Eltanin

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 Sujet du message: Baten Kaitos
MessagePublié: 19 Fév 2006, 11:34 
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Troubadour autiste
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Inscription : 08 Avr 2005, 08:43
Message(s) : 653
Le jeu vidéo "de plus en plus une forme d'art à  part entière" indique le titre de ce forum, consacré aux plaisirs vidéoludiques. Certes. La quantité et la variété des productions actuelles peut ammener à  adhérer à  ce jugement. Mais alors pourquoi, pourquoi depuis deux ans environ, n'ai-je pas connu cette impression que j'avais éprouvé devant de nombreux, jeux, Chrono Cross ou Valkyrie Profile entre autres ? Cette sensation d'immersion totale, cette volonté assumée de se laisser surprendre par un scénario, même dans ses passages les plus convenues ? J'en étais parvenu à  la conclusion (ou plutôt à  la confirmation) que je ne suis rien d'autre qu'un abominable aigri, blasé pour avoir trop roulé ma bosse dans des univers fictifs
Eh bien, mesdames et messieurs, je me trompais.

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L'île de Sadaal Suud où commence le voyage de Kalas... Même les cartes du monde sont splendides...

J'ai découvert Baten Kaitos totalement par hasard. Il en restait un seul exemplaire sur les étagères de la FNAC, je voulais jouer à  un RPG, la boîte était jolie et, surtout, le titre me semblait intriguant. Pour info, Baten Kaitos est, à  l'instar d'Eltanin, le nom d'une étoile, située dans la constellation de Cetus, la Baleine.
Prise en main et là , première surprise, une agréable sensation de déjà -vu. Des villages colorés, des personnages aux vêtements pour le moins disparate et surtout une navigation sur la carte du monde qu'on reconnaîtrait entre mille... Je me précipite sur Internet et là , plus de doute possible : le jeu a été produit par une grande partie de l'équipe ayant travaillé sur Chrono Cross. Joie.
Reprise du jeu avec serment solennel de ne pas lacher le pad avant un long moment. L'histoire apparaît d'emblée comme des plus banales : dans des temps anciens, les hommes vaincurent un dieu maléfique, Malpercio. Le combat ravagea la Terre. A l'aide d'une puissante magie, les humains élevèrent cinq continents dans les cieux, au-dessus de nuages délétères qui recouvraient le sol, et commencèrent une nouvelle vie. Peu à  peu, ces rescapés mutèrent et se retrouvèrent dotés d'ailes leur permettant de planer sur une certaine distance. Ils développèrent également une technologie étrange, les Magnus, qui consiste à  enfermer l'essence d'un objet inanimé dans une carte, pour pouvoir restituer ledit objet à  volonté.
Le jeu commence avec la découverte de Kalas, jeune homme épris de vengeance, qui, au cours d'un voyage de routine, rencontre Xhela, une jeune fille munie d'un pendentif étrange (sic). Bon gré mal gré, Kalas se retrouve contraint de voyager avec elle... ce qui lui attire des problèmes, bien évidemment. En effet, le pendentif de Xhela appartient à  l'empereur Geldoblame, dont les projets dangereux sont liés à  des artefacts légendaires, les Magnus ultimes. Xhela s'est fait le serment de contrecarrer ses plans. Kalas va l'aider... et le joueur également.
Car, avec cette débauche d'éléments scénaristiques clichés, il faut bien une originalité qui rachète le tout. La voici : vous n'incarnez pas Kalas, le héros du jeu, mais son ange gardien, avec lequel le jeune homme peut communiquer à  volonté.

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Kalas en pleine action... Les cartes ici représentées sont celles déjà  jouées.

