Enguerran m'ayant "aimablement" fait comprendre que je ferais mieux, pour la santé de ma famille dont il connaît l'adresse, de me mettre à "Shadow of the Colossus" - jeu pour lequel j'éprouve une sympathie très relative, préférant me taper "Jak 3", les goûts et les couleurs -, je me suis décidé à empoigner la manette, et à chevaucher Epona... euh, Agro... en mangeant une pizza. J'aime mes petits cousins, je ne voudrais pas qu'il leur arrive du mal.
Et je dois avouer, j'ai apprécié. Je lui ai repassé les rênes, l'arc et l'épée de lumière (mais gardé la pizza, y'a pas à tortiller, y'a pâte à tortilla) pour quelques séquences pénibles, mais grosso modo, j'ai apprécié. Une expérience unique, très étrange dans son alchimie, qui ne prend tout son intérêt, pour le joueur peu enchanté par l'ambiance, que sur la
durée. Fab, je te recommande d'aller jusqu'à la fin, car "Shadow of the Colossus",
il y a encore du bon en lui !Delacroix a écrit:
Ce titre est décidément l'Evangelion du jeu vidéo.
Non, oh que non, je ne suis pas d'accord. Ça ne saurait être moins vrai !
"Shadow of the Colossus" n'est pas à proprement parler expérimental ni introspectif. Il est, en vérité, très classique dans la structure comme la jouabilité.
Il s'est contenté de changer quelques données.
Il fusionne la
technique pour battre le boss et le
chemin à faire pour arriver au boss, et confond également l'
ennemi et le
boss, comme l'indique si bien Fab, semblant perdre de vue que c'est là l'intérêt : tout comme "Ico" avant lui, "Shadow of the Colossus" ne nous assomme pas avec des marées d'ennemis improbables, répétitifs et semblant avoir envahi le monde entier sans pour autant gêner le moindre villageois... toutes les créatures sont justifiées et tiennent une place logique tout à la fois dans l'univers, le scénario et les mécanismes de jeu.
Il limite les armes au strict minimum (et d'ailleurs, ne va pas assez loin dans cette démarche-là , qu'on m'explique à quoi sert la main vide) et se paie le luxe d'inventer l'épée magique la plus pratique et la plus sobre qui soit.
Il fournit un accompagnement sonore tout en retenue, amplifiant d'autant l'émotion que l'on ressent à chaque thème héroïque.
Cette Å“uvre ne paraît révolutionnaire qu'en regard d'une industrie du jeu vidéo quelque peu sclérosée. Le rapport de la construction de niveaux, de la conception des combats et autres étapes, aux codes ancestraux de ce média, reste encore amplement à étudier, mais c'est tout à l'honneur de "Shadow of the Colossus" de s'affranchir un peu de certaines "obligations".
Certes, il y a des écueils : les textures qui se répètent, le flou et la pâleur qui finissent par faire mal à l'oeil, le cheval trop rétif, au point de ruer devant le moindre buisson...
Certes, il y a des errements : en particulier, j'ai bon souvenir d'un Colosse vermiforme qui n'arrête pas de s'enfouir et dans l'Å“il duquel il faut tirer tout en chevauchant sa monture au triple galop... ça aurait pu être une bonne idée, avec une autre maniabilité...
Mais on ne peut nier la beauté de l'intention, et le soin apporté à chacun des géants.