Eltanin

Parmi les grandes catastrophes du cinéma de l'an 2000, on peut compter les redoutables retombées de l'épicentre "Matrix". Plus vénéneuses pour la retenue cinématographique que les grands champignons de fumée pour les tissus vivants, la trilogie des frères Wachawoski lança un ensemble de codes qui restèrent, un temps, étroitement entrelacées dans l'imaginaire populaire. C'est pourquoi on put assister sans surprise à  une profusion sidérante de manteaux de cuirs noirs, de lunettes fumées, de bottes étroitement sanglées et autres éléments d'imagerie fétichiste, liés comme autant de frères improbables au bullet-time, à  l'usage abusif des ralentis et des accélérés ou encore à  certains thèmes cyberpunk.
Aussi porteuse de polémiques et philosophiquement douteuse que soit la saga "Matrix", elle avait au moins le mérite d'exposer une vision d'auteur. Le propos était prétentieux, certes, mais il y avait un propos, et autres qualités assez appréciables pour offrir à  une oeuvre d'art une saveur véritable... force que ne possèdent pas la plupart des fac-similés développés avec frénésie dans les années qui suivirent le lancement du premier épisode.

L'influence "Matrix", "The Returner" l'intègre parmi d'autres, et c'est bien là  toute l'ironie de cet héritier spirituel que de ne pas offrir plus de recul par rapports aux diverses inspirations scénaristiques et photographiques qui ont présidé à  la création de la chose : le brouet est bourré de bons éléments repris à  droite et à  gauche, mais sans réelle homogénéité.
Avant tout, le long métrage porte les tristes marques d'un star system balbutiant, qui ne comprend pas que le culte des bishônens présent dans la J-Rock, la J-pop, les jeux vidéos et les mangas puisse ne pas fonctionner en long métrage. Un arrière-goût de "Godzilla : Final Wars", notamment pour les scènes d'action.
Quelques bonnes trouvailles (le fonctionnement des armures des extra-terrestres et leur vaisseau) jalonnent un film tout juste moyen. Rien à  redire à  la musique, ordinaire, sans plus. La mise en scène est surdécoupée, évoquant les pires dérives "cinéma-poubelle" d'Hollywood. Les acteurs sont beaux et mal dirigés, la photographie est ordinaire.

"The Returner", au final, est tout à  la fois légèrement bon et doucement médiocre.

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