La porte de l'infirmerie se referma dans un claquement après le passage d'Isaac et de Samantha.
- Enlève-moi ces bandages, c'est imbibé de sang.
La jeune fille resta prostrée là . Pestant, il se saisit de coton, de bandages et de désinfectant dans une étagère. Il se sentait très perturbé : il n'avait pas l'habitude d'aider qui que ce soit, mais percevait qu'il devait agir. Et il voulait apporter un soutien à Sam. La pitié ne lui était pas étrangère... cependant, ce sentiment restait éloigné de ses préoccupations coutumières.
- Sam, Kaori Makaze est notre ennemie. C'est un fait. Ton respect passé pour elle ne doit pas faire obstacle à notre combat. Elle a tué le père de Kanna et elle n'aura aucune hésitation à t'éliminer toi aussi.
Il sentit que ce n'étaient pas les bons mots. Mais il devait faire avec. L'heure tournait, leurs adversaires ne restaient pas inactifs.
- Tu dois te reprendre, ajouta-t-il. Nous n'avons pas le temps de faillir. Nous ne pouvons pas nous permettre de faiblesse psychologique.
Isaac ôta les bandages écarlates. Blessure superficielle, mon oeil ! songea-t-il. J'aurai deux mots à dire à France quand nous serons tirés d'affaire... si nous gagnons la prochaine bataille.
- Il paraît que quand France t'a soignée, tu ne tenais pas en place. Impatiente de retourner te battre... où est passée cette Samantha-là ?
Il imbiba le coton d'un liquide pourpre et désinfecta soigneusement la plaie.
- Ce démon t'avait bien arrangée... cette plaie est grave, il faudra la surveiller régulièrement.
Isaac leva les yeux vers le visage de Sam. Son expression s'était-elle un tant soit peu modifiée ou n'était-ce là qu'un jeu de son esprit ?
- Malgré cette blessure, tu avais gardé le moral, poursuivit-il. Je sais que les choses ont changé. Tu vois à présent que la guerre consiste à affronter des êtres conscients, qui souffrent, avec lesquels on peut sympathiser, qu'on peut même aimer. Comme Kaori... il va être moins facile de la combattre que de batailler contre la tigresse, hein ?
Toujours aucune réponse. Il se saisit des bandelettes propres et commença à en entourer le torse de Sam. Le temps passait vite, très vite. Il avait l'impression que le bref "tête-à -tête" qui leur était alloué avait duré une heure. Pourtant, cela ne pouvait avoir dévoré plus de quelques minutes...
- Sam, tu n'as aucun regret à avoir. Vivre, c'est faire confiance aux gens, risquer ses sentiments. Tu as été blessée, mais cette admiration pour ton maître, tu l'as bel et bien ressentie et elle t'a aidée à évoluer dans le bon sens. Tu es meilleure que tu ne l'aurais été si tu n'avais pas connu Kaori ; Kaori-Biakko ne l'a sans doute pas prévu, mais c'est un fait. Alors, utilise cette force comme tu l'as toujours fait : pour le bien de tous.
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