Tout comme l'innéisme mène directement à l'eugénisme, ce dernier est la porte ouverte à l'appauvrissement génétique ultime et à l'absence d'évolutivité de l'espèce.
Au final, il est clair qu'à la recherche des humains "parfaits" seront déterminés un certain nombre de modèles, parce que c'est cela qu'implique la sélection génétique. C'est la fin de la diversité physique et du bouillon de culture qu'est la survivance d'une espèce entière. C'est la voie royale vers la transformation de l'être humain en un autre type d'entité disposant du contrôle parfait de ses gènes, et s'adaptant dorénavant aux climats et aux conditions de vie diverses non par le brassage, mais par le génie génétique. L'appauvrissement physique favorisera aussi, indéniablement, l'appauvrissement psychologique, culturel et intellectuel, et créera d'abord, dans la période de transition de l'humain au surhomme, des troubles psychologiques (les systèmes éducatifs, familiaux, sociaux en général n'étant pas adaptés à des effectifs quasiment identiques - on peut parier qu'on différenciera désormais ceux qui ont les narines un brin trop larges ou qui se coupent les cils de la paupière droite, mais ça reste minime et absolument pas comparable à la diversité actuelle - , c'est la catastrophe), ensuite une mentalité foncièrement différente de l'actuelle. Ne péchons pas par ethnocentrisme, ne croyons pas que l'homme de demain dans un monde eugéniste réfléchirait comme nous. Impossible de prévoir son mode de pensée... peut-être en colonie, effacement total de l'individu ?
Je pense, de toute façon, que la question ne se pose pas. L'eugénisme paraît être un suicide de l'espèce humaine à long terme ; la nature est diversité, chaos, ordre sans cesse maintenu, équilibré, par sa nature intime de désordre et de foisonnement. Introduire une neutralité, une unité répétée encore et encore là -dedans, une intentionnalité à un niveau d'hérédité, c'est la porte ouverte à toutes les répercussions absolument imprévisibles, et, encore une fois, à l'inadaptation.
L'eugénisme est également la porte ouverte à une éternelle et "justifiée" séparation de la société en castes inaltérables. Un ouvrier n'a pas besoin de naître intelligent. D'ailleurs, pourquoi d'autres personnes que l'élite devraient-elles voir leur intelligence génétiquement favorisée ? Etc, etc. Relire à ce propos "Le meilleur des mondes" d'Huxley, toujours d'actualité.
Bref, l'eugénisme, à terme, c'est le carcan, l'immobilisme et l'aliénation philosophique.
Je conclurai ce message en citant tes propres mots :
Arkh a écrit:
Car ce qui fait l'intérêt de l'humanité, c'est bien la dose d'imprévisible qu'elle contient, et qui ne pourra jamais être incluse dans des cycles parfaits et immuables. C'est, en un mot : l'Evolution, faite de contraintes et d'inattendu, et que l'on détruirait en supprimant ces contraintes et cet inattendu.