ou moins venimeuses.).
Depuis qu’elle s’était assagie, sa mort était devenue plus vivable.
Mais elle ne s’était pas résignée, et ce soir, après des jours et des jours d’attente, elle retentera sa chance. Le village d’homme dans lequel elle était séquestrée fonctionnait selon un système de rondes, toutes les trois heures. Youfie ignorait le laps de temps exact entre chaque changement, mais elle avait comprit qu’il était régulier, et elle avait apprit à  deviner à  quel moment la sécurité était moindre.
Elle se redressa, sous l’œil amorphe de son garde qui ne leva même pas les yeux. Il était manifestement en train de confectionner une arme en pierre taillée, pour se défendre. Elle ne se posa même pas la question de se défendre de quoi : l’homme était occupé, c’était l’essentiel. Elle plia le poignet et tira d’un coup sec sur la corde tressée qui maintenait ses bras dans son dos. Elle céda.
L’évasion avait été mûrement préméditée : Prétextant une fausse manÅ“uvre, elle avait brisé une assiette et récupéré un éclat pour cisailler la corde. Elle avait également fabriquée un coutelas avec un autre de ces éclats associé avec un morceau de bois déniché pendant un de ses excursions dans la forêt alentour. Elle ne voulait pas s’en servir, mais au cas où elle n’aurait pas le choix, il serait présent. Et prêt.
La lueur du feu de camp entra dans la hutte quand la relève du garde releva le rideau qui faisait office de porte. Ce rideau arrangeait Youfie : pas de porte, pas de serrure, pas de clef. Elle sourit, puis s’élança. Un pas de coté, puis un autre, et son pied se retrouva dans la gamelle, qu’elle envoya dans la tête du premier garde avec aisance. La gamelle se brisa en deux sous l’impact, comme le nez et la conscience de l’homme, qui s’effondra.
Deux autres pas, de l’autre côté.
La relève n’avait pas eu le temps de bouger, ni de tirer sa dague, que Youfie était déjà  sur lui. Elle lui passa les bras autour du cou, comme pour accolade, et en fit prestement le tour. Puis elle serra ses liens défaits à  la gorge du pauvre homme, qui tomba à  genoux. Ses mains battirent l’air, comme pour y rechercher un air inexistant, puis se portèrent à  sa gorge. D’immondes gargouillements parvinrent aux oreilles de Youfie.
Non, je ne veux pas tuer.
Elle relâcha les liens, et l’homme inspira un grand coup. Il retrouva rapidement son souffle, et ses esprits, et se retourna, au moment même où une jarre s’abattait sur le haut de son crâne, le réduisant de nouveau à  l’impuissance. Il s’écroula sur son comparse.
« Bonne nuit les petits. » murmura Youfie, contente d’elle-même.
Elle sortit de la hutte à  pas feutrés, puis en fit le tour. Les habitants de ce village n’osaient pas s’aventurer trop loin dans la forêt. Ils craignaient certainement les superstitions que d’autres leur avaient inculqués. Elle repensa à  Lord FireFly. Oui, c’était bien lui que j’avais vu juste avant de passer de l’autre côté. Il m’avait sourit dans le rétroviseur, et là  j’avais eu mon accident. Je ne risquais pas de retrouver Squall et les autres, s’il m’a emmené dans un autre au-delà . Elle soupira.
Grâce aux marques qu’elle avait laissée lors d’une de ses trop courtes escapades, elle retrouva facilement l’orifice qui plongeait dans la terre. Sans savoir exactement pourquoi, Youfie avait le pressentiment que la suite de son parcours devait passer par ces tunnels peu rassurant. Un rugissement bestial résonna dans son dos, et elle perçut également des vociférations des hommes dont elle avait faussé compagnie.
Elle sauta dans le trou béant.
Sa marche à  pied ne dura pas aussi longtemps que celle de Squall et ses compagnons, tout au plus trois jours. Mais l’état d’esprit de Youfie était tel qu’elle se retrouva dans le même abattement qu’eux après ces quelques dizaines d’heures de marche. Elle avait viré, tourné, s’était perdue dans le labyrinthe de grottes qui s’enchevêtrait. Sans le savoir, elle était passée de nombreuse fois au même endroit. Elle était même tombée dans une des cavités creusées dans le sol.
« Peut-être que je n’aurais pas dû me fier à  mon intuition, justement ? » se dit-elle pour la cent vingt-troisième fois alors qu’elle dépassait une motte de terre qui lui en rappelait fortement une autre des heures auparavant.
« Déjà  que je suis partit sur un coup de tête pour aller chercher Squall et les autres, sur une intuition, justement. La seule bonne nouvelle, c’est que personne ne m’a volé les pilules qui nous permettrons de revenir à  la vie. Mais maintenant je suis coincée dans ce labyrinthe, sans savoir où je vais ni s’il existe une sortie ! J’en ai maaaarre !!! »
Son hurlement se répercuta en échos sur les parois de la caverne, et un beuglement sourd lui répondit. Youfie s’immobilisa, scrutant les ténèbres. Elle n’avait pas de torche, et n’y voyait pas grand-chose. Elle se retourna en poussant un petit cri, certaine qu’une créature immonde était derrière elle. Elle ne vit rien. Au loin retentit un nouveau beuglement.
« Merde, manquait plus que ça. »
Elle hésita entre se mettre à  courir dans tous les sens en criant, et s’asseoir à  même le seul pour pleurer. Mais lorsqu’elle entendit un nouveau vagissement, plus proche que les autres, sa décision fut prise : courir serait l’option la plus salvatrice. Elle se mit donc à  parcourir le terrain accidenté, n’y voyant rien, mais en évitant de crier pour attirer les choses qui peuplaient cet endroit.
Au détour d’un tunnel, elle se cogna contre un amas humide et tiède, et tomba sur les fesses. Elle se releva en se frottant le nez et en râlant, inconsciente qu’elle se trouvait devant la queue d’un ver géant dont la tête était à  sa poursuite, derrière elle. Elle posa sa main sur la surface, à  la recherche d’une faille pour passer.
« Beuark… Dégueulasse… C’est mou, c’est chaud et c’est poisseux. J’ai l’impression de tripoter une bestiole qui… » Elle s’interrompit. Son esprit venait de faire le lien : Parois humides/créatures/rugissements/elle-pour-le-dîner. Elle recula et repassa le coin du tunnel, tremblante de peur, et elle sentit un souffle chaud dans son cou.
La tête était là .
Elle vit les dents tournoyer sur elles-mêmes, elle vit le fond de la gorge battre furieusement, comme incapable d’attendre que son corps soir déchiqueté, elle vit les gencives suintantes de bave et de divers liquides nauséabonds. Elle vit sa mort prochaine, son autre mort. Pas un instant elle ne songea à  prendre une pilule, hypnotisée par cette bouche/mixer géante qui n’avait d’yeux (ou de dents) que pour elle.
La suite de déroula extrêmement rapidement. Un éclair, aveuglant dans cette obscurité, déchira la bouche du ver, réduisant une bonne moitié de ses dents et de ses gencives en une bouillie rosâtre d’où s’échappait d’immenses filets de sang noir. La créature émit un mugissement de protestation et de douleur, et cogna son immense tête sur le plafond de la grotte. Youfie restait immobile, à  recevoir des éclats de pierre sur elle.
Un autre éclair, accompagné d’un cri humain, perfora à  nouveau la chose, qui recula. Elle perdait énormément de sang, et laissait un véritable ruisseau de fluide poisseux et sombre sur le sol. Le ver grogna, ce qui ressemblait plus encore à  un gargouillis écoeurant, puis s’élança à  nouveau sur Youfie, affamé. Il avait déjà  raté des proies faciles quelques jours auparavant, il n’allait pas laissée celle-ci s’échapper.
« Tant pis pour toi ! » cria la voix humaine, et un troisième éclair immaculé trancha l’extrémité du ver, qui s’écrasa dans ses propres flaques de sang, éclaboussant Youfie, avant de s’arrêter à  ses pieds justement. Youfie, les joues baignées de larmes de peur, tremblante de la tête aux pieds, baissa les yeux sur la tête de la créature, dont les dents tournaient encore. L’épais sang lui dégoulinait sur les pieds. La puanteur de l’agonie de cette bête parvint à  ses narines, et elle ne put retenir sa nausée.
Qu’est-ce qu’un mort peut vomir, alors qu’il est mort ? se dit-elle alors que son estomac faisait des saltos, et que son ventre était secoué de spasmes. Elle tomba à  genoux, hoquetant, et une main se posa sur son épaule. Elle reconnu son contact, malgré son Å“sophage en feu et son esprit congestionné de souffrance.
Lord FireFly.
« On va dire que j’arrive à  temps, hein ? dit-il. Si je ne t’avais pas retrouvé dans ce dédale de caverne, ce gros machin se serait fait un plaisir de te bouffer. »
Youfie trouva la force de se dégager de son étreinte, et se releva pour se mettre face à  lui, chancelante mais déterminée. Elle essuya ses lèvres du revers de sa manche.
« Qu’est-ce que tu es sexy, même quand tu gerbes, lâcha Lord FireFly.
-Très romantique. Qu’est-ce que tu fais là  ? »
Sa voix était chargée de menace, mais elle ne tremblait pas. Youfie se demanda même comment elle arrivait à  parler alors que tout son corps protestait contre la puanteur et la fatigue. Un goût horrible persistait dans sa bouche, et elle cracha.
« Ce que je fais là  ? répéta Lord FireFly. Mais ça ne se voit pas, peut-être ? Je te sauve la vie, petite idiote ! Au lieu de rester bien sagement chez le peuple d’hommes, là -haut, il a fallu que tu te barres. Je n’ose penser à  Sa réaction si je Lui avais raconté que je t’avais perdu.
-Je dois retrouver Squall et les autres, répondit-elle fermement.
-Oh, mais ne t’inquiète pas pour ça. Justement, j’allais t’y emmener. »
Lord FireFly leva une main, et Youfie eut le malheur de la suivre des yeux. Sa concentration flancha rien qu’une seconde, ce qui permit à  Lord FireFly de foncer sur elle et de lui enfoncer son poing dans le ventre.
« Désolé, chérie, mais après ce qu’il s’est passé chez DragonNoir, je ne prends plus de risques. Bonne nuit, amour ! »

