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 Sujet du message: Resident Evil : DDB
MessagePublié: 26 Août 2004, 08:21 
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Pamplemousse Panchromatique
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[center]Resident Evil : Dragon's Dark Blood[/center]




" Bloody "
Raphaël Lafarge " DragonNoir "
" Drake "
" DoubleXXMinus "
" X1Alpha "






[center]Image[/center]




















[center]Première partie


Les rescapés
[/center]
























CHAPITRE I




J'en ai marre de cette putain de cellule. Marre de ce putain de système. J'aurais préféré crever plutôt que de replonger. Y a quand même un truc que j'pige pas. On aurait dû me transférer à  la prison de haute sécurité de New York depuis deux jours déjà . Pourtant que dalle, nada. Ca a l'air d'être le bordel dehors, les keufs sont en panique, j'entends des coups de feu et des hurlements. Une révolution ? J'espère pas, rester enfermé dans cette piaule pendant que ça se crève dehors, j'supporterais pas ! De rage, je donne un coup de tête contre le mur et me mets à  gueuler.
- Enculés de flics ! Qu'est ce que vous foutez ? On crève la faim !
- Ta gueule, Ripper, y en a qui essaient de dormir, gronde mon compagnon de cellule.
- Ah ouais, et tu vas m'en empêcher comment, Verasquez ? demande-je en lui faisant un bras d'honneur.
J'ai vraiment envie de me friter avec quelqu'un mais cette petite pute de Verasquez n'a pas de couilles. Lui, c'est qu'un pauvre proxénète et un violeur tout con, moi, j'suis un tueur en série. On m'a surnommé "Ripper" car j'éventre mes victimes tout comme Jack l'Eventreur. Mais moi, je bute pas que les putes, n'importe qui peut faire l'affaire, gosses, vieux, gonzesses, j'm'en bats les miches du moment qu'je fais un bon trip.
Comme dirait Obi-Wan, Rodaring m'a bien formé.
J'm'emmerde dans cette putain de cellule, j'ai rien à  faire et la faim m'empêche de réfléchir aux moyens de me faire la malle.
Soudain, j'entends des pas dans l'escalier, moi et Vérasquez, on fixe les marches et on voit une fille arriver, le teint pâle. Elle a l'air plutôt jeune, j'vois Vérasquez passer sa langue sur ses lèvres, il a l'air intéressé. La fille nous remarque et s'avance doucement vers nous.
- Eh, petite, il se passe quoi dehors ? C'est le bordel ! hurle-je pour attirer son attention.
- Je... je... des monstres sont apparus en ville, ils dévorent les habitants... c'est la panique, chevrote-t-elle.
Des monstres ? Elle se fout de moi ! Ah nan, ça me rappelle vaguement un truc, les bêtes qui bouffaient les promeneurs de Raccoon Forest. Puissant... tout en pensant à  tout ça, je la détaille. Cheveux châtain, yeux foncés, taille de guêpe. Je vois qu'elle rougit en remarquant que je la déshabille du regard. J'm'en balance de ce qu'elle pense, elle est bien trop jeune, j'ai vingt-cinq piges, j'suis même pas sûr qu'elle est majeure. Putain, j'y crois pas, le sigle sur son épaule, c'est une meuf des S.T.A.R.S. !
- Hé, la gosse, tu fais partie des S.T.A.R.S. ? questionne-je, franchement surpris.
- Pour ce qu'il reste des S.T.A.R.S. ! La plupart sont morts... bégaie la gamine, les larmes aux coins des yeux.
J'hallucine ! Ces bâtards, morts ? Trop cool ! Attends, nan, pas cool.
- Et Redfield ? L'est pas mort, lui, j'espère ? demande-je.
J'ai une boule dans l'estomac ! C'est cet enculé qui m'a coincé, j'veux le crever moi- même.
- Non, non, il est en vie ! assure la keuf.
- D'la balle ! crie-je, bon, tu nous libères maintenant ? T'as besoin de nous, gamine !
- C'est pour ça que je suis là , mais promettez-moi de pas faire de conneries et de m'obéir ! dit-elle avec un regard qu'elle croit impressionnant.
Je souris, on va bien s'amuser...





Le zombie est devant moi, prêt à  me bouffer un morceau de cou... Je fais tourner ma batte de base-ball au-dessus de ma tête et l'abats sur le monstre. Sa tronche vole en morceaux et le corps s'écroule sur le bitume. Les clous que j'ai posé en hâte à  l'extrémité de mon arme arrachent sans problème les crânes de ces monstres putrides.
Depuis combien de temps est-ce que je survis ici ? Je n'en sais rien, aucune armée n'est arrivée pour nous sauver, rien. J'ai réussi à  leur échapper le premier jour de l'infestation, mais ils ont eu ma famille...
Les salauds.
Depuis, j'ai trouvé des survivants mais ils ont refusé d'établir un refuge... ils étaient trop paniqués pour ça. Alors, ils se sont séparés et ils sont probablement morts en ce moment.
Je revois tous ces épisodes dans ma tête.
Un bruit strident m'arrive aux oreilles.
Encore une créature verte ? Mieux vaut que je me casse, elles sont invincibles...
Hum, je commence à  avoir l'estomac qui gargouille.
Un supermarché est dans le coin. Ca me servira d'abri en attendant. J'espère qu'il reste de la nourriture, depuis tout ce temps, la bouffe se faisait de plus en plus rare. Mais je préfère crever de faim plutôt que de servir de repas à  ces enflures !
J'entends un faible bruit de pales. Un hélico au-dessus ? Ca doit être mon imagination qui me joue des tours...
La porte s'ouvre lentement. Pas de zombies.
Cherchons à  manger.





Crépuscule.
L'obscurité s'étendit sur Raccoon City en même temps que les cris des zombies.
L'invasion avait commencé tôt. Elle avait pris de l'ampleur au rythme de la montée et de la descente du soleil, pour atteindre son paroxysme en fin d'après-midi. A présent, les humains survivants n'étaient que spectres livides se tassant dans leurs chambres, leurs arrières- boutiques, leurs voitures, tout ce qui pouvait leur servir de refuges.
La ville était devenue le domaine des morts-vivants, malades dans un état second dont l'épiderme se putréfiait sous l'emprise de ce mystérieux virus.
Ce fut dans ce décor d'apocalypse que se joua une tragédie de grande ampleur.
Car les êtres humains, si prompts à  peupler leur imaginaire de créatures démoniaques, de tentacules boursouflés et d'abominations véloces, oublient que les monstres les plus dangereux sont ceux qui rôdent en eux.




Ca y est, la gamine nous a libérés. J'hésite à  l'attaquer maintenant, si c'est une meuf des S.T.A.R.S., c'est pas pour rien, elle doit savoir cogner. Vérasquez aussi n'a pas l'air trop chaud pour l'agresser. C'est le silence total ici, elle se contente de nous observer.
- Bon, on fait quoi, gazelle ? demande-je, sarcastique.
- Il faut partir d'ici et essayer de rejoindre un endroit sûr, on ne tiendra pas longtemps sans nourriture, explique-t-elle.
- Vous êtes combien de keufs ? questionne Vérasquez.
- Douze, alors c'est pas la peine d'espérer t'enfuir, ajoute la gonzesse en souriant.
- C'est quoi, ton nom ? J'vais pas continuer à  t'appeler gazelle.
- Chambers, Rebecca Chambers. Et toi, tu es Spike " Ripper " Williams, c'est ça ?
- Ripper suffira, affirme-je.
- Suivez-moi, ordonne-t-elle en se retournant.
C'est une bleue, remarque-je, impassible. A peine a-t-elle tourné le dos que Vérasquez bondit et la ceinture. Elle tente de lui donner un coup de coude mais Vérasquez a l'habitude de ce genre de situation, il l'évite facilement et la plaque contre le mur. J'entends un boum. La tête de la flicarde vient de rencontrer le mur du couloir.
Elle gémit doucement en se tenant la tête. Vérasquez la relève et lui enlève son jean. Je ne peux pas voir la tête de la gamine qui est collée au mur mais ses cris étouffés parlent pour elle, elle est terrifiée.
- Vas-y, gueule, ça m'excitera plus si tu chiales, siffle Vérasquez.
- Pitié, murmure la jeune femme.
Vérasquez baisse son pantalon de taulard, son souffle s'est accéléré, il halète comme un porc.
Quel pauvre type. Il ne me voit pas arriver, trop occupé à  essayer de rendre docile la gazelle. Je le choppe par le cou et le force à  se retourner. J'vois de l'incompréhension dans ses yeux quand je lui décoche une patate en pleine tronche. Il tombe lourdement au sol et tente de se relever. Mais son pantalon à  moitié enlevé le gêne dans ses mouvements.
Je le relève moi-même et lui colle un coup de genou dans le bide, suivi d'une série de coups de poing dans la gueule, je le tiens par le col de la main gauche pour éviter qu'il tombe. Quand je vois qu'il n'est plus vraiment conscient, je lui donne un dernier coup dans l'estomac et le lâche. Vérasquez s'écroule. J'me demande un instant si l'est pas crevé... tant pis pour sa gueule... Je m'approche de la gonzesse... c'est quoi son nom déjà  ? Rebecca... elle est toujours par terre, en train de pleurer. Je m'accroupis près d'elle et pose une main sur son épaule. Je sens qu'elle se raidit.
- Ca va aller, Rebecca, dis-je doucement.
J'me sens trop con avec cette phrase de merde. Elle lève ses yeux pleins de larmes sur moi et murmure un " merci " avant de se blottir dans mes bras. C'est vraiment une bleusaille... j'pourrais lui casser le cou d'un seul mouvement. Je l'éloigne de moi et la regarde, affichant une tranquillité audacieuse sur le visage.
- Pour... pourquoi tu m'as aidée ? souffle-t-elle, les yeux grands ouverts.
- Te méprends pas, tu m'as fait sortir de ce trou, j'avais une dette envers toi.
Elle me regarde, étonnée.
- Quoi ? demande-je sèchement.
- Je... je savais pas que les assassins avaient ce genre de reconnaissance, assure-t-elle.
- J'suis pas un assassin ordinaire, lâche-je.
- Ca, j'avais remarqué ! rétorque la flic en souriant.
Je fais semblant de ne pas comprendre l'allusion et me dirige vers les escaliers menant au rez-de-chaussée.
- J'tiens pas à  moisir ici, j'passe devant : comme ça tu pourras me surveiller, dis-je d'une voix neutre.
- Et lui ? demande la keuf en regardant le corps inerte de Vérasquez.
- On s'en tamponne, conclus-je en grimpant les marches.





J'entre dans le supermarché. Aucune créature verte ne m'a suivi, je peux fouiller dans les étagères désertes quelque chose pour calmer mon estomac.
Voyons voir... De la viande pourrie. Arf, ça me fait penser au zombie que je viens de buter ! Y'a rien d'autre ? Ah si, de la glace au chocolat. Elle a fondu. C'est tout ce qu'il reste de potable. Je vais sans doute crever de faim, mais je me donnerai la mort avant que ces saloperies ne me dégustent...
Ah si, il y a autre chose qui est comestible. Une pomme posée sur un étal.
Je la fixe, je la saisis et je l'envoie s'écraser au mur.
Je n'aime pas les pommes. Depuis tout petit, quelque chose m'horrifie en elles. Je crois y voir des taches de sang.
Pendant que je mange la glace au chocolat (qui n'en est plus vraiment une), un bruit sourd se fait entendre au plafond.
J'arrête de manger, tendant l'oreille pour tenter de savoir de qui ou de quoi provenait ce bruit.
Un autre, puis encore, quelqu'un semble courir ! Quelqu'un de vivant ? Il n'y a qu'un moyen d'en être sûr.
J'aperçois l'escalier de service ; prenant mon courage (et ma batte) à  deux mains, je me dirige vers celui-ci, espérant rencontrer en chemin notre inconnu.





J'ai atteint la dernière marche. Le rez-de-chaussée. Tous les keufs se retournent et me braquent.
- Du calme, les filles, rangez votre testostérone...
Eclair. Choc. Goût cuivré et métallique dans la bouche. Je viens de me bouffer une crosse de fusil à  pompe et j'me suis vautré. Ca se passera pas comme ça.
- Vas-y, pose ton substitut de pénis par terre et approche, enculé, dis-je en me relevant.
La crosse recule. Le même coup, ça marche jamais deux fois. Au moment où la crosse va s'abattre, je chope le canon, pivote pour faire lâcher prise mon adversaire, lui assène une béquille pour qu'il se baisse et lui colle le canon de l'arme sur la tempe. Les autres flics lèvent une nouvelle fois leurs flingues sur moi.
- Lâche-le, bâtard, hurle le plus près de moi.
- Fais pas le con, t'as aucune chance de t'en sortir, assure un autre.
- Lui encore moins, assure-je avec un sourire.
- RIPPER !
Je me retourne, surpris. Qui c'est qu'a gueulé comme ça ? Oh, c'est la keuf que j'ai sauvé de Vérasquez.
- Donne-moi ton arme, demande-t-elle en tendant la main et en s'approchant de moi.
Gonflée, la nana ! Elle n'est qu'à  quelques mètres de moi. Je grogne et lui donne mon flingue.
Elle me sourit et s'apprête à  parler. J'saurai jamais ce qu'elle a voulu dire, j'me prends un coup de botte dans le dos et plusieurs autres coups dans la tronche et dans le bide. J'm'écroule et ils s'en donnent à  coeur joie : coups de pieds, de matraques... j'sens même plus mon corps, ça sert à  rien de tenter de se défendre.
- ARRÊTEZ, hurle la fille, VOUS ALLEZ LE TUER !
Non, tu crois ? J'comprends pas trop pourquoi elle essaie de me sauver... j'vais pas me plaindre non plus. Les keufs s'éloignent de moi, sourire aux lèvres. Cool... j'crache du sang. Combien ils m'ont pété de côtes, ces enculés ? Pas pressé d'aller aux chiottes, moi, j'risque de pisser plus de rouge qu'autre chose. La gazelle s'approche de moi, non sans un regard noir à  ses collègues.
- Ca va aller ?
- T'en as d'autres des questions connes comme ça ? persifle-je.
- Je... je suis désolée... il faut te soigner, je vais t'aider à  te relever, dit-elle en me posant une main sur l'épaule.
D'un geste que j'voulais pas si brusque, je repousse sa main et me remets debout alors que je la regarde comme si elle était de la merde.
- T'avise plus de me toucher, okay ? J'ai besoin de personne et surtout pas d'une flicaille comme toi, tu piges ?
Vu la gueule qu'elle tire, j'l'ai blessée. Bouh, la pauvre... au moins elle a compris le message. Je fixe le mec qui a l'air d'être le plus gradé de tous, un gars qui porte un uniforme des S.T.A.R.S. aussi, avec une barbe et le bide du vieux sportif qui refuse pas une petite bière de temps en temps.
- C'est toi, la tarlouze en chef ? demande-je avec un léger arrière-goût de provoc'.
- Et c'est toi le chieur qu'on doit se taper, annonce-t-il, impassible. T'as de la chance qu'on ait besoin d'un maximum d'hommes, sinon on t'aurait laissé crever dans ta cellule.
Il a de la répartie, le gros tas.
- C'est quoi ton p'tit nom d'scène ?
- Barry Burton. Autant finir les présentations. Je crois que tu connais déjà  Rebecca Chambers alors voici Brad Vickers, Alex Krimp, Jill Valentine, David Shown, Chloé Marco...
- Okay, okay, c'est bon, j'm'en balance de tes p'tits copains de partouze... c'est quoi, le plan ?
- La ville a été mise en quarantaine pour le moment, ici, nous ne sommes plus en sécurité. Il nous faut trouver un endroit sûr et surtout, trouver de quoi manger, on tiendra pas sans ça... alors on va d'abord au supermarché pour se ravitailler et ensuite, on avisera.
- Ouahou, quel plan génial, marmonne-je en rigolant, aïe, putain de côtes... et c'est qui le génie qu'a mis au point ce plan infaillible ?
- C'est moi !
J'me tourne vers la voix. Excusez-moi, mais elle sort d'où cette bombe ? On en fait des comme ça chez les poulets maintenant ? Jill, j'crois que c'est ce que l'autre gay a dit.
- Bon, j'ai pas trop le choix, j'vous suis, dis-je.
- Parfait, on y va... n'oubliez pas de tirer à  vue, termine Gros Gay en chef.

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Dernière édition par Raphychou le 25 Juin 2005, 03:09, édité 5 fois.

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MessagePublié: 26 Août 2004, 18:14 
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CHAPITRE II




La porte de sortie de secours s'ouvre. Les pas lourds que j'avais entendu se sont arrêtés.
Ca me dit rien de bon, tout ça. Peut-être un malade infecté qui veut tuer le plus de monde avant de se transformer ? Comme le gars sur Est 40...
Armé de ma batte, j'avance dans le couloir obscur. Une odeur de sang et de tripes me monte au nez. Déjà  que la glace était pas très fraîche.
Je vais pas risquer ma peau pour un gars que je connais même pas, et qui plus est dans un endroit où ça pue autant !
Je fais donc demi- tour. Apres tout, c'est chacun pour soi désormais. Je ferme la porte doucement, et me retourne pour aller vers l'entrée du supermarché.
Un râle me fait sursauter. Derrière une caisse, je vois une employée se remettre sur pieds. Elle a encore sa casquette sur la tête, mais il lui manque un bras...
- Pas facile de se relever comme ça, hein, ma belle ?
C'est de l'ironie, car son visage est d'un bleu grisâtre et ses yeux vides ne reflètent qu'un instinct primaire : manger.
- C'est pas aujourd'hui que tu vas calmer ta faim, minette !
Une dizaine de mètres me séparent de la chose, elle m'a déjà  reniflé et tend son unique bras dans ma direction. J'esquisse un sourire devant ce combat trop facile, et empoigne ma fidèle batte... Quand tout d'un coup, un léger vent souffle à  ma droite. Je n'ai pas le temps de comprendre quelque chose que la tête de la fille tombe par terre. Tout s'est passé en une fraction de seconde. Une masse verte se relève près du cadavre et me dévisage de son regard perçant.
Un reptile ! Mais... pourquoi ne m'a-t-il pas attaqué ?
Mon nouvel adversaire ne me laisse pas le temps d'en trouver la raison. Cette fois, le combat risque d'être un peu plus musclé que y'a deux minutes...
Il s'élance, toujours sans pousser le moindre cri, étrange pour une saloperie qui aime pavaner avec son cri de castrat. Je me baisse juste à  temps pour le voir s'écraser dans une vitrine qui éclate en milliers de morceaux de verre. Je n'hésite pas à  saisir l'occasion qui se présente, et j'abats de toute ma force les clous dans le dos du monstre.
Cette fois-ci, il pousse son hurlement et essaie de se relever.
J'arrache ma batte de son dos sanguinolent à  souhait, et je me prépare à  la seconde offensive.
Mais au lieu de me foutre une de ces baffes dont ils ont le secret, il s'écroule en poussant des gémissements. Un morceau de verre est planté dans son poumon gauche.
Je le regarde encore quelques secondes agoniser, bizarrement, comme un être humain. Je me dis que ça doit être mon imagination et je lui assène un coup dans la tête.
Son corps trapu ne bouge plus.
L'odeur du sang frais me vient aux narines ; je m'éloigne des deux cadavres.
Me voici à  l'entrée du bâtiment? je pense à  la chance que j'ai eu de n'être pas cané par ce gros crapaud quand des sirènes de police retentissent.
Elles proviennent de la 37ème rue et viennent dans cette direction. Des flics sont encore vivants ?
Je tends un peu plus l'oreille. C'est bien, ça, les flics !
J'espère qu'ils ne vont pas m'arrêter pour vol à  l'étalage.
J'y pense? ils ne doivent pas savoir qu'il reste des survivants. Et s'ils tiraient à  vue ?
Mieux vaut se cacher, me dis-je.
Une benne à  ordure est juste à  côté.
C'est mieux que rien.
Je saute dedans et ça me paraît plus propre que le magasin. C'est vous dire.
Ils ne devraient plus tarder. Attendons le bon moment.





- Chiotte !
Barry Burton descendit de la voiture.
- Qu'est-ce qui se passe, ducon ? lança Ripper. T'as oublié ta vaseline ?
- Ta gueule, Ripper. Mais en un sens, c'est bel et bien un problème d'huile.
Tous les policiers mirent pied à  terre. Ils ne se donnèrent pas la peine de refermer les portières.
- Plus de carburant. Et pour trouver de l'essence à  Raccoon City par les temps qui courent?
- Pire qu'une crise pétrolière, gloussa Jericho.
Jill Valentine le fixa. A vingt-trois ans, Teddy Jericho avait l'air d'en avoir seize. Son regard traduisait son manque total d'expérience.
- On doit continuer, fit Jill. Le supermarché est à  deux pas. Chloé ? Chloé ?
Chloé Marco, jeune fille à  peu près du même âge que Jericho, tendait l'oreille.
- J'ai cru entendre un son métallique. Comme si quelqu'un frappait des boîtes de conserve.
- Chloé. On doit y aller.
Ils reprirent leur marche.




Des zombies.
Je me plaque contre un mur de briques. A la "Metal Gear". J'adore ce jeu vidéo. Il gît dans mon immeuble, dont les locataires ont un comportement atterrant, ces temps-ci... je dirai même qu'ils ont acquis une attitude mortifère.
J'entends les pas des zombies dans la rue. S'ils savaient que je me tiens à  deux mètres d'eux, dans cette impasse aux murs suintants.
Je risque un coup d'oeil.
Ah, ce ne sont pas des zombies. Pire. Des policiers. Ils marchent au pas, les fous. Ils se croient dans l'armée. Mais ici, ce n'est pas un champ de bataille. Ici, ce n'est pas la guerre. Ici, c'est une jungle, un simple terrain de chasse avec des prédateurs qui rôdent et un gibier unique...
Nous.
Dois-je aller à  leur rencontre ? La prudence le recommande. Malgré les petites magouilles de jadis, je dispose d'un vernis de respectabilité. Ces crétins en uniformes bleus me fourniront une bonne escorte.
Au moment où je sors de la ruelle, quelque chose me fige.
Ce type, là , qui les accompagne en maugréant... Ripper ? !
Oh. Ca change tout. Il n'est pas question que je rejoigne ce groupe. Ripper pourrait poursuivre ses médisances. Il est si prompt à  dire du mal des gens.
Rodaring !
Sans m'en rendre compte, j'ai fermé les yeux. La voix de l'agent Redfield résonne dans mon esprit.
- Vous me cherchiez, Redfield ?
- Inutile de nier.
- Redfield ? avais- je dit. J'ai bien peur de ne pas vous suivre.
- Vous avez couvert les agissements de ce salopard ! Et vous avez vous- même commis des meurtres !

J'esquisse un sourire en pensant à  ce jour- là .
- Avez- vous des preuves, Redfield ? Ou au moins des arguments pour étayer vos hypothèses ?
Redfield m'avait regardé droit dans les yeux.
- Vous êtes aussi cinglé que lui. Mais Ripper, lui...
- Il ne comprend pas les lois de ce monde, avais-je coupé. Aimer tuer les gens... sentir les nuques craquer... admirer le sang qui coule... c'est un goût que j'ai acquis au Viêt-nam et que je lui ai transmis. J'était tout jeune, vous savez. Et j'ai appris à  dissimuler. Pas Ripper.
- Tout compte fait, Rodaring, je crois que je préfère Ripper. Il ne cache pas ses intentions.
J'avais ricané.
- Ca l'a mené derrière les barreaux. Evidemment, Redfield, vous, vous appréciez ça. Mais en tant que cadre d'Umbrella Corporation, je ne peux pas me permettre ça. Un casier judiciaire nuirait à  ma carrière...
- Rodaring. Un mot de plus et je...
- Et vous quoi ? Vous avez les mains liées, Redfield, et vous le savez. Au nom du Ciel, que comptiez-vous faire ? Vous avez surgi dans mon bureau immaculé, comme ça, avec un revolver dans une main et des menottes scintillantes dans l'autre. "Nathan Rodaring, vous êtes en état d'arrestation, pour trafic d'armes, meurtre et complicité de meurtres aux pires degrés".

Je pouffe. L'agent Redfield, à  sa manière, ressemble à  Ripper. Son ennemi juré est son reflet complet. Ils s'attachent à  des notions désuètes de bravoure et de franchise... mais cela n'a rien à  voir avec l'honneur. Tout à  l'heure, j'ai dépecé un Licker au coupe-papier, grâce à  mon entraînement dans divers arts martiaux. Suis-je un lâche ? Rien qu'un salaud avec un bon Q.I. qui a misé sur le bon cheval.
Enfin, le bon cheval...
Les policiers se sont éloignés, et Ripper avec. Je m'engage dans la rue. Qu'ai-je de mieux à  faire que les suivre ?
Oui, tout compte fait, peut-être n'ai-je pas misé sur le bon cheval. Umbrella Corp. a perdu le contrôle de ses "géniales" expériences. Voilà  ce qui arrive quand on s'intéresse plus au profit maximal qu'aux normes de sécurité. Maudit Marcus.
Que pensent les Ashford en voyant le conglomérat qui les compte parmi ses fondateurs ? Regrettent-ils leurs investissements ?
Trois zombies bloquent la rue. Pas besoin de ressortir mon coupe-papier, je vais régler ça aux poings. La discipline intellectuelle et la maîtrise physique vont de pair. A quoi bon l'intuition et la philosophie quand on n'est pas capable de faire respecter ses choix ?
Les créatures m'opposent encore moins de résistance que je m'y serais attendu. Formidable.
La voie dégagée, je suis la piste des policiers. Et de Ripper.
Ripper, mon vieil ami. Mon frère spirituel. Nous avons beaucoup de choses à  nous dire. Sera-t-il mécontent de savoir que mon score de victimes a dépassé le sien pendant ses années de prison ?
En avant, Nathan Rodaring.
Has-kay-bay-nau-ntayl.

