A la taverne La fortune, où j'étais descendue à l'occasion retrouver des amis de passage, il y avait un barde qui chantait une légende exotique, au grand plaisir de mes connaissances.
Personnellement, je ne goûte guère les histoires sombres traitant de malédictions diverses et variées, telle que celle du Grêlé.
Cette histoire nous vient des Six Duchés, que nous a dépeint si vivement l'écrivain Hobbs dans ses ouvrages.
Elle parle d'un peuple adorant le dieu de la mer, El.
Robustes et vaillants, ces gens labouraient les vagues et moissonnaient le poisson. Comblé par leur fierté et les honneurs qu'ils lui rendaient, El favorisa les hommes de la mer en leur attribuant les terres en bord de mer et les mers qu'ils pourraient naviguer.
Ainsi quand hommes et femmes au pied marin partaient avec bravoure se heurter à l'eau dangereuse, peu à peu les plus malingres et les plus faibles survécurent en plus grand nombre à terre.
A ceux là , revint de cultiver la terre et de s'occuper des bêtes croissant toujours en plus grand nombre par les bienfaits d'El.
Pourtant, leurs prières allaient à Eda, déesse de la terre, qui sensible à leurs offrandes, leur accorda les meilleures récoltes, leur faisant peu à peu oublier à qui ils devaient leur bonne fortune au commencement.
Peu à peu, les adorateurs d'El se raréfièrent, attirés par les facilités d'une vie sur la terre, abandonnant les champs d'eau qu'ils parcouraient auparavant avec tant d'aisance et de plaisir.
Au final, ne resta qu'un seul adorateur d'El, un vieillard dont les malédictions restaient sans écoute, et dont les suppliques insultaient plus le dieu que ne lui agréaient, peu enclin à trouver à ce vieillard une quelconque importance, par rapport aux hommes grands et forts qui autrefois chantaient ses louanges.
Ainsi, un jour que le vieil homme allait offrir ses vaines prières sur sa barque, El le rejeta avec violence sur le rivage, fracassant son embarcation sur les rochers acérés.
Par miracle, l'homme survécut, mais en resta marqué, au visage, aux bras et aux jambes malingres qui trouvaient encore la force de le supporter.
Il traversa les villages, remontant vers le coeur des terres, avertissant ses semblables que El finirait par trouver un autre peuple favori, que leur fortune ne durerait point toujours.
Il fut ignoré, comme durant ces longues années où l'âge l'avait peu à peu rendu insignifiant aux yeux de ses comparses.
Mais après son passage, ce n'est plus la fortune mais les varioles qui fleurirent sur les terres d'Eda, apportant le malheur, la mort, la ruine.
Et là encore, rien de surprenant, car les varioles viennent des mauvaises terres et se disséminent par le labourage.
_________________ Pouffe qui l'assume.
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