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Dans la tradition chrétienne, il est dit qu'il s'est révolté contre Dieu car il enviait les hommes. Premier point dérangeant : les archanges sont presque tout en bas de la hiérarchie angélique, presque plus proche des hommes que de Dieu, donc plus à même de les comprendre. La seule explication crédible de la révolte de lucifer est en fait l'exact contraire de l' "officielle" : qu'il a, comme Prométhée dans la tradition grecque, "apporté le feu aux hommes" (curieuse ressemblance avec son nom "lucifer", n'est-ce pas ?). Mais en même temps, je vois mal nos curés admettre que le Diable est du côté de l'homme depuis toujours...
Je pense qu'il est hasardeux de traiter les êtres divins de façon aussi antropomorphe. Ce serait un peu comme de dire qu'un volcan est mauvais parce qu'il est entré en éruption près d'un village.
Je dois avouer ne pas adhérer du tout à cette vision très antropocentriste (et parfois terriblement réductrice) de la religion, vision amplement développée dans les lectures de notre belleuh jeunesse (Werber ou Angel Sanctuary pour citer des exemples presque clichés). Dieu et le Diable sont deux principes opposés, point. Un principe d'ordre, de création d'un côté, et de l'autre, une force de chaos et de destruction.
J'ai la nette impression que l'imagerie qui a ensuite assimilé les anges et les démons à des "surhommes" n'a été créée que pour rendre des religions très abstraites plus compréhensible. Et c'est cette
imagerie et rien d'autre qui a engendré, au XIXe, la figure de Lucifer, le Prométhée chrétien. J'ai beaucoup de mal à appliquer des valeurs morales à des figures aussi énormes.
D'autre part, la figure du démon varie énormément avec les époques et les contextes. Si, dans la tradition religieuse, il s'agit d'émissaire du Diable, on a aussi utilisé le mot démon afin de désigner une forme d'être supérieure à l'homme, désignant aussi bien les démons classiques que les anges (principe dont Philip Pullman joue avec brio dans La Croisée des Mondes).
Bref, de mon point de vue personnel, il ne s'agit pas de prendre partie pour l'un ou pour l'autre, Dieu ou le Démon, mais de reconnaître l'un et l'autre comme forces opposées et constituantes chacunes de notre univers.