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CHAPITRE III




- Pourquoi est-ce qu'on doit se taper tout le chemin à  pied ? demande-je en levant les yeux au ciel.
Douze regards noirs. Okay, pas bavards. Mais j'm'emmerde et quand j'm'emmerde, j'fais chier le monde.
- Et vous devriez marcher en faisant encore plus de bruit, j'suis certain qu'il doit rester deux-trois monstres qui vous ont pas entendu.
Ils ne répondent même pas, ces enculés. Moi, j'dis ça, c'est pour me rendre utile, c'est pas moi qui me plaindrai quand je me ferai bouffer vivant. Tiens, la bleue s'approche de moi, merde, elle va vouloir engager la conversation.
- Pourquoi t'agis comme ça ? m'interroge-t-elle.
- Et comment j'agis ? réponds-je sans lui jeter un regard.
- On dirait que tu fais tout pour qu'ils te tuent.
J'éclate de rire. Quelle conne !
- Tu te marres ? Tu es dans une ville infestée de monstres et tu te marres ?
- T'as pas lu mon dossier ? J'suis un aliéné, c'est pour ça que j'me ferai pas gazer, explique-je.
- Je ne pense pas que tu sois fou, dit-elle dans un murmure.
- M'en tamponne de ce que tu penses, réplique-je pour mettre un terme à  la conversation. Eh, les mecs, j'ai besoin de fringues, y'a un magasin ici, y'a pas moyen que j'me change ?
- T'as du fric ? questionne Gros Gay en chef sans même se retourner.
Wahou, qu'il est drôle le barbu. Attention, argument ultime prêt à  l'emploi.
- J'dis ça, mais après tout, c'est ton droit de vouloir être accompagné d'un néon orange fluo !
Pour enfoncer le clou, je baisse les yeux vers mon futon de taulard. Burton se retourne enfin et me considère un instant. Il va céder ce blaireau, j'le sens.
- Okay, moi, David et Chambers, on t'accompagne. A la moindre connerie, j't'explose ta sale gueule de branleur, siffle-t-il avant de cracher par terre.
Pour étayer ses paroles, il sort son Magnum et me regarde en souriant. J'en tremble d'avance...
Joseph Angel charge son arme pendant qu'Ash Tumber envoie un coup de pied dans la benne à  ordures. Nerveux, le petit gars. L'a besoin de se défouler.
Moi et les trois flicailles, on s'engouffre dans le supermarché en ruines pendant que les autres font le gay - euh, le guet - dehors.
J'enjambe distraitement un cadavre et pars à  la recherche d'un habit plus seyant à  me mettre que ce truc orange. Ca sent la mort ici, au sens propre. Un gosse est recroquevillé sur lui-même, en position foetale, la cage thoracique enfoncée. Il lui manque la moitié du crâne, et son oeil pend lamentablement, arraché à  son orbite. Le sang s'écoule de la plaie à  la tête et trace un sillon sur son visage. J'ai une soudaine envie de shooter dedans. Putain, le sang est rouge vif ! Il est pas camé depuis longtemps. Pas intérêt à  moisir ici.
Je choisis un jean noir et un tee-shirt de même couleur. Je me change au milieu du rayon, sous l'oeil vicieux du gamin. Ma pudeur s'en remettra. Un splendide cache-poussière en cuir me fait de l'oeil. Dur de résister. Trop dur. Je l'enfile et j'essaie de trouver une glace à  peu près intacte pour voir de quoi j'ai l'air. Y'a pas, je tape la classe.
- AAAAAH !
Ça hurle dans le magasin. Je lève la tête et je vois Burton à  quelques rayons de moi en train de tirer sur un truc tout vert. La vache, impressionnante la bestiole ! A chaque bond, on peut voir ses muscles rouler sous sa peau.
Il évite toutes les balles et se place devant l'autre flic, resté pétrifié à  côté de Burton. Il a à  peine le temps de crier que la bestiole l'éventre d'un coup de griffe puissant. En entendant le bruit de déchirure de sa paroi abdominale, je ne peux réprimer un sourire. Ça me rappelle le bon vieux temps, y'a pas, j'suis un grand nostalgique. Ah, la, la, la belle époque avec Nathan... j'me demande bien où il est. Mort ? J'en doute, l'est capable de s'en sortir dans n'importe quelle situation... il est aussi malade que moi. Mais lui, il a un gros avantage. Moi, je suis dangereux et je le montre. Lui, il est dangereux est personne ne pourrait s'en douter. Je cours pour rejoindre les débiles en bleus.
- Yo, bouffon, approche ! gueule-je dans l'espoir d'attirer l'attention de la chose.
Le monstre tourne la tête et me regarde. Je me saisis d'une barre métallique qui maintenait les vêtements dans le rayon et la fais tournoyer autour de ma main.
La créature s'approche et fait un bond prodigieux, se retrouvant juste devant moi. De toutes mes forces, à  l'aide de mon arme improvisée, je lui assène un coup en pleine tête. La créature n'a même pas émis un son, elle n'a rien senti. Du plat de sa patte griffue, elle m'envoie valser contre le comptoir. Je me relève péniblement et j'aperçois Burton en train d'aligner la créature.
- Non !
Mon cri est couvert par la détonation du Magnum, la tête de la bestiole éclate comme une pastèque trop mûre.
- Putain, qui t'a permis d'intervenir ? J'allais m'le faire ! vocifère-je.
- Sans arme, remarque Burton, impassible, en se dirigeant vers la sortie.
- Et alors ? Tu me prends pour qui ?
- Pour un connard, Ripper, par ta faute, David est mort ! hurle Rebecca tandis que ses yeux lancent des éclairs.
Elle se venge car j'ai pas été gentil tout à  l'heure. J'ai une putain d'idée, tout à  coup. Je m'approche rapidement d'elle et je l'enlace.
- Qu'est-ce que... balbutie-t-elle.
Je lui laisse pas le temps de finir et couvre sa bouche avec la mienne. Ma langue force le passage de ses lèvres ; tandis que mes mains caressent son corps, ma langue explore sa bouche, s'enroulant autour de la sienne. Elle étouffe un gémissement et me mord la langue.
- Putain, il t'arrive quoi ?
Ses joues ont pris une teinte rouge du plus bel effet.
- C'est à  moi de te demander ça ! Tu m'a embrassé de force ! crie-t-elle.
- J'ai pas trop senti de résistance, moi, quand tu gémissais... annonce-je, sarcastique.
Ouf, pas si fragile que ça, la gamine, foutre une baffe à  un mec comme moi, risqué comme attitude.
- Bah alors, chérie, ta morale se réveille enfin ? ricane-je.
Elle sort alors son flingue et me braque.
- Je te tue...
- Te gêne surtout pas pour moi, dis-je en rejoignant Barry et les autres dehors, tout en caressant discrètement le manche du couteau que je viens de lui dérober.
Vraiment, ce baiser était très agréable...





Le coup de pied assené par ce connard de flic a fait vibrer toute la benne. J'ai gémi. Ils ne m'ont pas entendu.
D'après le bruit, il y a une douzaine de flics. Le tintamarre est passé à  côté de moi. Ils doivent être dans le magasin.
L'odeur répugnante de la benne à  ordures commence à  me dégoûter... Mais ce n'est rien comparé aux effluves des cadavres de zombies. Chassant de ma tête cette pensée peu joyeuse, je soulève le couvercle de ma cachette et je bondis derrière un mur.
Quelques poulets sont restés dehors pour monter la garde, et certains sont à  l'intérieur.
Quel est leur but ? J'en ai rien à  battre, je veux juste piquer un flingue, pour le cas où des situation plus chaudes se présenteraient. J'ai bien réussi à  me débrouiller sans eux pendant... combien de temps ? Peu importe.
Un des flics, un gros Noir, tient dans ses mains un magnifique Desert Eagle. Sa crosse luit d'un éclat gris. Elle donne vraiment envie de se la procurer... Mais je pense pas qu'il va me la donner comme ça, avec comme condition de la ramener sans aucune rayure le lendemain au poste. Non, il va falloir trouver autre chose.
Et, comme pour répondre à  ma question, il fait un signe à  ses potes et part dans la ruelle où je me trouve ! Je me plaque contre le mur et il passe à  côté sans me voir. Il continue à  chercher quelque chose sur une vingtaine de mètres, en tenant son flingue comme si sa vie en dépendait. Et ça doit être vrai.
Une aubaine. Je retourne ma batte dans l'autre sens et m'approche le plus discrètement possible de lui. Il transpire à  grosses gouttes. Ce con ne m'a même pas vu venir. Je lui fous un coup sur la nuque, il s'écroule dans les détritus avec un bruit mat.
Merde, j'espère que je l'ai pas tué. Je prend son pouls, il est faible, mais bat encore, c'est l'important.
Je ramasse son flingue et le met dans mon jean. Un sentiment de sécurité m'envahit.
Avec ça, personne n'a intérêt à  me faire chier.
Mais j'ai intérêt à  déguerpir au plus vite, avant que les autres crétins ne se rendent compte que leur copain est dans les pommes!
Je cours.
Avant de filer dans une rue adjacente, jonchée de voitures fracassées, je vois tout le monde sortir du supermarché. Avec les flics, dont deux filles pas mal, il y a un type mince et blond, tout content de lui, avec des vêtements classieux.
Une voix résonne dans ma tête.
- Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ?
Le visage du type blond me dit quelque chose. J'arrive pas à  cibler, mais je finirai par m'en rappeler.
Je disparais dans une troisième rue. Ils ne m'ont pas vu.
Cette face m'évoque un autre visage. Maigre, les cheveux bouclés, une oreille en moins.
- Elle a un enfant.
- Quoi !
- Il nous a vus faire.

Ce type, c'était...
Une porte devant moi.
- Allons, tu es mou, tu es mou !
Je pleure.
Des cris derrière la porte.

Bon, j'ai pas que ça à  faire... direction l'hôpital !





La lame tranche.
Cri.
Je recule. Le Licker donne deux coups que j'évite. Je plonge pour esquiver la langue tentaculaire.
En combat, je dispose de trois avantages. J'ai de bons réflexes. Je réfléchis très vite. Je n'hésite jamais.
Je donne un nouveau coup de coupe-papier. Celui- là  n'atteint pas son but. Aucune importance, les veines de l'un des poignets sont sectionnées. La bête perd beaucoup de sang.
Je ne la vois plus. Vite, je regarde à  droite, à  gauche dans la rue étroite. Je repère le Licker sur un mur.
J'ai juste le temps de me baisser pour éviter la masse filant au- dessus de moi. Il se colle à  l'autre mur comme une araignée. Saloperie.
Mais il n'a pas encore réussi à  me tuer. Je resserre ma prise sur le coupe-papier, tout en me disant qu'il faut hausser le budget de la section armes biologiques d'Umbrella Corporation. J'en parlerai à  Alfred.
Oups.


- C'est quoi, ce cri atroce ? grommela Barry.
- Alors, les filles, on commence à  avoir peur ?
- Ta gueule, Ripper !
- Qu'est-ce que tu crois que c'est ! Un monstre ! T'es au courant ? Cette ville grouille de monstres !
Rebecca secoua la tête.
- On épiloguera plus tard. Il faut retrouver ce type qui a assommé Teddy.
- Ouais, il faut le retrouver, gronda le nommé Teddy. Putain, que j'ai mal à  la tête ! Je vais lui faire bouffer le truc avec lequel il m'a assommé !
Rebecca acquiesça.
- Il s'est enfui vers l'hôpital.

Il saute en l'air. Je cours ; en faisant volte-face, je vois le Licker atterrir à  mes pieds.
- Dis-moi, mon coco, tu as déjà  fait du rodéo ?
Coup de pied.
Second coup de pied.
Pendant qu'il rassemble les bouts de ce qui lui sert d'esprit, je bondis sur mon opposant. Il se débat, il a compris. Trop tard. Alors qu'il part au galop, je suis déjà  accroché à  son dos.
Mes doigts me font mal. Mais je resserre ma prise sur ses omoplates et j'arrive à  passer mes jambes autour de ses côtes. Il hurle et bondit. Atterrit sur le flanc d'un bus carbonisé.
- Essaie encore !
Je fanfaronne... cependant, à  la verticale, il est dur de rester agrippé. Et pour corser les choses, cette PUTAIN DE LANGUE ME FOUETTE LE DOS !
Je continue à  étreindre le dos écorché. Resserrant ma prise, je réussis à  me dégager un bras. Celui qui tient le coupe-papier.
Jet de sang. Il continue à  se débattre. Curieux. J'ai pourtant enfoncé la lame en plein dans son coeur.
Ca me revient, maintenant... les Lickers n'ont pas de muscle cardiaque.
Il atterrit au sol et reprend son galop. Espace découvert. Si je le libère, je cours un plus gros risque qu'en y restant accroché. Fébrilement, je donne de nouveaux coups. Dans les muscles des bras. Ca mettra trop longtemps avant de le paralyser.
Soudain, alors que tout tourne autour de moi à  grande vitesse, que je ne distingue plus qu'une enfilade de rues qui défilent dans tous les sens, le monstre galopant sur le trottoir, la route, les toits, les murs, les palissades, les voitures, se précipitant à  travers la nuit, bolide rouge et dément, j'avise la nuque.
Je frappe.
Cervicales touchées. Il fait un bond de folie et reprend sa course. Est-ce que rien ne va l'arrêter ?
On dirait que non.


- Bordel ! C'est quoi !
- Ca vient vers nous !
Ils se baissèrent tous pour éviter la créature. Elle atterrit sur un mur.
Ripper plissa les yeux.
- Eh, ce type, n'était-ce pas...
Hurlement.
L'abomination rougeoyante revint dans leur direction ; sa vitesse était telle que ses pattes n'étaient pas distinctes. Elle les dépassa une fois encore et s'immobilisa sur un mur.
- Il faut l'abattre, fit Barry Burton en levant son Python rutilant.
- Barry, non !
Rebecca s'interposa.
- Ecoute, cette bête est cinglée !
Sur le dos du Licker, l'homme dégingandé fouaillait, avec un bel enthousiasme, dans la matière cervicale palpitante de sa monture. Le monstre tomba au sol et fit un nouveau bond.
BAM !
- Barry !
Ils virent la bête folle les charger, rouler alors que son cavalier en sautait pour finalement s'écraser contre un mur. Le Licker n'était plus que membres tailladés ; son cerveau était réduit en gelée sanguinolente.
Quelques mètres devant, le responsable du massacre se releva.
Pour une entrée discrète, c'est raté.
L'homme fouilla dans ses poches, en tira un mouchoir noir et essuya le liquide cramoisi qui couvrait son visage pour révéler un faciès émacié, des cheveux bouclés et des yeux vifs. Il ajusta son costume souillé.
- Enchanté de vous rencontrer, messieurs. En ce lieu si peu propice aux réunions respectables. Mon nom est Nathan Rodaring.
Barry parvint enfin à  ouvrir la bouche.
Si je parviens encore à  faire croire que je suis inoffensif, ce sera le plus beau des miracles. Et si ce policier s'en laisse convaincre, c'est qu'il n'y a pas plus grand nigaud sur toute la planète.
- C'est vous qui...

Sans attendre la fin de la phrase - certainement dénuée d'intérêt - , je m'effondre. Facile de simuler des blessures graves quand on a fait la guerre.
Ils se portent tous à  mon secours. Tous agents de police. Je m'en serais douté. Et le grand type est un S.T.A.R.S. ...
Je ferme les yeux un instant, me laissant bercer par leurs commentaires naïfs.

- Est-ce qu'il va bien, Barry ?
Une voix féminine. Sans doute la petite brune que j'ai entraperçu.
- Voilà  ce qui arrive quand on fait le malin... Je serais étonné qu'il survive.
La voix du grand costaud. Il s'appelle donc Barry. Et c'est un membre des S.T.A.R.S. ... Barry Burton.
- Mais il nous disait bonjour en souriant il n'y a pas deux minutes !
- Il a mal estimé la gravité de ses blessures, voilà  tout.
Ils sont encore plus bêtes que je le pensais. J'ai du mal à  ne pas esquisser un rictus sardonique.
Le moment est venu d'ouvrir les yeux.
Mon regard tombe droit sur un visage connu ; Spike Williams. Connu sous le titre " Le Sanglant " dans les milieux bien informés. Aussi appelé... " Ripper ".
Mon vieil ami.
Vas-tu me trahir, Ripper ? Vas-tu leur confesser notre passé commun ? Tous ces instants de pur bonheur où nos âmes se rejoignaient alors que la vie, élixir carmin, s'échappait en jets puissants des carotides de nos victimes ?
Non, tu ne feras pas ça. Parce que tu aimes jouer, toi aussi. T'amuser avec tes victimes. On va jouer avec ces policiers. Avec Barry Burton et ses subordonnés. Mais pour l'instant, laissons-les en vie. Car c'est de cela que dépend notre propre survie.

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Dernière édition par Raphychou le 15 Mai 2005, 01:35, édité 3 fois.

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MessagePublié: 27 Août 2004, 18:11 
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Pamplemousse Panchromatique
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CHAPITRE IV




Quel comédien... il aurait pu faire une putain de carrière. Nos regards s'accrochent et je sais ce qu'il pense. Vais-je le balancer ? La grosse question. Il est persuadé que non, il a raison, bien sûr.
- Monsieur Rodaring, vous allez bien ? demande Jill.
- Je-j'ai mal, gémit-il.
Je lève les yeux au ciel. N'importe quoi.
- Vous allez vous en sortir, je vous le promets ! assure Barry.
J'éclate de rire, c'est un festival de conneries.
- Quoi ? rugit le S.T.A.R.S., c'est quoi qui te fait marrer, Williams ?
Il a bien accentué le " Williams ". Sur les onze flics restants, c'est le seul qui persiste à  m'appeler Williams dans le seul but de me pousser à  bout. Je lui réponds avec un bras d'honneur.
- Williams ? Ce n'est quand même pas le dénommé Spike Williams ? demande Nathan en mimant un haut-le-coeur très convaincant.
Ce gars est exaspérant, un vrai gamin.
- Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité avec nous, affirme Barry.
- Va dire ça à  l'autre macchabée dans le magasin.
Jill s'approche de moi et tente de me frapper. J'attrape son poing sans grande difficulté.
- Tu veux danser ? demande-je en plaçant mon autre main dans le creux de ses reins. Fallait me le dire plus tôt...
- Sale porc ! beugle-t-elle avant de se dégager, non sans me jeter un regard meurtrier.
Je souris insolemment.
- Oh, mon Dieu, souffle Nathan avant de fermer les yeux.
- Il s'est évanoui, constate Rebecca.
- A cause de ses blessures ?
- Non, je pense que c'est sûrement à  cause de Ripper, il doit être terrifié, explique Rebecca en évitant soigneusement de me regarder.
- Il faut l'emmener à  l'hôpital, il n'a pas l'air d'aller bien et on pourra peut-être retrouver le salaud qui m'a agressé !
Barry acquiesce et donne les ordres. Teddy Jericho et Brad Vickers, le quatrième membre des S.T.A.R.S. présent ici, porteront Nathan. On se met en route en direction du centre hospitalier. Nous marchons en silence dans les rues de la ville. Soudain, j'aperçois une vingtaine de zombies qui s'approchent. Je regarde Barry, il a pas l'air de vouloir les affronter.
- C'est le chemin le plus rapide pour rejoindre l'hôpital, nous n'aurions plus qu'une seule rue à  traverser, dit Jill en fixant les zombies qui marchent toujours vers nous.
- C'est de la folie, ils sont trop nombreux, proteste Vickers.
Barry se tourne vers Vickers et Teddy.
- Posez Monsieur Rodaring, nous allons les abattre !
Burton sort son arme, tout de suite imité par les autres.
- Feu à  volonté !
Les keufs tirent et certains monstres s'écroulent pour se relever immédiatement. Les zombies accélèrent le mouvement. Je m'assois sur le trottoir près de Nathan qui a ouvert les yeux. Les flics, trop occupés à  essayer de buter les saloperies, ne s'occupent pas de nous.
- J'suppose que tu veux pas qu'on se fasse la malle, murmure-je pour entamer la conversation.
- Tu supposes très bien, dit-il aussi bas que moi, j'ai envie de m'amuser avec eux.
- Tu touches pas à  la petite brune, préviens-je en le regardant.
Il me considère un instant en silence.
- Et pourquoi ? demande-t-il.
- Tu le sais très bien, soupire-je.
- Tu lui dois la vie... mais si tu la sauves, tu ne lui devras plus rien, n'est-ce pas ?
- Exact.
- Et bien, je crois que c'est le bon moment, dit-il avant de fermer les yeux.
Je fronce les sourcils. Pourquoi il a dit ça ? Je regarde machinalement où en sont les autres. Bordel, ils sont en train de se faire massacrer ! L'autre fille, Chloé Marco, est par terre, deux monstres sur elle en train de la bouffer... le cannibalisme, faudrait que je tente, à  l'occasion. Le Noir (j'ai oublié son nom !) qui s'est fait assommer et voler son flingue devant le supermarché a été démembré.
Barry a sorti son couteau et essaie de repousser trois zombies.
J'm'approche de la scène du carnage et je chope le monstre le plus proche par le col. J'hésite à  lui coller une droite, il est franchement dégueu. Bon, tant pis, il faut savoir faire des sacrifices. Mon poing s'enfonce dans son crâne et rencontre son cerveau gluant. Putain, ce genre de truc, ça n'arrive qu'à  moi. Mais bon, l'excitation du combat balaie ma répugnance du début. Je ramasse le flingue d'un flic, il a les tripes à  l'air, j'pense pas qu'il m'en voudra, et, prenant le flingue par le canon, je frappe un zombie dans le ventre. Le crac que j'entends est vraiment jouissif, je lui ai défoncé sa putain de cage thoracique.
Je sens l'haleine d'une autre saloperie sur ma nuque. Je balance ma tête en arrière, lui explosant le nez. Je me retourne et lui envoie un coup de pied dans le crâne. Ce dernier s'envole et va s'éclater avec un bruit mat contre le mur le plus proche.
Je jette un coup d'oeil à  Burton, il a buté deux des trois zombies qui étaient sur lui. Je cours à  sa rencontre et en prenant appui les épaules de Brad, je me propulse, jambes en avant, vers le troisième zombie. Sous la violence du choc, le monstre s'écrase face contre terre. Quant à  moi, je me réceptionne à  peu près correctement et je m'assois sur le zombie. Il se débat dans l'espoir de me renverser. D'un geste devenu mécanique, je lui brise la nuque. Je me relève, un sourire aux lèvres, et je vois les flics faire de même, sans le sourire. Ils sont que huit. Les quatre S.T.A.R.S., Teddy et trois autres dont les noms m'échappent. Je tends mon flingue à  Burton qui le prend, surpris.
- Merci, murmure-t-il.
- J'ai aucune chance contre vous huit, même avec un flingue.
- Merci de nous avoir aidé, on aurait pas pu se les faire sans toi, Ripper... continue-t-il.
Ouahouh, aurais-je gagné le respect de Mister Gros Gay ? Bon, restons fidèle à  ma réputation.
- T'enflamme pas, mec, si je vous ai aidés, c'est uniquement parce qu'après vous, ça aurait été mon tour de me faire bouffer...
- Tu aurais pu t'enfuir, dit Jericho avec l'air de pas y toucher.
Ouch, situation délicate, En face de moi, huit regards qui me scrutent, moqueurs.
- Ouais, c'est pas tout ça, mais bon, on y va à  ce putain d'hosto ? demande-je pour changer de sujet.
Les autres hochent la tête, redevenant sérieux. Après une rapide redistribution d'équipements, on repart. L'hôpital est enfin en vue.
- C'est quoi, ça ? questionne Jill en montrant une silhouette aux prises avec deux monstres du même modèle que celui du magasin.
- J'pense qu'on appelle ça un mec.
- Ta gueule, Ripper !
- Il faut l'aider, dit Barry.
- Ouais, approuve Teddy Jericho.
- Chevaleresques en plus ? Putain, j'suis tombé sur les seuls flics réglos de tous les États-Unis, vraiment pas de bol.
- Ta gueule, Ripper !
Barry sort son Python et vise.
- Tous aux abris, plaisante-je.
- Tu veux que j'te plombe ? rétorque-t-il.
- J'aimerais bien ouais, c'est ta cible qu'a le plus de chance de s'en tirer, par contre, les autres...
BAM !
Dites-moi pas qu'il a osé me shooter ? Ah nan, c'est le gamin devant le supermarché qu'a fait feu. Un monstre vert s'écroule. Il tire une seconde fois et son compagnon bouffe le sol à  son tour.
- Hey, toi, là -bas ! hurle un flic.
- Tu vas lui demander ses papiers ? Si ça s'trouve, il est pas en règle avec son flingue.
- Tu vas fermer ta gueule, putain !
J'adore faire chier le monde, c'est viscéral.
Le gosse nous fixe. Un ado aux cheveux bruns. J'ai déjà  vu sa tête. Mais... quand ?
Le faciès de Nathaniel " No " Rodaring se déforme sous l'effet de la colère.
- Tu t'appelles Ripper. Cesse d'avoir tant de sentiments. Un tueur n'a pas à  s'apitoyer sur ses proies.

Cet ado... il est en rapport avec un de mes meurtres ? Je sais pas. J'en ai tant tué...
Rodaring secoue la tête.
- Tu as encore beaucoup à  apprendre, mon cher élève...
- Que fait-on pour le mioche ?
- Tue-le. Je n'en ai pas envie pour l'instant, j'ai égorgé une petite fille hier.

Le temps a cessé de couler entre moi et le gamin. Je le vois plus jeune, un petit enfant. Souvenir d'une autre époque. De la grande époque ?
Il semble me reconnaître.
Les yeux du gamin s'écarquillent. Il recule vers l'entrée de l'hôpital.
- Tu permets ?
- Quoi encore ? demande Barry, énervé.
Je lui arrache son flingue des mains et je tire. La balle percute le mur à  dix centimètres de l'oreille gauche du mec. Merde, j'suis plus aussi précis qu'avant, j'visais le côté droit...
- La prochaine, tu la prends dans le fion, t'entends ?
Le gamin, le visage blême, se précipite dans le bâtiment.


- Enfoiré !
J'attends pas que l'autre blondasse me décoche une deuxième bastos et je rentre en trombe dans le hall de l'hôpital. M'enfin, vu comment il vise, je devrais pas m'inquiéter.
Tout allait bien, j'avais récupéré ce pistolet, j'allais faire un tour a l'hosto quand ces putains de saloperies de lézards de merde sont venus me faire chier... Tels des sentinelles, ils étaient postés a l'entrée du bâtiment, autour d'un cadavre de médecin fraîchement décapité. Et moi, dans mon enthousiasme d'avoir sur moi un flingue tout neuf, je les avait même pas remarqué. Et, pile au moment ou je commençais à  en découdre avec ces deux cons, voila que la cavalerie arrive...
Avec ce tueur blond.
- Je vous présente mon élève, Spike Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.
Ma tête me fait mal.
- Je me présente : Nathan " No " Rodaring.
La femme recule jusqu'au mur.
- Je vais appeler les flics !
- Je vous présente mon élève, Spike Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.

Je pense à  la pomme. La pomme que je vois parfois dans mes cauchemars. La pomme épluchée, tachée de sang. Son environnement sonore est tissé de voix du passé.
- Je vous présente mon élève, Spike Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.
- Je vous présente mon élève, Spike Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.
- Je vous présente mon élève, Spike Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.

Des tirades qui se répètent.
- Je me présente : Nathan " No " Rodaring.
Ce type blond.
- Je vous présente mon élève, Spike Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.
Je l'ai déjà  vu quelque part. Peu importe où.

