Eltanin

L'an 2000. Un jeu à  petit budget faisait parler de lui : c'était "Galerians", très inspiré de l'idée de base de "Akira" avec des enfants dotés de pouvoirs paranormaux. L'atmosphère inquiétante se dégageant de certaines images et de certains propos me persuada vite de l'acheter, et à  l'époque, ce fut une expérience atypique, je l'avoue.





Le jeu est laid. Mais alors, très laid. Toutes proportions gardées, on a rarement vu aussi laid.



Au final, "Galerians" est surtout un jeu médiocre. Remarquablement mal conçu, niveau mécanismes de jeux (difficulté inégale, gestion très désagréable des réserves de médicaments, énigmes absurdes et frustrantes, passages vides de tout sens où l'on se contente d'errer en attendant qu'une scène particulière se déclenche), il peine à  procurer un plaisir véritable : on peut trouver une certaine jouissance dans l'utilisation de pouvoirs télékinésiques qu'on "ressent" bien, mais rien d'autres. Les combats sont répétitifs au possible, se limitant à  fuir les attaques ennemies et à  balancer la sauce, les décors réussissent l'exploit d'être tout à  la fois étroits et terriblement vides, et, de manière générale, la partie traîne en longueur... pourtant, le jeu est plutôt court, au final. Mais à  de multiples reprises, on s'égare, on tourne en rond, sans avoir compris qu'après avoir observé le cadavre dans le placard à  balais, c'était dans la chambre du plombier qu'il fallait aller (exemple véridique).





L'oeuvre a pour elle un splendide travail de recherche graphique à  tous les niveaux (décors, personnages, ennemis), auquel le rendu visuel final, décrié plus haut, ne rend clairement pas justice. Heureusement qu'il y a les cinématiques...



Le jeu ne vaut vraiment, au final, que pour l'amusante idée des médicaments - ce n'est pas tous les jours qu'on incarne un drogué ! -, les crises de berserk associant avec talent l'éprouvant et le dévastateur, et surtout un univers, une ambiance, un scénario qui valent le détour. "Galerians" nous présente une galerie de personnages malheureux, généralement voués à  mourir dans le grand bain de sang qu'est la progression de Rion, et toute son intrigue est une excellente synthèse de décennies de littérature fantastique.
"Galerians : Ash", la séquelle sur PS2, saura réparer ces "erreurs", en offrant des mécanismes de jeu plus répétitifs encore que ceux de son aîné, des décors plus laids, et une histoire sans réel intérêt.





Les Galerians finissent mal, en général.



Plutôt que de tenter de découvrir ce jeu, préférez vous procurer le long métrage en infographie "Galerians : Rion", une oeuvre assez magistrale qui dure une heure treize. Le scénario ainsi compressé et élagué apparaît passablement illogique, mais on retrouve la substantifique moelle du jeu, et si l'on est décidé à  combler soi-même les innombrables trous scénaristiques, on passe un bon moment. Notons que ce film d'animation n'est pas une bête compilation des scènes cinématiques du jeu, bien au contraire : c'est une histoire et une mise en scène grandement révisé pour obtenir un matériau dense et dynamique. Vraiment, à  voir à  l'occasion...

Je dois également faire référence ici à  une autre oeuvre dont je parlerai ailleurs plus en détails, "Second Sight". C'est un jeu vidéo qui reprend le pitch de "Galerians" (un homme se réveille dans une sorte d'hôpital et rompt ses liens, il possède des pouvoirs psychiques et va lentement (re)découvrir le monde qui l'entoure en combattant ses ennemis), mais l'exploite de manière bien plus mature, fine et intelligente. Autrement astucieux, vraiment.

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