3 Dans un enfer.
Le démon jaugea son adversaire, puis pouffa. Dans l’arène, le public de démons criait, hurlait, vociférait, leva des bras, des jambes, des queues, des cornes et d’autres appendices en direction du combat qui se déroulait – ou pour le moment qui ne se déroulait pas – en contrebas. Les occasions de se distraire dans cet enfer n’étaient pas légions.
Assit sur un trône surplombant les tribunes et le spectacle, un démon majeur scrutait avec impatience les deux gladiateurs qui s’opposaient à  ses pieds. Il avait sonné le début de l’affrontement de longues minutes auparavant, mais aucun des deux ne semblait vouloir lancer la première attaque. Bientôt, songea le démon majeur, le public ne sera plus en train de crier d’excitation, mais de colère. Il se frotta une de ses cornes velues.
Sur le sable chaud – mais ici, tout était chaud – au milieu de l’arène, l’immense démon continuait de scruter son adversaire. Son nom était Malckiar, et il restait depuis des années, des siècles même, invaincu. Le seul problème se trouvait en face de lui, car son ennemie restait elle aussi invaincue depuis son arrivée dans les limbes quelques semaines auparavant.
Le démon fouetta l’air de ses deux queues, sous une nouvelle série d’ovation d’un public déchaîné.
« Tu ne préfères pas abandonner tout de suite ? dit-il. Tu risques de ne pas t’en tirer indemne, tu sais. »
Le jeune femme en face de lui, une humaine, modifia ses traits et lui accorda un sourire. Malckiar recula, à  la fois subjugué par ce sourire et effrayé par l’assurance qui émanait de cette humaine dressée face à  lui. Elle ajusta une mèche de ses longs cheveux et, toujours en souriant, déploya ses ailes.
« Sourire numéro quarante-trois : Ne-me-sous-estime-pas. »
Hilde s’élança d’un coup d’aile et fondit entre les jambes de son ennemi. Acclamations du public. Elle attrapa une des queues de Malckiar et se redressa rapidement. El quelques instants, elle virevolta autours de la tête du démon, l’immobilisant avec son propre appendice, puis lâcha le tout avant de se reposer gracieusement devant lui. Malckiar ne pouvait plus bouger, ligoté par sa queue.
Elle se tint face à  lui, puis se détourna. Le démon tomba au sol, vaincu. La foule poussa un hurlement collectif de satisfaction, faisant trembler les fondations de l’arène. Une partie des gradins s’effondrèrent, et les applaudissements redoublèrent. Hilde leva les yeux sur le démon majeur, qui applaudissait plus pudiquement que les autres. Elle hésita.
Était-ce le moment ?
« Pour ce que j’ai à  perdre… » dit-elle d’une voix rauque. Elle déploya à  nouveau ses ailes et s’envola vers le démon. En deux brassées d’air, elle fut à  son niveau, et il la dévisagea avec tout l’intérêt d’un enfant face à  un merveilleux jouet. Hilde le détailla : il était de taille humaine, deux cornes sur le haut du crâne, une longue queue, un teint rougeâtre comme la plupart des démons qu’elle avait vu/rencontré/combattu depuis son arrivée. Mais son statut devait être plus élevé que les autres, vu sa place haut perchée.
« Vous avez bien combattu, à  nouveau, dit-il avec un accent d’admiration dans la voix. Vous m’impressionnez de bataille en bataille.
-On ne peut pas dire que ça soit réciproque, répliqua-t-elle, cassante.
-Qu’il est regrettable que vous meniez votre dernier combat sous peu. »
Hilde resta interdite. Elle aurait voulu articuler un Comment ça mon dernier combat ? mais elle ne put que continuer à  fixer le démon majeur d’un regard interrogateur. Celui-ci parut presque gêné en lui répondant :
« J’ai reçu des ordres. Des ordre d’en haut. Oh, pas de tout en haut non plus, mais de mon… » Il hésita sur le terme à  employer. Hilde trouva soudainement cette conversation surréaliste. « …de mon supérieur, conclu-t-il. C’est le problème, avec l’autorité : dès qu’on commence à  s’amuser, ou à  trouver un occupation intéressante, elle vous l’occulte. »
Le démon se mit à  rire, dévoilant deux rangées d’incisives jaunies.
« Occulte, ha ! gloussa-t-il. En tout cas, vous me manquerez. »
Il claqua des doigts, et un immense filet s’étendit au-dessus de Hilde, qui n’eut pas le temps de s’échapper. Elle tomba lourdement sur le sol, incapable de s’enfuir. Trois démons horriblement laids achevèrent de refermer la nasse et se tinrent prêt. Mais ce n’est pas un autre démon qui apparu pour emmener Hilde.
« Radamenthe ! s’écria-t-elle. Comment tu as fait pour venir me sauver ?
-J’ai des amis… » dit-il simplement. Puis il jeta un regard complice au grand démon qui se grattait distraitement une corne velue, et ajouta : « …des amis haut placés. »
Hilde comprit alors de nombreuses choses, lors de ce regard, et se jura qu’elle se vengerait elle-même de tout ce qu’avait fait Radamenthe. Alors qu’elle se retrouvait portée par les trois horribles démons, à  suivre le Trauménien renégat, elle afficha le sourire « Tu-me-le-payeras », mais personne ne le vit.

4 Dans un groupe.
Paolo Carne bouscula les personnes qui se trouvaient devant lui et qui se pressaient inexorablement vers la lumière. Mais personne ne haussait jamais le ton, lorsqu’il écrasait les orteils et poussait les corps. La fille était immense. Paolo se retourna vers son petit groupe d’explorateurs, comme ils s’étaient baptisés, et leur fit signe d’avancer.
Dan Sofres émergea le premier de la fille, suivit de Séphira Strife. Ce fut ensuite le tour de Hideo Nataka, le chauffeur de bus asiatique, le représentant/philosophe Clyde Barrow, la jeune suédoise muette surnommée Isabelle accompagnée de sa nouvelle nourrice qui répondait au doux nom de Yvonne Soignies. Les six autres rejoignirent l’ancien acteur italien, qui bougonnait, comme à  son habitude.
« Il y a des vigiles.
-Comment ça, des vigiles ? s’étonna Sofres.
-Des mecs qui trient ceux qui rentrent et ceux qui ne rentrent pas dans les boîtes de nuit. » expliqua Yvonne. Dan lui lança un regard moqueur.
« Je sais encore ce qu’est un vigile. Ce qui m’étonne c’est : Qu’est-ce qu’ils font là . »
Personne n’avait d’explication plausible.
La lumière orangée provenait d’une porte qui semblait ouverte sur du vide. Au-delà  de cette entrée, le désert du décor qui s’étendait autour d’eux se prolongeait, indéfiniment. Pourtant, en regardant par cet accès, on devinait un autre horizon.
Un autre monde, se dit Séphira Strife. Un autre au-delà .
« Vous avez dit quelque chose ? demanda Barrow, le vieux représentant, en s’approchant d’elle.
-Non. » Ils avancèrent dans la foule, se frayant un passage parmi les centaines de personnes qui continuaient d’affluer de toute part. Néanmoins, et Sofres l’avait remarqué, ils ne semblaient pas de plus en plus nombreux : personne n’avait débarqué de nulle part depuis l’arrivée de Séphira Strife.
« Je crois que j’ai compris, dit-elle. Vous tous avez été tué par la folle avec son arc, dans le Wyrd, voilà  ce qu’il s’est passé. Elle a tiré au hasard, et le hasard, c’était vous tous. »
Les six autres la regardèrent, interloqués. Ils ne semblaient pas convaincus, mais l’explication – pour ceux qui connaissaient un peu la mythologie nordique – en valait une autre. Hideo Nataka s’avança.
« Serions-nous en enfer, alors ?
-Une sorte de purgatoire, corrigea Dan Sofres.
-Drôle de Saint Pierre alors. » marmonna Carne en regardant les deux immenses sentinelles qui gardaient la porte. Il se demanda même à  quoi ils servaient exactement, car tous ceux qui se présentaient à  eux passaient la porte, sans distinctions. Il s’apprêtait à  poser la question lorsque Séphira Strife passa à  coté de lui, d’un pas assuré.
« Qu’est-ce vous faites ? demanda dan en lui courant après.
-Je ne compte pas rester ainsi les bras ballant. Si vous ne vous décidez pas à  y aller, je le fais à  votre place. »
Le groupe chemina donc vers les deux gardes, qui se trouvaient être en fin de compte deux immense statues de bronze. Néanmoins, les regards que jetaient ces deux statues semblaient plus vivants que leurs corps rigides. Isabelle fourra sa tête dans la jupe d’Yvonne et celle-ci la prit dans ses bras pour la rassurer.
Lorsqu’ils atteignirent, en doublant la majorité des autres personnes qui faisaient la queue, la source de la lumière orangée, ils découvrirent avec stupéfaction une seconde porte, close celle-ci, près de l’autre. Le groupe se présenta devant les deux statues, et celles-ci se mirent à  bouger.
Et à  parler.
« VOUS VOILÀ ENFIN. » grondèrent-ils en même temps. Leurs deux voix mêlées se propagèrent aux alentours et la foule recula indiciblement. Les deux géants de bronze regardaient Séphira Strife avec intérêt.
« VOUS IREZ DE CE Cà”TÉ. VOUS ÊTES ATTENDUE. »
Ils montrèrent avec une synchronisation parfaite l’autre porte, fermée, qui elle aussi semblait s’ouvrir sur du vide. Séphira Strife prit la main de Dan Sofres et celle de Clyde Barrow, et déclara qu’elle n’irait nulle part sans ses compagnons de route.
« CE N’ÉTAIT PAS UNE QUESTION MAIS UN ORDRE, JEUNE HUMAINE. ET VOUS N’AVEZ PAS LE CHOIX.
-Laissez tomber, lui dit Dan à  l’oreille. Après tout, nous ne savons pas laquelle de ces deux portes est la pire à  passer.
-Et qui te dit que j’ai envie de venir avec toi ? râla Paolo Carne.
-J’ai un mauvais pressentiment, voilà  tout. »
Et plus elle regardait par l’orifice orangé et le monde sur lequel il s’ouvrit, plus ce pressentiment lui tiraillait le ventre. Elle n’imaginait que souffrances et châtiments au-delà  de ce passage, alors que, si son raisonnement se tenait, les deux statues ne l’avaient pas attendue elle pour la réduire en charpie une fois la porte passée. Elle serra les mains de ses compagnons, avec une pensée pour Halvorc et Soulblighter.
Et, bien sûr, pour DragonNoir.
Les deux statues firent un geste vague vers la seconde porte, et celle-ci s’ouvrit lentement. Une lumière bien plus douce et bien plus engageante que la lueur orangée déferla sur les visages ébahis des sept aventuriers. Une lumière bleutée, émanant de l’autre monde derrière cette porte, émanant d’un bâtiment immense qui se dressait.
Séphira Strife se baissa, émerveillée, puis ne put réfréner un frisson d’horreur en découvrant la nature exacte de la tour, qu’elle reconnu immédiatement.
« Impossible… » dit-elle dans un souffle, avant d’entendre quelque chose s’abattre derrière elle. La main d’un des colosses la séparait de ses nouveaux amis. Elle avait lâché leurs mains, fascinée par la lumière bleutée. C’était une erreur. Elle tenta de faire le tour de l’immense main, mais le géant de bronze l’en empêcha.
Elle entendit la voix de Sofres.
« Nous nous retrouverons ! Ne vous en faite pas ! »
Puis celle, horrifiée, d’Yvonne Soignies.
« Isabelle !! »
Un autre bruit de main qui s’abat succéda à  ce cri, et Séphira se mordit la lèvre. Elle ne pouvait rien voir, à  cause de cette main qui lui interdisait tout mouvement. De nouveaux cris lui parvinrent, ceux de Carne, et de Nataka. Et d’autres claquements de mains sur le sol, des chocs sourds. Encore des cris.
Le cÅ“ur de Séphira battait à  sent à  l’heure. Elle ne savait plus quoi faire. Elle hésitait entre sauver ses amis, ou aller à  la rencontre de son destin dans la jungle bleutée derrière la porte. Un mouvement à  sa droite lui fit tourner la tête.
« Partez avec elle, nous nous débrouillerons ! »
Isabelle sauta dans ses bras et Séphira Strife leva les yeux sur le géant de bronze qui la regardait à  nouveau. Elle décela des étincelles de meurtres dans ces yeux métalliques, et partit en courant par la porte, la petite fille dans les bras.

