Eltanin

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 Sujet du message: Providence
MessagePublié: 12 Août 2004, 18:47 
Hors-ligne
Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
Message(s) : 579
Ecrit par Ghislain Bouvier

La voiture la heurte au haut de la cuisse droite tout en faisant apparaître une trace de freinage d?un noir ébène sur le macadam. Au même moment, l?artère fémorale éclate sous le choc, provoquant une hémorragie interne dans sa cuisse. Le corps se retrouve éjecté hors de la route, et sa nuque heurte le pied d?un réverbère. J?entends les vertèbres cervicales craquées. Je l?observe. On dirait un pantin auquel on aurait subitement tranché les cordes qui le tenait. Son bras gauche est passé par-dessus sa tête et son bras droit est tendu vers le trottoir d?en face, son index désignant un vieux drugstore avec des produits pharmaceutiques en vitrine. Sa jambe droite avait voulu faire un grand écart mais la gauche n?avait pas suivi. Je me marre. Je viens de la voir se faire shooter par une bagnole et je me marre. Je viens d?entendre sa dernière expiration et je me marre. Soudain je me pose une question: Pourquoi est-ce que je ris?

Aucune réponse. C?est vrai que ce n?est pas drôle au fond. Même en hauteur se n?est pas drôle. Elle est morte et la dernière chose qu?elle a entendu c?est mon rire. Sardonique et acerbe. Pourquoi ai-je ris?

La fatigue?

Certes j?ai des insomnies depuis neuf nuits, mais lorsque j?en avais eu pendant deux semaines je ne m?étais pas mis à  me marrer devant chaque mort. Et j?en avais vu des cadavres durant ces deux semaines. J?en avais vu des morts quand je travaillai comme embaumeur. Grâce à  ce métier j?avais vu plein de forme de mort. La rupture d?un anévrisme de l?aorte entraîne la mort. Une balle de neuf millimètres logée dans l?hémisphère cérébral droit entraîne la mort. Le syndrome malin secondaire de Marfan entraîne la mort. Se trancher les veines de l?avant bras entraîne la mort. Se faire renverser par une voiture peut aussi entraîner la mort. Ça n?avait rien de drôle. Ce n?était vraiment pas drôle. Pourtant j?avais ri. L?éternelle question qui me hante: pourquoi?

La nervosité?

Je ne suis vraiment pas du genre nerveux. Je suis plutôt style Bouddha, vous comprenez? Je ne parle pas de la réincarnation. Je ne pense qu?après une vie pourrie on puisse avoir une seconde vie pourrie, se serait injuste. Moi, je parle du zen, de faire le vide dans sa tête. Être le vide, n?être même plus quelqu?un qui ne pense à  rien, être rien. Être mort tout en pouvant redevenir vivant. Contrairement à  elle qui est morte sans pouvoir redevenir vivante. Cela n?a rien de drôle. Pourtant j?ai ris. Pourquoi?

Mon cerveau?

C?est ça, c?est de la faute de mon cerveau. Il a ordonné à  mon corps de rire et mon corps à  obéit. Quant à  savoir pourquoi, seul mon cerveau le sait. Mon gros chou-fleur rosâtre détient la réponse. Pourquoi ai-je ris? Seul lui le sait.

J?ai ris, soit. Mais pendant ce temps, le chauffeur a accéléré, a grillé un feu rouge, a frôlé une vieille Admiral noire et s?est engagé dans la quarante-deuxième avenue. Il a disparu de mon champ de vision. Je n?ai même pas relever la plaque d?immatriculation. A quoi bon? Peut-être qu?une fois qu?il aura réparer l?avant de son pare-choc, ce chauffeur s?achètera un journal et lira le nom de sa victime dans la rubrique nécrologique. Au bout de quatre jours d?insomnies à  se repasser l?accident dans sa tête, il sera prit de remords et ira se dénoncer aux autorités. Peut-être. Ou peut-être pas.

Il a filé, soit. Mais pendant ce temps, un piéton a eu la bonne idée de courir vers la cabine téléphonique au bout de la rue et d?appeler la police, une ambulance, et sa femme. Au bout de cinq minutes la femme du piéton était là . Une minute après, ce fut la police. Et en retard de trois minutes, l?ambulance.

Conclusion: si un jour vous êtes piqué par une bestiole vous injectant un venin mortel qui agit au bout de cinq minutes, appelez votre femme, elle est la seule à  pouvoir vous sauver ou au pire de vous voir mourir. La rupture d?un anévrisme de l?aorte entraîne la mort. Un venin mortel entraîne également la mort, sauf si votre femme vous sauve.

Et moi, durant ce temps, je restai là . Sur le trottoir. A observer son corps se trouvant dans sa position morbide. Puis je décidai de rentrer chez moi. Indifférent. Elle était morte. Ça n?avait rien de drôle.

Ma maison. Mon refuge. Une modeste maison aux tuiles vertes. Je n?avais jamais vu de tuiles vertes avant d?emménager ici. C?est joli. Un peu de couleur parmi tout les entrepôts qui entourent mon refuge. Je rentre dans celui-ci. Une voix s?élève dès que les lattes du plancher se mettent à  craquer sous mon poids.
_ tu l?as?
Je glisse la main dans ma poche gauche et mes doigts rencontrent l?objet de la question.
_ oui, je l?ai.
_ très bien, sinon, tu vas bien?
_ ça baigne
Ce n?est pas tout à  fait vrai, j?ai un peu mal au dos en fait.
_ et elle?
_ morte.
Ton neutre. Direct. Je me surprends à  parler comme ça. J?étais gentil avant.

Avant quoi?

Avant tout ça. Avant que je me péte le dos. J?entends des bruits à  l?étage, puis la tête appartenant à  la voix apparaît.
_ sérieux?
Je n?ai pas besoin de répondre. Il voit sur ma gueule d?insomniaque. Il lit dans mon regard cerclé de cernes. Oui, je suis sérieux.

Nuria est morte. Nuria voulait mourir. Elle a fait six tentatives de suicide et aucune n?avait marché. Pas de chance. Et là , alors qu?elle avait trouvé un but en nous rejoignant, elle meurt. Vraiment pas de chance.

Mourir faisait partie intégrante des risques que l?on pouvait encourir lorsque nous partions en mission. Deux d?entre nous était déjà  tombé sous les balles des policiers. Nuria est la première à  se faire renverser par une voiture. Il faut bien un début à  tout. A quand la rupture d?un anévrisme de l?aorte qui entraîne la mort en plein mission?

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MessagePublié: 12 Août 2004, 18:51 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Georges était le patron de Margareth qui était ma patronne. C?était il y a quatre mois. Je n?étais pas encore embaumeur. Je travaillai dans les bureaux d?une entreprise. Margareth avait cinquante ans. Un jour, elle vient dans mon bureau, s?assit sur une chaise en face de moi et se met à  me parler de sa fille. Carla.

Pourquoi elle me parle d?elle? Je n?en sais guère.

Elle me dit que sa fille à  vingt-trois ans. Qu?elle a les cheveux bruns, les yeux marrons. Qu?elle fait un mètre soixante et onze et qu?elle pèse cinquante-six kilos.

Je m?en contrefous. Voyant que je préfère regarder une fiche indiquant les pertes et les bénéfices de l?entreprise pour ce mois-ci, elle retourne à  son poste. Je croyais ne plus l?entendre parler de sa fille. Je croyais que désormais elle allait m?adresser la parole juste pour m?ordonner de lui donner le dossier numéro machin ou la fiche de paye d?untel. D?aller lui chercher du café ou lui faire des photocopies. Les ordres ordinaires de patrons ordinaux. J?avais tort.

