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MessagePublié: 18 Sep 2007, 13:58 
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Il est les ténèbres
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Inscription : 01 Mai 2005, 12:16
Message(s) : 1448
Localisation : Grenoble
A l'occasion de son décès, je décide de créer ce sujet, en suite à  une lapidaire remarque de ma main dans l'Horloge Parlante.

La Roue du Temps est un étouffe-chrétien de la littérature médiéval-fantastique. A la fois littéralement et, plus subtilement, thématiquement.

Jordan affirmait vouloir produire l'un des plus "monumentaux" cycles du genre. Je n'ai bien entendu pas eu l'occasion de discuter avec lui, donc cette assertion m'a été rapportée et peut tout à  fait n'être pas fiable. Mais j'ai tendance à  y croire car je trouve que son oeuvre confirme cette tendance.
Déjà , le refus de recourir aux ellipses temporelles. Jordan nous décrit par le menu le moindre événement. C'est bien simple, son oeuvre mérite pleinement l'appellation de chronique : tout ce qui s'est passé y est rapporté et conservé. Je ne crois pas me souvenir d'une seule occasion où il dise quelque chose du genre "Après une semaine de voyage morose, le groupe, fourbu, arriva en ville." Au lieu de cela, chacun des sept jours de la semaine va se voir accorder au moins une page, même s'il ne s'y passe strictement rien. Et bien souvent, il s'y passe quelque chose... de fondamentalement inintéressant et inutile à  la fois au récit et à  la mise en scène du monde ou de quoi que ce soit d'autre. Autant la première introduction de certains événements marquants - une attaque de Sans-visage par exemple - mérite bien sûr d'être mentionnée et décrite avec un luxe de détails qui permette au lecteur de pleinement en saisir le caractère particulier, autant la répétition non seulement est inutile mais à  terme nuit au plaisir de la lecture ainsi qu'à  l'immersion du lecteur.
Une excellente façon de remplir les quelques centaines de pages que fait le moindre tome et donc de "rallonger la sauce".
Jordan a également une tendance très prononcée à  nous plonger dans une histoire de plus en plus touffue. La moindre arborescence va être explorée jusqu'au bout, dans les moindres détails. En temps normal, j'applaudirai : je déteste avoir le sentiment qu'on a pas exploité de manière optimale un potentiel. Mais là , même remarque que pour les péripéties banales à  souhait : les complexifications de l'histoire sont en général totalement dénuées d'intérêt, aussi bien au regard de l'intrigue général et du fil rouge du cycle, que de la mise en place de l'univers.

Bref, Jordan parle beaucoup (ce qui n'est pas gênant) et pour ne rien dire (ce qui l'est nettement plus), semblant se délecter de voir défiler au compteur le nombre de tomes que sa saga maîtresse compte. Sa logorrhée arrive à  tuer tout l'intérêt que l'on peut éprouver pour La Roue du Temps, en fait - ç'a en tous cas été mon cas, et pourtant j'étais bien avancé dans ma lecture.



Son univers, ensuite. La Roue du Temps a un gros défaut et une grosse qualité, et c'est dans les deux cas la même chose : être écrite par Robert Jordan.

Jordan, reconnaissons-lui cette qualité, nous a créé un univers médiéval-fantastique classique - je n'y ai rien trouvé de fondamentalement révolutionnaire et innovant - mais bien campé et avec quelques touches d'originalités qui font qu'on a envie de l'explorer.
Jordan, à  côté de cela, avait une caisse d'idées absurdes qui traînait dans son garage et dont il ne savait pas quoi faire... maintenant, son garage est rangé. Je vous laisse deviner où ladite caisse est passée.

Ainsi, la question du genre (sexuelle). A la base, idée très intéressante : un monde en négatif du nôtre par rapport à  la hiérarchisation des genre, où les femmes occuperaient une position prééminente par rapport aux hommes. Comme je disais, intéressant. Mais glissant : le risque de sombrer dans des caricatures et des stéréotypes va être omniprésent.
Faisons cesser le suspens : appliquant avec brio la maxime de ce cher Oscar, "Je peux résister à  tout sauf à  la tentation", Jordan se vautre avec délice dans la fange du ridicule vaguement malsain.
Nous avons droit à  un véritable remake de la guerre des sexes, assorti de ce que j'appellerai les problèmes relationnels de Jordan avec le sexe opposé. Les femmes de La Roue du Temps sont systématiquement au moins deux des trois adjectifs suivants :
- dominatrices
- manipulatrices
- méprisantes
Au moins est-il cohérent avec ce qu'il a mis : les hommes, fort logiquement, sont en réaction empreints d'une méfiance des plus justifiées à  l'égard des femmes.
A se demander comme l'espèce humaine ne s'est pas encore éteinte, vu combien les deux sexes sont défiants et distants l'un vis-à -vis de l'autre. Remercions les hormones et les pulsions qu'elles inspirent qui permettent de passer outre tout ça.

Vous croyez peut-être que ce genre d'aberration se manifeste de manière occasionnelle ? Détrompez-vous ! Le moindre dialogue impliquant un homme et une femme est prétexte à  la mise en scène de cette tension sous-tendant tous les rapports sociaux ! Même le fait de réserver une chambre pour la nuit dans une auberge peut être prétexte à  un échange de regards lourds de sens et à  des phrases véhiculant ce malaise relationnel entre LE voyageur et LA tenancière !
J'exagère à  peine.



Bref, Jordan, pour moi, restera un auteur qui avait certes un potentiel, mais aura été incapable de faire le tri dans ses idées et la façon de les traiter, et qui aura sabordé son propre travail. Dommage, car s'il y était parvenu, on aurait pu lui pardonner sa mégalomanie rampante.

_________________
Il est facile de distinguer les jours où je suis de bonne humeur de ceux où je suis de mauvaise humeur : les premiers, je me définis comme obscurantiste et professe que l'Humanité a désespérément besoin d'être ramenée au niveau technologique d'il y a trois siècles ; les autres, je me définis comme nihiliste et professe que le meilleur avenir auquel l'Humanité puisse aspirer, c'est une extinction sans douleur.


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MessagePublié: 19 Sep 2007, 18:46 
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Inscription : 18 Déc 2005, 23:29
Message(s) : 1938
Je en serais pas aussi sévère qu' Yves mais il ya beaucoup de ça.

Ceci dit, j' ai pris un certain plaisir à  la lecture ... peut être parce que je ne les ai pas lus à  la file ?

Un de mes étonnements a été de voir que certains des thèmes utlisés se retrouvait dans l' épée de vérité de Goodkind .....

Robert Jordan est mort récemment ...... sans achever son oeuvre, mais se sachant condamner, il a laissé des notes qui pourront être reprises !

_________________
Smouales étaient les borogoves


Dernière édition par Morgan Kane le 27 Sep 2007, 18:37, édité 1 fois.

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