Il est parvenu, seul, sur la rive. Et devant la mer, ne sait qu'attendre. Venait-il pour elle ? Il l'ignore, à présent. La rive lui offre un domaine, et lui ôte sa liberté. La mer est là , seule, avec lui. Il entend son sourd murmure, ses joies, ses colères. Il la regarde et songe à ceux qu'il a déjà vu, il y a longtemps. Ils sont venus, et ont pris le large, mais lui est seul sur la rive.
Il se souvient des terres, riches et si pauvres à la fois. Et leurs cités gigantesques bâties par les hommes orgueilleux et sans c?ur. Il a voulu quitter les terres, et a trouvé la rive. Nul n'a bâti la mer, il le sait. Mais elle, ne l'attendait pas.
Il a voulu partir. Quand, il ne saurait plus le dire. Le goût du sel sur ses lèvres, les roches douloureuses lui rappellent qu'il a tenté. Ses murmures sont devenus grondements, et superbe et hautaine, la mer l'a ramené sur la rive. Elle n'est là que pour ses yeux, cachant des terres lointaines.
Sur la rive, on ne peut plus progresser que par un seul chemin. Toujours la mer, toujours les terres, le chaos, l'ordre. Mais lui est sur la rive, et songe qu'il à ce rivage qui lui tient lieu de vie. Homme des terres, il a vu la mer, et voulait la rejoindre. La folie des terres, la violence des mers. Pour lui ne reste que la rive.
Il a trouvé des gens, sur la rive. Revenus des mers, parti prendre le large. Des épaves pourrissent sur le rivage , mais il n'a vu trace de leurs habitants. Ses yeux se posent sur les terres qu'il connaît bien. Mais la mer sans cesse à lui se rappelle, vague après vague.
Il apprend du rivage. Son monde, ses lois, ses peurs. Le sable chaud, parfois brûlant, les pierres froides, dangereuses, toujours. Et les cris des fous des terres, les plaintes de la mer. Et un homme, sur la rive.
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