Le lendemain, elle revient dans mon bureau. Je suis en train de lire un discours que je suis censé prononcer durant une conférence cet après-midi. Elle me colle une photo sous les yeux. Cheveux bruns, yeux marrons, environ un mètre soixante-dix, je suis prêt à  parier que c?est sa fille.
_ C?est Carla, dit elle.
J?aurais dû parier.

En fait, elle n?est pas si mal que ça. Elle est même plutôt mignonne en fait. Carla est en maillot de bain sur cette photo. Visage angélique, lèvre fine, petit nez fin également. Sa poitrine est le contraire de Pamela Anderson , mais je suis sur que ses seins sont biens fermes.
_ Alors, comment la trouves- tu?
Elle veut vraiment me caser avec sa fille. Je lui répond avec un brin d?hésitation. Je ne peux pas dire que je la trouve belle sinon ma patronne profitera de l?occasion pour organiser fiançailles, mariage, voyage de noces et toutes les autres choses qui suivent. Ma vie sera régie par ma patronne jusqu?à  ma mort. A moins que ce soit elle qui meurt de vieillesse avant. Ce qui est fort probable. La rupture d?un anévrisme de l?aorte entraîne la mort. La vieillesse entraîne également la mort. La vieillesse est l?ultime recours utilisé par la mort pour vous happer. Je ne veux pas fonder un couple. Le sexe en lui-même ne m?intéresse pas. Je préfère être seul. Rester seul. La solitude n?entraîne pas la mort il me semble. Alors que lui répondre? Je ne peux pas lui dire qu?elle est moche, ça ne se fait pas.
_ Elle a du charme.
J?ai finalement répondu. Peut être de travers vu l?éclat qui a brillé dans les yeux de Margareth pendant un bref instant.

Elle part, me laissant seul. Pas exactement seul puisque j?ai mon discours et la photo en face de moi. La photo, le discours. Le discours, la photo. Il faut faire un choix. Facile. Je choisis le discours. La conférence est dans quarante minutes. J?ai déjà  assez perdu de temps.

Quarante minutes plus tard, je me retrouve donc dans la salle de conférence en train de lire mon discours à  Georges et ses lieutenants. Quatre-vingt-dix minutes s?écoulent avant la fin de la conférence. Je sors de la salle avec une migraine épouvantable. La rupture d?un anévrisme de l?aorte en traîne la mort. Le syndrome malin secondaire de Marfan entraîne la mort. Une conférence d?une heure et demi n?entraîne pas la mort mais vous donne envie de la provoquer pour vous débarrasser des rangées de chiffres qui se sont placées dans votre cerveau. Le même cerveau qui m?a fait rire alors que ce n?était pas drôle. Je déteste les conférences.

Heureusement, après celle-ci, j?ai l?autorisation de retourner chez moi malgré le fait qu?il me reste normalement plus d?une heure de travail. Je rejoins mes tuiles vertes. Le trajet est court. Premier quartier, deuxième quartier, chez moi. Je passe dans le premier quartier. Il y a une boîte de nuit, vide à  l?heure qu?il est. Les boîtes de nuit sont des endroits où des personnes vont pour en rencontrer d?autre. La plupart pense y trouver leur âme s?ur. Foutaise. Il y a déjà  les agences patrimoniales pour ça. Je déteste les boîtes de nuit. Deuxième quartier, rien à  signaler, la routine quotidienne c?est installée dans les rues de ce quartier.

Puis mon refuge aux tuiles vertes et là , en face de moi. A l?époque j?étais encore seul chez moi. J?allume la télé. On ne me l?avait pas encore explosé contre le mur à  l?époque. Je tombe sur des publicités du genre: comment pouvez-vous vivre alors que vous avez trois grammes de trop pour ressembler à  notre mannequin à  la poitrine siliconée, les fesses fermes et autre détails de sa physionomie tout aussi parfait. Bref, un corps de rêve. Mais heureusement la crème unetelle vous permettra de perdre vos trois grammes pour la modique somme de 50?. Autre pub. Machin, star ultra connue du football mange Danone. Unetelle, actrice ultra connue par le grand public mange Danone. Vous aussi devenez ultra connue en mangeant Danone. Les médias nourrissent leur moutons et proposent même du rab. Oh! Ma machine à  laver est en panne! C?est normal, vous n?utilisez pas la lessive X. Grâce à  la lessive X, votre machine ne tombera jamais en panne et votre lessive sera toujours propre. Le géant capitaliste a les médias pour fer de lance. Soudain, pub pour Interflora. Alors qu?il vient de se fâcher avec sa femme, il décide de lui envoyer un bouquet de fleurs de chez Interflora pour se réconcilier. Il téléphone et une seconde après, le bouquet arrive. Deux secondes après, le couple est réuni avec un sourire niais sur le visage.

Et si je lui achetai des fleurs? Qu?est ce que je raconte. Achetez des fleurs à  qui? A Carla tiens. Pourquoi? Comme ça ta patronne ne te fera plus chier. Bonne réponse. J?ai toujours les bonnes solutions.

J?ai encore le numéro prononcé en ch?ur par le couple Interflora qui résonne dans ma tête. Je prends le téléphone et compose le numéro. A l?époque on avait pas encore tenté de m?étrangler avec le cordon de celui-ci. Une sonnerie. Musique d?attente. Six minutes après, j?ai enfin une standardiste.
_ Interflora bonjour, vous désirez envoyer un bouquet à  quelqu?un qui vous est cher?
C?est le but de mon appel, sauf que je désire envoyer un bouquet de fleur à  quelqu?un qui m?est inconnue.
_ Oui.
_ Quel type de fleurs?
Être standardiste c?est un peu comme travailler à  la chaîne. Toujours les mêmes paroles. Presque toujours les mêmes réponses. Quel type de fleurs? Des roses? Oui, des roses. Déjà  parce que c?est la seule fleur que je connaisse et qu?en plus ça me fait penser à  un terme médical. L?hydrophobique de Rose. Un tétanos provoqué par une plaie de la face et qui peut entraîner une paralysie faciale.
_ Des roses.
_ Très bien, puis-je avoir votre nom, prénom et numéro de carte bleue ainsi que l?adresse de la personne à  qui vous désirez envoyer vos fleurs de chez Interflora?
Je m?acquitte de ces formalités. Ne connaissant pas l?adresse de Carla, je décide d?envoyer le bouquet à  ma patronne.
_ Vous désirez ajouter un petit mot avec?
Décidément elle ne sait parler qu?en question.
_ Oui, si vous pouviez marquer: transmettez à  votre fille.
_ Très bien, votre commande a bien été effectué, nous vous remercions d?avoir appeler Interflora.
Je raccroche avant qu?elle ne puisse prononcer au revoir. Elle n?a dit que trois fois Interflora dans la discussion. Peut beaucoup mieux faire.

C?est pas tout ça, mais j?ai faim moi. Ouverture du frigo. D?un côté tout les aliments à  réchauffer, de l?autre, toutes les bières mises au frais. Escalope de dinde et patates déjà  cuites au menu. Il me suffit de mettre tout ça une minute au micro-onde et je pourrai me substanter avant d?aller me coucher. Belle invention le micro-onde.

Marrant, ce soir j?ai rêvé que je retournais au collège et que tout mes anciens profs me gueulaient dessus. Pourquoi? Encore une réponse que détient mon cerveau.

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MessagePublié: 12 Août 2004, 18:53 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Le lendemain je retourne au bureau. Tiens, ma patronne n?est pas à  son poste. Par contre un collègue m?attend à  mon bureau.
_ Georges veut te voir immédiatement.
Ah? J?ai été si nul que ça lors de la conférence?

