Eltanin

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MessagePublié: 12 Sep 2004, 22:26 
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Pamplemousse Panchromatique
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CHAPITRE XVI




Jill ne fut pas la seule à  se vider les tripes, Ash et Wilde firent de même. Tous les flics regardaient Spike Williams avec une expression d'incrédulité et d'angoisse mêlées. Aucun d'entre eux ne savait comment réagir ; Spike venait d'éventrer Birkin à  mains nues, alors que même le fusil à  pompe de Jill s'était révélé inefficace.
Finalement, ce fut Vickers qui rompit le silence.
- Ce type est un putain de mutant, clama-t-il en pointant son Desert Eagle sur Spike, il est hors de question que je reste une minute de plus avec lui !
- Garde ton sang-froid, Brad, intervint Jill, tu vas nous péter un câble.
- Moi, un mutant, demanda l'accusé avec une surprise non feinte, vous plaisantez ?
- Vous entendez son accent de merde, il l'avait pas auparavant ! C'est bien la preuve que ce n'est pas Ripper, c'est un mutant qui a pris son corps !
- Tu débloques complètement, je te rappelle qu'il nous a sauvé la vie.
Wilde acquiesça.
Brad se tourna vers eux et les toisa comme s'ils étaient fous :
- Vous êtes dingue, c'est ça votre problème, vous êtes tous dingues... Je me tire d'ici !
Joignant le geste et la parole, il se précipita hors de la salle et disparut au pas de course sous les appels de Jill :
- Brad ! Fais pas le con, reviens !
Elle envoya un pied rageur dans une boîte de médicaments renversée sur le sol.
- Et merde, l'un de nous doit le rattraper.
Elle chercha un volontaire du regard, mais personne ne semblait vouloir se proposer. Il était hors de question d'envoyer Rebecca, elle se tourna donc vers les autres.
- Ash ?
- Hors de question que je quitte Becky, répondit-il, les joues un peu enflammées, je reste à  ses côtés !
- Wilde ?
- Ce type a toujours été un trouillard fini, je risquerai pas ma peau pour lui.
- Même si je connais la réponse, je peux toujours me proposer.
Cette réplique de Spike Williams étonna la S.T.A.R.S. au plus haut point. Brad n'avait pas tout à  fait tort, il y avait quelque chose de changé en lui, mais elle ne savait pas quoi au juste.
- Je doute que Brad veuille te suivre...
Jill soupira. Il n'y avait plus d'options.
- Ok. J'y vais.
Elle fit monter une cartouche dans la chambre de tir de son calibre 12.
- Filez au poste de garde du rez-de-chaussée. Je vous retrouverai là -bas. Restez tous ensemble, ne vous séparez sous aucun prétexte, je vais revenir très vite.
Après avoir pris une profonde inspiration, elle se lança à  sa poursuite.




Dietrich repoussa son assaillant d'un revers de la main, l'envoyant s'écraser contre le mur. Par réflexe, son doigt appuya par deux fois sur la détente de son Sigpro, touchant l'adversaire au ventre, mais quelque chose de bizarre se produisit : au moment où les balles atteignirent leur cible, il y eut deux cris étouffés.
Le mercenaire fronça les sourcils et s'avança d'un pas vers la " chose ". Celle-ci se jeta à  nouveau sur lui, mais son geste était lent, comme si elle le faisait avec la force du désespoir. Dietrich allait faire feu à  nouveau, mais il abaissa son arme lorsqu'il se rendit compte qu'il n'avait pas affaire à  un zombie. Il venait de tirer sur une survivante. Celle-ci s'écroula sur lui et il la rattrapa au vol.
- Putain de merde de putain de merde !
Il l'allongea au sol. Un mince filet de sang était apparu aux commissures des lèvres de la rescapée, une infirmière à  en juger par ses vêtements. Elle ne devait pas avoir plus d'une trentaine d'années. La femme était prise de halètements et essayait de lui murmurer quelque chose, mais Ralph Dietrich ne comprit rien à  son charabia.
- Vous en faites pas, bredouilla-t-il, ça va aller.
Il arracha la chemise de la victime pour observer de plus près ses blessures. Les deux plaies sanguinolentes étaient bien visibles, l'une d'elle se situait au niveau du poumon et l'autre avait touché le foie. Les deux balles, quasiment tirées à  bout portant, étaient ressorties dans le dos de la jeune femme, laissant deux autres plaies ouvertes d'où s'échappait son liquide vital.
- Et merde.
Elle pisse le sang de partout, elle est foutue et c'est de ta faute, connard !
La rescapée fut prise d'une convulsion et agrippa avec l'une de ses mains son gilet de combat, qu'elle serra de toutes ses faibles forces. Dietrich ne parvenait pas à  détacher ses yeux du regard suppliant que la jeune femme lui lançait. Elle l'implorait de l'aider, et il ne pouvait rien faire... C'était un mercenaire, on lui avait appris pendant des années à  se battre, mais personne n'avait pris la peine de lui enseigner des rudiments de secourisme.
- Je suis désolé, murmura-t-il, je ne sais pas ce qu'il faut faire. Je n'y connais rien en médecine.
Elle fut prise d'une nouvelle convulsion, beaucoup plus violente que la précédente. L'inconnue resserra un peu plus ses doigts sur son gilet en kevlar.
- Ne mourez pas, je vous en prie, ne mourez pas !
Dietrich crut déceler un léger sourire sur son visage puis après un dernier soubresaut, il n'y eut plus rien. Les muscles de sa main se relâchèrent et son bras retomba le long de son corps. Elle était morte dans ses bras, les yeux grand ouverts.
- Non... Je suis désolé... Je ne voulais pas...
Il secoua le corps inerte avec l'espoir secret de la voir reprendre connaissance, mais il était trop tard, et il le savait.
Elle est morte, je l'ai tuée...
Une larme roula sur sa joue. Il pleurait. Cela faisait bien des années que cela ne lui était pas arrivé. Il pleurait le cadavre d'une femme dont il ignorait le prénom et qu'il n'avait même pas eu le temps de connaître mais qui était morte par sa faute, à  cause de son incompétence.
Il lui fut impossible de déterminer combien de temps il resta ainsi agenouillé à  côté du cadavre, les yeux perdus dans le vide, mais cela lui sembla durer une éternité.
Le bruit que provoqua la porte en sortant de ses gonds le tira de sa torpeur. Dietrich tourna la tête derrière lui et vit une procession d'une dizaine de zombies sortir en titubant de la pièce où les médecins de l'hôpital avaient dû les parquer après leur mort. Il n'esquissa pas l'ombre d'un mouvement et les laissa s'approcher de lui.
Pendant un instant, il songea à  rester planté là  et à  se laisser dévorer par les morts-vivants. Comment pouvait-il encore continuer à  vivre avec ça sur la conscience ? Mais son instinct de conservation fut le plus fort, et il se releva d'un bond avant de s'enfuir le plus loin possible de la scène du drame. Il courut droit devant lui sans se retourner.
Je ne peux pas mourir, pensait-il, car après ce que je viens de faire, c'est l'enfer qui m'attend...




Silence.
Depuis que Jill était partie raisonner Brad, Wilde, Ash et Rebecca contemplaient sans mot dire Spike. La tension était palpable.
Ce monstre, qui n'était déjà  pas blanc comme neige avant sa transformation, était devenue un mutant génétique extrêmement dangereux. Par chance, il avait perdu la mémoire. Mais pour combien de temps ?
Ce fut Rebecca qui cassa l'atmosphère lourde qui régnait dans la pièce.
- Spike. Tu te souviens de moi ? Rebecca...
Spike savait que ce visage ne lui était pas inconnu. Mais rien de plus.
- Je ne sais pas, Rebecca... C'est confus dans ma tête. Je ne sais quoi penser de tout cela.
Rebecca avait encore des blessures, et elle était toujours faible.
Ash la prit doucement par le bras, lui susurra " Becky, viens... " dans l'oreille, et l'éloigna de Ripper.
Oscar Wilde aborda Spike.
- Merci. Sans toi, le gros monstre nous aurait probablement tués.
- Ne te méprends pas. Je l'ai attaqué parce que... je le devais, voilà  tout. Laisse-moi, maintenant.
Wilde ne se fit pas prier et s'éloigna du jeune homme. L'être avait besoin d'être seul. Seul avec lui-même.
Alors que Ash s'occupait des dernières plaies de Rebecca, des hurlements se firent entendre.
- Rebecca ! Rebecca !
- Qu'est-ce que... ? s'interrogea Wilde.
- C'est... c'est Seth ! lui répondit la petite brune, les yeux mêlés d'espoir et de terreur.
Car la voix de Seth avait changé.
Ash prit la parole.
- Es-tu sûre qu'il n'est pas dangereux ?
- Non ! Il m'a aidée à  m'enfuir quand... des monstres l'ont attaqué, sur le toit !
- Il a réussi à  leur échapper ? fit Wilde.
- Il faut qu'il vienne avec nous. Il va être en danger si on ne l'aide pas. Seth ! Seth ! Où es...
Mais avant que Rebecca ait pu finir son cri, la main de Spike se plaqua contre sa bouche.
- Arrête. Ce n'est plus celui que tu connaissais... Il a changé. Je le sens.




Elle... Elle m'a répondu !
Mon coeur bat la chamade. Enfin, peut-être n'est-ce plus un coeur ?
La voix vient d'en haut.
Aucun problème. Je m'occuperai du mec déguisé en corsaire plus tard.
Je m'élance à  une vitesse prodigieuse. Les couloirs de l'hôpital défilent autour de moi. Ils deviennent singulièrement vides, au rythme où les créatures se font décimer. Mais même s'il en reste, je m'en fous. Seule Rebecca compte pour moi.
Au détour d'un palier, je découvre un tas de macchabées se repaissant du cadavre d'une jeune infirmière. L'excès d'adrénaline dans mon corps doit être évacué !
Avec rage, je fonce sur la horde de morts-vivants. Carnage ! Enfoirés !
Bref, mais intense.
Il ne reste plus rien de ces enfoirés. Tiens, y'a des bastos sur le corps qu'ils bouffaient.
Et je sens une odeur que je connais.
Ce type. Avec ses tatouages. Celui qui ne connaît pas Rebecca. Celui qui m'a tiré dessus puis s'est enfui quand je l'ai sauvé du Hunter Master.
Il est passé par là .
Je me penche sur les restes de l'infirmière. Avec douceur, je soulève la tête de la jeune femme entre deux griffes.
Elle devait être assez jolie. Elle ressemble un peu à  Rebecca...
Rebecca...
Je brise la nuque.
La satisfaction fait place à  la panique.
Pourquoi ai-je fait ça ? Jamais je l'aurais fait avant. C'est ce putain de virus qui commande mon esprit ! Putain, putain de virus !
Une larme coule sur ma joue rugueuse.
Combat intérieur.
Tu ne m'auras pas... je ne ferai pas de mal à  Rebecca !
Secouant la tête comme un chien enragé, je reprends le chemin de l'appel et je me précipite dans les escaliers en criant son nom.

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Dernière édition par Raphychou le 13 Juin 2005, 03:25, édité 1 fois.

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MessagePublié: 14 Sep 2004, 01:52 
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Pamplemousse Panchromatique
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CHAPITRE XVII




Je penche la tête dans les escaliers.
Quelque chose monte. Mais c'est à  dix étages en dessous de nous. Pas d'inquiétude à  avoir.
- Rebecca ! rugit l'être. Rebecca ! Rebecca !
Je crois que j'ai une idée de l'identité de ce monstre.
- Qu'est-ce, Rodaring ?
Annette frémit. Je n'en ai cure. Mon objectif est tout proche.
J'ouvre la porte. On arrive dans le secteur qui m'intéresse.
Personne au dernier étage.
Annette me suit et verrouille la double porte menant au palier... là  où résonnent les cris " Rebecca ! " de la chose qui monte les escaliers à  vive allure. Le son est étouffé.
Nous sommes près d'un ascenseur. Et je perçois les remous d'événements brutaux.
- Avance ! grogne l'adolescent en enfonçant le canon de son arme dans les reins de la jeune femme.
- Aïe ! glapit Rebecca avant de se remettre en route.
Bam !
- C'était quoi, ça ?
- Je... je n'en sais rien, répondit Rebecca, en tout cas, pas un coup de feu, on aurait dit plutôt un choc...
- Allez, remets-toi en route, magne-toi !

Oui... c'est là  que ce jeune fou et cette proie qui m'a échappé ont débarqué après qu'il l'ait prise en otage. On dirait que cela s'est passé voici des siècles. Il est étrange que la perception du temps se déforme tant. Mais après tout, on a passé un moment dans cet hôpital, non ? Il est temps de conclure... et voici que le dénouement s'approche à  grands pas !
J'avance dans le couloir. Si Rebecca et son kidnappeur avaient su combien ils approchaient de la plus formidable découverte que le monde ait connu. Quelle ironie.
Personne au dernier étage. Je suis un peu frustré qu'il n'y ait pas un monstre, ou mieux, un humain à  tuer... ça doit faire une bonne heure que je n'ai pas ôté la vie.
Annette Birkin enjambe avec dégoût un médecin mort, un Beretta toujours dans sa main gauche.
- Un suicidé, dis-je comme pour répondre à  la question de la scientifique. Il a fait le bon choix, contrairement à  d'autres.
- Vous n'y avez jamais pensé, No ?
- Plaît-il ? Ah, songé au suicide ?
- Oui.
- Ma chère Annette, ce n'est pas que je ne sois pas pressé d'aller dire un petit bonjour à  mon ami Satan, mais j'ai encore beaucoup de choses à  faire. Pourquoi s'en priver ?
- Pour éviter de devenir un monstre, comme un zombie.
Je souris.
- Ou comme William ?
Annette me jette un regard noir.
On arrive à  la salle de soin 003. Je fais sauter la porte d'un coup de poing. Et je remarque au même instant que la porte n'est pas verrouillée et que quelqu'un a déjà  fait de même. Cette cassure en diagonale... c'est la marque de Ripper.
Je grince des dents. Une appréhension. Non, il n'a pas pu me devancer.
Annette entre dans la pièce. Je remarque ses coups d'oeil aux meubles. Le grand luxe chez les chercheurs.
- Ah, enfin ! Me revoici chez moi !
Aucun signe de dégradation dans mon petit laboratoire personnel. Je n'avais pas besoin de grand-chose. Que du matériel haut de gamme pour la dernière phase de la mise au point. Ripper a dû ouvrir la porte d'un coup de pied, voir qu'il n'y avait rien d'intéressant pour lui et s'en aller.
- Annette, allez voir dans le bureau brun, petit tiroir de gauche. L'éprouvette du Virus-NO devrait y être, accompagnée d'une seringue.
- Comme vous voudrez, No.