5 Dans la bretagne.
La voiture se gara dans une petite rue en côte, et Serge Thourn en descendit. Il s’ébroua. C’est plus de mon âge de faire tant de route d’un coup, sans s’arrêter. Il attrapa une bouteille d’eau et en but deux longues rasades en regardant la boutique. Il s’assit à  la place conducteur, les jambes en dehors du véhicule, et ressortit la carte qu’il avait dérobée au cimetière.
« À ma très chère Séphy-Roshou, nous te retrouverons. » lit-il à  voix haute. L’adresse au dos de la carte correspondait bien à  ce fleuriste qu’il avait devant les yeux. Il rangea le bout de papier et resta un instant à  examiner les lieux.
Rien de bien particulier, une boutique semblable à  toutes les boutiques de fleurs qu’il avait visité durant sa vie : Des fleurs, des fleurs et encore des fleurs. La caissière était jolie. Serge se demanda si c’était elle qui avait envoyé ces fleurs sur cette tombe, où si elle était venue elle-même les déposer. Il secoua la tête.
« C’est tout de même débile d’avoir acheté des fleurs à  quatre cents bornes de l’endroit où on veut les déposer. Si je devais me ramener avec un bouquet, je les aurais acheté sur place, coupon fidélité ou non. »
Il s’apprêtait à  entrer dans le magasin quand son téléphone portable sonna. Grommelant, il décrocha avec un Allô brutal.
« Commissaire ? dit la voix de Sylvain Detroit. Commissaire, c’est vous ?
-Non, c’est le Père Noël ! rétorqua Thourn avec irritation. Évidemment que c’est moi, tu m’appelles sur mon portable, triple idiot !
-Désolé. J’ai des mauvaises nouvelles, commissaire. »
Pour changer, songea Serge.
« Qu’est-ce qui se passe ? Le commissariat est en feu ? Ta copine t’a plaqué ? Tu t’es découvert des tendances zoophiles ? » Puis, devant le silence incrédule de son assistant, ce qui l’agaçait encore plus que ses paroles, il ajouta : « Alors, qu’est-ce qu’il y a ?!
-Les corps des adolescents ne sont plus à  la morgue.
-Comment ça, ils ne sont plus là  ?
-Et bien, ils ont disparus, euh…
-Detroit, ils ne sont tout de même pas sortit, se sont tous recousu mutuellement pour aller se faire un ciné, hein ?
-Non, bien sûr ! répondit Sylvain Detroit. On pense que ça serait un kidnapping.
-Pardon ? »
La patience du commissaire commençait à  s’émousser. Il inspira longuement, puis reprit d’une voix calme.
« Est-ce que tu peux me répéter lentement ce que tu viens de me dire ?
-Il s’agirait d’un kidnapping. Les corps ont été dérobés à  la morgue, et un des assistants engagés récemment reste introuvable. Ça doit être un des complices des ravisseurs.
-Bon, mets-moi ça de coté, je verrais ce que je peux en faire, je suis sur autre chose, là .
-Commissaire ? »
Serge Thourn ferma les yeux et retira son doigt du bouton pour raccrocher.
« Oui ? dit-il en serrant les dents.
-Est-ce que vous reviendrez bientôt au commissariat ? J’ai peur de devoir rendre des comptes à  votre supérieur, si jamais votre absence devait se prolonger. »
Serge raccrocha. Puis il éteignit son portable et le fourra dans sa poche, avant d’ouvrir la porte de la fleuriste et faire tinter la sonnette d’entrée.

6 Dans la jungle, terrible jungle.
Les écrans de contrôle diffusaient diverses images devant Lui. Cet étage avait été aménagé après l’éviction du Patron, et il Lui servait dorénavant telle une immense salle regorgeant de panoramas sur le monde. Sur les mondes, même.
L’un des écrans montrait un monde noyé sous une peste mondiale, décimé de la majeure partie des humains.
Un autre avait une vue sur les cavernes remplies de Ver géants, où Il venait d’apercevoir Lord FireFly sauver Youfie d’une seconde mort atroce.
Un des moniteurs était centré sur un village perdu, embrumé, peuplé de créatures aussi incongrues qu’effrayantes, dans lequel s’échouaient de temps à  autre des voyageurs égarés au passé complexe.
Le dernier, parmi les dizaines d’autres allumés, était placé en plein cÅ“ur d’une jungle profonde. C’était celui-ci qu’Il regardait avec autant d’attention. Il actionna une manette et la caméra, à  des lieux de là , bougea. L’angle de vue changea, se tourna et le champ de vision s’élargit, délaissant les profondeurs de la jungle pour les cimes des arbres.
Et une tour.
Une immense tour qui baignait dans une lumière bleutée.
Il la contempla longuement, béatement, presque subjugué par ce monument qu’Il avait reconstruit dans cet endroit, dans cette jungle. Mistrophera se mit à  fredonner.
« Dans la jungle, terrible jungle, Traumen est mort ce soir… »
Et Il Se laissa choir dans son fauteuil et Se mit à  rire.
À n’en plus pouvoir.

7 Dans la mort.
Une goutte de sueur atterrit sur le tapis, près d’une myriade de ses congénères. Mais les autres étaient faites de sang. Gorgon_Roo, le teint pâle, les yeux cernés, haletait bruyamment pendant que DarKenshin lui faisait un garrot improvisé en haut de la cuisse.
« Ça fait un mal de chien ! grogna-t-il les dents serrées.
-Désolé. » répondit la jeune femme en tirant de toutes ses forces sur le morceau d’étoffe, régulant un minimum l’afflux sanguin dans la jambe du malheureux. Arkh et Q-Po étaient revenu bredouilles de leur poursuite avec Mistrophera, et étaient au chevet d’Hitomi avec DragonNoir. La jeune femme avait demandé expressément à  leur parler, à  eux trois.
« Comment tout ça a-t-il pu se passer si vite ? » dit TheMaker, la main bandée. Les brûlures infligées par Radamenthe n’étaient que superficielles, et il s’en tirait avec quelques jours de bandages gras, tout au plus. Il se pencha sur la blessure à  la jambe de Gorgon_Roo.
« Il faut l’emmener à  l’hôpital.
-On n’a pas le choix, répondit DarKenshin.
-On n’a plus le choix. » rectifia TheMaker. Il revit en images Mistrophera qui arrivait, la débandade, les blessures, Hitomi à  terre, les pleurs. La douleur. Ses yeux se posèrent sur le tapis maculé de sang, le sang d’une jeune fille qu’il avait cru connaître, jusquâ€™à  tout à  l’heure. Puis il regarda vers la chambre de DragonNoir où se tenait un conciliabule extraordinaire.
« On a plus le choix. »

Dans la pénombre de la chambre, personne n’osait parler. Un sifflement maladif provenait du lit autour duquel trois silhouettes se tenaient agenouillés, comme en train de prier. De temps à  autre, un horrible borborygme sortait de la poitrine de la jeune femme alitée, puis elle se mettait à  tousser. À cracher de petits caillots de sang.
Ensuite, la respiration poussive, sifflante, reprenait cours.
« On devrait l’emmener à  l’hôpital, dit Q-Po. Elle a peut-être encore une chance de…
-Avec ce trou au milieu de la poitrine ? » rétorqua DragonNoir, plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu en relevant le draps baigné de sang. Le petit corps d’Hitomi se levait au rythme de sa respiration, de plus en plus faible. Une odeur de mort régnait dans la pièce.
Le silence reprit sa place.
« J’aurais dû le voir venir, j’aurais dû le sentir… Tout ça n’aurait pas dû arriver.
-Ça n’est… pas ta faute, DragonNoir… » Hitomi se mit à  tousser, une toux qu’ils entendaient jaillir de sa bouche et du trou béant qui déchirait son torse. La toux se calma, et Arkh essuya religieusement un mince filet de sang qui coulait de sa narine.
« Ne parle pas, Hitomi, nous allons t’emmener à  l’hôpital et ils vont te soigner. Tu vas t’en sortir. » Mais même ses paroles semblaient plus faite pour le convaincre lui-même que pour la rassurer, et Q-Po n’ajouta plus rien.
« Impossible, articula-t-elle faiblement. C’est… C’est trop tard…
-Il n’est jamais trop ta… »
Chut !
Les trois Trauméniens, au pied du lit, ouvrirent des yeux grands comme des soucoupes. Avaient-ils entendus ce qu’ils avaient entendus ? La voix d’Hitomi résonna à  nouveau dans leurs esprits, faible mais plus vivace que celle entrecoupée de toux.
La mort n’est pas une fin en soi. Et vous, vous êtes en vie, et vous avec maintenant une charge de plus sur vos épaules…
« Hitomi, nous ne… »
Tais-toi, DragonNoir. Laisse-moi parler, je n’en ai plus pour longtemps, même avec mes compétences hors normes. Et il reste tant à  vous dire.
Et Hitomi se mit à  leur raconter l’histoire d’un adolescent mal dans sa peau, un adolescent victime de mauvaises blagues, d’énormément de mauvaises blagues. Un adolescent qui avait trouvé un moyen de se venger des autres, d’une manière peu commune. Un adolescent qu’elle avait côtoyée, à  qui elle avait parlé, avec qui elle avait ri et pleuré. Un adolescent qui s’était fait prendre à  un jeu dont les envergures le dépassaient.
Elle leur expliqua ses relations avec Lui, la trahison de Sa confiance, un soir, dans un parc, et les conséquences qui en avaient découlés. Encore maintenant, dit-elle en pensées. Ce qui s’est passé aujourd’hui n’est peut-être qu’un ultime reflet de mon inconscience de l’époque, et ce trou dans mon abdomen n’est qu’une justice à  ses yeux.
« Qu’est-ce que tu attends de nous ? » lâcha finalement Arkh.
Les respirations d’Hitomi étaient de plus en plus espacées, et du sang s’écoulait maintenant continuellement de son nez et de la commissure de ses lèvres. Malgré cela, la voix astrale d’Hitomi se fit plus forte que jamais, dans leurs esprits.
Vous avez ce qu’Il recherche, à  savoir des capacités latentes. Les vôtres sont encore dissimulés par ce que vous croyez être la vérité, et il y a maint et maint moyens pour vous d’acquérir ces pouvoirs. Il vous faut…
Une quinte de toux l’interrompit, et DragonNoir cru un instant qu’elle ne s’arrêterait jamais. Au bout de longues minutes insoutenables, où la souffrance d’Hitomi ne faisait qu’empirer, son corps imbibé de sang coagulé cessa ses soubresauts et devint immobile. Plus de respiration. Arkh, Q-Po et DragonNoir restèrent, interdits, à  contempler la mort, mais Hitomi n’avait pas interrompu son combat contre sa plus farouche ennemie.
« Il vous faut développer vos aptitudes à  dominer ces facultés, dit-elle d’une voix étonnamment claire. Ainsi, vous aurez une chance… »
La respiration saccadée d’Hitomi reprit à  nouveau son mouvement chaotique et les jeunes hommes attendirent patiemment son dernier souffle. Hitomi entrouvrit un Å“il, et leur parla dans leurs esprits.
Maintenant, j’aimerai partir avec quelqu’un…