J?obéis et je vais donc dans le bureau du patron de ma patronne. Margareth et Georges m?y attendent. C?est Georges qui parle le premier.
_ Mme Laurier ici présente à  porter plainte à  votre sujet concernant un harcèlement sexuel.
Pourquoi Margareth a t-elle porter plainte contre moi?
_ Je ne suis pas au courant, de quoi voulez-vous parler?
Margareth me répond avec une voix d?hystérique que je ne lui connaissais pas.
_ Ne faîte pas votre innocent, vous savez très bien de quoi je parle, espèce de? de? i? i?
Elle bafouille et perd ses mots. Ça devait être une insulte. Commençant par i. Voyons, Ingrat? Idiot? Imbécile? Si elle s?y connaît en médecine elle pourrait m?insulter d?ichor. Dus pus de mauvaise nature, sanguinolent et fétide.
_ ? Ignoble personnage!
Ah? J?y avais pas pensé à  celui-là . Georges étant mon seul interlocuteur ayant un comportement normal, je préfère lui adresser la parole plutôt qu?à  Margareth.
_ De quoi voulez-vous parler au juste?
_ Hier soir, Mme Laurier a reçu chez elle un bouquet de roses.
Normal, c?est moi qui le lui ai envoyé.
_ Celui-ci contenait un message à  caractère sexuel, voir sado-masochiste.
Transmettez à  votre fille. Message sado-masochiste?
_ Je ne comprends pas?
_ C?est bien vous qui avez envoyé ces fleurs?
_ Oui, mais?
L?hystérique reprend du service.
_ Vous voyez, il avoue!
_ Mme Laurier souhait que vous démissionnez de cette entreprise, sous peine de poursuite judiciaire.
_ Mais?
Margareth ne me laisse vraiment pas le temps d?en placer une.
_ Je vous conseille de quitter cette entreprise si vous ne voulez pas vous retrouver sur la paille.
La discussion dure encore deux minutes avant que je cède et pose ma démission. Pas d?indemnité de licenciement en plus.

Avec toutes mes affaires entassées dans un petit carton que je porte sous le bras, j?ai l?impression d?être Fox Mulder quittant son bureau au sous-sol du FBI. Il ne me manque que le poster « I want to believe » pour parachever ma ressemblance.

Je pars, sans dire un mot. Je retourne chez moi. A pied. Avec mon carton sous le bras. Message sado-masochiste? Qu?est ce que c?est que ces conneries? En fait, Interflora avait inversé mon message avec un autre. Apparemment un pervers.

Je passe devant la boîte de nuit. Je déteste les boîtes de nuit. Je déteste Interflora aussi. Je crois que c?est à  partir de ce moment là  que ma vie s?assombrit.

Je sombre. Désespoir. Détresse. Douleur. Comment dire les sensations que j?éprouve sans utiliser ces trois D? Immersion. La suite de ma vie n?est que souffrances et ténèbres. Jusqu?au jour où je rencontre la lumière.

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MessagePublié: 13 Août 2004, 14:32 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Je suis assis devant un mahousse avachi sur son fauteuil en roulettes qui flanche sous son poids. Son métier c?est de trouver des métiers à  des gens cherchant un métier. Je suis à  l?agence nationale pour l?emploi. Je recherche n?importe quel métier. Tous, sauf chez Interflora.
_ Désolé, nous n?avons rien pour vous.
Même comme éboueur ils ne veulent pas de moi. Personne ne veut de moi. Je me contente donc d?être une ordure. Si vous me cherchez je suis tout en bas de l?échelle. La personne insignifiante à  qui personne ne s?intéresse.

Je ressors dépité. Une main se pose sur mon épaule. Je me retourne. Un mec. Un peu plus d?un mètre quatre-vingt, yeux gris, cheveux blonds coupés en brosse.
_ Alors, tu cherches un emploi?
Quelle déduction. Quelqu?un qui ressort de l?agence avec une tête marquée par le désespoir. Forcement que je recherches du boulot.
_ En effet.
_ Si tu veux je peux te mettre en contact avec le patron d?une chambre funéraire. Il recherche un embaumeur. En plus tu as la gueule de l?emploi.
Il doit parler de mon visage effondré à  cause de mes sept jours d?insomnie d?affilées sans doute.. Le comique de situation me dépasse.
_ Alors, ça t?intéresse?
Un peu que ça m?intéresse, ça faisait neuf jours que j?allais à  l?agence nationale pour l?emploi sans rien trouver, et lui me propose un job alors que je ne le connais même pas. Il me dit de le suivre. Je suis docile et le suis. Il me dit de monter dans son Audi. J?obéis toujours.

Même s?il recherche à  me kidnapper ou à  me tuer, je m?en fous. Je n?ai plus rien à  perdre. Lénine s?est appuyé sur les prolétaires pour faire sa révolution. Les prolétaires n?avaient rien à  perdre. On a vu le résultat. Lorsque je dis cela à  mon sauveur, sa réponse avait quelque chose de mystérieuse. J?emplois le mot sauveur car soit il me trouve un boulot qui me permettrai de remonter l?échelle de la société. Soit il me tue et me libère des trois D. Le désespoir, la détresse, la douleur. Tout cela disparaît avec une balle dans la tête. La délivrance.
_ Tu veux faire une révolution? Moi je suis partant.
Je ne réponds pas. Mon sauveur doit certainement être un révolutionnaire idéaliste anarchiste.
Le c?ur expulse le sang à  un kilomètre par heure dans l?aorte. Nous avancions soixante fois plus vite sur l?artère principale de la ville qui pour une fois n?était pas encombrée. Lorsque nous arrivons en zone de rurbanisation, mon interlocuteur prend la parole.
_ Si tu veux obtenir du napalm, mélange de l?essence et du jus de fruit surgelé à  parts égales. Tu peux aussi mélanger l?essence à  du Coca light ou de la litière à  chat réduite en poussière dans l?essence de façon à  obtenir une bouillie épaisse.
Je n?avais pas de chat, juste un chien, un chien du nom de Providence. Il pense m?impressionner en me disant comment faire du napalm, mais j?ai de quoi riposter.
_ Le syndrome malin secondaire de Marfan est un syndrome de la plus haute gravité survenant au décours d?une angine diphtérique. Il est caractérisé par la pâleur, l?asthénie, une paralysie du voile du palais, un collapsus cardio-vasculaire avec dilatation du c?ur et hypertrophie du foie, une albuminurie avec azotémie. Il évolue vers la mort en une dizaine de jours.
Je connaissais le dictionnaire des termes médicaux par c?ur, il ne pouvait pas me battre.
_ Prends de l?acide nitrique fumant concentré à  quatre-vingt-dix-huit pour cent et ajoute trois fois sa dose d?acide sulfurique. Faut opérer dans un bain de glace. Ensuite tu ajoutes la glycérine goutte à  goutte et tu obtiens de la nitroglycérine. Mélange ça à  de la sciure ou de la paraffine pour avoir un petit explosif bien sympa.
Demandez lui n?importe quoi sur la fabrication d?explosifs artisanaux, il pourra vous répondre.
_ L?hétéresthésie est un trouble de la sensibilité provoqué par la commotion de la moelle cervicale. Il consiste dans la modification de la qualité des sensations perçues dans les segments radiculaires qui composent le territoire cutané sous-lésionnel.
Demandez moi n?importe quoi sur les maladies et les termes médicaux, je pourrais vous répondre.

Je viens de me rendre compte de l?ampleur de notre conversation. Nous sommes tout les deux fous. L?un connaît les explosifs, l?autre les termes de médecine. C?est incorrect de parler de ça, ça ne se fait pas. C?est pourtant ce que j?ai apprécié le plus lors de notre dialogue. Avec lui je pourrai parler de lobotomie, de plasmocytaire, de divers symptômes et de diverses névralgies. Et lui pourra me parler de l?utilisation d?une bombe de réfrigérant pour faire exploser les serrures.