Ce procédé contribue à  une première immersion du joueur dans l'univers démesuré de Baten Kaitos. Démesuré est le mot. Immense est l'univers que Kalas, Xhela et leurs alliés vont parcourir. Divers et variés sont les environnements qu'ils traverseront, et énorme est l'histoire qui les oppose à  Geldoblame.
En effet, le scénario est, dans un premier temps, prétexte à  prendre connaissance du monde de Baten Kaitos, comme souvent dans les RPG. On s'aperçoit rapidement que chaque continent flottant a développé une technologie qui lui est propre, passant du pays couvert de forêts d'Anuénué à  la province sans queue ni tête de Mira, terre de l'illusion par exemple. Ce côté disparate des continents est racheté (en sus d'une explication donnée assez tard dans le jeu) par le comportement plutôt réaliste de leurs citoyens. Quand on vit dans un pays prospère et pacifique, on a une tendance à  l'euphorie qui se révèle assez vite agaçante, tandis que l'habitant d'un continent militarisé se révèlera un rien plus dépressif.
Ainsi, tout en conservant un aspect naïf (totalement assumé), Baten Kaitos se révèle, au fil du temps, bien plus mature qu'on peut le craindre au départ. L'exemple qui m'a le plus frappé est que je n'ai pas le souvenir d'un jeu qui mette en scène la découverte du cycle menstruel d'une jeune fille. Cet exemple tout ce qu'il y a de plus concret montre le soin qu'ont apporté les développeurs au caractère de leurs personnages. Les humains de conte de fée restent des humains. De la même façon, Kalas se comporte parfois en fieffé crétin, et l'attitude vertueuse de Xhela a souvent tendance à  agacer. Bref, Baten Kaitos réussit la gageure de créer un monde à  la fois exotique et convaincant, bien plus profond (et sombre) qu'il ny paraît sous des apparences de légereté.

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Certains monstres ont un aspect plutôt glauque, qui contraste pas mal avec l'aspect féérique de l'univers.

Cette esthétique semble avoir gagné jusqu'au système de jeu, très simple à  prendre en main, long à  maîtriser. Les combats de Baten Kaitos se déroulent au moyen de cartes. Rien à  voir avec Yu-Gi-Oh et consorts, la Grande Baleine m'en préserve. Comme tout dans cet univers, les armes des héros sont contenues dans des Magnus. Chaque héros possède donc son stock de Magnus (son jeu) qui varie de l'un à  l'autre : si Xhela emploit des cartes de sort magiques, Savyna, une mercenaire, utilise des Magnus contenant des griffes ou des gants tandis que Gibari le pêcheur emploit des rames.
Lorsqu'un combat débute, votre personnage tire une "main" dont le nombre de carte dépend de votre expérience. Vous devez ensuite sélectionner assez rapidement vos cartes, qui correspondrant à  autant d'attaques. Ce système permet de nombreuses subtilités : d'une part, vos cartes comportent des chiffres dans leurs coins : si vous arrivez à  aligner vos attaques selon un certain ordre (par exemple 1,2,3,4), vos dégâts (ou votre défense, car vous devez également vous protéger de vos adversaires à  l'aide de Magnus) se révèleront plus conséquents. Ceci confère beaucoup de dynamismes aux nombreux combats. Il ne servirait à  rien d'aller plus loin dans la description d'une bataille, le système étant suffisamment intuitif pour que même un joueur novice s'y retrouve.
Il n'y a donc aucune dichotomie entre scénario et batailles. J'ai rarement poussé un soupir de découragement en me rendant compte que, pour connaître la suite de l'histoire, j'allais devoir explorer un donjon remplit de créatures peu ammènes. Non seulement lesdits donjons sont relativement peu étendus, mais, d'autre part, les batailles ne m'ont jamais lassées. En sus des cartes, voir les personnages partir à  l'assaut est toujours réjouissant : leur design assez "particulier" m'a beaucoup plût et surtout diverti : non, messieurs-dames, ici nous n'avons pas de bishonen dâârk (Kalas avec sa coiffure à  la Tara King ne remplit pas vraiment le rôle), de guerrier taciturne ou de magicienne charismatique. Les héros semblent composés de bric et de broc, lancés dans l'histoire un peu par hasard, ce qui ne peut que renforcer la connivence que l'on éprouve à  leur endroit.
Et, parce qu'on a la sensation de faire partie de ce groupe qui s'adresse directement à  nous en de multiples occasions, on éprouve un plaisir dingue à  progresser, à  se battre ou tout simplement à  explorer. Ben oui, ce balader dans cet univers de conte à  l'arrière-goût un peu amère mais qui ne perd jamais sa féérie et n'oublie jamais de se ridiculiser, de façon subtile ou en recourant à  des procédés gros comme des maisons mais hilarants (et que vive le Grand Mizuti !)

