La Horde du Contrevent est en marche ! Marcher, elle ne fait que ça, car selon les préceptes de l'Hordre, elle n'a aucun droit d'utiliser le moindre véhicule pour remonter le long de la bande de contre. C'est un voyage sans espoir qui s'est engagé pour les divers éléments de la Horde, et ils contrent bel et bien, ils contrent le vent sans cesse, avec une ténacité de fer, dans la folie d'un monde sans cesse battu en brèche par ces courants aériens dont l'on ne sait trop ce qu'ils sont, énergie cinétique, électrique, magique, âmes, vie, temps lui-même, enfin, matière et existence ? Le vent serait-il la source de toutes choses ? Mais si c'est le cas, pourquoi se brisent-elles, s'effritent-elles, se dissipent-elles sous sa force, ses neuf formes agressives ou surprenantes ? D'où vient cet incroyable vent ?
La trente-quatrième Horde du Contrevent s'est juré de parcourir jusqu'au bout la bande de contre et d'atteindre l'Extrême-Amont. Ce voyage les laminera, jusqu'à une conclusion effroyable...
La bande-annonce de "La Horde du Contrevent". (Ne fouillez PAS ce site officiel, il est bourré de révélations qui ne feront que vous gâcher l'intérêt du roman.)
A ceux qui n'éprouvent aucun intérêt pour les démarches telles que celle de la Nouvelle Vague (cinématographique) ou du Nouveau Roman (littéraire), je répondrai que malgré toutes leurs impostures et leur noyautage quasi répugnant par des attitudes pseudo-intellectualistes et auteurisantes, ces mouvements continrent nombre de perles. Et je suis convaincu que sans les audaces du Nouveau Roman, des oeuvres telles que "La Horde du Contrevent", qui recyclent entre autres, de manière plus maîtrisées, les expérimentations passées, ne seraient jamais nées.
Nous avons ici affaire à un roman bourré de semi-innovations, et le style, riche et baroque au point d'en être, dans les premières pages, proprement déroutant (l'
incipit est constitué de signes de ponctuation !), sert au final le propos, alors que d'autres facettes font proprement gadget (je ne comprends pas l'intérêt de numéroter les pages à rebours, je l'avoue). Il faut avouer, cependant, que la bande-sonore est de qualité, et, cerise sur le gâteau, n'est absolument pas nécessaire pour apprécier le livre ! C'est un bonus au plus pur sens du terme, davantage qu'un complément, et il est vendu avec l'ouvrage, donc, pas d'escroquerie du type "piles non fournies".
N'hésitez pas, rejoignez les traces de Golgoth, de Pietro della Rocca, de Sov Strochnis, de Caracole, d'Erg Machaon, de Talweg Arcippé, de Firost de Toroge, de l'autoursier, de Steppe Phorehys, d'Arval Redhamaj, du fauconnier, d'Horst Dubka, de Karst Dubka, d'Oroshi Melicerte, d'Alme Capys, d'Aoi Nan, de Larco Scarsa, de Léarch, de Callirhoé Déicoon, de Boscavo Silamphre, de Coriolis, de Sveziest et de Barbak.
Oui, ça fait vingt-trois personnages principaux, et il y a pas mal de protagonistes importants qui jouent les satellites autour. Que l'oeuvre conserve de la clarté malgré tout ce chaos, voilà l'un des grands mystères du livre. Alain Damasio a de la maîtrise, à n'en point douter, et la bande sonore d'Arno Alyvan est une retranscription assez acceptable de cet univers.