La conversation est terminée. Nous sommes arrivés à  la chambre funéraire. J?ai cependant une dernière question.
_ Comment t?appelles-tu?
J?ai l?impression qu?il ne va pas répondre, mais finalement il me dit:
_ Whitness.
Et il remonte l?allée pour rentrer dans le bâtiment. Il ne m?avait pas kidnapper. Il ne m?avait pas tuer. Il m?avait tiré des ténèbres.

Whiteness avec un e entre le t et le n signifie blancheur. Ce nom ne lui convenait pas car le blanc symbolise la pureté. Or, un être pur ne parle pas d?explosifs fait maison. Cependant, sa peau est aussi blanche qu?un de ces cachets que je prenais pour calmer mes maux de tête après une conférence. Sa peau ressemble un peu à  la mienne, sauf que la mienne a de grosses cernes autour des yeux. Deuxièmement, Whitness est la tache blanche qui a glissé dans mes ténèbres pour s?agrandir en absorbant toute l?obscurité. Petite tache blanche deviendra un grand espace de lumière. Whitness est ma lumière. Whitness m?a permis de grimper les échelons de l?échelle et de ne plus être un personnage insignifiant.


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MessagePublié: 13 Août 2004, 14:33 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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J?avance paisiblement dans les rues. La chambre funéraire pour laquelle je travaille désormais se trouve à  quatorze minutes de marche de chez moi. N?ayant pas de voiture, j?y vais à  pied. Grâce à  Whitness j?ai eu un nouveau métier. Il a juste fallu dire à  Bob, le patron de la chambre funéraire, mon curriculum vitae. Après mon bac, j?ai fait une année de médecine. J?étais un excellent élève, mais j?ai dû arrêter faute d?argent. Mes parents m?avaient coupé les vivres depuis longtemps. J?ai ensuite trouvé un job dans un restaurant miteux. Plongeur. J?ai fait quelques économies et j?ai pris des cours de compta via Internet. Ces cours m?ont permis de travailler dans une entreprise. Vous connaissez la suite ? J?ai été viré à  cause d?Interflora.

Bon, j?avançais paisiblement dans la rue, lorsque quelqu?un heurte violemment mon épaule. Avant même que je comprenne ce qui se passe, je sens le métal froid d?un canon de flingue appuyé sur ma tempe. Mon c?ur bat plus fort dans ma poitrine. C?est ça la panique ? Voyons si je contrôle encore ma voix.
_ Que voulez-vous ?
Le son de ma voix ne tremble pas d?un iota.
_ J?veux ton fric connard.
Lui a un timbre frisant l?hystérie. Évidemment, je ne possède rien sur moi. Pas d?argent, pas de cheques, pas de cartes bancaires. Je sais même pas si j?ai mes papiers. Pourquoi faut-il que ça tombe sur moi ? Un malade agresse quelqu?un dans la rue, et ce quelqu?un c?est moi, évidemment.
_ Aboule le fric.
Je suis sur le point de lui dire que je n?ai rien lorsqu?un nouveau flingue apparaît. Celui d?un flic. Il se trouve en face de moi et profère des sommations.
_ Arrêtez, j?ai l?autorisation d?ouvrir le feu.
Il a plutôt pas intérêt de tirer, l?autre se servirait de moi comme bouclier humain.
_ Merde, saloperie de keuf.
Et l?autre enlève le canon de ma tempe et se met à  courir. Tout en courant, il se retourne et tire au pif dans l?espoir de toucher le policier. Le seul hic c?est que je me trouve devant le flic.

Je me retrouve à  terre avec une auréole de sang sur ma chemise blanche fraîchement lavée.
_ Aïe, j?ai mal?
Ce fut la dernière chose que j?ai prononcée. C?est pas que je sois mort, mais là , je m?évanouis, sans doute à  cause de la douleur.


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MessagePublié: 13 Août 2004, 14:35 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
Message(s) : 579
Je me réveillai sur un lit d?hôpital. Ce qui est assez logique en soi vu que j?ai reçu une balle. J?appris que cette balle m?avait transpercé de part en part, tranchant au passage la veine axillaire, évitant de peu l?artère. Plus de peur que de mal m?avait dit le docteur. Le problème c?est que je n?ai pas eu peur.

Vous pourrez toujours dire que je suis pas normal, je m?en contrefous de votre opinion. Si être normal veut dire paniquer à  chaque problème, je préfère être anormal. D?ailleurs, qu?est ce que la normalité? Ne serait ce pas une conformité de masse acquis au cours des siècles? Avoir un comportement normal c?est être poli et sociable, non? Quand est-il des associables? Les êtres normaux, c?est à  dire sociable et poli les rejètent, les excluent. Ne serait ce pas une forme de racisme? Sauf que celui-ci ne concerne pas les races, mais le comportement.
_ Bip, bip, bip
Ce bruit constant me fait sortir de mes pensées. Qu?est ce? A ton avis, tu es sur un lit d?hôpital, ça ne peut être que le cardiographe. Il y a effectivement un cardiographe, personne d?autre n?est présent dans la pièce. Le cardiographe, ça me donne une idée.
_ Biiiiiiip
En tirant sur un simple je me fais électroniquement mort. Mon c?ur est électroniquement arrêté. Le cardiogramme n?est qu?une ligne droite. Je ferme les yeux et respire plus lentement en essayant de ne pas soulever ma poitrine lorsque celle-ci s?emplit de molécule d?oxygène, d?hydrogène et d?azote. J?entends la portes de ma chambre s?ouvrir brutalement et une voix féminine s?éleva.
_ Vite, faîtes lui un massage cardiaque.
Avant que quelqu?un puisse mettre ses pattes sur moi, je soulève mes paupières.
_ Bouh! M?écriais-je.
Il y avait trois personnes dans la pièce. Tous me regardaient et je ne voyais aucun amusement dans leur regard.
_ Si vous croyez être le premier à  faire ça, vous vous trompez.
On dit que je suis austère, mais dés que j?essaye de faire une blague j?inspire, j?incarne la pitié. Je suis si pitoyable que ça? Moi j?ai trouvé ça drôle en tout cas. Mais je dois être le seul apparemment.

On me rebranche le cardiographe et le bip-bip reprend, toujours aussi constant. En me tournant vers la droite, j?aperçois un gros bandage, tellement gros qu?il recouvre l?épaule jusqu?au coude. J?essaye de bouger cette épaule momifiée mais celle-ci refuse de faire quoi que ce soit. Bien serré ce bandage, mais bon, du moment que ça ne gêne pas la circulation du sang, moi ça ne me convient.
Peu avant le dîner j?ai une visite, enfin. C?est Whitness. Il m?adresse un salut avec un signe de la tête.
_ Tu sais que tu n?avais pas tes papiers sur toi. Ni d?argent d?ailleurs. Quelqu?un a payé pour toi.
Ah? Whitness aurait-il payé mes frais d?hospitalisation?
_ Qui est-ce?
_ Le flic que t?as sauvé.
Sauver est un grand mot, je me suis juste attiré la balle à  sa place, je m?en serais passé.
_ Sympa.
A la gueule de Whitness, il y a un truc qui cloche.
_ Pas si sympa que ça justement. Il a parlé d?un éventuel remboursement de ta part.
C?est vrai que là , c?est beaucoup moins bien, mais bon, je dois avoir les moyens de le rembourser. Cependant Whitness semble avoir une autre idée en tête.
_ Mais t?as rien à  craindre. Tu ne débourseras pas un sou pour rembourser ce flic. Je te sortirai d?ici avant qu?il ne vienne réclamer son argent.
Qu?est ce qu?il a en tête? Il n?a pas le temps de m?en dire plus car une infirmière vient dans ma chambre et annonce à  Whitness que les visites sont terminées.