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Par égard pour vous, je me suis efforcé de trouver le personnage à  l'aspect le plus banal de la fine équipe... si si je vous jure !

Bref, à  tout point de vues, Baten Kaitos m'a comblé, tout autant que Tales of Symphonia que j'ai découvert en même temps, m'a déçu. On peut se perdre sans jamais s'égarer, se prendre pour un héros sauveur du monde et même ravaler deux ou trois larmes dans certains moments magnifiquement mis en scènes.
Baten Kaitos est LE jeu qui m'a convaincu que, oui, le jeu vidéo laisse encore place au rêve, qu'il existe une voix médiane entre la xeno-attitude et la Pokégaminerie qui ne soit pas Final Fantasy, un jeu qui, tout simplement, fait se sentir bien.

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There is no room for '2' in the world of 1's and 0's, no place for 'mayhap' in a house of trues and falses,
and no 'green with envy' in a black and white world.


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MessagePublié: 19 Fév 2006, 14:26 
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"Vador. Tu dois affronter Vador."
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Inscription : 11 Mars 2005, 14:24
Message(s) : 146
Localisation : devant mon ordi
Très joli jeu oui, et le système est original.
Mon bémol personnel, ce serait qu'il y a un combat *vraiment très dur* au cours du jeu (au début du second disque), sur lequel je bloque actuellement, et qui m'a un peu refroidie et fait lâcher la chose, alors que jusque là  je m'amusais bien. Je veux bien un peu de difficulté, mais après m'être fait laminer la tronche trois fois...

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 Sujet du message:
MessagePublié: 20 Fév 2006, 13:48 
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Le Dromadaire
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Inscription : 21 Fév 2005, 14:15
Message(s) : 238
Localisation : Sub-Croatie orientale, 4ème poubelle, 7ème district, 57ème avenue.
Ce jeu est surprenant en ce qu'il se pare de tous les attributs d'une Grande production avec un budget visiblement assez "cheap" (tout en précalculé, cartes minuscules quoique jolies, une seule cinématique "pour la forme") - ce dont je n'irai pas me plaindre, si telle est la condition pour relancer l'inventivité. Il est certain que le plus petit décor est rentabilisé à  mort (le jeu entier atteint péniblement la centaine d'écrans) et que les combats s'avèrent longuets, malgré tous les efforts pour ne pas le paraître. MAIS il n'en laissera pas moins le même arrière-goût de grandiose que n'importe quelle fantaisie finale.

Côté historette (atypique également, sans quoi je n'y jouerais même pas), la niaiserie crasse du scénario n'a d'égale que la force de caractère des personnages. Contraste surprenant : entre des clichés à  la frontière du parodique (sans pour autant être assumés) et des coups de théâtre d'une crétinerie rafraîchissante (je pense notamment au retournement de "...", qui passe brutalement de Vengeur vertueux en fourbe égocentrique à  la voix de fausset et au ricanement facile (notemment... lorsque l'écran se rétrécit autour de lui façon "cartoon" - à  suffoquer)), on côtoie cependant des archétypes transcendés de héros gnan-gnan. On s'éloigne soigneusement des sentier battus tant pour les comportements que pour les quêtes personnelles (voire même pour les.. voix), et l'on ne saurait traiter péjorativement quelque personnage de "tidus" ou de "tifa" (à  part peut-être, Gibari). Qu'un jeu "outsider" pose à  lui seul autant de "références" caractérielles, voilà  qui est peu commun. Et ceux qui le sont malgré tout (communs) n'en restent pas moins agréables, se gardant bien d'être agaçants (même les méchants secondaire "rabâchants", même et surtout Geldoblame, même M.. et son ricanement mélodieux). Pensée spéciale pour le sale mioche qui taxe nos héros de "larves rampantes" : on lui collerait bien une claque à  travers l'écran, à  ce petit plaisantin.

