Persona 3 est, comme son nom l'indique, le troisième opus d'une série relativement méconnue en Europe, marginale aux Etats Unis, et relativement populaire au Japon.
Pour compliquer un peu les choses, Persona est une déclinaison de la très grande famille des Shin Megami Tensei, série de jeux vidéos dont le nombre de productions n'a rien à envier à Final Fantasy. Seul facteur commun ou presque entre chaque Shin Megami Tensei : la présence de démons, tantôt opposants tantôt alliés, et une ambiance oscillant sans cesse entre le très flashy et le dâârk et torturé. Persona 3, qui va bien finir par sortir en Europe est un excellent exemple de ce mélange bizarre et de l'esprit, si particulier de la série phare d'Atlus.
Vous êtes donc ce que vous avez toujours rêvé d'être dans vos années lycées-premières années de fac : un étudiant japonais, classe qui plus est. Débarquant d'on ne sait où, notre héros débarque dans sa nouvelle ville en pleine nuit, peu de temps avant minuit. Et là , d'emblée, tout commence : lorsque les douze coups sonnent, tout se fige. Plus d'électricité, plus de bruit. Et, là où se situaient des gens, des cercueils partout.
Partout ?
Non car un petit village résiste encore et touj... Vous connaissez la suite. Le dortoir où est arrivé, comme par hasard, notre protagoniste, est le refuge de quelques jeunes gens capables de résister à la transformation. Le petit groupe a découvert qu'il existe, entre minuit et minuit une, une vingt-cinquième heure cachée, accessible à quelques élus et à des monstres étranges : les Ombres. Rassemblés dans l'organisation du SEES, ces adolescents luttent contre les dégâts psychiques que causent les Ombres aux humains grâce à un pouvoir bien particulier : les Persona.
Et tout le scénario tient dans ces quelques lignes. Oui oui. Mis à part quelques révélations scénaristiques, l'histoire n'ira pas beaucoup plus loin. Persona 3, c'est cela : l'aventure banalisée, rendue quotidienne. Vous êtes un étudiant aux prises avec un phénomène bizarre, qu'il va falloir élucider... Mais pas uniquement : si "l'Heure Sombre" occupe votre attention, il va aussi falloir suivre une scolarité normale, dans votre nouvelle école.
Le jeu est en fait divisé en deux partie : tout d'abord la journée "classique", durant laquelle vous vous rendez le plus souvent à l'école, vous discutez avec vos amis, vous allez au cinéma... Bref, vous vivez ! Et cette vie a une influence directe avec la seconde partie du jeu : l'Heure Sombre. Durant ce moment caché à la réalité, vous explorez le Tartare (oui oui, c'est ringard), immense donjon qui semble receler la clé de l'origine des Ombres. Cet endroit mal famé regorge de monstre mal intentionnés que vous ne pouvez repousser que grâce à vos Personae. Mais qu'est-ce donc que cette bête là ? Une Persona est décrite, dans l'univers du jeu, comme un reflet de la personnalité de son porteur, un masque, qui s'incarne sous la forme d'un archétype. Par exemple, Mitsuru, chef du groupe SEES, fière et hautaine, est porteuse de la Persona Penthelisea, reine amazone. Les Persona prêtent à leur porteur des pouvoirs magiques, leurs forces et leurs faiblesses.
Le cas du héros est unique, en ceci qu'il peut changer à volonté de Persona. Avec l'aide du mystérieux Igor (qui apparaît dans chaque volet de la série), il pourra même en fusionner deux différentes pour en obtenir une nouvelle. Et c'est là que repose le génie d'Atlus : chaque Persona tire son pouvoir d'une lame de Tarot. Dans le monde réel, certains camarades ou connaissances symbolisent une lame de Tarot. Plus votre relation avec cette personne sera forte, plus le seront les Persona rattachées. Votre vie relationnelle est donc la clé de vos succès.
Persona 3 tire son charme d'éléments bien précis : un graphisme épuré qui se veut furieusement design (il n'y a qu'à regarder la tronche des ennemis, les menus et la séance d'intro), un système de combat à la fois simple et très riche et, plus que tout, un travail très poussé sur les relations de votre avatar avec les autres personnages. Il faut savoir qu'il n'est pas vraiment possible de contrôler les autres membres de l'équipe qui combattent à vos côtés, ils agiront uniquement selon de grandes lignes de comportement que vous leur fixerez. Si ce système peut sembler frustrant au premier abord, il contribue à l'immersion du joueur : oui, ces êtres ont leur propre volonté et, parfois, commettent des erreurs.
Persona 3 insiste énormément sur les dialogues entre différents membres de l'équipe et vous laisse libre de savoir qui vous apprécierez et qui vous considérerez comme une simple connaissance.
Très différent de son prédécesseur, qui achevait magistralement un cycle pertinent et audacieux, Persona 3 est une oeuvre étonnante, petit bijou d'élégance et de plaisir de jeu. Avec cette sensibilité propre à tous les Shin Megami Tensei. Bref, c'est beau et, malgré le côté glauque, ça laisse une indécrottable sensation d'optimisme.
L'intro ici