Ce type blond, ce Williams...
Il m'a tiré dessus.
Il va payer pour ça...
Bon, je dispose de peu de temps avant que les flics arrivent. Le hall de l'hôpital est dévasté, seul un zombie se balade en titubant au fond d'une pièce. Il ne vaut même pas la peine que je lui fracasse la tête ! Aucune cachette pour les surprendre, les fauteuils sont renversés, le comptoir est trop haut, je me ferais descendre avant d'avoir pu faire quelque chose.
Mon regard se pose sur le plafond.
L'éclair de génie.
C'est fait de grilles métalliques, parfait pour voir ce qui se passe en dessous.
Faut que j'y accède. Tiens, j'ai de la chance, un escabeau est posé, en cas d'incendie. Y'a pas vraiment d'incendie ici, sauf peut être les flammes de l'Enfer qui se sont abattues partout dans la ville. Faudra que j'y pense à  me casser de ce trou à  zombies un de ces quatre.
Je place l'escabeau au milieu, et pousse un carré du plafond. J'y monte sans grande difficulté. Je fais tomber l'escabeau par terre, au cas où un lézard sautant ou même pire, un flic, puisse jouer au Tyrolien.
Je me poste au-dessus de l'entrée de l'hôpital.
Hé, hé, la petite brune sera ma cible, j'ai vu comment elle rougissait à  la vue de l'autre blond en sortant du supermarché. Je me vengerai de lui par la même occasion.
Ils ne devraient plus tarder maintenant.
J'ai le coeur qui bat la chamade, l'adrénaline pulse dans mes veines comme de la drogue, m'obligeant a écouter mon instinct de survie : tuer ou être tué.
Parti dans mon délire, je n'entends pas ce bruissement de feuilles, qui se rapproche de ma jambe à  une vitesse surnaturelle...
Et quand des épines s'enfoncent dans mon mollet, m'arrachant un cri étouffé par l'idée de me faire repérer, je comprend que je suis attaqué.
Je me retourne, ma batte prête à  défoncer ce qu'il y a derrière, qu'il soit zombie ou lézard géant. Mais j'ai la surprise de constater que mon agresseur n'est autre qu'une... plante.
Ses larges pétales rouges se déploient autour d'un gros bulbe. Elles sont garnies d'épines faisant office de dents.
La fleur possède des tentacules épineux aussi, l'un est enroulé autour de ma jambe. D'un geste, je tranche l'appendice, puis j'écrase le bulbe, répandant de la purée de plante carnivore sur le plafond grillagé du hall. La créature végétale pousse un gargouillis infâme et fait silence.
- Qu'est ce que c'est que ce truc ? J'ai atterri en Pandémonium ou quoi ? Et merde, je vais me faire repérer à  cause de son jus puant !
A la seconde où je finis ma phrase, un flic entre, l'arme au poing. C'est le barbu.
Il pointe son Magnum Colt Python de droite à  gauche, croyant que je lui tends une embuscade d'amateur.
Tu regardes pas dans la bonne direction, mec.
Il fait un signe de la main derrière lui et le reste de la troupe arrive.
Ils sont sur leurs gardes et ne lèvent qu'un instant les yeux vers le plafond d'où goutte la sève. Pour eux, c'est juste un liquide suintant.
Je compte huit personnes. Le blond, décontracté, marche nonchalamment devant les autres, et dépasse le gros. Il y a aussi un autre mec, un grand type aux cheveux bouclés, je l'avais pas vu au supermarché. La petite brune arrive en dernière, apeurée.
Tant mieux, ça va me rendre la tâche plus facile.
Le barbu toise le blond d'un regard mauvais et lui lance :
- Eh, Ripper, reste derrière moi, des fois que tu voudrais te faire la malle.
Ripper... N'est ce pas ce tueur en série qui a été arrêté y'a pas si longtemps de ça ? Oh, j'ai peur... Ouahaha.
Spike. Spike " Ripper " Williams. Les voix de mes cauchemars ne mentaient pas.

Ripper se retourne et balance au flic barbu :
- Dis donc, shérif, on dirait que t'aimes bien avoir un mec derrière les fesses.
- Fais gaffe à  ce que tu dis, une balle perdue est si vite arrivée...
Eh bah, dis donc, c'est le grand amour entre eux !
Pendant ce temps, les flics se sont dispersés dans le hall. Une autre femme, un canon elle aussi, remarque le zombie au fond de la salle.
- Eh, y'a un patient qui veut nous dire bonjour !
La femme ajuste son arme de poing et lui tire une balle en plein front.
Tout le monde tourne la tête dans la direction du coup de feu. La fille brune est en dessous de moi.
Le moment parfait.
Je me redresse et je saute sur le carré métallique. Je passe à  travers les lamelles d'aluminium brisées dans un fracas épouvantable et je me réceptionne à  terre.
Sans perdre une seconde, je me relève et passe mon bras autour du cou de ma cible, tétanisée par la surprise. Mon flingue est braqué sur sa tempe. J'ai réussi !
Le reste de la fine équipe se retourne et me braque.
- Nom de Dieu ! Fais pas le con, gamin ! dit le barbu.
- Cette fille sera froide dans quelques secondes si vous posez pas vos joujous à  terre.
Sacrée réplique !
- Il n'as pas tué le flic à  qui il a chopé le flingue. Il est inoffensif... intervient le blondinet.
Je le regarde en souriant et lui lance :
- Tu tiens à  prouver ta théorie ?
Lui aussi me sourit. On dirait qu'il m'apprécie, bien que je sente que celle que j'ai dans mon bras a une espèce d'importance pour lui.
D'ailleurs, elle tremblote de tout son corps et sa respiration s'est accélérée. L'odeur de la peur se dégage de ses cheveux. Délicieux...
Je contourne le groupe, apparemment sur les nerfs, prêt à  appuyer sur la gâchette. Ils semblent tous attendre l'ordre du barbu, sauf Ripper et l'autre inconnu aux cheveux bouclés. Le gros semble indécis.
Il y a un ascenseur en état de marche à  gauche, j'y vais doucement, en tenant la p'tite brunette contre moi. Elle n'oppose aucune résistance. Trop facile !
- Une dernière fois, mec, pose cette arme et relâche ce flic !
- Vous avez pas dit le mot magique...
Ca y est, j'ai réellement pété un câble !
Je me glisse dans l'ascenseur avec ma victime, et j'appuie sur le bouton de l'étage supérieur.
Juste avant que la porte ne se referme, je crie :
- Lâchez-moi, et elle restera en vie !
Un bruit sonore m'indique que la porte est refermée.
L'appareil commence à  monter. La fille prend pour la première fois la parole, et, d'une voix chevrotante, me dit :
- Pitié, ne me tue pas...
J'expire sur sa nuque.
- N'aie pas peur. C'est juste... un jeu.

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MessagePublié: 31 Août 2004, 04:34 
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CHAPITRE V




- Il faut le rattraper ! gémit un jeune agent aux cheveux coupés en brosse.
- Du calme, Ash... répliqua Barry. Il a dit qu'il la laisserait en vie si nous le laissions tranquille.
- Mais bordel ! Vous avez vu les yeux de ce gosse ? Qui sait ce qu'il va lui faire...
Ash secoua la tête et se précipita vers le fond du grand hall blanc. Il montait les premières marches quand Barry le rattrapa et l'envoya dinguer en bas de l'escalier.
- Du calme, merde ! Ash, on la suit si tu veux. C'est juste dangereux. Il doit y avoir aussi un tas de monstres dans ce bâtiment.
- Il va la...
Les yeux plissés, Rodaring observait l'échange de propos plats.
Un bruit attira son attention. Un chuintement qui venait du second ascenseur.
Les commissures des lèvres de l'homme remontèrent en plis cruels.
Pourquoi pas.
- Nous devrions prendre l'ascenseur.
Les policiers s'approchèrent de Rodaring. Ash lui-même se détourna de l'escalier de marbre.
- Le second ascenseur, reprit Rodaring.
Adossé à  un mur, effleurant de temps à  autre la poche où il avait caché le couteau dérobé à  Rebecca, Ripper cilla.
Mais qu'est-ce qu'il prépare ? se dit-il en fixant Rodaring.
Jill appuya sur le bouton de l'ascenseur B.
- Il va mettre du temps à  descendre, geignit Ash. Et Becky va...
- Arrête de lui donner ce surnom affreux, coupa Barry. Ca sera déjà  moins dangereux que de monter tous les étages à  pied.
Jill se tourna vers ses compagnons à  temps pour voir Rodaring s'effondrer. Elle se précipita vers lui, tandis que l'ascenseur bourdonnait, signe que sa cabine arrivait au rez-de-chaussée.
- Il va bien ? fit Ripper.
Jill haussa un sourcil. Le tueur en série avait un air sarcastique. Comme s'il se moquait de la situation. Quel cinglé.
- Il défaille, répondit-elle. Il a dû perdre beaucoup de sang pendant le trajet. Mais il en a tellement sur tous ses vêtements... on verra mieux les plaies quand on l'aura nettoyé. Il faut trouver une chambre.
- Et Becky ? s'enquit Ash.
- Eh bien, ça va être dur...
Les portes de l'ascenseur B s'ouvrirent.
- Bon, on n'a pas le choix, déclara Barry. On ne peut pas laisser ce foldingue disposer de l'agent Chambers, et on doit empêcher que monsieur Rodaring nous claque entre les doigts. Séparons-nous en deux groupes.

- Pousse-toi, mon joli !
Ripper donna une bourrade à  Barry qui emplissait beaucoup trop l'ascenseur à  son goût. Avec les agents Krimp et Angel, sans oublier le jeune Ash qui tenait absolument à  sauver Rebecca, ils étaient quelque peu comprimés.
Les portes de métal se refermèrent sur eux.
Jill hocha la tête ; les grincements de l'ascenseur montant leur parvenaient.
Elle se tourna vers les autres membres de l'équipe.
- Barry Burton, Alex Krimp, Joseph Angel, Ash Tumber et... Spike... Williams... s'occupent de notre petit ami aux pupilles en têtes d'épingles qui doit, Dieu sait pourquoi, avoir quelque chose à  faire avec Rebecca dans les étages supérieurs.
Rodaring gémit.
- Pas de discours, argua Teddy Jericho. Ca devient urgent.
Jill sortit un imposant fusil à  pompe.
- On passe par les escaliers, dit-elle. Faites très attention. Les espaces sont larges, et un des trucs verts ou des trucs roses peut bondir et sauter à  loisir là -dedans ; un vrai traquenard pour nous. Rodaring, encore un effort.
Aucune réaction. Brad se pencha sur l'homme aux cheveux bouclés.
- Merde ! cracha Teddy. Brad... Il est mort ?
- Non, il respire encore.
Le claquement du fusil armé retentit.
- Vous deux, soulevez monsieur Rodaring !

Oh, bien sûr, je pourrais ouvrir les yeux. Je pourrais marcher. Mais quel intérêt, je vous le demande ? Pour l'instant, il ne se passe rien de passionnant.
Je préfère économiser mon énergie en ces temps dangereux. Ne pas dormir. Juste une petite sieste, porté par Vickers et Jericho.
Les choses vont se corser quand ils essaieront de me soigner et s'apercevront que je n'ai aucune blessure, absolument aucune.
Je vais devoir improviser.
En attendant... je me demande ce qu'il y avait dans l'ascenseur B. Ce qui produisait ce son étrange.


- Jill, Vickers, Jericho et Wilde vont s'occuper de Rodaring.
- Pourquoi tu récapitules cette putain de situation ?
Barry Burton inspira comme un taureau sous l'effet de la chaleur.
- Ripper, tu es un combattant très efficace, tu nous a beaucoup aidés, mais par pitié, ferme-la !
Les regards du culturiste et du repris de justice se croisèrent, chargés d'éclairs, tandis que le ronflement de l'ascenseur qui montait se poursuivait.
- Plus que deux étages, fit Angel.
Ash baissa la tête.
- Tu crois que ce type est allé au dernier étage avec Becky, Angel ?
- Il y a de fortes...
Ce fut trop brutal pour qu'ils le comprennent. Angel était là , debout, policier aux cheveux noirs et à  la stature imposante, et, en une perle de temps figé, il devint un corps sans tête, ladite tête roulant déjà  sur le plancher métallique de l'ascenseur.
Ils s'écartèrent. La cabine était petite, les quatre survivants parvinrent néanmoins à  se plaquer à  ses parois.
Au-dessus du cadavre décapité d'Angel, un bras boursouflé, bariolé de rouge et de gris, surgissait du plafond. Au vu des griffes énormes qui partaient de son poing, on comprenait aisément comment le membre avait pu traverser le métal renforcé, apparaître si vite pour couper dans le mouvement le cou de sa victime.
Le bras bougeait ; en un flash d'une précision démente, Ripper vit les cicatrices, les veines vertes saillantes, les immondes bubons qui palpitaient.
Détonation. Le bras se mit à  saigner.
Ripper secoua la tête pour s'éclaircir les idées. Son regard s'arrêta sur Barry.
Gros Gay est rapide à  la détente.
Barry pressa une seconde fois la gâchette de son Python. Une cavité apparut dans l'abominable agglomérat de membranes, de muqueuses, de scories et de tissus divers qui constituaient le cuir du bras.
Le membre se mit en mouvement, fouillant partout. Tous se baissèrent pour éviter les griffes raclant les parois de l'ascenseur.
Ripper ne saisit pas son couteau. Il attendait la suite des événements.
Quatre nouvelles balles du Python firent partir le bras en lambeaux. Un hurlement presque humain au-dehors.
Le plafond de l'ascenseur fut à  nouveau défoncé. Deux nouveaux bras du même aspect apparurent.
Ripper se dit qu'il était temps d'agir. Sa main fila vers son poignard...
Rugissement.
Les bras monstrueux disparurent par les perforations du plafond.
Un instant plus tard, Ripper, Burton, Ash et Krimp entendirent un tintement.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le dixième étage. Un couloir vide. Aucune tache cramoisie.
- Bon, cette saloperie a décidé de nous foutre la paix, dit Ripper en sortant de l'ascenseur B.
- Elle y a été forcée, rectifia Ash. Notre adversaire devait être debout sur l'ascenseur. En arrivant au dernier étage, plus d'espace. Le monstre aurait fini broyé s'il avait continué à  fouiller la cabine de ses bras.
Barry fit tourner le barillet de son Magnum Colt Python, le remplit et le ramena dans son emplacement avec un cliquetis.
- Ce n'est pas le plus gros problème, rappela-t-il. Quel que soit ce démon. Il nous faut trouver Rebecca.
Ripper baissa la tête. L'état de choc dissipé, l'ire l'envahissait.




Quel con ! Putain, comment j'ai pu être aussi naze ? J'y crois pas, j'me suis fait baiser par cet enculé de merdeux... c'est de ma faute. J'aurais dû le savoir qu'il s'était planqué là -haut, n'importe quel débile aurait compris. Putain, et après, le final : j'ai absolument rien tenté quand il l'a menacée... que dalle, nada. Je vais le crever, je jure que je vais le crever ! Il me suppliera de l'achever quand je lui ouvrirais le bide. Il est déjà  mort !
Je balance mon poing de toutes mes forces contre le mur le plus proche et j'entends un craquement que je ne reconnais pas.
- Putain, t'es pas bien ? demande Barry, mettant immédiatement la main à  son holster.
- Ta gueule ! rugis-je en tournant les talons, prêt à  repartir.
- Nom de Dieu... murmure Burton en fixant le mur que je viens de frapper.
Je regarde l'endroit où mon poing a atterrit et ce que je vois me fait sourire. J'ai fait une marque concave dessus. J'examine ma main, elle est en sang, j'arrive à  peine à  bouger les doigts... j'ai dû me la fracturer. C'était donc ça, le bruit que j'ai entendu.
- Le mec... il... il se pète la main... et ça lui fait ni chaud ni froid... balbutie Alex Krimp.
Je lui jette un regard vide et reprends ma route. Il y a un moment de flottement avant que les autres m'emboîtent le pas. Attends que je te trouve petit, où que tu te caches, j'vais bien finir par te choper, et là ... les murs ne crient pas, toi oui...

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MessagePublié: 31 Août 2004, 21:55 
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CHAPITRE VI




- Avance ! grogna le jeune homme en enfonçant un peu plus le canon de son arme dans les reins de l'otage.
- Aïe ! glapit Rebecca avant de se remettre en route.
Bam !
- C'était quoi, ça ?
- Je... je n'en sais rien, répondit Rebecca, en tout cas, pas un coup de feu, on aurait dit plutôt un choc...
- Allez, remets-toi en route, magne-toi !
La jeune fille obtempéra. Elle était terrifiée par son ravisseur. Il était sûrement plus jeune qu'elle mais il paraissait déconnecté de la réalité. On aurait dit un junky en manque.
- Où on va ? s'enquit-elle.
- Dans une salle de soins, répondit l'adolescent.
- Quel est ton nom ?
- Seth.
- Je m'appelle Rebecca... Tu es blessé ? Je peux peut-être t'aider, je suis l'experte médicale des STARS... commença-t-elle.
- C'est ça, tu vas m'aider... prends-moi pour un con, dit-il avec sarcasme, rappelant à  la jeune femme un certain psychopathe blond.
Ils reprirent leur marche en silence. Seth marchait avec lenteur. Sa jambe le faisait souffrir le martyr. Après l'attaque de la plante et sa chute des grilles métalliques, il lui semblait qu'il avait un poids mort à  la place de la jambe gauche.
Au détour d'un couloir, ils virent enfin une salle de soin. Après en avoir fait sauter la porte verrouillée, marquée du chiffre 003, ils y pénétrèrent prudemment, redoutant la présence de monstres. Après avoir vérifié chaque recoin, ils fermèrent la porte.
Il y avait de nombreux meubles argentés. La pièce ressemblait plus, en fait, à  un petit laboratoire. Mis à  part un bureau ancien. Seth regarda dans tous les tiroirs.
- Des bouteilles, des fioles, dit Rebecca. Du matériel d'expérimentation. Un accélérateur qui permet de séparer les éléments d'une solution. Des bouillons de culture.
- Rien d'utile...
- Ils devaient plancher sur des vaccins, supposa Rebecca. Mais pourquoi cette pièce était-elle verrouillée ?
Dans le tiroir le plus discret reposaient une éprouvette et une seringue.
- Et ça, c'est le vaccin ! s'exclama Seth, triomphant.
L'éprouvette scellée contenait un liquide d'un magnifique violet. Le récipient était entouré d'une étiquette blanche frappée de deux lettres noires : NO.
Le jeune homme s'empara de la seringue et l'employa pour drainer le contenu de l'éprouvette. Puis il s'assit sur le lit, contemplant la substance.
- Je serais toi, je ne me l'injecterais pas, dit Rebecca.
Elle s'agenouilla devant Seth et lui déchira le bas du pantalon pour inspecter sa jambe.
- Pourquoi ? lui demanda-t-il.
- Cette pièce n'est pas ordinaire. C'est censé être la salle de soin 003, mais tout indique un petit laboratoire. La porte est verrouillée. Il y a un lit... il n'y a jamais de lit dans un laboratoire.
Seth considéra la seringue pleine, dubitatif. Le liquide violet " NO " semblait briller.
Il reposa sa main, mais garda l'objet.
Rebecca reporta son regard sur la jambe blessée de Seth et grimaça.
- Je vais devoir te faire une attelle, tu devras éviter de trop marcher pendant quelques temps.
L'autre ne répondit pas, trop surpris pour ouvrir la bouche. Il ne comprenait pas pourquoi la jeune femme l'aidait alors que lui l'avait menacé.
Rebecca Chambers lui fit un bandage serré, le front plissé par la concentration. L'adolescent se mit sur les coudes pour pouvoir la regarder. Il la trouvait vraiment très belle.
D'un geste tremblant, il lui releva le menton et l'embrassa. Rebecca écarquilla les yeux mais se laissa faire. Ce baiser était très différent de celui de Ripper. Celui qu'elle avait échangé avec l'assassin était violent et passionné, aux antipodes de la douceur presque amoureuse dont Seth faisait preuve.
La porte s'ouvrit avec brutalité, ramenant les tourtereaux à  la réalité. Les deux jeunes gens se tournèrent vers la porte, Seth arme au poing, prêt à  tirer. Rebecca reconnut immédiatement la silhouette qui se découpait sur le seuil.
- Non ! hurla-t-elle en levant le bras droit de Seth au moment où ce dernier appuyait sur la détente.
La balle percuta le plafond. L'homme les regardait l'un après l'autre, la mâchoire contractée, en dardant un regard de haine profonde sur le jeune homme. Il se retourna sans dire un mot. Rebecca reprit ses esprits et s'élança à  sa poursuite.
- Ripper ! cria-t-elle.
Il rejoignit les policiers qu'il avait distancé.
- Ripper ! répéta-t-elle en lui agrippant la manche, le forçant à  se retourner.
Quand ce dernier daigna la regarder, elle fut tellement surprise qu'elle crut que son imagination lui jouait des tours. Elle ne pouvait pas croire ce qu'elle voyait. Elle battit des paupières plusieurs fois pour être sûre de ne pas se tromper.
Les larmes qu'elle avait aperçu aux coins des yeux du jeune homme avaient disparu. Se rendant enfin compte qu'elle le fixait depuis quelques instants sans retenue, elle baissa les yeux et son regard rencontra la main ensanglantée de Ripper, qui s'ouvrait et se refermait à  intervalles réguliers.
- Mon Dieu, tu es blessé ! dit-elle, sans toutefois le regarder à  nouveau. Comment est-ce que tu t'es fait ça ?
Intriguée par son silence, elle l'observa à  la dérobée. Le visage de Williams était impassible, un peu crispé peut-être. Il n'arborait même pas son sourire narquois, ou ce petit haussement de sourcil, si arrogant, si énervant, et si... Non, pas sexy. Enervant. Énervant, énervant, énervant, se répéta-t-elle comme une litanie.
- Bordel !
Rebecca se retourna et vit Barry, l'air plus furieux que jamais.
- Cet enculé a encore filé... c'est pas possible...
Rebecca sourit en remarquant que Barry reprenait petit à  petit le langage si personnel de Ripper.
- Il est blessé à  la jambe, il doit pas être bien loin, argumenta-t-elle.
- Il faut le retrouver, il est armé, il pourrait être dangereux... dit Alex.
- Il n'est pas méchant, il est juste désorienté ! protesta Rebecca.
- Mais enfin, Becky, rétorqua Ash, il aurait pu te faire du mal si on t'avait pas retrouvé. Il aurait pu... te violer !
- Il me semble que ça s'appelle plus un viol si les deux personnes sont consentantes... murmura Ripper.
Tous les regards se tournèrent vers lui puis vers Rebecca qui fixait le sol, le visage cramoisi.
- Okaaay... soupira Barry, à  deux doigts de péter les plombs, on le retrouve avant qu'il se fasse tuer et on rejoint Jill et les autres après.
Tous se mirent en marche excepté Ripper, adossé contre le mur.
- Ripper, bouge ton cul, sinon... commença Barry.
Il fut éberlué quand Ripper se décolla du mur et le suivit, docile, sans faire aucune remarque.




Chambre 404.
- Ils m'ont retrouvé ? Putain, il ont un sixième sens ou quoi ?
Pestant contre ce manque de chance, j'ouvre à  la volée la porte de la pièce qui me fait face. Je la referme sur le bruit des pas qui s'éloignent.
En reprenant mon souffle, je sors le chargeur de mon flingue.
Plus de balles...
Je remets le chargeur vide en place et je contemple la seringue que je serre dans la main droite. J'ai réussi à  choper ça quelques minutes avant que le serial killer fasse son entrée théâtrale... Merde, pourquoi m'a-t-elle empêcher de lui régler son compte? Ca aurait fait un malade de moins. Quoique, plus le temps passe, et plus j'y passe, du côté des malades...
La couleur violacée du liquide " NO " contenu dans la seringue m'intrigue.
La voix de Rebecca me revient.
- Je serais toi, je ne me l'injecterais pas.
Une douleur dans la jambe et le contact des lèvres de la p'tite brune.
Voila tout ce que j'arrive à  penser en ce moment !
Pour la douleur, je pense que la seringue fera l'affaire.
Je soulève mon pantalon, près de mon genou, et, après avoir pris une inspiration, je plante l'aiguille dans le mollet. La douleur de cette putain de blessure est telle que je ne sens pas la fine tige métallique plonger dans mes chairs. Le liquide se répand dans mon organisme.
Je sens comme un froid dans ma jambe. Sans doute le vaccin, j'suis pas toubib, moi...
La douleur s'estompe en un éclair. Plutôt efficace !
D'un geste las, je jette la seringue vide, elle va valdinguer à  l'autre bout de la pièce. Bris de verre.
Maintenant, la fille. Pourquoi l'ai-je embrassée ?
Je cherche, cherche...
Sans doute à  cause de l'excitation de se faire prendre par les cons de flicards. Elle ne semblait pas dégoûtée non plus. A moins que la peur du Desert Eagle en cas de refus ne l'ai un peu aidée...
Et sa tête lorsque la blondasse a défoncé la porte...
Pas grave. Pas le temps de penser à  tout ça, faut que je sauve ma peau. Et que je me m'amuse un peu avec ces cons de poulets. De plus, j'ai pas assez de munitions pour survivre longtemps, va falloir que j'emprunte encore un peu...
Un sourire prend place sur mon visage qui était autrefois affublé d'un masque de douleur...
Aïe, petit picotement dans le dos. Ah ! Ma fidèle batte de base-ball qui m'a permis de renvoyer toutes ces saloperies en Enfer... Je l'ai un peu délaissée ces derniers temps au profit du flingue - qui ne servira plus, parce qu'il est vide.
Pardonne-moi, bébé, je te promets que tu tueras encore.
Elle et moi ne faisons qu'un. Et ensemble, nous arriverons à  nos fins...
- Je vais te retrouver, ma jolie Rebecca. Et toi aussi, Ripper.
Mais je ne parviens pas à  bouger. Je pense au sang qui gicle. A toutes ces sensations.
Et si ce n'était pas un rêve ?
Un jeu vidéo ?
Un roman ?
Et si c'était réel ?
Toutes ces horreurs... se sont-elles passées ?
Des grattements à  la porte de la chambre 404. Un gémissement. Est-ce un zombie ? Ou est-ce que c'est moi qui suis devenu fou ? Peut-être que j'ai tué des humains. Toujours. Les lézards, les zombies... si je suis fou, ils se sont transformés en monstres !
Est-ce un zombie qui grogne en ce moment ?
C'est quoi, la réalité ?