Bon. Je ne l'ai toutefois pas achevé car il m'a, pour ainsi dire, gonflé. Je disais plus haut qu'il tirait sur la ficelle pour se parer des plumes du paon, mais voilà , il a eu le mauvais goût d'en vouloir également la durée de vie. Voire bien plus. Soit, les vains rallongements scénaristiques, ça se tolère avec le sourire (ceux qui ont subit ce désagréable petit jeu qu'est Golden Sun y retrouveront cet Art de faire du sur-place dans les dialogues), mais quand le moindre combat devient une épreuve de patience, pour traverser tout au plus quelques ridicules écrans, voilà  qui a de quoi agacer les petits nerveux de mon espèce. J'ai le regret de dire que, tout compte fait, ce fameux système de combat si prometteur en innovations (allait-on enfin rompre avec l'assommante nullité du RPG classique ?) rejoint finalement le chargement de barre du FF9, que dis-je, le film ininterrompu de G-forces du FF8. Les coups ont beau être agréablement "slashants" (sans en faire trop), le concept est, hélas et comme toujours, faussement révolutionnaire. On gagne certes une part de hasard (et donc de stress) avec la pioche aléatoire (bon point), MAIS les flamboyants horizons stratégiques s'évanouissent lorsqu'on se surprend à  sauter de super-carte en super-carte, pour s'apercevoir au final qu'il y a UNE et une seule manière de jouer "optimale", tristement facile à  prendre en main. La désespérante longueur de chaque tour (bien soulignée par le petit tableau statistique) et l'absence d'attaques de groupes ou de coups "spéciaux" font que les combats s'enchaînent et s'éprouvent avec le sourire résigné du bagnard condamné à  casser du gravât.
J'ai parlé de stress, d'ailleurs, mais il ne dépasse pas l'instant, car les affrontements les plus fastidieux ne consistent qu'à  éliminer méthodiquement ses adversaires par ordre décroissant de puissance. Et on la sent, la durée de vie artificielle, avec par exemple la fameuse "Team Rocket", fichtrement bien rentabilisée au vu de son nombre d'apparitions, et qui se solde par un pitoyable double-afftontement final (doublement fastidieux) à  l'antithèse absolue de ce que je conçois du combat théâtral et grisant, tout RPGéen fût-il.

Autant dire que cette aventure serait un calvaire s'il n'y avait pas... les musiques (que vois-je ? on ne les cite pas ?), parachèvement de l'excellence de ce fol univers. Quoi de plus divin que de gambader dans un pré fleuri peuplé de moutons ailés sur fond d'un "rock prog" (c'est comme ça qu'ils disent) qui aurait pu desservir un combat final dans un autre jeu ? Il faut l'entendre pour le croire, cela n'a rien d'une gerbante mixture. J'apprécie d'ailleurs le large éventail de musiques de boss, qui dissipe la langueur des combats malgré leur répartition très douteuse (avoir attribué *cet* air-là  au gardiens élémentaux est, par exemple, une impardonnable faute de goût). Le thème de combat est à  vous faire couler le maquillage à  la première écoute, et on mettra bien du temps avant de s'en lasser (tragique fatalité).

C'est donc ainsi qu'un RPG de seconde zone peut se rendre incontournable de par la seule manière dont il est "empaqueté", au point de justifier l'achat de sa console... de seconde zone, elle aussi. Qu'on se rassure, malgré tout ce que j'ai pu médire, le foutage de gueule est bien moindre que celui d'un Drakengard (pour ne citer que lui), et le "bon" y éclipse sans mal le "mouais!". Une longue ballade dans un décor en papier-carton, mais qu'on ne regrette pas, c'est certain.

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