Il y a des films comme ça, qui attirent au premier coup d'oeil et que, pourtant, on hésite à aller voir, sans raison particulière... et que l'on voit peu à peu disparaître des affiches en se maudissant de ne pas s'être bougé les fesses plus tôt. Heureusement, il existe aussi des gens bien intentionnés, qui ne cherchent pas qu'à appliquer des thérapies suspectes à coup de navets et qui vous poussent à aller voir ledit film.
C'est donc dans cet état d'esprit que je suis allé voir Truman Capote. L'oeuvre relate une période bien particulière de la vie de l'écrivain américain, à savoir la rédaction de son second roman, De sang-froid : cet ouvrage, Capote lui-même le qualifie de roman non-fictonnel, à savoir qu'il cherchera à relater dans cet ouvrage la réalité pure et simple. Cette réalité est celle du meurtre d'une famille dans le Kansas le plus reculé - pays de ploucs ^_^ - dans lequel Capote va débarquer et chercher à débrouiller un écheveau d'histoires et d'émotions, se liant tant aux proches des victimes qu'aux criminels eux-mêmes.
Ce qui frappe d'emblée dans "Truman Capote" est son refus de s'installer sur un tracé bien précis. Ce film n'est pas la genèse d'un roman, l'introspection du "héros" ou un enquête policière. Et pourtant, il n'est pas non plus un ensemble de fragments disparates. L'ambition de Benett Miller semble être de saisir ce qu'a été la vie même autour de son personnage, à ce moment précis de sa vie. D'où la multiplications d'intrigues parallèles, de points de vues, et surtout des facettes de Truman Capote. A ce titre, il faut bien reconnaître que la performance d'acteur de PS Hoffmann est tout bonnement hallucinante. Il fait surgir un personnage imbu de lui-même, maniéré et cynique sans jamais sombrer l'espace d'un instant dans la caricature de l'intellectuel américain homosexuel. Et surtout, en nous faisant éprouver, minute après minute, une véritable sympathie pour cet être insupportable. Parce qu'on le comprend. Parce que, à l'instar des prisonniers en attente d'être exécutés, lui aussi défend son droit à l'existence.
Ceci dit, ce petit chef d'oeuvre de l'interprétation ne laisse pas dans l'ombre la floppée d'acteurs talentueux qui entourent le personnage principal et qui contribuent à établir un lien cohérent entre les multiples séquence de l'oeuvre. Côté technique, il n'y a rien à reprendre, c'est efficace, peut-être parfois un peu trop, les plans sont tels qu'on les attend quand on les attend... Mais cette sagesse au niveau de la mise en scène reflète parfaitement la préoccupation majeure du film : tout mettre au service du spectateur pour recréer à ses yeux l'illusion presque parfaite du mouvement de la vie.
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