L'hélicoptère me déposa sur le toit du centre commercial de Raccoon City.
Il faisait toujours nuit mais l'aube ne tarderait plus à  se présenter à  présent.
L'appareil volant ne tarda pas à  s'éloigner de la ville jusqu'à  n'être qu'un bruit de rotors dans la nuit.
Non loin de là , l'hôpital. Alors que je l'observais, des coups de feu y retentirent. Aucun havre de paix. Même pas celui-là .
Le calme ne tarda pas à  revenir. Mais ce silence laissait régulièrement place aux cris et gémissements des innombrables créatures en quête de chair fraîche.
D'après les rapports, Raccoon City était en proie au Virus-G depuis plusieurs jours. L'armée n'avait pas agi, ce qui avait été une erreur monumentale.
Les défunts, massacrant tout sur leur passage, s'étaient propagés comme une peste. J'étais prêt à  parier que plusieurs personnes infectées par les germes couraient à  travers la campagne.
Je devais retrouver Burnside. Il ne me connaissait pas, moi, Ralph Dietrich, le spécialiste en armement et en explosifs de l'U.B.C.S.
Je m'avançai vers la porte du toit menant à  l'intérieur du centre commercial. Mon fusil d'assaut était chargé et prêt à  décimer toutes les créatures se dressant sur mon chemin.





Ripper suivait la troupe avec une gentillesse déconcertante, comme un zombie : sans but ni volonté.
Putain, pourquoi est-ce que je m'attache à  cette gazelle... Moi qui brisais le cou à  des plus jeunes, me voilà ... vulnérable...
Rebecca marchait devant, à  côté de Barry. Ripper observa le postérieur de la jeune fille qui roulait.
Pas mal formée, la petite, quand même.
Il esquissa un ricanement pour lui-même. Mais sa mine se renfrogna dès qu'il pensa à  " lui ".
Cet enculé l'a touchée. T'as fait que repousser ton échéance, petit.
La troupe d'élite progressait dans des couloirs sombres, où quelques cadavres inanimés entravaient le passage. Mais pas de monstres, de survivants en vue.
Barry fit arrêter la masse.
- Bon, écoutez, de toute évidence, il s'est cassé quelque part, et ce gamin a le don de nous filer entre les pattes. On va tous veiller au grain et retourner au hall d'entrée. Okay ?
Tout le monde semblait acquiescer, sauf un... Ripper.
- Désolé, mon gros, mais moi, c'est ce mec que je veux, pas retourner me branler dans l'ascenseur... Pigé ? Alors taillez la route, les moustiques, moi, je trace...
Ripper dépassa le reste des flics et Rebecca. Elle sentait de l'attirance envers ce tueur infâme, mais le baiser de l'inconnu kidnappeur avait un certain charme. Après Billy Coen, Ripper et Seth... les malfaiteurs semblaient avoir le don de la séduire.
Elle grimaça.
Barry prit le tueur peroxydé par un bras. Ripper le dévisagea.
- Retire ce bras si t'y tiens...
- Écoute-moi, sale con, j'en ai rien à  cirer que t'aie ta p'tite vengeance perso, on a perdu beaucoup d'hommes, et je peux pas me permettre d'en perdre un autre, aussi débile et buté qu'il soit. Alors, sois tu reste ici et tu nous aide, soit tu seras un cadavre de plus dans cet hôpital.
- Barry ! Tu ne peux pas faire ça ! C'est un être humain ! s'écria Rebecca.
- Laisse, poupée, Gros Gay veut me buter ? Eh bah je l'attends, sa bastos.
La tension était à  son comble. Burton semblait vraiment sur les nerfs et Ripper mépriser l'idée même de sa mort. Ash les regardait, dépassé par les événements.

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Dernière édition par Raphychou le 24 Juin 2005, 23:50, édité 3 fois.

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MessagePublié: 01 Sep 2004, 06:03 
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CHAPITRE VII




Dans le couloir de l'hôpital, un passage mince aux murs blancs doté d'un coude, le temps semblait s'être arrêté.
- Tu sais ce que je pense des mecs comme toi, Williams ?
Les yeux de Ripper se réduisirent à  deux traits de ténèbres.
- Tu vas me le dire, Gros Gay, alors...
- Tu aurais dû être grillé depuis longtemps, gronda Barry. Comme tous les autres. Tu as tué des gens. Tu sais, j'ai vu les photos des pauvres types que tu as égorgé ! Il y en a un dont la cervelle s'est trouvée répandue sur le pare-brise de sa propre bagnole !
Du coin de l'oeil, Ripper vit l'expression de Rebecca. Ce n'était pas la première fois qu'il éprouvait la morsure des regrets, mais jamais elle n'avait été aussi brûlante.
- Les gens comme toi sont des anormaux, poursuivit Barry, impitoyable. Des erreurs de la nature. Tu m'as impressionné en tant que guerrier, Ripper : malgré tout, tu n'as pas ta place dans notre civilisation. Tu tues des gens, tu es donc fou.
Ripper s'attendait à  ce que Rebecca prenne sa défense ; elle semblait tétanisée.
- Tu es comme un chien enragé, Williams.
Barry ne cillait pas. Son regard restait braqué sur le tueur en série.
- Et les molosses dangereux, on les abat.
Il leva son arme. Ripper se sentait perdre toute combativité. Où était passée son énergie ? Il allait se faire abattre comme un pauvre demeuré par un flic qu'il aurait pu aisément maîtriser, même si celui-ci avait été armé d'une Gatling.
Personne ne faisait rien. Méritait-il de mourir ? Mais le système de valeurs de ce monde, et l'idée de " mérite "... signifiaient-ils quoi que ce soit ? Que devenaient les idéaux humains dans la jungle de Raccoon City, où la loi du plus fort s'étalait à  chaque ruelle ?
Le Python étincelait. Ripper se disait qu'il allait bouger, qu'il allait survivre...
Rebecca se mit à  courir vers lui. Chacun de ses mouvements paraissait engourdi.
Détonation.
Le son étouffé d'un corps tombant au sol.
Ripper baissa les yeux, affolé. A ses pieds s'étendait Rebecca. Une tache sombre grandissait sur son torse, imprégnant tous ses vêtements d'un noir aux reflets carmin.
Sans même comprendre comment, Ripper se retrouva à  genoux.
- Merde... merde... refroidie...
Il allait porter la main à  la blessure de la jeune fille quand il entendit un cri.
C'était Barry Burton, qui le visait à  présent.
Attends, faillit dire Ripper. En voyant les yeux de "Gros Gay", il comprit que c'était inutile. Les pupilles de l'homme, où se réverbéraient encore les lueurs du coup de feu, ne disaient qu'une seule chose : Barry avait sombré dans la démence. Il croyait à  présent Ripper responsable de tout ; seule sa mort pourrait restituer, intacte, la conception que le policier avait de la morale et de la justice.
Il tira à  nouveau au Python. Ripper évita le coup par réflexe, se rua sur Barry qui le surprit en l'expédiant au-dessus de lui d'une planchette japonaise.
Le jeune homme aux cheveux décolorés se réceptionna en roulé-boulé, alla buter contre Alex et Ash. Il nota en se relevant que ceux-ci sortaient leurs armes.
- Les mains en l'air ! s'exclama Ash. Cessez le combat !
Barry ouvrit grands ses yeux rougis. Deux détonations ; dans la fumée, Ripper ne put voir si les policiers étaient touchés. Il fit un saut en arrière, se retourna dans la foulée et se réfugia au coude du couloir.
Il ne voyait pas ce que Barry faisait, mais il entendit les deux balles siffler. Le cliquetis du barillet.
Ripper équilibra le poignard dans sa main, leva le bras et réapparut. A l'autre bout du couloir, "Gros Gay". C'était comme un western.
Ripper détendit son bras comme la corde d'un arc ; le poignard tournoyant fila droit vers son adversaire, qui, d'un seul tir, fit dévier sa course. La lame se planta dans un mur blanc.
Ripper s'était déjà  mis à  courir pour atteindre Barry. Bien trop tard. Il y eut comme une déflagration à  son flanc, il roula et fut avalé par les ténèbres.

Il revint à  lui. Une sorte de demi-rêve. Il vit quelque chose qui tombait du plafond. C'était gros, avec des jambes épaisses. Ripper ferma les yeux ; la souffrance avait envahi tout son ventre, il aspirait à  la mort, tant c'était insoutenable. Il se sentait devenir froid.
Hurlement de Barry. Bruit de course, deux détonations.
- Je garde les deux dernières pour moi, enfoiré !
Porte refermée. Barry était parvenu à  s'échapper.
Bruit de pas. La chose hurla.
Tout près de lui, le monstre.
Ripper tenta de sortir de sa torpeur. Pas facile avec une balle logée dans la chair. Vue la douleur, il avait au moins un poumon perforé.
Il parvint à  relever la tête et à  ouvrir les yeux.
Un titan rouge, à  la gueule débordante de salive et aux muscles palpitants, s'approchait de lui. L'un de ses quatre bras était disloqué ; Ripper comprit que c'était celui que Barry avait détruit au Python dans l'ascenseur.
Alors que le colosse marchait, Ripper vit des nuages de plâtre tomber du plafond. La bête était passée par les conduits d'aération, bien que ce fût difficile à  imaginer avec sa morphologie massive.
Horrifié par la proximité de l'organisme, il tenta de reculer. A ce mouvement, un oeil énorme s'ouvrit dans le torse.
Le géant rouge fit un pas de plus.

Les vastes couloirs de l'hôpital propagèrent les hurlements. Les Hunters qui les sillonnaient ne purent s'empêcher de cracher, signe chez eux d'un stress inattendu.




- Spike.
Ripper revint à  la vie.
- C'est mon prénom, observa-t-il.
Avant d'ouvrir les yeux, il numérota ses abattis. Deux jambes, deux bras. Une tête, à  moins qu'il ne se soit mis à  réfléchir avec les pieds. Et un torse engourdi.
Il était torse nu, mais avait conscience d'une chaleur réconfortante.
Ripper souleva les paupières. La brunette.
- Salut, Rebecca.
Il entendit sa propre voix, très faible.
- Salut, Spike.
- Je croyais que tu y étais passée ? Tu as reçu une balle dans le thorax.
Rebecca sourit.
- Mon gilet pare-balles ne me quitte jamais. Je l'appelle "Albert" depuis qu'il a déjoué les plans d'un félon portant ce doux prénom.
- Mais... Tout ce sang...
Elle montra à  Ripper un bandage sous sa poitrine.
- Albert a été perforé. Mais il m'a évité la mort.
Ripper toussa.
- Tu m'as soigné ?
- Je ne fais pas partie des S.T.A.R.S. pour rien, Spike.
Spike " Ripper " Williams s'aperçut qu'il perdait son habituel ton goguenard. Est-ce qu'il se ramollissait ?




Le type m'avait échappé, mais pour combien de temps ?
Peu après ma descente dans les escaliers du toit, je m'étais trouvé nez à  nez avec ma cible. L'informateur traître d'Umbrella Corp. Ce type était venu en ville pour détenir un maximum d'informations sur les créatures et ensuite les revendre à  une société rivale connue sous le nom de Bioject.
Ce gars-là  devait si possible être ramené vivant et amené sur l'île des Ashford.
Le nom de ce type était Burnside.
Il venait de m'échapper : ce gros porc n'irait pas bien loin.
Il était devant moi en train de galoper aussi vite que possible, mais semblait s'affaiblir.
Nous courions dans le second étage entre les rayons d'aliments pour animaux.
Malheureusement, un monstre qui avait certainement élu domicile ici détruisit une partie des étagères et se pointa entre moi et le fuyard.
Cette bestiole était un Hunter. Puissante créature, mortellement dangereuse...
Je lâchai une rafale de mitraillette. Il faillit l'éviter, mais les balles portèrent. Sans attendre que le truc vert et bondissant récupère, je tirai encore, jusqu'à  ce qu'il crève.
Fait. Ouahahaha !
Sur ce, j'entendis une série de détonations.
Je fonçai, espérant rattraper Burnside. Trop tard. Il n'était visible nulle part.
- Tiens... l'U.C.B.S. ? L'Umbrella Countermeasure Biohazard System ?
La femme qui sortit de l'ombre était vêtue d'une blouse blanche ; ses cheveux étaient blancs et courts. Elle tenait un revolver à  la main.
- Laissez tomber votre fugitif. Vous ne l'attraperez jamais.
- Comment le savez-vous ? grognai-je.
- Le crépitement de votre arme vous a empêché d'entendre le cri du deuxième Hunter.
Elle me conduisit à  un rayon proche. Burnside était bien là , étendu. Sans tête. Face à  lui, un corps vert criblé de balles.
- Cette horreur m'a volé ma cible, grommelai-je.
- J'ai fait connaître au Hunter le goût du plomb.
- Qui êtes-vous donc ?
- Et la politesse ? Fournissez votre nom en premier lieu.
- Ralph Dietrich, mercenaire engagé par l'U.C.B.S.
- Annette Birkin, chercheuse d'Umbrella Corporation.





Jill claqua la porte.
- Ca grouille de Hunters, par ici. Impossible de déplacer un blessé.
- Ne vous en faites pas pour moi... fit Rodaring.
- On n'a pas le choix. On va exterminer les monstres de tout l'hôpital pour y voir un peu plus clair, et accessoirement retrouver le groupe de Barry.
Chacun acquiesça à  la proposition de Jill. Elle fit du regard le tour de la chambre.
- Un lit, du matériel chirurgical et de premiers soins, constata-t-elle. Teddy, tu restes avec Rodaring et tu vois s'il est possible de le soigner.
Teddy Jericho hocha la tête.
- Oscar, Brad, venez avec moi ! conclut Jill.
Ils sortirent de la chambre.
Etendu sur le lit, Nathan Rodaring désigna la porte à  Teddy.
- Ferme-la... à  double tour. Moins dangereux...
Une fois que les verrous furent en place, Rodaring se leva.
- Vous pouvez marcher ? ! s'écria Teddy.
- Et bien plus encore.
Deux coups de pieds de Rodaring réduisirent en miettes les genoux du jeune policier. Il s'effondra, une expression de terreur sur le visage.
- Mais non, Teddy, souffla Rodaring. Je ne suis pas devenu fou. Je l'ai toujours été.
Un dernier coup de pied étourdit sa victime. Rodaring se tourna vers les pharmacies, les tiroirs remplis de matériel chirurgical, le fil destiné aux points de suture, et surtout les cinq plateaux d'argent portant des scalpels et d'autres instruments moins aiguisés, mais à  la destination effroyable.
Un sourire abominable fendit jusqu'aux oreilles le visage fin de Rodaring. Le genre de sourire qu'aurait un squale venant d'apercevoir un surfeur à  la surface de l'eau.
- Bien ! Je crois que je dispose ici de tout ce qu'il faut pour accomplir une oeuvre d'art.
Une demi-heure plus tard, il ne restait plus dans la salle qu'un cadavre. Enfin, ce qui ressemblait à  ça. Les pièces les plus intéressantes avaient été alignées sur une étagère, dans des bocaux de formol. Dix fils pendaient du plafond ; à  chacun était accroché un doigt. La peau du malheureux Terry Jericho avait été arrachée et transformée en une sorte de descente de lit étalée sur le sol.
Le spectacle n'aurait pas été complet sans le sang. Le sol était brun. Les murs étaient bruns. Le plafond était brun. Et dans l'une des flaques du sang en cours de coagulation était englué un pinceau de peintre en bâtiment souillé.




- Pourquoi tu t'es interposée ? interroge-je en la regardant durement.
- Il allait te tuer, répond Rebecca en soutenant mon regard.
- Tu n'aurais pas dû intervenir, je mérite de mourir, tu as été blessée par ma faute ! crache-je.
Putain, voilà  que je me mets à  culpabiliser, que suis-je devenu ? Ce n'est pas moi, ça... ça ne peut pas être moi, ça ne DOIT pas être moi.
- Ce n'est pas grave, souffle-t-elle en se rapprochant de mon lit, je vais bien maintenant...
J'essaie de me rasseoir en poussant un petit grognement. La plaie s'est rouverte. Putain, j'en ai marre.
- Tue-moi, dis-je.
- Quoi ?
Ses yeux se sont écarquillés, elle est encore plus belle comme ça. Dieu, que c'est dur de la regarder.
- Rebecca, tu dois me tuer, répète-je.
- Non !
- As-tu une idée de ce dont je suis capable ?
Merde, j'ai haussé le ton sans m'en rendre compte... elle se tait... c'est le moment parfait pour enfoncer le clou.
- Tu sais comment prendre son pied en tuant une fille d'à  peine ton âge ? Le truc, c'est de leur faire juste assez de dégâts pour qu'elles puissent toujours pleurer quand on... Parce que ça ne vaut pas le coup si elles ne pleurent pas.
Elle me regarde.
- Tu t'es battu à  nos côtés ! Tu as aidé ! Tu nous as sauvé la vie devant l'hôpital ! crie-t-elle, les larmes qui menaçaient de couler depuis tout à  l'heure tracent maintenant leur chemin sur ses joues rougies.
- Ne fais pas ça ! Ne rationalise pas cela en un acte noble. On connaît tous les deux la vérité, dis-je en baissant les yeux, tu aimes les hommes qui te blessent.
- Non ! dément Rebecca.
- C'est pour ça que tu t'es laissée embrasser par l'autre enculé, tu as besoin de la souffrance, de la haine qu'on te cause...
- Non. Je ne hais pas comme ça. Pas toi. Plus maintenant. Tu crois tout comprendre maintenant, parce que ton âme a trempé dans le sang ? Tu ne me connais pas. Tu ne te connais même pas. C'était toi qui a tué ces gens ? C'était toi qui éventrais ces filles ?
- Il n'y a personne d'autre ! proteste-je en me levant.
Je la plaque contre la porte, je pourrais la tuer, là , maintenant, ça serait facile...
- Ce n'est pas vrai ! Écoute-moi. Tu n'es pas en vie à  cause de la haine ou la douleur. Tu es en vie parce que je t'ai vu changer. Parce que j'ai vu ta pénitence, souffle-t-elle.
Je plaque mes mains sur mes oreilles. Je ne veux plus l'entendre... que quelqu'un la fasse taire, je n'en peux plus.
- Ce serait plus facile, n'est-ce pas, continue-t-elle, mais ce n'est pas le cas. Tu as fait face au monstre en toi, et tu as résisté. Tu as tout risqué pour être un homme meilleur.
- Ce n'est qu'une façade !
- Et tu peux l'être. Tu l'es. Tu ne le vois peut-être pas, mais moi si. Je le vois. Je crois en toi, Spike.
Elle s'avance vers moi et je sens ses lèvres fraîches contre les miennes. J'suis tellement surpris que j'ouvre la bouche. Elle en profite pour y glisser sa langue. Elle a peut-être raison, je peux peut-être devenir quelqu'un de bien... non, c'est stupide, je suis un assassin, un meurtrier infâme, et j'aime ça. Non, ce n'est pas vrai, je ne suis plus ça... j'ai changé. Je la repousse et je peux voir de l'incompréhension dans ses yeux trop verts.
- Désolé...
D'un coup de coude rapide en pleine tête, je l'assomme. Je la rattrape avant qu'elle ne touche le sol et je l'allonge sur le lit.
- Adieu, princesse...
D'un pas rapide, je sors de la chambre. Où aller ? Peu importe, je m'en tamponne. Je croise absolument personne, c'est déprimant. Ah, ça y est, enfin. A l'autre bout du couloir, je vois un zombie en train de s'exciter sur une porte portant le numéro 404. Je m'approche de lui.
- Oh, mec, pourquoi tu cherches à  ouvrir cette porte ? Il y a ton repas derrière ?
Le zombie se retourne. Il bave d'impatience, je crois qu'il a envie de me bouffer... crétin.
- J'vais te donner un conseil, mec, quand t'essaie d'ouvrir une porte, sers-toi de ta tête !
Et sur ce, je lui chope la tête et la fracasse contre la porte qui s'ouvre.
- Tu vois, ça marche ! dis-je en le regardant...
Hum... est-ce qu'il peut me comprendre avec la moitié de la cervelle répandue sur la porte ? J'ai un sérieux doute...
J'entre dans la chambre.
Une seringue brisée repose au pied d'une cloison. Et dans un coin de la chambre 404...
Je vois l'adolescent qui avait enlevé Rebecca. Il est recroquevillé sur lui-même et sa jambe nue devient blanchâtre.
- Ce n'est pas réel... ce n'est pas réel... se répète-t-il.
Merde, ils sont tous devenus barges ou quoi ? Comme d'habitude, qui doit se coltiner le sale boulot ? C'est moi.
- Lève-toi, bouffon.
- Non, si je reste ici, ils me verront pas... sanglote-t-il.
- Si tu restes ici, c'est moi qui te fais la peau... ça sera beaucoup plus douloureux que si tu te faisais dévorer vivant, crois-moi... dis-je en lui tendant la main.
Il me regarde bizarrement. Quoi ? Il est amoureux de moi ?
- Tu es un meurtrier, affirme-t-il.
- C'est bien, tu connais tes classiques... bouge ton cul maintenant.
Ce gamin me les chauffe.
- On va où ? me demande-t-il.
- Voir la brunette, pour que vous puissiez batifoler à  votre aise, grogne-je.
Il se relève enfin, tenant une espèce de batte dans les mains.
- T'avais pas un flingue ?
- Plus de balles, répond-t-il en haussant les épaules.
Putain, quand je dis que j'ai jamais de bol, c'est un foutu euphémisme. On continue d'avancer...
Quand une silhouette que je ne connais que trop bien se découpe au fond du couloir.
- Écoute, gamin, Rebecca est chambre 261, va là -bas immédiatement.
- Et toi ? questionne-t-il.
- Un vieux compte à  régler...
- Tu parles de ce mec ? C'est un homme !
- C'est ça, et moi j'suis un ange... souffle-je.
- Je vois pas pourquoi moi, Seth, je devrais t'obéir... dit-il avec une attitude provocante.
- Ravi de savoir ton petit nom, mais Rebecca est inconsciente dans sa chambre... elle peut se faire attaquer à  n'importe quel moment...
Je vois ses yeux s'agrandir sous l'effet de la peur. Enfin, c'est pas trop tôt.
- J'y... j'y vais ! Bonne chance !
- Dis pas de conneries, je te hais.
Seth sourit et disparaît par un couloir.
- Oh, que je suis déçu.
L'homme dégingandé aux cheveux bouclés croise les bras.
- Je pensais que tu allais le supprimer, Ripper.
- Il n'y a plus qu'une personne que je vais tuer, toi... et je m'appelle Spike, c'est comme ça qu'elle me nomme, alors c'est comme ça que je veux que l'on m'appelle...
Nathan éclate de rire.
- Arrête ! s'esclaffe-t-il. On ne joue plus, là  !
- Tu m'en crois pas capable ? le défie-je.
- Et puis-je savoir en quel honneur ? questionne-t-il, gentiment moqueur.
- J'ai toujours voulu savoir qui était le meilleur d'entre nous...
- On n'a pas besoin de s'entre-tuer pour ça, c'est moi, affirme Nathaniel " No " Rodaring en se tapotant le torse avec son pouce.
- Prouve-le moi !
Je m'élance vers lui et lui donne un coup de poing dans le ventre. Il se plie sous la douleur, j'en profite pour lui coller mon genou sous le menton. Nathan se relève immédiatement.
- Pas mal... un peu mou... je t'ai appris beaucoup mieux.
Il me décoche une droite. Je l'évite et lui donne un coup de tête. Le craquement que j'entends me fait sourire, je lui ai explosé sa cloison nasale.
- Oups, désolé, ancêtre.
Le combat reprend. On sourit tous les deux. Il est clair qu'on prend beaucoup de plaisir à  ce combat, nos styles sont si différents et pourtant si complémentaires. Je mise sur la souplesse tandis que lui compte sur la force brute.
Je ne vois pas arriver un de ses coups de pied que je reçois pile où la balle a traversé ma chair. Je ne peux m'empêcher de hurler. Nathan ne perd pas une minute, d'une droite, il me brise net la mâchoire. Le sang a giclé et m'aveugle. Je ne vois plus ses coups arriver. Je suis acculé contre le mur. D'un coup de pied en pleine tête, je m'effondre.
Je crèverai debout. Je me relève et il est instantanément sur moi. Au moment où il va me briser la nuque, il se penche à  mon oreille.
- Je vais tuer la petite brune, je vais adorer ça... mais je crois que je vais la faire jouir avant, Ripper...
- Va en Enfer !
- Hum... garde-moi une place !
Craquement. Noir. Libération, enfin...

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Dernière édition par Raphychou le 16 Mai 2005, 22:25, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Resident Evil : DDB
MessagePublié: 02 Sep 2004, 06:55 
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Pamplemousse Panchromatique
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Deuxième partie


Les métamorphoses

























CHAPITRE VIII




Le titan marchait.
Son organisme se réajustait sans cesse ; son anatomie se réorganisait, certains organes fusionnaient, d'autres disparaissaient. Il naissait d'étranges choses dans les flancs de cet être.
Le titan marchait à  grands pas.
Un jour, dans une autre vie, il s'était appelé William Birkin.
Le titan marchait à  grands pas. Les couloirs défilaient autour de lui, il ne les voyait pas.
Il avait une perception étrange de son environnement ; tous ses sens ne voyaient que des bribes du décor, noyées dans une tempête de traînées de lumière rouges et bleues. Il arpentait cet environnement psychédélique sans se soucier de la bourrasque. De temps à  autre, il apercevait une lueur orangée ; c'était un être vivant. Il dévorait toutes les lumières de ce type qui passaient à  sa portée. Sauf certaines.
En ce moment, il guettait une lueur orangée d'un dégradé particulier. Un homme qu'il avait infecté. Le titan ne savait rien de sa victime, il ne savait pas qu'il s'appelait Spike Williams et qu'il était un tueur en série. Il avait juste le souvenir qu'il l'avait utilisé comme hôte. Un embryon reposait dans les entrailles de Ripper.
La lueur vacillait. Le titan interrompit sa marche.
L'hôte était aux prises avec un autre être vivant. Le titan grogna. Et quelques instants plus tard, la lueur orangée de Ripper s'éteignit !
Hurlant, le titan rouge sentit l'ire déferler en lui. Il avait cru entendre le craquement de la nuque brisée. Qui avait osé détruire l'un des hôtes de ses rejetons ? Interrompre son cycle de reproduction ?
Alors que les dernières étincelles de la chaleur corporelle de Ripper s'évaporaient, le colosse leva la gueule et poussa un second cri de deuil.