DragonNoir sortit le premier, suivit de Q-Po et de Arkh, qui fermait la marche. Leurs visages étaient sombres, et ils ne décrochèrent pas un mot, sous les regards des autres. Seul Arkh, s’approcha de TheMaker pour lui glisser un mot à  l’oreille. Ce dernier, s’étreignant toujours la main douloureuse, sentit ses yeux s’emplirent de larmes, et il se dirigea d’un pas digne vers la chambre de son amie.
Les derniers mots qu’ils entendirent d’Hitomi furent : « …Désolée… »
Et la porte se referma.





FIN DE L’ÉPISODE 6 : MAL…

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MessagePublié: 26 Oct 2005, 17:47 
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[b]ÉPISODE 7 : NOYADES EN EAUX TROUBLES


1. Juste une question de point de vue.
Le boulevard était bondé. Tout le monde semblait s’être donné rendez-vous au même endroit, au même moment, et la foule se dirigeait inexorablement vers le centre de l’immense cité, où se dressait majestueusement un temple haut de plusieurs étages, reluisant, argenté, bien que vieux de plusieurs millénaire. Mais dans cette cité, le temps n’avait plus d’emprise, et on ne le comptait que dans les grandes occasions.
Guillaume Spelvis déboucha au coin d’une ruelle, avec l’œil hagard de celui qui avait dormi plus longtemps que prévu. Lui qui d’ordinaire était bien habillé et propre sur lui – malgré sa condition sociale oscillant entre pauvre et très pauvre – il affichait ce matin-là  une coiffure saut-du-lit de toute beauté, avait attaché le mardi avec le mercredi pour ses boutons de chemises, et ne portait manifestement pas deux chaussettes d’une même couleur.
Il entra dans l’immense procession en bafouillant des excuses à  ceux qu’il percutait, et remonta le boulevard en slalomant entre ses contemporains.
Quelle poisse de ne pas s’être réveiller à  temps ! J’aurais tellement voulu arriver avant tout le monde pour avoir la meilleure place ! J’aurais pu le voir de près, comme ça !
Tout en s’admonestant soi-même pour son manque d’assiduité au réveil, il arriva au grand carrefour, où le boulevard croisait l’avenue principale, qui elle-même remontait jusqu’au temple. Le temple était facile d’accès, lorsqu’on empruntait les grandes voies. Comme on disait dans son autre vie : Tous les chemins mènent à  Rome. Ici, tous les chemins menaient au temple d’Ydja.
Ce culte d’Ydja, implanté bien avant son arrivée, et qui se perpétuerait à  jamais, était bel et bien le centre d’intérêt de cette journée. Le peuple de la cité, Guillaume compris, avait attendu des années ce jour. Le jour où Ydja lui-même apparaîtrait en haut du temple et apporterait la paix et la stabilité de la cité.
Guillaume attendait bel et bien ce jour faste, mais pas pour les même raisons : Il avait apprit à  être méfiant, et il se demandait pourquoi une divinité s’embêterait à  diriger une population aussi décédée que la leur. Alors il voulait le voir, de ses yeux, et comprendre le pourquoi du comment. Il était ainsi, Guillaume : Il aimait dénicher la faille.
Mais là , il était surtout occupé à  observer dans un état proche de l’émerveillement tout ce qui l’entourait. Il n’allait jamais dans les beaux quartiers de la ville, et les bâtiments qui jouxtaient l’avenue principale étaient des plus beaux qu’il n’avait jamais vu. Il admira les sculptures de marbre bleu, qu’on trouvait seulement dans les régions extérieures de la cité, il admira les hautes habitations richement décorés, les balcons qui donnaient sur les diverses places où Guillaume passait, les yeux levés.
Au bout d’une longue heure de marche, de bousculades, de contacts rapprochés et autres glissades entre ses condisciples, il aperçut la police de la cité qui régulait la foule. Les hommes et les femmes ne laissaient passer qu’un mince filet de populace, retenant ainsi les éventuels débordements de masse.
Très bien, songea Guillaume. On arrive donc bientôt au temple. Maintenant, il va falloir la jouer fine.
Il s’approcha d’une famille et se tint juste derrière elle. Il arrangea sa chemise, se coiffa rapidement et prit un visage aussi hautain que le père qu’il suivait. Une femme Les héla.
« Bien, dit-elle en les comptant. Allez-y, vous cinq. Passez.
-Mais madame, se renfrogna le père. Nous ne sommes qua qua…
-Allez, papa ! dit Guillaume en poussant l’inconnu à  avancer. Ne fait pas attendre ceux qui sont derrière ! J’ai tellement hâte de le voir arriver ! Nous allons être en retard ! »
Une fois le barrage de police passé, le père se tourna vers Guillaume, ainsi que sa femme et ses deux filles. Guillaume leur sourit, envoya un clin d’œil charmeur à  l’aînée, puis les laissa en plan et avança d’un pas rapide vers le temple d’Ydja.
Dommage, elle était mignonne, celle-ci. Si elle n’avait pas fait partie de la haute, j’aurais tenté de la revoir.
Le jeune homme s’était dicté une ligne de conduite, qui visait à  ne pas aller chercher de plaisirs parmi les nobles de la cité. Et il suivait à  la lettre cette règle. Il l’avait instauré après avoir échappé à  un rapt, quelques années plus tôt, visant à  élever des esclaves – sexuels ou non – destinés à  la bourgeoisie locale. Depuis, il s’était juré de ne plus jamais avoir affaire à  eux. Parfois, il regrettait, surtout dans des cas comme celui-ci.
Guillaume poussa un soupir de soulagement lorsqu’il vit que la foule amassée devant le temple, aux premières places, n’était pas si conséquente qu’il ne l’avait cru au départ. Il avait eu de la chance. Il reprit son avancée tortueuse, obtint quelques invectives de colère – ou de jalousie – à  cause de son audace, et il finit par arriver au premier rang, radieux.
Son regard parcouru les centaines de têtes ravies, qui fixaient toutes avec un ébahissement profond la cime du temple. Le grand prêtre d’Ydja s’y trouvait déjà . La foule s’amassa calmement, après l’arrivée de Guillaume, et bientôt tout le parvis devant le temple, et tout autour, fut rempli par la population.
Le grand prêtre leva les bras au ciel, et la foule se tut. Guillaume regarda les balcons également pleins, mais pas par les mêmes gens qu’en bas. « Les aristos, grommela-t-il en détaillant les personnalités bien habillés. Encore et toujours les aristos. » Son regard tomba sur une jeune fille, penchée en avant. Un sourire étira son visage lorsqu’il plongea son regard dans le décolleté généreux qu’elle affichait.
« Waoh… »
Puis elle se releva et elle le regarda dans les yeux. Droit dans les yeux. Il se sentit devenir écarlate, et détourna son visage. Il voulu siffloter pour se donner une constance, mais ne parvint quâ€™à  un faible son tremblotante. Ses joues étaient en feu. Heureusement pour lui, le prêtre commença son discours, avec sa voix grave qui portait loin.
« Concitoyens, peuple Atlante, nous voici tous réunis pour célébrer l’arr… »
Un murmure d’étonnement se souleva tout autours de Guillaume. Il entendit le prêtre s’arrêter de parler, mais ses yeux ne le virent pas se retourner vers la source de lumière qui s’était déclenchée non loin de lui. Il n’avait d’yeux, comme tout le monde, que pour cette lumière éclatante qui s’était allumée. Le prêtre recula.
Un bras émergea de la lumière, puis un visage. Guillaume vit le jeune homme, plus jeune que lui, sortir de la source lumineuse. Sa coiffure était assez étrange, mais il n’en tint pas compte. Après tout, se dit-il, c’est censé être un Dieu, et les Dieux ne doivent pas se coiffer comme tout le monde. Un détail le chiffonnait, tout de même : Pourquoi ce Dieu était-il tourné de nouveau vers la lumière ? Qu’est-ce qu’il…
« Ah ! »
Un autre bras apparu, tenant une lance, et un deuxième adolescent apparu, sous l’œil effaré du prêtre. Guillaume, lui, jubilait. Le premier avait fait un croc-en-jambe au second, qui s’était affalé en hurlant. Pendant ce temps, une grande femme de couleur était sortie elle aussi de la lumière. Puis ce fut le tour d’un troisième adolescent aux cheveux roux dans un peignoir blanc. La foule était silencieuse, abasourdie.
Guillaume éclata de rire.