Je me dirigeai vers le meuble. Ancien, il devait avoir fait partie d'une collection du XVIIIème siècle avant que Rodaring, qui n'hésitait jamais à  tout se payer, y compris les pots-de-vin destinés au personnel de l'hôpital, n'y pose ses mains avides. Quel dommage de perdre l'art au profit de la destruction.
Nathan Rodaring se mit à  tapoter les touches d'une console de commande avec vitesse et précision.
Le tiroir de gauche.
Vide.
Et merde.
J'appréhendai la réaction de Rodaring. J'ouvris tous les tiroirs. Des fioles, des bouillons de culture, un accélérateur... mais pas d'éprouvette " NO " et pas de seringue !
Sur le bureau ? Des notes qui mettaient en évidence la structure presque protéiforme et psycho-mimétique du Virus-NO. Pas d'éprouvette.
Je déglutis avec difficulté. Il fallait annoncer la mauvaise nouvelle au psychopathe.
Je me tournai vers lui. Ses narines s'étrécissaient.
Il avait perçu l'odeur de ma peur.
- Hum... No ?
Sans détourner les yeux de l'écran, No Rodaring m'adressa la parole.
- Oui, Annette ?
- La seringue... n'est pas là .
Coup de froid dans la salle. Tournant la tête vers moi, Rodaring plissa les yeux.
- Comment ça... " Pas là  " ?
- Elle n'est ni dans le tiroir, ni autre part sur le bureau et...
D'un mouvement plus agile que celui d'un gymnaste, il se rua sur moi. Paralysée par la terreur, je ne pus bouger. Ca n'aurait servi à  rien, de toute façon. Il me prit par le col et me souffla, les yeux exorbités :
- Vous croyez que je vais avaler ça ? Vous voulez garder le virus pour vous, Annette ?
- Je... je... dis-je, fermant déjà  les yeux de peur de voir ma mort en face.
No Rodaring respira les phéromones qui se dégageaient de mon corps crispé. Je crus ma dernière heure arrivée, mais sa poigne me laissa choir sur le bureau.
- Vous ne mentez pas, je le sens.
Encore sous le choc, je vis le cadre de ma compagnie me tourner le dos. Je l'entendis siffler entre ses dents, pour lui-même :
- Qui que tu sois... tu vas me le payer très cher. Tu vas regretter d'être né !





Je dois me racheter, songea Dietrich.
Il reprit sa course, esquivant un zombie.
Peut-être que j'expierai par mes souffrances, mais je dois avant tout penser aux autres. C'est fichu. Je suis damné. Pourquoi entraîner les autres dans ma déchéance ? Je dois les aider.
Et survivre.





Je suis à  l'étage. C'est de là  que proviennent ses cris.
Il y a beaucoup de portes ici, mais une attire plus particulièrement mon attention.
Il y a une présence, ici. Quelqu'un comme moi !
Je me précipite vers la porte.
" Vestiaires hommes ".
D'un coup de poing puissant, je produis un trou dans la porte en fer. J'y plante mes griffes et je l'arrache.


A l'intérieur, Rebecca, Ash, Wilde se retournèrent, pris d'une panique justifiée. Spike ne pipa mot, malgré l'entrée spectaculaire de la chose.
La porte à  demi déchiquetée retomba dans le couloir.
Les yeux désormais aussi blancs que la neige de Seth se mirent à  luire.
D'une voix d'outre-tombe, il annonça :
- Enfin... Je t'ai retrouvée !

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Dernière édition par Raphychou le 17 Juin 2005, 03:07, édité 1 fois.

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MessagePublié: 15 Sep 2004, 01:39 
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Pamplemousse Panchromatique
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CHAPITRE XVIII




Seth paraissait figé. Son énorme torse boursouflé, à  moitié recouvert de tentacules pourpres, avait cessé de palpiter.
- Rebecca.

- Seth !
L'enfant tourna la tête.
- A table ! annonça sa mère.
Seth soupira et lâcha sa manette.
A l'écran, la créature qu'il incarnait se remit à  bouger.

Les yeux de Seth devinrent d'une blancheur éblouissante, les quelques nuances grisâtres subsistant dans cette neige animale avaient disparu.
- Il a perdu conscience ! rugit Wilde.
Il se baissa pour éviter un long tentacule. L'extrémité en pointe se planta dans le mur.
Ash tira trois coups de feu.
- Putain de monstre !

- Maman, mon personnage est en train de se faire tuer ! s'écria Seth.
- Je trouve ces jeux vidéos un peu violents, quand même.
- Sa barre de vie baisse !
Soudain, l'enfant ressentit une douleur à  la poitrine.
- Aïe... qu'est- ce que... ? !
Il reporta son regard sur sa mère. Obèse mais gentille, elle souriait en lui servant ses pâtes.

La créature hurla.
Ash, pétrifié par ce cri d'enfant, lâcha son arme. Spike la rattrapa au vol.
- Comment faites-vous pour garder votre sang-froid, Williams ? demanda Wilde, qui tirait à  ses côtés.
Spike Williams visa les yeux de Seth.
- Si je commence à  m'énerver, je vais perdre le contrôle... et me transformer...
Détonation. L'un des globes oculaires blanchâtres devint noir, avant que le sang violacé de l'abomination qui avait été Seth ne submerge l'orbite.

Tout devint noir.
L'enfant ne voyait plus que d'un oeil.
- Seth, ton oeil ! s'écria sa mère.
Est-ce la réalité ? La fiction ? Je ne comprends plus ! Je deviens fou, je le sens !

L'atrocité massive rugit et chargea Rebecca. Spike bondit et la poussa hors du chemin du monstrueux bolide. Il fut lui-même télescopé et projeté contre le mur.
La créature recula puis fonça à  nouveau, de tout son poids, écrasant le jeune homme. La paroi fut aspergée de sang.
Spike gémit, sentant ses os se tordre. La souffrance l'envahit, et il ne fut plus capable de penser qu'à  son ire, ce torrent de colère volcanique qui se déversait en son être comme de l'or fondu.
Ses vêtements se déchirèrent, sa bouche s'ouvrit sur des crocs argentés, effilés, qui ne demandaient qu'à  déchiqueter la chair de son adversaire.
Seth le maintenait contre la paroi. Quatre tentacules filèrent, un à  chaque poignet, un à  chaque cheville. Spike était crucifié, ses membres s'allongeaient toujours. Le monstre prit du recul.

La mère de Seth se dissolvait. Le petit appartement crasseux n'était plus rien.
L'enfant volait dans le firmament. Il se vit grandir.
Je ne suis plus un gosse !
La nuit se déchira, lui laissant apercevoir des éléments de son passé... et le présent, lui-même devenant une créature atroce qui combattait Ripper.
- Non !

Les griffes lacérèrent les appendices.
Ce n'était plus Spike Williams, mais Ripper, Ripper devenu aussi monstrueux que l'avait été son âme. La chose fit un bond de guépard et se plaqua au plafond. Seth gronda ; ses quatre tentacules tranchés fouettèrent l'air.
Il leva la gueule, son unique oeil blanc. Il circulait au plafond, son opposant, ses jambes et ses bras devenus trois fois plus longs, des pattes arachnéennes qui se déplaçaient avec agilité.
Ripper tomba, évitant de peu le tentacule qui venait de filer d'une patte de Seth. Wilde se plaqua au mur, voyant la chose toute en articulations et en griffes se relever, et plus loin, son adversaire enflé et répugnant avancer.
De l'autre côté, Rebecca et Ash assistaient au duel.
- On va tous mourir ! éclata Ash.
- Arrête d'être aussi défaitiste !
- Mais tu vois ça ! Ces deux trucs sont la mort ! La mort ! C'est notre destin personnifié par des mutants ! Nous aurions dû tuer Ripper pendant qu'il en était encore temps !
Elle lui administra un direct qui l'envoya dinguer contre la cloison.
- Arrête de glapir, grinça Rebecca. On s'en sortira tous vivants. Sauf toi, si tu continues à  dire des trucs aussi immondes.

Seth se débattait dans l'obscurité. Il assistait au duel entre les deux monstres, impuissant.
- Je n'ai plus aucun contrôle sur moi !
Peut-être parce que je ne le veux pas. Parce que je souhaite que Ripper meure. Qu'ils meurent tous.
Non ! Je ne suis pas comme ça !
Les vrais monstres sont parfois les monstres humains. Suis-je tellement meilleur que Nathaniel " No " Rodaring ou Spike " Ripper " Williams ? Eux, au moins, s'avouent leur folie.

- Quelle est ma démence ?
Je ne sais plus rien, j'ai perdu le sens de la réalité. Voilà  en quoi je suis fou. Assommer ce flic et tout ça... j'étais comme détaché de mes actions.
Non. Ce n'est pas possible.
- Comment tout cela a-t-il commencé ?
Comment ai-je pu à  ce point me séparer de ma propre existence ?






1992.
Etats-Unis, Midwest.
Raccoon City.
Immeuble 382.



- Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ?
En entendant la voix de Maman, je relève la tête.
Des voix. Inconnues. Venant de l'entrée.
Je mets ma partie de " Metal Gear " en pause. Qu'est-ce qui se passe ?
J'avance à  pas de loups. Les voix se font plus claires.
Hurlement.
Je cours. Maman, que se passe-t-il ?
Maman est aux prises avec un fou. Un ado, quatorze ans à  peu près. Blond.
Mais qu'est-ce qu'ils foutent ?
Ils ne m'ont pas vu. J'étouffe mon hurlement. Je me prépare à  bondir au secours de Maman, mais un autre homme est en travers du chemin. Il épluche une pomme.
- Je n'interviendrai pas, Ripper ! dit-il. C'est ton combat ! Si tu échoues, l'entraînement n'aura servi à  rien !
Je pousse un cri silencieux en voyant Maman enfoncer un couteau dans le ventre du blond.
Et je fuis.
C'est lâche, mais je n'ai que onze ans ! Je ne veux pas mourir !
Je recule en silence, en silence.
Un quartier de pomme vole vers moi.
Instinctivement, je l'attrape.
Je vois le grand type, pas le blond, l'autre, qui tourne la tête vers moi, pendant que Maman et le méchant avec le couteau dans le ventre continuent à  se battre. Il a les cheveux bouclés et une oreille en moins.
Il m'avait remarqué depuis tout à  l'heure ! Mais je n'avais fait aucun bruit !
Il me sourit. Un grand sourire.
- Sale pétasse ! crie l'autre, aux prises avec Maman.
Je cours. Dans ma chambre. Je ferme la porte.
Pourquoi ne vient-il pas ? C'est un méchant, je le sais, comme dans les films.
- Allons, tu es mou, tu es mou !
S'adresse-t-il à  moi ? Ou à  l'autre blond ?
Je pleure.
D'autres cris derrière la porte.
Maman est morte. Je le sais.
J'ai été méchant. Je n'ai pas pu la sauver.


Je plante la lame une fois, deux fois, je laboure ce gros visage débile, le couteau tranche dans les chairs, trois fois, quatre fois, ça y est.
La victime ne réagit plus, je ne m'arrête pas, je me laisse emporter dans une symphonie écarlate, le fluide cramoisi jaillit à  torrents des blessures, elle halète, elle est encore vivante. Je donne des coups de pieds, elle tombe sur le dos, je la démolis, je ressors le couteau resté dans son épaule, je me remets à  labourer, jets de sang, qu'elle crève, la chair est couverte de sillons sombres, c'est un champ, je fais de sa peau un champ cultivé, où bientôt les asticots grouilleront comme des cultures démoniaques, le jardin du Diable, au paroxysme de la colère et de l'extase, je frappe, dernier coup, ultime attaque, de toutes mes forces.
Carotide tranchée. Les yeux révulsés, la femme ne laisse plus échapper de râles, elle est morte.
Elle est toute rouge, je suis tout rouge, c'est un bain de sang.
Rodaring termine sa pomme. Le dernier quartier a reçu plusieurs gouttes de sang. Il le croque, mâche, avale. Puis il me sourit.
- Elle a un enfant.
J'écarquille les yeux. Tout le plaisir du dénouement du meurtre m'est gâché par cette nouvelle.
- Quoi !
- Il nous a vus faire, poursuit Rodaring.
Il se délecte de ma stupeur, se tapote le ventre, satisfait de son petit en-cas.
- Arrête avec cet air apitoyé... Ripper.
- Je m'appelle Spike.
Rodaring cesse de sourire. Son visage est presque aussitôt convulsé par un rictus rageur.
- Tu t'appelles Ripper. Cesse d'avoir tant de sentiments. Un tueur n'a pas à  s'apitoyer sur ses proies.
Il secoue la tête.
- Tu as encore beaucoup à  apprendre, mon cher élève...
- Que fait-on pour le mioche ?
- Tue-le. Je n'en ai pas envie pour l'instant, j'ai égorgé une petite fille hier.
- Non, réponds-je.
- QUOI !
- Je ne le tuerai pas.
Je lève la tête, soutenant le regard de No.