Deux rugissements inhumains me font sursauter.
Bordel. C'était QUOI ?
Ca vient d'un autre coin de l'hôpital que le combat que je fuis...
J'ai entendu Ripper hurler. Puis deux propos qui, avec la distance s'agrandissant entre moi et eux, devenaient des murmures.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Pourquoi me suis-je terré dans la chambre 404 ? Et mes doutes ?
J'aurai pu rester comme ça, attendant la mort, si Ripper ne m'avait pas sorti de là ...
Je n'éprouve aucune amitié pour lui. Mais mon esprit était si embrumé que j'ai bu chacune de ses paroles, et j'ai fait tout ce qu'il m'a dit... J'ai bien tenté de me rebeller, mais rien à  faire, sa psyché était beaucoup plus forte que la mienne à  ce moment-là .
Dès qu'il a prononcé son nom, mon cerveau a chassé cette brume, et tout devint clair : la p'tite brune était en danger. A partir de cet instant-là , plus rien d'autre ne comptait pour moi.
J'ai quitté le blond y'a à  peine une minute, au détour d'un couloir.
Qui a gagné ? Ripper ou l'autre malade ?
M'en fous.
La pomme revient à  mon esprit. Ca faisait un moment que je n'y avais plus songé. La pomme tachée de sang.
La pomme.
Rien à  foutre de la pomme.
J'ouvre la porte de la chambre 261, et je vois Rebecca étendue sur un lit poussiéreux, au milieu de la pièce. Elle semble inanimée.
Mon coeur rate un battement. Je me précipite vers elle et lui tâte le poignet. Une pulsation. Elle est toujours en vie.
Je pousse un soupir de soulagement.
Je me redirige vers la porte et la bloque avec une chaise en métal, au cas où.
Mais... Qui lui a fait ça? Il n'y a pas de trace de blessures, ni de sang... Ca doit être cette enflure qui l'a battue !
Je sens la haine monter en moi... Mon poing serre très fort la poignée de Bébé... Jusqu'à  ce que j'entende un craquement !
Je regarde ma moitié et je me rends compte que j'ai fissuré le bois de la matraque à  force de serrer...
Mes yeux s'ouvrent en grand, surpris par cette force que je ne connaissais pas.
Merde, y'a quelque chose qui cloche, là ...
L'image de Ripper tabassant la poupée brune s'affiche de nouveau dans ma tête.
La vengeance.
Je m'apprête à  partir pour en finir avec ce connard quand Rebecca émet un gémissement.
- Brunette ! ?
Elle se redresse sur son lit, se tenant le crâne a deux mains.
Son regard se tourne vers moi.
- T... toi ? Qu'est-ce que... tu fais ici ?
- Ta copine m'a dit que t'allais mal. Je suis venu prendre des nouvelles de mon otage préféré, dis-je, dans un sourire qui cache mes intentions.
- Ripper ? Où est-il ?
Elle le cherche du regard. Mais il n'y a que nous deux dans cette pièce.
- Il va bientôt rejoindre le monde des morts. Reste ici, je vais m'occuper de lui.
Je fais demi-tour.
- Non ! s'exclame Rebecca. Laisse-le tranquille !
Sans me retourner, je lui répond :
- C'est un tueur, non ? Ca tombe bien, j'ai une envie de tuer du tueur, ces temps-ci, et...
Rebecca pousse un cri d'effroi.
Je fais volte-face. Y'a un monstre qui est entré ? Elle a découvert une blessure ?
Non. Son regard se pose sur moi. Sur ma jambe gauche.
- Qu'est-ce que c'est que ce... ?
- Mon Dieu ! Mais qu'est-ce que tu as ? fait-elle, dans un sanglot étouffé.
Entre les lambeaux de tissu qu'elle a elle-même déchiré dans la salle de soin, je distingue mon mollet violacé et boursouflé. La blessure s'est cicatrisée, mais une veine mauve sort de la cicatrice. Au moment où j'en approche mon doigt, elle se plante dans ma cheville. Je sens un liquide froid passer dans mon pied. La même sensation que lorsque je me suis injecté ce... vaccin...
Je reste pétrifié devant ce spectacle macabre.
Ce liquide " NO "... qu'était-ce ?
Rebecca s'est déjà  levée, son instinct d'infirmière a pris le dessus.
- Allonge-toi sur le lit, je vais voir... ça.
Je lui obéis, espérant de toute mon âme qu'elle fasse quelque chose. L'idée de tuer cette salope de Ripper ne me traverse plus l'esprit.
- On dirait... une mutation. Qu'est-ce que tu as fait... Seth ?
Elle me fixe. C'est la première fois qu'elle prononce mon nom.
- J'ai juste mis un vaccin dans mon mollet... C'est tout !
- Quel vaccin ? demande-t-elle, interloquée.
- Tu sais, cette seringue, dans la salle de soin...
Sont regard se détourne du mien, le visage cramoisi.
Quelle timidité.
- Quoi qu'il en soit, c'est pas un vaccin que tu t'es injecté... Et... j'ai bien peur que...
- Que quoi ?
- Que ce soit... le virus. Cette chose qui a tué presque tout le monde dans cette ville est en toi... Je suis désolée...
Qu... quoi ? Moi ? Infecté par cette merde ? C'est pas possible !
La petite brune pose sa main sur mon épaule, pour me réconforter. Je la rejette d'un revers de la paume, la faisant tomber par terre.
- Laisse-moi tranquille !
Elle me regarde avec un air terrifié et incompris. J'avais aucune raison de réagir comme ça.
Quelqu'un de normal, non. Mais je ne suis pas normal. Je ne le suis plus.
- Il faut que je me casse d'ici, plus rien à  battre de vos tronches de poulets...
- Non, attends ! Il faut qu'on retrouve tout le monde! Tu ne peux pas me laisser toute seule !
- Pourquoi pas ? J'ai aucun compte à  te rendre, la bleue !
Avant qu'elle ne réponde, la porte de la chambre s'ébranle.
Quelque chose tente de l'enfoncer.





Je sais qu'elle est là . Et qu'un autre est là  aussi. J'entends leurs coeurs qui battent dans cette pièce.
Je ne suis plus qu'un animal furieux, impatient de trouver l'extase dans la tuerie. Et le viol, aussi. Pourquoi se priver ? J'ai tout mon temps. Personne n'en témoignera.
Le chaos se répand sur ce monde, et son nom est Virus-T. Quand j'aurai retrouvé mon oeuvre, qui dépasse de loin toutes les petites créations de Birkin, je serai au-delà  des châtiments stériles imaginés par les hommes pour punir le " mal ".
- Enchanté de vous retrouver, susurre-je. Vous avez l'honneur de participer à  mon nouveau tour de prestidigitation. Comment convertir deux êtres humains en chili con carne.
De l'autre côté de la porte, j'entends une voix féminine.
- Qui... qui est-ce ?
- Un ami de feu Ripper, déclare-je. Il doit bien s'amuser avec le Diable, en ce moment !
- Que... que lui avez-vous fait ?
- Tu tiens vraiment à  le savoir ? Mais de toute manière, je te montrerai bientôt comment il est passé de vie à  trépas... parce que ça va t'arriver ! Mais d'abord, je vais te faire monter au septième ciel !
Je ricane et je donne un coup de pied supplémentaire dans la porte. Ce n'est pas du petit bois, mais ça cédera dans les plus brefs délais.
Mes frappes deviennent de plus en plus frénétiques ! Ca y est... cette énergie... la soif de violence, avec le plaisir pur pour tout corollaire !





Rebecca fond en larmes. Moi, j'éclate de rire.
- S'il ne voulait pas te tuer, j'aurais volontiers laissé ce mec rentrer pour lui serrer la patte !
Elle me regarde, les yeux rouges.
- Tu ne le connais même pas ! Comment peux-tu dire ça ?
Elle marque un point. Sa tristesse est plus forte que la joie que j'ai de savoir que l'autre blondinet est cané.
L'autre malade continue de démolir méthodiquement le battant.
- Okay, viens, on se casse.
Entre deux sanglots, elle me demande :
- Mais par où ? Il bloque la sortie !
- Et la fenêtre, c'est pour faire joli ? T'auras juste à  t'agripper aux tuiles, je faisais toujours ça quand j'étais gosse...
Je fracasse le verre avec ma batte Bébé. Un éclat me tombe sur le bras, m'entaillant à  peine l'épiderme.
Je vais survivre...
Je tends ma main à  Rebecca qui la prend sans rechigner. L'air froid et humide de la nuit me cingle le visage.
- Allez, on y va...
Je m'appuie sur ma jambe infectée, et, à  ma grande surprise, je n'ai aucun mal à  me hisser sur le rebord.
C'est peut-être pas si nul que ça, après tout.
La brunette se met à  son tour en équilibre sur le bord de la fenêtre. Je me penche à  l'extrémité du toit et je lui donne mon bras. Elle commet l'erreur de regarder en bas et vacille. Juste à  temps, je sursaute et j'attrape son poignet.
Rebecca hurle. En dessous d'elle, le sol paraît très lointain.
Je tire d'un coup sec. Je ne sais pas si c'est dû au virus, mais je ne la sens pas plus lourde que si elle était faite de carton ondulé. Je la balance sur le toit.
Rebecca essuie ses larmes avec sa manche.


Ils m'échappent !
De rage, j'envoie mon poing dans la porte craquelée. Tout un pan de bois se détache. Je remarque combien il est épais et j'engouffre mon visage entre les échardes. J'ai l'impression d'être dans le long métrage " Shining ".
L'ire m'envahit quand je constate ce que je savais déjà  au son. Ils ont pris la poudre d'escampette. Par la fenêtre.


Les deux jeunes gens marchaient sur le toit de l'hôpital. Trop occupé à  assurer son équilibre et celui de sa partenaire, Seth ne remarqua pas que la plaie sur son bras prenait un aspect nécrosé.

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Dernière édition par Raphychou le 18 Mai 2005, 23:47, édité 2 fois.

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CHAPITRE IX




Je n'avais jamais trouvé agréable l'idée de me rendre dans un hôpital. L'odeur indéfinissable qui stagnait dans les couloirs de ce genre d'établissements m'avait toujours rebuté. Cette répugnance n'avait fait que se renforcer depuis que j'avais mis le pied dans le hall d'entrée de celui de Raccoon.
L'immeuble en question ressemblait plus à  une boucherie qu'à  un centre hospitalier. Chaque pièce que nous avions exploré n'était que chairs, boyaux et cadavres mutilés. Sans parler des litres de sang coagulé qui avaient repeint les murs et le sol, et qui s'agglutinaient sur la semelle de mes rangers comme un enfant s'accroche à  son hochet. Pitoyable comparaison qui résumait bien l'état d'esprit dans lequel je me trouvais.
Nous étions deux à  avoir pénétré dans cet enfer, moi, Ralph Dietrich, le spécialiste en armement et en explosifs de l'U.B.C.S. (une congrégation de mercenaires employés par Umbrella), et une scientifique dénuée d'humour que je m'étais décidé à  escorter.
Annette Birkin avait des cheveux blonds coupés au carré, de grands yeux clairs, des lèvres minces et une silhouette longiligne. Au prix d'un petit effort, j'aurais même pu la qualifier de " jolie ", mais je n'étais pas amateur de ce genre de femme froide et distante. De toute façon, l'anneau qui ornait son doigt m'interdisait toute tentative d'approche. Elle était mariée. C'était d'ailleurs pour cela que nous étions venus dans ce cloaque puant la mort, la donzelle recherchait son mari. Egalement un scientifique à  ce que j'avais cru comprendre...
Après avoir fouillé les premiers étages, nous étions revenus dans le hall d'accueil du sixième niveau du " musée des horreurs ".
- Et maintenant, on fait quoi ?
J'avais posé cette question pour la forme et je savais très bien ce qu'elle allait me répondre. J'avais aussi dit cela pour tenter d'établir la conversation. Ma " co-équipière " n'avait pas décroché un seul mot depuis dix minutes, et cela m'agaçait.
- A votre avis ?
- On pourrait se commander quelques pizzas.
Ma blague ne fut pas bien accueillie, et elle me fusilla du regard avant de secouer la tête.
- Epargnez-moi votre humour à  la con, Dietrich !


Ce type m'exaspérait au plus haut point et ses vannes de bas étages commençaient vraiment à  me taper sur le système. De plus, il avait l'air d'un abruti avec le foulard qui lui enserrait la tête à  la manière des flibustiers d'autrefois. Ce gadget combiné avec les deux énormes tatouages imprimés sur ses biceps complétait à  merveille sa panoplie ridicule de gros macho prétentieux.
S'il ne trimballait pas tout un arsenal sur le dos, j'aurais pris mes jambes à  mon cou depuis longtemps. Il avait beau être d'une compagnie déplaisante, ses arguments étaient de taille : outre le fusil d'assaut M4A1 qu'il ne quittait jamais et son gilet de combat qui débordait de munitions, le mercenaire possédait un pistolet Sigpro, un couteau de combat, mais aussi et surtout un impressionnant lance-mines A-320 en bandoulière.
Comparé à  cet attirail, mon triste Beretta et mes deux chargeurs d'avance faisaient bien pâle figure. Ce n'était pas vraiment le moment de faire la fine bouche.
Les coups de feu que nous avions entendu dans les étages supérieurs laissaient à  penser que nous n'étions pas les seuls survivants à  nous être aventurés ici. Vu les circonstances, cet abruti était peut- être ma seule chance de mettre la main sur William. William. Rien que l'effet de penser à  mon mari me requinqua.
Je devais le retrouver, coûte que coûte.





- Bordel !
Détonation.
- Jill, qu'est-ce que tu as ?
- Brad, désolée...
Jill relâcha son étreinte sur la crosse du fusil. Devant elle, toute une armoire remplie de médicaments qu'ils s'apprêtaient à  récupérer était détruite. Les chevrotines avaient fracassé la vitrine et la moitié des sprays de premiers secours.
- Je suis juste nerveuse...
- Ca, on l'a vu !
Elle regarda les bras de Brad. Il avait la chair de poule. Pas étonnant.
- Quelle était cette chose qui a rugi deux fois ?
Jill se tourna vers le locuteur. Oscar Wilde.
- On ne va pas rester ici pour le savoir.
Les trois agents de police se saisirent de tous les sprays intacts.
- Avec ça, on va pouvoir soigner Rodaring, fit Jill.
- Jill.
- Mmmmh ?
- Je me souviens à  présent où j'ai vu ce nom, poursuivit Wilde.
Jill cilla.
- Nathaniel Rodaring, dit " No Rodaring ", est un cadre d'Umbrella Corporation.
Jill inséra de nouvelles cartouches dans son fusil à  pompe et fit claquer la culasse.
Brad secoua la tête.
- On avait bien besoin de ça.
- Abstenons-nous de porter un jugement, déclara Jill. On ne sait pas quel poste il occupait. Peut-être s'occupait-il d'affaires commerciales ou de comptabilité. Il n'a probablement rien à  voir avec l'incident du manoir Spencer. Ni avec celui-ci.
- Il a été éduqué par Marcus, reprit Wilde.
- L'un des fondateurs d'Umbrella ? Oh, merde...
Jill ouvrit la porte. Ils sortirent du réduit, armes au poing. Le sous-sol de l'hôpital était désert. Les deux créatures vertes aux cris aigus qu'ils avaient tué en arrivant reposaient dans des flaques de sang qui commençaient à  virer au noir.
Brad se mit à  trembler.
- C'est trop calme.
- Arrête de nous faire stresser, répliqua Wilde.
Jill tiqua.
- C'est ça. Continuez à  gaspiller votre salive et on mourra encore plus vite.
Ils retournèrent avec prudence aux ascenseurs, les canons de leurs armes dirigés vers le sol. Certains policiers inexpérimentés avançaient en levant leurs revolvers au ciel, ce qui était extrêmement dangereux. Mais ils étaient des S.T.A.R.S.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Deux hommes mutilés.
BAM !
- Non, arrêtez !
Les cibles s'étaient baissées et hurlaient, persuadées d'avoir été abattues.
- Merde ! dit Vickers. Vous êtes vivants !
- Bien sûr qu'on est vivants, abruti !
- Désolé. On a tous la gâchette facile ces temps-ci.
Alex Krimp et Ash Tumber se relevèrent et sortirent de l'ascenseur.
- Qui vous a mis dans cet état ? s'enquit Jill en désignant leurs plaies et leurs oripeaux.
- C'est Barry.
- BARRY ?
Ash secoua la tête.
- On avait retrouvé Rebecca quand il a pété un plomb. Ripper s'est opposé à  lui et Barry a voulu l'abattre. Il a dit que les psychopathes étaient une chienlit dont il fallait se débarrasser.
- Mais putain de merde ! cracha Jill. Il suffit que je vous laisse seuls deux minutes pour que vous sombriez dans la folie ?
Alex ferma les yeux.
- Ripper s'en est tiré. Mais pas indemne. Ce qui a mis en fuite Barry, c'est un monstre rouge et gris que nous avions déjà  rencontré dans l'ascenseur. Un machin à  quatre...
- Il a fait quoi ? le coupa Wilde. Il a donné un coup de griffes à  Ripper ?
- Non, je ne sais pas... j'ai entendu comme un bruit de déglutition, et j'ai vu une espèce de tentacule qui disparaissait dans la bouche de Ripper. On se serait cru dans " Alien ".
- Ripper s'est évanoui, compléta Ash. Et j'aurais fait pareil à  sa place.
- Que faisiez-vous pendant ce temps-là  ? demanda Jill, les dents serrées. Un petit poker ?
- C'est Barry qui nous a amochés à  ce point, expliqua Alex. Avant que le gros monstre n'arrive, il nous a tiré dessus. Je te l'ai dit, Jill, il est cinglé ! Et je crois que...
- Dites, quelle est cette chose au bout du couloir ?
Tous se retournèrent. A l'angle du corridor du sous-sol, une paroi se fendillait.
- A tous les coups, c'est une nouvelle bête, annonça Jill.
Elle braqua son fusil sur le mur à  cinq mètres de là .
Il s'avéra que Jill Valentine était bel et bien douée du sens de la précognition. Le ciment et le plâtre explosèrent. Dans les nuages de poussière, ils virent une gueule qui rugissait. L'écart entre les mâchoires devait bien être de trois mètres.
Tous tirèrent. Les coups de feu firent autant de mal à  la chose qu'un mousquet à  un éléphant.
L'adversaire se dégagea des vestiges du mur. Gros, massif. Une sorte de rhinocéros reptilien. C'était l'une des créatures vertes aux sauts redoutables qu'ils avaient déjà  vu, mais de bien plus forte carrure.
Elle ne portait aucune trace de leurs tirs.
- C'est trop grand ! On ne peut pas le tuer !
Jill se jeta dans l'ascenseur. Tous l'imitèrent. Ils entendirent le bruit de la cavalcade de la bête.
Alex appuya sur le bouton du dernier étage.
La bête galopait dans le couloir, ils percevaient le son de son dos écailleux raclant le plafond.
Les portes de l'ascenseur se refermaient sur les cinq policiers.
Ils se mirent à  marteler l'interrupteur.
- Mais tu vas monter !
La gueule monumentale de l'ennemi apparut devant eux. Jill crut défaillir en décelant le tatouage sous l'un des yeux cruels : HUNTERMASTER99.
Les deux battants métalliques se rejoignirent.
L'ascenseur monta.
Il s'écoula un long, très long moment avant que Jill et ses compagnons ne puissent reprendre leur respiration.




- Alors, Doc, qu'est-ce qu'on fait ?
Annette regarda d'un air sombre Dietrich avant de déclarer dans un souffle :
- On continue les recherches, patate !
Offensé par ces dernières paroles, le mercenaire s'apprêta à  répliquer quelque chose lorsqu'un choc ébranla le bâtiment. Un vase tomba de son piédestal pour s'écraser sur le sol. Cela venait des étages inférieurs. On aurait dit qu'un dinosaure gambadait joyeusement quelque part en dessous d'eux.
- Mais qu'est-ce qu'il y a dans cet hosto ? King Kong ?
La scientifique ne laissa pas paraître son trouble. Si un tel monstre se baladait en liberté dans le bâtiment, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : William avait atteint le dernier stade de sa mutation. Si tel était le cas, même l'anti-virus qui se trouvait dans la poche de sa blouse ne servirait pas à  lui ramener son mari. Elle chassa cette idée de sa tête et se força à  croire que ces pas de géant provenaient d'une autre créature issue de l'imagination des chercheurs d'Umbrella.




L'hôpital vibra.
Le titan interrompit sa marche une seconde fois. Il se passait quelque chose. Il le sentait et s'en réjouissait, ce qui restait d'humain en lui, du moins. Le reste de son mental bestial ne ressentait qu'une chaude satisfaction animale.
Il se tourna dans la direction où avait disparu la lueur du dernier hôte qu'il avait choisi pour ses rejetons. Perçant les murs, ses sens mystérieux avaient perçu... quelque chose.




- Plus de balles !
Jurant, Barry envoya un coup de pied dans la paroi. Il n'y gagna que souffrance. Il massa l'extrémité de sa chaussure.
En relevant la tête, il vit son reflet dans le miroir des toilettes. Barbe trempée de sueur, gestes fébriles, yeux fiévreux.
Il sortit de la pièce. Cette fois, il devait retrouver des munitions. Il avait escompté conserver les deux dernières balles en cas d'infection, pour mourir avant de devenir l'une de ces choses. Cependant, un zombie lui avait barré la route ; par réflexe, il avait tiré deux fois.
Barry franchit plusieurs portes avant de se retrouver dans le fatidique couloir en L. Il avait redouté de devoir y passer. Mais il n'avait pas le choix.
Il n'y avait aucune dépouille. Il les avait tous ratés. Ces deux hommes... et le psychopathe.
Il franchit prudemment le détour. Et son oeil aperçut un corps.
A cet instant, une secousse ébranla tout le bâtiment. Barry tituba jusqu'au cadavre, tentant de repousser dans les confins de son âme l'idée que ce n'était pas un séisme, mais l'une de ces créatures qui avait ébranlé les fondations, peut-être dans les sous-sols de l'hôpital.
Son esprit fut distrait par sa découverte.
- Ripper.
Le corps du tueur était étendu là . Jeune homme assez séduisant, aux cheveux blonds et aux sourcils noirs - Barry ne s'était jamais posé la question de son vivant, mais il avait sans doute décoloré sa chevelure. Dans la lumière blanche des néons, il était plus livide que tout autre cadavre, une pâleur d'albâtre qui rehaussait son statut de gisant.
Il n'y avait aucune trace de la manière dont Ripper avait été tué, mis à  part l'angle bizarre de sa tête ; la créature (ou l'homme, songea Barry en frissonnant) qui l'avait occis avait pris soin de disposer le cadavre sur le dos, les mains jointes sur le ventre, tel les gisants ornant les tombes des rois de jadis.
Barry sentit que ses yeux le piquaient. C'était dément. Il disjonctait. Après avoir tenté de pratiquer l'exécution sommaire de Ripper, voilà  qu'il pleurait sa mort. Il se sentit perdre pied.
Ripper bougea.
Barry fit un bond en arrière ; sa tête alla heurter le mur. Il grimaça, mais ce n'était rien.
La main de Ripper vibra à  nouveau.
Barry tira sur sa ceinture, saisit son coutelas de combat.
Revient-il d'entre les morts pour moi ?
Absurde. Ripper avait été contaminé, voilà  tout. Ca ne faisait qu'un zombie à  démolir. Ces saletés étaient ardues à  vaincre au couteau, mais un costaud comme lui ne pouvait tomber devant une telle vermine.
Ripper explosa. Ses vêtements se déchirèrent, et en dessous, les chairs bougeaient à  vive allure. Barry vit qu'en réalité, il n'avait fait que bondir en s'étirant. Le dos de l'être craqua, une rangée de piques apparut sur la moelle épinière.
Barry regarda son coutelas inutile et le jeta.
L'abomination se révélait vite. Barry comprit que sous l'enveloppe de la dépouille, les changements internes avaient été importants, que les nouveaux muscles formés par l'évolution de l'ADN s'étaient tassés et enroulés tels des ressorts, en prévision de cette mutation.
L'être leva un bras long, décharné ; il heurta le néon au plafond. Des éclairs envahirent le couloir.
Dans les décharges d'électricité, Barry s'enfuit. Derrière lui, ce qui avait été Ripper grandissait toujours, devenant une chose mince, véloce, affamée. Chacune des griffes était plus longue que le poignard dont Barry s'était équipé.
Il ne voulait pas voir en détail ce qui le suivait. Il courait. Cette porte, cette porte au fond du couloir.
Son coeur battait, machine biologique emballée, au rythme des pas de son poursuivant. Ses sourcils brûlés par les étincelles de l'explosion du néon étaient haussés, laissant le champ libre à  ses yeux exorbités, ne fixant que la poignée de porte, seule promesse d'un destin autre que la Faucheuse.
Barry parvint à  la porte et saisit la poignée, tandis que le grand être, toujours plus rapide, semblait se changer en projectile squelettique, à  un mètre de lui.
La porte ne s'ouvrit pas.
Il n'eut pas le temps de comprendre que la clé était dans la serrure. Les bras maigres le saisirent, le manipulèrent, le plaquèrent contre le mur. Il n'était qu'un jouet entre les griffes de cette atrocité aux articulations arachnéennes. Même dans ses pires cauchemars, il n'aurait pu imaginer pareille situation. Il allait se réveiller, ce n'était pas possible.
Il ne se réveilla pas.
C'était possible.
Je ne vais pas mourir, je ne peux pas...
Sa dernière vision, limpide comme l'eau d'une source glaciaire, fut ces mâchoires terribles. Crocs argentés, noirceur avide.
Il eut un ultime hurlement.
Puis la souffrance débuta.

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Dernière édition par Raphychou le 19 Mai 2005, 00:04, édité 1 fois.

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MessagePublié: 05 Sep 2004, 08:21 
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CHAPITRE X




Une odeur de chair pourrie désormais familière me chatouilla les narines. Un zombie venait d'apparaître dans l'encadrement d'une porte, derrière Annette. La doc ne le vit pas s'approcher de son dos.
J'agrippai le couteau de combat fixé à  ma ceinture. D'un geste précis, maintes fois répété à  l'entraînement, je le fis pivoter dans ma main et le lançai sur le mort-vivant qui n'était plus qu'à  quelques centimètres de sa proie.
L'arme blanche vint se planter entre les deux yeux de l'immonde créature qui tomba à  la renverse sur le sol.
- On dirait que je ne suis pas trop rouillé au lancer de couteau, déclarai-je en récupérant mon bien sur le cadavre.
La scientifique, fidèle à  elle-même, se contenta de jeter sur moi un regard las.
En me redressant, un détail attira mon attention. Un voyant clignotait sur le bouton d'appel de l'ascenseur qui me faisait face. La cabine venant des étages inférieurs allait s'arrêter à  notre niveau. De toute évidence, nous n'allions pas tarder à  avoir de la visite.
- Merde, qu'est-ce que c'est, encore ?
Pendant un instant, je songeai à  m'emparer du lance-mine. Quelle chose pouvait bien se cacher dans l'ascenseur ? Finalement, je renonçai à  cette idée. Je mis le sélecteur de mon M4A1 sur le mode " tir automatique " tout en attendant de pied ferme la suite des événements.
Derrière moi, Annette Birkin semblait encore plus pâle que d'habitude. Un tintement électronique retentit à  l'instant même où les portes de l'ascenseur s'entrouvraient.