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* *[/center]

Frédéric Barberousse toqua à  la porte de sa fille.
« Encore deux minutes, papa !
-Ça fait vingt minutes qu’il te faut encore deux minutes, Judith. »
Aucune réponse de sa fille. Il soupira et se rendit au salon d’où on entendait déjà  la foule qui se regroupait, sur le parvis du temple. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre, et vit que la police de la cité commençait à  lâcher les citoyens petit à  petit. Mais leur nombre, devant le temple, ne cessait d’augmenter.
« Qu’est-ce que tu regardes ? Ça a déjà  commencé ? »
La jeune fille dépassa son père et se plaqua contre la fenêtre, en poussant des cris de surprise. Frédéric Barberousse la regarda faire, et sourit.
« Et il en arrive encore, regarde !
-J’ai vu, chérie. Mais c’est loin d’être terminé. » Il marqua un arrêt, et ajouta : « Tu es resplendissante, ce matin.
-Merci papa, dit-elle en se retournant. Je l’ai mise exprès pour l’arrivée de Ydja. »
Barberousse la prit par le bras et l’entraîna au salon.
« Tu veux bien déjeuner avec ton vieux père, ce matin ?
-Arrête de dire des choses aussi idiotes ! » répondit-elle en riant. Ils s’assirent et leur majordome leurs servit un petit déjeuner copieux. Ils mangèrent en silence durant de longues minutes, alors que Frédéric regardait sa fille avec une admiration éperdue.
« Judith ?
-Qu’est-ce qu’il y a ?
-Beaucoup de choses vont changer avec l’arrivée de Ydja. »
Judith regarda son père avec un mélange d’inquiétude et de réelle peur.
« Oui, dit-elle incertaine. Il doit nous apporter la prospérité, la paix et…
-…la stabilité à  la cité, termina Frédéric. Tu sais que je serais peut-être sollicité pour être aux cotés du roi, aux cotés d’Ydja, lorsqu’il sera là  ? »
La jeune fille avala le reste de son bol et le reposa doucement. Elle leva des yeux calmes sur son père, des yeux sereins. Frédéric se sentit rempli d’une bouffée de fierté pour sa fille.
« Je suis certaine que tu seras à  la hauteur, le rassura-t-elle. Notre Roi se fait vieux, et il est grand tant que la prophétie d’Ydja se mette en route.
-Seulement, je ne serais peut-être plus aussi souvent à  tes cotés. Depuis que tu es arrivée dans ma vie, je ne t’ai jamais laissé longtemps sans assistance, et…
-Tu sais, papa, je suis grande. Je saurais me débrouiller. »
Frédéric ne croyait pas que c’était le cas. Il laissa le silence s’installer, touilla son café qui refroidissait peu à  peu, et reprit la parole.
« Une fois que la fête aura cessé, je voudrais te parler. J’ai des choses très importantes à  te dire, avant que je ne… » Il s’interrompit, conscient qu’il avait failli se trahir. « Avant qu’il ne soit trop tard.
-Trop tard pour quoi ? »
Frédéric Barberousse vida son bol, avala la dernière bouchée de sa tartine et retira sa serviette de ses genoux. Une fois debout, il invita sa fille à  venir voir l’arrivée d’Ydja.
« Il ne va pas tarder, maintenant. Allons sur le balcon. »
Judith préféra ne pas poser plus de question, et rejoignit son père dehors, après s’être regarder une ultime fois dans le miroir.
Frédéric inspira une grande bouffée d’air frais. La matinée était déjà  bien avancée, et le peuple était maintenant bien présent – et bien bruyant – devant le temple d’Ydja. La foule s’étendait devant eux : Des pauvres, des moins pauvre, des nouveaux riches. Des familles, des célibataires, des enfants. Des hommes, des femmes. Tout le monde était présent.
Des mains s’enroulèrent autour de son bras, et l’étreignirent. Il se sentit réconforté par le contact avec sa fille. Je te raconterai tout, après ça. Je te raconterai tout.
« Zut, ma robe ! »
Elle se pencha en avant, par-dessus le balcon, pour décoincer un ruban qui s’était enroulé autour d’une des tiges en fer qui soutenait les pots de fleurs accroché au balcon. Frédéric Barberousse la regarda, son dos nu, ses cheveux voletant au vent, sensible à  sa beauté. Elle se releva, et il attendit quelques secondes avant de lui poser une main sur l’épaule.
Leurs regards se tournèrent vers le haut du temple, où le grand prêtre d’Ydja se tenait déjà . Il avait fait taire la foule d’un signe et entamait son discours. Mais Frédéric Barberousse n’en entendit pas le début, car sa fille le tirait par la manche.
« Papa, regarde ! La lumière ! Ça commence ! Ydja arrive ! »
Il plissa les yeux en regardant la lumière, et le bras qui en sortait, lentement. Tout le monde retenait sa respiration. Le jeune homme en sortit, et Frédéric lui trouva une coiffure étrange. Il regarda le prêtre, qui semblait aussi consterné que lui, et se dit qu’il devait y avoir quelque chose qui clochait.
« Il fait jeune, dis donc ! » dit Judith, ne détachant pas son regard de l’adolescent. Son père regarda de nouveau la lumière, et ce qui suivit confirma ses doutes. Quelque chose n’a pas fonctionné. Ça n’aurait pas dû se passer ainsi. Il ne devait y en avoir qu’un, et pas quatre. Je ne comprends pas…
Et il resta là , hébété, à  regarder les quatre arrivants se chamailler devant des milliers de personnes. L’une d’elles se mit à  rire, et la foule l’imita. Le grand prêtre ne savait plus où donner de la tête.
L’avènement d’Ydja était un fiasco total.

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* *[/center]

Le grand prêtre d’Ydja tira le rideau et admira son Å“uvre : La foule arrivait par vague entière, complètement obnubilée par l'apparition d’un Dieu. Ils couraient, presque, simplement parce que lui, Kevin Jolios, leur avait dit de le faire. Il se souvenait encore de ses paroles, pas plus tard que la veille au soir :
J’ai reçu des rêves d’Ydja en personne. Il m’a indiqué que sa venue se fait proche, très proche. Son règne commencera dès son arrivée sur le temple dédié à  son nom, dès demain. La prophétie va enfin d’accomplir, après des années d’attente insoutenable. Rendez-vous tous devant le temple de Ydja, pour célébrer sa venue et son triomphe !
« Après des années d’attente insoutenable, surtout pour moi, grommela-t-il en scrutant la foule ravie. Vous n’avez fait que suivre la masse et les écrits, mais c’est moi qui en suit l’instigateur, et pas vous. »
Il s’arrêta, préférant éviter de se faire démasquer à  la dernière minute. La foule avait suivit, et c’était ce qui comptait. Ils n’étaient que des pantins. Il sourit en voyant un jeune homme complètement débraillé remonter le flot en doublant tout le monde. Ils ont vraiment mordus sur toute la ligne, se dit-il en retournant dans les appartements royaux.
Les passages privés étaient monnaie courante dans la cité, et Kevin Jolios les empruntait souvent, pour ne pas dire tout le temps. C’était d’ailleurs le seul à  en connaître l’existence, avec quelques gardes du palais, la police de la Cité, et quelques uns de ses amis hauts placés. Il descendit un petit escalier et se retrouva dans un couloir éclairé à  la bougie.
Chacun de ses passages en ces lieux sombres lui donner l’impression d’entrer dans un conte, où le méchant passe son temps dans des galeries souterraines complexe pour y piéger son adversaire, le héros. Mais il n’était pas méchant, et si piège il y avait, il ne concernait que le peuple. Et il n’y avait pas de héros, dans le peuple.

Il bifurqua de nombreuses fois, ne rencontrant personne, se dirigeant avec son esprit pour seule carte. Puis il ouvrit une porte, et la lumière du jour revint lui éclairer la figure. Une fois le passage scellé à  nouveau, et ses habits changés pour éviter toute odeur incommodantes (ils n’avaient pas trouvé comment éviter aux rats de prendre ce chemin, malgré toutes ces années à  y songer), il s’annonça au roi en parlant d’une voix forte.
« Entre, grand prêtre. » répondit une voix faible, mais incontestablement autoritaire. Et incontestablement en colère. Jolios pria intérieurement pour qu’on en arrive rapidement au moment où le vieux roi mourrait, pour qu’Ydja prenne sa place au plus vite.
Il entra.
« Tu tombes bien. Je ne sais pas quel est le bougre d’abruti qui a donné congé à  tout mes serviteurs, mais personne n’a songé un seul instant à  m’approcher de la fenêtre pour le spectacle qui va se produire !
-C’est moi, seigneur. J’ai pris la liberté de…
-Et bien filez-moi un coup de main, nigaud ! cracha le vieillard. On va amener la chaise devant la fenêtre, pour que je puisse assister à  tout ça tranquillement.
-Bien, seigneur. »
Le roi ne bougea pas, et le grand prêtre attendit patiemment. Au bout d’un moment, le roi tourna sa tête vers lui et lui fit comprendre qu’en guise d’aide, il voulait simplement que le grand prêtre le fasse. Seul. Kevin Jolios résista à  l’envie de l’étrangler et passa sa rage sur le fauteuil, qu’il poussa jusquâ€™à  la fenêtre.
« Eh bien, eh bien, dit le roi en ricanant. Si j’avais cru que le grand prêtre d’Ydja était aussi fort, je l’aurais engagé dans ma garde rapproché.
-Merci, seigneur. » souffla Jolios, avant de reprendre les rennes de la conversation. « Je vais devoir vous laisser, seigneur. Mon devoir m’appelle. Dois-je vous rappeler que…
-Inutile ! Je sais pertinemment qu’il viendra me voir pour me destituer, et que c’est le moment que vous attendez depuis si longtemps. Tout cela est si classique, grand prêtre, que ça en devient ennuyeux. J’ai hâte de voir ce que ma prochaine vie va faire de moi. »
Le grand prêtre ne fut pas surpris, car il connaissait les intuitions souvent juste du vieux roi. Il se contenta donc d’une courbette et le laissa seul.