C'est ça qui m'a tant traumatisé ?
Seth revint à  la réalité.
Il était un monstre, il tenait Rebecca tandis que Ripper, devenu une créature arachnéenne, s'acharnait sur lui...
Il allait briser la nuque de Rebecca.
- Non ! Non !
Seth essaya de reprendre le contrôle. Il ne voulait pas la tuer, il voulait l'aimer, Rebecca, Rebecca...
- Crève !
Il vit Ash, lui jetant quelque chose à  la tête. L'objet arriva au niveau de son oeil unique.
Son esprit accablé trouva le terme qui définissait cette sphère métallique.
Grenade.
L'explosion rejeta Ripper contre le mur. Inconscient, il commença à  émettre des craquements. En quelques instants, il avait repris forme humaine.
Ash se précipita au secours de Rebecca.
- On l'a eu, lui dit Wilde.
- Pas sûr.
L'abominable masse hérissée de tentacules et de divers appendices était décapitée.
La cavité rouge à  la base du cou bouillonna...
Une nouvelle tête émergea. Tout à  fait humaine. Le visage de Seth.
Les yeux fermés, ce faciès ouvrit la bouche pour pousser un gémissement. L'énorme bête se retourna et sortit hors de la pièce, titubante, ahanante.

Et non loin de là , Rodaring et Annette l'entendirent arriver.

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CHAPITRE XIX




- Tiens... si ce n'est pas ce cher petit qui fuyait tout à  l'heure...
Rodaring fit craquer ses muscles.
Annette mit en joue la créature qui titubait, énorme et apathique.
- Ces altérations ne sont pas dues au Précursor, au T ou au G, remarqua-t-elle.
- Je crois que nous venons de trouver notre voleur.
Rodaring arracha le pistolet des mains d'Annette.
- Vous permettez ?
Il chargea. Annette eut le temps de voir le tentacule qui passa là  où était le dos de Rodaring quelques instants auparavant.
Face au psychopathe qui courait, la bête s'était redressée.

C'est un ennemi, un ennemi.
- Je ne veux tuer personne !
Ah oui ? Il faut te battre. Et gagner.
Il ne te fera pas de cadeau.


Submergé par la folie de la bataille, Rodaring sentait sa vitesse s'accroître. Il ne prenait pas garde aux calories qu'il dépensait alors qu'il esquivait les coups à  un rythme surhumain.
Son adversaire avait un défaut, sa masse. Ses bras bougeaient vite ; pas assez. Il était également gêné par ses blessures et ses hésitations. Rodaring filait autour de lui, virevoltait, tirait des coups de feu comme on pique un taureau dans l'arène.
- Tu m'as volé mon rêve, le but d'une existence.
La dernière rafale de tirs fit exploser l'un des tuyaux qui couraient sur le torse du monstre.
- Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, tu sais. Ces temps-ci, j'accumule les bourdes.
Le pistolet vide chut en un tintement.
Seth tenta de saisir Rodaring, il ne fit que brasser de l'air de ses pattes griffues. L'ennemi était déjà  derrière lui, tailladant son dos au scalpel, mettant sa chair en charpie.
- J'ai même laissé fuir la petite brune. C'est fini, pour de bon.
Seth hurla, ne comprenant pas comment le combat pouvait tourner aussi vite à  son désavantage. Rodaring semblait être partout à  la fois, démultiplié. Son sourire carnassier l'entourait.
- Quand tu auras goûté à  l'amertume du trépas, c'est Rebecca que j'irai tuer. Mes proies n'ont pas à  m'échapper.
Rebecca.
Le bras de Rodaring recula pour une finition magistrale, un mouvement qui sectionnerait ce qui tenait lieu de carotides à  l'abomination...
La patte de Seth fusa, envoyant le tueur droit dans les bras d'Annette.
- Rebecca. Rebecca.
- Bien, cracha Rodaring, une ligne écarlate sur le menton. Tu te bats enfin pour de bon.
Annette le lâcha et s'enfuit, Seth se précipitant sur Rodaring, une bave verdâtre à  la bouche, bouche qui devenait gueule tandis que son visage se distendait, se transformait.
Rodaring n'était plus là . Mais à  ses côtés.
Seth para une attaque horizontale, le scalpel destiné à  une artère ne fit que labourer son avant-bras. Il riposta, le tueur bloqua son coup en envoyant son pied...
Gémissement.
Les regards des opposants se tournèrent vers le nouvel arrivant, qui venait d'envoyer Annette Birkin contre une paroi.
Silhouette boursouflée, sanglée dans les restes d'une blouse de laboratoire, dont la peau pustuleuse luisait tandis que le colosse avançait.
Quatre bras rouges, deux tentacules, une tête serpentine dans le prolongement de la colonne vertébrale.
- Un nouvel invité, fit Rodaring. Bienvenue... vous avez enfin réglé cette querelle de ménage, mon cher William ?
L'énorme créature sanguinolente, feu William Birkin, s'approcha dangereusement de Rodaring et de Seth affaibli par son combat contre le scientifique fou. Un des bras dorsaux du monstre tenta de rayer No de la surface du globe mais échoua, l'agilité de la cible lui ayant permis d'éviter ce coup.
- Je crois que vous avez des choses à  vous dire, messieurs les mutants ! Puissions-nous nous revoir sous des cieux plus favorables.
Rodaring s'esquiva.
Le titan rouge grogna.
Seth ne bougeait plus. Il n'en avait plus la volonté, ni la force, pas même l'instinct de survie. Il voulait mourir. Il était devenu un monstre, que Rebecca ne voulait pas. Plus aucune raison de vivre, pensait-il. Il resta là , planté sur les deux troncs d'arbres qui lui servaient de jambes, attendant la Faucheuse qui allait l'emmener en Enfer.
Le quadripode qu'était Birkin s'approcha à  pas lourds de sa victime, lui décocha un formidable coup de griffe qui le fit valdinguer à  l'autre bout de la pièce.
Le prochain m'achèvera...
Le voeu de Seth ne fut pas exaucé. William lui prit la tête, mais au lieu de la fracasser contre la paroi ou encore lui briser la nuque, lui enfonça une larve dans la gorge. L'abomination avait compris que Seth était compatible avec son code génétique et tentait de se perpétuer à  travers lui.
Il sentit la chose glisser dans son thorax comme un crabe dépourvu de carapace, accompagnée d'une substance infecte. Il tenta de vomir, sans succès.
La larve déploya ses griffes et Seth sentit mille épingles fouetter ses entrailles.
Le titan rouge, lui, recula. Le globe oculaire énorme qui avait surgi sur son épaule cilla. De l'autre côté de son être s'ouvrit un autre oeil semblable.
Puis il partit.
Mais un évènement que ni le géniteur ni l'infecté n'avait prévu arriva.
Sous l'effet de la toxine du virus-G que la larve produisait pour coloniser l'organisme hôte, le virus expérimental de No, qui avait transformé le jeune homme en bête de guerre, se détruisit de lui-même. Le mal battu par un autre mal avait finalement réussi à  détruire les deux virus.
Et alors que Birkin s'en allait traquer une autre victime, Seth perdit un a un ses tentacules. Ses muscles parurent se rétracter.

J'ouvre les yeux.
Je me sens... vidé.
Ma respiration est bien bruyante. Ma perception des choses s'est modifiée... les bribes de souvenirs que je tentais vainement de retenir me reviennent d'eux-mêmes.
Quelques lambeaux de mes anciens vêtements pendent sur ma peau. Elle a un teint normal.
Que m'arrive-t-il ? Je suis... comme avant ?
Je me relève et je m'examine sous tous les angles. Je suis identique à  l'ado que j'étais avant ce cauchemar.
Quelque chose me brûle la gorge. Je recrache... c'est une saleté de crabe !
J'écrase l'horreur palpitante.
C'est... une deuxième chance qui s'offre à  moi. Il ne faut pas que je la gâche. Rebecca.
Alors que je songe à  ce fruit autrefois défendu, la femme en blouse blanche tousse :
- Aaah... aidez-moi...
Je m'approche d'elle. Une ligne de sang coule sur sa tempe et ses cheveux blonds se mêlent d'un noir rougeoyant. J'espère qu'elle n'a rien de... pas le crâne fracassé ou...
- Vous allez bien ?
Je la soutiens et je palpe sa tête. Pas de grosse brèche. C'est déjà  ça.
- ... ne sais pas, fait-elle.
- Qui êtes-vous ?
- Je suis... Annette... Birkin. Annette Birkin, oui, c'est ça. Mais d'où venez-vous ? Je ne vous avais pas vu avant que mon... mari...
- J'étais le monstre contre qui se battait ce psychopathe aux cheveux bouclés. Seth.
- Co... comment ? Mais...
- Je n'en sais pas plus que vous. Venez, vous avez besoin d'aide et de repos. Il y a une salle de soin.
- Non. Pas la salle 003.
Je secoue la tête. Pourquoi ne veut-elle pas aller dans cette pièce ? Mais peut-être que si l'idée m'est si facilement venue à  l'esprit, c'est parce que c'est là  que j'ai embrassé Rebecca.
- La pharmacie de l'hôpital, alors, dis-je.
Je soutiens Annette comme une alcoolique et nous nous mettons à  cheminer. Pas de traces de No ni de Birkin. L'endroit semble désert.



Je m'allongeai sur la table d'examen pendant que Seth cherchait des bandages et des antalgiques pour mon front.
Je l'observai. Tout innocent, garçon modèle qui venait en aide à  une femme en détresse. Alors qu'il n'y avait qu'un instant, c'était un véritable monstre, qui aurait pu démembrer un à  un les appendices de William.
Mon esprit analytique reprit le dessus. Comment avait-il pu retourner à  l'état humain ? Etait-ce parce qu'il s'était battu avec William ? Je n'en savais pas plus, étant étourdie au moment des faits.
Il fallait que je le lui demande.
- Dites-moi, Seth, que s'est-il passé pour que vous changiez ?
Le jeune homme cessa de fouiller et sortit un bandage qu'il me lança.
- Vous voulez dire... comment je suis redevenu normal ?
- Oui.
- Eh bien, pour être honnête, je ne voulais plus vivre, je pensais que cette créature arriverait à  me tuer sans problème. Mais à  la place, elle m'a fait avaler quelque chose, un truc indépendant.
Je me redressai. Les effets prévus du Virus-G. William perpétuait ce qui lui tenait lieu d'espèce.
- Comme une sorte de parasite ? demandai-je.
- Mouais, on peut dire ça comme ça. Je l'ai recraché quand je me suis retrouvé sous cette forme... forme humaine...
Seth haussa les épaules et repartit fouiller dans les placards de la pharmacie.
J'avais commencé les supputations à  la vitesse d'un accélérateur de particules. C'était tout simple. Le Virus-T et le Virus-G étaient prévus pour associer leurs effets. De fait, ils étaient très proches. Le Virus-G n'était qu'une version améliorée - avec entre autres un potentiel d'infection qui passait de 70% à  98% et une dégradation cellulaire inversée pour aboutir à  une régénération de l'organisme contaminé - de son prédécesseur. Mais le Virus-NO ? Qui connaissait la structure de cette merveille ? Il devait être très éloigné du Virus-G, n'y étant associé que par la souche Precursor mise au point à  partir des sangsues de Marcus.
Les deux virus s'entre-dévoraient.
J'avais de quoi sauver William avec ma nouvelle découverte.
Je fus tirée de mes pensées par des bruits de pas se rapprochant de la porte.
- Hé, y'a quelqu'un qui se ramène, observa Seth.
Je sortis mon Beretta. Je le gardais toujours sur moi pour les cas extrêmes.
- Il faut nous protéger, dis-je. Vite, prenez ça !
Je lançai l'arme à  l'adolescent. Il l'attrapa au vol et pointa le canon vers la porte.
- Seth, on n'a qu'un chargeur.
L'être s'arrêta devant la pharmacie. J'eus des sueurs froides en entendant la poignée grincer.
Un homme entra dans la pénombre. Il ne nous remarqua pas du premier coup et ferma la porte. Quand il se retourna, il eut la frousse de sa vie.
- Aaaah ! Qui êtes-v...
Il stoppa net sa phrase en me fixant.
- Madame Birkin ?
Surprise, je m'avançai pour mieux dévisager le nouvel arrivant.
- Je te connais, toi ! s'écria Seth.
En prenant connaissance de l'identité de cet individu, j'ouvris de grands yeux.
- Vous êtes toujours en vie, Dietrich ?
- Je suis un soldat d'élite, m...
Ralph Dietrich n'eut pas le temps de finir son éloge et s'écroula à  terre. Le poing de Seth resta dressé.
- Ca, c'est pour m'avoir tiré dessus ! lança l'adolescent.

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Dernière édition par Raphychou le 19 Juin 2005, 08:38, édité 1 fois.

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MessagePublié: 18 Sep 2004, 07:46 
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CHAPITRE XX




Le coup de fusil à  pompe acheva le mastodonte. Il s'effondra, emplissant le corridor de sa masse putride. Ses appendices se crispèrent.
- Merci, Jill, fit Brad, essoufflé.
- Pas de quoi. Allez. On doit rejoindre les autres.
Jill Valentine se mit à  courir.
- Brad, il faut mieux décamper avant que ce machin rouge ne se réveille une fois de plus.
Ils s'éloignèrent de la créature. Elle ne méritait plus qu'on se souvienne qu'elle ait un jour porté le nom de William Birkin.