Le vent froid me souffle au visage. Rebecca continue de sangloter en me tenant le bras, pour garder son équilibre sur ce toit délabré et glissant.
Elle m'énerve.
- Où... Où va-t-on ?
- Bonne question, j'en ai aucune idée. On inspectera la première fenêtre venue et on regardera si y'a pas de bestioles dedans. Sinon, on se réfugiera à  l'intérieur, dis-je d'une voix froide.
- Seth, que ferons-nous après?
Exaspéré, je lui crache :
- Ferme-la, sinon je te laisse tomber en bas...
Elle serra plus fort mon bras, ce qui me fit sourire, et ferma effectivement sa bouche.
Une pluie fine s'abat sur la ville. Elle n'est pas assez forte pour éteindre les incendies qui ravagent les rues, cette pluie est là  pour signifier que le destin nous nargue, mouillant nos vêtements et nous glaçant jusqu'aux os afin d'éteindre à  jamais tout espoir d'en sortir vivant.
Mais ma volonté n'a pas de limites et ce froid perçant ne me touche pas.
Sans doute grâce à  cette mutation...
Un silence de mort nous accompagne à  chacun de nos pas.
J'aperçois une trappe. Contrairement aux autres, elle n'est pas incendiée et ne laisse pas échapper des gémissements de zombies.
Je brise le silence d'une voix calme :
- Rebecca, descends d'abord, je te suis. Fais gaffe de pas glisser.
- Très bien... Aide-moi, s'il te plaît.
J'ouvre d'un coup sec la trappe, dévoilant le gouffre où brille une échelle, et j'essaie d'escorter du mieux que je puisse faire la fliquette.
Alors qu'elle pose un pied sur le premier barreau, un cri rauque m'interpelle. Ca vient du toit, mais la nuit et la pluie réduisent mon champ de vision.
- Vite, dépêche-toi !
- Qu'est-ce qu'il y a ? demande la brunette.
- J'entends des ennemis.
- Hum, tu serais pas devenu parano ?
- Si je ne me retenais pas, je...
Un coup violent m'empêche de finir ma phrase. Un coup qui fait mal, à  l'épaule. Je m'écrase sur les tuiles dans un fracas pas possible. Une douleur sourde accompagne désormais le coup. Je saigne.
- Merde. Rebecca, ferme cette trappe et ne m'attends pas !
- Mais...
- Casse-toi !
Elle referme la trappe. Je parviens à  me relever en tenant mon épaule et retire de ma ceinture ma batte, mon Bébé.
- Viens, enfoiré, montre-toi !
Je ne vois toujours pas le truc qui m'a touché, mais ça doit être équipé de griffes tranchantes, une plaie fine m'a entaillé le muscle.
Un instant s'écoule, sans que rien ne se passe.
Puis soudain, j'entends un bruit d'envol, et, d'instinct, je me baisse.
Bonne idée, car une créature humanoïde vient de me frôler, à  quelques centimètres au-dessus de ma tête.





Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent ; Annette Birkin et Ralph Dietrich virent avec stupeur les policiers courir vers eux, affolés, puis les dépasser.
Dietrich, baissant son fusil mitrailleur, se retourna à  temps pour remarquer un S.T.A.R.S. hurlant disparaître dans les escaliers.
Il décocha un regard interrogateur à  Annette.
- Eh bien ? dit celle-ci avec humeur. Quelque chose dans le sous-sol les a effrayés !
- Ca doit être énorme. Et horrible.
Annette monta dans l'ascenseur.
- Je dois trouver William au plus vite. Si c'est lui, en bas, ma quête est vaine.
Dietrich la rejoignit.
- Alors, on monte dans les étages ?
- C'est mon dernier espoir, confirma la scientifique.
La main burinée du guerrier alla frapper un bouton.
En dessous d'eux, Hunter Master poussa un cri.




Cette fois-ci, je le distingue. Il hurle et me fait face. Son cerveau à  vif et sa bouche garnie de dents tranchantes n'incitent pas au baiser.
- T'es trop moche, toi ! Viens là , que je te fasse un peu de chirurgie.
Mais au lieu d'une attaque de cette créature, un nouveau coup sourd me déchire le dos. Une fois de plus, je me ramasse magistralement sur le sol.
- Raaah, putain, c'est pas possible !
Le deuxième coup vient d'une seconde créature qui s'empresse de sauter à  côté de moi, pour pouvoir m'encercler avec son partenaire.
J'ai mal à  mon dos, à  mon épaule. Je pisse le sang... Merde, ça serait con de me faire crever ici par deux gueules d'amour.
Juste avant que la première ne m'achève, je fais un roulé-boulé pour éviter son coup et je me relève aussi vite que mes membres peuvent le faire. Elles sont devant moi, attendant le moment propice pour attaquer.
Alors que je pressens ma mort proche, un froid glacial m'envahit le corps.
Qu'est-ce qui se passe ?
En quelques secondes, la douleur a disparu. Je ne sens plus mes plaies couler.
Les monstres reculent de quelques pas. Je leur fais peur, maintenant ?
Encouragé par cet évènement aussi inattendu que bienfaiteur, je repars à  l'assaut.
Soudain, je tombe à  genoux, paralysé. Tous mes muscles se sont raidis. Je sens qu'ils cherchent à  se donner une nouvelle forme. Je ne peux plus bouger, mais les saloperies sont toujours là  !
Quelque chose pousse, plusieurs choses même, ça ne fait pas mal, mais mon coeur bat la chamade. J'ai peur de ce qui m'arrive.
Je me sens renaître !
Je grandis et grossis, d'énormes tubes poussent et retombent sur une autre partie de mon corps pour la coloniser.
Ce virus m'envahit, et je ne peux rien faire pour l'arrêter.
Au bout de quelques minutes de mutation active, je me relève. J'ai pris au moins trente centimètres, j'ai autant de muscles qu'un culturiste, l'huile en moins et les grosses veines violacées en plus.
Mais il n'y a pas que mon corps qui a changé. Mon esprit, déjà  si dérangé, a un sentiment exacerbé : la destruction. Je lâche ma batte, je sens qu'elle ne m'est plus d'aucune utilité. Les énormes mains que je possède suffisent amplement à  tuer ces deux misérables êtres.
Je m'élance à  la vitesse de l'éclair, pendant qu'ils essaient de s'enfuir.
J'en chope un par la tête, il se débat, me griffant le ventre. Je ne sens plus rien, je le décapite d'un geste sec. Des flots de sang jaillissent de son cou et je laisse choir le cadavre sur le toit, le liquide écarlate s'écoulant le long des tuiles.
Le deuxième valdingue en l'air par mes soins. Il s'explose en contrebas sur une voiture du parking, émettant un bruit de vitre et de capot brisé.
Je me sens soulagé. Soulagé d'avoir tué.
Tuer.
Rebecca ! Il faut que je la retrouve !
Tuer, tuer.
Je me précipite vers l'entrée du toit où la p'tite brune s'est enfuie.
Mais au moment où je vais ouvrir la trappe, une question me traverse l'esprit.
Que fais-je ?
Je dois la retrouver... Pour la... Pour la protéger. Ne pas lui faire de mal, la tuer. Non, rester calme. L'aider.

Tout est confus dans ma tête, quelque chose de fort veut que je la tue, mais ce qui reste de Seth ne veut pas lui faire de mal.
Peu importe.
Je verrai quand je serai devant elle.
J'arrache la trappe, je saute dans l'obscurité.

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Dernière édition par Raphychou le 23 Mai 2005, 06:02, édité 1 fois.

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MessagePublié: 06 Sep 2004, 08:37 
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CHAPITRE XI




La jeune fille pénétra dans la chambre 313 pour découvrir un survivant.
- Qui êtes-vous ?
Rebecca recula. L'homme qui se trouvait devant elle était armé d'un fusil. Alors qu'il la visait, elle vit son autre arme : une barre de métal fixée à  la ceinture.
- Rebecca Chambers. Je suis des S.T.A.R.S. ...
- Fermez cette porte.
Elle s'exécuta et se retourna vers l'homme. Il était vêtu de blanc, un interne de l'hôpital.
L'individu baissa sa garde et posa le fusil sur le matelas tassé dans un coin de la pièce.
- Merde. C'est la première fois de ma carrière de médecin que j'observe un tel genre de virus.
Il secoua la tête.
- Un virus qui rend la vie aux morts. Et qui nous fout dans la merde.
Rebecca dut se retenir d'ajouter " jusqu'au cou ". L'homme baissa la tête.
- Docteur Spook, fit-il. J'officiais ici avant que... avant que...
Il s'interrompit, renifla.
- Nous devons filer d'ici, dit Rebecca.
- Et comment, mon enfant ?
Elle fut quasiment propulsée vers l'avant, son dos envahi par un faisceau de douleur lumineuse. La porte avait craqué derrière elle.
- Encore un mort, constata le docteur Spook en saisissant son fusil et en le passant à  Rebecca.
Mais le grondement émanant du couloir n'était pas celui d'un zombie.
La porte se fendit en deux sous un second coup. L'ampoule jaunie qui éclairait la chambre explosa, ils furent plongés dans le noir.
A travers les nuages de sciure se répandant dans les ténèbres, Rebecca vit deux pieds qu'elle connaissait bien assez.
- Te revoilà . Tu connais ma nature, je suis un prédateur. Le jeu est fini.
Rodaring fila dans l'ombre. Craquement.
Rebecca étouffa un cri. Le docteur Spook n'avait même pas eu le temps de gémir. Ce monstre humain l'avait supprimé en un tournemain.
Elle fila vers la porte. Une main s'empara de son épaule, elle trébucha et s'effondra. Rodaring fut sur elle, grognant et ricanant, une bête qui l'entourait de ses membres maigres, la palpait comme un quartier de viande ; elle tenta d'échapper à  sa prise, mais il resserra son étreinte.
- Débats-toi, chuchota la voix sardonique à  son oreille. J'adore ça.
Rebecca sentit l'érection de Rodaring pressée au creux de ses reins. Elle songea, désespérée, qu'elle aurait dû le comprendre. Rodaring n'avait aucune notion de la morale. Et qu'était-ce qu'un meurtre sinon un viol final ? Et qu'était-ce qu'un viol sinon une forme de meurtre ?
Rebecca fit une ruade, aussitôt maîtrisée.
- Ca m'excite, reprit le psychopathe. Continue. Débats-toi beaucoup et tu mourras vite après.
Elle tenta de toutes ses forces de s'enfuir, son corps en sueur luttait avec ses dernières ressources. Il la retenait, la touchait, déjà  arrachait ses vêtements.
Une main surgit, et Rebecca ne sentit plus Rodaring s'apprêtant à  la violer. Elle ouvrit les yeux pour voir la lumière revenue, son agresseur projeté dans le couloir par une sorte de Rambo.
Rodaring se reprit superbement et exécuta une roulade dès qu'il entra en contact avec la cloison de plâtre. Il se leva ; l'une de ses mains étincelait.
- Nathan !
Le tueur se figea. Rebecca vit que des scalpels brillaient entre ses doigts ; il avait été sur le point d'en projeter un sur le visage de celui qui l'avait sauvée.
Le visage de Rodaring pivota vers l'interruptrice.
- Ca alors ! Ma chère Annette. Vous ici !
Le combattant à  la Rambo enfonça le canon de son M4A1 dans le front de son adversaire.
- Tes réponses ont intérêt à  me convaincre, connard ! Qu'est- ce que tu foutais avec cette pauvre fille dans le noir complet ?
- Dietrich, suffit ! dit la femme en blanc. " No " Rodaring est un honnête cadre d'Umbrella Corporation, exempt de tout soupçon ! C'est un ami de feu Marcus, de Spencer et de mon mari !
Rebecca jugea le moment opportun pour s'éclipser. Peu importaient ses habits de S.T.A.R.S. en lambeaux ; elle fonça dans l'aile de l'hôpital, ses joues baignées de larmes. Elle avait échappé de peu au viol et à  la mort.
Elle avait une vision confuse, à  travers son chagrin, des escaliers où elle se précipitait... non, tombait. Elle percuta une silhouette.
Zombie ? Elle s'en fichait. Elle vacilla et se remit à  sangloter.
- Rebecca ? Que...
Rebecca reconnaissait la forme du visage voilé par ses larmes, cette coiffure...
- Jill ? !
Ash et Brad apparurent comme par miracle aux côtés de sa collègue.
Jill ouvrit la bouche pour poser mille questions. Rebecca était déjà  étendue sur le sol.
- Elle a perdu connaissance ? s'étonna Brad.
- Trop d'émotions fortes... il y a une limite au-delà  de laquelle les nerfs craquent.
Wilde et Krimp enjambèrent les dernières marches de l'escalier et arrivèrent sur le palier. Ash était déjà  penché sur Rebecca.
- Je vais la porter, déclara-t-il.
- Tu me fais rire, argua Wilde. Déjà , à  l'école de police, tu avais les plus mauvaises notes en athlétisme. Attends, je vais t'aider.
Il remit son arme à  Krimp, qui en était dépourvu, et prit les jambes de Rebecca ; Ash se chargea de ses bras.
- Nous devons fabriquer un brancard, dit Brad. Cela ne doit pas être trop ardu à  dénicher dans un hôpital.
Ils arrivèrent dans le couloir d'où venait Rebecca. Personne.




- Vous vous attachez trop à  la morale, Annette.
Rodaring gloussa. Annette hâta le pas pour revenir à  son niveau (même pour sa taille, il avait de grandes jambes et faisait des enjambées de géant).
- Taisez-vous et dites-moi si j'ai une chance de retrouver Billy.
- J'ai vu Birkin rôder par ici, répondit Rodaring. Il n'est plus qu'un démon écarlate qui ne cesse de croître. Et il y a cet autre être...
Annette Birkin distingua une note tremblante dans la voix de Rodaring. Nuance de terreur ? Impossible. Elle préférait ne pas y penser. Si un dément comme Rodaring était capable d'avoir peur de quelque chose, elle se demandait à  quel point la chose en question était abominable.
- ... arachnéen... poursuivait son interlocuteur. Grand. Ca a un air décharné.
- Combien de fois l'avez-vous vu ? s'enquit Dietrich.
- Jamais. Je l'ai entendu.
Dietrich eut du mal à  dissimuler l'aspect sarcastique de sa question.
- J'oubliais que vous êtes capable de savoir à  quoi ressemble une créature... au son.
Rodaring hocha la tête.
- J'ai fait le Viêt-nam. Mais j'ai aussi chassé le lion et le tigre dans les zoos, dans la jungle, dans la savane. Chaque bruit est l'expression d'un élément du monde ; en se mettant au diapason de son environnement, la vue devient une option.
- Ah... je suppose que ma respiration vous dit quelque chose ?
- Tout à  fait, Monsieur Dietrich. Vous fumez trop. Sans doute un paquet par jour. Votre voix reflète des traces de rage permanentes car vous réagissez ainsi à  votre peur omniprésente. Vous dissimulez le fait que vous redoutez le monde derrière une muraille de granit.
Dietrich déglutit.
- Ecoute, malade, si la miss voulait pas que tu vives...
- Arrêtez, Dietrich, coupa Annette.
- Mais...
- Suffit !
A cet instant, une créature verte apparut de nulle part. Elle usa de ses deux jambes musclées pour se propulser jusqu'à  eux, émettant un cri aigu.
Alors qu'elle retombait, les mains de Rodaring se placèrent de chaque côté de la large tête et la firent pivoter.
Crac.
- J'espère qu'il n'y a pas beaucoup de Hunters par ici... lança Rodaring à  la cantonade en laissant le corps retomber.
Il poursuivit sa route ; Annette Birkin et Ralph Dietrich le rattrapèrent.
Une flaque de sang cramoisi apparut autour du Hunter à  la nuque brisée.
- ... je n'aime pas les cris qu'ils poussent.




Je distingue un corps à  mes pieds.
Il était humain. Je suis sûr que je le connaissais. Burton. Barry Burton. Est-ce moi qui l'ai tué ? Je ne me rappelle pas... mais de quoi me rappelle-je ? Quel est mon dernier souvenir ? Mon combat avec... quelqu'un de plus fort que moi, plus rapide, plus intelligent/plus maintenant/. Quelqu'un qui m'a tout appris.
J'ai faim. Du sang. Il me faut du sang. Je sais que normalement, je n'aurais pas été attiré par ça... mais c'est bon, pourtant. Le cadavre est même plus tendre que je ne le pensais, à  moins que ce soient mes dents qui sont trop tranchantes. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Des pas. Derrière moi, j'entends des pas. Il faut que je me retourne mais j'ai encore faim et je veux encore le manger, il est bon et j'en ai besoin.


- Qu'est-ce que... ?
- C'est la créature dont je vous ai parlé, Dietrich, répondit Rodaring en remuant à  peine les lèvres. Il faut rebrousser chemin.
- Non, on ne peut pas se permettre de perdre plus de temps, plaida Annette. Il est peut-être déjà  trop tard pour sauver William et...
- Vous ne pourrez pas plus l'aider si cette chose nous réduit en charpie ! l'interrompit le mercenaire d'Umbrella.
- Rodaring, tuez cette créature !

Des voix. Je me détourne à  contrecoeur de mon repas. Trois personnes, ce sont des humains/comme moi/. Je le reconnais, lui, c'est lui mon souvenir. Je me suis battu contre lui, j'ai perdu. Vengeance.
- Je vais te crever, enfoiré !
Un monstre a poussé un cri strident en même temps, il n'a sûrement pas compris. C'est pas grave.


Rodaring évita la charge du monstre et se mit en position pour contre-attaquer. Il lança l'un des quatre scalpels qu'il avait gardé. La créature s'écarta instinctivement de la trajectoire du projectile, son bras arachnéen repoussa Nathan Rodaring et ce dernier fut projeté comme un fétu de paille contre un mur blanc.
Ce... ces mouvements, cette position spécifique, serait-ce possible ?
No leva alors les yeux et rencontra un regard bleu acier.
Nom de Dieu, je n'y crois pas.
- Ripper...
Le monstre grogna comme s'il répondait quelque chose. Rodaring voulut se remettre debout mais avant qu'il ait pu esquisser un geste, d'un bond tenant plus d'une panthère que d'une araignée, le monstre qu'était devenu Ripper se retrouva devant le mercenaire et Birkin. Cette dernière hurla tandis que Ralph Dietrich pressait la détente de son M4A1. La créature cilla à  peine quand les balles la frappèrent.
D'un geste presque négligent, Ripper empoigna Ralph par la gorge et le balança par-dessus son épaule osseuse. Le corps du mercenaire passa à  travers une porte et roula jusqu'au mur opposé, le visage en sang. Le regard céruléen de l'ancien assassin se posa sur une Birkin dans un état proche de la terreur pure tandis qu'il levait son long, long, très long bras, prêt à  tuer la jeune femme.
- Le sérum ! hurla Rodaring. C'est notre seule chance !
L'instinct de survie de la scientifique se réveilla.
Elle plongea la main dans sa poche et en sortit la seringue. Avant de trop réfléchir sur son geste qui condamnait son mari, elle planta l'aiguille dans la cuisse du monstre qui recula en hurlant. Les poings de la créature s'abattirent sur le mur le plus proche, le fissurant, ses hurlements résonnaient dans tout l'hôpital. Elle se recroquevilla sur le sol en poussant des petits cris plaintifs tandis que des bruits affreux se répercutaient dans le couloir.
Un craquement sinistre retentit, signe que la colonne vertébrale se reformait. Les os des membres raccourcissaient à  vue d'oeil, faisant redoubler les hurlements en intensité. Les cris n'avaient plus rien de monstrueux. Rodaring grimaça : il n'avait jamais entendu pareille douleur, ce qui n'était pas peu dire au vu de son vécu.
La métamorphose avait l'air terminé. Spike " Ripper " Williams était allongé par terre, en position foetale. Il était couvert de sueur, la bouche pleine de sang, sang qui était devenu sec laissant des plaques autour des lèvres vermeilles. Sa respiration était saccadée et il semblait être dans un état catatonique.
Rodaring s'approcha avec une lenteur délibérée, ne sachant pas comment Williams allait réagir. Ce dernier le regarda, hébété.
Hébété ? Ripper ?
Ripper se releva et ce n'est qu'à  ce moment là  que Nathan remarqua qu'il était complètement nu. Il tremblait. De peur ou de froid ?
- Comment te sens-tu ?
- Est-ce... que... je suis un monstre ? demanda Ripper d'une voix hésitante.
No soupira, excédé.
- Je t'en prie, tu ne vas pas remettre ces conneries d'humanité ou de Bien et de Mal sur le tapis, quand même !
- Je ne suis pas un monstre, alors ? redemanda Ripper en penchant la tête sur le côté.
Son vis-à -vis comprit alors. L'être ne savait pas s'il était humain ou s'il était un monstre, un vrai.
- De quoi te souviens-tu ?
- Juste... une douleur... cuisante, aveuglante...
Ripper se prit la tête dans les mains et hurla comme un possédé. Avant que Rodaring ait pu comprendre ce qui se passait, le poing du blond s'était écrasé sur sa pommette et Nathan s'était écroulé au sol. Quand il se releva, Ripper avait disparu. Se rappelant soudain de ses compagnons, il se tourna vers Annette qui soutenait un Dietrich sonné.
- C'est plutôt cool, ça, fit le mercenaire. Il est moins dangereux en mec qu'en monstre, hein ?
Annette Birkin ne répondit pas, pleurant silencieusement son mari. Rodaring semblait plongé dans une profonde méditation.
- Je n'en suis pas si sûr, qui est le plus dangereux ? Le monstre mort-vivant ou le revenant de l'Enfer...

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Dernière édition par Raphychou le 03 Juin 2005, 05:49, édité 1 fois.

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MessagePublié: 07 Sep 2004, 06:02 
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CHAPITRE XII




Depuis combien de temps est-ce que je fouille ces couloirs ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais ce dont je suis sûr, c'est que je n'ai plus rien à  craindre de la part des zombies ou des autres saloperies qui hantent l'hôpital. Le virus m'a doté d'une force tellement puissante que je peux me mouvoir dans les méandres les plus obscurs du bâtiment sans craindre de mauvaises rencontres.
J'ai d'ailleurs tué une bonne demi-douzaine, des morts-vivants, lors de mes recherches. J'aime bien le son que produit leurs nuques en se brisant. Bizarrement, ce craquement que je trouvais si sinistre auparavant est devenu pour moi la plus belle des mélodies. Mais qu'est-ce qui m'arrive, bon sang ? Et où est Rebecca ? Où se cache-t-elle ? Elle ne doit pas être bien loin.
Je suis persuadé que sa nuque et le reste de ses os produiront une belle symphonie lorsque je les broierai entre mes mains.
Mais qu'est-ce que je raconte, encore ? Il ne faut pas que je fasse du mal à  Rebecca. Je dois la protéger. La protéger ou bien la tuer ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Tout est si confus dans ma tête.





Le crâne du zombie éclata comme une pastèque trop mûre lorsque Jill pressa la détente de son calibre 12. Elle ne cilla même pas en regardant les morceaux de cervelle et d'os qui dégoulinèrent lentement sur le mur.
On s'habitue vraiment à  tout, pensa-t-elle tristement.
- D'accord, on fait une pause, entrons là -dedans.
Le petit groupe s'engouffra au poste de garde du 4ème niveau sous la conduite de la jeune femme. Wilde et Krimp déposèrent au sol le brancard sur lequel était allongée Rebecca, pendant que Brad verrouillait la porte derrière eux. Ash s'agenouilla aussitôt à  côté de la jeune fille inconsciente.
- Putain, elle n'a toujours pas repris connaissance, s'énerva-t-il. Il faudrait peut-être faire quelque chose, non ?
Brad prit le pouls de la blessée et répondit d'un ton rassurant :
- Elle respire toujours ; je crois qu'elle va bien.
- Comment est-ce que tu peux en être sûr, mec ? T'es médecin, peut-être ?
- Elle est juste dans les vapes, connard ! Y'a pas de quoi s'affoler !
- Pas de quoi s'affoler ? Pas de quoi s'affoler ? T'as vu l'état de ses vêtements ? Personne ne sait ce qu'il lui est arrivé ! Elle a peut-être été piquée par les épines de ces putains de plantes ou même blessée par une créature qu'on a pas encore vu ! Y'en a tellement dans cet enfer ! Il faut que nous?
Brad ne sut que répondre.
Le jeune flic continua sa tirade hystérique sans se rendre compte que personne ne l'écoutait. Oscar Wilde vaporisait un spray désinfectant sur ses avant-bras couverts de blessures, Alex Krimp fouillait les bureaux de la pièce à  la recherche d'armes éventuelles et Brad Vickers s'était détourné de lui pour compter ses munitions.
- J'ai l'impression que vous vous en foutez tous que Rebecca vive ou non, continua le jeune flic, cela vous est bien égal, vous ne pensez qu'à  vous !
- Ca suffit !
Une main s'abattit avec violence contre sa joue. Ash tituba sous l'effet de cette gifle inattendue.
Tous les regards convergèrent vers Jill. Cette dernière se tenait debout près du brancard, la main toujours tendue.
- Qu'est-ce qui te prend, Jill ? demanda Ash en se frottant la joue.
- Je ne te laisserai pas proférer de telles conneries sans réagir. Barry ayant disparu, c'est moi qui prends le commandement. Et je peux vous garantir que je ferai tout mon possible pour qu'on sorte tous vivant de cet enfer. C'est clair ?
Krimp et Vickers hochèrent la tête, Wise esquissa un léger sourire. Ash se contenta de fixer le sol d'un air penaud. Il regrettait amèrement de s'être emporté de la sorte et d'avoir douté de ses compagnons. Il oublia cependant ses états d'âme lorsqu'il vit les paupières de Rebecca s'ouvrir.
- Elle revient à  elle ! s'écria-t-il sans prendre la peine de dissimuler sa joie. Becky revient à  elle !




Le cerveau encore brumeux de Dietrich fonctionnait à  plein régime :
Un type qui tue un Hunter à  mains nues, un psychopathe à  poil doté d'une force herculéenne qui m'a pratiquement arraché la tête et une femme mariée à  un monstre. Bordel de merde, mais pourquoi faut-il toujours que je m'embarque dans des missions à  la con ? Je ne me rappelle d'ailleurs même plus pourquoi j'ai accepté celle-ci ? Ah ouais, pour du fric évidemment, un petit pécule de près d'un million de dollars. Mais à  quoi cela sert-il d'être riche si on est mort ? Et qu'est-ce qui m'arrive ? Mes jambes paraissent peser une tonne. J'ai dû recevoir un sacré coup sur la tête. Pourtant, on dirait que j'avance.
Oui, c'est ça, quelqu'un me traîne en me soutenant par l'épaule. Mais qui ? Je doute que ce soit le pro du scalpel, ce type ne semble s'intéresser qu'à  lui-même? alors qui est-ce ?