Il obéit et sort après avoir lancé un salut. Whitness se retrouve alors remplacer par un plateau repas. J?essaye d?avaler le plus de nourriture possible avec ma main gauche. Le problème c?est que je suis droitier et mon invalidité passagère ne me permet d?utiliser cette main. A chaque cuillerée la moitié de ce qui se veut être des brocolis tombe sur le plateau. Et aucune personne ne me vient en aide. C?est ainsi que l?on traite ceux qui joue avec le cardiographe.

Il doit être dans les vingt-deux heures. Les infirmières du jour passent le relais à  celles de la nuit. Quelqu?un en profite pour rentrer dans ma chambre. C?est Whitness. Qu?est ce qu?il fout ici? Il se penche sur moi et me chuchote au creux de l?oreille.
_ Prends de l?acide nitrique fumant concentré à  quatre-vingt-dix-huit pour cent et ajoute trois fois sa dose d?acide sulfurique. Faut opérer dans un bain de glace. Ensuite tu ajoutes la glycérine goutte à  goutte et tu obtiens de la nitroglycérine. Mélange ça à  de la sciure ou de la paraffine pour avoir un petit explosif bien sympa.
Ça, il me l?avait déjà  dit. Puis il se met à  décompter.
_ 5
_ 4
_ 3
_ 2
_ 1...


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MessagePublié: 13 Août 2004, 14:38 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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La déflagration balaye le couloir et l?onde de choc fait sortir ma porte de ses gonds. Celle-ci s?écrase au sol, juste devant mon lit. Il y a des cris, une alarme de la fumée et des flammes. Les flammes en question dansent devant ma porte, empêchant toutes entrées et toutes sorties. Les volutes de fumée s?accumulent au plafond. Whitness ouvre la fenêtre. Pas pour évacuer la fumée ni pour appeler à  l?aide, mais pour nous évacuer nous.

Whitness me prend dans ses bras et me transporte comme ci j?étais un fétu de pailles. Tout les fils qui me reliaient à  des machines et à  l?intraveineuse me sont arrachés.
_ Biiiiiiip.
Me revoilà  de nouveau électroniquement mort. Ensuite Whitness me passe par la fenêtre et me tend au dessus du vide. Il va quand même pas me jeter.
_ Tu vas pas?
_ Ne te plains pas, on est qu?au premier étage.
Et il me lâche. Je m?apprête à  hurler lorsque mon dos heurte le sol. Je suis déjà  arrivé? Ça a été plus rapide que ce que je pensai.

Mon atterrissage m?a donné l?impression d?avoir reçu un coup de batte de base-ball dans le dos. Et dieu sait combien j?en ai reçu. Le rejet des autres se manifestait par ce genre d?acte violent. Je hurle. Pas de panique comme je m?apprit à  le faire, mais de douleur. Je suis sur que cette chute m?a brisé quelques vertèbres dorsales. J?ai mal.

Whitness atterrit à  côté de moi avec une grâce féline.
_ Putain, t?es cinglé.
Je lui dit ma phrase tout en essayant de me relever, mais les vertèbres brisées m?en empêche. J?hurle une nouvelle fois. Whitness se penche vers moi.
_ T?as l?air de souffrir vieux.
Sans blague.
_ Je crois que j?ai quelque chose pour toi.
Il fouille dans un sac qui pend à  ses côtés. Il l?avait avant l?explosion? Je ne m?en souviens plus. Quoiqu?il en soit, il en sort une seringue. De la morphine.
_ T?as trouvé ça où?
_ A l?hôpital tiens!
_ Mais les sorties de ce produit sont surveillé.
Whitness m?enfonce l?aiguille profondément dans l?aine sans savoir si il y a une artère ou une veine.
_ Pose pas trop de questions, l?important c?est ce que je calme ta douleur, non?
L?injection de morphine me rappelle un ami morphinomane. Son habitude morbide l?a mené à  la mort. La rupture d?un anévrisme de l?aorte entraîne la mort. Vous connaissez la suite?

La douleur a beau être un peu dissipée, il m?est incapable de me lever. Whitness me prend une nouvelle dans ses bras, touchant au passage les points de douleur de mon dos. Je gémis et étouffe un cri.
_ Tais toi sinon on va se faire repérer, déjà  qu?on a l?air assez suspect comme ça.
Plus facile à  dire qu?à  faire, c?est pas lui qui souffre.

On longe le mur de l?hôpital et on arrive sur le parking. L?entrée du bâtiment et juste sur notre droite. Il y a deux camions de pompier arrosant l?étage de leur mousse carbonique. A moins que ce ne soit de l?eau. J?ai trop mal pour faire une observation plus intensive. Un groupe de badauds, de patients évacués, de médecins, d?infirmières et de visiteurs était attroupé à  l?entrée. Un incendie est une magnifique diversion pour s?enfuir d?un bâtiment, mais aussi pour voler une voiture.

Whitness repéra une voiture abandonnée par son propriétaire. Celui-ci n?avait pas pris la peine de le verrouiller. La clef était même dessus. Le propriétaire de cette voiture devait certainement être paniqué car un de ses proches devait être hospitalisé dans le bâtiment. Whitness ouvrit la portière arrière et me jeta négligemment dans le véhicule. Mon dos heurta la banquette et je souffris de nouveau.
_ Argh?
Ça c?est moi gémissant de douleur.
_ Silence.
Ça c?est Whitness m?intimidant.
_ Clac.
Ça c?est la porte se refermant.
La voiture sort en trombe du parking sans que son propriétaire ne s?en aperçoive.
_ Où est passé ton Audi?
Ma première remarque orale depuis ma chute.
_ Ce n?était pas tout à  fait mon Audi.
Whitness savait faire des explosifs, mais il savait également voler des bagnoles. Cela ne me surprends guère.
_ Tu me conduis où?
_ Surprise.
Mystère, encore et toujours. Whitness m?a appris qu?il fallait s?attendre à  tout. Au pire comme au meilleur. Surtout au pire quand Whitness se trouve au volant d?une voiture volée dans un parking d?un hôpital auquel il a fait explosé le premier étage. Je crains donc le pire.


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MessagePublié: 14 Août 2004, 14:29 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Et la voiture arriva devant un bâtiment. Ses phares balayèrent la façade de celui-ci. C?était un entrepôt. Nous nous garâmes juste en face du bâtiment bien que le stationnement y était interdit. La rue était déserte, aucun être humain à  l?horizon. Hormis nous bien sur. La porte arrière s?ouvrit, je parvins à  m?extirper hors de la bagnole. Mon dos me faisait toujours mal et il me fallut m?aider du panneau de custode pour me redresser.
Whitness s?avance vers la porte du dépôt. Celle-ci est composée de deux lourds battants en bois. Un solide cadenas la verrouille. Whitness avance de quatre pas tandis que moi je n?en fais qu?un. J?avance comme un vieillard sénile, la main sur mon dos courbé. Whitness arrive sans surprise premier et il ouvre le cadenas avec une petite clé métallique. Les deux battants s?écartent pour laisser place à  une immense salle, vide de tout mobilier hormis une table sur laquelle sont exposé divers produits. Acide nitrique, acide sulfurique, glycérine, coton, sels de magnésie, jerrican d?essence, cannette de coca light. L?attirail parfait du petit terroriste. J?avais oublié un objet, un Beretta neuf millimètres.

Il y avait une autre personne dans l?entrepôt. Une personne du sexe féminin. Je ne l?aperçus pas au premier abord car elle était plongée dans la pénombre. Mais lorsqu?elle sortit des ténèbres, je pus la voir. A peu prés un mètre soixante-dix pour cinquante kilos. Chevelure rousse tombant jusqu?aux épaules. Petites lèvres charnues, nez ténu, yeux marrons dans lesquels brille une lueur maligne. Elle était vêtue d?un jean bleu et d?une chemise blanche d?homme mettant en avant ses formes plutôt avantageuses.