- Alex.
Ash Tumber se tourna vers Oscar Wilde.
- Tu penses encore à  Krimp ?
- Ash... Alex est tombé dans les flammes de cet Enfer.
Wilde secoua la tête.
- Bon sang, dit-il. Qu'allons-nous devenir ?
Ash désigna Rebecca qui tentait de réveiller Spike.
- Les choses semblent s'arranger, Wilde, non ? On en sortira.
J'espère juste que Ripper est clamsé, ajouta-t-il en son for intérieur.
- Quand je pense à  tous ceux qui sont morts en chemin, murmura Wilde. David Shown, Chloé Marco. Joseph Angel. Teddy Jerricho, oh, mon Dieu, Teddy. Barry. Ce bon vieux Barry Burton. Barry est mort pour de bon. Et... Alex...
Ash le prit par l'épaule.
- Penser aux morts ne changera rien. On doit éviter de partager leur sort.

- Spike ! Spike !
J'ouvre les yeux. Rebecca. Pourquoi elle pleure ? J'suis vivant.
Je me rappelle que je me suis changé en monstre. Quel con.
- Je t'ai fait peur ? lui demande-je.
- Ca va, dit-elle. Je suis heureuse.
Je m'assieds, songeant un instant qu'on est en train de produire un mauvais sitcom et qu'y manque que la musique des " Feux de l'Amour ", puis je relègue ces considérations très loin de mes préoccupations, parce que j'en ai rien à  foutre. Je cesse de réfléchir et je fais ce qu'il faut faire. Je prends Rebecca dans mes bras.
On frappe à  la porte.
Putain.
Je tourne la tête. Wilde est déjà  allé ouvrir. Mes muscles se crispent.
- On est humains ! On est humains ! hurle quelqu'un.
Ils entrent.


Dietrich et Annette s'engouffrèrent dans la pièce.
- Les brebis égarées reviennent, dirait-on ! lança Wilde, sarcastique.
Puis il aperçut Seth. Alors qu'il vacillait, bientôt imité par ses compagnons, l'adolescent détourna le regard.
- Pardon pour tout ce que j'ai fait... souffla-t-il. J'ai été libéré du virus, je ne sais comment.
- On va se trimballer un autre berserker, dit Ash. Manquait plus que ça.
- Toi aussi, tu te transformes quand tu es en colère ? s'enquit Wilde.
Seth secoua la tête.
- Pas que je sache. Et je ne veux plus jamais revivre ça.
Ash tourna nonchalamment les yeux vers le fond de la pièce et son regard s'enflamma. A son tour, Seth vit Spike et Rebecca enlacés.
Rebecca ressentit une impression de perte. Un instant, elle aperçut l'éclat blanc des dents serrées de Seth, le rictus d'Ash. Puis le premier abaissa les épaules et le second ouvrit les mains.
- Becky, écarte-toi de Ripper, fit Ash. Il est dangereux. Très dangereux.
- Tu préférerais qu'elle se jette dans tes bras à  toi, hein ? répliqua Spike.
- Toi, le mutant, la ferme !
Sur ce, la porte claqua à  nouveau. C'était Jill et Brad. Ils assistèrent à  l'échange de politesses, médusés.
- Ta gueule !
- Becky n'a rien à  foutre avec toi !
Seth restait coi tandis qu'Ash et Spike se déchaînaient, sans doute pour évacuer tout le stress accumulé ces derniers temps.
- Tu t'imagines qu'un minet de New York peut lui amener quoi que ce soit ? Retourne au lycée, crétin !
- Je vaux mieux qu'un monstre sanguinaire déguisé en humain !
Jill cligna des yeux à  l'intention de Wilde et flanqua une grande claque en pleine face de Spike, tandis que l'autre policier se chargeait de baffer Ash.
- Quand vous aurez fini votre combat de coqs, vous daignerez peut-être vous préoccuper de l'élue de votre coeur ? siffla Seth, désignant Rebecca qui avait fermé les yeux et se bouchait les oreilles.
- Assez ! cria Jill, à  bout de nerfs.
Elle leva le canon de son fusil à  pompe.
- Soit vous cessez de vous engueuler, soit je vous abats tous. Toutes les saletés du coin vont rappliquer en vous entendant. De plus, on a autre chose à  faire. Nous avons consacré bien assez de temps à  notre survie. C'est l'heure de la retraite.
- Ah ? fit Dietrich. Que suggérez-vous ? Qu'on monte dans le tram direct pour les Enfers ?
- En cherchant Brad, j'ai trouvé un plan de l'hôpital.
Jill tira l'objet de sa poche. Elle étala la carte sur le bureau.
- Ici, la pièce où nous sommes - tiens, c'était une salle de réunion ? Elle ressemble à  tout sauf à  ça... bref, là , le corridor où j'ai réussi à  débusquer Vickers. La chose rouge...
- William Birkin, coupa Annette.
- D'accord, ce William... il est apparu là . Il semble rôder partout, défoncer les plafonds, les murs et les planchers en quête de nouvelles victimes. On a beau le buter, il revient à  chaque fois. Sur mon chemin, j'ai aussi constaté que les conduits d'aération sont envahis par des espèces de plantes carnivores anthropoïdes. Inutile de songer à  s'en aller par là , on n'aura pas assez de munitions pour descendre toutes les fleurs. Je tiens aussi à  dire que j'ai trucidé William dans le coin...
Jill sortit un stylo et barra le secteur de la carte.
- S'il s'est réveillé, nous devons contourner toute cette partie du troisième étage - l'étage entier serait l'idéal, mais on passera forcément sur le troisième palier des escaliers en descendant vers le sous-sol - afin d'éviter une mort longue et douloureuse.
- Question, dit Spike. Pourquoi on doit aller en bas ?
- J'allais y venir, fit Jill. C'est notre objectif et notre porte de sortie. Les canalisations là -bas sont assez grandes pour que des gens puissent les emprunter. Nous allons rejoindre les égouts. Ca ne peut pas être pire qu'ici.
Seth secoua la tête.
- C'est ça, votre plan, Jill ? Aller nous terrer dans les souterrains ? En admettant qu'ils ne soient pas devenus le refuge principal des monstres, ça ne nous fera pas échapper à  l'attaque nucléaire que le gouvernement déclenchera tôt ou tard pour protéger les Etats-Unis de la chienlit putréfiée de Raccoon City.
- On n'y restera pas. Ca ne se voit pas sur le plan, mais après quelques kilomètres, ces égouts débouchent loin de la ville, dans Rodent River. Nous n'avons qu'à  nous laisser emporter au gré de l'eau.
Elle croisa les bras.
- Très bien. Quelqu'un n'est-il pas d'accord avec ce plan ?
- Je marche, annonça Wilde.
- C'est sombre, mais on a pas le choix, soupira Brad.
- Aucun problème, dit Spike en opinant.
- Tout gaze, se permit Dietrich.
- On s'en sortira, après tout, murmura Ash.
- En route pour les égouts, lâcha Rebecca.
- Pourquoi pas... fit Seth.
- Je refuse.
La dernière phrase était du fait d'Annette Birkin.
- Mon mari erre encore dans cet hôpital. J'ai une chance de le sauver.
- A l'heure qu'il est, votre époux doit être mort, répondit Jill.
- Non. Je suis Annette Birkin... et la chose que vous avez terrassée tout à  l'heure est mon époux, William Birkin.
Elle déglutit.
- C'est à  cause d'Umbrella. Cette fichue multinationale. Ils ont essayé de lui voler son travail, car il voulait le leur vendre - il avait monté une combine avec le commissaire Irons pour acquérir une certaine indépendance. En définitive, William s'est injecté le Virus-G. Et voilà  ce qu'il est devenu.
- Votre époux doit être mort, répéta Jill. Ces créatures perdent tout sentiment humain.
- Je sais ! rétorqua Annette. Je sais ! Mais William peut revivre.
Elle désigna Seth.
- Et c'est lui qui en est la preuve. Il a repris forme humaine, me rendant un peu d'espoir.
- La nature polyvalente de ces virus doit permettre un retour à  l'état d'origine, dit Spike. C'est ce qui m'est arrivé.
- Je n'avais pas remarqué que les zombies pouvaient guérir, railla Wilde.
- C'est un état peu enviable, confirma Annette. Les zombies, victimes du Virus-T, sont précipités dans un état de dégradation par l'absence de régénération de leur corps et une grave hémophilie. Leurs tissus cérébraux atteints, ils succombent aux bas instincts et leur perte de calories les pousse à  chercher de la nourriture n'importe où. Mais quelqu'un atteint par le Virus-G ne deviendra pas ainsi. Il rend la vie aux cellules mortes. Le corps se répare et... évolue. De manière anarchique. En tentant d'infecter les autres organismes. C'est la plus parfaite des armes biologiques. Impossible de l'anéantir, le Virus-G ne cessant de régénérer les tissus détruits.
Spike secoua la tête.
- Et alors, prof ? Qu'est-ce que ça change à  notre problème ?
- Le Virus-T et le Virus-G proviennent de la même source, bien que leurs effets soient radicalement différents. Cependant... alors que les dégâts produits par le Virus-T sont irréversibles, ceux du Virus-G... je pensais qu'ils étaient définitifs. Je le pensais.
Les yeux d'Annette se mirent à  briller.
- Tout ce que j'ai à  faire, c'est de retrouver la salle de soin 003. Tout le matériel de Rodaring est là -bas. Il doit y avoir des bases proches de la phase de maturation qui aboutit au Virus-NO !
- Et si Rodaring est là  ? fit Dietrich. En train de travailler sur l'une des surprises dont il a le secret ?
- Dans ce cas, je le tuerai. On abat bien les chiens féroces. Vous croyez qu'il est assez rapide pour éviter la chevrotine ?
Jill fit claquer la crosse de son fusil à  pompe et le braqua sur Annette.
- Suggestion refusée, madame Birkin. Votre projet n'est pas hasardeux, mais suicidaire. On vous sauvera, que vous le vouliez ou non.
La scientifique sortit son arme. Mais Spike fut plus rapide. D'un coup de poing en plein visage, il envoya le crâne à  la blonde coiffure rebondir contre une cloison. Annette s'affaissa, yeux fermés.
- C'est ton jour, ma jolie, constata Seth.




Tout ce gâchis va être réparé. La salle de soin 003 pouvait encore servir. à” mon laboratoire adoré, tu as pu m'être utile une dernière fois avant ta destruction. Mais quand les missiles s'abattront pour te réduire à  moins que des cendres, je serai loin. Grâce à  toi.
Je sors l'éprouvette de la centrifugeuse. Avec un plaisir non dissimulé, j'y appose l'étiquette " NO ".
Je dois quitter cette pièce. Trop vulnérable. Les odeurs d'Annette, de Seth, de Rebecca et de Ripper y flottent. J'ai laissé Annette à  la merci de Seth et de William, assommée contre un mur - ses chances de survie sont proches du néant. Mais les trois autres visiteurs de mon jardin secret son encore en vie et ils pourraient survenir n'importe quand. J'ai déjà  pris de grands risques pour produire cette nouvelle dose, après avoir corrigé les dernières lacunes du Virus-NO - je croyais ne pas parvenir à  éliminer les tares de la version précédente, telles que l'influence sur le mental du sujet, avant un mois, mais j'y suis arrivé en trois heures, preuve que le danger stimule - , je ne resterai pas davantage.
Je range le Virus-NO et une seringue dans une boîte qui tient de l'étui à  lunettes métallique et d'une longueur anormale. Facile à  dissimuler sous mes vêtements.
Je ne peux me l'injecter tout de suite. La solution n'est pas arrivée à  maturité. Et pour les raisons précédemment énoncées, je ne peux pas rester là .
Je place la boîte dans une poche de ma chemise, j'ôte le verrou et je repars dans ce vaste et labyrinthique hôpital. J'ai une petite envie de chasse à  l'homme, mais William Birkin rôde dans la zone. Mieux vaudrait m'assagir temporairement plutôt que de parcourir les moindres recoins du bâtiment.

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Dernière édition par Raphychou le 19 Juin 2005, 08:53, édité 1 fois.