Dietrich se dégagea de l'emprise d'Annette au moment où il comprit que c'était elle qui le soutenait.
- Lâchez-moi, je suis assez grand pour me déplacer tout seul !
- Vous avez pris un sacré coup sur la tête, vous devriez...
Encore vexé du fait de s'être fait assister par une femme, le mercenaire ne put s'empêcher de le prendre de haut :
- Depuis quand ma santé vous préoccupe, doc ?
- Je me fiche totalement de vous, Dietrich. Ce sont vos armes qui m'intéressent.
- Ben voyons.
Il lança un regard venimeux à  Rodaring.
- Ce type est capable de tuer un Hunter à  main nues et vous voudriez me faire croire que je peux encore vous être d'une quelconque utilité ?
Annette n'était pas d'humeur à  discuter, et encore moins à  subir ces sarcasmes. Elle poussa un long soupir de découragement.
- Tout est foutu, de toute manière. La mission n'a plus lieu d'être. On n'a plus de vaccin, autant abandonner !
Le masque d'indifférence qu'affichait jusqu'alors la scientifique s'effaça brusquement. Il n'y avait plus d'espoir pour William. Elle l'avait perdu, et ce à  jamais. Une larme roula le long de sa joue.
- Arrêtez de nous faire perdre notre temps, pauvre type.
Une pointe de colère perçait dans la voix de Rodaring.
- Oh toi, ne me fais pas chier, connard ! continua le mercenaire en s'approchant de lui. Dis-moi plutôt qui tu es vraiment !
- Nathan Rodaring, cadre d'Umbrella Corporation.
- Te fous pas de ma gueule, j'ai jamais vu un ponte savoir utiliser une arme, et encore moins se battre à  mains nues comme tu le fais, mec !
- Venant d'un Monsieur Muscle, cette réflexion ne m'étonne pas du tout ! Des gens de votre espèce ne savent pas utiliser leur tête.
Dietrich sentit la rage monter en lui, et dans un geste aussi vif que soudain, il dégaina son Sigpro et appliqua le canon du pistolet sur le front de Rodaring.
- On dirait que tu ne l'as pas senti venir, celui-là , mec ! Je pensais que t'étais en osmose avec tout ce qui t'entourait ? Mon cul, ouais !
- Votre sens de l'observation est défectueux, Monsieur Dietrich.
Pendant un instant, Ralph ignora de quoi il voulait parler. Puis il sentit la pointe acérée du scalpel que Rodaring maintenait contre sa pomme d'adam. Incroyable, il n'avait même pas vu les bras de l'autre type bouger ! L'opposant avait réagi avec tant de célérité qu'il n'avait pas vu venir sa parade.
- Tu crois que ton canif me fait peur ? Si j'appuie sur la détente, t'es un homme mort, mec !
- Tentez votre chance, Monsieur Dietrich.
La main du mercenaire trembla. C'était imperceptible - sauf pour Rodaring. La respiration de Ralph Dietrich se fit saccadée. Tout le contraire de son adversaire, sur les lèvres duquel était apparu un large sourire. Ce petit jeu inattendu avait l'air de l'amuser au plus haut point.
Ralph baissa son arme et s'éloigna à  reculons de Rodaring.
- J'en ai ras-le-bol de toutes ces conneries, je me casse. Démerdez-vous tous seuls !
Il s'éloigna au pas de course et disparut au détour d'un couloir sous le regard de Rodaring.
- Nous devrions peut-être tenter de le raisonner, proposa Annette.
- Inutile. Cet incapable ne ferait que nous ralentir. Poursuivons.
Sur ce, il se remit en marche. Annette hésita un instant à  le suivre. Elle n'avait pas confiance en lui, mais avait-elle le choix ?




- Rebecca ! Dis quelque chose !
Ash était excité au plus au point, son amour pour la jeune fille était quasiment révélé mais peu importait. Il fallait qu'elle se réveille, pour lui dire au moins une fois que...
- Allez, ma chérie, sois forte? dit doucement Jill, l'âme d'une grande s?ur.
- Il lui a peut-être fait du mal, supputa Wilde.
- De qui tu parles ?
- J'en sais rien... Ca peut être Ripper ou ce dingo d'adolescent...
- Seth !
Rebecca venait de prononcer son premier mot depuis des heures. Alex se pencha au-dessus d'elle.
- Seth ? Qui est Seth ?
La jeune fille, s'appuyant sur ses coudes, se redressa et articula :
- C'est celui qui m'a sauvé... sur le toit.
Wilde la fixa avec commisération.
- Elle délire. Faut encore attendre avant de faire quoi que ce soit.
- Tu penses peut-être qu'elle est pas assez forte pour dire ce qu'elle a vu ? tonna Ash.
- Me fais pas chier, Ash. Mets tes sentiments de côté pour une fois.
- La ferme!
Les deux jeunes gens allaient en arriver aux mains, mais Jill et Alex les séparèrent.
- On a déjà  assez de problèmes comme ça, nom de Dieu ! N'en rajoutez pas !
Le charisme et la forte personnalité de Jill avait suffi à  les calmer. Mais pour combien de temps ?
Elle retourna auprès de Rebecca. Ash et Wilde échangèrent des regards noirs, sous les yeux d'un Alex Krimp aussi désemparé qu'exaspéré.




Je continue de courir, indifférent aux monstres que je croise. Eux non plus ne se préoccupent pas de moi et j'ai l'impression stupide que certains me fuient, comme s'ils avaient peur de moi.
Je m'engouffre dans une chambre, incapable de poursuivre à  ce rythme. Je détaille la pièce d'un geste mécanique, comme une habitude encrée en moi depuis toujours : un lit occupé par un mort, un placard et une porte au fond, donnant sur une salle de bain. J'ouvre le placard et ce que je vois me ravit : des vêtements ! Enfin, je vais pouvoir arrêter de me balader à  poil dans ce bon sang d'hôpital. Je choisis mes vêtements, incapable de me rappeler ce que j'aime porter, et je me dirige vers la salle de bain. Je pose mes vêtements à  terre tandis que je m'approche de la glace, au- dessus du lavabo.
Je me mets à  scruter l'image de l'inconnu que le miroir me renvoie. Mes doigts touchent la glace froide, à  l'endroit où se trouvent mes cheveux. Ils sont blonds platine. Mes doigts descendent lentement vers mes sourcils bruns. Je ne suis donc pas blond d'origine. Descendant un peu plus, je croise mon propre regard, bleu acier. Ensuite, l'arête dur du nez, mes joues creuses, mes pommettes saillantes et mes lèvres vermeilles, me donnant un aspect vampirique accentué par ma pâleur.
J'observe maintenant mon corps, dur, musclé mais en même temps fin et compact. Je remarque une longue cicatrice sur mon flanc gauche, elle doit être ancienne, il ne reste plus qu'un trait de chair plus foncé, jurant sur mon torse albâtre luisant de transpiration. Mes yeux se reportent sur mon visage tandis que je lui parle.
- Tu es Ripper.
Je vois mon interlocuteur pencher la tête sur le côté. A-t-il entendu lui aussi ? Je me mets à  dire des phrases sans intérêt puis je réfléchis à  voix haute.
- Bon... il est clair que je ne suis pas américain. Les Américains chantent plus qu'ils ne parlent. Moi pas. Je traîne chaque syllabe et je roule légèrement les r. Et cette cadence, flegmatique, calme, sans sinuosités... anglais ?
Bien sûr, mon reflet ne répond pas à  ma question, ce qui a pour effet de me mettre hors de moi, d'un coup de poing, je brise le miroir. J'en ai marre de ce bon sang d'étranger.
La rage monte en moi, écrasant tout sur son passage. Je hurle de douleur en ayant l'impression qu'on me plante des éclats de bambous sous les ongles.
Je fixe ma main : des griffes sont apparues. Qu'est-ce que... ? Mais elles disparaissent presque instantanément. Je deviens dingue... peut-être l'ai-je toujours été, qui sait ? C'est frustrant comme situation.
J'entre dans la cabine de douche, insensible au fait que n'importe qui pourrait m'attaquer. Je tourne le robinet d'eau chaude à  fond. L'eau brûlante rouvre quelques plaies, m'arrachant un gémissement. Je prends le savon et me lave doucement afin d'éviter de rouvrir d'autres blessures. Me forçant à  lever les bras, je me lave les cheveux et me rince sous le jet toujours brûlant. Je sors de la cabine, me sentant beaucoup mieux. J'empoigne mes vêtements et je m'habille.
Je jette un dernier aux morceaux de verre brisés à  mes pieds. Mes cheveux ne devraient pas être collés sur mon front. Je le sais, je le sens. Je les ébouriffe d'un geste nerveux. Beaucoup mieux. Je rentre dans la chambre. Le mort ne l'est plus. Il déambule au hasard dans la pièce. Il tourne finalement la tête vers moi, il a dû sentir l'odeur de savon que je dégage. Il recule, comme effrayé.
Par une pulsion incontrôlable, je saute sur le zombie et je m'acharne sur lui : coups de pieds, poings, et d'un geste brusque, je lui broie la trachée. J'ai l'impression d'avoir déjà  fait cela avant, mais pas sur des mort-vivants.

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MessagePublié: 10 Sep 2004, 02:05 
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CHAPITRE XIII




Scratch.
Le zombie s'écrasa contre le mur. Ses entrailles suppurantes se déroulèrent hors de sa cage thoracique fracturée.
La scène aurait fait vomir n'importe quelle personne, mais Seth ne bougea pas un sourcil.
Le sang, les morts, c'était comme une partie de lui, désormais.
Il faut que je retrouve Rebecca, putain. Je me suis pas transformé en super-streum pour épater la galerie.
Ca faisait au moins une heure que Seth parcourait l'hôpital à  la recherche de la policière perdue.
Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé en mon absence, ça serait bien... dommage !
Il se prit la tête entre ses deux battoirs. Le virus essayait de lui commander ce qu'il devait faire. Mais il ne connaissait pas Seth, oh non !
Il passa sa main dans ses cheveux et en retira une poignée.
J'aurai plus besoin de gel après ça.
Éclatant de rire devant l'ironie de la situation, il se remit en marche.

J'arrive dans une salle de repos. Un cadavre de toubib. Pas plus inquiétant qu'une mouche.
Me laissant choir sur un canapé, je laisse mes pensées vagabonder vers la localisation de Rebecca.
Où elle est partie ? J'aurais dû lui demander de m'attendre. Quoique...
Devant moi, y a un distributeur de boissons fraîches. La machine semble fonctionner.
Ils ne croient pas que je vais payer...
Un énorme coup de poing vient défoncer la vitrine. Des morceaux de verre sont incrustés dans ma main. C'est pas ce qu'il suffirait pour me buter mais... ma main se raidit !
Putain, il se passe quoi, encore ?
Ma main droite se creuse au niveau de la paume. Puis un long tentacule surgit et revient aussitôt se ranger dans son logement.
Ouah. Super.
Je m'entraîne, plusieurs minutes durant, à  faire entrer et ressortir la lanière de muscles. Très souple, agréable à  manier. Un fouet de deux mètres de long, qui répond à  chacune de mes pensées et s'achève par une pointe osseuse.
Une attaque à  distance ! Il va me pousser des ailes dans le dos, si ça continue comme ça.
Finalement, cette transformation, je commence à  l'apprécier.


Dietrich avait quitté Rodaring et Birkin depuis quelques minutes quand il entendit un bruit de verre brisé. Son moi intérieur lui recommanda de ne pas aller voir, mais, étant de nature curieuse (et passablement suicidaire ?), Dietrich se dirigea vers la source du son.
Si j'interviens par surprise, j'l'aurai sans aucun problème, quoi que ce soit.
La chose était derrière cette porte. D'un coup de pied, le mercenaire poussa le battant et se retrouva nez à  nez avec un grand monstre humanoïde. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, il se mit à  parler d'une voix rauque.
- T'es qui, toi ? T'es un flic ? Où est Rebecca ?!
- Que... que...

J'étais tétanisé par la peur et la surprise. Je ne pensais même pas à  appuyer sur la détente de mon fusil d'assaut. Mais je n'étais pas homme à  chier dans mon froc. Je répondis :
- De qui parlez-vous ?
- Tu sais pas qui est Rebecca ? T'as aucun intérêt pour moi. Dégage avant que je t'étripe... et ferme la porte en sortant.
Abasourdi par cette conversation des plus originales, je demeurai sur place.
Cela ne sembla pas du goût du monstre, qui me prit par le col et m'envoya valser dans le couloir.
Je m'écrasai à  terre, le flanc droit en compote. Mais mon instinct de mercenaire reprit le dessus. Je tirai une salve de balles à  travers la porte déjà  refermée.
En reprenant mon souffle, j'entendis un cri puissant.
Je me relevai rapidement, prêt à  parer à  toute éventualité.
La porte se brisa en deux et la créature débarqua dans le couloir, devant moi !
- Tu vas mourir ! hurla-t-elle.
Avant que je ne puisse à  nouveau presser la détente, un tentacule surgit d'une patte et s'enroula autour de mon M4A1. La chose le ramena à  elle comme un pêcheur tire sa ligne, tordit l'arme et la jeta à  terre.
Je me mis à  courir. Les pas de la créature résonnèrent derrière moi.
S'engagea une course-poursuite dont je devinais l'issue tragique.
Rodaring. C'était ma seule chance.


A droite de Dietrich, la paroi fut pulvérisée. Le fugitif et le poursuivant se figèrent.
Ce qui venait d'arriver, c'était un monstre gigantesque, son dos raclant le plafond, aux écailles vertes, à  la gueule énorme.
Hunter Master.




Rodaring prit conscience d'une douleur.
Ah, ça... j'avais presque oublié.
Il sortit un pansement de sa poche et l'appliqua sur son nez.
Ripper avait frappé fort avant qu'il ne lui brise la nuque.
Il aurait hésité à  toucher cette blessure s'ils ne venaient pas de se laver les mains. Ils devaient veiller à  ne pas mettre en contact leurs doigts avec une muqueuse ou leur bouche, par exemple, après avoir effleuré l'épiderme d'un zombie.
Devant lui, sans hésitation, Annette ouvrit une double porte. Si elle n'avait pas été avec le psychopathe, elle aurait levé son arme. Mais en compagnie de Rodaring, rien à  craindre.
La cantine de l'hôpital était un endroit immaculé. Aucun zombie, aucun cadavre, pas de taches de sang. Apparemment, aucun drame n'avait eu lieu en cette vaste salle.
Annette se dirigeait déjà  vers la porte de sortie pour poursuivre leur route quand la voix de Rodaring la figea.
- On reste ici. On se repose.
Elle fit volte-face et vit que Rodaring fouillait déjà  la petite cuisine contiguë à  la cantine.
- Je sens l'odeur des gigots.
- N'avons-nous pas plus important à  faire que de manger, No ?
- Primordial. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais nous ne prenons pas le temps de dormir dans ce pandémonium. Ni de manger. J'ai brûlé ces derniers jours plus de calories que certaines personnes en un mois.
D'un geste précis, il lança un quartier de viande. Il passa juste au-dessus d'Annette qui le rattrapa au vol. En s'asseyant, elle vit qu'une assiette portant une fourchette et un couteau glissait le long de la table face à  elle, envoyée par Rodaring.
Le temps qu'Annette Birkin découpe son gigot, l'homme émacié avait déjà  terminé le sien et en entamait un autre. Ce faisant, il sortit d'un placard de la cantine deux paquets de dix petites bouteilles d'eau.
- Nous en aurons besoin. Il faut nous assurer que la boisson n'est point contaminée par cette chienlit putréfiée.
Annette avala un morceau de gigot et dit :
- Pourquoi m'aidez-vous, No ?
- Vous êtes mon amie.
- Je ne suis pas dupe. Vous n'avez pas d'amis.
Rodaring soupira, croqua cinq morceaux de sucre avant de répliquer :
- Bon, il serait aussi grotesque de dire que j'ai besoin de vous pour sortir d'ici. D'abord, cette ville me plaît. Elle m'avait toujours plu, et son intérêt se trouve décuplé depuis l'épidémie.
Elle cilla, alors qu'il poursuivait :
- Ensuite, Annette, vous avez un rôle à  jouer. La suite des événements promet d'être passionnante. J'assassine pour le plaisir ; rien ne m'empêcherait de vous tuer, ici, maintenant.
Rodaring s'approcha d'elle d'une démarche de félin. Elle vit les muscles rouler sous les vêtements, le corps grand et svelte, et les yeux. Pupilles humaines, mais regard indéchiffrable, celui de quelque chose qui n'aurait pas dû exister.
- J'ai un grand désir de vous occire sur-le-champ.
Annette sauta de sa chaise. Rodaring bâilla et croisa ses longs bras.
- Je ne le ferai pas. Pour l'heure, vous êtes plus intéressante vivante que morte. J'ai besoin de vous pour accomplir quelque chose. Ca m'est passé par la tête tout à  l'heure, en voyant Ripper transformé en cette abomination.
Il fronça les sourcils.
- Nous devons également nous préoccuper de ce virus. Dans cet hôpital même, j'ai réservé la salle de soin 003 à  mon usage personnel. Elle est verrouillée depuis que je la loue à  l'hôpital.
Annette Birkin ne se donna pas la peine de faire remarquer à  Rodaring qu'on ne pouvait pas louer une salle de soin. Une somme d'argent suffisante permettait la corruption de n'importe qui.
- En fait, je m'en sers pour mes expérimentations, poursuivit l'homme. Dans la salle de soin 003 repose entre autres une éprouvette contenant un liquide violet. Elle porte l'étiquette " NO ".
- C'est le... ?
Rodaring hocha la tête. Son visage était grave.
- Mon expérience, Annette. Le Virus-NO est un cousin du Virus-T et du Virus-G. C'est un dérivé différent du rétro-virus Precursor, obtenu par Marcus voici des décennies. Il est proche de celui qui a donné naissance à  cette créature dans le manoir... celle que la Reine Rouge n'a pas pu maîtriser et qui a infecté Matt, l'un des compagnons de cette gêneuse... de cette Alice.
Annette repassait dans sa mémoire les enregistrements du détachement spécial. L'homme sur une civière, hurlant, sa blessure commençant à  montrer des signes évidents de contamination. La balafre sur son épaule gonflant, des tentacules en émergeant.
Et la voix à  cet instant...
" Mettez-le dans le projet Nemesis. "
- C'était vous, Rodaring ?
- J'étais là . Commandant un détachement spécial, comme je le fais parfois. Et j'ai vu ce superbe hasard. Matt a été contaminé par la créature dont je parlais. La créature était semblable à  un Super Licker, elle avait été créée par l'injection de Virus-T directement dans des tissus vivants. Elle était capable d'évoluer en se nourrissant de l'ADN de ses proies.
Rodaring sourit, découvrant des dents scintillantes.
- Ce Super Licker est hélas perdu pour la postérité, nos amis rebelles sont parvenus à  s'en débarrasser. Cependant, il a infecté sa victime, Matt, l'homme sur la civière, ALORS MEME QU'IL AVAIT DEJA EVOLUE. Ce n'était plus le simple Virus-T dont il était porteur, mais une évolution.
Annette Birkin acquiesça.
- Le compagnon d'Alice a muté sous l'influence de ce virus évolué. Matt s'est transformé. C'est cet être superbe, Nemesis, que nous avons lâché quand le chaos s'est abattu sur Raccoon City. Avant que les S.T.A.R.S ne s'en aillent. Il nous fallait les supprimer, Rodaring. Actuellement, Nemesis, la vengeance d'Umbrella, rôde dans les rues, traquant les policiers un à  un.
- Bien, fit Rodaring. Vous savez que ce n'est pas un monstre ordinaire. Et en tant que généticien, je me suis intéressé à  l'évolution du Super Licker et de Nemesis. J'ai tenté de la reproduire artificiellement...
Annette se sentait captivée. Elle n'y avait pas pensé. William n'y avait pas pensé. Les perspectives de cette expérience étaient vertigineuses.




Je dois résister. Pour Rebecca.
Je ne suis pas un monstre. Je croyais être dans un rêve. Ou un jeu vidéo. Je ne voulais faire de mal à  personne.
Peut-être que le psychologue avait raison. J'ai perdu le sens des réalités.
Je dois résister à  l'instinct. Ne pas tuer Rebecca. La retrouver. La protéger.
Bon sang, je deviens invincible.
Avec cette transformation, je n'ai plus qu'un adversaire.
Moi-même.
Je dois résister.





- J'ai créé le Virus-NO, dit Rodaring. Un prototype. Le Virus-NO, injecté dans un organisme, le transforme en créature semblable à  Nemesis, un être tout-terrain, aux capacités de régénération hors normes et aux mutations ahurissantes de célérité. Une machine de guerre.
- C'est l'effet du Virus-G de mon mari, je crois... si je le retrouve, vous le verrez.
Annette baissa la tête.
- J'étais certaine de le retrouver... et de lui injecter le vaccin. Mais il est trop tard. Je n'ai plus le vaccin, injecté à  Ripper. William va se transformer, il n'a déjà  plus d'âme.
- Mais c'est cela qui est fantastique avec le Virus-NO ! s'exclama Rodaring, triomphant. Son effet est semblable au Virus-G, cependant il n'influe pas sur les capacités de réflexion ! Il ne détruit pas les souvenirs, ne transforme pas son hôte en bête assoiffée de sang. On garde possession de ses capacités de réflexion.
Il ferma le poing.
- Le Virus-NO, c'est la puissance et la gloire. Il n'est pas encore au point ; je vous l'ai dit, Annette, c'est un prototype.
- Quels sont les défauts ?
- Pour l'heure, il faut une grande force de volonté pour résister à  l'instinct et conserver sa personnalité. Je cherche un moyen pour que le Virus-NO n'ait réellement aucun effet sur l'esprit du sujet, ce qui est la finalité du projet.
- Vous devriez peut-être vous préoccuper de l'expérience d'Alexia Ashford, dit Annette.
Rodaring plissa les yeux.
- Je n'en ai pas la patience. Attendre trente ans pour maîtriser le virus et ses effets dévastateurs. Rester en hibernation... Cette crétine d'Alexia dort en Antarctique, et le monde change autour d'elle.
- Alors, vous cherchez un autre moyen.
- Le Virus-NO sera un succès dès lors que je l'aurai finalisé.
Sans prévenir, Rodaring envoya un coup de pied dans une table de la cantine.
- Mais je ne trouve pas la salle de soin 003 !
- Oh, merde...
- Une éprouvette pleine d'un liquide violet. Un échantillon du prototype de mon magnifique Virus-NO. Les effets ressentis sont d'abord le froid, l'absence de douleur, puis... le sujet... évolue.
- Bon, il faut la retrouver, No. Mais nous y parviendrons. De toute façon, qui serait assez bête pour s'injecter un liquide inconnu ?




Au nom du ciel, comment ai-je pu être aussi con ? C'était l'erreur fatale.
Je dois conserver mon âme. Mes souvenirs, ma personnalité.
Mon nom est Seth. Je suis né le 23 novembre...
Je dois résister.
Rebecca.





Annette Birkin déglutit, articula :
- Et... si... je retrouve William ?
- J'aviserai.
Nathaniel Rodaring s'allongea sur une table, sur le dos, et croisa les mains sur son ventre, semblable au gisant d'un roi défunt.
- Je ne sens rien aux alentours, murmura-t-il en fermant les yeux. Nous pouvons dormir tranquilles. Nous reposer...
- Et au cas où quelque chose arriverait ?
- Je me réveillerais.
Il s'immobilisa.
- No ?
Annette s'approcha du tueur, prudente.
- No ? No ?
Il s'est endormi, se dit-elle.
La jeune femme frémit. Elle se savait froide et distante. Elle était une scientifique ; qui plus est, une scientifique d'Umbrella Corporation. Qu'est-ce qui l'effrayait à  ce point ?
Elle savait que Rodaring était un tueur. William le lui avait révélé. Du reste, dans les hautes sphères d'Umbrella, on n'ignorait rien des divertissements particuliers de Rodaring.
Officiellement, il n'était qu'un simple cadre. En réalité, il dirigeait parfois les équipes spéciales d'Umbrella, exécutait les hommes politiques et journalistes trop gênants et travaillait comme généticien dans les laboratoires. Un couteau suisse humain qu'elle avait toujours considéré comme un outil pratique.
Un haut cadre qui empoignait lui-même la mitraillette en commandant des détachements armés, égorgeait les antagonistes de la société tel un vulgaire tueur à  gages, et dans le même temps faisait avancer leurs recherches. Elle commençait à  cerner toute l'ampleur de la psychose de Nathan Rodaring.
Annette Birkin parcourut la cantine à  la recherche d'une arme. Presque aussitôt, elle eut un gloussement amère en songeant au Hunter à  la nuque brisée.
Peut-être pourrais-je le tuer dans son sommeil ?
Non. Elle ne prendrait pas ce risque.
Elle marcha, à  pas mesurés, vers la porte. La compagnie de Rodaring présentait davantage de dangers que la solitude.
La poignée cliqueta.
Porte fermée à  clé.
C'était certainement Rodaring, mais elle ne voyait pas quand. Il les avait enfermés avec une habileté de prestidigitateur.

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MessagePublié: 10 Sep 2004, 21:20 
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Troisième partie


Les tourments du passé

























CHAPITRE XIV





1971.
Viêt-nam.
Delta du Mékong.
Zone sauvage.



Je suis là ...

Suis-je mort ?
Je me relève, je tâte ma poitrine. Le tir du Viêt-cong n'a fait que perforer mon gilet pare-balles. Mais quel choc. J'ai cru que ma poitrine éclatait.
Je me rappelle des avertissements de mon grand- père.
- Les armes à  feu sont des choses vicieuses, Has-kay-bay-nau-ntayl. Elles ont la gueule d'un serpent et leur métal est aussi froid que ses écailles.
Mon grand-père s'est toujours méfié de la technologie. Il m'apprécie davantage que mes autres proches du côté maternel. Il dit que j'ai le visage d'un Blanc et l'âme d'un Apache. C'est vrai.
Je ressens plus la nature que bien des Amérindiens, et ils m'envient pour cela. Ils sentaient mes pieds épouser la forme du sol quand je marchais, comprendre sa texture, s'en décoller pour mieux en revenir, établissant un rythme avec la plaine, les montagnes et les rochers. Chaque région a son empreinte propre et une odeur, un contact, une vision suffit à  m'en imprégner.
Je marche plus longtemps que n'importe quel Apache, sentant la planète rouler sous mes pieds, percevant les animaux qui ne s'enfuient point à  mon approche. Je ne chasse que lorsque c'est nécessaire.
Je ressens les esprits du monde, présents dans la terre, les plans d'eau, les arbres, les bêtes.
J'aime le monde, et le monde m'aime.
Je reviens au présent. Qu'importe la symbiose avec la nature, maintenant. C'est la guerre, l'ivresse et la terreur de la bataille, cette confusion où plus rien n'a de sens, où tous trépassent en une bourrasque abjecte et contre-nature.
Pourquoi ces massacres ? Je le comprends... Monsieur Marcus m'a fait compulser des livres parlant de l'expansion démographique, de la nécessité guerrière, d'autres qui établissent la part belliqueuse de la psyché humaine. Mais je hais ça. La guerre.
Je ferme mes yeux un bref instant. Qu'importent les sermons de mes supérieurs, je ne tuerai personne. Je sortirai de cette démence la tête haute.