Dès que je croisai son regard, quelque chose en moi changea. L?amour. Ce continent inconnu que j?aborde. Où plutôt c?est ce continent inconnu qui m?a abordé, parce que moi, je n?ai rien demandé. Amour. Vous savez, ce mot signifiant une affection instantanée pour une personne de l?autre sexe. Certains disent que l?amour est le langage du c?ur. Foutaise. Le c?ur n?est qu?un instrument de notre corps, nous permettant de vivre en pompant le sang. L?amour provient comme presque toutes choses de notre cerveau. Le gros chou-fleur rosâtre qui trouve comique la mort d?une personne. Vivement que mes activités cérébrales cessent, mon cerveau ne pourra plus me contrôler et ne pourra plus me faire faire des choses que moi-même je n?arrive pas à  expliquer. Le cerveau mort, je serai libre.

Bref, en voyant cette femme j?avais envie d?être courageux, fidèle, sincère, tout ça pour elle. Je serai prêt au plus grand sacrifice pour elle. Sans même m?avoir dit un mot, elle a déjà  le contrôle de mon corps et de mon esprit. Elle peut me manipuler comme elle le souhaite. Ses lèvres s?entrouvrent pour déverser quelques paroles.
_ Beau costume.
Une voix douce et pénétrante. De quel costume parle t-elle? Je m?examine et constate que je porte la blouse blanche de l?hôpital.
_ Notre ami a dû se presser pour nous rejoindre.
Whitness répond à  ma place, chose qui deviendra une habitude par la suite.
_ Il est plutôt mignon en tout cas.
Mignon? Moi? Je crois bien que c?est la première fille qui me fasse un compliment. Hormis peut être ma dentiste qui avait dit un jour que j?avais de belles dents bien entretenues et bien alignées. Faut dire aussi que je ne rencontre pas beaucoup de filles.
_ Je ne suis pas si beau que ça.
Ma voix tremblote, je suis à  la limite du bégaiement. Elle s?approche de moi. J?ai envie de reculer mais je suis comme paralysé.
_ Modeste en plus, je t?aime bien petit.
Petit? Un vent de révolte commence à  souffler à  l?intérieur de moi. Je ne suis pas petit. La rébellion s?arrête dés que je croise les yeux de la déesse. Déesse est le mot employé car je fais déjà  le culte d?elle. Je tourne prestement la tête, intimidé. Mon regard accroche celui de Whitness. Celui-ci a un grand sourire aux lèvres.
_ Qu?est ce qu?il y a?
Ne l?ayant jamais vu sourire auparavant, j?étais en droit de me poser des questions.
_ Rien, rien du tout.
Qu?est ce qui l?avait tellement fait sourire?
_ Tu es sur?
A force de persister, il me répondra peut être. Ce ne fut cependant pas le cas.
_ Oui, il n?y a rien. Bon, c?est pas tout ça, mais nous avons à  faire.
Le voilà  qui change de sujet de façon à  ce qu?on ne revienne plus dessus. Je le suis dans le nouveau sujet que nous allons aborder.
_ Et qu?est ce que nous allons faire?
_ Te venger.
Me venger, mais de quoi? Il vit ma mine étonnée et me répondit avant même que je ne pose la question.
_ Interflora, tu te souviens?
Bien sur que je m?en souviens, cette saleté d?entreprise qui me vira de mon poste. J?acquiesçai.
_ Dans ce cas, voilà  le topo. Nous avons toute la nuit et la journée de demain pour fabriquer de la nitroglycérine. Cette nitroglycérine sera ensuite mélangée aux cotons et aux sels minéraux.
Il me dit ça en me montrant les éléments concernés sur la table.
_ Et le coca light on le mélange à  l?essence pour en faire du napalm.
J?avais bien appris la leçon.
_ Non, le coca c?est pour boire quand tu auras soif, et l?essence était le seul objet qui se trouvait dans cet entrepôt lorsque nous l?avons emprunté.
Avouez que vu comme ça, c?est beaucoup moins marrant.
La déesse s?avança et la voix douce et pénétrante vibra à  l?intérieur de moi.
_ Et lui, il ne se change pas?
Whitness m?observa.
_ C?est vrai qu?il est pas très sortable, je vais me débrouiller pour lui trouver des vêtements portables.
Sur ce, Whitness alla vers la sortie de l?entrepôt, mais la déesse l?interrompit.
_ Attends, on a pas de glace pour faire de la nitro.
_ T?inquiètes je vais te trouver ça aussi.
Cette fois il partit, me laissant seul avec elle.


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MessagePublié: 14 Août 2004, 14:30 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Whitness agite un jean et un pull en laine vert foncé. Les deux vêtements sont gorgés d?eau. Il m?explique qu?il les a pris dans une laverie automatique pendant que le propriétaire était occupé à  draguer une autre cliente. J?enfile les vêtements par dessus ma blouse et constate que l?eau me glace les os tellement elle est froide. Whitness tend ensuite une glacière à  la déesse. J?avais appris que cette fameuse déesse se prénommait Sarah. Sarah Bane. La glacière nous servira pour faire mélanger l?acide nitrique à  de l?acide sulfurique.

Sarah ouvrit le mini frigidaire portable et en sortit un sachet qui reposait au milieu de glace pilé. Ce sachet en plastique contenait quelque chose, et en m?approchant, je découvris que ce quelque chose était en fait un poumon grisâtre. A cause de Whitness, quelqu?un n?aura pas sa greffe et pourra peut être mourir. La vie est si fragile. Mais au moins, grâce à  cette mort, nous pouvons désormais faire nos explosifs. Un acte purement égoïste.

Je tiens également à  préciser qu?il ne c?est rien passé entre Sarah et moi durant l?absence de Whitness. Tout ceux qui avaient prédis une scène d?amour, voir plus, se sont royalement gourré. On est resté tout les deux à  attendre. Au bout d?un quart d?heure, je lui ai demandé son nom, nonobstant le fait que je n?arrivais pas à  parler sans bafouiller. Elle m?a répondu et voilà  ce qui en est de notre relation.

Nous avons fait des explosifs toute la nuit. Au départ je les observais tout les deux, ils avaient vraiment l?habitude d?en fabriquer apparemment. Mais où est-ce que Whitness avait trouvé Sarah? A l?ANPE, tout comme moi? Dans une ruelle en train de se faire tabasser par son mari comme pour Nuria? En train de vomir ses tripes sur le parquet de la salle de bal en pleine soirée mondaine comme Chester? Ou tout simplement dans la rue comme Claire? Tant de noms et tant d?inconnus pour le moment? Toutes ces personnes qui ne sont pas encore recruté mais qui bientôt nous rejoindrons dans notre petite révolution. Lénine avait recruté des prolétaires pour sa révolution. Nous, on avait recruté des américains au bord de la névrose, des suicidaires, des fanatiques, des psychopathes, des cinglés fraîchement évadés de leurs asiles et autre cas sociaux.

Lorsque l?aube se leva, un jour de souffrance envahit notre entrepôt. La déesse Sarah éteignit la lampe à  néon et reprit son travail. A midi, la table était à  moitié encombrée par de hautes piles d?explosifs. Il suffisait que quelqu?un balance une clope allumée sur la table et le quartier serait réduit en cendres. Alors que je venais de boire la dernière goutte de la bouteille de coca light, je m?interrompis.
_ J?ai faim.
C?est vrai quoi, je n?avais presque rien mangé de la bouffe de l?hôpital et mon corps n?avait pas reçu son apport de nutriment depuis fort longtemps. J?avais faim, mon estomac et moi-même, nous le clamions haut et fort. Whitness prit alors le sac duquel il avait auparavant tiré une seringue de morphine. Cette fois, il en sortit une intraveineuse et il me la donne. Il a vraiment piqué tout ça à  l?hôpital?
_ Voilà  qui va te nourrir.
Je nage en plein délire. Je suis dans un entrepôt en train de faire des explosifs et bientôt j?aurais une intraveineuse accroché à  mon bras. Il faut placer celle-ci en hauteur si je veux que les nutriments descendent jusque dans mon sang. Je la pose donc sur une pile d?explosifs plus haute que moi et je plante l?aiguille dans les veines de mon avant bras. Whitness me donne du sparadrap provenant toujours de son sac. L?intraveineuse bien attachée, je peux désormais reprendre mon boulot. Un bon moyen pour ne pas perdre du temps. En parlant de boulot, je devais normalement être dans ma chambre funéraire en train de refaire une beauté aux morts, mais que ce brave Bob ne s?inquiète pas, j?irais travaillé.