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MessagePublié: 19 Sep 2004, 09:51 
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CHAPITRE XXI




- Y'a plus de zombies, dirait-on.
- Ca t'étonne, Seth ? fit Wilde. Avec tout ce que tu as défouraillé ?
Le groupe arriva au rez-de-chaussée.
Seth murmura :
- J'ai parlé trop vite.
Au-delà  du hall de l'hôpital, dans les rues dévastées où longtemps, bien longtemps auparavant, Ripper et les policiers avaient pourchassé Seth, une troupe de morts-vivants se rapprochait.
- Une bonne centaine, marmonna Ash. J'espère que ton plan est bon, Jill...
- Ca marchera.
- ... parce que les égouts sont notre seule chance.
Ils poussèrent la porte marquée " B Level ". Un Licker bondit et retomba, coupé en deux.
Ripper regarda sa main. Les griffes acérées s'y rétractèrent.
Non, pas Ripper, se morigéna Rebecca. Spike. Spike Williams.
Cliquètements. Un second Licker avançait en crabe dans l'escalier obscur qui plongeait au-delà  de l'ouverture. Il reçut pour sa peine une décharge de fusil à  pompe qui répandit sa cervelle sur les marches.
- Rien de plus coriace ? ricana Jill. On voit bien qu'on approche de la fin, c'est tout juste si ces machins font preuve d'un semblant de résistance !
- Vous vous améliorez au tir et vous pissez pas dans vos frocs, c'est tout, répliqua Spike. Confiance en vous et précision. Ne soyez pas trop présomptueux ou vous perdrez la tête, au sens propre.
L'équipe descendit l'escalier et, parvenue au premier palier, négligea la porte B1 - laquelle ne menait qu'au sous-sol déjà  exploré - pour poursuivre sa course. Les marches étaient maculées de sang, mais à  ce stade, cela ne leur faisait plus grand-chose.
Ils débouchèrent sur une seconde porte frappée des caractères B2. L'escalier n'allait pas plus loin. Brad, Dietrich et Rebecca se positionnèrent, parés à  tirer, tandis que Seth ouvrait la porte d'un coup de pied.
Une grande salle pleine de fumée, éclairée par une lumière orange. Des tuyaux partout. Ca ressemblait à  une fonderie, sans les cuves de métal liquide.
Aucun monstre à  l'horizon. Ils entrèrent.
La lueur enflammée était produite par le ventre rougeoyant de la grande chaudière dans un coin de la pièce. Elle approchait de la surchauffe.
Jill remarqua la porte qui, selon le plan, menait aux grandes canalisations, puis marcha vers la chaudière.
- Un petit coup de pouce, fit-elle.
Elle tourna un volant, augmentant la température.
- Qu'est-ce que tu fous ! rugit Wilde.
- Je laisse une petite surprise à  nos amis les mutants.
- Et voilà , comme d'habitude, ça va finir par une grosse explosion, maugréa Brad Vickers. Comme le manoir Spencer dans la forêt, près des monts Arklay.
- Et le centre de formation d'Umbrella où attendait Marcus, rappela Rebecca.
Dietrich pouffa.
- On m'a traité de bourrin, tout à  l'heure. Mais on dirait que les S.T.A.R.S. sont incapables de partir d'un endroit sans tout faire sauter !
Ash Tumber eut un rire. Son dernier.
Une patte comme un tronc d'arbre s'abattit et lui pulvérisa la tête avant de passer au travers de son corps, ne laissant dans la charpie que deux bras intacts. L'une des mains roses, qui paraissait encore vivante, se détendit. Le revolver d'Ash tomba.
Ting.
Une masse tomba du plafond, suivie des trois autres pattes. Tous s'écartèrent. La chose était restée accrochée sur le plafond grillagé qu'ils avaient négligé d'observer. Là  était ouverte une grande déchirure. Le reptile avait traversé plusieurs étages avant de se poster là . Il avait fait de la salle de la chaudière sa tanière.
Hunter Master cria.

Je repris conscience.
Quel était ce brouhaha tout autour de moi ? Je vis que les S.T.A.R.S. se battaient contre un quadrupède vert. Hunter Master. Une sacrée expérience, celui-là .
Je me relevai, titubante.
Tout à  leur combat, les policiers ne me remarquèrent pas. Je me souvins... ils avaient dû m'assommer parce que je voulais sauver William.
J'avisai la porte B2, donnant sur des escaliers qui montaient. Ils étaient allés au sous-sol, les couards ! Plutôt que de chercher à  sauver mon mari !
Je me précipitai là . Mais sur le seuil, je me pétrifiai.
Un colosse écarlate me surplombait.
Il n'était plus qu'une parodie génétiquement délirante du génie délirant qu'il avait été. William avait six pattes, une gueule semblable à  une fleur géante bordée de crocs s'ouvrait sur son poitrail, deux yeux gigantesques aux pupilles verticales émergeaient de chaque épaule rouge, et dans cet épiderme torturé ne nageaient plus qu'une arcade sourcilière dotée d'un sourcil blond roussâtre, un nez de statue grecque et une bouche ouverte sur un dernier hurlement. Des traits que j'avais si souvent caressé, auxquels j'avais tant rêvé.
Je m'avançai vers mon époux. Il ne fit pas un geste.
- William... je peux te sauver.
Quatre tentacules gris sortirent de son dos et fouettèrent l'air.
- William. Cet ado minable, ce Seth, est parvenu à  lutter contre la transformation. Je sais que tu ne te souviens de rien. A ce stade de ta mutation, c'est impossible.
Je déglutis.
- Cependant, je t'en conjure... laisse-moi trouver le Virus-NO. Tu seras libéré.
Un instant, je crus l'avoir convaincu.
Puis l'un de ses tentacules fila. Je l'évitai, un autre appendice s'enroula autour de mon cou et me ramena à  lui. Manquant de défaillir, je vis l'organisme de William préparer son dernier présent pour sa chère femme à  l'extrémité de l'une de ses pattes... une larve abominable.
Non. Jamais.
Je sortis mon pistolet. Les flics ne l'avaient pas pris. J'employai mes dernières forces, pendant que l'abomination me soulevait à  bout de tentacule, pour coller le canon contre ma tempe.
- De toute façon, je n'ai jamais mérité que ça, murmurai-je. Je t'ai suivi dans ce métier de merde par amour. Et quand j'ai compris ce qu'était Umbrella, c'était trop tard. Et je ne t'ai pas quitté parce que je t'aimais... j'étais prête à  concevoir n'importe quoi, même ces horreurs d'armes biologiques, pour toi...
Le titan leva sa patte, la larve se dressa au bout d'un filament gluant ; je plaçai mon doigt sur la gâchette.
- J'aurais préféré un divorce moins définitif.
Sur ces derniers mots, j'appuyai sur la détente.

Le pistolet émit un cliquetis.
Me croyant déjà  prise par le néant, je cillai.
Les S.T.A.R.S. ne m'avaient pas remis mon arme par imprudence. Ils s'étaient assurés que je ne fasse pas de bêtises avec. Il n'y avait aucune munition.
J'ouvris la bouche pour crier, crier une dernière fois, parce que je n'avais même pas droit au suicide plutôt qu'à  l'horreur qui m'attendait, et le son n'eut pas le temps de s'échapper de ma gorge, et la larve arriva entre mes lèvres, William commettait un viol buccal, et l'horreur s'engouffra dans ma bouche, et je ne pouvais pas hurler, et je devenais folle.


Jill lâcha une dernière décharge de fusil à  pompe dans l'oeil du Hunter Master, se mit à  l'abri derrière un épais tuyau et accrocha son arme à  sa ceinture.
Plus de munitions, mais il peut encore servir.
Elle tira de sa poche la solution idéale pour les situations d'urgence : le Magnum.
Il était temps. Le quadrupède verdâtre avait acculé Dietrich et Wilde dans un coin. Spike, perché sur le dos écailleux, le besognait à  coups de griffes.
Jill Valentine visa en plein flanc du Hunter Master et tira.
Plissement de naseaux.
Le monstre s'effondra.
Ils soupirèrent tous. Spike descendit du cadavre et rejoignit le groupe.
L'accalmie fut si brève qu'ils doutèrent qu'elle ait existé. Une chose rouge fit sortir de ses gonds la porte du second sous-sol et se contorsionna pour passer le chambranle. Puis elle s'accroupit et bondit. Droit sur le Hunter Master.
- Tirez ! cria Jill. Tirez !
Ses compagnons n'avaient pas attendu son ordre. Dans le déluge de tirs, leur adversaire ouvrit sa gueule circulaire et la plaqua sur le cadavre du Hunter monumental... pour commencer à  aspirer. Alors qu'il dévorait la bête, son épiderme se teinta de vert.
Les coups de feu firent empirer les choses. Des blessures de William coula un sang impur qui s'étendit à  la surface du corps dont il se nourrissait. Et la surface écailleuse se mit à  trembler.
- Ils fusionnent... murmura Seth. Le Virus-G rend la vie aux cellules mortes... les toxines se mêlent...
- Okay, fit Jill. On se barre.
Dietrich remarqua le corps d'Annette, à  côté de la porte d'où venait le titan rouge.
Tiens ? Je n'avais pas le souvenir de l'avoir laissée à  cet endroit. A-t-elle brièvement repris conscience ?
Il jeta la scientifique sur son épaule et ils partirent par la porte menant aux canalisations. Jill pivota sur le seuil, pour se retrouver face à  la pièce de la chaudière. En son centre s'élevait une créature qui, dans son atrocité assumée, dépassait toutes les autres aberrations déjà  rencontrées. Ecorché, torturé, malsain, se tordant en tous sens, l'ennemi était méconnaissable.
- Tu as bien changé, Billy, fit Jill. On se fait un duel ? Le dernier...
Dans ce foisonnement d'appendices naquirent une dizaine d'yeux montés sur des tentacules.
La jeune femme serra son Magnum.
- Comme dans les westerns. A qui dégaine le plus vite.
La créature chargea, c'était une jungle de haine roulant et évoluant, et les tentacules filèrent vers Jill à  une allure affolante. Mais elle ne perdit pas son contrôle de soi-même et envoya une balle droit dans la chaudière.
Un helianthus rougeoyant se développa jusqu'à  tout éblouir avant de faire virer la salle au blanc. L'atrocité se perdit dans une cascade de glaïeuls et de dahlias de flammes qui furent eux-mêmes avalés par un chrysanthème tubuleux flamboyant. L'explosion gagna en ardeur, anéantissant tout sur son passage.
Jill Valentine se précipita dans une enfilade de couloirs de ciment et se jeta sur une échelle qui s'enfonçait plus loin. En bas l'attendaient ses compagnons... non... ses amis. Oui, ses amis.
- Pourquoi tout a tremblé ? s'enquit Wilde.
- J'ai envoyé le professeur William Birkin rejoindre toute sa damnée clique.
- Tu l'as...
- Pas le moment de me tresser une couronne de lauriers, dit Jill sombrement. Le temps presse toujours.

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Dernière édition par Raphychou le 21 Juin 2005, 04:25, édité 1 fois.

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MessagePublié: 20 Sep 2004, 06:10 
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CHAPITRE XXII




- Elle n'est pas en forme.
Oscar Wilde envoya une grande claque à  Annette ; elle resta inerte.
- Rien à  faire. Peut-être dans le coma.
Il se tourna vers Jill. Penchée sur l'eau, elle fixait les profondeurs polluées avec insistance.
- Combien de temps avant la sortie ?
La jeune femme s'éloigna du bord du radeau.
- Demande à  notre Charon.
Oscar aborda Spike Williams.
- T'as entendu ma question, fit-il.
- On a passé le périmètre de Raccoon City, Wilde.
Comme pour appuyer le propos de Spike, l'obscurité fit place au bleu marine. Leur radeau de fortune, constitué d'un assemblage de canalisations légères et obstruées pour retenir de l'air, sortait du tunnel des égouts. Disparition des ténèbres nauséabondes au profit de la voûte céleste.
Après un soubresaut, l'embarcation se rétablit. Elle fila le long du fleuve.
- Laissons-nous entraîner par le courant, préconisa Brad. Cet affluent de Rodent River nous éloigne de Raccoon.
Rebecca et Seth rejoignirent Spike. Le jeune homme scrutait à  l'aide d'une lampe torche les moindres détails de la carte.
- On a bientôt une occasion de débarquer, leur révéla Spike. Une station d'épuration de l'eau.
- Celle qui est contiguë au parc de Raccoon ? s'enquit Rebecca.
- Oui. C'est en bordure de Raccoon City. On n'y sera pas à  l'abri. On va devoir aller vite. Sortir de l'usine, mais pas du côté urbain. Ensuite, on est près de l'orée de Raccoon Forest, mais pas trop - et surtout loin des sauvages monts Arklay. Trouvons un véhicule, ou au pire, marchons.
Le radeau portant les huit rescapés rejoignit l'ombre d'un barrage. Fixant avec appréhension les rives herbeuses du fleuve, l'équipe fit dériver l'esquif vers une échelle métallique.

- Partout. Ils sont partout.
Dietrich gratta la peinture du symbole circulaire. Le parasol rouge et blanc d'Umbrella Corporation apparaissait sur les plaques de fer verdâtre qui recouvraient les parois.
- Jill ! Je n'y crois pas... votre ville était entièrement dominée par cette multinationale ?
Dietrich secoua la tête, reprit :
- Et vous ne vous inquiétiez pas ?
- Pots de vins, corruption, propagande publicitaire, répondit Brad. Que pouvait-on faire ? Les conglomérats ont tout pouvoir de nos jours, Dietrich.
- Estimons-nous heureux que les monstres n'aient pas envahi cette usine, fit Seth. Allons. Nous devons trouver la sortie.
Un grand bruit les fit sursauter.
Ils se mirent à  courir vers son origine.