Une fois à  l’intérieur du temple d’Ydja, et tandis qu’il grimpait quatre à  quatre les escaliers en maudissant une fois de plus le roi, quelqu’un l’interpella. Sans cesser d’avancer, il lui dit de le suivre.
« Ça y est, c’est l’heure ? répondit un jeune homme en rattrapant le grand prêtre.
-Bientôt. »
Arrivés en haut, Kevin Jolios ouvrit une porte et empoigna l’inconnu par le col avant de le pousser à  l’intérieur.
« Je t’avais dit de rester ici, enragea-t-il. Qu’est-ce que tu foutais en bas ?
-Mais j’avais envie de me dégourdir les jambes ! J’en avais marre de rester coincé là -dedans, c’est étroit !
-Et bien retournes-y et attends mon signal. Ensuite, joue ton rôle. »
Jolios claqua la porte brutalement, et ferma les yeux. Il expira longuement, comme un acteur avant d’entrer en scène, puis grimpa les dernières marches.
En haut du temple, il vit la foule amassée sur l’esplanade en contrebas. Et sa tension s’envola doucement. Tout allait fonctionner. Le peuple de la cité serait bientôt là , les bourgeois et autres nobles assistaient également au spectacle, et bientôt tout le monde n’aurait d’yeux que pour lui. Il écarta les mains.
La foule devint silencieuse, comme par enchantement.
Il commença son discours, dont la fin marquerait le signal pour son complice. Il sortirait alors du sol, grâce à  une astucieuse trappe, et se proclamerait Ydja. Il se proclamerait Dieu. Et lui, Kevin Jolios, resterait le grand prêtre. Mais un grand prêtre spécial.
« Concitoyens, peuple Atlante, nous voici tous réunis pour célébrer l’arr… »
Il s’interrompit de lui-même. Cette lumière, qui provenait de derrière lui, n’était pas prévue. Était-ce le faux Dieu qui l’avait rajouté, pour donner plus de crédit à  son apparition ? Il se retourna, et fit face à  un bras. Un bras qui sortait du vide, ou plutôt non : Qui sortait de la lumière éclatante qu’il avait devant les yeux.
Le grand prêtre recula.
Les trois adolescents et la jeune femme apparurent sous les yeux de la population. Le grand prêtre ne comprenait plus rien. Il se demanda même, un instant, rien qu’un instant, si ce n’étaient pas de vrais Dieux qui descendaient du ciel pour eux. Mais il chassa bien vite cette idée : si on commence à  avoir la foi, tout est perdu.
Ce fut lorsque le premier arrivé avait fait chuter le second par pure sournoiserie qu’il avait comprit que ce n’étaient pas des Dieux. Et alors, il avait mis son esprit en marche, non pas pour contourner l’obstacle, mais pour s’en faire une monture plus stable.

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* *[/center]

DarKenshin ouvrit les yeux sur un blanc éclatant. Si blanc, qu’elle préféra même les refermer. Elle était en chute libre. Ou en apesanteur. Enfin, au moins, elle volait, elle en était sûre : elle ne sentait de sol nulle part. Elle tenta d’ouvrir à  nouveau les yeux.
« Ça fait mal, hein ? » fit Pythagore auprès d’elle. Elle ne l’aperçut qu’un tout petit peu, juste avant de cacher sa rétine à  la lumière aveuglante.
« C’est horriblement blanc, reprit le jeune homme. C’est aussi horriblement étrange, tu ne trouves pas ? »
DarKenshin ne répondit pas. Bien sûr, que c’était étrange : ils venaient de sauter d’une falaise dans l’eau et de se laisser mourir. Une mort effroyable. Elle n’avait pas pu résister à  l’envie de se débattre, à  la toute fin, lorsque l’eau lui remplissait les poumons et qu’elle mourrait. Elle espéra soudainement que leurs corps furent récupérés, pour ne pas avoir à  revivre ça une seconde fois.
« Je me demande où sont les autres.
-On est là , blaireau ! » cria une voix dans leur dos. Par réflexe, DarKenshin se retourna pour regarder celui qui arrivait, mais elle se brûla à  nouveau les yeux. Viper Dragoon et Dalisc flottaient vers eux. Ils avaient dû se repérer à  la voix de Pythagore. Tout le contraire de son écriture chaotique et truffée de faute, sa voix était agréable à  entendre.
« Pythagore, regarde tes cheveux ! Ils sont comme sur ton avatar de Yu-Gi-Oh, avec des pics et tout ! Tu es trop laid !
-Et toi, tu ressembles à  rien avec tes cheveux mi-longs et tes vêtements flashies !
-Tu vas voir ce que tu vas voir ! Lance Dragoon ! »
Une lance apparue dans les mains de Viper Dragoon et il s’élança sur Pythagore. Ce dernier déploya ses ailes et…
« Arrêtez, vous deux ! » tonna DarKenshin d’une voix ferme. Les deux cessèrent tout mouvements. Ils n’avaient rien à  gagner à  mettre la maîtresse des DragSlaves en rogne et ils se calmèrent aussitôt. Elle gardait encore les yeux fermés, mais sa curiosité était plus forte, et elle finit par se forcer à  les ouvrir.
Une fois la douleur passée, et ses yeux habitués à  l’immensité blanche qui l’entourait, DarKenshin arriva à  distinguer les trois adolescents qui l’accompagnaient. Puis un détail attira son attention. La jeune femme leur indiqua alors un point éloigné, une sorte d’alvéole de néant qui sinuait à  leur rencontre.
« Qu’est ce que c’est ? demanda Pythagore.
-Certainement le passage vers l’au-delà  des noyés, répondit Viper Dragoon. Pour l’instant, tout se passe comme ce que racontaient Gorgon_Roo et Halvorc : La mort, puis le passage dans le décor blanc et enfin celui dans l’au-delà . »
Le trou enflait en ondulant, grossissait – ou se rapprochait – et on distinguait des formes de l’autre coté du voile qui séparait ce monde-ci de l’autre. Viper Dragoon sautillait sur place, si tant est que sautiller en volant était possible.
« Je suis si excité ! couina-t-il. On y va ? On y va ?
-Et si c’était dangereux ? »
Ils se penchèrent vers le passage, où on distinguait des formes humaines, floues, qui s’agitaient. Une masse importante. Une autre silhouette, plus proche mais pas plus identifiable pour autant, leva les bras, et il sembla qu’un bruit de fond cessait. DarKenshin regarda les autres avec un sourcil arqué.
« Bon, je me lance alors, annonça Pythagore. Puisque de toute façon, il faudra le faire, autant y aller le premier. »
Et il passa le portail entre les réalités. Viper Dragoon hésita, puis le suivit. DarKenshin regarda Dalisc, qui lui laissa galamment sa place. Elle traversa et se retrouva face à  Viper Dragoon qui criait sur Pythagore. Elle passa en revue, rapidement, le décor aux alentour. Ils se trouvaient en plein rassemblement religieux.
Pour une arrivée discrète, c’est raté, se dit-elle.
Un homme en toge la regardait, hébété. Elle pensa qu’il devait être le grand prêtre, ou quelque chose comme ça. Elle entendit un rire strident démarrer de la foule, bientôt reprit en chÅ“ur par le reste du public, qui se moquait des pitreries de Pythagore et de Viper Dragoon. Le grand prêtre semblait bien moins s’amuser. Il semblait même réfléchir.
« On a dû se planter de monde, c’est pas possible, dit Pythagore en se relevant. On ne peut pas être dans l’au-delà  des noyé, on est ailleurs…
-Non. » dit Dalisc, parlant ainsi pour la première fois. Et il leva les yeux sur le ciel qui était bien proche d’eux.
Un ciel qui ondoyait doucement, calmement.
Un ciel fait d’eau.

_________________
La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 28 Oct 2005, 21:35 
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Bainwa
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Inscription : 03 Sep 2004, 23:08
Message(s) : 331
Localisation : Dadadadada.
Mr.Magnum a écrit:
Mais je n'ai pas non plus fait un DragonNoir introvertit, un Haschatan sobre, une K-Ro cacaophobe, un Viper Dragoon calme, un Halvorc heureux ou toute sorte de chose de cet acabit? Je comprends que certains des protagonistes ne correspondent pas ou peu à  la réalité, mais ils ne sont pas non plis *si* éloigné que ça (mis à  part Mistrophera, oui, qui est certainement - je l'espère - assez loin de l'original...).
Ensuite, tu parles des personnages intéressants non évoqués dans Traumenschar, et à  nouveau je ne peux qu'approuver. Mais, et ça tu l'as dit toi-même (ne me demande pas d'aller rechercher la phrase, argh, tu as trop de posts!!!), je ne pouvais pas non plus balancer tous les personnages de Traumen en même temps, au risque de saturer le lecteur avec un trop-plein de personnage. Politique en cours: Chacun son heure de gloire.
Angie a été peu présente durant 'ma' période Traumen, à  savoir les sept derniers mois. Selon moi, il est donc normal qu'elle n'apparaisse que sporadiquement, comme sur le forum. DarKenshin itou, qui passait certes plus souvent, mais tout aussi aléatoirement. Comme ici, dans Traumenschar. Enfin, ce n'est que mon avis. Elles aussi auront une heure de gloire (toute relative) au sein d'un chapitre, promis...
Popur te répondre, non, je ne connais pas exactement Ragga ni Ma, et Néofox seulement via ses posts ici. N'oublions pas que je suis un jeune, un de ceux arrivé sur la fin où grand nombre des anciens était déjà  barré, ou en froid, ou ailleurs (quel que soit le ailleurs). Alors effectivement, je n'ai tenu compte que des actifs, et/ou ceux qui me semblaient intéressants. Ceux qui postaient alors que moi je postais, et non ceux qui ne venaient plus beaucoup. Bien sûr, des exceptions comme Youfie qui avait déserté le forum, ou Hilde qui ne passait plus autant qu'avant, mais je n'ai pas récupéré l'ensemble des comptes fantômes (haha) qui existaient, qu'ils aient été important ou non.
Dernier point, et je poste mon chapitre (en retard, je sais, désolé, tralala): L'argument de la non documentation est une attaque fourbe. Non, je ne me suis pas assez documenté, j'admets. Mais je ne suis pas non plus un écrivain au sens large du therme. Je ne suis pas en train d'écrire un roman, mais une fiction, un délire, un écrit hebdomadaire qui n'est pas lu par des miliers de personnes mais par une petite élite dont tu fais partie (grand merci, hihi). Cette publication est libre, gratuite, et en aucun cas faite pour devenir une référence (tant les erreurs y sont nombreuses, ajouterai-je...). Alors que tu dises que Traumenschar est un 'travail littéraire sérieux' me fait plaisir (sincérement), mais je ne pense pas qu'il faille le prendre aussi sérieusement que ça. Maintenant, si jamais il me prenait l'envie de faire un évitable récit sur ce forum, il est bien certain que grand nombre d'entre vous seraient harcelées de questions, croyez-moi.
Bon, voilà , assez de blablas, passons au chapitre, avant dernier de l'épisode.


Je m'insurge, mon pseudo n'est pas apparu dans ce post (ça commence vraiment à  devenir trop fréquent par ici).