Je n?avais jamais été si concentré sur un travail. Mais là , toute la journée je répétai les mêmes gestes sans ma lasser , peut être devrais-je travailler à  la chaîne. Le soir venu, la table était entièrement recouverte d?explosifs modelables et l?acide nitrique, l?acide sulfurique, la glycérine, le coton et les sels de magnésie n?était plus. Tout ces produit qui étaient en abondance sur la table ne sont plus. Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Comme dirait Lavoisier. La vie se transforme en mort, les os se transforme en poussières. Ce n?est qu?une simple transformation chimique. Mais bon, ne parlons pas trop de chimie, déjà  à  l?école ça me saoulait, alors je ne veux pas en reparler maintenant, même si j?ai mûri depuis.


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MessagePublié: 14 Août 2004, 17:07 
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Inscription : 03 Août 2004, 00:36
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Interessant.
J'espere qu' une suite est prévue.
Certains passages font penser à  Fight Club.
En plus c'est bien écrit, et on lit avec plaisir.
Donc en gros j'ai bien aimé et j' attend la suite. 8)

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;-)


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MessagePublié: 14 Août 2004, 21:32 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Vingt-trois heures, quartier général d?Interflora. Notre commando avance discrètement dans le parking. Notre paquetage bourré d?explosifs sur le dos. Vu l?état de ma colonne vertébrale, je m?en serais passé. Heureusement, Whitness me soutient tandis que Sarah est devant en éclaireuse. Son but est de trouver les trois piliers servant de soutien au bâtiment. Ceux-ci détruit, Interflora s?écroulera sur elle même, comme un château de cartes.

Pour ceux qui se demandent comment on a pénétré dans le parking, Sarah est en fait technicienne de surface chez Interflora. Technicienne de surface c?est le mot employé pour dire femme de ménage, mais en moins vulgaire. Donc Sarah possédait les clés et nous permis à  Whitness et à  moi de pénétrer dans le parking souterrain. La hasard fait bien les choses. J?ai comme l?impression que Whitness a pris Sarah avec lui uniquement pour ça, pour lui ouvrir la porte.

Premier pilier. Je place mon sac d?explosifs au pied de celui-ci. Whitness avait installé un détonateur et il avait relié celui-ci à  la nitroglycérine avec des fils recouvert de plastique bleu, vert et même rouge. Il c?est isolé pour faire les trois détonateurs, je ne pourrais donc pas vous dire comment il a fait. Sarah me dit d?appuyer sur le bouton rouge pour activer la minuterie qui est de vingt minutes. Mon doigt se bloque au contact de celui-ci.
_ Qu?est ce que tu as? Ne me dis pas que tu abandonnes.
Pourquoi ce doigt ne veux pas presser le bouton. Je le veux pourtant, mais je ne peux pas. Encore une fois, je ne suis pas maître de moi-même.
_ Qu?est ce que tu as?
La question à  un million de dollars. Et je n?avais pas la réponse.
_ Pense à  tout ce qu?Interflora t?as fait subir. L?altercation des mots du bouquet qui a conduit à  ta démission.
Comment savait-il cela? Il me semblait ne lui avoir jamais raconté cette histoire. Je dois sans doute me tromper.
_ Venge toi, ne laisse pas cette occasion s?envoler, ou tu le regretteras.
Whitness avait raison, je veux faire exploser ce putain de bâtiment. Le problème c?est que mon doigt s?y refuse.
_ Fais le pour moi.
Le charme de Sarah opère. Elle prononce cette formule, et comme par magie, le félonie de mon doigt s?estompe et il enclenche le minuteur.

Deuxième pilier. La déesse met ses explosifs en marche. Un quart d?heure avant l?explosion du premier sac. Troisième pilier. Whitness amorce à  son tour la bombe. Dix minutes avant la première explosion, quinze avant la seconde.

On sort du parking souterrain. Quatre minutes avant que la première bombe explose. Neuf minutes avant la seconde. Quatorze minutes avant la dernière. Je sais, notre progression a été lente, mais faut dire qu?avec mon dos, je fais office de boulet que doivent traîner Sarah et Whitness. On grimpe dans notre bagnole. Whitness prend alors la parole.
_ Le problème c?est que l?explosion n?est pas contenue, elle peut aussi bien se répandre dans le parking et détruire la cage d?escalier au lieu de faire exploser la cible voulue.
Et ensuite Whitness explique qu?on aurait dû mettre des sacs de sable autour des piliers et des bombes pour que l?explosion ne se répande pas.

Trois secondes. Une vague de douleur envahit de nouveau mon dos. Deux secondes. Je souffre, il me faudrait une seconde injection de morphine. Une seconde.

Grand boum, le pilier numéro un se transforme en petit fragment de ciment et la partie est du bâtiment s?écroule. Cinq minutes après, la seconde détonation entraîne la plus grande partie du bâtiment dans la déchéance. Seul le dernier pilier reste debout. La déflagration s?est propagée et c?est la façade qui a pris tout les dégâts. Quoiqu?il en soit, notre opération est un succès, quelques millions de dollar détruit en si peu de temps. Et encore quelques millions pour tout réparer. Et nous, on est content, frétillant de joie comme des patates dans une friteuse.


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MessagePublié: 14 Août 2004, 21:34 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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Après ça, Whitness s?absente deux semaines, tandis que Sarah est soi-disant partie rendre visite à  sa famille en France. Un séjour de deux mois néanmoins. Et moi, pendant qu?ils prenaient tout les deux des vacances, moi je bossai, je refaisais une beauté une beauté au mort pour leur dernier show.
_ On va continuer à  s?amuser, essaye de recruter des personnes assez folle pour nous suivre.
C?était ce que Whitness m?avait dit avant de partir.
_ Et je les trouve où, je dois arpenter les asiles?
C?est vrai, des fous, ça ne doit pas courir les rues quand même.
_ Ils viendront à  toi.
Je ne pensai pas qu?il était sérieux à  ce moment.

Quand à  notre acte terroriste, il fut catalogué dans la rubrique accident. J?arrive pas à  croire que les enquêteurs n?avaient pas entendu trois détonations espacées chacune de cinq minutes. Les enquêteurs n?avaient pas non plus remarqué les traces d?explosifs. J?avais une folle envie d?aller les voir et de leur dire qu?ils étaient nuls, qu?ils ne pouvaient même pas repéré une attaque terroriste, que c?était moi qui avait enclenché la minuterie du premier pilier. Mais Whitness m?avait fortement conseillé de fermer ma gueule.

Lorsque je rentrai chez moi, la porte se trouvait être bloquée. En la poussant très fort, je pus l?ouvrir et me rendis compte que c?était la dépouille de mon chien qui se trouvait derrière. Providence était mort. Il n?a pas pu se trouver à  boire et à  manger seul, alors il est mort. Le rupture d?un anévrisme entraîne la mort, ne pas boire durant trois jours entraîne également la mort. Je l?aimais bien, il était affectueux et demandait des caresses. Alors je lui tapotait sa petite tête et il agitait la queue de droite à  gauche. Mais bon, ce n?est qu?un chien après tout. Sa dépouille fut balancée par mes soins dans l?entrepôt en face de chez moi. J?allais quand même pas lui payer des obsèques quand même, ce n?est qu?un chien après tout. Sinon durant le laps de temps suivant notre attentat, j?ai aussi mis un corset orthopédique me permettant de me tenir droit.