La plate-forme métallique était établie au sommet de l'usine. Une série de câbles partait d'un pylône au centre de ce support. Elle avait manifestement amené le téléphérique à  présent encastré dans un renfoncement de la plate-forme.
Spike changea l'une de ses mains en patte griffue en approchant du véhicule.
- Qui est là  ?
Il bondit sur la porte du téléphérique, puis secoua la tête. Il avait escompté quelque sordide surprise. Or l'habitacle était vide.
- C'était trop calme depuis un moment, grogna Wilde. Ca sent l'embrouille.
- Quoi que soit l'humain ou la chose qui est arrivée avec ce téléphérique... elle est allée plus vite que nous, dit Jill. Je pense que nous avons presque croisé l'intrus en question. Si nous avions rejoint cette plate-forme plus vite, nous l'aurions rencontré dans l'une des pièces que nous venons de traverser.
- Mais il s'est perdu dans l'usine de traitement de déchets, conclut Wilde. Prudence, donc.
Jill écarta Spike et s'engagea dans le téléphérique. Des fenêtres de l'engin, elle voyait un pont artisanal en cordes et en branches en contrebas. Il conduisait au parc de Raccoon.
C'était donc la direction de la ville. Quelque chose venait de les rejoindre de Raccoon City. Peut-être une créature qu'ils avaient déjà  croisé.
- On a un délégué de l'Enfer...
Brad la rejoignit. Il opina sans mot dire et désigna les câbles du téléphérique qui disparaissaient entre les immeubles au loin.
L'habitacle vibra. Jill jura et se dirigea vers la sortie. Le téléphérique se dégagea de la plate-forme et se balança en l'air.
Elle sauta.
Dans l'air, elle pensa à  son existence. La brièveté de sa vie l'effara. Naissance, enfance passée à  chaparder des bibelots. Disparition de sa mère qu'elle avait peu connu. Puis son père, voleur au casier judiciaire bien rempli, s'éloignait lui aussi d'elle. Après quelques pérégrinations, la jeune fille entrait dans l'unité paramilitaire de la police de Raccoon City : les S.T.A.R.S.
Jill Valentine sentait le vent l'envelopper. Le gouffre défilait sous ses pieds.
Elle retomba sur la plate-forme.
Le bond lui avait paru durer une éternité.
Elle avait réussi.
Jill s'écarta de son point de chute et se retourna vers le téléphérique.
- Brad ! Sors ! Cet engin repart ! Brad !
- Je le déclare... condamné.
La voix sardonique la fit sursauter. Elle la connaissait bien. Trop bien.
Jill rejoignit Seth, Spike, Wilde, Rebecca et Dietrich, ce dernier portant Annette, toujours inconsciente, sur son dos.
Nathaniel " No " Rodaring était là , perché sur le pylône d'où partaient les câbles du téléphérique. Ses longues jambes étaient plantées sur le support de l'une des poulies. Les lambeaux de son costume flottaient autour de lui.
- Te voilà , dit Spike. Je savais. Je savais que c'était toi.
- Proche de la renaissance, enfin devant vous tous.
Rodaring brandit une tronçonneuse.
- Il est l'heure pour votre ami de plonger dans le Styx.
Sans quitter son perchoir, il abaissa son arme sur les câbles. Dans un bouquet d'étincelles, métal, plastique et fibres se rompirent. Rodaring lança sa tronçonneuse endommagée dans le vent, droit vers nulle part. Les câbles se détendirent, fouettèrent l'air et disparurent dans le gouffre qui cernait l'usine.
Ils n'avaient pas besoin de se retourner pour savoir ce que signifiaient les sons atroces derrière eux. Toute l'équipe baissa la tête.
- Comme il était imprudent d'emprunter un téléphérique aussi instable... susurra Rodaring. Hélas, hélas... Brad Vickers vient de quitter la scène.
Rebecca leva son pistolet et tira. Entre ses larmes, elle vit que sa cible avait sauté, anticipant le coup de feu.
Rodaring retomba sur la plate-forme. Spike se jeta sur lui. Il évita un coup de pied.
- L'élève ne peut surpasser le maître ! lança Rodaring.
- Il est grand temps d'essayer, No.
Ils se lancèrent dans un échange de frappes effrénées.
- Belle reconnaissance que celle dont tu fais preuve !
- Eprouver de la gratitude envers toi ? rugit Spike.
- Et pourquoi pas, Ripper ? J'ai cherché à  te débarrasser des inhibitions implantées en toi par la société dès ton plus jeune âge. J'aurais dû savoir que l'endoctrinement du monde actuel reprendrait le dessus.
- Ta gueule !
Spike enchaîna trois crochets qui frappèrent juste.
- Je la connais, ta philo ! La vie est pas comme ça !
Rodaring passa un quatrième coup, soufflant :
- Si tu étais passé par autant d'épreuves que moi...
- T'as lu Descartes, de Spinoza, Pascal, Heidegger, Kant, Nietzsche, Sartre...
Chaque nom était accompagné d'un direct.
- ... mais ça ne t'a servi à  rien, No ! Tu restes campé sur des bases négatives !
Rodaring recula jusqu'à  la porte.
- Que sais-tu de moi, Ripper ? Que sais-tu de ce que j'ai traversé ? Je ne t'ai raconté que l'histoire de Trinh ! Mais c'est l'aboutissement d'un chemin de croix qui m'a porté à  croire que...
Spike " Ripper " Williams s'avança, mais ce qu'il vit le pétrifia. Son regard avait été happé par un élément insolite dans les pupilles de son ancien père spirituel. Un reflet de frayeur.
Rodaring s'immobilisa.
Seth, Jill, Wilde, Rebecca, Annette et Dietrich se figèrent, réduits au rang de spectateurs.
Spike écarquilla les yeux sans rompre le lien visuel avec Rodaring. Il avait l'impression que deux tunnels à  l'ouverture jusque-là  ténébreuse et opaque se creusaient dans les iris en face de lui. Il perçut l'affliction et la détresse de No, et celui-ci sut qu'il l'avait compris. Rodaring appréhenda enfin l'aspect horrible de sa condition, sa psychose assumée, portée en étendard, transfigurée en véritable mode de vie. Il accepta son erreur, son échec et sa damnation.
- No. Tu es une victime. Tu te prenais pour le prédateur ultime, mais tu n'as jamais cessé d'être une victime. De toi-même, avant tout.
Des larmes coulèrent des yeux de No. Ce ne fut que lorsqu'elles zébrèrent ses joues que Spike remarqua les peintures de guerre dont le visage maigre était maculé. Un maquillage indien.
Les lèvres aux commissures peinturlurées s'écartèrent.
- Merci, Ripper.
La posture de No s'affermit.
- Je ne peux plus reculer, ajouta-t-il.
Il se baissa avec souplesse. Les policiers tirèrent ; aucune balle n'atteignit son but. La porte claqua.
Jill serra les dents.
- S'il y a une sortie, c'est par là  qu'il file. C'est un cadre d'Umbrella, il doit connaître cet endroit. Rodaring ne nous échappera plus !




Ils sont à  ma poursuite.
C'est moi le traqué. Elle est bien bonne.
Has-kay-bay-nau-ntayl, être chassé ?
En chemin, je déchire les restes de mon costume. Il ne me reste plus qu'une sorte de pagne fait de mon slip et de lambeaux noirs retenus par ma ceinture.
Une bête immonde me barre le chemin. Drain Deimos.
Elle frappe...
Bien tenté, je fend ce qui lui tient lieu de flanc du tranchant de la main.
Je reprends ma course. Je perçois mon environnement comme une jungle de flammes vertes. Une fournaise émeraude où je m'abîme. Mes pieds martèlent le sol en mouvement et mon sens de la vue lui superpose un plancher métallique. Tous mes moyens de perception se confondent en un tout surnaturel, une fusion psychique avec ce qui m'entoure.
Je n'aime pas cette usine. Trop carrée, cubique. On distingue la main de l'homme cherchant à  plier la nature selon des schémas angulaires. Pourtant, plus ils épurent, plus ils arrondissent, se rapprochant de quelque chose d'organique. Un jour, ils comprendront que la nature est la perfection.
J'arrive à  la sortie.

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Dernière édition par Raphychou le 21 Juin 2005, 04:33, édité 1 fois.

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MessagePublié: 21 Sep 2004, 04:54 
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CHAPITRE XXIII




Adossé à  la porte de sortie, je perçois les choses autrement.
Je parcours du regard l'entrepôt de l'usine. Vaste et sombre...
Les plans du bâtiment effleurent la surface de mon esprit. J'appréhende à  présent toutes choses d'une manière impossible à  étaler à  " plat " en trois dimensions. Je possède bien plus de plans de perception et la vision humaine m'apparaît plus superficielle qu'une représentation bidimensionnelle de la réalité.
Je me sens autre. En comprenant que je suis un être grotesque et pitoyable, que j'ai toujours méconnu la vie, que mon statut de " prédateur suprême " n'était en fait que la déchéance d'un être complexe, subtil, sensible au niveau d'une machine à  tuer primaire, j'ai atteint un nouveau statut.
En écho à  ce mode de perception surnaturel, je rejoins quelque part ce que jadis j'étais - Has-kay-bay-nau-ntayl, l'indien qui ne faisait qu'un avec la terre. Je retrouve mon être oublié, mais je suis plus que lui, tellement plus. Le résultat d'une existence vouée à  l'atrocité et pourtant si complexe.
Je songe à  l'univers et je comprends tout. Tout.
Les informations dont je dispose, cette culture immense que je souhaitais léguer à  Ripper, concordent vers quelque chose. Cette nouvelle vision du monde m'a permis de compléter le puzzle. Tout entre en corrélation. Je vois la voie de la rédemption s'ouvrir devant moi, non seulement pour mon être, mais pour chacun de mes semblables. Les affres de l'existence mettent leurs secrets à  découvert. La structure de l'espace et du temps, l'origine et le destin de l'univers, les liens entre les êtres, tout cela constitue un tout prodigieux qui pourra être contrôlé...
Et le Virus-NO est la clé de ce chemin, la voie de la rédemption.
Je ne voyais mon enfant, fruit du génie génétique, que comme un moyen de gagner en puissance pour tuer plus vite et échapper enfin à  cette enveloppe humaine certes robuste et efficace, mais si faible d'un point de vue absolu. A présent, je comprends quel rôle pourrait jouer le virus.
Est-il prêt ? Je regarde ma montre. Oui, la solution est arrivée à  maturité.
Le Virus-NO sera l'instrument de ma transfiguration.
Pourquoi fuir ?
Je verrouille la grande porte de l'usine.
Quelqu'un me parle en Viêt-namien.
- Tu fuis bien souvent pour un grand prédateur. N'est-il pas enfin temps d'affronter tes frayeurs ?
Trinh. Mort depuis longtemps, mais vivant en moi.
Mon trépas ne serait pas suffisant pour expier mes meurtres. Mes victimes me poursuivront toujours.
Le Virus-NO.


- C'est trop sombre...
Seth tâtonna à  droite, dans l'obscurité, et finit par trouver un interrupteur.
Des néons illuminèrent l'entrepôt.
A l'extrémité de la salle, trente mètres plus loin, un homme était appuyé contre la grande porte. Dans cet éclairage éblouissant, il ressemblait à  un Indien parti à  la guerre.
- On ne va pas le laisser fuir, siffla Jill. Pas cette fois.
Wilde tira en direction de Rodaring. La déflagration le rata complètement.
- Vous ne voulez pas faire la paix ? clama leur adversaire.
Spike fut saisi d'un rire.
Le groupe s'immobilisa au centre de l'entrepôt, à  quinze mètres de l'ennemi.
- Je suppose qu'il le faut, lança Rodaring. J'ai de grands projets. Je ne peux vous laisser me détruire.
Jill acquiesça, tira son Magnum Python de la ceinture. Elle soupesa le pistolet. Une chose dévastatrice qui ferait très bien l'affaire pour faire goûter le terreau à  la personne qui y avait envoyé tant de gens.
- Non, fit Spike. C'est à  moi de le faire. C'est moi qu'il a entraîné au pire...
- Que viens-tu chercher là  ? railla son ancien mentor.
- Ma rédemption, Rodaring.
Jill remit l'arme au jeune homme blond.
- Tu ne m'appelles plus No ?
- Je te renie. Et je te considère comme l'instrument de ma damnation.
Nathaniel " No " Rodaring Has-kay-bay-nau-ntayl ricana.
- Ripper, Ripper, Ripper... tu ne comprends donc pas que tu m'emploies comme excuse ?
Il fit un pas en avant.
Spike Williams tira.
Rodaring fut saisi d'un soubresaut. L'une de ses rotules avait été pulvérisée.
- Des tas de soldats sont jetés sur les champs de bataille, reprit-il. Ils pourraient se serrer la main, mais ils décident de tuer. Parce qu'ils sont payés pour ça, mais surtout parce qu'ils oublient le sens du meurtre.
Il se mit à  boiter.
Spike Williams tira.
Seconde secousse. Rodaring tomba à  genoux - genoux qui n'étaient plus que charpie mêlée d'os.
- Occire quelqu'un, supprimer sa conscience, sa mémoire, son corps, plonger dans le chagrin tout son entourage, souiller la terre de son lugubre sang. Anéantir d'une seule balle son passé, son présent et son avenir. Tu le ferais ?
Spike Williams tira.
- Tais-toi ! rugit Spike.
Williams tira.
- Tais-toi !
Tira.
- Tais-toi ! Tais-toi ! Tais-toi !
Tira, tira, tira.
Rodaring hoqueta. Sa cage thoracique était déchiquetée. A l'emplacement du coeur, une balle avait perforé chair, organe et os de part en part.
L'homme parvint à  sourire. Cela plia ses peintures de guerre faciales en un motif évoquant une araignée.
- Encore vaillant et toutes mes dents. Cela te réjouit-il, Ripper ?
L'expression de Spike devint terrifiante. En le voyant, Seth, Jill, Wilde, Rebecca et Dietrich esquissèrent un recul.
- Mon... nom... n'est... pas... Ripper !
Il fonça, franchit les quinze mètres et poussa Rodaring contre le mur d'un coup de main soudain changée en patte griffue. Le torse déjà  malmené de l'homme se disloqua.
Spike cria et appliqua le canon du Magnum contre la tempe de Rodaring.
- Je m'appelle Spike !
Quand l'arme claqua, les yeux et les tempes furent vaporisés, matérialisant un cône de débris et de jets de sang de l'autre côté du crâne. Le sang aspergea Spike.
Sous la tête défoncée, la mâchoire inférieure cliqueta.
- Ca aurait marché ailleurs... mais à  Raccoon City, les morts ne sont plus ce qu'ils étaient, Ripper !
- Toi ? Toi... un monstre ? Comme Seth ? Comme moi ?
- Comme toi. Je suis ton image, Ripper, un avenir possible. Ce que tu serais devenu si tu m'avais suivi. La guerre crée des monstres et elle a forgé le croque-mitaine No Rodaring. J'aurais pu en faire une dynastie !
Les restes de la tête rirent sous les flots de sang.
Ripper recula.
- Connaissez-vous votre chance de pouvoir admirer la version optimisée du Virus-NO ? Je me le suis injecté juste avant que vous arriviez et il fait déjà  merveille. Exempt de tous les défauts du précédent virus ! Je ne risque pas de devenir un ersatz de William Birkin rongé par le Virus-G, à  l'opposé de votre ami...
Spike jeta un regard en arrière, vers Seth. Il était resté avec ses amis, plantés au centre de l'entrepôt.
- Rejoins vite tes camarades, petit garçon. Car Has-kay-bay-nau-ntayl ne joue plus.
Le corps de Rodaring cessa de parler et se détendit.
Spike avança une main prudente et prit son pouls. Mort.
Le cadavre craqua et s'effondra.
- D'accord, dit Spike. Erreur dans ta formule. Ou je t'ai tué trop vite. Echec et mat.
Il fit signe au groupe de le rejoindre.
- Résistant, le bougre, fit Wilde.
Gémissement.
Un instant, ils crurent que Rodaring revenait d'entre les morts. Toutes les armes se pointèrent sur le corps. Mais la dépouille mutilée n'était plus animée.
Ralph Dietrich remarqua les membres tremblants de son fardeau et le posa à  terre. La femme blonde hoqueta.
Jill tourna la tête vers Rebecca.
- Agent Chambers, manoeuvres de secourisme.
Rebecca fit quelques pas, se pencha sur la malade allongée. Annette respirait fort. La jeune recrue du S.T.A.R.S. écarta les mâchoires de sa patiente par la force des choses et se courba pour le bouche-à -bouche. Des exhalations pestilentielles la firent reculer.
- Son haleine sent le tombereau d'ordures, gémit Rebecca. Qu'est-ce qu'elle a bien pu manger ?
Sur ce, Annette Birkin ouvrit les yeux. Les pupilles étaient vitreuses.
- Will... iam...
Rebecca leva les yeux vers Spike.
- Elle t'appelle.
- Non. Moi, c'est Williams, avec un " s " à  la fin.
- Mon mari, reprit Annette. William...
Le groupe se rassembla autour de la malade.
A quelques mètres de là , le corps de Rodaring se désagrégeait.
- Je suis là  pour vous protéger, fit Dietrich à  Annette. C'est le moins que je puisse faire pour expier.
- Idiot... les crimes que tu as pu commettre, ils sont déjà  pardonnés... ne me protège pas.
Annette serra les dents ; son visage reprit des couleurs.
- J'ai une larve dans le ventre. Elle colonise mon organisme en pillant mes réserves de calories pour accroître son rythme de développement. Elle répand le Virus-G dans toutes les cellules qu'elle touche. La contamination sera bientôt totale.
Annette s'agrippa aux vêtements de Rebecca.
- Moi et l'enfant de William... nous ne ferons plus qu'un. Ce que William a raté avec Seth et Spike, il l'a réussi pour moi. ADN compatible, pas de virus antagoniste pour que les deux toxines s'anéantissent. Je serai bientôt votre ennemie.
Tous s'écartèrent.
Wilde présenta son arme à  la cantonade.
- On sait tous ce qui doit être fait.
Il visa Annette.
Seth, voyant la scientifique mise en joue par Oscar Wilde, la comprit petite, frêle, prête à  être emportée par une brise. Un amas de brindilles drapé d'un mouchoir blanc.
Wilde ne tira jamais. Un son humide, répugnant, donna à  tous la chair de poule.