_________________
"Hélas! nous sommes maintenant arrivés dans le réel, quant à  ce qui regarde la tarentule, et, quoique l'on pourrait mettre un point d'exclamation à  la fin de chaque phrase, ce n'est peut-être pas une raison pour s'en dispenser !"


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MessagePublié: 06 Nov 2005, 21:45 
Hors-ligne
Extincteur des ténèbres
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Inscription : 14 Juil 2004, 15:32
Message(s) : 651
Localisation : Dans le coté obscur de la force.
Tu es un traître, ça ne te suffit donc pas?

1. Atlantide.
DragonNoir se pencha une énième fois au dessus du précipice. Les vagues s’écrasaient sur les falaises d’Etretat, et il dut fermer les yeux pour éviter le vertige. Au bout de quelques secondes, il les rouvrit et resta un instant à  contempler l’horizon, évitant au maximum de baisser les yeux.
« On ne va pas rester plus longtemps ici, DragonNoir ! ragea Q-Po derrière lui. Il est grand temps de rentrer, maintenant. De plus, on ne sait même pas si Mistrophera ne profitera pas de cette échappée Normande pour s’en prendre à  nous. »
DragonNoir se retourna vers Q-Po, songeur, puis lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis le saut des quatre Trauméniens : « Est-ce que la mort de ton propre frère ne t’attriste pas ?
-Pas le moins du monde. » répondit immédiatement Q-Po, en fixant son compagnon dans les yeux. DragonNoir décela un soupçon de vérité, mais il doutait de la sincérité des paroles de Q-Po.
« Séphira me manque, pourtant, dit-il finalement en tournant son regard vers la mer. J’espère qu’elle n’a pas de problèmes, où qu’elle soit.
-Je doute que Séphira se laisse faire, si tel est le cas, répondit Q-Po. DragonNoir ?
-Oui ? marmonna-t-il.
-Nous irons la chercher, comme nous le faisons pour Séphy-Roshou. Puisque la technique de Magnum est applicable, nous irons la chercher. »
DragonNoir observa Q-Po, absorbé par des pensées qu’il n’aurait pas dû avoir. Il détourna les yeux, fixant l’herbe haute qui poussait sur les bords de la falaise. Un brusque coup de vent lui coupa la respiration.
« Je commence à  douter de tout cette comédie. Nous n’avons eu que des problèmes depuis le début des envols, nous avons perdu un groupe entier par précipitation, nous avons perdu Hilde, nous avons perdu Séphira, nous avons perdu Hitomi, et maintenant, qui allons-nous perdre ? Qui ?
-Personne. Ils ne sont pas perdus, juste égarés, apaisa Q-Po.
-Mais dis-moi quel est l’intérêt d’envoyer à  la mort des dizaines de personnes pour en sauver une autre ? »
Q-Po ne répondit pas. Le silence s’interposa entre eux, un silence épais, palpable. Seules les vagues et leur sonorité mousseuse osaient le briser. Une nouvelle rafale de vent vit voleter le trench-coat de Q-Po. DragonNoir finit par s’excuser.
« Nous sommes fatigués, répondit Q-Po.
-Ce n’était pas une raison suffisante pour douter de notre entreprise. Si on commence à  mettre en doute les raisons de notre engagement, autant tout laisser tomber immédiatement. »
Mais au fond de lui, DragonNoir n’était effectivement plus sûr de rien. Un nouvel univers s’écroulait autours de lui, et il voyait tour à  tour ses camarades disparaître, sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Il lui tardait de retrouver Séphy-Roshou, pour en finir au plus vite et aller chercher Séphira. Il irait lui-même.
Mais pour le moment, il devait déjà  préparer le prochain voyage. Ensuite, lorsque les préparatifs seront terminés et les Trauméniens briefés, il tentera sa chance. Il fit demi-tour, dos à  la falaise, et annonça :
« Appelle Aran Valentine pour la prochaine mission. Ensuite, nous irons récupérer les corps. J’espère que les équipements de plongés sont prêts. »

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* *[/center]

Sans attendre, le grand prêtre se posta entre la foule, qui hésitait entre rire et étonnement, et leva de nouveau les bras, comme pour les protéger. Mais pour protéger qui ? se demanda DarKenshin. Nous, ou eux ? Elle n’eut pas le temps pour chercher la réponse : le prêtre commença à  parler d’une voix forte.
« Ydja soit loué ! Ydja, notre Dieu !
-Loué soit Ydja, répondit la foule d’une seule voix. Déon ä Adja !
-Vous tous ici réunis avez assistez à  sa venue. À leurs venues. Voici les quatre élus envoyés par Ydja pour l’accueillir. Leurs corps serviront de réceptacle pour notre Dieu, et Ydja sera ainsi avec nous, incarné dans notre Cité, maintenant et à  jamais !
-Loué soit Ydja ! » hurla la foule, ivre de joie et buvant les paroles du grand prêtre avec avidité. Ils venaient de trébucher, le grand prêtre leur avait tendu la main avec ses mensonges, et ils s’y raccrochaient avec ferveur. Guillaume, lui, songea avec pertinence que quelque chose ne tournait pas rond.
« Malheureusement, l’attente n’est pas terminée pour nous, humbles mortels. Ydja, afin d’être certain d’obtenir un organisme sain et apte à  contenir sa toute puissance, doit soumettre ces quatre individus à  une ultime épreuve ! »
Le prêtre se retourna vers les quatre Trauméniens, les bras écartés. Il en imposait, dans son immense toge qui amplifiait sa stature et le moindre de ses mouvements. Il laissa planer le silence, pour accroître l’intensité dramatique de la scène, puis acheva son discours d’une voix rauque mais forte.
« La sphère. »
Un murmure d’étonnement parcouru la foule, la calmant de son effervescence précédente. Le grand prêtre sourit intérieurement.
La sphère était une des épreuves qu’endurait le citoyen lambda qui voulait accéder au statut de prêtre, grand prêtre ou qui se désignait comme nouveau prophète d’Ydja. Il était alors conduit dans une immense salle close où flottait une sphère d’un liquide inconnu, probablement de l’eau, et devait plonger entièrement dans cette sphère ondoyante. Une fois à  l’intérieur, il ne pouvait en sortir que six jours plus tard.
Mort ou vivant.
Les rares personnes qui ressortaient vivantes de cette épreuve étaient alors considérés comme des représentants d’Ydja et adulés jusquâ€™à  leur mort. Depuis l’arrivée de Kevin Jolios au poste de grand prêtre, personne n’avait réussit à  vaincre la sphère. Il s’assurait que les gagnants ne sortent pas de la pièce vivants.
« Euh, excusez-moi, mais je crois qu’il y a méprise… » commença Viper Dragoon. Le grand prêtre le foudroya des yeux. Il venait tant bien que mal de se tirer d’un problème inattendu, et voilà  maintenant que ces fauteurs de troubles voulaient contrecarrer ses explications dûment improvisées.
« Qu’y a-t-il, illustre élu de Ydja ? réussit-il à  dire sans laisser transparaître sa rage.
-Nous ne sommes pas…
-â€¦à  l’aise, devant tout ce public. » termina DarKenshin en haussant la voix pour couvrir celle de Viper Dragoon. Ses trois compagnons, ainsi que Jolios, la regardèrent. Sans se démonter, elle poursuivit d’un ton las :
« Ce voyage jusquâ€™à  vous nous as éreintés. Nous désirerions nous reposer un peu avant de passer à  l’épreuve de notre Dieu Ydja. Nous aimerions partir avec toutes les chances de notre coté lorsque viendra l’heure de l’épreuve de la Sphère. »
La foule poussa une ovation d'approbation, et DarKenshin lança un sourire ravi à  l’assemblée. Le grand prêtre, fulminant intérieurement, mais soulagé de ne pas avoir été démasqué publiquement, exécuta un nouveau demi-tour et leva les bras.
« Les quatre élus d’Ydja désirent se reposer ! Je vais les conduire en personne dans leurs appartements. Dès ce soir, l’un d’eux entrera dans la sphère pour y passer l’épreuve. Prosternez-vous une dernière fois devant leur grandeur !! »
Et le peuple se courba obligeamment.

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* *[/center]

« Commissaire ? C’est moi ! »
Serge avait regretté d’avoir allumé son portable dès l’instant où il l’avait fait. Néanmoins, il ne pouvait pas se permettre de passer à  coté d’une info que lui donnerait l’appareil. Même s’il avait longtemps été réfractaire à  l’idée de ce téléphone de poche, mouchard de poche selon ses dires, il s’y était tout de même habitué.
« Qu’est-ce qu’il y a, encore ? soupira-t-il en reconnaissant la voix de Détroit.
-C’est au sujet du kidnapping à  la morgue, euh…
-Je me doute bien que tu ne vas pas me parler du temps qu’il fait ! Vous avez chopé le type qui a volé les corps ?
-Non, mais nous avons un portrait robot. »
L’accent de fierté qui dégoulinait de cette phrase donna la nausée à  Thourn, et il se força à  retirer son doigt de la touche raccrocher. Après tout, si le portrait robot était celui d’un homme aux longs cheveux, habillé en noir et un air froid et détaché, ça pourrait l’intéresser.
« Des détails ?
-Un grand type, chevelure châtain, yeux bleus ou verts, mais clairs. Sociable et…
-Oui, donc rien à  voir, pensa Serge à  voix haute.
-Rien à  voir avec quoi, commissaire ?
-Avec rien ! »
Il roula des yeux en regardant autours de lui, s’énervant tout seul pour avoir crier au téléphone dans un endroit public. Il avait en horreur tout ceux qui parlaient fort à  leurs portables, dans la rue, dans le métro, au restaurant, au supermarché, et il ne voulait pas faire la même chose. Il ferma les yeux.
« Commissaire ?
-Quoi ? dit-il toujours les yeux clos.
-Vous enquêtez sur quoi exactement ? Toujours sur Larbaud ou bien sur autre chose ? Vous êtes partis sans rien dire, et…
-C’est une ancienne affaire. Une affaire qui pourrait avoir un rapport avec Larbaud, avec les corps volés et bien d’autres choses. Mais moins tu en sauras, mieux ça vaudra. »
La vérité, c’est qu’il n’avançait pas. La conversation avec la fleuriste n’avait rien donné, et elle ne se souvenait évidemment pas de la personne qui avait été cherché les fleurs. Et Brest était une grande ville. Serge se voyait mal faire le tour de toutes les habitations du quartier pour demander si, par hasard, un membre de la famille était allé à  Nantes pour un enterrement.
« Un cul de sac…
-Pardon commissaire ?
-Écoute, je serais encore absent quelques temps. Je suis relativement loin, pour le moment, et je n’ai encore rien trouvé de probant. Tout tourne bien au commissariat ?
-Oui, on se débrouille, mais…
-Au poil, impec.
-Je peux vous aider, commissaire ? »
Serge réfléchit un moment. Il n’était pas utile, vraiment pas utile d’utiliser ce gamin pour cette enquête. C’était son enquête à  lui, et le douloureux souvenir de son ancien équipier assassiné au tout début de cette immense affaire lui revint en mémoire.
« Non, il vaut mieux pas. »
Puis, soudainement, une idée lui vint. Il avait lâché prise dès qu’il avait obtenu des informations intéressantes à  Nantes, mais il y avait certainement d’autres pistes qui sortiraient de cette ville. Il n’avait pas tout vu, là -bas.
« Détroit ?
-Oui commissaire ?
-Finalement, j’ai peut-être un boulot pour toi… »