Je sortis de mon boulot, il devait être environ dix-neuf heures. Je venais juste de rafistoler une femme dont le rapport de décès indiquait : éventré par son mari avec un couteau de cuisine. C?est donc en marchant paisiblement pour retourner chez moi, que celui qui sera ma première recrue me sauta dessus dans la rue. Ses vêtements étaient poussiéreux et ses cheveux longs et crasseux.
_ Je suis le Messie, il me faut fuir mes persécuteurs. En échange, je te laverai de tes péchés.
C?est une adaptation originale pour dire : je suis fou, il me faut fuir les hommes en blouses blanches. Enfin, Whitness m?avait bien dit de recruter des mecs de son genre. Il me fallait l?héberger chez moi en attendant l?avis de Whitness. Je le pris donc et on rentra ensemble dans mon refuge aux tuiles vertes.
_ Comment te nommes-tu ?
L?homme prit un air offensé.
_ Ne me reconnais-tu pas, je suis Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs.
Mais bien sur. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d?alu. Cet homme est vraiment atteint, il devrait plaire à  Whitness. J?ai l?impression que tout ça va devenir un grand n?importe quoi?


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MessagePublié: 17 Août 2004, 00:37 
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Pamplemousse Panchromatique
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Inscription : 28 Avr 2004, 01:00
Message(s) : 6475
Localisation : Paris, France.
Je suis abasourdi par la qualité de ce texte. Original, fort et entraînant, soutenu par un humour excellent, il ne semble en être qu'aux prémices de son histoire.
Quand je pense que j'ai attendu plusieurs jours avant de lire ça...

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MessagePublié: 17 Août 2004, 23:09 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
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je vais poster quelques chapitres supplementaires Lundi, car je m'absente jusqu'à  Dimanche là .


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MessagePublié: 25 Août 2004, 10:35 
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Sédateur/Disciple Satanique de Vitriol

Inscription : 18 Juil 2004, 12:31
Message(s) : 579
Ma seconde recrue était encore plus atteinte que le soi-disant Messie. Une fois n?est pas coutume, je revenais du boulot. Cette fois j?ai juste maquillé une vieille morte d?une crise cardiaque. Son corps ne possédait que certains hématomes post mortem. Ce qui était facile à  camoufler. Si tout le monde mourait ainsi, ça me faciliterait le travail.

C?est lorsque je rentrai chez moi que je remarquai que la porte d?entrée était fracturée et entrouverte. Je pénétra dans mon pavillon et fus accueilli par mon téléviseur qui vint s?encastrer dans le mur. Des étincelles illuminèrent un instant l?intérieur de la maison et je pus voir l?assassin de ma télé.
_ Les voix m?ont dit de venir chez toi.
Il s?agit d?un homme. J?avançai d?un pas vers lui et m?aperçut que cet homme avait mon téléphone en main. J?avançai de nouveau et il me sauta dessus. Avant que j?eusse le temps d?esquisser un mouvement, je me retrouvais avec le cordon de mon téléphone autour su cou. J?aurais dû acheter un sans fil. J?essaye en vain de desserrer l?étau. Rien à  faire, je suffoque. Alors que je m?attendais à  trépasser, l?étreinte se relâcha subitement et je pus me recharger en oxygène.
_ Les voix m'ont dit de t'épargner.
C'est ainsi que je rencontrai Aaron. Celui-ci disait entendre des voix, et il leur obéissait, sans prévoir les séquelles qui pourraient s'ensuivre. Heureusement pour moi, les voix lui ont dit de m'épargner, donc il ne me fit aucun mal et s'avéra être très gentil. Dès fois, j'avais l'impression que les voix étaient alliées avec Whitness vu qu'elles servaient toujours son intérêt. Si Whitness avait le contrôle de ces voix, ils pourraient contrôler Aaron, comme Dieu contrôlait Jeanne d'Arc. Sauf que Whitness n'a rien de Dieu. Dieu ne se prend pas une balle lors de la dernière bataille. Aaron vécut donc avec Jésus et moi dans mon humble refuge aux tuiles vertes.

Après ça, Whitness revint au bercail. Il fut heureux d'apprendre que j'avais accompli ma tâche. Cependant, il se demanda ce que le messie pourrait apporter au groupe. Mais bien vite, il devint nécessaire pour le moral des troupes. Ces paroles religieuses, bien qu'agaçant notre ami satanique, redonnaient du courage et il disait que les morts seront des martyrs envoyés en aller simple au paradis. Bref, nos actes terroristes étaient pour certain une guerre sainte, un djihad. Quand à  Aaron, il plaisait énormément à  Whitness qui essayait de le comprendre.

Ensuite vint Nuria. Nuria avait fait six tentatives de suicide et aucune n'avait marché. Par deux fois elle voulut ingurgiter des tonnes de médicaments, mais à  chacune des fois, son estomac fut secoué de spasmes et elle vomit les drogues. Elle sauta par la fenêtre de sa chambre, ce qui lui valut une fracture de l'humérus, une luxation de l'épaule et un déboîtement de la rotule. S'entailler les veines ne lui apporta pas non plus la mort, elle défaillit à  la vue de son sang et s'évanouit avant de parachever son geste. Lorsqu'elle voulut se pendre, le lustre auquel elle avait accroché la corde céda sous le poids et se décrocha. le lustre l'écrasa et elle eut une commotion cérébrale. La crémation fut loupé également car il s'avéra que l'alcool à  brûler dont elle c'était enduite était périmée. La date de consommation était dépassée, la date de consumation plutôt.

Je rencontrai Nuria dans une sombre ruelle séparant deux immeubles délabrés et dont le sol était recouvert de détritus. Elle était recroquevillé en position f?tale et elle sanglotait tandis qu?un homme lui décochait des coups de pieds dans les côtes. Naturellement, j?allais à  la rencontre de cet homme.
_Hé toi!
L?homme daigne à  lever un regard sur moi.
_Qu?est ce que tu as minus, tu veux ta dose toi aussi?
Ne pas se laisser intimider, surtout ne pas fuir. Lorsqu?il s?apercevra que je n?ai pas peur de lui, il s?en ira. Mais pour le moment, il a pas l?air d?avoir envie de s?en aller car il s?avance vers moi en faisant craquer les jointures de ses doigts. Je n?ai pas peur. Je me rends également compte qu?il mesure vingt centimètres de plus que moi et qu?il est barraqué. Je n?ai pas peur. Il lève le poing. D?un geste mille fois répétés lors de mon enfance, je me mets à  genou et le supplie de ne pas me frapper.
_Non, ne me frappe pas, par pitié, j?ai rien fait?
Pathétique, n?est-ce pas?
_Tss, pauvre mec.
Il desserre les poings et s?en va sans même me lancer un regard.

Je me relève et me dirige vers la femme qui est désormais allongée sur le dos.
_Mon dieu, je dois avoir l?air d?une demoiselle en détresse.
Et moi je suis le chevalier sans peur qui vient la sauver après avoir triompher du féroce magicien. Cependant, je ressemble plus à  un pleutre se terrant dans un coin, laissant la princesse aux sales mains du magicien.
_Tout va bien, je suis là .
Tu parles d?un réconfort.
_T?as un endroit où me loger?
La demoiselle en détresse reprend vite contact avec la réalité apparemment. Et puis, après tout, elle pourrait devenir ma troisième recrue.

C?est donc ainsi que Nuria vint parmis nous. Nous étions alors six à  loger chez moi: Whitness, Jésus, Aaron, Nuria, moi, et Chester, petit nouveau embauché par Whitness.


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