Ils se tournèrent vers la source du bruit. L'emplacement du cadavre de Rodaring. Il n'y avait plus de corps. Rien qu'une grande flaque de liquide rouge qui allait en s'étendant. Des veinules roses palpitaient dans la substance gluante, se dissipaient, se reformaient ailleurs.
Spike poussa un juron londonien.
Le fluide s'envola vers lui, parcourant l'air en mille tentacules liquides, propulsé par quelque influx nerveux. Spike s'était déjà  retourné pour commencer à  courir. La solution sanglante s'abattit sur le sol, manquant de l'éclabousser - mais il savait qu'il ne le fallait pas, qu'il ne devait pas entrer en contact avec cette chose.
Ils s'éloignèrent le plus possible de la flaque qui se concentrait à  présent, comme si le processus de fonte d'un bonhomme de neige avait été inversé. Une silhouette rougeâtre s'érigeait dans le hangar. Une cavité naquit dans la figurine liquide qui se modelait à  l'image d'un homme.
- Seule ma psyché permettait cette symbiose avec le Virus-NO, balbutia l'effigie. J'ai abandonné une structure corporelle fixe pour devenir un être absolu.
- Tu es plus pitoyable que jamais, proféra Spike.
- Faux, Ripper. Je l'étais avant. Humain, tentant d'atteindre le stade de prédateur ultime. C'était une régression au stade animal d'un être infiniment plus subtil. Ca, c'était ridicule. Un homme essayant de se faire bête. Alors que j'avais la conscience, la connaissance, la richesse, la musculature, des sens surdéveloppés, une osmose avec la nature, je me suis ravalé au rang de tueur en série. Consciemment, m'enfonçant dans mon erreur.
Jill ricana.
- Tu crois que c'est mieux ? Comme ça ? Renier ton humanité... pour être un chewing-gum rouge ?
- Un être protéiforme a le contrôle ultime, dit la chose. Vous avez devant vous un No sublimé.
- Je ne vois qu'un protoplasme carnivore. Tu es plus bas que jamais. Une paramécie géante, c'est ça, ta conception de l'existence absolue ?
La statue écarlate fronça ses semblants d'arcades sourcilières.
- Je peux être tout. Tout. C'est une réincarnation perpétuelle.
Les humains reculèrent ; leurs armes cliquetèrent.
- Je ne sais pas comment tuer du sirop de fraise conscient, déclara Seth. Mais on va y arriver. On doit y arriver.
La masse en constante réorganisation vacilla, éclata, se rassembla.
Et No laissa échapper d'entre ses tentacules un chant, des sons graves jamais entendus sur cette planète. Les harmoniques de sa voix submergèrent les tympans de l'équipe. Cette chanson contait toutes les erreurs de No, son évolution spirituelle, sa répulsion de son état antérieur, la conscience de la place qu'il occupait dans le grand ordre des choses, comme chaque élément sur cette Terre, comme chaque existence de cet univers.
Resserrant ses doigts sur ses armes, Seth fut le premier à  voir des étincelles vertes éclore sur le sol. Il crut devenir fou. Mais en croisant le regard de ses compagnons, il vit les prémices d'un trouble identique.
- Vous quittez les valeurs concrètes, proféra No.
Il acheva son chant sur une note qui parut trouver son écho dans une explosion de lumière autour d'eux, une symphonie visuelle.
- Nos yeux nous trompent ! s'exclama Dietrich.
Seth vit un arc d'énergie traverser son bras... et ne le sentit pas. Il comprit que rien de tout cela n'était réel, qu'en quelque sorte, ils étaient tombés sous l'influence psychique de No. Ils voyaient le monde comme il l'admirait à  présent. Il leur faisait partager le goût du maelström perpétuel de flux d'énergie entremêlés, une cathédrale de flammes vertes prenant toute son ampleur autour d'eux. Les arabesques ardentes mêlaient la géhenne, l'écriture, les symboles cabalistiques, les tableaux, l'architecture en un tout harmonieux, d'où se dégageait l'expression de la structure de l'univers.
- Bienvenue dans l'intangible...
Puis le vert vira au brun, tandis que l'environnement psychédélique était perturbé.
Dietrich se tourna vers ses compagnons, la splendeur insolite du monde astral ne cessant de se déployer plus loin avec davantage de complexité autour de lui.
- Ce truc de shaman va sonner notre glas... on doit se battre !
Acquiesçant, Wilde mit No en joue. Un coup, deux coups, trois coups. Des éclaboussures naquirent dans la chose avant de disparaître.
- Ce n'est pas comme ça qu'on l'aura ! fit Jill.
L'adversaire, devenu un quadrupède cramoisi, galopa jusqu'à  Wilde. Voyant la chose venir, ce dernier se mit à  courir. Le monstre bondit. Il avait présumé de sa victoire ; Wilde fonça en sens inverse et l'être massif passa au-dessus de lui. Il atterrit sur quatre pattes comme des troncs d'arbres et fouetta l'air de ses tentacules.
Wilde reprit sa course, mettant la plus grande distance possible entre lui et la chose, pendant que ses amis canardaient. Des étincelles ocres filaient autour de lui.
La bête s'ouvrit comme une gigantesque cage thoracique putréfiée. Un essaim d'abeilles rouges en sortit pour fondre sur la proie actuelle. Wilde hurla quand les parcelles de la chose le rattrapèrent, se refermèrent sur lui en sarcophage sanglant avant de s'introduire dans son nez, dans sa bouche, dans ses oreilles, à  travers tous ses orifices pour le dépecer de l'intérieur, et que de son épiderme, par mille plaies, le Virus-NO était injecté. Ses cellules furent colonisées à  grande vitesse. Un appendice buccal anéantit son cerveau pour éviter que la conscience de Wilde ne soit intégrée à  l'organisme.
Seth pensa trop tard à  achever Wilde. Quand il tira, l'agglomérat rouge se scinda en une myriade d'araignées qui galopèrent vers lui. Il ne restait plus rien de leur ancien compagnon - ou plutôt, il était intégré au protoplasme.
- Dietrich ! Rebecca !
Jill leva une main.
- A mon signal...
Ils opinèrent et visèrent l'atrocité.
Seth voyait sa mort survenir.
Dietrich, Jill et Rebecca tirèrent de concert. L'être protéiforme fut rejeté en arrière comme un brisant fracassé par un récif. La masse se réorganisa, mais de nouveaux coups de feu la ramenèrent à  un état instable.
- C'est comme essayer de fusiller une rivière, constata Seth.
- Même mes mines ne font pas d'effet... souffla Dietrich.
- Il doit y avoir un moyen de détruire cette... chose, affirma Rebecca.
- Le... le Virus-NO...
C'était la voix d'Annette, assise, livide.
- Il faut... utiliser... le... contraste. Deux virus ennemis nés du Precursor s'annulent...
Spike adopta une moue qui avait quelque chose de cockney et dit, en détachant chaque mot, dans un anglais digne d'Oxford :
- Eh bien, je crois que c'est mon heure de gloire.

Il prit une inspiration. Une fois de plus, le jeune homme sentit ses forces lui échapper. Il avait faim, extrêmement faim, mais il devait prendre à  nouveau cette forme consommatrice de maintes calories.
Ses vêtements se déchirèrent sous la pression d'un corps en pleine extension. Une fois de plus, sa peau jaunit, ses membres s'allongèrent jusqu'à  évoquer de longues et maigres pattes d'araignée. Le corps de l'être cessa de grandir ; ses articulations cliquetèrent lorsqu'il fit face à  l'abomination rouge.
No parut se réjouir de la transformation. Le décor changea une fois de plus, les flammes brunes virèrent au rouge avant de s'estomper, les laissant tous sur un plateau rocheux au coeur d'un paysage qui n'était que conflit. La lave rugissait au contact des eaux furieuses. De partout s'élevait la fumée. C'était la Terre primordiale, avant l'apparition de la vie, avant même que la Pangée n'émerge.
Dès la charge du monstre, la course de Ripper, Rebecca comprit qu'il employait la mauvaise technique. Peut-être en avait-il conscience et se jetait-il dans ce dernier combat pour échapper à  cette survie qui lui paraissait de plus en plus vaine à  chaque instant. La masse rouge se divisa en deux silhouettes squameuses qui s'écartèrent sur le passage de Ripper.
No avait trompé son adversaire comme un torero.
La chose cramoisie riposta sans attendre à  la charge manquée, assenant à  Ripper un coup d'un membre évoquant autant une masse d'armes qu'un fouet. La créature arachnide tomba sur le flanc, une large plaie ouverte entre ses côtes.
L'abomination rouge laissa filtrer quelque chose qui ressemblait à  un rire.
- Tu ne mérites pas cette capacité de transformation octroyée par le Virus-G.
Un appendice projeta une goutte de la chose protéiforme dans la blessure.

Serrant follement son arme inutile, Jill vit du coin de l'oeil que Seth, tentant de faire abstraction du combat, brisait le verrou de la porte de l'entrepôt. Les deux battants étaient une fausse note, une enclave de la réalité dans le délire visuel. On ne voyait même pas le mur où ils étaient fixés ; ils semblaient se dresser dans l'air devant des flots de lave.
L'attention de la jeune femme revint à  No et Ripper quand un cri humain retentit.
L'organisme de Spike Williams se tordait sur le sol, en proie à  une lutte violente.
Jill songea à  la bataille qui devait faire rage dans ce corps entre le Virus-G et le Virus-NO, l'improbable conflit qui laisserait les organes épuisés, l'être brisé. Des choses se rompaient au rythme des spasmes de Spike. Pas tant des éléments de son anatomie que la résistance à  la douleur qu'il avait développé au fil des années, ses dernières velléités de combat.
- Reviens à  ton moi initial... persifla la chose rouge.
Seth donna un coup de pied dans la porte.
Claquement.
- On peut y aller ! s'exclama Seth.
C'était compter sans No.
Il bondit au plafond, grand être vermiforme, serpenta à  grande vitesse et atterrit devant Seth.

Il est trop près. Je pourrai jamais filer.
Je tire et j'exécute un saut en arrière.
Ma gorge est sèche.
Trop près, il est trop près.
Je tire encore, sans aucun effet.
Douleur au thorax.
Baissant les yeux, je vois qu'un tentacule gluant m'a perforé le tronc.
Tout devient froid... si froid, si sombre.
Je tourne la tête. J'ai l'impression de me déplacer dans de la gelée. Je sens plus mon torse. Je suis foutu. Il m'a touché, c'est suffisant. Un simple effleurement et c'est la fin.
Mon regard croise celui de la brunette.
Désespéré, je lui souris. Merci, Rebecca. Merci de m'avoir fait croire au bonheur, un petit moment.
Pourquoi ça dure aussi longtemps ? No me dévore. Je meurs...
Ben, ça doit être la perception du temps. Et puis je ne souffre pas, là . Plus de douleur. J'en avais avant. Pourquoi ça s'arrête ? Pourquoi tout est froid ?
Rebecca a le souffle coupé. Moi, je pleure. Je pense à  ma famille, à  mon passé, à  ma psychose et à  Ripper. A tout le monde.
Je parviens à  ouvrir la bouche alors que le protoplasme rouge recouvre mon visage et y pénètre.
- Prends soin de toi. Je t'aime.