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* *[/center]

La porte se referma sur le visage écarlate de la jeune fille qui venait de leur servir un véritable banquet. Mais malgré ce semblant d’opulence, leur liberté s’avérait limité : La salle, aussi belle soit-elle, n’était rien de plus qu’une prison dorée. Comme pour confirmer, un cliquetis de serrure les informa qu’ils étaient maintenant en sécurité.
Coincés.
Viper Dragoon s’approcha d’une table abondamment envahie de mets tous plus appétissants les uns que les autres, attrapa un petit four et le goba sans attendre.
« Mmmmmhh ! ‘achement bon !
-Nous sommes coincé dans un monde qui nous est inconnu, et tout ce à  quoi tu penses, c’est manger ? s'irrita Pythagore en lui retirant un autre amuse-gueule des mains.
-Quitte à  être en prison, autant se goinfrer.
-Bel état d’esprit… »
DarKenshin, assise dans un des luxueux fauteuils qui parsemaient la salle, avait le regard perdu dans le vide. Elle réfléchissait à  cet endroit, à  ce qu’elle avait vu, et à  la machination à  laquelle ils venaient de prendre part malgré eux. Et toute cette histoire ne lui plaisait pas beaucoup.
Lorsque l’équipe avait été formée, tout d’abord, elle s’était engagée aux cotés de Pythagore et Viper Dragoon de mauvaise grâce. Non qu’elle avait rechigné à  mourir, bien au contraire : Mistrophera et son attaque l’avait décidé à  se rendre plus utile encore au sein des troupes de Traumen.
Mais elle avait compris immédiatement que ce nouveau voyage, cette nouvelle mission dans un pays des morts, n’allait pas être de tout repos avec les engueulades incessantes entre deux de ses équipiers : Pythagore et Viper Dragoon, encore eux, ne cessaient de s’asticoter mutuellement, multipliant les coups vaches et les insultes.
Dalisc avait été désigné d’office comme quatrième membre, par Q-Po lui-même, parce qu’il ne s’impliquait pas assez dans la tache qu’on leur avait confié. Comme il était d’humeur maussade et renfermée, il n’ajoutait pas à  l’ambiance particulièrement bruyante de ce nouveau groupe, mais semblait conférer à  DarKenshin un statut de nourrice pour adolescents à  problèmes. Et Les problèmes ne faisaient que commencer.
« Allez, Dalisc, prends-en un peu ! C’est gratuit !
-Non.
-Tu vois, s’avança Pythagore. Il est du même avis que moi.
-Non.
-Je crois qu’il se contente de répondre non à  tout ce qu’on lui dit, résuma Viper Dragoon en continuant de s’empiffrer. Et bien reste dans ton coin.
-Oui. »
Dalisc s’accroupit sur ses talons et resta immobile. DarKenshin jugea bon de recentrer la situation, et elle prit la parole à  son tour.
« Et si nous faisions quelque chose de plus constructif que de nous chamailler et manger ? Ça pourrait être une bonne idée, non ?
-Je suis d’accord, répondit Pythagore en jetant un regard en coin à  Viper Dragoon. Il faut trouver un moyen de sortir d’ici.
-Pas forcément, répliqua l’autre en s’arrêtant enfin de manger. Pourquoi ne pas suivre ce que disait ce mec qui nous a accueilli ? »
Le problème, songea DarKenshin, c’est que nous ne connaissons pas ses véritables intentions. Elle secoua la tête et expliqua son point de vue aux autres.
« Il doit être une sorte de prêtre, ou de grand pontife religieux, dans ce monde. Et à  voir sa tête lorsque nous sommes apparus, je pense que ce n’était pas nous qui étions attendus en haut du temple.
-Mais il a dit que… commença Viper Dragoon.
-Il est évident qu’il a brodé autour de notre arrivée à  une vitesse fulgurante, pour ne pas perdre la face devant la foule qui nous avait vu débarquer. Ce qui m’inquiète le plus, c’est cette histoire de sphère, d’épreuve. »
Un silence gêné s’installa, seulement perturbé par la mastication intensive d’un Viper Dragoon qui avait trouvé des ailes de poulets esseulées. DarKenshin prit une longue inspiration et résuma à  voix haute la situation, pour tenter d’y voir plus clair.
« Bon, nous sommes tous morts, nous sommes tous dans une cité où les gens se sont noyés…
-…et où le ciel est fait d’eau ! ajouta Pythagore en regardant Dalisc qui ne s’offusqua pas de s’être fait voler la découverte.
-Donc une citée engloutie, oui, rectifia DarKenshin.
-Peut-être est-ce là  la fabuleuse Atlantide ? Vous savez, la civilisation engloutie ? Celle dont on n’a jamais retrouvé la trace, et tout !
-C’est possible, Viper. »
Viper releva le menton, souriant, content de lui.
« Et nous voilà  maintenant prit pour des élus d’un Dieu étrange d’ici, poursuivit DarKenshin, et soumis à  une épreuve qui peut nous donner la mort. Une autre mort. Et donc nous entraîner dans un autre pan de réalité, comme Séphira Strife ou Hilde. »
La disparition des deux Trauméniennes avait longuement fait hésité DarKenshin lors du départ de cette nouvelle mission. Serait-elle la prochaine ? Se retrouverait-elle projetée dans un autre au-delà  ? Les rejoindrait-elle ? Mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était de tomber dans un de Ses pièges.
« Nous sommes maintenant coincés dans une pièce où nous devons attendre qu’on vienne nous chercher pour passer l’épreuve, sans possibilité de visiter la ville ni de chercher des informations sur Séphy-Roshou. De plus, rien ne nous interdit de penser que nous ne sommes pas tombé tout droit dans les bras d’un des hommes de Mistrophera. »
Elle se tut un instant.
« Je crains que nous ne soyons pas très bien partit, conclut-elle.
-Oui.
-En gros, on est dans la panade. » commenta Viper Dragoon en jetant une pique de brochette par-dessus son épaule. Puis une idée lui vint.
« Mais si jamais cette épreuve nous donnait les connaissances d’Ydja ? Et que nous devenions réellement les réincarnations de ce Dieu ? Avec ça en poche, nous pourrions savoir si oui ou non Séphy-Roshou est passée par ici !
-C’est… » DarKenshin tourna et retourna l’idée dans sa tête durant de longues minutes. « C’est possible, finit-elle par dire. Mais c’est aussi risqué : Cette épreuve peut-être mortelle.
-Et nous pouvons toujours utiliser nos pilules si le besoin s’en fait sentir ! dit Pythagore.
-Mais nous ne savons pas ce qu’il y a à  l’intérieur… » soupira DarKenshin en se passant une main sur le visage. Mais il faut bien faire quelque chose, de toute façon. Nous n’allons pas rester ainsi, les bras croisés, à  attendre que le temps file. Je vais me porter volontaire la première, en espérant que ces trois là  puissent se débrouiller sans moi le temps de l’épreuve. Elle releva la tête, décidée, mais Pythagore la devança.
« Je suis volontaire pour la sphère. »
Elle n’en cru pas ses oreilles. Viper Dragoon, la mâchoire tombante, était tout aussi abasourdi. Il en lâcha une tranche de jambon.
« C… Comment ? bégaya-t-il.
-Je veux bien y aller. Après tout, mon personnage Trauménien est un ange…
-…avec la coiffure de Yu-Gi-Oh… marmonna Viper Dragoon.
-…et j’étais tellement immortel sur le forum, avec mes claquements de doigts, que je devrais pouvoir m’en sortir sans trop de bobos. »
Devant le manque de réaction de ses compagnons, il éclata de rire et compléta sa pensée d’une voix tellement sincère que DarKenshin en fut toute retournée.
« Et puis, nous sommes aussi là  pour prendre des risques, non ? C’est ça être un Trauménien dans l’âme ! »
Un instant, un tout petit instant, DarKenshin s’autorisa un élan d’admiration devant ce gamin qui se lançait sans réfléchir vers l’inconnu. Un instant, elle se sentit fière d’être avec lui, dans ce groupe. Un instant, elle le respecta. Elle aima ce groupe.
Et l’instant plus tard, où Viper hurla qu’il était le seul homme à  pouvoir se mettre une banane dans le nez – et en faisant la démonstration de son talent – DarKenshin reprit son avis initial sur l’état mental de ce groupe.

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La vie est faite d'obstacles à  surmonter pour progresser...
...moi je passe à  côté...


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MessagePublié: 06 Nov 2005, 21:47 
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Ronce écarlate
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Inscription : 20 Déc 2004, 20:05
Message(s) : 1490
Happy birthday to tou traumenschar... vive tes un an.

Puisse tu vivre longtemps. :D

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Rider Kick !


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MessagePublié: 06 Nov 2005, 23:04 
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Techno-Potter
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Inscription : 16 Jan 2005, 19:38
Message(s) : 189
Déjà  un an....., c'est fou comme le temps passe vite lorsque l'on est accro à  une bonne fic !! Vivement la suite ^_^


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MessagePublié: 06 Déc 2005, 22:06 
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Néophyte
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Inscription : 11 Sep 2004, 10:25
Message(s) : 13
Localisation : Dijon
Aurons-nous la fin de cette fiction ou devrons-nous nous contenter des bonus du DVD ?


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MessagePublié: 06 Déc 2005, 22:40 
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Le Dromadaire
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Inscription : 21 Fév 2005, 14:15
Message(s) : 238
Localisation : Sub-Croatie orientale, 4ème poubelle, 7ème district, 57ème avenue.
Tiens donc, on les voit bien, les petits sournois qui lisent des fics sans faire de commentaire (..dit-il pour lui-même. mais pas pour celle-là , hein).

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