Eltanin

S'il est bien une série sous-exploitée, inégale et anarchique dans l'univers du jeu vidéo, c'est bien "Biohazard". D'excellents sites se sont chargés de retracer en quoi Capcom était devenu, avec cette franchise, un spécialiste des jeux avortés et des idées passées à  la trappe, je me contenterai donc de dire que l'on compte autant de bons "Resident Evil" que de mauvais, et également des épisodes très contrastés à  ce niveau. La série a dernièrement plongé droit dans l'impasse, puisque suite à  une quantité fascinante de reprises à  zéro (sans toucher 20.000 francs) du projet "Resident Evil 4", elle a non seulement opté pour l'action pure, mais également pour l'abandon de la moindre cohérence et de tout type de pessimisme science-fictionnel.

Mais en 2000, ce tournant pour la série était encore inimaginable, de même que celui qui devait donner naissance aux divers épisodes "Survivor" ou encore "Gun Survivor" : l'idée d'employer l'univers empoisonné par Umbrella Corporation dans un simple jeu de tir...





Mais qu'est-ce que... ?!



Dès les premières images, on déchante. L'épisode supposé novateur n'a rien d'un prix de beauté. Au contraire, même : la modélisation est grossière et les textures très pauvres, aboutissant à  un dénuement graphique tel qu'on n'en observait plus depuis longtemps dans les jeux Playstation, à  l'époque de sa sortie. Cet aspect involontairement dépouillé est saupoudré de fautes de goût par paquets, de l'habillement des personnages aux affiches qui décorent les murs, en passant par des décors tout bonnement absurdes (une église consacrée à  Umbrella ?!).
Les monstres ne sont pas beaucoup mieux lotis : seuls les Hunters et les Écorchés s'en sortent à  peu près bien, les autres créatures du bestiaire Mikami© sont carrées au mieux, complètement grotesques au pire, et l'unique monstre inédit, le commando gorillesque, aurait mieux fait de ne pas être rajouté...





Le mauvais goût des environnements n'a d'égal que le peu de variété des monstres qui les peuplent.



L'action prend place sur Sheena Island, une île inconnue et qui le restera (comme tous les lieux dans "Resident Evil", elle est vouée à  la destruction totale à  la fin du jeu, voyons), et le scénario, supposé égayer et justifier un jeu pauvre, pas amusant, pas défoulant, avare en arsenal comme en toutes sensations, est à  la mesure de la nullité visuelle. Pire, même. Oui, la réputation de narration indigente et de rebondissements ultra-prévus de "Survivor" n'est pas usurpée, c'est une vraie catastrophe. Le pire demeure notre brillant héros, dont l'on aura un instant cru qu'il possédait quelque chose d'intéressant avant de découvrir la terrible vérité : il aurait mieux fallu qu'il en fût bien ainsi...
Cela dit, contrairement à  d'autres épisodes plus récents ("Resident Evil Zero", "Resident Evil 4"), "Survivor" a pour lui un strict respect des postulats de l'univers Biohazard, ce qui le rend vaguement intéressant pour les connaisseurs.





William Barkin. Oui, oui. Fabulissimo.




D'autres documents sont plus plaisants à  lire.



À ce niveau, il est sympathique de découvrir quelques éléments du puzzle : l'origine des Tyrant-103, ce qu'il est advenu du sympathique Vincent Goldman mentionné dans quelques documents, ou encore les éléments forcés, récurrents, qui ont créé le genre/série avant que celui-ci n'en vienne à  méchamment s'autodétruire. Le plus sympathique de ces ingrédients attendus est bien sûr, comme toujours, le jovial Tyrant avec sa grande fourchette pour manger sans couverts, qui n'en finira pas de renaître, nous offrant d'abord une brève et magnifique vision d'un Tyrant adolescent, tout en sobriété et sveltesse de jeunesse, puis une série de mutations qui s'achèvera en un truc plus musclé qu'Arnold Schwarzenegger, une bestiole trop affreuse pour que je la montre ici. Cela dit, vous aurez une vision du stade intermédiaire :





Sans blague.



Une curiosité, vraiment, et une expérience à  faire, que ce "Resident Evil Survivor" qui mêle bizarrement mécanismes de jeu de tir et de survival-horror, qui ne se révèle pas inventif ou surprenant pour un sou, et qui parvient pourtant à  stresser, et à  faire redouter les monstres. Quelque part, c'est bien là  l'important.
Le jeu est très court, heureusement pour lui.





Matez-moi ça, les jeunes, j'ai pas perdu la main !

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