Une explosion pulvérisa la carcasse pantelante de Seth.
No, rejeté en arrière, se rassembla.
Ralph Dietrich survint à  grands pas.
- J'avais raison d'économiser mes grenades thermiques...
Il s'arrêta et balança sa seconde grenade. La déflagration orangée réduisit No à  l'état de grands arcs de liquide rouge.
Lorsque Dietrich passa à  côté d'Annette Birkin, il ne remarqua pas qu'elle se relevait.
Autour d'eux, dans des cascades de lumière verte, la Terre préhistorique laissa la place à  une cité humaine. Les gratte-ciels étaient communs, mais Dietrich était convaincu que jamais de tels bâtiments n'avaient été érigés en bordure de Raccoon City... et encore moins détruits. Car la ville qui les entourait, cette illusion sinistre, n'était plus que décombres.
Etait-ce l'avenir ? La disparition de la civilisation humaine ?
Il ne prit pas le temps de réfléchir à  cela, n'ayant d'yeux que pour la flaque rouge. No se reconstituait. Dietrich fut abasourdi de la rapidité avec laquelle lui-même s'habituait au concept d'environnement visuellement protéiforme. L'entrepôt existait toujours, quelque part, c'était son sol qu'il sentait sous ses pieds, mais il était mystifié.
Il ne lui restait plus qu'une mine. La chose approchait.
Dietrich comprit que s'il tirait maintenant, le coup aurait peu d'impact. Il devait attendre que No soit tout proche, afin que la déflagration consume le maximum de sa substance. A défaut de lance-flammes, ils pouvaient compter sur les explosions pour neutraliser des portions de l'être.
D'un doigt moite, il tapota sa gâchette.
Si l'ennemi était plus rapide que lui, il l'absorberait avant qu'il ne puisse tirer.
No bondit.
Dietrich pressa la détente, un projectile partit dans une fleur de fumée, la mine explosa, il fut ébloui et assourdi.
Spike, Jill, Rebecca et Dietrich lui-même crurent que tout était fini.
Puis le décor se modifia une fois de plus. La ville en ruines céda la place à  d'autres édifices, des architectures qui n'avaient jamais existé et n'existeraient jamais en ce monde. Ces bâtiments n'appartenaient pas à  la Terre. Entre les colonnades cyclopéennes que devait avoir jadis parcouru quelque peuple incompréhensible et lovecraftien, les restes de No apparurent, prenant la forme d'une sorte d'insecte de taille humaine.
- On ne peut le brûler, fit Jill. C'est terminé.
Rebecca confia son arme à  Jill et rejoignit Spike. Il ne portait aucune trace d'ecchymoses, nulle scarification. Le contact avec le Virus-NO avait anéanti les résidus du Virus-G laissé par William Birkin en Spike Williams. Elle avait devant elle un être humain normal, à  peine toussotant.
- Relève-toi, fit-elle.
- Ca ne sert à  rien. Il nous rattrapera.
- Spike ! Seul un imbécile croit prédire l'avenir !
- A si brève échéance, il est inévitable. No nous dévorera.
No avançait lentement vers les quatre humains, les derniers restes du groupe. Jill et Dietrich tiraient, en pure perte. L'effet de chaque impact se dissipait chez la chose rouge.
- Spike ! Lève-toi !
- Rebecca. Nous sommes condamnés.
- Je ne crois pas au destin ! On construit soi-même son propre futur. Si tu te laisses porter par les événements, tu es un lâche. Décide par toi-même, Spike !
L'homme blond ferma le poing.
Spike déglutit et se releva... pour voir Annette Birkin qui titubait.
- Umbrella... m'a... volé... ma vie...
Le thorax d'Annette tressautait. La larve de William se développait toujours, l'empoisonnant, tentant de faire muter le corps à  vive allure pour se fondre en elle.
Les pas d'Annette l'amenèrent à  dépasser les humains pour avancer vers No. La chose rouge s'était immobilisée, percevant les symptômes.
- N'approche pas, siffla No.
Il cracha un jet de venin qu'Annette esquiva. La vigueur de la malade était certainement provoquée par le Virus-G. Elle n'en avait pas moins le teint maladif et les gestes hésitants.
- Nathaniel Rodaring... pour moi et mon mari...
Annette hoqueta.
- ... que cesse... la... folie...
No avança, levant des griffes acérées, Annette puisa dans ses dernières forces pour se précipiter entre les pattes du monstre, l'un de ses bras fut arraché, deux tentacules l'embrochèrent, mais elle atteignit le tronc de la forme en perpétuel remodelage en un cri.
No hurla.
La tête d'Annette rebondit au sol de l'étrange cité... qui n'était plus une cité. Tout se brouillait tandis que l'emprise psychique de leur ennemi se dissipait.
L'entrelacs mystique de flammes vertes apparut, des faisceaux lumineux filant vers la chose qui se rétractait, en proie au conflit des virus. Plus question d'échappatoire pour l'abomination.
Un instant, il y eut les étoiles, l'univers éternel.
Quelque chose s'acheva, l'entrepôt de l'usine chimique d'Umbrella Corporation, en bordure de Raccoon City, réapparut enfin.
La bataille était terminée.
No était tombé.

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Dernière édition par Raphychou le 21 Juin 2005, 04:53, édité 1 fois.

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MessagePublié: 21 Sep 2004, 19:49 
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Pamplemousse Panchromatique
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CHAPITRE XXIV




2003.
Angleterre.
Londres.
Eglise.


- J'ai parfois du mal à  croire que j'ai bien vécu tout ça... comme si ma vie s'était arrêtée à  la minute où la jeune Rebecca Chambers est venue me sortir de ma cellule. En fait, il est plus que sûr que ça a été le jour de ma naissance, une troisième fois. La première a eu lieu dans ce quartier, à  quelques centaines de mètres d'ici, quelque part entre deux rues sordides. La deuxième a été mon adoption par cet homme, Nathaniel Rodaring. Finalement, c'était plus une mort qu'une naissance... une descente aux Enfers, dans le plus pur sens du terme. Vous savez, je ne suis pas quelqu'un de très bien. J'ai tué des gens, souvent. Pas pour me défendre, non, juste pour le plaisir de tuer. J'ai compris maintenant que ce plaisir, je ne le ressentais pas, on m'a conditionné pour me le faire croire... en définitif, je suis toujours ce bon sang de petit garçon qui fait tout pour chercher la reconnaissance de ses pairs... ou pères... enfin bon... Jill Valentine a tué William Birkin, comment ? Je vais peut-être vous le dire, mais pas tout de suite, j'ai encore pas mal de trucs à  confesser. Nathan Rodaring s'en est sorti... comme moi, comme toujours... bien sûr... c'était si logique... les deux virus s'anéantissaient l'un l'autre, comme avec ce petit imbécile, Seth, je crois... mais l'homme restait intact. Je ne suis plus infecté, No Rodaring non plus. D'une certaine manière, je le déplore... en y réfléchissant bien, ce virus m'obligeait à  me contrôler, à  être un peu moins Ripper, un peu plus Spike car la moindre perte de contrôle entraînait le Mal... vous ne savez pas ce que c'est que le Mal... le Mal Absolu, je veux dire... vous avez bien des tableaux le représentant, comme " Le Jugement Dernier ", là , de Rogier Van Der Weyden... oui, je le connais, j'ai une grande culture, No m'a élevé dans ce sens, je n'ai jamais compris pourquoi... je n'ai jamais posé de question, je m'en foutais. Je digresse... pour en revenir à  cette histoire, je l'ai laissée partir... vous ne demandez pas qui ? Bien sûr, votre rôle n'est pas de poser des questions, ne pas presser les gens, les mettre à  l'aise... mais le silence ne met personne à  l'aise, vous savez... je digresse encore. Rebecca. C'est elle que j'ai laissé partir, avec les types qui ont réussi à  s'en sortir, grâce au mercenaire, ce mec est extraordinaire, je croyais que je pouvais tout savoir d'un mec au bout de cinq minutes, comme me l'avait appris Rodaring, mais en fait, tout ça, c'est que du flan. Il les a sauvés... mais ce n'est pas un héros, les héros sont ceux qui se battent pour une cause qu'ils ne verraient jamais accomplie, or il est vivant donc ça n'en est pas un. Par contre, pour eux, je suis un héros. Je hais cette putain d'idée... peut-être pas, mais que voulez-vous, j'ai une réputation à  tenir. En tout cas, je pensais sincèrement que j'allais mourir avec Rodaring. Je n'ai pas voulu me sacrifier pour les flics, et surtout Rebecca, parce que je les aimais, je l'ai fait parce qu'ils ne m'aimaient pas. Et un peu pour me racheter... vous savez, " me repentir avant de mourir "... notez que je n'y crois pas... à  la rédemption, au bonheur, au Paradis... comment pourrais-je y croire, moi qui ait côtoyé le Diable ? Je deviens pitoyable, là ... bon sang, qu'on ne me dise plus que je suis pas très bavard après tout ça... alors, mon père, quelle est ma divine punition ?
- Mon fils, ce n'est pas à  moi de vous juger, je n'en ai pas le droit, seul le Seigneur le peut. Mais Il est aussi capable de pardonner, à  un degré immense...
- Comment pourrait-il me pardonner alors que, moi-même, j'en suis incapable ?
- Ayez confiance, gardez la Foi, Elle seule vous sauvera.
Spike " Ripper " Williams renifla, sortit du confessionnal et se dirigea d'un pas moins lourd vers la sortie de l'église, le sourire aux lèvres. Il avait envie d'une cigarette...




2003.
Etats-Unis, Californie.
Newport Beach.
Cimetière.


La plaque de marbre du mausolée portait plus de lignes que certains monuments en mémoire des victimes de guerre.


A ces cent mille anonymes défunts qui erraient dans la ville et furent anéantis.
A tous nos amis morts, à  nos pauvres familles.
Et à  ceux qui luttèrent et faillirent s'en sortir.

[center]Vérasquez
Alex Krimp
David Shown
Chloé Marco
Teddy Jericho
Joseph Angel
Ash Tumber
Burnside
Brad Vickers
Oscar Wilde
Barry Burton
William Birkin
Annette Birkin
Une infirmière anonyme
Le docteur Spook
Seth Raven[/center]



Rebecca Chambers ferma les poings.
- Où est-ce qu'on va, quand on est mort ?
- Certainement pas au paradis... fit Ralph Dietrich. En tout cas, s'il existe, je ne pense pas y avoir droit.
Jill Valentine secoua la tête.
- Restons en vie, nous saurons bien assez tôt ce qu'il y a de l'autre côté. Spike vit sa vie, nous ne l'en empêcheront pas. Par contre, quelqu'un d'autre circule dont nous devons nous soucier.
- Et... il y a Umbrella Corporation, rappela Dietrich.
- Oui. Personne d'autre ne s'occupera de la société.
Jill, Rebecca et Dietrich se dirigèrent vers la sortie du cimetière. La tranquillité mélancolique propre à  cet endroit les enveloppait tout entiers. Quelque part, la mort était l'unique repos auquel chacun pouvait aspirer.




2003.
Etats-Unis, Arizona.
Réserve de White Mountains.
Au sommet d'une montagne.


- Sûr que c'est un drôle de monde, m'sieur. J'veux dire, j'fais cette connerie avec la fille - les pires histoires, y'a toujours une fille - et là , j'dois filer. C'est comme ça que j'me suis paumé ici. Et là , qui je vois ? Vous, m'sieur, sur ce rocher.
L'homme avait un visage grossier, compromis renfrogné entre un masque de caoutchouc et les traits d'un amérindien moyen.
- Qu'est-ce que vous faisiez là  ? acheva-t-il.
Son interlocuteur ne répondit pas sur-le-champ.
Le vieil homme soupira. Il était Apache jusqu'au bout des ongles, mais il avait le sentiment que l'inconnu connaissait le pays plus que lui.
D'un pas d'une élégance rare, l'individu grand et maigre marcha jusqu'au rebord du rocher. Devant lui s'ouvrait le paysage de roche rougeoyant de l'Arizona.
- C'est ici que je suis né, déclara-t-il en un souffle. En ce lieu, Has-kay-bay-nau-ntayl vint au monde.
Il cilla, poursuivit :
- " Je suis né dans les prairies, là  où le vent souffle librement et où rien n'arrête la lumière du soleil. " Connaissez-vous ces mots, vieillard ? Ils sont de Géronimo.
- L'époque des grands chefs est passée, fit le vieil homme. Ils sont partis et nous avons perdu l'espoir qu'ils nous avaient laissé. Nous croyons plus aux esprits, m'sieur. Sûr que c'est une drôle d'époque. L'Internet, tout ça. On peut plus rien prévoir.
- Vous savez, vieillard, j'ai un fort lien avec les esprits. Peut-être le plus grand shaman que l'on ait vu depuis des éons. Le soleil, l'obscurité, les vents écoutent ce que j'ai à  dire.
Le vieil Apache écarquilla les yeux.
- Et vous prévoyez quoi pour le futur ? A quoi riment ces habits de cow-boy ? Pourquoi vous cessez pas de fixer l'horizon, m'sieur ?
Il ne reçut pas de réponse.
Le grand homme maigre ajusta son chapeau à  large bords d'où dépassait une tignasse de cheveux bouclés. Ses lèvres découvrirent un rictus carnassier.
Le vieil Apache ne comprit pas le murmure du shaman maigre.
- Le monde va changer.





[center]FIN[/center]

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