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"Edward aux Mains d'Argent", un bien curieux titre français pour une oeuvre dont le nom original, "Edward Scissorhands", est bien plus logique et parlant. Mais cette dénomination n'en retranscrit pas moins la poésie du film.
Pour beaucoup, ce long métrage reste non seulement le meilleur de Tim Burton, mais son seul vrai film. L'unique dans lequel il se soit totalement impliqué, dans lequel il n'ait pas métamorphosé son imaginaire pour le mettre au service d'autrui ou le rendre plus accessible aux spectateurs. Le verdict est peut-être sévère au regard de toutes les merveilles exotiques que compte la filmographie de Burton (comme le dit Jean-Pierre Putter, "On sait bien que Tim Burton ne fait pas du cinéma, il fait du Tim Burton !"), il n'en est pas moins tentant, tant cette création opère comme la synthèse de toutes les obsessions burtoniennes.
On retrouve dans "Edward aux Mains d'Argent" les contes, la neige, la fascination pour un univers lugubre hérité des plus anciens films d'horreurs, approche ténébreuse mêlée à des images enfantines, à l'image des contours fluides des sculptures végétales. On y voit des choses aussi diverses que la souffrance, les relations de domination et la transfiguration du kitsch, du coloré, du pimpant. On y retrouve Vincent Price, acteur qui a toujours fasciné Burton (il a sans doute adoré le convaincre à plusieurs reprises de se joindre à ses projets). Et bien sûr, on découvre dans toute sa gloire la figure du Monstre qui n'est qu'effleurée dans le reste de ses films.
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Edward dessiné par Tim Burton.[/center]
[spoiler]Magnifiquement interprété par Johnny Depp, le Monstre est l'élément central du film, jusque dans le titre. C'est non seulement le héros, mais l'élément autour duquel tout s'articule, le révélateur de tout ce que la petite ville est véritablement. A ce titre, l'oeuvre ne nous épargne rien et elle se révèle non subversive, mais authentiquement enragée autant que triste. C'est un véritable brûlot de l'humanisme auquel nous avons droit ici, mais un brûlot froid, à l'image des sculptures qui deviennent, au final, la grande occupation de l'être malheureux, du martyr du propos de Burton. Edward est sacrifié aux préjugés, au laxisme d'une police faisant preuve de bonne volonté mais n'allant pas au fond des choses, aux paradoxes d'une famille américaine qui aime mais "pas trop"... Tim Burton ne diabolise rien, ne jette la faute sur personne, il ne fait que fournir un regard triste sur les errances humaines.
Ce film est un conte, et non un conte philosophique. Il ne s'agit pas de réflexion, mais d'émotion, et c'est pourquoi je serai bien en peine de livrer une critique plus profonde. Les meilleurs alliés de Burton, Danny Elfman, Johnny Depp et Vincent Price, font des merveilles, la photographie est splendide et tous les acteurs sont excellents, dirigés de main de maître ; impossible de se méprendre sur ce qu'ils disent ou pensent à un moment ou à un autre.
Un film qui montre tout, mais ne dit rien. Un film qui se ressent.[/spoiler]
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