Il a émergé des fougères sans bruit. Comme moi, il patauge dans cette eau qui lui arrive aux genoux. Comme moi, il saigne.
Nous nous mettons en joue mutuellement. Le visage du Viêt-cong est baigné de sueur.
- Tu ne comprends pas, lui dis-je en Viêt-namien. Je ne suis pas un ennemi.
Mon père, un Yankee pure souche qui s'était épris de cette métis dont le géniteur devait plus tard dire à  son petit-fils, moi-même, que les armes à  feu étaient semblables à  des serpents, m'a offert de grandes études. Je ne comprenais pas comment, à  vingt ans, il pouvait être vital de maîtriser des rudiments de Viêt-namien. A présent, je bénis John Rodaring, qui me donna le jour, ainsi que Marcus, qui finança mes études.
Le Viêt-cong secoue la tête.
- Je ne sais pas où tu as appris à  parler ma langue...
SA langue. Intéressant. Pas NOTRE langue. Il se détache inconsciemment de ses compatriotes.
- ... mais tu vas jeter tes armes tout de suite !
- Ecoute, lui dis-je. Je pourrais aussi bien te le demander. Mon canon est braqué sur ta figure. Nous sommes dans une impasse. Comment t'appelles-tu ?
- Trinh.
- Trinh, cesse de me regarder avec ces yeux affolés. Je n'ai pas demandé à  faire cette guerre. Je hais la guerre. Alors, voilà  ce que nous allons faire. On compte jusqu'à  trois et on baisse nos canons ensemble. D'accord ?
Trinh serre les dents.
- Ca m'a tout l'air d'être une ruse d'Américain impérialiste !
- Je ne veux qu'éviter des massacres inutiles.
L'index de mon interlocuteur vacille sur la gâchette de la mitraillette. Son arme ressemble à  la mienne, mais la crosse est plus longue. C'est fou, les détails que l'on remarque quand on est en danger de mort.
- Je sais que tu as peur, dis-je. Moi aussi. Je suis pétrifié d'effroi. Mais pourquoi l'un de nous devrait-il mourir ? Pour jouer le jeu de ces dirigeants qui nous manipulent ? Comptons jusqu'à  trois et lâchons nos mitraillettes.
- Un, annonce-t-il.
Le compte a commencé. Il accepte.
- Deux, acquiesce-je.
- Trois ! confirme Trinh.
Détonation.
Je me fige.
Ce n'est pas lui qui a tiré. Ce n'est pas moi qui ai tiré.
Smithson, l'un de mes camarades les plus zélés, sort du couvert d'un arbre.
- Ho, ho ! On l'a eu, ce sale niakwé !
Je tombe à  genoux dans l'eau boueuse. Il s'est mis à  pleuvoir.
Smithson, un collier de coquillages autour du cou, se dirige vers le cadavre de Trinh. Je distingue le gros cratère rouge sombre dans son torse. Une balle dum-dum. Explosive.
Mes pleurs font écho à  la pluie. Trinh aurait pu vivre. Je ne saurai jamais s'il aurait lâché son arme. Au cas où il aurait tiré, j'aurais évité le projectile. Smithson ne m'a pas sauvé la vie ; il n'a fait que commettre un meurtre.
Je reporte mon attention sur Smithson. Ce porc à  forte mâchoire et coupe de fasciste a sorti un coutelas.
- Ca me fera un beau trophée, No ! Tu en veux un aussi ?
Je comprends son intention en distinguant plus nettement le collier de Smithson. Ce ne sont pas des coquillages. Mais des oreilles soigneusement percées et enfilées sur une cordelette.
Il va trancher l'oreille de Trinh.
Quelque chose craque en moi. Malgré mon silence, Smithson s'aperçoit du changement. Il se tourne vers moi.
- Tu ne veux pas que je le fasse, No ? Ben, c'est pas grave...
Je lève les mains et les referme en poings.
- Ecoute, c'était un niakwé ! Pas la peine de se mettre en colère pour ça !
L'averse devient diluvienne. Mes dents sont si serrées que des vrilles de souffrance envahissent mes mâchoires.
- Bordel, No, qu'est-ce que tu crois ? On est en guerre ! Pas de pitié !
Le rictus de Smithson, le bon soldat, l'homme musclé, si fort et si valeureux, se crispe davantage encore.
Il lève son fusil.
Je suis déjà  là . Un coup de poing détourne le canon de l'arme ; la décharge de chevrotine va se ficher dans un arbre biscornu.
Je frappe, je frappe, je frappe. Je m'aperçois que mes cours d'arts martiaux ont porté leurs fruits. J'enchaîne des coups terribles sur le corps pantelant de Smithson, ne ponctuant jamais mon massacre d'un cri. Dans le silence et la pluie, je lui brise les os par coups de poing et de pieds. Il finit par percuter un tronc verdâtre.
Il est déjà  inconscient ou mort, j'en suis sûr. Je m'en fous.
- Il - s'appelle - Trinh !
Mon dernier coup détruit le visage de Smithson. Bien employée, la main d'un homme peut briser des briques. Un crâne est plus fragile.
Je retire mon poing endolori de la cavité qui s'est imprimée en anéantissant le nez, écrasant les globes oculaires, ployant les joues.
Et je hurle ma peine à  la face du monde.





Umbrella Corporation, extrait des fiches des employés.

En 1976, ce fut la fin de la guerre du Viêt-nam. De nombreux hommes de valeur se détachèrent du lot lors du conflit. En particulier Nathaniel Rodaring, un honnête citoyen d'Arizona qui prouva ses qualités plus d'une fois. Malgré l'attaque imprévue et absurde qui balaya tout le reste de son unité en une nuit, le camp, au matin, ne contenant plus que des cadavres à  la nuque brisée, nous possédons des témoignages louant son courage et son habileté au maniement des armes.
Dès qu'il fut rapatrié, Nathaniel Rodaring accepta la proposition du conglomérat Umbrella Corporation et devint cadre supérieur de la société. Ses larges connaissances acquises par des études supérieures avant la guerre du Viêt-nam furent un atout majeur dans les concours de promotion interne.
Sa montée dans la hiérarchie fut hélas teintée de tristesse, certains de ses rivaux ayant décédé alors même qu'ils comptaient le devancer. Parmi eux, Howard Sparrow périt dans son bain, électrocuté par une radio tombée dans l'eau, et Walter Rogue succomba à  l'attaque d'un malfrat dans une ruelle sombre : on ne retrouva jamais tous ses membres. Le valeureux Nathaniel Rodaring vint à  tous les enterrements et versa des larmes sur ses collègues disparus.
Six ans plus tard, arrivé à  un emploi stable lui rapportant des revenus appréciables, Rodaring, homme hors du commun, adopta un orphelin anglais de quatre ans, Spike Williams.





1984.
Etats- Unis, Midwest.
Forêt de Raccoon, au pied des Monts Arklay.
Centre de formation spécial d'Umbrella Corporation, à  quelques kilomètres du manoir Spencer.



Le train qui m'a amené ici vient de partir. No ne m'a pas accompagné. Il n'y a que des inconnus ici. Ils n'ont rien à  faire d'un gosse de six ans.
Cela fait deux ans que je suis avec No. Il est gentil. Il m'a appris à  tuer des chats. C'est facile. Il faut être plus rapide qu'eux, avoir de bons réflexes. Quand on les attrape, il suffit de leur tordre le cou.
C'est amusant de tuer des chats.
Ils disent que c'est un centre de formation. Comme c'est grand et beau !
En haut des escaliers, il y a un portrait.
Je m'approche du portrait. C'est un homme aux traits sévères.
- Il s'appelait Marcus.
Je sursaute. Oh, c'est No !
No s'approche, il est toujours très gentil et très paternel avec moi.
- As-tu fait un bon voyage, Spike ?
Je fais un effort pour parler correctement. No n'aime pas mon accent.
- Le train est très beau. Il y a des boiseries et des sièges en velours.
No m'ébouriffe les cheveux.
- Je sais, Spike, j'y suis déjà  allé.
Je reporte les yeux sur le portrait de Marcus.
- Qui c'est, No ?
- L'un des fondateurs d'Umbrella. Spencer, Ashford et Marcus ont créé cette société.
- Et où il est passé ?
- Il est mort. Tout le monde meurt un jour, Spike. Tu le sais.
Il y a comme une lueur dans les yeux de No. Je me rappelle ce qu'il m'a dit un jour... que Marcus l'avait pris sous son aile et avait financé ses études.
- Je l'ai compris au Viêt-nam, reprend No. La morale n'a pas de raison d'être. Qu'est-ce qu'un meurtrier ? Un être humain comme un autre. Et l'extase ressentie lors d'un assassinat ne connaît pas d'équivalent.





1992.
Etats-Unis, Midwest.
Raccoon City.
Immeuble 382.


L'entraînement de No a porté ses fruits.
Aujourd'hui, c'est mon anniversaire de quatorze ans, et pour fêter ça, je vais commettre mon premier meurtre.
Premier meurtre.
La porte claque.
La femme devant nous sursaute.
- Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ?
No sourit à  mes côtés et lance :
- Je me présente : Nathan " No " Rodaring.
La femme, grosse et laide, recule jusqu'au mur.
- Je vais appeler les flics !
- Je vous présente mon élève, Spike " Ripper "Williams. Il a quelque chose à  apprendre aujourd'hui.
Elle écarquille les yeux. Je reste figé.
- Vas-y, Ripper.
Je romps ma transe et j'avance, restant coi. Pas d'armes. No m'a dit de la tuer à  mains nues.
Je marche toujours et je vois que la femme a pris un couteau de cuisine.
- N'approche pas, petit salaud !
Je me lance, tout s'accélère, le petit appartement crasseux cède la place à  un blizzard lumineux, il n'y a plus que moi et ma future victime. J'esquive la lame, une fois, deux fois. Je donne un coup de pied dans le ventre de la femme ; le souffle coupé, elle se jette sur moi et m'envoie contre le mur d'un coup de boule. Salope.
Je me relève et je vois qu'elle récupère, elle serre plus fermement son arme et s'élance vers moi. Je l'évite de peu, donne deux coups de poings qu'elle encaisse sans faiblir.
- No, à  l'aide !
Il reste accoudé à  la table, croquant la pomme que la femme pelait quand nous sommes entrés.
- Je n'interviendrai pas, Ripper ! C'est ton combat ! Si tu échoues, l'entraînement n'aura servi à  rien !
Douleur. Cette pute m'a enfoncé son couteau dans le flanc.
- Sale pétasse !
Je donne un coup de genou. Elle tente de récupérer son couteau, mais le manche dépasse de mes côtes, elle n'arrive plus à  le saisir. Je lui envoie trois coups de poing dans la tête.
- Allons, tu es mou, tu es mou !
Du coin de l'oeil, je vois No manger un quartier de pomme. Il reprend :
- Je me souviens de ce doberman que tu as tué à  mains nues, la semaine dernière ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
Ces paroles me stimulent. No me croit incapable d'exécuter cette pute ?
J'ai commencé à  frapper, je ne m'arrête plus. Elle s'écroule sous la pluie de coups. Je tire le couteau, j'ai mal au flanc, je m'en fous, je vais la buter ! La trucider, la claquer, elle va apprendre à  souffrir, elle va apprendre à  mourir !
Je plante la lame une fois, deux fois, je laboure ce gros visage débile, le couteau tranche dans les chairs, trois fois, quatre fois, ça y est.
La victime ne réagit plus, je ne m'arrête pas, je me laisse emporter dans une symphonie écarlate, le fluide cramoisi jaillit à  torrents des blessures, elle halète, elle est encore vivante, je donne des coups de pieds, elle tombe sur le dos, je la démolis, je ressors le couteau resté dans son épaule, je me remets à  labourer, jets de sang, qu'elle crève, la chair est couverte de sillons sombres, c'est un champ, je fais de sa peau un champ cultivé, où bientôt les asticots grouilleront comme des cultures démoniaques, le jardin du Diable, au paroxysme de la colère et de l'extase, je frappe, dernier coup, ultime attaque, de toutes mes forces.
Carotide tranchée. Les yeux révulsés, la femme ne laisse plus échapper de râles, elle est morte.
Elle est toute rouge, je suis tout rouge, c'est un bain de sang.
Rodaring termine sa pomme. Le dernier quartier a reçu plusieurs gouttes de sang. Il le croque, mâche, avale. Puis il me sourit.




J'ouvre les yeux sur le visage inquiet d'Ash.
Sur-le-champ, je suis pris d'une envie de le tuer, de lui arracher la tête.
Je me calme. Je me détends.
Je regarde mes pattes. Non, pas des pattes. Des mains. J'ai des ongles longs, mais ce ne sont point des griffes.
- Ripper, ça va ?
- Spike. Appelez-moi Spike.
Je me lève. Et je prends conscience d'une présence. Pas autour de moi. En moi. Une autre entité.
Je réalise que la métamorphose, dont je n'ai que de vagues souvenirs, avait altéré mon esprit. Lorsque je suis revenu à  moi, cette personnalité monstrueuse, à  moitié amnésique, n'a pas été détruite, mais a formé une seconde âme, une conscience à  part entière. Cette chose s'est rétractée... mais elle est toujours présente.
Je regarde ma main. L'espace d'un instant, je la crois remplacée par une patte aux longues phalanges terminées par des griffes démesurées.
Ce n'était qu'un rêve. Je crois.
- Spike... dit Jill. On va vous aider.
- Qu'est-ce qu'il a ? demande Ash.
Ash Tumber... Dumber.
J'ai un accès de fureur. Soudain, j'ai envie de lui fracasser la tête contre le mur. Et je vois ma main qui enfle, s'allonge, commence à  changer... Souffrance incommensurable dans mes os, mes muscles, ma peau qui se distendent.
Je réfrène ma rage inexplicable.
Ainsi, c'est ça que je suis devenu ?
Il va falloir que je garde mon calme. Sous peine de me perdre.
Putain de merde.

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Dernière édition par Raphychou le 10 Juin 2005, 02:19, édité 1 fois.

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MessagePublié: 12 Sep 2004, 07:24 
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CHAPITRE XV




Annette était assise sur une chaise, reprenant ses esprits. Nathaniel " No " Rodaring bougeait, il allait sortir du sommeil d'ici peu. En effet, le tueur se redressa légèrement, tournant la tête vers Annette comme s'il savait qu'elle avait été à  cette place. La jeune scientifique fut troublée par le regard vide qu'avait Rodaring en se réveillant, il avait l'air plus... pas vulnérable, non, mais plus... humain.
- Il faut repartir... dit-il d'une voix claire, complètement éveillé.
- Où doit-on chercher votre tube à  essai ?
- Hum... il faut d'abord retrouver Ripper, on ne sera pas trop de trois pour dénicher le virus, expliqua Rodaring en se dirigeant vers la porte, capturant une banane au passage.
- Vous n'avez pas peur qu'il essaie encore de s'enfuir ? demanda Annette en lui emboîtant le pas.
- Non, il était instable après sa métamorphose... qui ne le serait pas ? Et puis, il a perdu la mémoire.
- Il jouait peut-être la comédie, rétorqua Annette en haussant les épaules.
No Rodaring éclata de rire. Un rire bref, sans joie.
- Vous ne connaissez pas Ripper. Sans remettre en doute son intelligence, supérieure à  la moyenne, il n'a jamais été un grand stratège... ce n'est vraiment pas son genre. Et puis, il y a autre chose.
- Quoi donc ? questionna Annette, surprise du changement soudain dans l'attitude du tueur.
- Quand il m'a parlé, il avait récupéré ce stupide accent sophistiqué d'anglais... et je peux vous jurer qu'il ne l'aurait pas fait s'il n'avait pas été très perturbé.
- Si vous le dites.



1995.
Etats-Unis, Midwest.
Raccoon City.
Salle souterraine.



Slash... Slash... Slash.
Une voix dure claque, pareille au fouet qui frappe à  un rythme régulier, creusant le dos de l'adolescent, zébrant sa peau pâle.
- Il... ne... faut... pas... avoir... de... sentiments... Ripper.
Chaque mot, un coup.
- Je m'appelle Spike.
Coup de pied, maintenant. L'adolescent ne pleure pas, ne se plaint pas, aucun son ne s'échappe de sa gorge.
- Tu es Ripper, un tueur, reprend la voix insensible.
- Bon sang, crève, rétorque le jeune homme, arborant son pire accent des faubourgs londoniens.
L'autre s'arrête, part et revient, un flacon dans les mains. Sans avertissement, il renverse le contenu du récipient sur les blessures du garçon. Ce dernier comprend en hurlant : du sel. Salaud.
- Tu t'appelles ? demande son tortionnaire d'une voix doucereuse.
- Je m'appelle Ripper, grogne l'adolescent, vaincu, humilié, secoué de sanglots silencieux.
Le pied appuie sur son dos, rendant la douleur insoutenable. Spike serre les dents à  se faire péter l'émail.
- Tu vois, quand tu veux... conclut l'autre dans un dernier coup avant d'abandonner son " enfant " dans cette cave putride.

- Ripper ?
Je lève les yeux sur mon tortionnaire, non, ce n'est pas mon tortionnaire.
- Ripper, ça va ?
- Spike. Appelez-moi Spike.





Ralph Dietrich regardait avec un certain détachement le combat qui se déroulait devant ses yeux blasés.
Qui va gagner ? Le monstre ou... le monstre ?
Le Hunter Master, d'un large coup de griffes, envoya Seth contre le mur, qui s'affaissa sous le poids de la chose. Frapper, tuer, massacrer. Seth se redressa et fonça sur le monstre qui ne réagit pas. Seth avait un énorme avantage : il était bien plus mobile que son mastodonte d'adversaire. Il se mit à  donner de violents coups de poings, qui auraient pu tuer un rhinocéros, sur la gueule béante du monstre. Les mâchoires eurent pour réflexe de se refermer sur le poing de Seth. Le monstre hurla sa douleur d'un cri purement animal et son tentacule s'activa de lui-même, transperçant la bouche du Hunter Master qui s'écroula dans un bruit sourd. La voix rauque de Seth résonna à  travers le couloir en ruines.
- Il vaut mieux partir avec qu'il ne se relève.
Se retournant, il s'aperçut qu'il était désormais seul.
- Aaaargh, je vais le tuer !




Jill ne cessait de jeter de brefs coups d'oeil à  Ripper. En quelques heures, il s'était métamorphosé. Sa démarche d'abord : avant, la jeune femme avait l'impression qu'il contrôlait par automatisme chacun de ses gestes, rien de trop, sûr de lui. Là , il était légèrement plus nerveux, ses pas étaient plus instinctifs, plus vifs, il ne cessait de tourner la tête, les sourcils froncés, la bouche entrouverte.
Il fait cinq ans de moins, pensa-t-elle.
Son attitude aussi avait évolué. L'autre gardait la tête haute, avec cette expression de dédain quasi palpable, cette tranquillité audacieuse, insupportable, toujours prêt à  lancer une réflexion quelconque. Là , il semblait plus docile, timide. Timide ? Ripper ? Il avait changé de vêtements, il était passé du cuir à  un pull bleu électrique.
- Rip... Spike ? Sais-tu où est passé Barry ? demanda Krimp.
- Aucune idée... répondit-il laconiquement.
Où a-t-il bien pu aller pêcher cet accent agaçant ? Il ne l'avait pas avant ! se dit Jill.
- Sûr ? Parce que t'es le dernier d'entre nous à  l'avoir vu !
- Bon sang, je t'ai répondu, non ? s'énerva Williams.
Un craquement retentit. Spike Williams se calma, laissant sa naissance anglaise reprendre le dessus.
- Je ne l'ai pas vu, reprit-il, se forçant à  garder un ton dégagé.
- Okay, je t'accuse pas non plus, répondit Alex, blême devant cet accès soudain de colère.
- Il faut le retrouver, et Seth aussi, on ne... commença Rebecca.
Elle ne devait jamais finir sa phrase, un colosse traversa le mur à  sa gauche. William Birkin. Jill, avec un réflexe conditionné, leva son fusil à  pompe et tira. Le monstre essuya le tir sans problème et, d'une main, souleva Krimp avant de le couper en deux avec un geste mécanique. Wilde et Ash furent aspergés par les éclats d'os et le sang du malheureux policier.
Brad leva son Desert Eagle et fit feu par trois fois, faisant reculer le monstre. Wilde, dans un accès de folie furieuse, fonça sur le monstre, couteau à  la main. Avant même d'avoir pu faire un pas, il fut tiré en arrière par une force de loin supérieure à  la sienne.
- Laisse-moi faire, petit.
Avec un flegme tout britannique, Spike s'approcha de Birkin qui ne réagit pas et, d'un coup sec de la main, l'éventra proprement. Le monstre hurla, et s'enfuit, refusant de se venger et de faire ainsi du mal à  sa progéniture, l'embryon enraciné dans les entrailles de celui qui l'avait frappé.
Jill cligna plusieurs fois des yeux, semblant dans un état proche de la catatonie. Le couteau de Ripper était très aiguisé, pensa-t-elle. Et quand ses yeux se posèrent sur le bras de Spike, elle étouffa un cri : il n'y avait pas d'arme dans sa main. Elle eut tout de même le temps d'apercevoir les petits bouts de tissus arrachés sous les ongles du jeune homme avant d'être prise de nausée et de vomir tout ce qu'elle n'avait pas mangé depuis plusieurs heures.




Annette et No avaient repris leur marche silencieuse à  travers les sombres couloirs de l'hôpital. Ils ne s'étaient pas adressé la parole depuis qu'ils avaient quitté leur refuge. La scientifique se contentait de suivre son compagnon de route sans mot dire, se méfiant du moindre écart de conduite de sa part.
Son cerveau était empli de dizaines de questions qui tourbillonnaient entre ses tempes sans trouver de réponses. Pourquoi No voulait-il retrouver Ripper ? Elle était pratiquement certaine qu'un tueur de sa trempe était capable de se débrouiller seul, et qu'il n'avait pas besoin d'aide. Quelle était la véritable raison qui le poussait à  rechercher Williams ? Une autre chose la tracassait aussi, est-ce qu'il y avait réellement un échantillon de Virus-NO caché dans le bâtiment ? Et d'ailleurs, pouvait-t-il y avoir un virus supérieur à  celui mis au point par son mari ? Qu'est-ce que Rodaring attendait d'elle ? Pourquoi ne l'avait-il pas supprimée ?
Il y avait tant de questions, et si peu de réponses. Elle en aurait certainement si elle continuait à  le suivre. Même si son instinct lui ordonnait le contraire, elle devait encore faire un bout de chemin avec lui. Elle aurait tout le temps de lui fausser compagnie.




Il est parti. L'inconnu au foulard m'a abandonné lui aussi. Je devrais le poursuivre et lui broyer les côtes une à  une, ce salaud m'a laissé tomber. Mais pourquoi est-ce qu'ils me fuient tous ? Ont-ils peur de ma nouvelle physionomie ? Peuvent-ils sentir la puissance qui émane de mes nouveaux pouvoirs de super-héros ?
Non, je suis certain que c'est mon apparence qui leur répugne. Il est vrai que mon corps s'est tellement transformé qu'il n'a plus rien à  voir avec celui de l'ancien Seth. Est-ce que Rebecca me reconnaîtra ? Est-ce qu'elle se laissera faire si j'essaye de l'embrasser sous cette nouvelle apparence ? Aaah, Rebecca...
- Rebecca !
Pourquoi diable cette fille obsède-t-elle toutes mes pensées ? Je n'avais jamais éprouvé cette sensation auparavant. J'ai un immense besoin de la voir, de sentir le parfum fleuri de ses cheveux, de la serrer dans mes bras, et accessoirement de lui briser la nuque.
- Rebecca !
Ou est-elle, où se cache-t-elle ? J'en ai assez de la chercher sans fin, la plaisanterie a assez duré. Puisque les monstres qui hantent cet endroit ne me font plus peur, je ne vais donc plus m'embêter à  le faire discrètement, je vais l'appeler, elle finira bien par entendre mes cris :
- Rebecca !





Dietrich s'engouffra dans la cage d'escaliers et descendit les volées de marches qui le ramenaient vers le rez-de-chaussée. Il s'arrêta au deuxième étage et sortit un briquet et un paquet de cigarettes d'une poche de son treillis. Il ne lui restait plus qu'une clope.
- Merde !
Il alluma nerveusement la cigarette et en tira une longue bouffée salvatrice. Le tabac avait toujours eu le don de lui calmer les nerfs, et il en avait bien besoin en ce moment.
Le mercenaire avait fichu le camp bien avant de savoir qui était sorti vainqueur du combat de titans auquel il avait assisté, et pour dire la vérité, il n'en avait rien à  foutre. Tout ce qui lui importait pour le moment était de faire un inventaire de ces armes et munitions.
Blam ! Blam !
Un Sigpro avec six cartouches et deux chargeurs supplémentaires, deux grenades thermiques et une grenade fumigène, son fidèle couteau de combat, et comme pièce de résistance, le fameux lance-mines attaché dans son dos. Le bébé possédait six bombes dans sa chambre de tir, et Dietrich en avait autant en réserve dans une boite métallique rangée dans la poche dorsale de son gilet de combat en kevlar.
Il se débarrassa des deux chargeurs de 5.56 mm qu'il avait encore sur lui car depuis qu'il avait perdu son fusil d'assaut, ils ne lui servaient plus à  rien. Il jeta également son kit individuel de communication et ne conserva que des gadgets utiles, comme sa bombe de spray CO2 pour crocheter les serrures, ses amorces flash-bang ou encore son récepteur radio. Il n'y avait pas vraiment de quoi crâner, mais il n'y avait pas non plus de quoi faire dans son froc. Il allait certainement s'en sortir.
Blam ! Blam !
Ralph Dietrich remarqua enfin le bruit qui ne faisait que se répéter depuis qu'il s'était arrêté ici. Cela provenait du couloir.
Il s'y faufila à  pas de loup, tous les sens en alerte. Au bout de quelques mètres, il capta l'origine du bruit. Il s'arrêta devant une porte métallique sur laquelle quelqu'un avait scotché une feuille de papier. Malgré le sang qui couvrait en partie l'encre, Dietrich put lire sans problème les mots qui y étaient écrits : " Ne pas ouvrir sans l'autorisation du professeur Holden".
Blam ! Blam !
Quelque chose était prisonnier à  l'intérieur de la pièce. Quoi que ce fut, cela martelait l'acier de ses poings ou d'une quelconque partie de son anatomie. Les coups étaient trop faibles pour qu'ils soient produits par un mutant ou une créature de grande taille. Il y avait certainement un zombie là -dedans. Peut-être deux.
Blam ! Blam !
Par précaution, le mercenaire s'empara de son Sigpro. Mieux valait ne pas s'éterniser ici. Le mutant doté de parole qu'il avait vu plus haut pouvait être à  sa recherche.
Il passa avec prudence devant la porte en pointant son arme dessus, mais le danger vint d'ailleurs, quelque chose se jeta dans son dos.

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Dernière édition par Raphychou le 10 Juin 2005, 21:47, édité 1 fois.

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