Il était là ce soir à l'Espace B, dans le XIXème arrondissement, à deux pas du canal qui fait la fierté de ces quartiers, croisant la Villette et la Petite Ceinture ferroviaire.
Une salle comble, un concert bon enfant avec une estrade réduite, et un public en osmose avec Mon Oncle Serge. À mi-chemin entre l'oratoire et le sketch, il commence par apostropher la foule et par remercier gracieusement Jean-Marie Lepen et le Front National qui auraient, à l'en croire, financé toute sa tournée. "
Car il est temps de le dire : non à l'immigration, non à ces voleurs qui se croient chez eux et se reproduisent comme des cochons, et par-dessus tout, mort aux plus dangereux, non à l'immigration québécoise ! C'est pour ça que nous sommes ici ce soir, c'est pour vous faire une démonstration de la bassesse québécoise..."
La salle déjà chauffée, Mononc se lance dans une reprise de ses plus grands succès, le tout émaillé de tirades railleuses et de joviales confidences sur les fléaux qui accablent le monde (les bobos, les hippies, les immigrants), la supposée origine de chaque chanson ou le fait que son metal et son punk-rock soient censés être du jazz, à cause d'un Festival de Jazz à Montréal qui l'aurait prodigieusement déçu de par son éclectisme. Dans les premiers rangs, le pogo commence à se propager tandis que le concert vire de plus en plus à la performance, Mononc Serge poussant les déclarations les plus improbables, incitant la salle à approuver les conneries les plus monumentales,promettant de baptiser son fils de quelque nom hideux, ordonnant le téléchargement de MP3s ou approuvant l'imminence de la fête de Noël... et passant, parfois, par quelques moments d'émotion, une chanson touchante, sans une parole de trop, sans une note trop forte... avant de repartir en force sur les plus barbares des musiques.
La folie est à son comble, Mononc Serge, son office achevé, refait ses valises... pas question ! On le renvoie sur la scène, et beaucoup clament "Bière ! Bière ! Bière !", cri bientôt repris par tous, scandé à un rythme quasi robotique. Il annonce donc qu'il va se livrer, sous la pression populaire, à une reprise de son meilleur tube, "
L'âge de bière" (celui par lequel j'en ai d'abord entendu parler). C'est un triomphe, primitif et hilarant.
Concert fini, l'épuisement...
Ce n'est pas terminé. Mononc Serge passe encore à La Guerche de Bretagne, à Bures-sur-Yvette et en Belgique, avant de revenir à Paris le 12 mars pour son concert d'adieu, à Broken Os.
Pour ma part, j'espère bien y être et je conseille à chacun de vivre cette expérience. En compagnie, une fois n'est pas coutume, des débauchés de Crash System.
http://www.mononc.com/